Des milliers de soignants des hôpitaux et CHSLD se font dépister trois fois par semaine à défaut d’être vaccinés. Le gouvernement veut les obliger à être vaccinés sans offrir l’option du dépistage.

© /iStock Un groupe de personnel soignant dans le corridor d’un hôpital
Le gouvernement du Québec a l’intention d’obliger la vaccination de tout le personnel soignant en contact plus de 15 minutes avec un patient dès la mi-octobre, autant dans le réseau public que privé.
Moi, je vous dis, avec les premiers calculs qu’on a faits, ça rejoint à peu près 500 000 personnes (…) dont 300 000 personnes du réseau public», a lancé le ministre Christian Dubé en début de commission parlementaire jeudi.
S’ils refusent de fournir cette preuve [de vaccination], ils devront être réaffectés à d’autres tâches (et) s’ils refusent une réaffectation ou si celle-ci n’est pas possible, ils ne pourront réintégrer leur travail et seront sans rémunération», a précisé le ministre.
Au début du mois d’avril, le ministre de la Santé et des Services sociaux avait dévoilé une première série de mesures contraignantes auprès de personnel salarié afin de les convaincre de se faire vacciner.
En cas de refus, infirmières et préposés devaient passer trois tests de dépistage par semaine.
Certains milieux étaient ciblés (les urgences, les soins palliatifs, les CHSLD et les sites de vaccination) et le secteur privé était exclu.
En commission parlementaire, jeudi, le ministre Dubé s’est félicité de la mesure prise en avril, mais a reconnu que son effet ne se fait plus ressentir».
Selon une compilation de Radio-Canada, à la mi-juillet plus de 5000 soignants du réseau de la santé devaient toujours se soumettre à trois dépistages par semaine à défaut d’avoir été vaccinés. Il s’agit de 6 % des salariés visés par l’arrêté ministériel du mois d’avril.
De ce nombre, 818 salariés étaient réaffectés dans un autre milieu non visé et 18 avaient été mis en retrait sans solde.
Au CIUSSS de la Capitale-Nationale, par exemple, 7 salariés étaient ou ont été mis en retrait sans rémunération en raison du fait qu’ils avaient refusé le dépistage et que la réaffectation était impossible».
Au CIUSSS de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), on comptait 4 employés sans solde. De ce nombre, 3 ont finalement accepté le dépistage après 2 à 7 journées sans solde» précise-t-on.
Au CISSS de la Montérégie-Ouest, une seule personne salariée refusait d’être dépistée et réaffectée, cette personne a démissionné, donc la situation s’est réglée par elle-même».
Ces données ont été obtenues auprès de 23 établissements par la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics.
En date du 25 août, 86 % des travailleurs de la santé avaient reçu leur deuxième dose.
Bris de service à venir ?
Lors de la commission parlementaire, certains ont évoqué le risque d’un bris de service advenant le départ de soignants récalcitrants à se faire vacciner.
La réponse, c’est oui», a répondu le ministre Dubé au député de Chauveau Sylvain Lévesque.
Je pense que c’est pour ça qu’on a retardé cette décision-là le plus possible», a-t-il ajouté.
Pour le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Jeff Begley, le risque est réel, il y a du monde qui va dire : c’est la goutte qui fait déborder le vase».
Du côté des médecins, le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, Vincent Oliva, s’est dit en faveur d’un élargissement de la vaccination obligatoire.
Nous croyons cependant qu’il faut aller un peu plus loin encore et que l’ensemble du personnel d’un milieu de soins devrait être vacciné, peu importe son niveau de contact avec les patients.»
Avec Radio-Canada par Daniel Boily, Davide Gentile