Sur fond de tensions politiques, alors que les appels à manifester de l’opposition ont repris, les principales organisations de presse accusent la junte de censurer internet et d’avoir saisi les émetteurs de deux radios.
La junte dirigée par Mamadi Doumbouya pratique-t-elle la censure des médias ? C’est en tout cas l’avis des principales organisations de presse guinéennes, représentant télévisions, radios, journaux et sites d’information privés, qui ont pointé du doigt, jeudi 18 mai, la restriction ou le blocage de l’accès à des sites internet d’information et à des réseaux sociaux populaires, dans un contexte politique tendu, marqué par les appels de l’opposition à manifester.
Elles ont aussi dénoncé une descente effectuée mercredi par des gendarmes au siège du groupe de presse Afric Vision, à Conakry, et la saisie des émetteurs de deux radios.
« Des actions liberticides engagées par l’Autorité de régulation des postes et télécommunications contre les médias guinéens », fustige le communiqué des organisations de presse, lesquelles « condamnent cette censure, qui est un recul de la démocratie » et annoncent leur décision de ne plus participer à la semaine des métiers de l’information et de la communication organisée par le gouvernement.
« Méthodes rétrogrades »
Depuis mercredi, les internautes guinéens se plaignent de la difficulté ou de l’impossibilité d’accès sans VPN à des sites d’information ou à des réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp, Instagram ou TikTok. Les problèmes ont été confirmés par le service de surveillance d’internet NetBlocks. L’influente Association des blogueurs de Guinée, Ablogui, a parlé dans un communiqué distinct de « méthodes rétrogrades qui déshonorent la Guinée ».
Le porte-parole du gouvernement et ministre des Télécommunications, Ousmane Gaoual Diallo, a cependant réfuté toute implication des autorités. Il a parlé devant les journalistes « d’une panne qui se produit partout », a rapporté le site d’information Guinéenews. « Si le gouvernement décide de fermer internet, il le fera et en assumera les conséquences. Cependant, ce n’est pas le cas », a-t-il déclaré. Quant à Afric Vision, les autorités attendent que le groupe produise des éléments corroborant ses dires, a-t-il déclaré. Mais tout média qui troublera la paix sociale « sera fermé sans hésitation », a-t-il prévenu.
Manifestation peu suivie
Alors que la junte interdit toute manifestation depuis 2022, l’opposition avait appelé à défiler dans les rues mercredi et jeudi, annulant finalement sa deuxième journée d’action. L’appel de la veille avait été peu suivi d’effet dans les rues de Conakry, placées sous contrôle étroit de l’armée et des forces de sécurité.
Les Forces vives, collectif de partis et organisations, ont cependant revendiqué d’avoir paralysé l’activité dans différents secteurs de la capitale. Elles accusent le colonel Mamadi Doumbouya et un certain nombre d’officiels de faire preuve de « folie meurtrière » et d’essayer de mener à bien un projet de confiscation du pouvoir, alors que les militaires – sous la pression de pays et d’institutions de la sous-région – ont consenti à laisser la place à des civils élus d’ici à la fin de 2024.
Le patron du New York Times a affirmé dimanche avoir prévenu le président Donald Trump, qu’il a rencontré il y a une dizaine de jours à la Maison Blanche, que son discours contre les médias était « dangereux et nuisible ».
« J’ai dit au président directement que je pensais que son discours n’était pas seulement facteur de division mais était de plus en plus dangereux », a indiqué A.G. Sulzberger dans un communiqué confirmant cette rencontre tenue le 20 juillet à la demande de la Maison Blanche.
« Je l’ai imploré de revenir sur ses vastes attaques contre le journalisme, que je pense être dangereuses et nuisibles pour notre pays », a ajouté M. Sulzberger.
M. Trump avait tweeté sur cet entretien plus tôt dimanche, évoquant « une très bonne et intéressante rencontre ».
« Avons passé beaucoup de temps à parler des vastes quantités de Fake News qui sont publiées par les médias et comment ces Fake News se sont métamorphosées en une phrase, +Ennemi du peuple+. Triste! », avait-il ajouté, sans fournir d’autres détails.
Les médias généralistes dans leur ensemble, qu’il appelle régulièrement « Fake News Media » (les médias des fausses informations) lorsqu’ils ne lui sont pas favorables, sont attaqués sans relâche par le président y compris le New York Times.
Le journal, l’un des plus prestigieux des Etats-Unis, a expliqué dans un communiqué que M. Sulzberger et James Bennet, responsable de la page éditoriale du NYT, s’étaient rendus à la Maison Blanche pour ce qui devait être une rencontre confidentielle.
« Mais avec le tweet de M. Trump ce matin, la rencontre a été placée dans le domaine public, donc A.G. a décidé de répondre à la description de leur conversation, d’après ses notes et celles de James », a précisé le NYT.
« Mon objectif principal en acceptant cette rencontre était de soulever mes inquiétudes au sujet de la rhétorique anti-presse extrêmement troublante du président », a expliqué celui qui a succédé début 2018 à son père Arthur Ochs Sulzberger comme directeur de la publication du NYT.
« Je lui ai dit que bien que l’expression +Fake News+ soit fausse et nuisible, j’étais beaucoup plus préoccupé par sa qualification des journalistes d+’ennemis du peuple+ », a-t-il rapporté.
« Je l’ai prévenu que ce langage incendiaire contribuait à une augmentation des menaces contre les journalistes et allait inciter à la violence », a poursuivi Arthur Gregg (AG) Sulzberger, 37 ans, précisant avoir également insisté sur le fait que « c’est particulièrement vrai à l’étranger ».
« La rhétorique du président est utilisée par certains régimes pour justifier des répressions d’ampleur contre les journalistes », a-t-il dénoncé. « Je l’ai prévenu que cela mettait des vies en danger, que cela nuisait aux idéaux démocratiques de notre nation et que cela affectait l’un des plus grands domaines d’influence de de notre pays: l’engagement pour la liberté d’expression et la liberté de la presse ».
Davos (Suisse) – Le président américain Donald Trump a été hué vendredi à Davos après s’en être pris à la presse qu’il a qualifiée de « méchante » et « fausse ».
« J’ai toujours eu une très bonne presse quand j’étais homme d’affaires. Ce n’est qu’en devenant un homme politique que j’ai réalisé à quel point la presse peut être méchante » et « fausse », a-t-il dit lors du Forum économique mondial.
« Ecoutez-moi ça. Lui qui parle de +fake news+! » s’est étranglée en l’entendant Anya Schiffrin. Cette professeure à l’université de Colombia, portant un T-Shirt « Not my president », a écouté Donald Trump à l’extérieur de la salle.
Avant ces propos tenus lors d’un court échange informel sur la scène avec l’organisateur du Forum économique mondial, Klaus Schwab, le président américain s’en était tenu à un discours écrit sur mesure pour ce grand raout du capitalisme et du libre-échange.
Dans la matinée, Donald Trump avait balayé d’un « fake news » les informations du New York Times, selon lesquelles il aurait donné l’ordre en juin 2017 de renvoyer le procureur spécial Robert Mueller, avant de se raviser.
Robert Mueller mène l’enquête ultra-sensible sur les soupçons de collusion entre l’équipe de campagne Trump et Moscou.
Washington – Le président américain Donald Trump a mis en garde vendredi matin l’ancien patron du FBI James Comey, qu’il a limogé mardi soir contre toute attente, de ne pas faire de révélations à la presse.
« James Comey ferait bien d’espérer qu’il n’existe pas d’+enregistrements+ de nos conversations avant qu’il ne commence à faire des révélations à la presse! », a tweeté M. Trump, lors d’une série de tweets matinaux dont il a l’habitude.
Le président a indiqué jeudi dans un entretien à NBC avoir eu deux conversations téléphoniques, et un dîner, avec M. Comey au cours desquels il a demandé s’il était visé par l’enquête du FBI sur une collusion avec la Russie.
« J’ai dit +Si c’est possible, pouvez-vous me dire s’il y a une enquête sur moi?+ Il a dit qu’il n’y avait pas d’enquête sur moi », a expliqué M. Trump à la chaîne de télévision américaine, en référence à l’enquête en cours au FBI sur de possibles liens entre son entourage et des responsables russes durant la campagne électorale de 2016.
Deux enquêtes sont également en cours au Congrès pour déterminer s’il y a eu collusion avec la Russie pour favoriser la candidature du républicain au détriment de son adversaire démocrate Hillary Clinton.
M. Trump a également réagi vendredi matin aux critiques concernant la communication de ses équipes après le limogeage surprise de M. Comey. Les versions ont en effet fluctué au fil des jours, différant même en fonction des interlocuteurs.
« En tant que président très actif avec énormément de choses en cours, il n’est pas toujours possible à mes équipes de se tenir sur un podium en ayant une parfaite exactitude », a relevé le milliardaire.
« La meilleure chose serait peut-être d’annuler tous les +points de presse+ à l’avenir et de remettre des réponses par écrit pour davantage d’exactitude », a-t-il poursuivi.
L’élection du centriste pro-européen Emmanuel Macron à la présidentielle française face à son adversaire d’extrême droite Marine Le Pen, constitue une victoire contre le populisme et un soulagement pour l’Europe, mais tout reste à faire pour le plus jeune chef de l’Etat français, selon la presse française et étrangère.
Europe
FRANCE: Le quotidien Le Monde voit plusieurs « raisons de relativiser ce succès » : « une grande partie des Français n’a pas voté +pour+ un candidat mais +contre+ l’extrême droite », ainsi que le niveau record d’abstentions et de vote blancs et nul. Emmanuel Macron sera « le président dont la légitimité sortie des urnes sera, probablement, la plus rapidement remise en cause ».
Pour le quotidien de gauche Libération, il s’agit d’une « victoire sous pression », car « la forte abstention, malgré la menace FN, est déjà le signe d’une insatisfaction vis-à-vis du nouveau président ».
Le quotidien de droite Le Figaro voit « une élection en demi teinte », avec la plus forte abstention depuis 1969 et une dispersion de l’électorat en quatre blocs. Le journal anticipe des législatives difficiles pour le nouveau président « d’ores-et-déjà privé d’un état de grâce ».
Le quotidien économique libéral Les Echos salue lui « le choix de l’espoir » avec un « nouveau visage de la France, jeune, audacieuse, conquérante ».
Pour le quotidien communiste L’Humanité, « un nouveau combat commence » afin de « contester les politiques libérales annoncées par le nouveau chef de l’Etat ».
ESPAGNE : « La France a choisi Macron et contient le populisme », écrit le journal El País. « Et la France a dit non. La victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle, un pro-Européen et un ex-banquier libéral, a contenu la vague du mécontentement populiste qui a triomphé en novembre à l’élection présidentielle américaine et avant le référendum britannique ». « Après le Brexit et Trump, il n’y aura pas Le Pen ».
ALLEMAGNE : Pour le quotidien allemand conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung, « l’Europe évite le cauchemar. L’impensable a été évité: la France ne va pas être dirigée par une femme d’extrême droite. La victoire nette d’Emmanuel Macron donne de la confiance, mais l’Europe ne doit pas se faire d’illusions pour autant ».
Le quotidien de gauche Tageszeitung écrit aussi que « la nette victoire d’Emmanuel Macron est un énorme soulagement pour la France. »
SUISSE : « Un homme neuf » pour le journal Le temps : « Emmanuel Macron a réussi son pari insensé. Au-delà du niveau de l’abstention, de la radicalisation des extrêmes à droite comme à gauche et du délitement des partis traditionnels, l’enseignement principal de ce 7 mai est que la France s’est choisie un homme neuf pour entamer sa transformation ».
GRANDE-BRETAGNE: « Bonne chance M. Macron, vous allez en avoir besoin », écrit The Guardian qui s’inquiète du niveau record de l’extrême-droite; « Tout autre résultat aurait été une catastrophe européenne et pour une fois, heureusement, les sondages avaient raison ».
RUSSIE: Le quotidien Vedomosti estime que les Français ont fait le choix du « candidat qui représente les principes essentiels de la Ve République: le gouvernement par une élite qualifiée et l’engagement dans l’intégration européenne ».
Le journal en ligne Gazeta.ru souligne que le nouveau président « devra répondre à la demande de changement, ne luttant pas tant contre un programme conservateur que contre les attentes négatives et le risque de déjà vu ».
Etats-Unis
Le New York Times voit dans la victoire de M. Macron un « grand soulagement pour l’Europe ». Mais il averti que le président élu est confronté à « des défis considérables. Il prend la tête d’une nation profondément divisée, tout comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres grandes démocraties ». Le score de Mme Le Pen au second tour prouve pour le quotidien l’importance « du désespoir de ceux qu’elle appelle les oubliés (en français dans le texte) ».
Asie
AUSTRALIE: Pour The Sydney Morning Herald, « La France vote pour l’optimisme ». Le journal souligne aussi le « soulagement pour l’Europe ».
Les hauteurs de Bujumbura, le 23 janvier 2016. Crédits : Phil Moore pour Le Monde« Est-ce un message que nous adresse le gouvernement ? » Antoine Kaburahe, directeur d’Iwacu, le dernier média burundais indépendant, s’interroge. Jean Bigirimana, journaliste pour Iwacu, a disparu vendredi 22 juillet dans l’après-midi. Ni le groupe de presse, ni les associations, n’a de nouvelle depuis. Quelques jours plus tard, le 30 juillet, Boaz Ntaconayigize, journaliste de la radio Bonesha exilé à Kampala, est poignardé dans les rues de la capitale ougandaise. Si les raisons de ces deux actes restent inconnues, beaucoup y voient un nouveau signe de la censure qu’impose le gouvernement à ceux qui défendent la parole publique au Burundi.
« J’ai été le dernier patron de presse à partir, le gouvernement a dû croire à mon départ que c’en était fini d’Iwacu », dit Antoine Kaburahe, aujourd’hui exilé en Belgique. Un par un, les patrons de presse burundais ont fui le pays, à la suite de la destruction des radios indépendantes durant la tentative avortée de coup d’état, les 13 et 14 mai 2015.
« Mais Iwacu a continué, on n’a pas arrêté, et c’est peut-être pour ça que Jean Bigirimana a disparu », poursuit-il. Le soir de sa disparition, sa rédaction est avertie par un appel anonyme, alors que des témoins attestent avoir vu des agents des services de renseignement burundais (SNR) le faire monter à bord d’une camionnette.
Les services de renseignement soupçonnés
« En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’il est encore en vie », veut rassurer Antoine Kaburahe, dont le journal enquête et a lancé un appel à témoins. Mais une autre source se veut moins sûre : « Jean Bigirimana a été torturé, son état est grave, peut-être qu’il est mort ». La police et le SNR, pointés du doigt par Reporters Sans Frontières, démentent encore aujourd’hui détenir le journaliste.
« Iwacu est encore une fois victime d’avoir une opinion différente de celle du gouvernement, se désole Innocent Muhozi, président de l’Observatoire de la Presse Burundaise (OPB) et directeur de la radio-télévision Renaissance, en exil depuis juillet 2015. Les journalistes sont témoins de la réalité de ce qu’il se passe, et le gouvernement ne veut pas que l’on sache ».
Cette censure est une gageure du régime burundais, qui, étape par étape depuis la réélection controversée de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, a enterré le paysage médiatique du pays. « D’abord, ils ont fait taire les médias locaux, les 13 et 14 mai, analyse un journaliste sous le sceau de l’anonymat. Et puis ça a été les médias internationaux, RFI et France 24 notamment, avant que tous ceux qui ne sont pas d’accord soient pris pour cible. »
Comme toutes les radios indépendantes, la Radio Publique Africaine (RPA) a été prise pour cible les 13 et 14 mai 2015. Crédits : JENNIFER HUXTA / AFP
Fin juin 2016, Le Monde Afrique s’était entretenu avec Jean Bigirimana, à l’époque premier témoin de ce rétrécissement de l’espace public.
« Le 13 mai 2015, le jour du coup d’Etat manqué, les putschistes ont commencé par détruire et par incendier les radios de la mouvance gouvernementale, dont la radio REMA où je travaillais », racontait le journaliste aujourd’hui disparu.
Quelques jours plus tard, les forces loyalistes à Pierre Nkurunziza prenaient le dessus sur les putschistes et Jean Birigimana se retrouve dépourvue de travail. « Les journalistes sont partis en débandade, nous avons été mis en chômage forcé et nous n’avons pas eu de salaire, dit alors Jean Bigirimana. Puis, lorsque les loyalistes ont repris le pouvoir, ça a été au tour des radios de l’opposition d’être incendiées. »
Toutes les radios indépendantes ont été fermées. En février 2016, deux d’entre elles, REMA FM et Isanganiro, ont été autorisées à rouvrir. Pour Jean Bigirimana, le Burundi d’avant-crise « était un pays qui avait un certain pluralisme médiatique ». Le journaliste avait partagé en juin sa vision du journalisme, libre et pluraliste, un mois avant d’en subir les conséquences dramatiques. « Le projet de web radio lancé par Iwacu, qui regroupe des journalistes de tendance diverses, de REMA, de Bonesha, de Isanganiro, est une initiative très positive, qui me permettra de développer mes compétences journalistiques dans un journal qui promeut la diversité. »
Alors que l’espace médiatique se réduit, la diffusion des idées du régime, elle, s’est fortement intensifiée ces derniers mois. « Il y a une vraie campagne de désinformation menée par le régime, continue le journaliste sous le sceau de l’anonymat. La tournée au Canada du directeur de la communication de la présidence, Willy Nyamitwe, et du conseiller du président Luc Michel en est un bon exemple. »
Ce dernier, figure de l’extrême droite belge, que les proches du régime présentent comme un « géostratège » mais dont les compétences restent floues, s’est affiché à plusieurs occasions ces derniers mois en compagnie du président Pierre Nkurunziza. À Montréal, Willy Nyamitwe et lui défendent depuis quelques jours les « vrais enjeux de la crise au Burundi », dans un événement présenté comme une « conférence-débat » organisée « en collaboration avec l’ambassade du Burundi au Canada ».
Le régime de Pierre Nkurunziza veut verrouiller l’information qui sort du Burundi. « À cause du manque de pluralisme dans les médias, les gens se sont rapidement tournés vers les réseaux sociaux, explique Patrick Nduwimana, directeur de Bonesha FM, une radio indépendante burundaise. Et du coup, ils essaient d’occuper ces réseaux sociaux, avec des mensonges, de la désinformation. » Si sa radio continue d’émettre, une fois par jour et le temps d‘un journal d’une trentaine de minutes, lui et beaucoup de journalistes de la radio ont du prendre le chemin de l’exil, au Kenya, au Rwanda, et en Ouganda, principalement.
Boaz Ntaconayigize poignardé à Kampala
C’est précisément à Kampala, samedi 30 juillet dans la soirée, que le journaliste de Bonesha FM, Boaz Ntaconayigize a été agressé. Blessé à coups de couteau et de matraques, il est laissé pour mort dans un caniveau, mais s’en sortira. « Il y avait quatre hommes, dont deux Burundais, Boaz les a reconnu, raconte son rédacteur en chef. Une semaine avant, il avait mis en garde la police et dénoncé la présence à Kampala de personnes qu’il suspectait d’être des agents du régime ».
Cette présence hors des frontières d’agents du régime est monnaie courante dans les pays frontaliers du Burundi. En juin 2016, l’ONG Human Rights Watch a dénoncé des viols collectifs de Burundais dans les camps de réfugiés, en Tanzanie, par des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Des agressions d’opposants au régime et de journalistes ont aussi été relayées en Ouganda et au Kenya. Le but ? « traquer et faire du mal aux journalistes en exil », estime le directeur d’une des rares radios indépendantes du Burundui, Patrick Nduwimana.
Contactés par Le Monde Afrique, ni le porte-parole de la police burundaise, Pierre Nkurikiye, ni le conseiller à la présidence du Burundi, Willy Niyamitwe, ni le directeur du Conseil National de la Communication (CNC) du Burundi, Ramadhan Karenge, n’ont répondu à nos sollicitations. Le 25 juillet, sur les réseaux sociaux, Pierre Nkurikiye expliquait que Jean Birigirimana n’était pas détenu par les forces de sécurité. Et d’ajouter : « Sa famille invitée à collaborer pour l’enquête ».
Les éditorialistes romands ne se montrent pas autrement surpris par le résultat du référendum vendredi en Grande-Bretagne. Pour la plupart, le Brexit sonne le réveil des peuples européens.
« Depuis plus de dix ans, la colère des peuples européens gronde. Et les dirigeants de l’Union européenne n’entendent rien et regardent ailleurs. Avec le vote des Britanniques (…), les leaders politiques européens ne peuvent plus faire semblant », constatent La Tribune de Genève et 24 Heures.
Et les quotidiens lémaniques d’appréhender d’ores et déjà une fausse sortie de crise: « Malheureusement, ces leaders risquent de donner une mauvaise réponse à ce choc en proposant une plus grande intégration européenne. Ce n’est pas ce que les peuples attendent. Les peuples veulent que leur industrie, leurs emplois, leurs conditions de vie, leur sécurité soient mieux défendus en Europe ».
Flegmatique
Pour Le Temps, « les vraies conséquences économiques du Brexit seront diluées entre après-demain et les deux prochaines années. Un peu de flegme s’impose ». « Keep calm and slow down… », prescrit le journal. « Du flegme ? Il en faudrait un peu plus. Certes, les mouvements sont brusques et des pertes, il y en aura. Mais cela ne devrait pas forcément durer ».
Et Le Temps de poser en aparté cette question pleine de bon sens: « Le Brexit peut-il empêcher les Britanniques d’acheter des montres et de venir passer des vacances en Suisse? Cela reste à prouver ».
L’Agefi adopte un ton grave: « Le Royaume-Uni va peut-être y laisser son unité, l’UE aussi, et c’est bien de cela qu’il s’agit: il faudra compter dix ans de détricotage et de brume en Europe. Avec les inconnues inhérentes à ce genre de situation, ce qui ne va certainement pas favoriser la conjoncture globale ».
L’Hebdo, lui, entame son édito par une interrogation: « Quelle Europe voulons-nous ? » Et de constater amèrement que « l’Europe fiscale, budgétaire et sociale n’existe toujours pas (…) La monnaie est le miroir d’un peuple, elle n’est pas son horizon. La charrue a été mise avant les b½ufs », observe-t-il.
« De même, poursuit-il, les nations que certains ‘bons esprits’ croyaient mortes et enterrées sont toujours bel et bien dans le c½ur des peuples. Il suffit de voir l’Eurofoot pour s’en convaincre ! »
Allemagne isolée
Enfin, pour Le Matin, « le principal problème de l’Europe, c’est qu’elle s’est construite sur un idéal pas toujours compatible avec la volonté populaire (…) Le Royaume-Uni incarne bien cette ambivalence », note-t-il.
Il conclut: « Ce 24 juin 2016, l’Europe a perdu un de ses poids lourds. Alors que la France et l’Italie sont incapables de faire contrepoids, l’Allemagne va se retrouver bien seule comme leader d’un colosse non seulement aux pieds d’argile, mais en plus amputé ».
Période d' »incertitudes »
Outre-Sarine, le Brexit est aussi largement évoqué. La NZZ fait état d’une période « d’incertitudes » également en ce qui concerne le suivi de l’accord bilatéral avec la Suisse car, déplore le journal zurichois sur son site, « Bruxelles a maintenant d’autres soucis ».
Son concurrent, le Tages Anzeiger, qualifie le Brexit « d’ère nouvelle, de tremblement de terre et de moment historique ». Et le quotidien, qui avance le terme de « cercle vicieux », de prédire des lendemains difficiles pour plusieurs gouvernements européens.
La presse bernoise, via la Berner Zeitung, résume l’état des lieux: « c’est grave pour la Grande-Bretagne, un problème existentiel pour le Club de Bruxelles et une calamité pour le monde économique ».
En publiant vendredi sur Facebook ses explications par rapport aux nombreux mensonges répertoriés par la journaliste Isabelle Hachey – qu’il qualifie d’erreurs de jugement – le journaliste tombé en disgrâce, François Bugingo en a fait sourciller plus d’un… Entre autres le journaliste et animateur Patrick Lagacé, qui digère mal ce témoignage victimisant.
Le lecteur jugera, mais j’ai personnellement avalé de travers en lisant ces mots, parce que même dans le civil, François pouvait raconter des mensonges. Pièce à conviction : le jeudi 30 avril, j’ai participé à l’enregistrement de Tout le monde en parle avec trois autres journalistes, dont François, pour la Journée internationale de la liberté de presse. Avant l’enregistrement, alors que je discutais avec Caroline Locher, de la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ), François nous accoste. Il entreprend de nous raconter – dans la minute suivant son arrivée – une anecdote bouleversante sur son voyage tout récent en Arménie.
Le guide qu’il avait pris pour aller à la frontière du Haut-Karabakh, où Arméniens et Azerbaïdjanais se tirent dessus, y avait reçu une balle dans la jambe !
Et François de nous raconter en détail comment il a tenté de juguler le sang qui coulait, ce sang qui ne coagulait pas ; il nous a raconté le voyage frénétique en voiture vers l’hôpital…
Ouf.
J’ai raconté cette anecdote à Isabelle Hachey. Deux semaines plus tard, quand elle a interviewé François, elle lui a demandé si son séjour au Haut-Karabakh avait été « chaud ».
Réponse : non.
Il ne s’est rien passé ?, a insisté la journaliste de La Presse.
Réponse de François : « Il ne s’est rien passé. Non, pas cette fois-là. »
Il a fallu qu’Isabelle lui rappelle ce qu’il avait raconté à une employée de la FPJQ et à un journaliste de La Presse, dans les coulisses de Tout le monde en parle, de cette balle dans la jambe du guide, pour qu’il se « souvienne » enfin…
Et c’était maintenant « un petit truc de rien du tout », une « fausse alerte » où la guide – c’était maintenant une guide – avait eu une « éraflure ». François, désormais, dédramatisait : « C’était complètement ridicule, a-t-il dit à Isabelle, parce qu’il ne s’est absolument rien passé. Oui, j’ai eu un moment de frayeur que je prends aujourd’hui à la blague parce que c’était complètement une absurdité affligeante. »
Je pense que la « switch » du mensonge chez François ne servait pas qu’à intéresser les Québécois à l’actualité internationale. Je pense que ces mensonges n’avaient qu’un lien distant avec son métier : ils servaient surtout à le rendre intéressant, lui, dans la vie.
Voilà qui confirme les tendances mythomanes et l’égo démesuré du journaliste déchu, qui n’a reconnu ses torts que du bout des lèvres… Quelle triste histoire!