Luiz Inacio Lula da Silva a été investi dimanche président du Brésil pour un troisième mandat devant le Congrès de la capitale Brasilia envahie par une marée humaine de supporteurs vêtus de rouge.
L’icône de la gauche brésilienne, âgé de 77 ans, a été intronisée lors d’une cérémonie au Congrès où il a prêté serment sur la Constitution, 12 ans après avoir quitté le pouvoir à l’issue de deux mandats (2003-2010).
Son retour au Palais du Planalto signe un come-back exceptionnel pour Lula, qui a connu la prison il y a seulement quatre ans après avoir été accusé de corruption.
Une minute de silence a été observée au Congrès en hommage à la légende brésilienne du football, Pelé, décédé jeudi d’un cancer, et au pape émérite Benoît XVI, mort samedi, juste avant l’intronisation de Lula et de son vice-président de droite, Geraldo Alckmin.
Des dizaines de milliers de partisans portant la couleur du Parti des Travailleurs (PT) ont salué dans la liesse Lula alors qu’il se rendait au Congrès dans la traditionnelle Rolls Royce décapotable, avec M. Alckmin et leurs épouses, en dépit des craintes liées à la sécurité.
Les cérémonies d’investiture, placées sous haute sécurité alors que des militants d’extrême droite ne reconnaissent toujours pas la victoire de Lula, ont été snobées par le chef de l’Etat sortant Jair Bolsonaro, qui a quitté le Brésil deux jours avant la fin de son mandat.
Il ne remettra donc pas l’écharpe présidentielle à son successeur comme le veut la tradition démocratique, ce qui ne s’est pas produit depuis 1985 et la fin du régime militaire.
Jusqu’à 300.000 personnes étaient attendues pour cette journée alliant la pompe, avec des cérémonies réglées au millimètre auxquelles assistent 17 chefs d’Etat, et une fête populaire avec des concerts.
« Moment historique »
Sous le soleil de plomb de ce début d’été austral, des milliers de Brésiliens ont dû patienter dans des files d’attente de centaines de mètres en raison des contrôles de sécurité, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Olé, olé, olà, Lula, Lula », et « A esplanada e nossa ! » (l’esplanade est à nous) criait une foule joyeuse, en référence à l’Esplanade des ministères, au coeur de Brasilia, où Lula prononcera son premier discours de président dans l’après-midi.
« C’est un moment historique et cela aurait été impossible que je ne sois pas là », dit à l’AFP Zenia Maria Soares Pinto, une enseignante retraitée. Elle a fait 30 heures d’autocar depuis son Etat méridional de Santa Catarina pour rallier Brasilia et son « émotion est sans borne ».
Sapuia Kalapo, un indigène du Mato Grosso (centre-ouest), est venu en famille et « attend beaucoup » du gouvernement de Lula, « pour nos droits, et la délimitation de nos terres », dit-il, car « les quatre années du gouvernement (Bolsonaro) ont été très mauvaises » pour les indigènes.
Reclus et quasi muet depuis sa défaite d’octobre, Bolsonaro, qui perd son immunité présidentielle, a quitté le Brésil vendredi pour la Floride.
Alors que ses fidèles les plus radicaux veulent empêcher l’accession de Lula au pouvoir et campent toujours devant des casernes du pays, réclamant une intervention militaire, la sécurité a été renforcée.
Toutes les forces de police du district de Brasilia, quelque 8.000 agents, sont mobilisées, ainsi qu’un millier de policiers fédéraux.
Le nombre de personnes pouvant assister au discours de Lula devant le palais de Planalto a été limité à 30.000.
Des patrouilles ont lieu à l’aéroport de Brasilia près duquel un engin explosif a été découvert il y a une semaine dans un camion-citerne, posé par un bolsonariste qui voulait « créer le chaos » au Brésil.
« Grande fête populaire »
Après son intronisation au Congrès, Lula devait se dirigera vers le Palais présidentiel du Planalto, joyau architectural d’Oscar Niemeyer, pour recevoir la fameuse écharpe présidentielle, sertie d’or et de diamants.
La future Première Dame, Rosangela da Silva, dite « Janja », a été la grande ordonnatrice du volet festif de la journée, avec de nombreux concerts et une programmation éclectique, avec la drag queen Pabllo Vittar ou encore la légende vivante de la samba Martinho da Vila.
Quant à Lula, qui n’a complété son gouvernement de 37 ministres que ces derniers jours, il va devoir dès lundi s’attaquer à une « tâche herculéenne », selon son vice-président: l’équipe de transition a dressé un état des lieux très sombre du Brésil après quatre années de bolsonarisme.
« Nous avons vraiment beaucoup d’attentes après ces quatre années si difficiles mais le gouvernement Bolsonaro à laissé le pays dans une situation déplorable. Ce sera vraiment très compliqué pour Lula », dit un sympathisant, Manoel Carlos de Carvalho, 45 ans, de Natal (nord-est).
Le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, tenant d’une ligne droitière, a été élu dimanche président des Républicains avec 53,7 % des voix, devenant le nouveau patron d’un parti en crise profonde après la débâcle de la présidentielle.
Son adversaire, le président des sénateurs LR Bruno Retailleau, a recueilli 46,3 % au deuxième tour de ce scrutin interne marqué par une forte participation: 69,7 %, contre 72,67 % au premier tour.
Un « résultat net, en même temps qui n’est pas humiliant pour son concurrent », a estimé Annie Genevard, qui a vu là « les ferments de l’union qu’il faudra renforcer ».
Mais avec un écart relativement faible, la nécessité du rassemblement s’impose plus que jamais avec son adversaire.
« Ce plus de 46 %, moi qui n’étais pas favori, c’est inespéré, un score qui comptera, soyez en sûrs », a affirmé Bruno Retailleau, félicitant son adversaire avant la « rude tâche qui l’attend, un peu herculéenne » de « rupture » et de « rassemblement ».
Outre l’unité et le renouvellement, le nouveau président devra aussi faire travailler ensemble députés et sénateurs qui ne sont pas toujours sur la même ligne, affirmer le positionnement de LR face à la macronie, clarifier la position vis-à-vis des centristes…
« Ce soir Eric a gagné, c’est à lui qu’il revient de travailler à ce rassemblement. Moi j’y suis prêt car ce qui se joue n’est pas seulement l’avenir de la droite mais celui de notre pays », a ajouté Bruno Retailleau dans une brève déclaration au siège de LR.
Eric Ciotti, qui disposait d’une avance de neuf points sur son adversaire après le premier tour, succède à Christian Jacob qui a démissionné en juin, après des élections qui ont acté l’affaiblissement du parti de droite, tombé à 4,8 % à la présidentielle.
« Grâce à toi, ce soir un espoir se lève pour que la France reste la France ! Tous ensemble, rassemblons la Droite et en route vers une nouvelle espérance », a réagi sur Twitter son porte-parole Eric Pauget.
Les 91.110 adhérents de LR ont choisi la ligne portée par Eric Ciotti « de droite assumée », « refusant le politiquement correct », avec un ton très ferme sur la sécurité et l’immigration, et sur l’économie un discours classiquement libéral de baisse des impôts et des charges.
Son grand argument de campagne a été Laurent Wauquiez, qu’Eric Ciotti promet de faire désigner rapidement comme candidat à la présidentielle s’il est élu.
« Cette victoire est la juste reconnaissance de ton courage, de ta pugnacité et de ta fidélité à nos valeurs. Président de @lesRepublicains, tu pourras compter sur moi pour que nous menions tous ensemble le combat pour redresser la France », l’a félicité sur Twitter le président de Auvergne Rhône-Alpes.
« Boussole »
En fin de campagne, M. Ciotti, questeur de l’Assemblée chargé de la gestion de l’institution, a aussi abordé des thèmes sociétaux tels que violences conjugales, handicap et égalité hommes-femmes, un clin d’oeil à Aurélien Pradié, arrivé troisième du premier tour mais qui détenait, avec 22 %, une des clés de l’élection.
Plusieurs de ses lieutenants se sont rangés dans l’entre-deux-tours derrière Eric Ciotti, de même que Christian Jacob, le président des députés LR Olivier Marleix ou le maire de Troyes François Baroin.
Des soutiens raillés à l’extrême droite: « c’est le destin de LR de se soumettre au centrisme », a lancé le conseiller régional de Paca Philippe Vardon, ex-RN ayant rejoint Reconquête !.
Mais certains craignent une dérive du parti: « Les Républicains peuvent eux-mêmes devenir une force d’appoint de l’extrême droite, malheureusement », a affirmé dimanche matin sur Radio J Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a appelé Les Républicains « à retrouver une boussole idéologique parce que nous avons besoin de travailler avec la droite républicaine ».
Cette victoire a pour Eric Ciotti un goût de revanche sur la primaire LR de 2021 lorsque, arrivé en tête au premier tour de la primaire, il avait dû s’incliner au deuxième face à Valérie Pécresse, payant un « tout sauf Ciotti » chez les électeurs inquiets de sa ligne droitière.
Jiang Zemin, président de la Chine de 1993 à 2003, après Deng Xiaoping, s’est éteint des suites d’une leucémie mercredi. Il avait 96 ans.
Jiang Zemin, qui a été président de la Chine de 1993 à 2003, traversant une décennie de profonds bouleversements, est décédé mercredi 30 novembre à l’âge de 96 ans. C’est l’agence d’État Chine nouvelle qui a officialisé l’information. Jiang Zemin était arrivé au pouvoir au lendemain de la répression des manifestations de la place Tian’anmen de Pékin et avait accompagné la transformation de la nation la plus peuplée du monde en une puissance mondiale.
« Jiang Zemin est décédé d’une leucémie et d’une défaillance de plusieurs organes à Shanghai à 12 h 13 (mercredi) le 30 novembre 2022, à l’âge de 96 ans », a annoncé Chine nouvelle.
Les drapeaux seront en berne sur les bâtiments du gouvernement, a indiqué la télévision d’État CCTV. Chine nouvelle a précisé que l’annonce du décès avait été faite dans une lettre des autorités chinoises exprimant une « profonde tristesse », adressée à l’ensemble du Parti communiste chinois, à l’armée et au peuple.
Quand Jiang Zemin a officiellement été désigné, en 1989, par l’ex-dirigeant Deng Xiaoping comme son successeur (prenant d’abord la tête du Parti communiste chinois puis accédant à la présidence en 1993), la Chine n’en était qu’aux prémices de sa modernisation économique.
Toujours impliqué en politique, même après la retraite
Lorsque Jiang Zemin a quitté ses fonctions de président, en 2003, la Chine était devenue membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avait remporté l’organisation des Jeux olympiques de Pékin 2008 et était en passe de devenir une superpuissance.
Ancien maire et chef du Parti communiste à Shanghai, Jiang Zemin a continué, avec un cercle de dirigeants proches, d’exercer une influence sur la vie politique chinoise, même après sa retraite officielle, selon des analystes. Il laisse derrière lui sa femme Wang Yeping ainsi que deux fils.
Des « Assises nationales » rassemblant les forces vives du Burkina Faso et devant désigner un président de transition avant l’organisation d’élections se tiendront les 14 et 15 octobre, selon un décret présidentiel lu samedi 8 octobre à la télévision.
« En vue de l’adoption de la charte de transition, il est convoqué des Assises nationales les 14 et 15 octobre » à Ouagadougou, indique ce décret signé du nouvel homme fort du Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir il y a une semaine et a été désigné président par intérim.
Officiellement investi chef de l’État mercredi, ce dernier avait déclaré deux jours auparavant qu’il ne ferait qu’expédier « les affaires courantes » jusqu’à la désignation d’un nouveau président de transition – civil ou militaire – par des « Assises nationales », indiquant qu’elles se tiendraient « bien avant la fin de l’année ».
La Cedeao « confiante »
Ces assises doivent notamment rassembler les représentants des forces politiques, sociales et de la société civile.
À l’issue d’une rencontre mardi avec une délégation de la Cedeao, l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou avait dit qu’elle repartait « confiante ». Le capitaine Traoré a assuré que Ouagadougou continuerait à respecter ses engagements pris par Paul-Henri Sandaogo Damiba, en particulier sur l’organisation d’élections et un retour de civils au pouvoir au plus tard en juillet 2024.
Le Burkina Faso, qui vient de vivre deux coups d’État en huit mois, a officiellement un nouveau président depuis le 5 octobre au soir, en la personne du capitaine Ibrahim Traoré, auteur du dernier putsch en date. « Le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration [MPSR] assure les fonctions de chef de l’État, chef suprême des forces armées nationales », ont fait savoir les autorités dans une déclaration intitulée Acte fondamental, qui complète la Constitution « en attendant l’adoption d’une charte de la transition ».
Cette déclaration a été lue par le capitaine Kiswendsida Farouk Azaria Sorgho, porte-parole du MPSR, lors d’une émission spéciale diffusée à la télévision nationale. Le capitaine Traoré avait assuré le 3 octobre, sur les antennes de la radio française RFI, qu’il ne ferait qu’expédier « les affaires courantes » jusqu’à la désignation d’un nouveau président de transition civil ou militaire par des « assises nationales », qui devront se réunir « bien avant la fin de l’année », selon lui.
Acte fondamental
Le 30 septembre dernier, il avait remplacé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé par la force au pouvoir en janvier 2022 en renversant le président élu Roch Marc Christian Kaboré.
L’Acte adopté le 5 octobre précise qu’en « attendant la mise en place des organes de la transition », le MPSR « est garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, de la permanence et de la continuité de l’État, du respect des traités et accords internationaux auxquels le Burkina Faso est partie ». La Constitution, suspendue après le putsch, a été rétablie et « s’applique à l’exception de ses dispositions contraires » à l’Acte fondamental.
Le 4 octobre, Ibrahim Traoré avait reçu une délégation de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), venue évaluer la situation quelques jours après le putsch. Elle est repartie « confiante », selon l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, membre de la délégation et médiateur pour le Burkina. Il a jugé que le Faso avait été « au bord du gouffre » après un week-end de troubles et d’incertitude quant à l’attitude du lieutenant-colonel Damiba, qui s’est d’abord opposé à sa destitution avant d’accepter de démissionner et de quitter le pays.
À l’issue de la rencontre avec la Cedeao, Ibrahim Traoré avait assuré que Ouagadougou continuerait à respecter ses engagements pris sous la présidence Damiba vis-à-vis de l’organisation régionale, en particulier sur l’organisation d’élections et un retour des civils au pouvoir au plus tard en juillet 2024.
Le président Joao Lourenço s’est engagé jeudi à être « le président de tous les Angolais » lors de son investiture pour un second mandat à Luanda, une cérémonie placée sous haute surveillance policière après des élections dont les résultats ont été contestés par l’opposition.
Le pays a tenu le 24 août le scrutin le plus disputé de son histoire. Il n’y a pas d’élection présidentielle en Angola et la tête de liste du parti vainqueur aux législatives devient automatiquement chef de l’Etat.
Le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), au pouvoir depuis l’indépendance du Portugal en 1975, a remporté les élections avec 51,17 % des voix, le plus bas score qu’il ait jamais enregistré.
Le premier parti d’opposition, l’Union nationale pour l’indépendance (Unita), qui a rassemblé 43,95 % des suffrages selon la commission électorale, clame avoir remporté le scrutin, selon son propre comptage. Son recours a toutefois été rejeté au début du mois par le tribunal constitutionnel, considérant qu’aucun élément ne permettait de remettre en cause les résultats. Le parti avait évoqué l’organisation de « manifestations pacifiques ».
Jeudi, la place de la République, lieu historique de la capitale angolaise ouverte sur l’Atlantique, était bordée par un important cordon de sécurité, ont constaté des journalistes de l’AFP.
De nombreux Angolais ont décidé de rester chez eux et les rues de Luanda sont restées étrangement calmes, les habituels vendeurs de rue étant disséminés ici et là. Une vingtaine de chars de l’armée étaient stationnés sur un carrefour proche de la place.
Quelque 15.000 Angolais, strictement sélectionnés, étaient invités à la cérémonie à laquelle une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, dont le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, devaient participer.
Dans sa prestation de serment, Joao Lourenco, 68 ans, a promis des augmentations de salaires ainsi qu’une meilleure rémunération des forces armées, recueillant les applaudissements.
Il a également promis de s’attaquer au chômage des jeunes, part grandissante de la population moins attachée au MPLA que ses aînés et dont une partie a été séduite par l’opposition au dernier scrutin.
Peu de changement
Emmenée par le charismatique Adalberto Costa Junior, 60 ans, l’Unita a gagné du terrain sur des promesses de réformes, de lutte contre la pauvreté et la corruption.
L’opposant n’était pas présent à la cérémonie jeudi. La veille, il avait indiqué que son parti accepterait que ses parlementaires soient investis, tout en promettant des manifestations dans les semaines à venir.
A l’issue des élections, quatre des 16 membres de la Commission électorale n’ont pas signé les résultats. Les observateurs étrangers venus d’Afrique ont fait part de « préoccupations » concernant les listes électorales.
Riche en ressources naturelles, l’Angola est l’un des pays les plus pauvres et les plus inégalitaires au monde. La manne pétrolière n’a enrichi qu’une élite proche de l’ancien président et mentor de M. Lourenço à l’héritage controversé, José Eduardo dos Santos. Mort en Espagne en juillet, ce dernier a été enterré en pleine semaine électorale.
M. Lourenço avait surpris une fois élu en 2017, en limogeant de nombreux dirigeants d’institutions et d’entreprises ainsi que des chefs de l’appareil sécuritaire, visant les proches de dos Santos et notamment sa fille Isabel.
Beaucoup jugent toutefois que cette campagne a été sélective et politiquement motivée. Le clan dos Santos a dénoncé une « chasse aux sorcières ».
Selon certains analystes, il y a eu peu de changement depuis l’accession au pouvoir de M. Lourenço, notamment au regard du « respect des droits humains et des libertés fondamentales », estime Borges Nhamirre de l’Institute for Security Studies de Pretoria
L’opposition avait déjà contesté, sans obtenir gain de cause, les résultats des élections en 2017.
Le MPLA à perdu la majorité des deux tiers au Parlement, qui lui permettait jusqu’ici de passer des lois sans le soutien d’un autre parti, avec 124 sièges sur 220.
Esperança Maria da Costa, 61 ans, biologiste et professeure d’université, devient la première femme vice-présidente du pays.
Le nouveau président colombien Gustavo Petro célèbre sa victoire à Bogota en compagnie de ses proches. Photo : AFP via Getty Images/Juan Barreto
L’opposant et sénateur Gustavo Petro est devenu dimanche le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, l’emportant sur son adversaire indépendant Rodolfo Hernandez.
M. Petro, 62 ans, a recueilli 50,49 % des voix, contre 47,25 % à son concurrent, selon les résultats officiels du second tour de la présidentielle, portant sur 99,7 % des bulletins dépouillés. La participation s’élève à 58 %, la plus haute depuis le début du siècle.
Avec 11,2 millions de voix en sa faveur, il devance de près de 700 000 voix l’homme d’affaires (10,5 millions), qualifié surprise du premier tour le 29 mai dernier qui avait devancé le candidat de la droite, laquelle avait jusqu’ici toujours présidé le pays.
Aujourd’hui est un jour de fête pour le peuple. Laissez-le célébrer la première victoire populaire, a célébré sur Twitter le sénateur de 62 ans, ex-guérillero et ancien maire de Bogota.
Que tant de souffrances soient guéries par la joie qui inonde aujourd’hui le cœur de la patrie. Cette victoire pour Dieu et pour le peuple et son histoire. Aujourd’hui, c’est le jour des rues et des places, a-t-il encore lancé.
Nous nous engageons à un changement véritable, un changement réel, a assuré le nouveau président.
Le changement consiste à laisser la haine et le sectarisme derrière nous. Le changement signifie la bienvenue à l’espérance, la possibilité d’un futur meilleur dans tous les coins du territoire […] Le gouvernement de l’espérance est arrivé, a-t-il poursuivi.
Le gouvernement qui entrera en fonction le 7 août sera celui de la vie, de la paix, la justice sociale et la justice environnementale, a énuméré le prochain président colombien, au côté de sa famille, de ses proches et de sa colistière Francia Marquez.
Nouveau président élu de la Colombie, Gustavo Petro, lors de son discours à côté de sa vice-présidente, Francia Marquez, à Bogota, le soir de leur victoire électorale. Photo: AFP via Getty Images/Juan Barreto
La majorité des citoyens et des citoyennes ont choisi l’autre candidat. […] J’accepte le résultat tel qu’il est, a déclaré dans la foulée M. Hernandez, dans une brève diffusion en direct sur Facebook depuis son domicile.
Je souhaite au Dr Gustavo Petro qu’il sache comment diriger le pays et qu’il soit fidèle à son discours contre la corruption. Merci beaucoup à tous les Colombiens d’avoir accepté ma proposition, même si nous avons perdu, a-t-il conclu, le visage défait.
J’ai appelé Gustavo Petro pour le féliciter en tant que président élu du peuple colombien, a également annoncé sur Twitter le président conservateur sortant, Ivan Duque.
Nous avons convenu de nous rencontrer dans les prochains jours pour entamer une transition harmonieuse, institutionnelle et transparente, a ajouté M. Duque, qui ne pouvait pas se représenter.
Première vice-présidente afro-descendante
Avec la victoire de M. Petro, une afro-descendante devient pour la première fois vice-présidente du pays : la charismatique Francia Marquez, 40 ans, modeste villageoise devenue activiste écologiste, et qui a joué un grand rôle dans la campagne comme colistière du candidat.
Nous avons franchi un pas important. Nous avons un gouvernement du peuple, un gouvernement des gens qui vont à pied, un gouvernement pour ceux qui ne sont rien. […] Ensemble, nous allons réconcilier cette nation, dans la joie et la paix, a-t-elle lancé, proclament fièrement : Je suis la première femme afro-descendante vice-présidente de Colombie.
L’annonce de ces résultats a provoqué la liesse dans la grande salle de spectacles du centre de Bogota, où l’équipe de campagne de M. Petro a organisé, en musique et en spectacle, sa soirée électorale.
Nous allons enfin avoir le changement, se félicitait Lusimar Asprilla, 25 ans. C’est quelque chose que tout le pays attendait.
C’est le changement auquel tout le peuple colombien aspire depuis plus de cent ans, exultait Edgar Sarmiento, retraité de 72 ans.
Le candidat Gustavo Petro, donné favori dans les sondages. Photo: AP/Fernando Vergara
Cette élection présidentielle a consacré la profonde soif de changement des Colombiens, et balaie les élites conservatrices et libérales au pouvoir depuis deux siècles dans la quatrième puissance économique d’Amérique Latine.
Les deux qualifiés du premier tour étaient arrivés en tête avec un discours de rupture et anti-establishment, M. Petro (40 %) portant un discours progressiste et social, en faveur de la vie et contre la pauvreté, tandis que M. Hernandez (28 %) promettait d’en finir avec la corruption, un mal endémique du pays.
La lutte a été particulièrement âpre entre les deux hommes, avec une campagne faite d’accusations en tous genres, de désinformation et autres coups bas. Les derniers sondages publiés il y a une semaine donnaient les deux hommes à quasi-égalité, alors que la droite traditionnelle, en pleine déroute, avait immédiatement appelé à voter en faveur du magnat de l’immobilier.
Comme lors du premier tour, aucun incident majeur n’est venu perturber ce second tour, surveillé par une cohorte d’observateurs et missions internationales.
Société fracturée
L’Union européenne (UE), qui avait une mission sur place, a félicité M. Petro par la voix de son haut-représentant pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, pour son élection comme prochain président de la Colombie.
L’hypothèse d’un résultat trop serré a inquiété ces derniers jours, alors que le camp Petro avait exprimé des doutes sur la fiabilité du processus électoral, et du logiciel de comptage en particulier.
Cette élection se déroulait dans un contexte de crise profonde dans le pays, après la pandémie, une sévère récession, des manifestations antigouvernementales durement réprimées, et une aggravation de la violence des groupes armés dans les campagnes.
Dans un pays divisé, sorti encore plus polarisé de cette présidentielle, tous les analystes insistent sur la tâche immense qui attend le nouveau président pour recomposer une société fracturée.
Amadou Soumahoro, Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire
Elu Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire le 7 mars 2019, Amadou Soumahoro n’est pas un inconnu sur l’échiquier politique ivoirien. Ancien Secrétaire général par intérim du Rassemblement Des Républicains (RDR), de juillet 2011 à septembre 2017, le député de la circonscription électorale de Séguéla sous-préfecture, Bobi-Diarabana commune et sous-préfecture, a été également Président du directoire du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) de février 2015 à septembre 2017. Il a occupé plusieurs postes ministériels avant d’être nommé Ministre auprès du Président de la République chargé des Affaires Politiques le 4 mai 2018. De 2011 à 2015, il avait occupé le poste de Conseiller du Président de la République, ministre du Commerce Extérieur en 2002 et ministre du Commerce de 2003 à 2005. Cet homme chevronné, qui a une grande expérience professionnelle dans les domaines parlementaire et des relations internationales, va s’atteler à donner à l’Assemblée nationale toutes ses lettres de noblesse. Non seulement en bâtissant une Assemblée nationale plus forte et plus dynamique, mais aussi en exhortant les députés au renforcement de la cohésion interne et à créer les synergies nécessaires avec toutes les autres Institutions de la République.
I- EXPERIENCES PROFESSIONNELLES
4 mai 2018 – 4 mars 2019 : Ministre auprès du Président de la République chargé des Affaires Politiques
Juillet 2011 – janvier 2017 : Conseiller spécial du Président de la République en charge des Affaires Politiques
Janvier 2010 – Juin 2011 : 1er Vice-président de la Commission Electorale Indépendante (CEI)
2004 – 2005 : Président de l’Organisation Interafricaine du Cacao (OIACI)
2003 : Chef de la délégation ivoirienne à la conférence ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce à Cancun
Mars 2003 – Décembre 2005 : Ministre du Commerce
Août 2002 – Mars 2003 : Ministre du Commerce Extérieur
1986 – 1989 : Sous-directeur du commerce extérieur et négociateur national en chef auprès des organisations internationales du commerce (CNUCED et la GATI)
– Participation aux conférences ministérielles du groupe des 77 (Genève et Buenos Aires)
– Participation aux conférences des Nations Unies sur le commerce et le développement (Belgrade et Nairobi)
– 1981 à 1986 : Chef de service des organisations économiques internationales (Ministère du commerce)
II- FORMATIONS ACADEMIQUE ET PROFESSIONNELLE
1983 : Formation sur le système généralisé de préférence commerciale et pays en développement, pays développés et ceux du sud
1982 : Formation à la Chambre de commerce internationale (ICC) de Genève sur le développement des relations commerciales entre les pays en développement et ceux de l’Europe de l’Est
1979 : Diplômé de l’Institut des Relations Economiques Internationales de Paris : spécialité commerce internationale
1973-1974 : Faculté des sciences économiques de l’université d’Abidjan
1973 : Bac série B (Economie sociale) au Lycée technique d’Abidjan
III- PARCOURS POLITIQUE
Depuis le 11 décembre 2011 : Député de la circonscription de Séguéla sous-préfecture, Bobi- Diarabana commune et sous-préfecture
Février 2015 – septembre 2017 : Président du directoire du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix
Juillet 2011 à septembre 2017 : Secrétaire général par intérim du Rassemblement des Républicains (RDR)
1996 – 2013 : Maire de la commune de Séguéla
2006 : Secrétaire général adjoint du RDR et chargé des affaires politiques
23 au 25 juillet 2009 : représentant du Président Alassane Ouattara et chef de la délégation du RDR au 4e congrès ordinaire du CDP à Ouagadougou (Congrès pour le développement et le progrès)
2008 – 2010 : Directeur régional de campagne du candidat Alassane Ouattara aux élections Présidentielles, pour la région du Nord-ouest (le Denguélé, le Bafing, et le Worodougou)
2007 – 2010 : Chef de la délégation du RDR au RHDP
2002 – 2006 : Secrétaire national du RDR chargé du Worodougou
1999 – 2000 : Membre de la Commission consultative constitutionnelle et électorale (CCCE) pour l’élaboration de la constitution.
Commissaire à la COSUR et à la CNE pour l’organisation des élections
1999 : Secrétaire général adjoint par intérim du RDR, après l’arrestation de la quasi-totalité des membres de la direction du parti
1996 – 1999 : Secrétaire national chargé du commerce
1994 – 1996 : Secrétaire général adjoint chargé de la formation
1994 : Membre fondateur du RDR
1991 – 1994 : Membre du conseil municipal de la commune de Séguéla
1990 – 1993 : Membre du bureau politique du PDCI-RDA
1990 : Membre du secrétariat de la présidence du congrès du PDCI-RDA
1986 – 1990 : Secrétaire permanent du comité de coordination des activités du PDCI-RDA dans le département de Séguéla.
Depuis le palais présidentiel de Kosyam, le nouveau chef du pays s’est adressé à la nation, le 27 janvier. Le lieutenant-colonel a fait de la sécurité sa priorité et lancé un appel à la communauté internationale, alors qu’un sommet de la Cedeao se tient ce vendredi.
« Il nous faut en effet, réduire significativement les zones sous influence terroriste et les impacts de l’extrémisme violent en redonnant aux Forces de défense et de sécurité ainsi qu’aux Volontaires pour la défense de la patrie, la volonté de combattre et d’aller encore plus à l’offensive avec des moyens adéquats. Ceci est un préalable indispensable au retour progressif de l’administration publique et à la réinstallation des personnes déplacées internes dans leurs villages d’origine », a-t-il insisté, vêtu de son treillis militaire et coiffé d’un béret rouge.
« Grande opportunité »
Le lieutenant-colonel de 41 ans, passé par de prestigieux centres de formations au Burkina et à l’international et auteur de l’essai Armées ouest-africaines et terrorisme : réponses incertaines ? (Les 3 colonnes, juin 2021), a également insisté sur le caractère « consensuel » de la « démarche », c’est-à-dire du coup d’État.
Pour lui, ce putsch est une « une grande opportunité pour réconcilier notre peuple avec lui-même ». Il s’est engagé à convoquer les forces vives de la nation pour convenir d’une feuille de route qui prendra en compte les préoccupations de ses compatriotes. « J’ai entamé des concertations avec certaines composantes de la nation, y compris avec les personnalités du régime, sortant afin de dégager les grandes lignes qui nous conduiront, à terme, vers des décisions consensuelles et inclusives pour la refondation et la restauration d’une paix durable », a-t-il ajouté.
Aucun agenda
Damiba a également rassuré sur la poursuite des dossiers judiciaires engagés. Au lendemain du coup d’État, des rumeurs – démenties depuis – avaient circulé sur la libération du général Gilbert Diendéré. L’ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré est le principal accusé du procès de l’assassinat de Thomas Sankara. Alors que les audiences ont été interrompues depuis le putsch, la justice militaire a depuis publié un communiqué informant de leur reprise le 31 janvier.
« Lorsque les conditions seront réunies selon les échéances que notre peuple aura souverainement définies, je m’engage à un retour à une vie constitutionnelle normale », a-t-il déclaré, sans préciser d’agenda.
Cette allocution était aussi adressée aux partenaires internationaux du Burkina, notamment à la Cedeao qui tient un sommet extraordinaire virtuel ce 28 janvier. « Le Burkina Faso a plus que jamais besoin de ses partenaires. C’est pourquoi j’appelle la communauté internationale à accompagner notre pays afin qu’il puisse sortir le plus rapidement possible de cette crise », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que « le pays continuera de respecter ses engagements internationaux, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l’Homme ».
Élu à la surprise générale en août dernier, le nouveau chef de l’État a adopté un style radicalement différent de celui de son prédécesseur. Partisan d’un libéralisme économique et politique, cet ancien homme d’affaires qui a connu la torture et la prison veut en finir avec la corruption et remettre son pays sur les rails. Pour, enfin, obtenir des résultats.
Hakainde Hichilema ne correspond pas vraiment à l’image que l’on se fait d’un révolutionnaire. Toujours vêtu d’un costume, parlant couramment le langage des experts-comptables (il a dirigé deux cabinets internationaux) et maniant à merveille l’analyse comparative des systèmes fiscaux, le deuxième plus gros éleveur de Zambie peut sembler plus à l’aise dans une salle de réunion que dans un meeting de campagne.
Des coups et des bosses
Homme d’affaires autodidacte, qui prône le libéralisme social et économique, Hakainde Hichilema est aussi une personnalité politique atypique, qui a connu la prison et la torture. En août dernier, alors qu’il n’avait pas encore 60 ans et qu’il briguait pour la sixième fois la magistrature suprême, il a finalement été porté à la tête du pays, battant sèchement le président sortant, Edgar Lungu, au pouvoir depuis 2015. Ce faisant, et malgré les coups et les bosses récoltés durant la campagne, il a prouvé qu’avec un peu de stratégie, d’unité et beaucoup de détermination, l’impossible était à portée de vote.
LE SYSTÈME TOUT ENTIER ÉTAIT CASSÉ
Sitôt élu, il s’est fixé une feuille de route ambitieuse : libéraliser un système politique sur lequel l’État n’avait cessé de renforcer son emprise les années précédentes ; conclure un accord avec les créanciers alors que le pays était en défaut de paiement ; reconstruire l’économie, mais aussi les services d’éducation et de santé publique… Un programme si ambitieux qu’il en est révolutionnaire. « Le système tout entier était cassé, se justifie le nouveau président. Des dettes énormes, une dépense publique folle, des ressources fiscales détournées par une poignée d’individus… Tout était politisé et corrompu. »
Quand, à l’issue du scrutin du 12 août, la commission électorale a annoncé sa victoire avec 60 % des suffrages, contre 38 % pour Lungu, il y a eu comme un moment de flottement. Le sortant allait-il accepter sa défaite ? Ne fallait-il pas redouter les milliers de policiers et de soldats rappelés pour défendre Lungu et son parti, le Front patriotique (PF) ?
En coulisses, les négociations ont commencé. Rupiah Banda, ancien président de la Zambie, et Jakaya Kikwete, ex-chef de l’État tanzanien, ont organisé une rencontre entre les deux rivaux. Rendez-vous a été donné au domicile de Banda, qui s’est efforcé de convaincre le sortant de ne pas contester les résultats – et cela n’allait pas de soi, tant l’inimitié entre Lungu et Hichilema était forte. Ce jour-là, Hichilema ne ménage pas son adversaire. « Je voulais lui dire que je n’aimais pas la façon dont il dirigeait le pays, qu’il avait la main lourde, qu’il était autocratique et que des gens mouraient inutilement, raconte-t-il. Mon message, c’est que nous, nous allions diriger le pays différemment, à l’opposé de la façon dont il procédait. »
J’AI DIT À LUNGU QUE NOUS N’ALLIONS PAS POURSUIVRE DES INDIVIDUS PARCE QU’ILS AVAIENT TRAVAILLÉ AVEC LUI, MAIS PARCE QU’ILS AVAIENT COMMIS UN CRIME
Très vite s’est posée la question de la responsabilité pénale de Lungu. « Je lui ai dit très clairement que nous aurions une tolérance zéro dans notre lutte contre la corruption, poursuit le président zambien. Et que nous n’allions pas poursuivre des individus parce qu’ils avaient travaillé avec lui, mais parce qu’ils avaient commis un crime. » Des enquêtes ont depuis été ouvertes. Lungu pourrait-il se retrouver devant les tribunaux ? « Si les crimes ont été commis lorsqu’il était en fonction, je pense qu’il est couvert par l’immunité, élude son successeur. À moins que celle-ci ne soit levée [par le Parlement]. C’est comme ça que cela fonctionne. »
Dans le collimateur de la justice
C’est ce qui s’était passé en 2008, lorsque le président de l’époque, Levy Mwanawasa, avait demandé aux élus zambiens de lever l’immunité de son prédécesseur, Frederick Chiluba, accusé de corruption. Aujourd’hui, Hichilema et son entourage ne souhaitent pas dire si Lungu fait, à titre personnel, l’objet d’une enquête. Mais, de fait, nombre de ses partenaires en affaires sont aujourd’hui dans le collimateur de la justice.
ON A ESSAYÉ DE M’ÉLIMINER, MAIS J’AI SURVÉCU
C’est le cas de Valden Findlay, souvent décrit comme le « meilleur ami » de Lungu et qui, quoique dépourvu de rôle officiel, l’accompagnait lors de la plupart de ses déplacements à l’étranger. Après les élections, la Commission de lutte contre la drogue (DEC) a gelé ses comptes bancaires. La même DEC a annoncé qu’elle enquêtait sur l’ancien ministre des Affaires étrangères, Joseph Malanji, et sur l’ancien ministre de la Santé, Chitalu Chilufya. Tous deux sont soupçonnés « de crimes financiers et de blanchiment d’argent ». Les enquêteurs cherchent notamment à savoir comment Malanji a pu réunir 1,4 million de dollars en espèces pour acheter un hélicoptère, en mars dernier. Hichilema insiste néanmoins sur le fait qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières : la loi sera appliquée, mais « pas dans une logique de vengeance ».
« On a essayé de m’éliminer, mais j’ai survécu », poursuit-il. De ses années d’opposition, Hichilema garde un souvenir cuisant. Il a été arrêté et détenu pas moins de 20 fois lorsque Lungu était au pouvoir. Il a même été accusé de trahison pour ne pas s’être rangé sur le bord de la route à l’approche du convoi du président, en avril 2017. Un mandat avait été délivré à son encontre et des officiers armés avaient fait irruption chez lui, à Lusaka, pour l’arrêter. Après avoir mis sa famille à l’abri dans une pièce sécurisée, Hichilema était parvenu à échapper à la police. Plusieurs membres de son personnel avaient néanmoins été battus, des objets de valeur lui avaient été dérobés et une grande partie de ses biens avaient été vandalisés.
Une seringue cachée dans la bible d’un faux prêtre
Le lendemain, il s’était présenté au poste de police. Il sera détenu pendant quatre mois sans procès, période pendant laquelle il dit avoir été battu et torturé. Il raconte qu’un jour, un homme habillé en prêtre et tenant une bible s’est présenté dans sa cellule. « Je pouvais voir qu’il avait caché quelque chose dans sa bible. Il s’est avéré que c’était une seringue hypodermique. » Hichilema en est convaincu, on a tenté de le tuer. Et ce n’était ni la première ni la dernière fois.
Plus tard, alors qu’il avait fini par être libéré grâce à l’intervention d’Olusegun Obsanjo, l’ancien président nigérian, et de Patricia Scotland, la secrétaire générale du Commonwealth, Hichilema identifiera son agresseur, obtenant même une ordonnance exigeant que l’État le présente au tribunal. Mais l’État n’a pas obtempéré et l’homme est toujours en fuite.
BEAUCOUP DE GENS ONT ÉTÉ MIS EN PRISON POUR DES CRIMES QU’ILS N’AVAIENT PAS COMMIS
Sous la pression internationale, Lungu s’est éloigné du bord du gouffre dans lequel il paraissait sur le point de précipiter la Zambie. Il a proposé un dialogue politique à l’opposition, ce qui lui a surtout permis de gagner du temps sans avoir à procéder à de réels changements. « Le système était autocratique et lourd, et beaucoup de gens ont été mis en prison pour des crimes qu’ils n’avaient pas commis », regrette Hichilema, en expliquant comment sa formation, le Parti unifié pour le développement national (UPND), a adapté sa stratégie électorale à cet environnement répressif. « Il a fallu composer avec ce contexte et trouver le moyen de faire campagne, évidemment dans la clandestinité, sans jamais lâcher le ballon des yeux. »
« Il y a des leçons à en tirer pour tous ceux qui croient en l’État de droit et en la démocratie. Vous pouvez accomplir de grandes choses sans recourir à la violence ou à la lutte armée, qui abîme les fondations d’un pays. » Pour la Zambie, qui partage une frontière avec la tumultueuse RDC, c’est plus qu’un argument rhétorique. Fin novembre, Hichilema est d’ailleurs allé à Kinshasa à la rencontre de son homologue congolais, Félix Tshisekedi, pour trouver le moyen de stimuler les échanges et les investissements entre leurs deux pays.
Rencontre avec Tshisekedi
Les deux hommes s’entendent bien. Tous deux ont longtemps été dans l’opposition avant d’accéder à la magistrature suprême et tous deux veulent se débarrasser de l’ombre de leurs prédécesseurs. Leurs pays sont aussi les principaux producteurs de cuivre et de cobalt sur le continent. La RDC produit environ 70 % du cobalt mondial et cela n’est sans doute pas un hasard si la visite d’Hichilema a coïncidé avec la tenue d’une conférence visant à promouvoir la production de batteries pour les voitures électriques – un marché qui devrait dépasser les 50 milliards de dollars d’ici 2025. « Ce passage des voitures à essence aux véhicules électriques a un impact sur le prix de nos métaux. Nous en sommes conscients et nous voulons tirer le meilleur de cette opportunité. Ces revenus, nous les utiliserons pour construire une économie plus verte », affirme Hichilema.
« La Zambie est un pays stratégiquement situé, poursuit-il. Nous travaillons à en faire un centre de production, de valeur ajoutée et de logistique. » Pour que cela devienne une réalité, il prévoit la construction de voies ferrées à écartement standard à travers la Zambie, reliant l’Afrique du Sud à la RDC et à la Tanzanie. Il souhaite également que les frontières entre le Congo et la Zambie restent ouvertes 24 heures sur 24 et que les exportations vers l’Afrique du Sud soit facilitées.
SOUS LA PRÉSIDENCE DE LUNGU, TOUT ÉTAIT TOUJOURS LIÉ AU PARTI
Parallèlement, il entend mettre l’accent sur la bonne gouvernance. « Nous avions auparavant un problème de leadership, qui était politisé. Tout était toujours lié au parti, et ce n’est pas ainsi que nous voyons les choses. » Sous la présidence de Lungu, les cadres du PF ont effectivement pris le contrôle de vastes pans de l’économie – marchés, gares routières, distribution d’engrais et de semences dans les zones agricoles.
Quelques jours après sa victoire, Hichilema a par ailleurs limogé les chefs de la sécurité. « Il était nécessaire de procéder à des changements essentiels. Comment voulez-vous demander à un inspecteur général de la police dont les hommes brutalisaient la population de continuer ? Comment voulez-vous qu’il dise : “Maintenant, les citoyens ont des libertés. Ils ont des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution.” Pendant des années, ils ont été soudoyés pour ne pas protéger les citoyens ! »
Hichilema a ensuite constitué son équipe économique. Il s’est notamment entouré de deux vétérans de la scène zambienne. Denny Kalyalya, qu’un bras de fer avait opposé à Lungu, a fait son grand retour au poste de gouverneur de la Banque centrale. Ancien haut cadre de la Banque mondiale, il est revenu avec la garantie que la structure serait indépendante et aurait un objectif prioritaire : faire baisser l’inflation, à son plus haut niveau depuis deux décennies.
L’autre revenant est le ministre des Finances, Situmbeko Musokotwane, qui avait occupé ce portefeuille sous la présidence de Rupiah Banda (2008-2011). Sur la même ligne que Kalyalya et Hichilema, Musokotwane estime que les comptes du gouvernement ne tenaient jusqu’à présent pas la route et que l’économie avait besoin d’un traitement radical. Sa priorité ? Restructurer la dette extérieure du pays, qui s’élève à 13 milliards de dollars.
Le chef de l’État devra aussi veiller à ce que le secteur minier soit remis en ordre, d’autant qu’une enquête sur la vente de certains actifs appartenant à l’État a révélé qu’ils avaient été détournés. L’enjeu est d’autant plus important qu’Hichilema ambitionne de quadrupler sa production de cuivre au cours des dix prochaines années. Le prix mondial de ce minerai a dépassé 10 000 dollars la tonne en juin et devrait atteindre 20 000 dollars la tonne d’ici dix ans. Avec ses richesses en cuivre, les plus importantes d’Afrique après celles de la RDC, la Zambie s’est lancée dans une course contre la montre pour augmenter la rentabilité des mines, handicapée par des années de sous-investissement et de querelles politiques.
Hichilema sait être patient, sa trajectoire politique en atteste. Mais sa position et son style de gouvernement sont ancrés dans la culture d’entreprise. Si, avec son sens des affaires, sa rigueur d’expert-comptable, sa culture du résultat et les technocrates dont il s’est entouré, il parvient à redresser l’économie, grâce notamment aux perspectives qu’offre le cuivre, alors il pourrait bien avoir gagné son pari.
Avec Jeune Afrique par Patrick Smith pour The Africa Report