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Egypte: en rétablissant le Parlement, Morsi provoque un « séisme politique »

juillet 9, 2012
Egypte: en rétablissant le Parlement, Morsi provoque un 'séisme politique' Egypte: en rétablissant le Parlement, Morsi provoque un « séisme politique » © AFP

La décision du président égyptien de rétablir le Parlement dissous a déclenché un séisme politique en Egypte, où certains saluent ce défi à l’égard de l’armée, tandis que d’autres regrettent un « coup d’Etat constitutionnel » témoignant d’un manque de respect pour la démocratie.

Mohamed Morsi a annulé dimanche par décret la décision de justice dissolvant l’Assemblée du peuple, dominée par les islamistes, et invité la chambre à se réunir de nouveau et à exercer ses prérogatives.

L’Assemblée avait été dissoute après un arrêt de la Haute cour constitutionnelle la déclarant invalide en raison d’un vice juridique dans la loi ayant régi les législatives de l’hiver.

Sur la base de ce jugement, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), à qui Hosni Moubarak avait remis le pouvoir en démissionnant sous la pression de la rue en février 2011, a annoncé dans une « Déclaration constitutionnelle complémentaire » qu’il exercerait le pouvoir législatif jusqu’à l’élection d’une nouvelle Assemblée.

« La décision de Morsi de rétablir le Parlement jusqu’à la tenue de nouvelles élections est la première étape dans l’inversion de la Déclaration constitutionnelle », estime le militant de gauche Waël Khalil, appelant à d’autres mesures pour « restaurer toute l’autorité des élus ».

Le décret de M. Morsi a été salué par ceux qui veulent voir l’armée sortir de la politique et regrettent que la Déclaration constitutionnelle ait considérablement affaibli la fonction de président.

« Comment certains peuvent-ils être opposés à la déclaration constitutionnelle (. . . ) et quand (le président) commence à reprendre son pouvoir de l’armée, se mettre en colère? », s’interroge l’écrivain Alaa al-Aswany.

Le décret présidentiel prévoit aussi « l’organisation d’élections anticipées pour la Chambre, 60 jours après l’approbation par référendum de la nouvelle Constitution du pays, et l’adoption d’une nouvelle loi régissant le Parlement ».

Des journaux ont décrit la décision de M. Morsi comme un « séisme politique » forçant l’armée à la confrontation avec le président.

« Morsi a dit au CSFA échec et mat », écrit en Une le quotidien indépendant Al-Watan, tandis qu’un autre quotidien, Al-Tahrir, titre « Morsi a battu le CSFA ».

La Haute cour constitutionnelle a rejeté le décret, soulignant que ses jugements étaient « définitifs (. . . ) et contraignants », tout en disant n’être partie prenante dans aucune lutte politique.

Et pour certains, la décision du président est un « coup d’Etat constitutionnel ».

Selon le prix Nobel et opposant Mohamed ElBaradei, elle montre « un mépris pour l’autorité judiciaire et place l’Egypte dans un coma constitutionnel et un conflit entre les institutions ».

Des hommes politiques laïques ont de leur côté critiqué le monopole du pouvoir par les Frères musulmans.

« Le CSFA doit agir contre ce coup d’Etat constitutionnel, l’Egypte n’est pas dirigée par le bureau de guidance des Frères musulmans », a dit le député libéral Mohammed Abou Hamed.

« Dans un pays démocratique, un président ne peut manquer de respect à la justice », affirme Rifaat al-Saïd, chef du parti de gauche Al-Tagammu. « Qu’il le veuille ou non, Morsi doit respecter les décisions de la justice », a-t-il ajouté.

La Déclaration constitutionnelle avait été qualifiée de « coup d’Etat » par les Frères musulmans, faisant monter d’un cran les tensions politiques entre les islamistes et les militaires, rivaux historiques.

Certains, comme le candidat malheureux à la présidence Abdel Moneim Aboul Foutouh, ont estimé que la décision de M. Morsi pouvait être le moyen de sortir de la confrontation.

« Le respect de la volonté populaire par le biais du rétablissement du Parlement élu et le respect de la justice par le biais de la tenue d’élections législatives est le moyen de sortir de cette crise », a-t-il écrit sur Twitter.

Jeuneafrique.com avec AFP

Egypte: cinq morts dans des affrontements au Caire

mai 2, 2012

Cinq personnes ont été tuées et 50 blessées après une attaque mercredi contre un rassemblement hostile au pouvoir militaire près du ministère de la Défense au Caire, a-t-on appris de sources médicales et des services de sécurité.

Des assaillants non identifiés ont attaqué à l’aube les protestataires, rassemblés depuis plusieurs jours pour réclamer le départ de l’armée du pouvoir. De violents affrontements ont éclaté, les deux côtés faisant usage de cocktails molotov et de pierres, selon la source de sécurité.

Un médecin dans un hôpital de campagne établi dans le secteur a fait état de cinq morts et d’au moins 50 blessés dans les violences qui selon la télévision d’Etat se poursuivaient en milieu de matinée.

Le ministère de la Santé a confirmé le bilan.

Parmi les protestataires figurent des partisans du leader salafiste Hazem Abou Ismaïl, qui campaient dans le secteur depuis samedi après l’exclusion par la commission électorale de ce candidat à la course présidentielle prévue les 23 et 24 mai.

Dimanche avant l’aube, une personne avait été tuée et 119 blessées dans des affrontements ayant opposé des partisans de Hazem Abou Ismaïl à des habitants du quartier de Abbassiya, non loin du ministère de la Défense.

Les violences lors des manifestations en Egypte sont fréquemment attribuées à des hommes de main commandités notamment par l’armée arrivée au pouvoir après la chute sous la pression de la rue du régime de Hosni Moubarak en février 2011.

Hazem Abou Ismaïl fait partie de dix candidats sur 23 à avoir été éliminés en raison d’irrégularités dans leurs dossiers. Sa mère a obtenu selon les autorités la nationalité américaine, ce qui contrevient à la loi électorale qui stipule que le candidat, ses parents et son épouse doivent être uniquement Egyptiens.

La plupart de ses partisans crient « au complot » et refusent son exclusion.

La campagne pour l’élection présidentielle s’est officiellement ouverte lundi, dans un climat dominé par la concurrence entre candidats islamistes et libéraux laïques.

Elle s’arrêtera le 21 mai pour 48 heures de « silence politique » avant le premier tour les 23 et 24 mai. Un second tour est prévu les 16 et 17 juin.

L’armée a promis de rendre le pouvoir fin juin au nouveau président, à l’issue de ce scrutin d’une ouverture inédite en Egypte, après des décennies d’élections-plébiscites largement boudées par les électeurs faute d’enjeu réel.

Jeuneafrique.com avec AFP