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Afrique du Sud : 72 morts dans des violences selon un nouveau bilan

juillet 14, 2021
Des pillards devant un centre commercial à Durban, en Afrique du Sud, le 12 juillet 2021.

En dépit de l’appel au calme des autorités et du déploiement de quelque 2 500 soldats, des pilleurs ont continué à attaquer hangars et magasins dans plusieurs villes du pays. Ces violences font suite à l’incarcération de l’ancien président Jacob Zuma.

Le bilan des violences en Afrique du Sud, déclenchées par l’incarcération la semaine dernière de l’ex-président Jacob Zuma et qui se sont intensifiées ces derniers jours, est monté mardi 13 juillet à 72 morts, a annoncé la police. « Le nombre total de personnes arrêtées s’élève à 1 234, tandis que le nombre de décès s’élève à 72 », a annoncé la police dans un communiqué. Un précédent bilan faisait état de 45 morts, principalement dans des bousculades lors de pillages. En dépit de l’appel au calme des autorités et du déploiement de quelque 2 500 soldats, des milliers de Sud-Africains ont continué à affluer mardi pour dépouiller hangars et magasins dans plusieurs villes du pays.

Selon les forces de l’ordre, qui ont été rapidement dépassées par l’ampleur des événements, 27 personnes ont été tuées dans la province du Kwazulu-Natal (Est) et 45 dans le Gauteng, qui compte la plus grande ville du pays, Johannesburg. La plupart des décès sont survenus lors de « bousculades pendant des pillages de magasins et de centres commerciaux », tandis que d’autres morts et blessures sont liées « à des explosions de distributeurs automatiques de billets et à des fusillades », a précisé la police.

L’Union africaine appelle au calme

Les premiers incidents dans le pays, routes bloquées et camions incendiés, ont éclaté vendredi, au lendemain de l’arrivée en prison de Jacob Zuma condamné pour outrage à la justice. Le président Cyril Ramaphosa a affirmé lundi soir que si les « frustrations et la colère » exprimées avaient « des racines politiques », « aucune cause ne peut justifier » ces violences.

Jacob Zuma a été condamné à 15 mois de prison ferme pour « outrage » après avoir, à plusieurs reprises, refusé de témoigner dans le cadre d’enquêtes sur la corruption d’État pendant sa présidence (2009-2018). L’ancien président, 79 ans, a été jugé coupable d’avoir multiplié les prétextes fallacieux pour ne pas comparaître devant la commission qui enquête sur la corruption d’État sous son mandat. Lundi, une audience virtuelle de la Cour constitutionnelle, celle qui a condamné l’ancien président fin juin, a débattu de sa peine pendant dix heures. Elle a mis son jugement en délibéré, sans préciser de date.

Depuis, l’agitation a gagné les quartiers déshérités de Johannesburg où le moteur de la colère est alimentaire et économique. Les restrictions imposées fin juin pour contenir une troisième vague meurtrière de Covid-19 y ont étouffé les petits boulots et les moyens de subsistance des plus pauvres.

Durement touchée par une troisième vague de Covid-19, l’Afrique du Sud, qui a atteint un chômage record à 32,6 % depuis la pandémie, a imposé de nouvelles restrictions sanitaires fin juin. Dans un communiqué L’Union africaine (UA) a condamné avec la plus grande fermeté : « la flambée de violence qui a entraîné la mort de civils et des scènes effroyables de pillage », appelant « à un rétablissement urgent de l’ordre ».

Par Jeune Afrique avec AFP

Colombie: couvre-feu à Bogota après violences et pillages

novembre 22, 2019

 

Les Colombiens se sont à nouveau mobilisés vendredi en tapant sur des casseroles et un couvre-feu a été décrété à Bogota après de nouvelles violences, au lendemain de manifestations massives contre le président de droite Ivan Duque, marquées par trois morts.

Le couvre-feu, d’abord décrété dans trois quartiers populaires du sud de Bogota, a été étendu à toute la capitale de sept millions d’habitants, en réponse à des troubles et pillages dans la journée. «A partir de huit heures du soir, couvre-feu dans les quartiers de Bosa, Ciudad Bolivar et Kennedy. A partir de neuf heures du soir, dans toute la ville. Les deux couvre-feu vont jusqu’à 06 heures» samedi, a annoncé le maire Enrique Peñalosa dans un message communiqué aux médias.

En milieu d’après-midi, quelques centaines de personnes s’étaient rassemblées pour des «cacerolazos» (concerts de casseroles) notamment place Bolivar, coeur historique de Bogota, proche de la présidence. Mais les rassemblements dans la capitale se sont ensuite dispersés, la police anti-émeute faisant usage de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes. Dans le nord de Bogota, des habitants restaient sur les trottoirs de certains quartiers, pour faire résonner marmites et poêles.

En début de journée, les autorités avaient fait état d’un retour à la tranquillité sur l’ensemble du territoire. Mais peu après, de nouveaux incidents opposaient des habitants du sud de Bogota aux forces de l’ordre, près de stations de transport urbain, fermées en raison des dégâts la veille. Des supermarchés ont été pillés et des autobus attaqués dans ce même secteur, au lendemain de la plus importante mobilisation sociale de ces dernières années contre le gouvernement national.

Dès vendredi matin, Enrique Peñalosa avait annoncé l’instauration de la «loi sèche» (interdiction de vente d’alcool) jusqu’à samedi à la mi-journée, invoquant la crainte de «vandales» pouvant générer d’autres violences. Plus tard, devant la presse, il a précisé que «près de 20.000» policiers et militaires étaient déployés dans la capitale, et avaient procédé à environ 230 arrestations. «En aucune manière, nous n’allons permettre qu’une infime minorité de délinquants détruise notre ville», a-t-il affirmé. Le président Duque a indiqué sur Twitter avoir pris contact avec le maire pour une «évaluation et un suivi des récentes altérations à l’ordre public».

Des appels à de nouveaux «cacerolazos» avaient été lancés dès jeudi via les réseaux sociaux. Cette forme de protestation, qui consiste à taper sur des marmites chez soi ou dans la rue, était inusitée en Colombie jusqu’à la veille au soir, où certains ont alors résonné pendant environ de trois heures. Dénonçant des mesures économiques, sociales et sécuritaires du gouvernement, des centaines de milliers de personnes avaient manifesté jeudi dans tout le pays.

A la grève et aux marches, convoquées par des syndicats de travailleurs, s’étaient joints étudiants, indigènes, organisations de défense de l’environnement et d’opposition. Mais vendredi, les organisateurs du mouvement se sont désolidarisés des nouvelles mobilisations. «La grève est terminée (…) il faut revenir à la normalité», a déclaré Julio Roberto Gomez, président de la Confédération générale du travail.

Le ministre de la Défense, Carlos Holmes Trujillo, avait assuré vendredi matin que le pays était à nouveau «tranquille» après des incidents violents ayant suivi la veille la protestation majoritairement «pacifique». Trois civils sont morts, et 122 autres, ainsi que 151 membres des forces de l’ordre, ont été blessés, tandis que 98 personnes ont été arrêtées, cela dans diverses villes du pays, selon un bilan officiel.

Onze enquêtes préliminaires ont été ouvertes sur de «possibles agissements irréguliers» des forces de l’ordre envers des manifestants à Bogota, Cali (ouest), Manizales (centre) et Carthagène des Indes (nord), selon le ministre. L’ONG de défense des droits humains Amnesty International a indiqué sur Twitter avoir reçu des «témoignages, photos et vidéos extrêmement préoccupants» montrant un «usage excessif de la force» de la part de policiers anti-émeute.

Jeudi soir, le chef de l’Etat avait affirmé avoir entendu les manifestants, mais sans répondre à la demande de réunion, estimant que «le dialogue social» doit se tenir «avec tous les secteurs de cette société». Ivan Duque, au pouvoir depuis août 2018, pâtit d’un taux d’impopularité de 69% selon les sondages.

Outre une politique de sécurité focalisée sur le narcotrafic, les manifestants dénonçaient des velléités de flexibiliser le marché du travail, d’affaiblir le fonds public des retraites en faveur d’entités privées, et de reculer l’âge de la retraite. Certains réclamaient aussi des moyens pour l’enseignement public, la protection des indigènes et défenseurs des droits, victimes de menaces et d’assassinats, ainsi que le respect de l’accord de paix signé en 2016 avec l’ex-guérilla Farc, que Ivan Duque juge trop laxiste.

La mobilisation des Colombiens intervient dans un climat agité en Amérique latine, avec des crises socio-politiques, sans dénominateur commun, en Equateur, puis au Chili et en Bolivie.

Par Le Figaro.fr avec AFP

À Palu, le pillage seule solution pour ceux qui n’ont plus rien

septembre 30, 2018

Des habitants de Palu pillent des magasins dans la ville de Palu, dans l’île indonésienne des Célèbes, le 30 septembre 2018 / © AFP / BAY ISMOYO

Biscuits, chips, couches, bouteilles de gaz… Dans le supermarché aux vitres cassées, hommes et femmes remplissent leurs sacs de tout ce qu’ils y trouvent, avec l’assentiment des autorités face à l’aide qui tarde dans la ville indonésienne de Palu, dévastée par un séisme.

« On ne nous aide pas, on a besoin de manger. Nous n’avons pas d’autre choix pour manger », se justifiait dimanche l’un des pillards.

« Les magasins sont fermés et les marchés sont vides », explique « Eddy », 33 ans. « Donc on doit piller les magasins les uns après les autres ».

Les autorités indonésiennes ont annoncé qu’elles ne sanctionneraient pas les pilleurs et rembourseraient les propriétaires des magasins.

« On a demandé (aux distributeurs) Alfamart et Indomaret de laisser les gens prendre des marchandises. Il faut qu’ils enregistrent tout et nous paierons, ce ne sera pas du pillage », a annoncé le ministre de l’Intérieur, Tjahjo Kumolo, selon un communiqué.

Des habitants de la ville de Palu, sur l’île indonésienne des Célèbes dévastée par un séisme, pillent un magasin le 30 septembre 2018 / © AFP / BAY ISMOYO

Deux jours après le tremblement de terre de magnitude 7,5, suivi d’un tsunami, qui a secoué l’île des Célèbes faisant au moins 832 morts, tout manque: nourriture, eau et carburant. Et ils sont des centaines à piller supermarchés et stations-services.

« C’est une crise : il n’y a pas de nourriture, rien! », lance un autre. « A manger, de l’eau, c’est ce dont nous avons désespérément besoin! ».

Tout d’un coup, deux petites répliques se font ressentir dans le bâtiment: les gens crient: « tremblement de terre! tremblement de terre! ». Beaucoup d’habitants ont dormi dehors, craignant de nouvelles secousses.

Mais une fois l’angoisse passée, de plus en plus de pillards se massent devant le magasin.

La police assiste, sans intervenir, au pillage d’un magasin à Palu, sur l’île indonésienne des Célèbes frappée par un séisme, le 30 septembre 2018 / © AFP / BAY ISMOYO

– Cuisines mobiles –

« C’est la situation qui nous force à faire cela, on a besoin de tout », argumente un adolescent, venus avec d’autres jeunes. « On a pris tout ce qu’on pouvait, on ne peut même pas cuisiner, c’est pour ça que nous pillons ».

L’aide commence seulement à parvenir dans l’île située au centre de l’archipel indonésien.

Les autorités sont en train d’acheminer des cuisines mobiles capables de fournir quelque 36.000 repas par jour, des milliers de matelas, des couvertures et des nouilles instantanées.

Pillage dans un magasin de Palu, sur l’île indonésienne des Célèbes frappée par un séisme, le 30 septembre 2018 / © AFP / BAY ISMOYO

Mais ces vivres n’arrivent pas assez rapidement pour les habitants.

Quelques policiers, stationnés devant le magasin ou encore dans le commissariat en face, sont témoins de la scène. Dépassés, il n’essayent pas d’intervenir.

Dans une station-service voisine, un groupe essaye de siphonner une réserve de carburant en sous-sol.

« Il n’y a qu’une station service qui fonctionne, les gens sont désespérés », explique à l’AFP Ray Pratama, un photographe local, qui n’a pas pris part au pillage.

La foule remplit des jerrycans, des bouteilles, et même des casseroles avec le précieux carburant.

« Si vous vendez à un prix raisonnable ok, mais ils ont augmenté énormément les prix, pour les produits essentiels », s’indigne une femme.

Romandie.com avec(©AFP / (30 septembre 2018 13h06)

Irma: Paris et La Haye dénoncent des pillages à Saint-Martin

septembre 8, 2017

Scène de pillage sur l’île de Saint-Martin, le 7 septembre 2017 / © AFP / Lionel CHAMOISEAU

Les autorités françaises et néerlandaises ont dénoncé vendredi des pillages à Saint-Martin, île franco-néerlandaise plongée dans le chaos après le passage de l’ouragan Irma, et annoncé un renforcement policier et militaire pour tenter de rétablir l’ordre.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a évoqué un « problème grave ». La ministre française des Outre-mer Annick Girardin a même rapporté « des pillages réalisés juste devant (s)es yeux » lors d’une mission de reconnaissance à Saint-Martin jeudi.

Alors qu’au moins quatre personnes ont trouvé la mort dans la partie française et une autre dans la partie néerlandaise de l’île, plusieurs témoignages recueillis sur place ont confirmé que des pilleurs profitaient du drame pour dévaliser des magasins souvent éventrés après le passage dévastateur de l’ouragan.

Des photos de l’AFP montrent notamment plusieurs personnes en train de dévaliser un petit commerce à Quartier-d’Orléans à Saint-Martin.

Côté néerlandais, un témoin, cité par le quotidien Algemeen Dagblad, a évoqué « des gens armés de revolvers et de machettes dans la rue ». « La situation est très grave. Personne n’est en charge », a-t-il ajouté.

Le ministre néerlandais de l’Intérieur Ronald Plasterk a confirmé que des pillages avaient eu lieu, soulignant que des soldats étaient d’ores et déjà sur place pour tenter d’imposer un retour à l’ordre.

Des troupes supplémentaires et des policiers devaient arriver en renfort dans la partie sud de l’île pour aider à rétablir l’ordre, ont indiqué des responsables néerlandais.

« Nous n’abandonnerons pas » Saint-Martin, a insisté Mark Rutte.

« La plus grande urgence c’est la question de la santé, de l’arrivée de l’eau et de nos capacités alimentaires qui vont arriver. Et puis la deuxième c’est l’ordre public », a indiqué de son côté Mme Girardin.

Au total, 455 membres des forces de sécurité françaises sont en cours d’acheminement sur l’île de Saint-Martin, a précisé le ministre français de l’Intérieur Gérard Collomb, « et un nouveau contingent de 187 personnes va arriver dans les heures qui viennent ».

Avec ces déploiements, « les problèmes de maintien de l’ordre devraient être réglés », a estimé M. Collomb.

– ‘Porter plainte’ –

Le passage dévastateur de l’ouragan Irma, resté trois jours en catégorie 5 avec des rafales à plus de 300 km/h, a laissé derrière lui un paysage de désolation avant de poursuivre sa route vers les Etats-Unis.

A Saint-Martin, l’électricité est toujours coupée, l’eau potable absente, l’essence indisponible, et une partie des routes inondées ou envahies par des amas de tôles et jonchées de morceaux de bateaux déchiquetés, d’arbres balayés par les vents, de toitures arrachées et de voitures renversées, de bâtiments en ruine et de végétation détruite.

Un chaos qui profite aux pilleurs. La ministre française de la Justice, Nicole Belloubet, a annoncé qu’un procureur arriverait à Saint-Martin « dans les meilleurs délais » pour « recueillir, éventuellement inciter les gens à porter plainte si nécessaire comme cela semble être le cas ».

Le pillage, « c’est un vol caractérisé qui donc subira les sanctions tout à fait adaptées à cela. C’est inadmissible et donc la justice sera extrêmement rigoureuse », a-t-elle ajouté sur la radio RTL.

En attendant, les habitants se sentaient « un peu livrés » à eux-mêmes, comme l’a expliqué à l’AFP Olivier Toussaint qui vit sur l’île voisine de Saint-Barthélemy, elle aussi ravagée par l’ouragan.

« Les maisons sont éventrées, l’aérodrome est hors d’usage, les poteaux électriques et téléphoniques sont par terre. Dans les cimetières, on a des voitures retournées. Les bateaux ont coulé dans le port, les boutiques de luxe sont éventrées », a-t-il raconté, alors que l’arrivée en fin de semaine d’un autre cyclone, José, classé en catégorie 3, constitue une nouvelle source d’angoisse pour la population.

Le roi des Pays-Bas Willem-Alexander doit se rendre dimanche en compagnie du ministre de l’Intérieur Ronald Plasterk sur l’île de Curaçao pour s’informer sur les opérations de secours, puis ensuite « si possible », à Saint-Martin, a annoncé la palais royal.

Romandie.com avec(©AFP / 08 septembre 2017 14h11)                

Mali : incertitude sur le sort du président Touré, la rébellion touarègue poursuit l’offensive

mars 24, 2012

L’incertitude régne toujours sur le sort du président Amadou   Toumani  Touré, renversé jeudi par des militaires déjà de plus en plus  isolés   par les nombreux appels au retour à l’ordre constitutionnel. La rébellion  touarègue du Mouvement National de Libréation de l’Azawad (MNLA) a annoncé la  poursuite de son « offensive » au  Nord.

Vendredi, des informations contradictoires ont circulé sur la situation à  Bamako, en lien avec une brève interruption du signal de la télévision publique  sous contrôle des putschistes. Le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo,  avait été donné pour arrêté ou mort par certains. « Rumeurs », a réagi la junte  dans une déclaration télévisée peu après 19H30 (locales et GMT), assurant: « Tout  va bien » et la situation est sous contrôle.

Auparavant, le capitaine Sanogo avait donné les mêmes assurances à un  journaliste de l’AFP concernant les dirigeants du régime du président Touré :  ils sont « sains et saufs » et seront « prochainement remis à la justice malienne ».  « Pour l’instant, je ne vous dirai pas » où se trouve Touré, « il va très bien, il  est en sécurité », avait dit Sanogo, sans lever l’incertitude sur son sort. Dans  une interview à la BBC, il a indiqué ne pas avoir l’intention de rester au  pouvoir et qu’il se retirerait lorsqu’il serait assuré que l’armée sera en  mesure de sécuriser le pays.

Pillages

La France a déclaré vendredi n’avoir pas réussi à joindre le président Touré  et a réclamé le respect de son intégrité physique. On ignore s’il est protégé  par des militaires loyalistes, comme l’assurait jeudi son entourage ou s’il est  prisonnier des soldats qui ont pris le pouvoir au lendemain d’une mutinerie  marquée par des combats avec des loyalistes et des tirs de sommation à travers  la ville. Il y a eu entre trois et quatre morts, selon les sources, et environ  40 blessés essentiellement par balle, d’après des secouristes.
Plusieurs  responsables politiques ont été arrêtés, selon diverses sources, et après la  mutinerie, des domiciles, administrations et stations-service ont été pillés,  des véhicules de particuliers réquisitionnés par des soldats à Bamako. Le  capitaine Sanogo a condamné ces « exactions » et s’est engagé à y mettre fin.  Soumaïla Cissé, chef de parti et ex-haut fonctionnaire régional, a affirmé que  des hommes en treillis avaient tenté de l’arrêter dans la nuit de mercredi à  jeudi. Il s’est mis à l’abri grâce à l’intervention de partisans mais son  domicile a été pillé et saccagé, a-t-il expliqué dans une déclaration sur le  putsch, qu’il a qualifié d' »acte réactionnaire le plus bas de l’histoire  politique du Mali » depuis deux décennies.

Offensive du MNLA

En annonçant le renversement de son régime, les putschistes ont accusé le  président Touré, ainsi que leurs supérieurs hiérarchiques, d’incompétence dans  la lutte contre l’offensive de rebelles touareg en cours depuis mi-janvier dans  le nord du Mali, où étaient déjà actifs des groupes islamistes dont Al-Qaïda au  Maghreb islamique (Aqmi) et divers trafiquants.

Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA, rébellion  touarègue), qui a indirectement provoqué le coup d’Etat de soldats excédés par  le manque de moyens, a indiqué vouloir poursuivre « son offensive » et « déloger  l’armée malienne et son administration de toutes les villes de l’Azawad » (nord),  berceau des Touareg. Il a affirmé avoir pris vendredi une nouvelle localité,  Anéfis (nord-est).
A cinq semaines du premier tour de la présidentielle  prévu le 29 avril, le coup d’Etat a été condamné dans une déclaration commune  par 12 des principaux partis politiques maliens, fragilisant la position des  putschistes. L’Union africaine (UA) a décidé de suspendre le Mali de toute  participation à ses activités et l’envoi à Bamako d’une mission conjointe avec  la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a été  annoncé.
Le Sénégal s’est dit sur la même position et a exhorté l’Afrique  de l’Ouest « à entreprendre, avec diligence, toutes les démarches nécessaires  pour le rétablissement, le plus rapidement possible, de l’ordre  constitutionnel », une situation qui sera à l’ordre du jour d’un sommet  extraordinaire de dirigeants de la Cédéao prévu mardi à Abidjan. Dans un  communiqué transmis vendredi à l’AFP, la Rencontre africaine pour la défense des  droits de l’Homme (Raddho, ONG basée à Dakar) « condamne avec la dernière énergie  le coup d’Etat militaire qui porte un coup mortel à l’expérience démocratique  malienne ».

Isolement

Washington a prévenu que l’aide économique et militaire de 70 millions de  dollars (près de 53 millions d’euros) versée au Mali risquait d’être compromise  si les responsables du coup d’Etat ne rétablissaient pas l’ordre  constitutionnel. L’Union européenne, un des principaux partenaires du Mali, a  « fermement » condamné le coup d’Etat, demandé « la libération des responsables de  l’Etat », le « retour d’un gouvernement civil » et le respect du calendrier  électoral initial. Elle a décidé « de suspendre temporairement les opérations de  développement » sauf l’aide humanitaire.
Ces prises de position s’ajoutent  aux condamnations des voisins, Algérie, Niger et Mauritanie, où les  répercussions de la crise sont fortement ressenties. La guerre dans le nord  malien a provoqué le déplacement de plus de 200.000 personnes, dont la moitié  environ dans ces pays. Les frontières terrestres et aériennes du Mali sont  fermées depuis jeudi et un couvre-feu en vigueur de 18H00 à 06H00 GMT. A la  frontière Côte d’Ivoire-Mali des dizaines de camions attendaient vendredi en  pleine chaleur de pouvoir passer, certains remplis de denrées périssables, selon  un journaliste de l’AFP.

Jeuneafrique.com avec AFP