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Congo/Administration du territoire: nomination des administrateurs-maires d’arrondissement

juillet 9, 2020

 

Par décret n ° 2020-197 du 9 juillet 2020, le président de la République a procédé à la nomination des administrateurs-maires d’arrondissement des communes de Brazzaville, de Dolisie, de Mossendjo, de Nkayi, de Ouesso et de Pointe-Noire.

Brazzaville

Arrondissement 1 Makelekelé : Edgard Bassoukissa

Arrondissement 2 Bacongo : Simone Loubienga

Arrondissement 3 Poto-Poto: Jacques Elion

Arrondissement 4 Moungali: Bernard Batantou

Arrondissement 5 Ouenzé : Marcel Nganongo

Arrondissement 6 Talangaï : Privat Ndéket

Arrondissement 7 Mfilou : Sylvie Ngakabi

Arrondissement 8 Madibou : Alain Milandou

Arrondissement 9 Djri : Victorine Ida Ngampolo

Dolisie

Arrondissement 1 : Clotaire Welo Louangou

-Arrondissement 2 : Modeste Ibrahim Kikoungat-Ngot

Mossendjo

-Arrondissement 1 : Pierre Makelé

-Arrondissement 2 : Jean Robert Ngouma Mboungou

Nkayi

-Arrondissement 1 : Jean Claude Bamenguina

-Arrondissement 2 : Eugène Nzou

Ouesso

-Arrondissement 1 : Irène Andziou

-Arrondissement 2 : Nicaise Bodzola

Pointe-Noire

-Lumumba : Joachim Ngomakica

-Mvouvou : Mme Mberi née Bigny Lauréate Liliane

-Tsié-Tsié : Romuald Tchikambou

-Loandjili : Zéphirin Nguié

-Mongo Mpoukou : Apolinaire Molebé

-Ngoyo :  Genest Wilfrid Bantou Paka

 

Avec Adiac-Congo par La Rédaction

Cuba aura un président de la République et un Premier ministre en octobre

juin 20, 2019
 

Cuba aura à partir d’octobre un président de la République et un Premier ministre, postes qui ont disparu depuis 1976, et la prochaine Assemblée nationale perdra plus d’un cinquième de ses députés, selon un projet de nouvelle loi électorale rendu public jeudi.

Selon ce projet de loi, qui sera voté en juillet, le président de la République, poste nouvellement créé, sera élu parmi les députés de l’Assemblée nationale pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. La création d’un poste de premier ministre est également prévue, ce dernier devant être proposé par le président de la République et approuvé par l’Assemblée nationale.

L’Assemblée nationale, jusque-là organe exécutif et législatif du pays, passera de 605 à 474 députés, tandis que le Conseil d’Etat, actuellement présidé par Miguel Diaz-Canel, principale figure du pouvoir exécutif, comptera 21 membres, contre 31 aujourd’hui. «Il faudra élire le président de la République en octobre. En juillet nous discutons de la loi, en octobre nous commençons à engager les premières étapes» de restructuration de l’appareil gouvernemental, a expliqué dans une vidéo le président de l’Assemblée nationale, Esteban Lazo.

En 1976, avec l’entrée en vigueur de sa première Constitution socialiste, Cuba avait adopté une nouvelle structure gouvernementale : les postes de président de la République et de Premier ministre avaient été supprimés ; l’Assemblée nationale était devenue la principale institution de gouvernement, se réunissant deux fois par an. Le Conseil d’Etat assumait ses compétences le reste du temps.

L’ex-dirigeant Fidel Castro (1926-2016) a ainsi été Premier ministre de 1959 à 1976, avant d’occuper le poste de président du Conseil d’Etat de 1976 à 2008. Son frère Raul Castro lui avait succédé pendant dix ans, avant que Miguel Diaz-Canel ne prenne la relève le 19 avril 2018.

L’approbation de la loi et sa publication au Journal officiel n’entraîneront toutefois pas de changement dans la composition de l’Assemblée nationale avant la fin de la législature, en 2024. «L’actuelle composition de l’Assemblée, avec 605 députés, sera maintenue jusqu’à la fin de la législature actuelle. Les changements proposés pour cet organe seront appliqués lors du nouveau mandat dans cinq ans», a expliqué Esteban Lazo, cité par le quotidien officiel Granma. Le projet de loi, dont une partie des dispositions a été prévue par la nouvelle Constitution entrée en vigueur en avril, sera examiné par les députés et discuté en réunions provinciales entre les 21 et 26 juin, et voté lors de la première session annuelle de l’Assemblée en juillet.

Les postes de présidents de l’Assemblée et du Conseil d’Etat devraient être également fusionnés.

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France: Les hollandais se réunissent pour évoquer un éventuel soutien à Macron

mars 6, 2017

Crédits photo : STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

Les proches du président se retrouvent ce lundi soir à 19h au cabinet du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll.

«On s’achemine vers un soutien à Emmanuel Macron», croit savoir l’entourage d’un ministre hollandais. «Face à l’extrême droite et à la droite violente empêtrée dans les affaires, il n’est pas possible d’être au second tour. Or Benoît Hamon stagne trop bas dans les sondages», ajoute-t-il. C’est le constat que pourrait tirer certains hollandais qui se réunissent ce lundi soir à partir de 19h au cabinet du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. «Même si le programme de Macron», nous pose quand même des problèmes, ajoute un autre.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux, celle du Travail Myriam El Khomri, celui de la Ville Patrick Kanner, la secrétaire d’État au commerce Martine Pinville, le maire de Dijon François Rebsamen, le président du groupe PS à l’Assemblée Olivier Faure et d’autres sont des habitués de ces réunions hebdomadaires. Le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian est, lui, en lien étroit et permanent avec Stéphane Le Foll.

Que va faire Le Drian?

À mesure que se rapproche l’échéance présidentielle, la tension monte chez ces soutiens du chef de l’État. Certains veulent pouvoir parrainer le candidat En Marche! et donc annoncer leur ralliement avant le 17 mars. Mais les avis divergent. «De toute façon, explique un des participants à la réunion, si Emmanuel Macron est au deuxième tour face à Marine Le Pen, le PS appellera à voter pour lui. Et le président, une fois élu aura besoin d’une majorité. Il le sait et il l’a dit: aucun parti ne pourra gouverner seul. Il vaut donc mieux rester au PS sans sortir du bois et faire ensuite partie d’une alliance globale». D’autres, au contraire, veulent tourner la page et faire partie de la dynamique en cours. «Passer chez Macron, explique-t-on, c’est une remise en cause du PS, de la primaire, c’est aussi soutenir un candidat qui a pu irriter. Ce n’est donc pas un choix facile, mais c’est un choix de raison, de responsabilité».

Ce week-end dans le JDD, Patrick Kanner a ouvertement envisagé de soutenir l’ancien ministre de l’Économie, réclamant une «décision collective» de la part de ses camarades. La décision de Jean-Yves Le Drian pourrait peser lourd dans la balance. «Son choix est d’une importance cruciale, explique un député PS. S’il bascule chez Macron, c’est toute la Bretagne qui bascule». Députée PS des Côte d’Armor, soutien d’Emmanuel Macron depuis le départ, Corinne Erhel espère «évidemment» que le ministre de la Défense rejoindra En Marche! Mais son avis est «personnel» souligne-t-elle. «Quand il a quelque chose à dire, c’est lui qui le dit, c’est sa manière de fonctionner et je la respecte», indique-t-elle

Lefigaro.fr par Sophie de Ravinel

Centrafrique : Faustin-Archange Touadéra élu président

février 20, 2016

L’ancien Premier ministre a recueilli 62,71 % des suffrages contre 37,29 % pour son rival, Anicet-Georges Dologuélé, selon l’Autorité nationale électorale.

Faustin-Archange Touadéra, photo d'illustration.

Faustin-Archange Touadéra, photo d’illustration. © AP/SIPA/ Jerome Delay

Madagascar: le président menacé d’un vote de destitution au Parlement

mai 26, 2015

Antananarivo – Le président malgache Hery Rajaonarimanpianina était menacé mardi soir d’un vote de destitution, une majorité de députés ayant requis sa déchéance pour non-respect de la Constitution, et l’accusant plus généralement d’incompétence.

Un débat a débuté dans la soirée à l’Assemblée nationale, a constaté un correspondant de l’AFP.

La recevabilité de cette requête de mise en accusation pour déchéance du président Hery Rajaonarimanpianina est admise, avait annoncé en séance plénière plus tôt dans la journée le président de l’Assemblée Jean Max Rakotomamonjy, à l’issue d’une réunion des présidents de commissions.

Cette requête contient 115 signatures de députés (sur 151, ndlr) issus de tous les groupements parlementaires au sein de l’Assemblée nationale, a lu le rapporteur général de l’assemblée Malement Liahosoa, très applaudi.

Si les deux tiers des députés votent la mise en accusation du président pour le destituer, (…) alors la requête et le résultat du vote seront transmis à la HCC, la Haute Cour constitutionnelle, pour avoir la déclaration de déchéance, a exposé Christine Razanamahasoa, une député d’opposition proche de l’ex-homme fort du pays Andry Rajoelina.

L’actuel président se voit notamment reprocher le retard pris dans l’installation de la Haute Cour de justice, a-t-elle expliqué.

Un autre député du camp Rajoelina, Tinoka Roberto, a enfoncé le clou au micro d’une radio privée: Il (le président) ne sait plus ce qu’il fait. Il est incompétent.

Je suis désolé mais rien ne marche actuellement au pays. Il connaît peut-être la comptabilité mais pas la gestion d’une nation. Il n’est entouré que par des amateurs. Et ces amateurs l’empêchent de se tourner vers sa famille politique, a-t-il dit. Pour moi, s’il est incompétent, il vaut mieux qu’il quitte le pouvoir.

L’ambassade des Etats-Unis a appelé les députés à la retenue, disant dans un communiqué (soutenir) les efforts entrepris par le président Rajaonarimampianina et le gouvernement (malgache) afin d’émerger de la crise de 2009 et permettre à Madagascar d’atteindre tout son potentiel.

Nous exhortons toutes les parties prenantes en position de leadership –dont les membres de l’Assemblée nationale (…)– à placer en tant que leur première priorité le bien-être du peuple, et à garantir la stabilité nécessaire à l’avenir du pays, a-t-elle ajouté.

Investi en janvier 2014 après une élection démocratique –la première depuis 2006–, Hery Rajaonarimampianina, expert-comptable de formation, avait promis à la population une vie meilleure après cinq ans d’une crise sans précédent. Il avait promis d’agir vite.

Mais s’il a su renouer avec les bailleurs de fonds étrangers qui avaient tourné le dos au pays après le coup de force de 2009 qui a vu le renversement du président Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina, ses détracteurs et la société civile lui reprochent son inertie, ses tâtonnements et son inefficacité.

Le président avait été élu avec le soutien de M. Rajoelina, battant le candidat de M. Ravalomanana Robinson Jean-Louis, avant de prendre ses distances avec son mentor.

Il a mis deux mois et demi pour se trouver un Premier ministre, limogé par la suite au bout de huit mois, et ne dispose pas d’une solide écurie politique. Son parti, le HVM, n’a aucun député à l’Assemblée.

Romandie.com avec(©AFP / 26 mai 2015 20h31)

Congo/Présidence de la République : Lancement d’une série de consultations sur la vie de la Nation et de l’Etat

mai 22, 2015

Le Président Denis Sassou-Nguesso (Ph. d’archives).

Les états-majors politiques et des organisations de la société civile se sont, brusquement, mis en ébullition, dès la publication, par la présidence de la République, du communiqué faisant état de l’ouverture, à partir du mercredi 20 mai 2015, d’une série de consultations des dirigeants des partis politiques, des acteurs des organisations de la société civile, des responsables des confessions religieuses, des dirigeants de certaines institutions constitutionnelles et des personnalités sur la vie de la Nation et de l’Etat.

Certains ont retourné le communiqué dans tous les sens, pour comprendre l’enjeu de cette initiative qui a un peu surpris tout le monde, d’autres s’en sont réjouis, car ils y voient l’opportunité d’une nouvelle redistribution des cartes sur l’échiquier politique national, mais d’autres demeurent critiques face à cette initiative présidentielle qu’ils considèrent comme un moyen, pour l’actuel président de la République, de manœuvrer pour sa propre survie politique. Quoiqu’il en soit, ces consultations marquent une nouvelle étape, dans le débat qui a cours autour de la question constitutionnelle, depuis quelques mois. Elles traduisent aussi la volonté du chef de l’Etat de privilégier le dialogue, dans la recherche de solutions permettant au pays de surmonter ses crises.

L’usage des deux concepts «Nation» et «Etat» n’a pas permis à tout le monde de saisir, immédiatement, les questions en jeu. A quoi fait-on allusion, en parlant de «la vie de la Nation et de l’Etat»? Que faut-il mettre dans «la vie de la Nation»: les questions sociales, celles liées au développement, à la solidarité, à la lutte contre la pauvreté, à la redistribution équitable de la rente nationale, à l’emploi des jeunes, au genre dans les postes politico-administratifs ou autres?

Et dans «la vie de l’Etat», faut-il penser aux lois, aux institutions nationales et à leur fonctionnement, à la décentralisation, etc.?

Il semble, nettement, qu’en recourant aux deux concepts, le chef de l’Etat a voulu laisser le champ largement ouvert aux interlocuteurs qu’il souhaite entendre. Chacun y va, sans doute, de ses propositions, dans l’amélioration de la gouvernance nationale. Tout le monde appelle au dialogue, le président de la République offre les consultations directes. Malgré tout, on est toujours dans le dialogue.

C’est alors le lieu de s’interroger de la suite que le chef de l’Etat entend donner à la série de consultations qu’il a entamée. S’agit-il d’enrichir son propre programme politique ou d’ouvrir son gouvernement à un spectre plus large de sensibilités? A-t-il une préoccupation particulière sur laquelle il veut entendre les avis divers de ses concitoyens?
L’on sait que depuis quelques mois, le débat sur la question constitutionnelle agite la société congolaise. Les positions sont même tranchées entre ceux qui soutiennent qu’on change la Constitution et ceux qui y sont farouchement opposés; entre ceux qui sont pour la révision constitutionnelle et ceux qui souhaitent améliorer la gouvernance électorale, espérant l’alternance démocratique, en 2016.

En même temps, il y a aussi des inquiétudes: ceux qui craignent qu’une alternance démocratique ne ramène le pays aux errements des années 90, avec leurs conflits fratricides; ceux qui redoutent un passage en force du pouvoir actuel qui ruinerait les acquis de la paix et de la démocratie enregistrés jusque-là. Bref, le Congo est à la croisée des chemins.
Une alternance démocratique paisible, grâce à une élection présidentielle transparente, juste et équitable est-elle possible, en 2016? Un changement de l’ordre constitutionnel permettant à l’actuel chef de l’Etat de revenir dans le champ politique, en se portant candidat à un troisième mandat consécutif, peut-il être accepté par tous? Un «printemps arabe» à la congolaise, comme en août 1963, comme certains l’évoquent dans les réseaux sociaux, ouvrira-t-il un avenir stable et pacifique au Congo? Autant de questions qu’on peut se poser.

En somme, le Congo cherche le chemin qui peut lui permettre, à la fois, de répondre aux exigences démocratiques et de préserver les trois valeurs fondamentales qu’il a reconquises, péniblement, à savoir: l’unité nationale, la paix et la démocratie. C’est au génie congolais de trouver la voie la meilleure, au regard de ce qui se passe dans certains pays africains, pour traverser cette période pleine d’interrogations et d’inquiétudes sur l’avenir. A l’issue de cette série de consultations, les regards seront alors tournés du côté de la présidence de la République. On devrait s’attendre à une étape décisive dans la vie de la Nation et de l’Etat.

Lasemaineafricaine.et par Joachim MBANZA

Jean d’Ormesson : lettre ouverte au président de la République et aux «Attila» de l’éducation

mai 10, 2015
Jean d'Ormesson

Jean d’Ormesson

FIGAROVOX/EXTRAIT – Jean d’Ormesson écrit au président de la République au sujet de la réforme du collège. Il lui demande de ne pas laisser dépérir nos biens les plus précieux : notre langue, notre littérature, notre culture.

Monsieur le président de la République,

Plus d’une fois, vous avez souligné l’importance que vous attachiez aux problèmes de la jeunesse, de l’éducation et de la culture. Voilà que votre ministre de l’Éducation nationale se propose de faire adopter une réforme des programmes scolaires qui entraînerait, à plus ou moins brève échéance, un affaiblissement dramatique de l’enseignement du latin et du grec et, par-dessus le marché, de l’allemand.

Cette réforme, la ministre la défend avec sa grâce et son sourire habituels et avec une sûreté d’elle et une hauteur mutine dignes d’une meilleure cause. Peut-être vous souvenez-vous, Monsieur le président, de Jennifer Jones dans La Folle Ingénue? En hommage sans doute au cher et grand Lubitsch, Mme Najat Vallaud-Belkacem semble aspirer à jouer le rôle d’une Dédaigneuse Ingénue. C’est que son projet suscite déjà, et à droite et à gauche, une opposition farouche.

On peut comprendre cette levée de boucliers. Il y a encore quelques années, l’exception culturelle française était sur toutes les lèvres. Cette exception culturelle plongeait ses racines dans le latin et le grec. Non seulement notre littérature entière sort d’Homère et de Sophocle, de Virgile et d’Horace, mais la langue dont nous nous servons pour parler de la science, de la technique, de la médecine perdrait tout son sens et deviendrait opaque sans une référence constante aux racines grecques et latines. Le français occupe déjà aujourd’hui dans le monde une place plus restreinte qu’hier. Couper notre langue de ses racines grecques et latines serait la condamner de propos délibéré à une mort programmée.

Mettre en vigueur le projet de réforme de Mme Najat Vallaud-Belkacem, ce serait menacer toute la partie peut-être la plus brillante de notre littérature. Montaigne et Rabelais deviendraient vite illisibles. Corneille, Racine, La Fontaine, Bossuet changeraient aussitôt de statut et seraient difficiles à comprendre. Ronsard, Du Bellay, Chateaubriand, Giroudoux ou Anouilh – sans même parler de James Joyce – tomberaient dans une trappe si nous n’apprenions plus dès l’enfance les aventures d’Ulysse aux mille ruses, si nous ignorions, par malheur, qu’Andromaque est la femme d’Hector, l’adversaire malheureux d’Achille dans la guerre de Troie, si nous nous écartions de cette Rome et de cette Grèce à qui, vous le savez bien, nous devons presque tout.

Les Anglais tiennent à Shakespeare, les Allemands tiennent à Goethe, es Espagnols à Cervantès, les Portugais à Camoens, les Italiens à Dante et les Russes à Tolstoï. Nous sommes les enfants d’Homère et de Virgile- et nous nous détournerions d’eux! Les angoisses de Cassandre ou d’Iphigénie, les malheurs de Priam, le rire en larmes d’Andromaque, les aventures de Thésée entre Phèdre et Ariane, la passion de Didon pour Énée font partie de notre héritage au même titre que le vase de Soissons, que la poule au pot d’Henri IV, que les discours de Robespierre ou de Danton, que Pasteur ou que Clemenceau.

Lefigaro.fr par Jean d’Ormesson

Congo: L’ancien premier ministre Alphonse Souchlaty Poaty demande à Denis Sassou Nguesso de démissionner

mars 14, 2015

 

Les propos d’Alphonse Souchlaty Poaty, contenus dans cette interview, sont à faire couper le souffle. D’une précision chirurgicale, il donne les noms, les lieux, le moment, des faits pour lesquels il incrimine Denis Sassou Nguesso. Ancien premier ministre de 1989 à 1990, il accuse Sassou d’être un criminel hors pair, qui a fait du Congo, une république bananière. Sans passer par quatre chemins, il demande, sans hésiter, la démission de Denis Sassou Nguesso tout en s’insurgeant contre le changement de la constitution.

 

AFRIQUEDUCATION : Vous êtes un ancien premier ministre du Congo, installé entre la France, l’Afrique du Sud et le Congo. Vous n’êtes plus très actif dans la politique et vous ne militez dans aucun parti politique. Vous avez quitté les affaires publiques, exactement, le 3 décembre 1990, c’est-à-dire, il y a 25 ans. Pourquoi faites-vous l’objet d’un harcèlement, sans cesse, ni vu ni connu, du président, Denis Sassou Nguesso ? En 1993, alors que le Congo était présidé par le professeur, Pascal Lissouba, et que vous n’étiez qu’un simple citoyen, Sassou vous a fait kidnapper, à l’aéroport de Johannesburg, en Afrique du Sud, sous la présidence de Thabo Mbeki. Que s’est-il, réellement, passé et comment vous en êtes-vous sorti ? D’autre part, vous avez, déjà, été empoisonné une vingtaine de fois, ce qui peut paraître excessif. Pourtant, c’est vrai. Comment cela s’est-il passé et comment vous en êtes-vous sorti indemne ?

Alphonse Souchlaty Poaty : Je dois tout d’abord vous remercier de me donner l’occasion de m’exprimer par votre grand média. Il y a bien longtemps que je suis sorti de la politique par la grande porte, en démissionnant des fonctions de premier ministre que j’assurais jusqu’au 3 Décembre 1990 dans mon cher Congo ! En rompant le silence, je voudrais vous dire pourquoi j’ai refusé de cautionner la comédie du pouvoir tel que le concevait et le conçoit toujours le Président Denis Sassou Nguesso dans sa quête de puissance absolue.

Je suis parti de la primature de mon propre chef, ce que Sassou déteste. Il l’avait pris pour un affront, estimant sans doute qu’il lui appartient seul de nommer et de destituer les membres du Gouvernement. C’est pourquoi, il m’en veut terriblement jusqu’à présent.

Pour lui, j’aurais commis un crime de lèse-majesté en lui remettant une lettre caustique en pleine réunion du bureau politique du PCT sans l’avoir préalablement averti au moment où la classe politique et le peuple congolais réclamaient des changements démocratiques, que ni le PCT ni lui-même ne voulaient mettre en œuvre. Or, moi je ne suis pas un homme de parti ou d’appareil. Je suis un homme d’Etat et j’ai toujours agi comme tel.

Vous me parlez de commando armé qui s’était introduit chez moi. C’est vrai, l’histoire se passe dans la nuit du 12 au 13 juillet 1993 à 3 heures du matin dans l’enceinte de ma maison sise devant le Palais de justice de Brazzaville. Je fus l’objet d’une attaque à la kalachnikov par 5 personnes qui tirèrent plusieurs coups de feu. Je sursautai de mon lit en plein sommeil et me jetai sans arme dans la mêlée au milieu de mes 4 gardiens ragaillardis.

Mais après une dizaine de minutes, les assaillants prirent la fuite emportant un blessé grave dans leur rang et laissant pour mort mon frère cadet Nestor qui s’était hasardé dehors. Il ne put se remettre de ce malheur qu’après une dure opération chirurgicale réalisée en urgence par le médecin Colonel Zamba de l’hôpital militaire et un long séjour médical à Johannesburg. Il est actuellement privé de l’usage de ses jambes. Je ne cesserai jamais de remercier cet excellent praticien et avec lui tout le corps médical en service durant cette nuit d’enfer.

Quant aux empoisonnements, multiples et variés que j’ai subis, ils m’ont été administrés exactement à vingt reprises à l’extérieur, dans ma maison, à l’occasion des banquets officiels, parfois, par ceux et celles que je tenais en affection mais qui ont été retournés par le pouvoir politique en place qui tient à m’éliminer et dont la pratique quasi-quotidienne de l’empoisonnement a pris ces derniers temps un tournant institutionnel effrayant.

Vous voulez savoir comment je m’en sors ? Que puis-je vous dire sinon que je suis un chrétien fervent, toujours plongé dans la prière au moins sept fois par jour, où que je puisse me trouver. Il faut donc prier, prier sans cesse.

Et puis, sachez que le bon Dieu a fait tous les êtres vivants chacun avec ses anticorps, ses protections naturelles, son ange gardien, bref, vous avez peut être été un jour tenté par le démon et réussi à vous en sortir sans même que vous le sachiez. Mais rien ne remplace la prudence que la sagesse cosmique confère à l’homme. Simple mortel, quand j’irai rendre compte à mon Seigneur de ce que j’aurai subi dans ma courte vie sur terre, je souhaiterais qu’IL me dise : mon fils, tu as bien appliqué mes préceptes, siège à la droite de mes oints.

Toujours voué aux attaques de tous genres, j’ai été victime de deux incendies dont on peut penser qu’ils étaient criminels, en 1987 et 2004. Leur mode opératoire, leur brutalité et leur caractère inattendu le laissaient penser, mais je n’en tirai aucune conclusion qui pût hypothéquer les bonnes relations que j’avais avec mon entourage et à l’extérieur alors que j’étais ministre. L’incendie de 1987 me laissa pantois en considération des ravages causés en archives, ouvrages et matériels divers. Je courus en voiture comme un bolide lorsque je fus alerté du voisinage, trouvant sur place les pompiers qui ne purent m’arrêter de pénétrer les yeux fermés, dans l’immeuble en feu assombri par la fumée, pour rechercher à tâtons ce qui valait la peine d’être sauvé. Lorsque je refis surface, l’air ahuri, les habits et les cheveux brûlés de tous côté par le feu, tout le monde se mit à pleurer, mon épouse s’évanouit pour reprendre vie à l’hôpital général et ma mère faillit se suicider. Cependant, plus de peur que de mal, hormis les dégâts matériels, il n’y eut aucun mort ni blessé. On pouvait craindre des explosions à cause de quelques armes et munitions stockées dans une dépendance, mais celles-ci furent purement et simplement dissoutes, ratatinées comme un amas de cire, sans aucune conflagration. Je remerciai le Seigneur pour cette marque de présence en moi et dans ma vie.

En 2004, l’incendie fut d’une toute autre gravité, détruisant l’ensemble de la maison de la toiture aux murs, sans épargner le moindre objet, les pompiers étant arrivés avec 30 minutes de retard. Je fis le pari de dormir pendant deux semaines dans ce qui restait de ma maison, surnageant dans un lac d’eau grossi par les pluies diluviennes qui s’abattaient sur Pointe-Noire. Ici encore comme à Brazzaville, aucun décès ne fut déploré et la dotation en armes et munitions que j’avais reçue du gouverneur civil et militaire se transforma en objets informes, telle la pâte du forgeron sortie du four incandescent, au grand étonnement des pompiers. J’étais dans mon bureau de travail lorsque l’incendie se déclara à l’autre bout du bâtiment. Dieu voulut que personne des miens n’en mourût, n’en déplaise à Sassou et autres méchants qui me poursuivent par tous les moyens, tous les temps et toutes les latitudes.

En ce qui concerne l’affaire de mon rapt à Johannesburg, elle fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase, car bien avant et bien plus tard, ont été commis une série d’actes attentatoires à ma liberté et à ma vie. Le cas que vous évoquez est en effet caractéristique de la volonté de nuire, non seulement, de me nuire à moi mais de nuire à tous ceux qui expriment librement et paisiblement leurs droits à la différence d’une manière ou d’une autre. Et moi, je ne suis pas de nature à me faire taper sur les doigts, d’autant plus que je n’avais pas sollicité le poste que d’aucuns eussent peut être mérité plus que moi qui n’étais pas membre du PCT, Parti-Etat, exclusif et tout-puissant.

Voici donc que le matin du 4 août 2006, je me trouvai à l’aéroport de Pointe-Noire en partance pour Johannesburg pour assister au procès de la mort accidentelle de mon petit fils Joé Typaul. J’y rencontrai Alexandre Honoré Paka, préfet de Pointe-Noire qui se rendait à Brazzaville. Il me fit savoir que le Président a interdit les sorties du pays pour les responsables en prévision de la fête nationale du 15 août. Alors je lui rétorquai que je n’étais responsable de rien, étant retraité depuis 10 ans et installé dans mon village. Que ne m’a-t-il averti depuis Mboukou pour me dire que j’étais assigné à résidence ! Puis, prenant congé de lui, je montai dans l’avion de la TAAG pour Johannesburg via Luanda.

Arrivé au comptoir de la police des frontières, je fus séparé de la ligne de contrôle des passeports et amené devant un capitaine qui me notifia purement et simplement mon incarcération pour faux visa. Comme je lui disais qu’il m’est impossible de frauder un visa alors que je dispose d’une maison en ville avec une famille et que je suis un ancien premier ministre, il me demanda de le justifier. Ce que je fis en lui présentant mon passeport diplomatique et copie de mon titre de propriété, en plus de mon passeport ordinaire qu’il détenait déjà en mains. Qu’importe, dit-il en maugréant tout en confisquant mes papiers. J’eus recours à l’Ambassade du Congo par téléphone afin qu’elle m’apportât aide et assistance conformément aux conventions internationales. Mais les agents consulaires appelés à la rescousse à 14h ne se présentèrent qu’à 19h au bureau du capitaine.

Et, après 15 minutes d’entretien, ils quittèrent les lieux, sans me dire quoi que ce soit ni à l’arrivée ni au retour. De sorte que j’étais livré entre les mains d’un policier abusif et brutal, sans autre justification que l’accusation fallacieuse et tout à fait infondée de « faux visa ». Lorsque je lui demandai de me ramener dans l’avion pour que je reparte dans mon pays, il s’énerva et me conduisit de force dans une geôle attenante anciennement utilisée par les racistes blancs du régime d’apartheid. Il me fouilla, confisqua ma mallette et mon téléphone, me déshabilla jusqu’à me laisser à demi-nu avant de me précipiter dans la geôle où je devais séjourner pendant 5 jours dans des conditions inhumaines d’insalubrité. Privé de mes produits pharmaceutiques, d’eau potable et de nourriture saine, je me croyais déjà en enfer, sentant ma mort imminente malgré la sympathie ambiante de sept codétenus philippins en rupture de ban. Mais je survécus par miracle si j’ose ainsi m’exprimer, et le 8 août 2006, je fus libéré et conduit au pas de charge dans l’avion de la TAAG pour Pointe-Noire avec ordre au personnel de bord de ne me laisser parler avec personne, de crainte, sans doute qu’une personne des Droits de l’homme pût par hasard capter mes complaintes de supplicié.

Là, je fus accueilli à la descente de l’avion par 4 agents de la police politique (commandant Jean Claude Moungoto, commandant Maurice Obambi, lieutenant Pierre Mouy et adjudant Bounda Aymet Sérina) qui voulurent m’interroger quelque part en secret, ce que je refusai catégoriquement devant des passagers interloqués. Finalement, on fit les 100 pas du piéton jusqu’à ma résidence située à 100 m de l’aéroport. Devant ma famille en pleurs, je répondis aux questions des inspecteurs entrecoupés de nombreux coups de fils de Mpila et de la Sécurité d’Etat qui voulaient savoir ce que j’avais pu dire, craignant probablement que je misse en cause le président Sassou et les autorités sud-africaines. Mais sur le coup je ne me découvris point jusqu’à mon départ à Brazzaville le 5 septembre 2006 en vue d’en savoir plus sur mon infortune.

Dans ma chambre d’hôtel, je reçus dès mon arrivée Monsieur Antoine Evoundou, directeur général de la Sécurité d’Etat qui me remit mes deux passeports confisqués en Afrique du Sud. Il me présenta ses « excuses pour tout ce qui m’était arrivé », sans préciser si c’était en son propre nom ou en celui du chef de l’Etat. Il promit de lui en parler, mais je ne le revis guère jusqu’à mon retour à Pointe-Noire le 10 septembre. Aux Affaires Etrangères où j’étais parti m’entretenir avec le Ministre Rodolphe Adada, je lis à son attention le procès-verbal de mon audition par les agents de police à Pointe-Noire ; il voulut le conserver par devers lui, mais je le priai d’en prendre copie à la présidence. Je lui exprimai mon étonnement devant la carence pour le moins coupable de ses services de Prétoria. Il me rétorqua textuellement que « le Congo n’allait tout de même pas envoyer son artillerie pour vous libérer ». Je pris cette admonestation pour gratuite et inconsidérée.

A moins qu’il ne sache pas bien manier la langue de Molière, ce que je ne crois pas, l’expression « tout de même pas », supposait que le Congo eût fait en vain ce qu’il convenait pour aller à ma rescousse. Or, ainsi que je l’ai dit plus haut, personne, absolument personne n’a bougé le petit doigt. De guerre lasse, je lui demandai de me faire faire un nouveau passeport diplomatique à la place de celui qui a été confisqué. Il me rétorqua comme s’il parlait à un Congolais lambda : « le passeport diplomatique n’est pas un droit, Monsieur ». Son directeur de Cabinet qui assistait à l’entrevue, montra de la tête un signe de gêne et de tristesse. Et moi, « vieil homme recru d’épreuves» dixit Charles de Gaulle, je repris le chemin de Pointe- Noire dès le lendemain, non sans avoir laissé mon passeport ordinaire à l’Ambassade de l’Afrique du Sud pour qu’on me confirmât ou non la validité du visa contesté, objet de ma longue et malencontreuse garde à vue.

Que dire de ce ministre, apprenti serviteur de l’Etat, infatué d’arrogance, creux de réalisation et dont les services offerts aux administrés laissaient à désirer. Comment peut-il oser à ce point, me faire la leçon du service public dont il est évident qu’il maîtrise mal les tenants et les aboutissants. S’agit-il d’une erreur d’appréciation, d’une provocation ou des miasmes du rapt ? En effet, quelles autres qualités eussent été nécessaires pour décrocher le fameux sésame ? 40 ans de bons et loyaux services au niveau de l’Etat ; 4 fois DG de structures administratives, techniques et financières ; 4 fois ministre, 1 fois premier ministre, respectueux de l’autorité établie et des lois de la République, amoureux du travail bien fait, titulaire de la médaille de Grand Officier de l’Ordre du Mérite Congolais depuis 1975, je mérite autant que quiconque d’avoir un passeport diplomatique. Quelques jours plus tard, je fis encore le voyage de Brazzaville où j’étais conforté dans la certitude que mon visa était parfaitement régulier. Bien plus les autorités consulaires sud-africaines, après vérifications et contact auprès de « Home Affairs », me donnèrent un nouveau visa alors que le capitaine m’avait interdit désormais de mettre pieds dans ce pays. C’était, on le voit bien, la volonté du potentat militaire de Mpila, ce que je perçus depuis mon incarcération d’autant plus que le fameux capitaine téléphonait à une autorité qui devait être aux Affaires Etrangères ou à la présidence. Ma mort, soigneusement préparée était inéluctable, sinon, par crise cardiaque, du moins, par défaut de traitement sur bêtabloquant et inhibiteur composant mon traitement d’hypertension. On pouvait alors jeter mon corps de métèque, ni vu ni connu dans un trou quelconque et le criminel-né n’eût que ses condoléances « les plus attristées » à présenter et son cirque funéraire du palais des Congrès à organiser aux yeux de l’opinion nationale et internationale.

Un journal proche de Sassou a prétendu à l’époque que celui-ci était intervenu auprès du président sud-africain Thabo Mbeki pour me libérer et d’ajouter, je cite de mémoire : Souchlaty Poaty devrait faire comme son frère Kolelas, à savoir rejoindre le camp de la paix. Rien de plus faux et de plus mensonger, le président Mbeki n’était nullement au courant de l’affaire. Pourquoi devais-je pactiser avec un soi-disant camp de la paix alors que je suis moi-même un homme de paix, cette paix que Sassou n’a cessé de troubler depuis des lustres et tout récemment encore en fomentant la guerre du 5 juin 1997 au Congo. Il parle de paix, de sa paix feinte, alors que le peuple congolais aspire à une vraie paix inconditionnelle.

 

La Situation du Congo, aujourd’hui, est explosive. Peut-on la comparer à celle qui avait prévalu, en 1990, quand, premier ministre du Congo, vous aviez marqué votre accord, contre l’avis de Sassou, à la tenue de la Conférence nationale souveraine de 1991 ?

Explosive dites-vous, la situation politique au Congo l’est effectivement à cause des manigances de Sassou Nguesso qui veut absolument changer de Constitution pour se perpétuer au pouvoir en dépit du bon sens. Et pour ce faire, il procède par la manipulation, l’intimidation, l’achat des consciences, l’agitation tribale et l’intrigue politicienne, allant jusqu’à faire croire que c’est le peuple congolais souverain qui le veut ainsi. Il agite l’épouvante des troubles à l’ordre public et de la guerre civile, met en garde les partisans du respect et de la stabilité des Institutions. Comme si le meilleur moyen d’éviter les troubles et la guerre ne consistait pas précisément à garder le statu quo ante, à respecter l’ordre constitutionnel et les lois de la République.

Hormis une frange des membres du PCT, la presque totalité des partis politiques et associations civiles, épris de paix et de démocratie, soutiennent l’application rigoureuse de la Constitution du 20 janvier 2002. Cette Constitution, même ses détracteurs de dernière heure le reconnaissent, a permis d’apporter la paix dans le pays. Que le PCT se gausse aujourd’hui de ce que certains leaders de l’opposition aient pu se déclarer contre ladite constitution, à l’occasion des campagnes présidentielles précédentes, démontre son caractère non démocratique. Car dès lors qu’une loi est adoptée et rendue exécutoire, que reste-t-il à un démocrate, n’est-ce pas de l’appliquer, même après l’avoir combattue ? Qu’on se souvienne de la Constitution française du 4 octobre 1958 et des réserves que le candidat Mitterrand émettait. Ne l’a-t-il pas respectée après son élection à la présidence le 10 mai 1981 ? Il s’en était conformé, certainement, plus scrupuleusement que ne l’eût fait le fondateur de la cinquième République lui- même ?

La détermination morbide de Sassou Nguesso de vouloir se maintenir à la tête du Congo, sous des lois nouvelles, taillées à sa mesure, à quelques mois de la fin de son mandat et de l’élection d’un autre président, est un acte d’incivisme, de rupture de serment et de forfaiture qui correspond à troubler l’ordre public et la paix. C’est donc bien lui Sassou, en chair et en os, dont on connaît le machiavélisme destructeur, qui veut troubler l’ordre public et personne d’autre. Qu’on se le dise et qu’on ne se fasse pas leurrer !

 

Actuellement, le débat sur le changement, ou non, de la constitution, au Congo, bat son plein. De quel côté vous situez-vous et pourquoi ?

De quel côté voulez vous que je me situe, cher Monsieur ? Evidemment, je suis du côté du peuple et des forces démocratiques qui luttent pour bouter Sassou Nguesso hors du pouvoir par la seule voie qui vaille, celle de l’application intégrale des lois de la République et, d’abord, de la loi fondamentale qui est la Constitution du 20 janvier 2002. Si toutefois cette constitution devait être amendée ce n’est point maintenant qu’il faut le faire, par le diktat de Sassou, mais, sous l’égide des nouvelles autorités politiques issues des élections libres et transparentes qui seront organisées après son départ du pouvoir. Sassou est en train de jouer à cache-cache sur la Constitution comme un petit garçon jouerait à la marelle dans la cour de récréation. Il se cache derrière le peuple qui lui aurait demandé de changer la Constitution, alors que c’est lui- même qui est l’initiateur du changement, pour faire évoluer les institutions, dit-il sans gêne. Une imposture digne de l’homme des actions concrètes, mais, si elle peut passer vis-à-vis des incultes, elle est risible face à des observateurs étrangers, comme lors de sa récente conférence de presse à Bruxelles. A en pleurer, car le Congo mérite mieux. Il est en effet proprement scandaleux qu’un dictateur à ce point notoire puisse se prévaloir d’un prétendu appel du peuple congolais asservi. Pour quoi faire alors ? Continuer de l’asservir ?

Sur le changement de la Constitution, et, en raison de l’importance du sujet, laissez-moi d’abord, cher Monsieur, vous faire un rappel historique de la chevauchée fantastique et méphistophélique de Sassou vers le pouvoir absolu, en éliminant sur son chemin tous ceux qui étaient capables de le gêner ou de lui barrer la voie, avant de vous présenter l’homme qu’est Sassou Nguesso.

Je veux m’employer à esquisser ce que selon moi doit être le bon gouvernement de la République et le travail qui l’attend après le départ de celui qui a accaparé les reines du pays voici aujourd’hui un demi-siècle, car son influence maléfique ne date pas seulement de 1979. Elle trouve son origine lointaine dans les tâtonnements de Marien Ngouabi pour asseoir son autorité et son pouvoir attaqué de toutes parts.

C’est en effet Sassou qui était aux commandes sous Marien avec des pouvoirs de police et de sécurité exorbitants du droit commun, lui permettant de manipuler le président Marien Ngouabi, de l’épier, de le filer, de capter ses communications, ses confidences et finalement de le rendre vulnérable.

Il est évident que celui qui détient la Sécurité nationale et l’Armée, détient le pouvoir d’Etat. Et c’est lui qui est à la barre depuis l’assassinat de Marien après avoir été aux commandes.

Le changement de la Constitution du 20 janvier 2002, voulu et initié par Denis Sassou Nguesso, est en réalité un faux problème, un faux débat jeté dans la rue par un habitué des actes dits fondamentaux destinés à réguler des coups d’Etat constitutionnels ou de Palais.

La Constitution dans son article 185 prévoit les mécanismes de sa révision et le président de la République qui a juré solennellement de la respecter doit l’appliquer scrupuleusement telle quelle, sous peine de forfaiture, dès le jour qu’il osera déclarer que par référendum ou d’autres artifices, la constitution est devenue mauvaise et doit être changée. Si tel est le cas, il doit demander sa révision et non son changement. Or, un changement suppose un événement majeur qui, du fait de son imprévisibilité n’entre pas dans le champ du constituant primaire. Par conséquent, comme tout texte normatif, la Constitution du 20 janvier 2002 ne prévoit guère la possibilité de son changement, encore moins, dans ses dispositions touchant au nombre limite de mandats du Chef de l’Etat, même si le second verrou portant sur la question de l’âge peut faire l’objet de révision.

Aujourd’hui encore comme hier, Sassou Nguesso dans sa soif effrénée de pouvoir ne s’y prend pas autrement. Il veut opérer un passage en force. Qu’on se souvienne de ces antécédents qui restent ancrés dans les mémoires des Congolais. A la mort du président Marien Ngouabi, c’est Sassou qui, ayant l’initiative des opérations militaires, sécuritaires et politiques, créa le Comité Militaire, affublé par la suite de l’accolade « du Parti » qui le fit s’appeler CMP.

Thystère Tchicaya, paix à son âme, auteur de l’accolade voulait ainsi faire atténuer le caractère putschiste du comité militaire. Mais l’acte fondamental du 5 Avril 1977 créant cet organe dirigeant ne laissa aucune place ni à Alphonse Mouissou-Poaty, président de l’Assemblée Nationale, qui aurait dû constitutionnellement succéder au Chef de l’Etat assassiné, ni au n° 2 du Parti-Etat, Jean Pierre Thystère Tchicaya, Membre de l’Etat-major Spécial Révolutionnaire (EMSR), chargé de la permanence et de l’idéologie.

A son accession définitive au pouvoir le 5 février 1979, après une fausse passe à Yhombi à la fin des obsèques, Sassou fit adopter par référendum le 8 juillet 1979 une constitution qui normalise son pouvoir dans le cadre du PCT en rangeant le CMP dans les tiroirs de l’histoire. Homme d’apparence qui ne montre jamais ce qu’il est, en cachant ses véritables intentions, Sassou Nguesso s’érigea alors en « homme des masses ».

Par-là, il s’était posé en « digne continuateur de l’immortel Marien Ngouabi » en s’opposant à « l’impérialisme et au courant droitier » incarné selon lui par Joachim Yhombi Opango.

Le 15 octobre 1997, après l’intermède démocratique de la Conférence Nationale Souveraine et des institutions qui s’en sont suivies, Sassou fomente la guerre civile du 5 juin 1997 dont il sort gagnant en grande partie grâce aux troupes étrangères coalisées, angolaises, centrafricaines, tchadiennes, zaïroises de Mobutu en déshérence, venues en renfort des milices cobras.

Il fait adopter le 24 octobre 1997 par référendum et dans un pays encore en guerre du moins dans le Pool et la Lékoumou un acte fondamental et s’arroge une transition flexible de 5 ans.

Le 20 janvier 2002, Sassou fait adopter par référendum une constitution qui exclut tous ses adversaires potentiels par deux verrous dirimants : le nombre de mandats et l’âge des candidats ainsi que leurs casiers judiciaires. Sachant qu’il avait déjà passé 5 ans au pouvoir après la guerre, que ses concurrents étaient atteints par la limite d’âge, les condamnations par faits de guerre et de crimes économiques qu’il ne tenait qu’à lui de déterminer en tant que procureur et juge à la fois, on peut se rendre compte de sa duplicité consubstantielle. Et c’est bien cette Constitution que Sassou veut changer aujourd’hui pour se perpétuer au pouvoir en l’élaguant de toutes dispositions qui lui ont permis, en combattant sans péril de vaincre sans gloire.

Tel est pris qui croyait prendre, dit le dicton populaire. Il veut changer une Constitution qui lui a tout permis : un pouvoir sans partage et sans contrepoids parlementaire, judiciaire, administratif, politique et sociétal ; un usage abusif des forces armées et de la police ; une utilisation personnelle et discrétionnaire des finances publiques ; une propension au mensonge et à la fraude électorale ; des actes prémédités de torture, d’empoisonnement et d’assassinat ciblés ; bref, une gestion crapuleuse, calamiteuse et clanique de l’Etat.

Comme à la Conférence nationale souveraine de juin 1991, il semble se préparer à son jeu favori d’autocritique pour pouvoir reprendre incontinent les mêmes errements qui l’ont perpétué au pouvoir 32 ans durant ou un demi-siècle si l’on considère que derrière Marien Ngouabi, c’est lui qui était aux commandes du navire, tanguant pour obscurcir l’horizon, en eau trouble à travers vents et marées.

En effet, pour remonter 46 ans en arrière avec la prise de pouvoir par Marien Ngouabi, il faut dire que Sassou Nguesso joua, à la tête des jeunes officiers du Nord, le rôle d’aiguillon inspirateur de la direction sensiblement régionaliste que prit le CNR. Marien n’avait pas a priori de penchant sur le pouvoir politique. Tout intrépide qu’il fût sur le plan militaire, il ne maîtrisait pas les rouages et les subtilités de l’Etat et se serait volontiers cantonné à la tête de l’Armée. Mais Sassou Nguesso l’en persuada dans l’optique du pouvoir Nord, au point de suggérer l’acte fondamental octroyé du 1er janvier 1969, qui fut le premier du genre en Afrique, rappelant à s’y méprendre l’acte additionnel aux constitutions de l’Empire d’inspiration monarchiste de Napoléon Bonaparte de retour de l’Ile d’Elbe.

Cette digression historique est faite pour souligner que Sassou est un homme de pouvoir, qu’il est depuis longtemps à la quête du pouvoir. Même sous Marien c’est lui qui menait le jeu. A preuve, lorsque Massamba Débat tombe et que le pouvoir échoit logiquement entre les mains de Marien, celui- ci semblait ondoyant, s’en remettant pour l’essentiel à Raoul Alfred dans la gestion quotidienne de l’Etat. Mieux, il va jusqu’à convoquer les anciens hommes politiques, à savoir Jacques Opangault, Simon Pierre Kikounga Ngot, Stéphane Tchitchellé, et Dominique N Zalakanda pour leur proposer d’assumer les fonctions de premier ministre, chef du gouvernement. En perspective, il souhaitait même remettre le pouvoir aux civils en remplacement de Massamba Débat contraint à la démission. Alors Sassou Nguesso s’inscrivit à l’encontre, entraînant dans son sillage Joachim Yhombi- Opango, Jean Michel Ebaka et François Xavier Katali. Mais les 4 sages consultés refusèrent l’offre, guidés par Opangault, fin limier de la politique nationale, toujours au-dessus des intérêts sous quelque forme qu’ils fussent et dédaigneux de la violence symbolisée par les hommes en armes.

Opangault refusa même la proposition de rejoindre la Justice, son administration d’origine pour présider la Cour Suprême tandis que Tchitchellé repartit au CFCO pour terminer, dit-il, sa carrière de cheminot. De leur côté, Kikounga Ngot et Nzalakanda, après hésitation, finirent par décliner la mission d’Ambassadeur respectivement à Paris et à Bruxelles.

Mon frère et ami Théousse Bernard, paix à son âme, qui fut le directeur de Cabinet de Jacques Opangault, ne tarissait pas d’éloge à son égard. Lui qui se constitua prisonnier de son propre chef en signe de solidarité avec les autres anciens responsables politiques déchus par la Révolution des 13, 14 et 15 août 1963 ; qui refusa qu’on augmentât sa rémunération de vice-président du Conseil. On est vraiment loin, très loin de la boulimie ambiante et gargantuesque dont Sassou Nguesso et son clan sont passés maîtres dans l’utilisation privative et la confiscation des richesses du pays.

Et moi-même, j’eus plusieurs occasions de m’enquérir du souvenir de ce grand homme politique de caractère et de conviction auquel j’aurais souhaité ressembler.

Lors de la longue et mémorable mission de travail que j’avais effectuée dans la plupart des districts de la Cuvette en 1975 (Oyo, Mossaka, Owando, Makoua Boundji, Etoumbi, Kellé, Okoyo, Ewo) l’occasion me fut donnée de le vérifier en discutant avec les Notables et Sages de Boundji. Je m’étais émerveillé du récit qui m’a été fait sur lui.

Dans l’ensemble, je garde de cette tournée l’impression d’un pays en friche qui méritait des moyens en hommes et en matériel, compte tenu du nombre épuisant d’heures passées dans les bourbiers, de la pénurie totale des produits pharmaceutiques et manufacturés, l’Ofnacom ne vendant que du papier hygiénique et des couvertures. Je fus spectateur résigné d’une césarienne réalisée à froid par le Dr Bouity à Kellé, sur une table en bois nue, à l’aide d’une lampe tempête, toutes choses qui me permirent de faire un rapport circonstancié pour attirer l’attention du gouvernement sur la souffrance des populations. Ainsi, en 1990, c’est non sans soulagement que j’inaugurai l’hôpital de base d’Okoyo en tant que premier ministre.

Revenons sur le sillage de Jacques Opangault. En avril 1984, nommé Ministre des PME, je choisis d’installer mon cabinet dans son ancienne et modeste demeure de fonctions, en face de la piscine caïman où je retrouvai intact son mobilier qui me donna la sensation d’être son héritier, que dis-je, son « fidèle continuateur », si la formule n’avait pas été galvaudée par maint usurpateur en d’autres circonstances.

Sassou Nguesso qui en 1969 vit d’un mauvais œil les velléités de Marien de laisser le pouvoir aux civils n’était pas moins réservé de l’allant que commençait à prendre le commandant Raoul Alfred à la primature puis au Conseil d’Etat. Aussi, fut-il le principal protagoniste de la Constitution du 31 décembre 1969 proclamant la République populaire du Congo à la suite de laquelle Marien fut nommé chef de l’Etat.

 

Afriqueeducation.com propos recueillis par Jean-Paul Tédga

Congo/Débat sur la Constitution : Si le dialogue ne crée pas un consensus, le président Sassou-Nguesso envisage le référendum

mars 6, 2015

 

Le président Sassou-Nguesso à Bruxelles.

Au terme de son séjour officiel à Bruxelles (Belgique) où il a participé à la conférence internationale de haut niveau pour la lutte contre l’épidémie d’Ebola, mardi 3 mars 2015, le président de la République, Denis Sassou-Nguesso, a donné une conférence de presse, à l’hôtel même où il était logé, au cours de laquelle il a abordé plusieurs sujets, comme la lutte contre Ebola et contre le mouvement terroriste Boko Haram, la médiation  en Centrafrique et le débat sur la Constitution.

A propos de ce dernier point, il pense que «si les différentes parties ne trouvaient pas de consensus, par le dialogue, le peuple sera consulté par référendum».

En réalité, le président de la République n’a pas fait évoluer sa position déjà exprimée dans son message de vœux de nouvel an, le 31 décembre 2014. «Il est évident que les affaires des Congolais sont et seront réglées par les Congolais, eux-mêmes, de préférence par le dialogue. Et, si des divergences persistent entre responsables politiques, seul le peuple souverain sera appelé à trancher, par le vote. Il ne saurait en être autrement», avait-il dit.

Depuis, la majorité de la classe politique et de la société civile appelle à la tenue du dialogue. Certains partis de l’opposition ont même exigé que ce dialogue se tienne, au cours de ce mois de mars 2015. Les divergences se manifestent, cependant, sur l’ordre du jour de ce dialogue. Après avoir opté pour le changement de la Constitution, le principal parti de la majorité présidentielle, le P.c.t (Parti congolais du travail), souhaite mettre sur la table du dialogue, la question constitutionnelle. De nombreuses organisations de la société civile souhaitent également, que toutes les questions en débat (gouvernance électorale et Constitution) soient vues, au cours de ce dialogue. Le président du C.n.r (Opposition républicaine), Frédéric Bintsamou pense même qu’on doit aller au dialogue sans condition. Mais, les partis d’opposition, tout comme le M.c.d.d.i, écartent de l’ordre du jour du dialogue national, le débat sur la Constitution qui, à leurs yeux, n’a pas sa raison d’être. Pour eux, le dialogue doit seulement porter sur la gouvernance électorale.

Quoiqu’il en soit, le débat sur la Constitution a créé une psychose dans le pays. Pendant ce temps, le gouvernement ne donne aucun signe de la tenue de ce dialogue tant attendu. A sa conférence de presse, à Bruxelles, le président Denis Sassou-Nguesso a réaffirmé sa position: «Le débat (sur la Constitution) est engagé au Congo, afin de faire évoluer des institutions issues des guerres civiles des années 90. J’ai invité toutes les forces politiques à s’impliquer dans ce débat, pour permettre au Congo de relever, dans les prochaines années, le défi de l’émergence. J’ai aussi dit, à plusieurs reprises, que si les différentes parties ne trouvaient pas de consensus par le dialogue, le peuple sera consulté par référendum».

Seulement, le temps passe et on ne voit rien pointer à l’horizon, en ce qui concerne le fameux dialogue. Cette année, le gouvernement a un agenda chargé, avec la tenue des Jeux africains, en septembre prochain, l’organisation du Fespam (Festival panafricain de musique), et le déroulement de la fête de l’indépendance, à Ouesso, consécutif à la municipalisation accélérée de la Sangha, alors que des chantiers restent inachevés, dans le Pool, les Plateaux, etc. C’est dans ce contexte qu’il faut loger le dialogue national dont les contours ne sont pas encore définis. L’incertitude du lendemain et la chute du prix du baril de pétrole dictent des comportements préventifs de survie aux gestionnaires de l’Etat, qui ont, malheureusement, comme effets pervers d’affecter le fonctionnement des structures publiques. On a l’impression que l’Etat s’est arrêté de fonctionner, particulièrement sur le plan financier, et cela angoisse.

Signalons que la presse occidentale a voulu aussi savoir si le président Sassou-Nguesso sera candidat, en 2016. Pour l’instant, cette question n’est pas à l’ordre du jour. «C’est le débat (sur la Constitution) qui doit prévaloir et non pas celui des candidatures», a-t-il dit. Mais, a-t-il poursuivi, si telle est la volonté des Congolais, pourquoi pas! «Si telle est la volonté des Congolais, oui, mais ce ne sera pas la mienne».

Lasemainafricaine.net par Joël NSONI

Congo: Pour le meilleur, osons changer de contexte constitutionnel

mars 6, 2015

 

le professeur Théophile Obenga.

Un débat d’idées, sain, courtois, fructueux, proscrit l’invective, le préjugé, l’a priori partisan, la platitude courtisane, la déformation volontaire de l’opinion d’autrui. Un débat constructif -qui n’est pas un monologue mais un dialogue par nature- reste intellectuel et met face-à-face argument contre argument, selon les convictions et les techniques de persuasion. C’est du débat contradictoire, aime-t-on dire, que jaillit la lumière.

Une autre précaution de méthode et d’éthique, dans le contexte purement congolais. Ces temps-ci, le Congo vit dans une forte subjectivité collective. Les rumeurs fusent de partout et se font folles. Les imaginations s’envolent dans toutes les directions. Les supputations prennent l’allure de vérités contrôlées. Dans un tel moment de forte subjectivité, ce qui divise peut prendre aisément le dessus, minimisant la belle devise nationale: Unité-Travail-Progrès.

Il est arrivé, en ces temps de forte subjectivité nationale, d’entendre les guides spirituels: évêques, pasteurs et prophètes. Les jeunes aussi ont parlé, clamant leur impatience, leur douleur, leur souffrance, surtout leur inquiétude pour le futur. Les forces vives organisées -syndicats, associations, divers groupes de la société civile- ont également exprimé leurs réflexions. Les intellectuels du pays, prompts à l’écriture, ont dit ce qu’ils avaient à dire, en toute liberté, en toute franchise, en toute honnêteté. Des vœux éclairés ont été formulés. Les partis politiques -une multitude- ont formulé et présenté des stratégies, aussi pertinentes les unes que les autres.

Le bouillonnement de cette forte subjectivité a gagné tout le pays, jusqu’aux diasporas congolaises, jusqu’aux confréries, jusqu’aux clubs sportifs, jusqu’aux marchés de nos villes et villages, jusqu’aux sages des traditions ancestrales. Il n’y a pas de doute que le président de la République, chef de l’Etat, garant de l’unité nationale, protecteur de la paix sociale, défenseur constitutionnel de la sécurité sur tout le territoire national; il n’y a pas de doute que le président de la République a entendu cette immense clameur de la subjectivité sociopolitique du moment. Calmement.

Tout cela se greffe sur l’histoire contemporaine du Congo. Histoire particulière, en effet, avec des subjectivités parfois bien endiguées, parfois incontrôlées: multipartisme, indépendance, parti unique, révolution, coups d’Etat mi- réussis, mi-avortés, conférences nationales (deux), multipartisme, élections démocratiques, plusieurs guerres civiles (au moins 109.000 Congolais morts au total), paix sociale retrouvée, reconstruction du pays, dynamisme sous régional, africain et international.

Le Congo, après mille houles politiques, est maintenant sur le chemin de l’harmonie, de la paix et de la sécurité, du développement soutenu, de la réalisation de grandes ambitions nationales. Le Congo est, désormais, inscrit, assurément, dans la longue durée du progrès jusqu’aux émergences prochaines et au-delà. Mais, quel est l’objet de la subjectivité socio-politique actuelle?

La Constitution et le jeu politique: a- la Constitution dépend du peuple souverain; b- le jeu politique des acteurs politiques du pays;

La Constitution fait aussi partie du jeu politique, et le jeu politique tient également de la Constitution. En régime démocratique et républicain, la Constitution sépare les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

Pour le reste, les Constitutions démocratiques ne se ressemblent guère: la Constitution française prévoit le poste de premier ministre, chef du gouvernement et, en principe, pas de limitation de mandats présidentiels, alors que la Constitution fédérale des Etats-Unis n’institue pas le poste de premier ministre et limite le mandat présidentiel à deux termes.

Les Constitutions congolaises (près de vingt Constitutions et lois fondamentales déjà depuis l’Indépendance en 1960) suscitent périodiquement des querelles politiques, parce qu’elles sont très infirmes: – on copie sans discernement; – on privilégie des intérêts particuliers momentanés; – on exclut sans examen les opinions non désirées; – on fausse volontairement le jeu politique par des astuces juridiques égoïstes.

Il est, donc, temps de changer la Constitution actuelle en changeant, par là même, notre réflexion commune à propos de l’élaboration et la confection d’une Constitution. La Constitution n’est pas prioritairement une affaire de juristes, si compétents soient-ils. Les juristes sont des artisans, sinon des artistes: ils savent mettre en forme, de façon concise, parfois ambiguë. Ils savent écrire un texte de droit, ce qu’est bien la Constitution. Cependant, pour le fond, la Constitution est une affaire éminemment politique. Je propose, en ce moment de grande subjectivité collective, ce qui suit: – que la sagesse renforce le patriotisme congolais; – que le pilier des institutions républicaines, le président de la République, soit plus que jamais le centre de la confiance de tout le peuple dont il incarne la souveraineté, pour éviter les divisions meurtrières, les dissensions sanglantes, les déchirures irréparables; – que le président de la République, garant de l’autorité de l’Etat et de l’unité nationale, toute subjectivité nationale entendue et enregistrée, procède à un référendum consultatif en vue du changement de la Constitution actuelle; – qu’un Comité, large et varié, soit créé pour la réflexion et l’élaboration du contenu d’une nouvelle Constitution; – qu’un groupe de juristes constitutionnalistes soit institué pour la mise en forme et la rédaction de la nouvelle Constitution; – que la nouvelle Constitution soit adoptée par le peuple souverain par référendum universel; – que la nouvelle Constitution rentre en application.

 

Lasemaineafricaine.net par Théophile OBENGA