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Bola Tinubu remporte la présidentielle au Nigeria

mars 1, 2023

Face à Atiku Abubakar du PDP et à l’outsider Peter Obi, le représentant du parti au pouvoir s’impose dès le premier tour dans un scrutin contesté par l’opposition. Il doit succéder à Muhammadu Buhari à la tête d’un pays à l’économie chancelante.

Le candidat du parti au pouvoir, Bola Tinubu avec son épouse Remi Tinbu s’adresse à ses partisans à Abuja, le 1er mars 2023, lors de célébrations au siège de sa campagne. © Kola SULAIMON / AFP

Le candidat du All Progressives Congress (APC, au pouvoir), Bola Tinubu a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle au Nigeria, ce mercredi 1er mars, à l’issue d’un scrutin contesté par l’opposition qui avait fait naître un immense espoir de changement dans le pays.

Selon la Commission électorale (Inec), Bola Tinubu a cumulé plus de 8,8 millions de voix, remportant l’une des élections les plus disputées de l’histoire démocratique du Nigeria, face à ses deux principaux concurrents.

« Faire équipe »

Atiku Abubakar, le candidat de la principale formation de l’opposition (le People’s Democratic Party – PDP – qui dirigea le pays de 1999 à 2015), a recueilli 6,9 millions de voix.

L’outsider Peter Obi du Labour Party (LP), dont la popularité auprès de la jeunesse a donné un nouvel élan à cette campagne, a remporté 6,1 millions de voix.

« J’appelle mes concurrents à ce que nous fassions équipe. C’est la seule nation que nous ayons », a lancé Bola Tinubu à l’intention de l’opposition qui l’avait accusé de fraudes « massives » avant même la proclamation des résultats. « C’est un pays que nous devons contruire ensemble, en recoller les morceaux brisés. Nous devons travailler dans l’unité », a-t-il dit.

Influence politique

À 70 ans, l’ancien gouverneur de Lagos (Sud-Ouest), surnommé « le parrain » à cause de son immense influence politique, accède à la plus haute marche du pouvoir, l’ambition de toute une vie : « c’est mon tour », n’avait-il de cesse de répéter durant la campagne.

Il hérite d’une myriade de problèmes. Pendant quatre ans, il aura la lourde tâche de redresser le géant anglophone, plombé par une économie en berne, les violences récurrentes de groupes armés et de bandits, ainsi qu’un appauvrissement généralisé de la population.

Longtemps donné grand favori dans cette élection, notamment grâce à l’assise nationale du parti au pouvoir et à sa fortune, ce Yoruba de confession musulmane a pourtant vu son avance se réduire au fur et à mesure de la campagne.

D’abord parce que la personne de Peter Obi, un ancien gouverneur de 61 ans loué pour son intégrité, a largement séduit une jeunesse avide de changement, lasse de l’élite vieillissante et réputée corrompue qui la gouverne.

Ensuite parce que plusieurs semaines avant le scrutin de très graves pénuries de billets de banque et d’essence ont aggravé la colère déjà grande des Nigérians contre le pouvoir, au bilan désastreux, entre explosion de l’insécurité et du coût de la vie.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Au Liberia, George Weah candidat à un second mandat

janvier 31, 2023

Arrivé au pouvoir en 2017, le chef de l’État a annoncé qu’il se présente à l’élection présidentielle d’octobre prochain.

L’opposition libérienne reproche à George Weah (ici en novembre 2021 à Paris) de n’avoir tenu que très peu de ses promesses de campagne. © Photo by Ludovic MARIN / AFP.

Il a promis un second « mandat riche d’opportunités, un mandat pour la transformation, un mandat pour le développement », mais aussi pour « la consolidation » des acquis. Le président du Liberia George Weah a annoncé le 30 janvier qu’il briguerait un deuxième mandat consécutif à la tête du pays lors de l’élection prévue en octobre.

« Mes chers concitoyens, je viendrai sous peu vers vous pour vous demander de renouveler […] pour la deuxième fois le mandat que vous m’avez accordé il y a six ans », a déclaré l’ancienne gloire du football dans un grand tumulte approbateur à la fin du discours annuel et solennel sur la situation du pays.

Très peu de promesses tenues

Dans ce discours qu’il est tenu par la Constitution de délivrer chaque année devant les chambres du Parlement, Weah, 56 ans, a défendu son bilan. « Permettez-moi de vous assurer que notre nation est forte, notre nation est stable, notre nation est pleine de vie […] notre nation est en paix et en sécurité, et nous entendons qu’elle le reste », a-t-il dit.

Seul Ballon d’or africain à ce jour et reconverti en politique après la fin de sa carrière sportive, Weah a été élu au second tour de la présidentielle de décembre 2017 et a pris ses fonctions en janvier de l’année suivante. L’ancienne star du foot du Milan AC et du PSG a accédé à la présidence en promettant de créer des emplois et d’investir dans l’éducation. De nombreux pauvres adulaient l’ancien gamin des bidonvilles devenu vedette planétaire, puis chef d’État.

Ses détracteurs lui reprochent de n’avoir tenu que très peu de ses promesses. Ils l’accusent d’être déconnecté des réalités de ses concitoyens qui se débattent entre hausse des prix et pénurie de produits comme le carburant et de services de première nécessité.

Absence prolongée pendant la Coupe du monde

George Weah reste en butte au soupçon de n’être pas à sa place à la tête de l’État. Dernièrement, il a été attaqué pour son absence prolongée en dehors du pays, une quarantaine de jours passés de conférences en sommets, mais aussi à la Coupe du monde de foot au Qatar où son fils défendait les couleurs des États-Unis.

La présidence a invoqué le bien-fondé de ces déplacements dans l’intérêt national. Elle évoque aussi communément la lourdeur de l’héritage reçu par Weah. L’opposition impute à ce dernier la persistance d’une corruption réputée endémique qu’il s’était engagé à combattre. Il est à cet égard sous la pression du grand allié américain : Washington a sanctionné cinq hauts responsables libériens pour corruption présumée en trois ans. Les appels régulièrement lancés en faveur de la création d’un tribunal des crimes de guerre au Liberia sont jusqu’ici restés lettre morte.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

En RDC, la charge de Mukwege, Fayulu et Matata Ponyo contre Tshisekedi

décembre 26, 2022

Ces trois personnalités congolaises, dont deux ont déjà déclaré leur candidature à la présidentielle de 2023, accusent le chef de l’État de déficit de « leadership ».

Martin Fayulu, Denis Mukwege, Augustin Matata Ponyo © MONTAGE JA : Arsene Mpiana pour JA ; Bruno Levy pour JA ; Gwenn Dubourthoumieu pour JA

La RDC est menacée d’ »émiettement », de « balkanisation » et cette situation est « le résultat d’un déficit criant de leadership et de gouvernance de la part d’un régime irresponsable et répressif », écrivent dans une déclaration commune rendue publique ce 26 décembre Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, ainsi qu’Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre aujourd’hui sénateur, inquiété par la justice pour une affaire de détournement de fonds présumé et le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix.Les deux premiers ont déjà annoncé leur candidature à la présidentielle de 2023, et il se murmure que le troisième pourrait aussi être un prétendant à la magistrature suprême contre Félix Tshisekedi.

« Externalisation »

« Au lieu de doter le pays d’une armée efficace », notent les trois hommes, « le gouvernement a privilégié une politique d’externalisation de la sécurité nationale à des forces étrangères et pire, à des États à la base de la déstabilisation du pays. »

Évoquant « l’agression de notre pays par le Rwanda au travers de ses supplétifs du M23 », ils formulent une série d’exigences, parmi lesquelles : « la condamnation ferme du Rwanda par le Conseil de sécurité des Nations unies » ; « le retrait immédiat des éléments du M23 de toutes les positions qu’ils occupent » ; « le déplacement loin de la RDC des éléments rwandais des FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda] et Ougandais des ADF [Allied Democratic Forces] » ainsi que « la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda et la fermeture de toutes les frontières » entre le Rwanda et la RDC.

Sous la pression internationale, les rebelles du M23 qui ont conquis au cours des derniers mois de vastes pans du territoire du Nord-Kivu, ont participé le 23 décembre à une cérémonie en vue de remettre la ville stratégique de Kibumba à une force militaire régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Un évènement que l’armée congolaise a qualifié de « leurre ».

Sur la situation politique, Mukwege, Fayulu et Matata Ponyo ont exprimé leur « profonde inquiétude sur le caractère non-inclusif du processus électoral » qui a démarré avec l’enrôlement des électeurs, ainsi que « la violation de la Constitution » notamment en ce qui concerne « les poursuites judiciaires engagées contre certains acteurs politiques » dans le but de les « éliminer du processus électoral ».

« Le dernier arrêt rendu par la Cour constitutionnelle dans le dossier du sénateur Matata Ponyo Mapon, en violation de l’article 168 de la Constitution en témoigne à suffisance », notent les trois signataires dont Matata Ponyo lui-même.

Avec Jeune Afrique

RDC-Dernière sortie médiatique de Moïse Katumbi : l’IRDH parle d’une opinion politique mesurée et responsable

décembre 19, 2022

Dans un communiqué du 17 décembre, l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) relève un sens de responsabilité et de la mesure de la situation sécuritaire du pays dans le discours d’annonce de candidature de Moïse Katumbi Chapwe à l’élection présidentielle de 2023.

Moïse Katumbi

« En effet, dans son interview à France24 et Radio France internationale du 16 décembre 2022, Katumbi a parlé du pays qu’il considère comme étant l’élément ‘’le plus important’’. En rapport avec la situation sécuritaire au Kivu, il a exprimé sa compassion aux victimes de la guerre injuste d’agression rwandaise, via M23. Et, quant à l’appel aux forces de l’Afrique de l’Est, il n’a pas embarrassé la diplomatie en cours. Avec respect, Katumbi a aussi fait allusion aux institutions », a souligné l’IRDH.

Cet institut a ajouté que c’est avec égard qu’il cite et critique leurs animateurs de ces institutions dont le président Tshisekedi, l’ancien président Joseph Kabila,  le président de la Commission électorale nationale indépendante, Denis Kadima, et des officiers militaires de l’armée qui gèrent des provinces sous état de siège.

L’IRDH salue également le fait que Moïse Katumbi a parlé de son programme et de l’avenir du pays et annoncé son retrait de l’Union sacrée, en considération des principes démocratiques, sans aucunement inciter ses partisans à la violence ni à la haine. « L’IRDH estime que déclarer sa candidature, sans insulter ses challengers candidats déclarés, y compris le président sortant Félix-Antoine Tshisekedi, participe à la tenue des élections apaisées », a conclu cette structure.

Avec Adiac-Congo par Lucien Dianzenza

États-Unis: Joe Biden de nouveau candidat à la présidentielle?

décembre 6, 2022
Joe Biden de nouveau candidat a la presidentielle?
Joe Biden de nouveau candidat à la présidentielle?© AFP/Archives/SAUL LOEB

Dans la capitale américaine, la possible candidature de Joe Biden à un second mandat présidentiel est un secret bien gardé. Seul le principal concerné semble ne pas s’en cacher.

Un voyage mardi dans l’Arizona prouve qu’à 80 ans, le dirigeant démocrate prépare sérieusement le terrain pour rester à la Maison Blanche – jusqu’à ses 86 ans.

Il s’y rend pour la première fois en tant que président, et si la raison officielle est la promotion d’une nouvelle usine de semi-conducteurs à Phoenix, il est indéniable que cet Etat du sud-ouest des Etats-Unis, profondément divisé, sera l’un des maillons clés de toute campagne présidentielle réussie.

Les élections de mi-mandat de novembre, où les républicains ont échoué à reprendre le Sénat et ne se sont emparés de la Chambre des représentants qu’avec une courte majorité, loin de la « vague rouge » escomptée, ont été interprétées par Joe Biden comme une vraie victoire.

Et au moment même où son adversaire Donald Trump entame sa propre campagne pour 2024 dans un climat de scandale, l’actuel président américain savoure la meilleure période de son premier mandat.

L’économie américaine brave pour l’instant les prévisions de grave récession.

Les grands programmes d’investissement de l’administration Biden adoptés par le Congrès au cours des deux dernières années commencent eux à porter leurs fruits, injectant de l’argent dans la fabrication de produits de haute technologie, comme les semi-conducteurs, dans l’énergie verte mais aussi dans des infrastructures plus traditionnelles comme les routes et les ponts.

« Après les fêtes »

A l’étranger, l’alliance contre l’invasion de la Russie en Ukraine portée par les Etats-Unis continue de tenir après presque dix mois et vient contrebalancer le sentiment amer d’échec des Américains en Afghanistan.

A Washington, Joe Biden vient de conclure une visite d’Etat réussie avec le président français Emmanuel Macron.

« Les choses bougent, elles bougent dans la bonne direction », a récemment lancé le président démocrate après la publication de bons chiffres du marché de l’emploi américain. Des déclarations qui ne ressemblent pas à celles de quelqu’un qui compte quitter la scène politique.

Joe Biden a déclaré que sa décision ne serait pas prise avant le « début de l’année prochaine », son chef de cabinet Ron Klain précisant lundi au Wall Street Journal qu’il s’attend à ce que le président tranche « peu après les fêtes » et « que sa décision soit d’y aller ».

Pour son entourage politique, cela semble en effet un secret de polichinelle.

« Je m’attends à ce qu’il se présente », a déclaré à Fox News dimanche Hakeem Jeffries, chef de file des démocrates à partir de janvier à la Chambre des représentants.

« D’après tout ce que j’ai entendu de lui, en public et en privé, il a l’intention de se représenter », a abondé auprès de l’AFP le sénateur Chris Coons, ami de longue date de Joe Biden.

Famille et médecins

Même Newt Gingrich, un pilier de l’aile droite républicaine, fait part à contrecœur de son admiration pour M. Biden.

« Arrêtez de sous-estimer le président Biden », a-t-il écrit sur le site d’informations Axios, mettant en garde les républicains sur l’efficacité dont il a fait preuve au cours de ses mandats.

Mais ce sont les médecins et la famille de l’actuel président des Etats-Unis, et non les commentateurs politiques, qui décideront de sa future candidature.

Certaines « discussions » familiales évoquées par Joe Biden ont eu lieu sur l’île très huppée de Nantucket au large de l’Etat américain du Massachusetts, où il était avec ses proches pour Thanksgiving. D’autres conseils familiaux sont attendus à Noël, avec la très influente Première dame Jill Biden.

Le bilan médical annuel, qui devrait être rendu public bientôt, pourrait aussi être déterminant.

Octogénaire, Joe Biden présente certains signes typiques de la vieillesse: des cheveux plus rares, une démarche raide – et quelques chutes – et des problèmes d’élocution fréquents.

Il y a un an, le médecin de la Maison Blanche avait toutefois conclu qu’il était « apte » à remplir sa fonction.

Cela sera-t-il toujours le cas dans deux ans ?

Certains tests médicaux ont déjà été réalisés et d’autres le seront, les résultats sont attendus « dans les prochains mois », a affirmé lundi la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre.

Par Le Point avec AFP

RDC : l’élection présidentielle fixée au 20 décembre 2023

novembre 26, 2022

Le président Félix Tshisekedi, arrivé au pouvoir en janvier 2019, a déjà exprimé son intention de se représenter.

Le siège de la Commission électorale nationale indépendante à Kinshasa. Photographie d’illustration. © JOHN WESSELS/AFP

La prochaine élection présidentielle en RDC est fixée au 20 décembre 2023, selon le calendrier annoncé officiellement samedi 26 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Après les prochaines élections, la prestation de serment du président élu aura lieu le 20 janvier 2024, a précisé l’organisation.

L’insécurité, l’un des « défis »

Cette annonce intervient alors que l’est du pays reste en proie aux violences de groupes armés, dont la rébellion du M23 qui contrôle une partie d’un territoire du Nord-Kivu. « L’insécurité persistante dans certaines parties du territoire » est un des « défis » à relever par la Ceni pour organiser un scrutin qu’elle veut « libre, démocratique, transparent », a déclaré son président, Denis Kadima, lisant le calendrier électoral au siège de la commission.

Des experts ont en outre manifesté leurs doutes sur un processus qui, selon eux, a pris « un mauvais départ ». En RDC, la présidentielle est une élection à un seul tour, couplée aux législatives, ainsi qu’aux élections des députés provinciaux et des conseillers communaux.

Tshisekedi en lice

Félix Tshisekedi a déjà exprimé son intention de se représenter. « J’ai une vision pour ce pays, je veux la concrétiser. Si le peuple veut bien m’accorder ce second mandat, je poursuivrai ma mission. Et après, je passerai la main »,déclarait-il à Jeune Afrique en août 2021.

Parmi les autres candidats possibles figure Martin Fayulu, qui continue d’affirmer avoir remporté le scrutin de 2018 et été privé de sa victoire.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

RDC – Martin Fayulu : « Félix Tshisekedi va devoir partir »

novembre 1, 2022

Risque de glissement du calendrier électoral, potentielles alliances, hypothétique dialogue… De passage à Paris, l’opposant, qui retentera sa chance lors des prochaines élections, s’est confié à Jeune Afrique. Rencontre avec un homme revanchard.

Martin Fayulu, président du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement, à Paris, le 28 octobre 2022. © Vincent Fournier pour JA

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a beau ne pas avoir encore publié son calendrier, Martin Fayulu sait déjà à quoi s’en tenir. « Le 23 janvier 2024, à minuit, Félix Tshisekedi devra prendre ses cliques et ses claques et partir”, lance-t-il, déterminé, dans le salon d’un hôtel parisien. Après avoir passé quatre ans à revendiquer la victoire à la dernière élection présidentielle, Fayulu renfile ses habits de candidat.

Investi par son parti, l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECiDé) en juillet dernier, l’ancien porte-étendard de la plateforme d’opposition Lamuka est à Paris pour quelques jours. Une visite familiale puisque l’un de ses fils réside en région parisienne, mais surtout politique. Il vient notamment poursuivre la tournée médiatico-diplomatique de ces derniers mois aux États-Unis, au Canada et en Belgique. « J’ai vu des élus américains, je suis allé au Département d’État à Washington, au ministère des Affaires étrangères au Canada. J’ai également rencontré des députés canadiens », énumère-t-il, convaincu que ses « interlocuteurs regrettent aujourd’hui d’avoir pris acte de l’élection de Félix Tshisekedi ». « On le sent dans leur attitude, même s’ils ne le disent pas clairement avec des mots. »

« Les élections en décembre 2023, c’est un must »

Pas question pour autant, en cette fin d’octobre, de s’étendre sur le respect de la « vérité des urnes », qui a été son cheval de bataille ces dernières années. Non pas que la revendication ait disparu – il ne manque d’ailleurs jamais l’occasion de rappeler que les résultats compilés par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) le donnaient vainqueur. Mais l’actualité impose d’autres priorités.

Il y a d’un côté le conflit en cours entre la RDC et le Rwanda autour de la résurgence du M23 et les accusations répétées de Tshisekedi à l’encontre de son homologue Paul Kagame. « Aujourd’hui, il est tellement flagrant que la RDC est agressée par le Rwanda que Félix Tshisekedi n’a d’autre choix que de rejoindre notre position », tacle d’entrée Fayulu, qui affirme tenir le discours actuel du chef de l’État depuis « plus de dix ans ».

De l’autre, il y a la préparation de cette élection aux allures de revanche, prévue pour décembre 2023 mais sur laquelle plane le spectre d’un glissement du calendrier. « Les élections en décembre 2023 sont une obligation, un must », rétorque immédiatement cet ancien cadre de la compagnie pétrolière américaine ExxonMobil.

LE MANDAT, C’EST CINQ ANS. PAS CINQ ANS PLUS UNE SECONDE

Qu’importe le discours rassurant du gouvernement, dont le porte-parole, Patrick Muyaya, a encore réaffirmé que « l’organisation des élections [était] une question de conviction et pas une obligation ». Martin Fayulu n’y croit pas. « À un moment donné, on vous dira que l’on n’a pas pu, malgré toute notre bonne volonté, les tenir à temps, à cause de l’état de siège ou de la guerre avec Kagame… Ce sont des stratégies pour gagner du temps, estime-t-il. La Constitution fixe le mandat à cinq ans. Pas cinq ans plus une seconde, cinq ans. »

La Ceni s’est engagée à publier son calendrier en novembre et promet, malgré des alertes régulières sur des difficultés de financement, de mener les activités d’enrôlement dans un délai raccourci. Mais à un peu plus d’un an de la date butoir, la perspective d’un glissement est prise très au sérieux, tant au sein de la classe politique que par les chancelleries. Certains parient sur un report de six mois, d’autres de huit. Les plus pessimistes évoquent un délai qui pourrait dépasser un an. Et l’opposition est à l’affût du moindre faux pas.

« Beaucoup de gens sont responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons », affirme Fayulu. Déterminé à défendre son bilan d’opposant – lui préfère dire qu’il fait de la « résistance » –, il énumère ses différentes initiatives : « Le 8 février 2019, j’avais déjà fait une proposition concrète à l’Union africaine. Le 10 mai 2019, j’ai fait une autre proposition de sortie de crise en plaidant pour la mise en place d’un haut conseil de réformes institutionnelles. J’ai réitéré cette proposition le 4 novembre 2019. À chaque fois, personne ne m’a suivi. » « Martin Fayulu ne reconnaît pas les institutions, mais il faudrait qu’on écoute et que l’on soutienne chaque nouvelle proposition qu’il formule », assène l’un de ses anciens alliés qui a rallié la majorité.

« L’Église a cassé le bloc patriotique »

Mais Martin Fayulu ne cherche-t-il pas aussi à se positionner en fer de lance d’une opposition pour l’instant éparpillée ? Candidat surprise de Lamuka en 2018, il a longtemps ressassé la « trahison » de janvier 2019. Celle de la Ceni et de la Cour constitutionnelle, qu’il accuse de l’avoir privé de « sa » victoire. Celle des diplomates qui ont pris acte d’un scrutin controversé ayant toutefois abouti à la première transition pacifique en RDC. Pendant près de quatre ans, il s’est donc attaché à rester au centre du jeu pour capitaliser sur ce statut « d’opposant numéro un ». Mais cela n’a pas été évident. Antipas Mbusa Nyamwisi et Freddy Matungulu ont quitté Lamuka dès 2019. Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba ont ensuite rejoint l’Union sacrée, fin 2020, après la rupture de l’alliance entre Tshisekedi et Joseph Kabila.

Fayulu, lui, a longtemps résumé ces bouleversements politiques à de simples « stratagèmes [de Félix Tshisekedi] pour se maintenir au pouvoir », préférant se démener sur le terrain des réformes électorales et de la Ceni. Fin octobre 2021, il s’est même investi au sein d’un « bloc patriotique » avec des représentants du Front commun pour le Congo (FCC, la coalition de Joseph Kabila). Une marche sera organisée le 13 novembre suivant. Mais la mobilisation finira par s’essouffler.

« Félix Tshisekedi a pris peur. Il a envoyé les présidents des deux chambres du Parlement, le Premier ministre et François Beya [alors conseiller en sécurité] chez le cardinal Ambongo avant de recevoir les évêques de la Cenco », se souvient l’opposant. « Je ne sais pas ce qu’il leur a dit mais Mgr Utembi [le président de la Cenco] est sorti de là en déclarant qu’il fallait aller de l’avant”, regrette Fayulu, qui accuse l’Église catholique d’avoir « cassé le bloc patriotique ».

Vive contestation

Si la mobilisation face à Denis Kadima a faibli au sein de l’opposition, la composition des bureaux respectifs de la Ceni et de la Cour constitutionnelle, accusés de servir les intérêts du pouvoir, fait toujours l’objet d’une vive contestation, sans que cela ne débouche pour l’instant sur un quelconque dialogue. La perspective d’un glissement pourrait-elle pousser dans cette direction ? En cas d’empêchement du président, la Constitution prévoit que le président du Sénat – en l’occurrence Modeste Bahati Lukwebo – prenne en charge la gestion de la transition et l’organisation, dans les 90 jours, des élections.

« Nous, nous pensons que le président du Sénat ne doit pas gérer cette transition, car il appartient au camp du pouvoir. L’Union sacrée, le FCC, Lamuka et la société civile doivent se mettre à la même table pour s’entendre sur une personnalité de la société civile », explique Fayulu. Une perspective évidemment bien éloignée des positions du gouvernement, qui affirme ne pas envisager de report. « Nous ne faisons pas dans la politique-fiction. Les élections seront tenues dans les délais. Martin Fayulu peut donc dialoguer avec lui-même », balaie un ancien allié de l’opposition qui lui reproche de « s’isoler ».

S’il semble s’étonner lorsqu’on lui énumère la liste des candidats déjà investis ou sur le point de se déclarer, Martin Fayulu se dit en tout cas sûr de sa force. « Nous étions 21 en 2018 et 33 en 2006, rappelle-t-il. Dans le lot, il n’y avait quasiment que des candidats [qui ont enregistré] entre 0 % et 1 %. Aujourd’hui, nous sommes trois ou quatre à pouvoir peser. » Il évoque aussi des « manœuvres du pouvoir pour soutenir et pousser des candidats », sans toutefois préciser les noms de ceux qu’il vise. “N’est pas candidat qui veut. En 2011, vous pensez sérieusement que Vital Kamerhe pensait pouvoir être élu alors qu’Étienne Tshisekedi crevait le plafond ? »

« Encore une question d’ego »

Reste que la multiplication des candidatures dans une élection à un seul tour ne joue pas en faveur de l’opposition. En 2018, celle-ci avait réussi à s’asseoir à une même table à Genève. Difficile pour l’instant d’envisager un renouvellement de l’expérience. « Personnellement, je suis d’accord avec l’idée d’organiser un Genève bis. Lors du congrès qui m’a désigné candidat, nous avons pris trente résolutions, dont une qui autorise que l’on s’associe à quelqu’un qui regarde dans la même direction que soi », admet Fayulu. « Au final, comme à Genève, cela sera une question d’ego, estime un opposant congolais présent à l’époque. Qui acceptera à nouveau de se ranger derrière l’autre ? »

Les pistes d’alliances ne sont pas nombreuses. Ces derniers mois, Martin Fayulu a rencontré à deux reprises l’ancien Premier ministre de Joseph Kabila, Matata Ponyo Mapon, candidat sous l’étiquette de son nouveau parti, Leadership et Gouvernance pour le développement. Fayulu reconnaît qu’un rapprochement est possible. « Il m’a parlé de son appartenance à l’opposition. S’il voit dans Lamuka quelque chose qui peut lui correspondre, nous avons des structures au sein de la coalition pour trancher sur cette question », ajoute-t-il.

Quid de Denis Mukwege, Nobel de la Paix 2018 dont certains soutiens poussent en coulisses pour une candidature en 2023 ? « Évidemment qu’il entre dans la liste des candidats potentiels. Il fait des choses énormes pour ce pays », reconnaît Fayulu, qui entretient de bonnes relations avec le célèbre médecin mais n’envisage pas, pour le moment, de se ranger derrière quelqu’un d’autre. « Je ne peux pas décider à la place du peuple qui m’a désigné candidat, conclut-il. N’est-ce pas Félix Tshisekedi qui disait, en novembre 2018 à Genève, que le changement [s’appelait] Fayulu ? »

Avec Jeune Afrique par Romain Gras

Guinée équatoriale : Teodoro Obiang Nguema Mbasogo candidat à un sixième mandat

septembre 24, 2022

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 80 ans, briguera un nouveau mandat lors de l’élection présidentielle du 20 novembre.

Le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, lors d’une visite au Nigeria, en 2015. © Sunday Alamba/AP/SIPA

« En raison de son charisme, de son leadership et de son expérience politique (…) », le parti au pouvoir « a élu à l’unanimité le frère militant Teodoro Obiang Nguema Mbasogo comme candidat qui représentera le parti aux élections présidentielles » le 20 novembre, a écrit sur Twitter le fils du chef de l’État et vice-président, Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin.

Mardi, la date de l’élection présidentielle avait été avancée de cinq mois, au 20 novembre. Le seul enjeu de l’élection résidait dans la désignation du candidat du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), qui occupe 99 des 100 sièges de la chambre basse sortante et la totalité des 70 sièges du Sénat.

Lutte de pouvoir

L’hypothèse de voir Teodorin, longtemps considéré comme le dauphin de son père prendre sa relève, avait pris de l’épaisseur en raison de son omniprésence sur la scène politique depuis deux ans. Ce dernier, tout-puissant et redouté vice-président chargé de la Défense, jet-setteur publiquement assumé et condamné en 2021 à trois ans de prison avec sursis en France dans le cadre des affaires dite des « biens mal acquis », n’avait finalement pas été désigné candidat en novembre 2021 à la surprise générale.

Les observateurs et diplomates ont récemment pointé une lutte de pouvoir entre Teodorin et certains caciques du régime, peu enclins à voir le fils prendre les rênes du pays.

Si l’anticipation de la présidentielle a officiellement été justifiée par la nécessité de regrouper des scrutins coûteux en pleine crise économique, due notamment à « la guerre en Ukraine » et à la « pandémie de Covid », ces mêmes observateurs y avaient plutôt vu la volonté d’un des deux camps de pousser son avantage.

Par Jeune Afrique avec AFPAvec AFP

La Guinée équatoriale avance la présidentielle au 20 novembre

septembre 21, 2022

La Guinée équatoriale a avancé son élection présidentielle de cinq mois. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo laissera-t-il son fils, considéré comme son dauphin mais contesté par des caciques du pouvoir, lui succéder ?

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo à Addis-Abeba, le 10 février 2020. © MICHAEL TEWELDE/AFP

« Les élections présidentielle, de la Chambre des députés, du Sénat et les municipales sont convoquées le 20 novembre 2022 », selon un décret du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo lu mardi 20 septembre lors du journal du soir de la télévision d’État.

Le principal enjeu du scrutin réside dans la désignation du candidat du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), qui occupe 99 des 100 sièges de la chambre basse sortante et la totalité des 70 sièges du Sénat : le chef de l’État, 80 ans, se présentera-t-il pour un nouveau mandat ou laissera-t-il son fils Teodoro Nguema Obiang Mangue, dit Teodorin, lui succéder ?

Ce dernier, tout-puissant et redouté vice-président chargé de la Défense, est depuis longtemps considéré comme le dauphin de son père et est omniprésent sur la scène politique depuis deux ans. Mais le congrès du PDGE qui devait l’introniser candidat en novembre 2021 ne l’a finalement pas fait, à la surprise générale.

Deux camps

À deux mois du scrutin, les Équato-Guinéens – mais aussi les observateurs et diplomates – s’interrogent aujourd’hui sur qui l’emportera entre Teodorin et les caciques du régime, qui voient d’un mauvais œil le fils à la tête de ce pays riche de ses hydrocarbures et poussent le père à rempiler. L’issue des législatives ne fait, elle, guère de doute, comme à chaque scrutin : le PDGE ne devrait laisser que quelques miettes à des mouvements d’opposition.

Il y a dix mois, le congrès du parti a donné lieu à d’inédites querelles entre les partisans de Teodorin, condamné en 2021 à trois ans de prison avec sursis en France dans le cadre des affaires dites des « biens mal acquis », et son père, président depuis 1979, lorsqu’il a renversé son oncle, Francisco Macías Nguema.

L’anticipation de la présidentielle a officiellement été justifiée par la nécessité de regrouper des scrutins coûteux en pleine crise économique, due notamment à « la guerre en Ukraine » et à la « pandémie de Covid ». Mais les observateurs y voient plutôt la volonté d’un des deux camps de pousser ce qu’il croit être son avantage.

Lundi, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui détient le record mondial de longévité au pouvoir des chefs d’État encore vivants, hors monarchies, a aboli la peine de mort. Son pouvoir n’en reste pas moins régulièrement accusé par les ONG internationales et les capitales occidentales de bafouer les droits humains.

Par Jeune Afrique avec AFP

Présidentielle au Kenya : l’élection de William Ruto confirmée par la Cour suprême

septembre 5, 2022

La plus haute instance judiciaire du pays a validé l’élection du vice-président sortant au scrutin du 9 août. Son rival, Raila Odinga, qui avait dénoncé des fraudes, subit ainsi sa 5e défaite dans la course à la magistrature suprême.

William Ruto à Nairobi, le 15 août, après la proclamation de sa victoire à la présidentielle kényane. © REUTERS/Thomas Mukoya

« C’est une décision unanime. Les recours sont par la présente rejetés. En conséquence, nous déclarons le premier défendeur (William Ruto) président élu », a déclaré la présidente de la Cour suprême Martha Koome. En vertu de la Constitution, William Ruto doit prêter serment le 13 septembre. Il deviendra à 55 ans le cinquième président du Kenya depuis l’indépendance du pays en 1963.

Les deux camps ont promis ces derniers jours de respecter la décision de la plus haute juridiction, connue pour son indépendance. Le 15 août, le vice-président sortant William Ruto avait été déclaré vainqueur d’un des scrutins les plus serrés de l’histoire du Kenya, avec environ 233 000 voix d’avance (50,49% contre 48,85%) sur Raila Odinga, 77 ans.

Pour Raila Odinga, cette décision entérine sa cinquième défaite en autant de candidatures à la présidence. Odinga, figure historique de l’opposition soutenue cette année par le président sortant Uhuru Kenyatta et son puissant parti, a contesté les résultats des trois dernières présidentielles.

Proclamation des résultats chaotique

Il avait obtenu en 2017 l’annulation de l’élection par la Cour suprême, une première en Afrique. Il avait fait de cette nouvelle bataille judiciaire « un combat pour la démocratie et la bonne gouvernance » face aux « cartels de la corruption ».

Le scrutin s’était déroulé dans le calme le 9 août. Mais la proclamation des résultats avait été chaotique, quatre des sept membres de la commission électorale (IEBC) s’étaient désolidarisés des résultats, accusant leur chef Wafula Chebukati de s’être engagé dans un processus « opaque ». La proclamation de l’élection de Ruto avait ensuite déclenché des échauffourées dans des bastions de partisans de Odinga. Les périodes électorales au Kenya ont à plusieurs reprises été sources de violences. Les plus meurtrières, en 2007, ont fait plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés.

Jeune Afrique par Pierre-François Naudé (Avec AFP)