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Afrique du Sud: le remaniement vire à la guerre au sein de l’ANC

mars 31, 2017

 

Pravin Godhan, ex-ministre des Finances sud-africain, le 28 mars 2017, à Pretoria / © AFP/Archives / Phil MAGAKOE

La décision du président sud-africain Jacob Zuma de limoger son ministre des Finances et rival Pravin Gordhan a viré vendredi à la guerre ouverte au sein du Congrès national africain (ANC) au pouvoir, qui apparaît plus divisé que jamais.

Quelques heures à peine après l’annonce du vaste remaniement gouvernemental qui a coûté son poste au ministre, deux poids lourds du parti de l’icône Nelson Mandela sont montés au créneau pour critiquer publiquement son départ forcé.

Lui-même candidat à la succession de M. Zuma à la tête de l’ANC, le vice-président Cyril Ramaphosa l’a jugé « inacceptable ».

« J’ai fait connaître mon opinion, un certain nombre d’autres collègues et camarades ne sont pas satisfaits de cette situation, particulièrement du renvoi du ministre des Finances qui servait le pays avec honneur et excellence », a-t-il déclaré à la presse.

M. Ramaphosa a toutefois indiqué qu’il ne démissionnerait pas.

Après plusieurs jours de rumeurs et de tensions, le chef de l’Etat a annoncé dans la nuit un remaniement de grande ampleur, marqué par la nomination de dix ministres et autant de vice-ministres, pour la plupart considérés comme des fidèles.

Avant lui, le secrétaire général de l’ANC Gwede Mantashe a dénoncé ni plus, ni moins qu’un coup de force du président.

Le président sud-africain Jacob Zuma, le 9 février 2017 au Cap / © POOL/AFP/Archives / SUMAYA HISHAM

« Le président est venu avec une liste. Il a dit +vous pouvez commenter si vous voulez mais c’est ma décision+ », a rapporté M. Mantashe, « ce procédé m’a rendu nerveux et mal à l’aise ».

– « N’importe quoi » –

Pravin Gordhan a été, sans surprise, la principale victime du remaniement. Champion de la lutte contre la corruption, il était depuis des mois en conflit ouvert avec Jacob Zuma, englué dans une longue liste de scandales politico-financiers.

Lundi, le chef de l’Etat a brutalement interrompu une tournée de promotion du ministre auprès des investisseurs au Royaume-Uni, au motif qu’il salissait son image à l’étranger.

« N’importe quoi », lui a rétorqué vendredi Pravin Gordhan.

Tout en ironie et sous-entendus, il a profité d’une conférence de presse d’adieu pour adresser plusieurs piques à son ex-patron. « J’espère que de plus en plus de Sud-Africains sont déterminés à dire que notre pays n’est pas à vendre », a-t-il lancé.

Le chef de l?État a attribué le portefeuille du Trésor à un de ses fidèles, le ministre de l’Intérieur Malusi Gigaba pris en photo ici le 15 octobre 2009 à Standerton en Afrique du Sud / © AFP / STEPHANE DE SAKUTIN

Le président Zuma est mis en cause dans plusieurs scandales de corruption qui impliquent notamment la sulfureuse famille Gupta.

Le renvoi de Pravin Gordhan a une nouvelle fois illustré les profondes fractures politiques qui déchirent l’ANC, au pouvoir depuis l’élection de Nelson Mandela en 1994.

En nette perte de vitesse depuis son revers aux élections locales de l’an dernier, le parti est écartelé entre les soutiens de Jacob Zuma, partisan d’une « transformation radicale » de l’économie en faveur de la majorité noire, et une aile plus modérée incarnée par MM. Gordhan et Cyril Ramaphosa.

Ces divergences sont exacerbées par la course engagée pour la succession de M. Zuma, qui doit quitter la présidence de l’ANC en décembre dans la perspective des élections générales de 2019.

– « Trahison » –

Le chef de l’Etat soutient son ex-épouse Nkosazana Dlamini-Zuma face à l’autre favori, Cyril Ramaphosa.

Afrique du Sud: le ministre des Finances limogé / © AFP / Jenny Goldhawk Smith, Pierre Donadieu, Julie Jammot

« Ce remaniement marque clairement la volonté de Zuma de promouvoir la candidature de son ex-femme », a commenté à l’AFP l’analyste politique Susan Booysen, de l’université Witwatersrand.

Le renvoi de Pravin Gordhan a provoqué la colère de l’opposition, qui y voit la volonté du président de renforcer son contrôle sur les finances du pays. Le portefeuille des Finances a été attribué à un proche, le ministre de l’Intérieur Malusi Gigaba.

« Les actions du président Jacob Zuma ne peuvent être considérées que comme de la trahison », a dénoncé le chef de l’Alliance démocratique (DA, opposition), Mmusi Maimane.

« Elles ne sont pas dans l’intérêt de tous les Sud-Africains et sûrement pas dans celui du bien-être de la République », a-t-jugé.

Son parti a annoncé le dépôt au Parlement d’une énième motion de défiance contre M. Zuma.

Les marchés financiers ont eux aussi sanctionné le départ de Pravin Gordhan, respecté pour avoir tenu tant bien que mal les cordons d’une économie sud-africaine endettée et qui tourne au ralenti.

Le rand sud-africain a perdu jusqu’à 2,6% par rapport au dollar dans la matinée, en baisse de plus de 7% par rapport au billet vert depuis le début de la semaine.

Fin 2016, les trois grandes agences de notation financière ont accordé un sursis à l’Afrique du Sud en ne la dégradant pas dans la catégorie des investissements spéculatifs. Mais elles ont menacé de le faire en cas de persistance de l’agitation politique.

Romandie.com avec(©AFP / 31 mars 2017 13h33)

Afrique du Sud: Zuma rapatrie d’urgence le ministre des Finances

mars 27, 2017

Johannesburg – Le président sud-africain Jacob Zuma a ravivé lundi les spéculations sur un remaniement imminent de son gouvernement en interrompant en urgence une tournée de promotion à l’étranger de son ministre des Finances Pravin Gordhan.

Dans une brève déclaration, la présidence a annoncé sans autre détail que le chef de l’Etat avait « ordonné » à M. Gordhan et à son vice-ministre Mcebisi Jonas « d’annuler une tournée de promotion des investissements au Royaume-Uni et aux Etats-Unis et de rentrer immédiatement en Afrique du Sud ».

Depuis plusieurs mois, le torchon brûle entre M. Gordhan, respecté des marchés pour sa rigueur, et M. Zuma, englué dans une litanie de scandales politico-financiers, autour de la bonne gestion des deniers publics.

Ces frictions, récurrentes, se sont encore accrues depuis que M. Zuma a plaidé le mois dernier pour une « transformation radicale de l’économie » au bénéfice de la majorité noire du pays.

De nombreuses voix au sein de l’ANC se sont depuis exprimées en faveur d’un limogeage de Pravin Gordhan.

L’entrée il y a quelques semaines au Parlement de l’ex-patron de la compagnie nationale d’électricité Eskom, Brian Molefe, un proche de Jacob Zuma mis en cause dans une affaire de corruption, n’a fait que renforcer l’hypothèse d’un remaniement ministériel.

M. Molefe est largement pressenti pour succéder à M. Gordhan ou devenir son adjoint au portefeuille du Trésor.

« Beaucoup craignent que le président Jacob Zuma ne s’engage finalement dans un remaniement », a commenté lundi le site d’information en ligne Daily Maverick après l’annonce de retour précipité de Pravin Gordhan.

Risque politique

La décision du président « apparaît au mieux comme une volonté d’humilier le ministre ou, au pire, suggérer que ce ministre va être remercié lors d’un remaniement », a commenté un député de l’Alliance démocratique (opposition), David Maynier.

Sur des marchés financiers très nerveux, le rand sud-africain a accueilli la nouvelle lundi en cédant 3% par rapport au dollar, autour de 12,6 rands pour un billet vert.

« Un remaniement est prêt et Zuma veut apparemment le faire », a estimé l’économiste Peter Attard Montalto, de la banque Nomura, « la semaine s’annonce décisive en terme de risque politique ».

En 2016, les trois grandes agences de notation financière ont accordé un sursis à l’Afrique du Sud en ne la dégradant pas dans la catégorie des investissements spéculatifs. Mais elles se sont inquiétées des turbulences politiques actuelles.

« Nous continuons à penser que le limogeage de Gordhan de son poste de ministre des Finances est improbable, car Zuma veut éviter un retour de bâton de la part de l’ANC « , a tempéré le cabinet d’analystes Eurasia Group.

Déjà ministre des Finances entre 2009 et 2014, Pravin Gordhan avait été rappelé en urgence à ce poste en décembre 2015 pour calmer la panique qui s’était emparée des marchés financiers à la nomination d’un inconnu à la tête du Trésor.

Au pouvoir depuis la fin officielle de l’apartheid en 1994, l’ANC de feu Nelson Mandela se déchire depuis des mois autour de la succession de M. Zuma, qui doit quitter la présidence à la fin de son second mandat après les élections générales de 2019.

Romandie.com avec(©AFP / 27 mars 2017 15h35)                   

Le ministre des Finances sud-africain ne se rendra pas à la convocation de la police

août 24, 2016

Johannesburg – Le ministre des Finances sud-africain, Pravin Gordhan, a annoncé mercredi qu’il ne comptait pas se rendre jeudi à la convocation des Hawks, une unité spéciale de la police qui le soupçonne d’avoir supervisé l’espionnage d’hommes politiques, dont l’actuel président Jacob Zuma.

Suite à cette annonce, le rand sud-africain qui avait déjà perdu mardi soir 4% de sa valeur face au dollar a lâché un peu plus de terrain. Mercredi soir, un dollar s’échangeait contre 14,20 rands au lieu de 14,07 rands dans l’après-midi.

Je n’ai aucune obligation légale de me présenter à cette convocation des Hawks (Faucons). Je ne compte pas m’y présenter, explique Pravin Gordhan dans un communiqué.

J’ai un travail à faire dans un environnement difficile pour servir l’Afrique du Sud du mieux que je peux. Laissez-moi faire mon travail, a-t-il poursuivi.

Avant d’être ministre des Finances, M. Gordhan a été à la tête du fisc sud-africain (SARS) de 1999 à 2009.

Des allégations ont fait état de l’existence d’une unité au sein de ses services qui aurait espionné des hommes politiques.

Dans une lettre qu’il a transmise aux Hawks mercredi, Pravin Gordhan reconnaît l’existence d’une unité d’enquête au sein du SARS, mais assure qu’elle a été créée avec l’aval du gouvernement de l’époque, pour mieux lutter contre l’évasion fiscale.

De ce que je sais, cette unité a rempli ses fonctions en respectant la loi, précise le ministre.

En mars, M. Gordhan s’était déjà plaint de recevoir des intimidations de la part des Hawks, au sujet de cette affaire.

Selon plusieurs analystes, l’ombre de Jacob Zuma plane sur l’action des Hawks. Les relations entre le président sud-africain et son ministre des Finances sont en effet connues pour être plutôt fraîches.

En avril, alors que Jacob Zuma avait été reconnu coupable d’avoir violé la constitution en refusant de rembourser l’argent public utilisé pour rénover sa propriété privée, M. Gordhan avait fait une sortie remarquée.

Une fois que vos actions sont jugées contraires à la Constitution, on doit réaliser qu’on s’éloigne de son devoir de servir le peuple, avait-il alors lancé.

Pravin Gordhan avait été nommé en décembre 2015, principalement pour rassurer les investisseurs qui s’étaient émus du remplacement surprise du respecté ministre Nhlanhla Nene par un député inexpérimenté.

Alors que la devise nationale chutait, le président, sous le feu des critiques, avait dû appeler quelques jours plus tard dans la panique Pravin Gordhan, qui avait déjà occupé ce poste de 2009 à 2014.

A l’époque plusieurs analystes avaient estimé que M. Nene payait son opposition au président Zuma dans des dossiers concernant des compagnies publiques.

Mais depuis sa prise de fonctions, Pravin Godhan n’a pas hésite à régulièrement mettre l’accent sur l’importance de la bonne gestion des entreprises publiques.

Il est grand temps que des individus ou des groupes d’individus cessent de jouer avec les entités publiques comme s’il s’agissait de leur petit joujou dont ils peuvent tirer profit, avait-il notamment lancé en décembre.

Romandie.com avec(©AFP / 24 août 2016 18h44)