Un communiqué plutôt inhabituel. Le diocèse de Fréjus-Toulon a annoncé la suspension de l’abbé Antoine Coelho qui aurait « l’intention d’épouser et de fonder une famille avec une femme de nationalité espagnole qu’il affirme être ‘l’incarnation’ de l’Esprit Saint », relate Nice-Matin. Prêtre depuis 2008 et issu du « mouvement charismatique », Antoine Coelho est l’un des fondateurs de la « Maison de l’Esprit Saint », une association qui s’était donné pour mission de promouvoir et répandre la foi catholique, notamment dans les rues de Toulon.
Cette communauté a été dissoute par l’évêque dans la foulée de la suspension d’Antoine Coelho. Le prêtre toulonnais a annoncé qu’il allait se marier ce dimanche 19 mars à Cracovie (Pologne). Le diocèse a immédiatement rendu une décision de suspension, où il ajoute que le prêtre a désormais l’interdiction de quitter le territoire et de rencontrer la femme en question.
Des propos étonnants
Antoine Coelho avait également eu des paroles déplacées dans une interview donnée il y a quelques mois, où il appelait à tenir une relation beaucoup plus intime avec Dieu, « de mari à épouse. » « Nous sommes dans une nouvelle ère dans laquelle nous devons vivre notre foi d’une manière différente, avec une relation toujours plus proche et plus intime avec Dieu (…) Selon moi, cette nouvelle ère est marquée par le fait de tomber amoureux (…) Nous sommes appelés à vivre une relation beaucoup plus aimante avec Dieu, de mari à épouse », avait-il indiqué.
Le diocèse a mis à disposition une cellule d’écoute et un soutien psychologique et spirituel. Mais ce n’est pas la première polémique autour du diocèse de Fréjus-Toulon. Des envoyés pontificaux sont intervenus en février en vue d’une mission de restructuration du séminaire. Leur rôle exact n’avait pas été dévoilé, mais le Vatican évoquait des difficultés rencontrées dans le diocèse.
Avec Le Point par Valentin Dechambre pour Le Point
Le pape François réaffirme ainsi son souhait d’une « tolérance zéro » face à ces affaires : « Un prêtre ne peut continuer d’être prêtre s’il est un agresseur. »
Le pape François intransigeant sur les affaires d’agressions sexuelles, qu’il qualifie de « monstruosités » selon lui selon des extraits d’un entretien accordé à une chaîne de télévision portugaise. « C’est très clair. C’est la tolérance zéro. Un prêtre ne peut continuer d’être prêtre s’il est un agresseur. Il ne le peut pas car il est, soit malade, soit un criminel », a dit le pape lors de cet entretien à TVI/CNN Portugal, dont des extraits ont été publiés sur le site internet de la chaîne.
« C’est monstrueux, car cela détruit des vies », a-t-il ajouté dans cette interview en deux parties qui sera diffusée dimanche et lundi soir. À l’instar de la France, une commission indépendante, dont les travaux ont débuté en début d’année, est chargée d’enquêter sur les agressions sexuelles au sein de l’Église au Portugal, un pays à forte tradition catholique. Cette commission, créée à initiative de l’Église, a déjà recueilli quelque 400 témoignages, dont 17 ont été communiqués à la justice, a récemment indiqué Pedro Stretch, le pédopsychiatre qui dirige ce groupe de travail dont les conclusions doivent être présentées à la fin de l’année.
« Je ne nie pas les abus. Un seul abus ce serait déjà monstrueux », a reconnu le pape dans cet entretien à la télévision portugaise. Le pape a indiqué en outre qu’il comptait se rendre au Portugal, lors des prochaines Journées mondiales de la jeunesse, rendez-vous mondial des jeunes catholiques qui se dérouleront du 1er au 6 août 2023. « Je pense m’y rendre. En tout cas, le pape ira », a-t-il affirmé. Initialement prévues pour le mois d’août 2022, les JMJ avaient été reportées d’un an en raison de la pandémie de Covid-19.
M. Bouvette a été contacté dès les premières rumeurs voulant que le pape François allait se présenter au Canada. Photo: La Presse Canadienne/Jason Franson
Lorsque les responsables du Vatican se sont lancés à la recherche d’une personne au Canada pour coordonner la visite du pape au pays, dans deux semaines, ils avaient certains critères en tête.
Dans un monde idéal, cette personne aurait eu des racines autochtones, un lien particulier avec les pensionnats et parlerait couramment italien.
Leur liste a été réduite à un candidat : Cristino Bouvette.
Le prêtre catholique de 36 ans est né d’une mère italienne et a des origines Cries et Métis du côté de son père. De plus, sa grand-mère est une survivante des pensionnats.
Ce rôle était parfait pour moi, a affirmé M. Bouvette en entrevue. C’est quelque chose que Dieu a placé sur mon chemin et je suis honoré qu’on me l’ait confié.
Des cérémonies adaptées aux survivants
M. Bouvette a été nommé directeur liturgique national pour la visite au Canada du pape François. Photo: La Presse Canadienne/Jason Franson
Sous le thème Marcher ensemble, la tournée papale est prévue du 24 au 29 juillet et doit mener le souverain pontife à Québec, à Edmonton et à Iqaluit. Le pape doit rencontrer des membres des Premières Nations et des survivants des pensionnats fédéraux.
Le rôle de M. Bouvette est de faire le lien entre les organisations locales et les responsables du Vatican pour assurer que les cérémonies qui auront lieu seront adaptées tant aux communautés qui les présenteront qu’à l’Église catholique.
Au départ, je ne voulais pas le faire, a avoué le prêtre de Calgary. C’est beaucoup de travail et je pensais que ce serait très compliqué. J’avais peur de faire des erreurs.
Déjà, être un prêtre autochtone amène son lot de pression, selon M. Bouvette. Il doit notamment représenter l’Église, tout en apportant du réconfort aux membres des Premières Nations qui ont toujours des séquelles de ce que les religieux leur ont fait vivre dans les pensionnats.
Environ 150 000 enfants autochtones ont été forcés de fréquenter les pensionnats fédéraux en l’espace de 100 ans. L’Église catholique était responsable de la gestion de près de 60 % des établissements.
Sa grand-mère a survécu aux pensionnats
Je sens qu’il y a beaucoup de gens qui attendent de moi que je fasse ou que je dise toujours la bonne chose au bon moment. C’est parfois lourd à porter, a reconnu M. Bouvette.
Il trouve toutefois de la force lorsqu’il pense à sa grand-mère.
À l’âge de sept ans, Amelia Mae Bouvette a été retirée de la garde de sa famille de la nation Crie, en Alberta, et a été envoyée dans un pensionnat d’Edmonton.
Malgré tout, elle n’a jamais abandonné sa foi chrétienne. Donc lorsque son petit-fils lui a annoncé qu’il voulait devenir prêtre, elle a rappelé qu’elle avait rencontré de bons prêtres dans sa vie.
Et elle espérait qu’il suive leurs traces.
Je peux voir encore voir son regard et sentir sa main dans ma main, a raconté M. Bouvette à propos de sa grand-mère, qui est décédée en 2019. Elle était un refuge pour moi. Je savais que peu importe ce que je faisais, elle me soutenait.
Les détails concernant les cérémonies prévues pendant la visite du pape ne sont pas encore connus, mais M. Bouvette a expliqué qu’il était important d’élaborer un programme dans lequel le pape François jouera un rôle de premier plan, tout en honorant les traditions et les coutumes autochtones.
J’espère que les personnes qui en attendent quelque chose obtiendront ce dont elles ont besoin et que, s’il y a des personnes qui ne pensent pas en avoir besoin ou qui n’en veulent pas, cela ne leur causera au moins aucun préjudice, a-t-il conclu.
Le pensionnat de Fort Alexander a ouvert ses portes en 1905 dans la communauté du même nom, qui est devenue par la suite la Première Nation de Sagkeeng, et a fermé en 1970 (archives). Photo : Fonds George Harris/Archives du Manitoba
L’ancien prêtre du pensionnat pour Autochtones de Fort Alexander au Manitoba, l’abbé Arthur Masse, a été arrêté dans le cadre d’une enquête concernant des allégations d’agressions, en cours depuis plus de 10 ans. L’homme de 92 ans est accusé d’atteinte à la pudeur sur une ancienne élève du pensionnat, âgée de 10 ans lors des faits allégués.
Selon un communiqué publié par la GRC, l’abbé Masse a été remis en liberté sous conditions et doit comparaître au tribunal de Powerview le 20 juillet.
Les traumatismes émotionnels vécus par les victimes d’agression sont réels, et malgré les années qui se sont écoulées entre les faits allégués et le moment où la police a mené l’enquête, ces traumatismes sont toujours présents, explique le sergent Paul Manaigre, présent à la conférence de presse de la GRC.
Le pensionnat de Fort Alexander a ouvert ses portes en 1905 dans la communauté du même nom, qui est devenue par la suite la Première Nation de Sagkeeng, et a fermé en 1970. Selon les autorités, l’infraction a été commise entre 1968 et 1970 alors que la victime fréquentait le pensionnat.
Les policiers expliquent que des officiers de la GRC ont commencé à examiner le cas de l’ancien pensionnat en 2010 et qu’une enquête criminelle a débuté l’année suivante.
L’enquête a passé en revue les archives du pensionnat, notamment la liste des étudiants et des employés. Les officiers ont également interrogé plus de 700 personnes à travers l’Amérique du Nord.
D’après les policiers, la vaste enquête impliquait 80 enquêteurs qui ont obtenu 75 déclarations de la part de victimes et de témoins dans l’affaire.
Malheureusement, en raison du passage du temps, de nombreuses victimes n’ont pas été en mesure de participer à l’enquête, que ce soit pour des raisons de santé mentale ou physique ou parce que la victime est maintenant décédée, explique le sergent Manaigre.
La GRC spécifie également que c’est la seule enquête sur les pensionnats pour Autochtones menée par la GRC du Manitoba. À la lumière de ces accusations, l’enquête est terminée.
Avec un drone, une fouille est en cours sur le site de l’ancien pensionnat Fort Alexander dans la communauté autochtone de Sagkeeng. Photo: Radio-Canada/ Walther Bernal
Le pensionnat de Fort Alexander avait une réputation de maltraitance. Des survivants ont témoigné devant la Commission de vérité et réconciliation, rappelant les méthodes disciplinaires brutales et la famine vécues par les enfants.
Alors qu’il était encore en activité, plus d’une vingtaine d’enfants provenant d’environ une douzaine de Premières Nations fréquentaient le pensionnat de Fort Alexander, pendant près de 10 mois par année.
Le père Guéorgui Edelchtein, 89 printemps, ne se lasse jamais d’un bon débat. Assis devant une collection d’icônes, il pointe un fauteuil vide. « J’aimerais avoir en face de moi un ou deux de mes adversaires. »
Pourquoi est-il l’un des rares prêtres orthodoxes de Russie à s’opposer à l’offensive en Ukraine ? Le vieux pope, barbe blanche et soutane noire, répond d’une voix chevrotante, mais sans hésitation.
« J’ai peur d’être un mauvais prêtre, car je n’ai pas toujours été contre toutes les guerres, mais j’ai toujours été contre les guerres agressives, de conquête. »
« L’Ukraine est indépendante, qu’ils fassent ce que bon leur semble », ajoute-t-il, interrogé par l’AFP dans sa maison du hameau de Novo-Bely Kamen, sur les bords de la Volga, à six heures de route de Moscou.
Depuis l’attaque du 24 février, seule une poignée de prêtres de l’Eglise russe — qui revendique 150 millions de fidèles à travers le monde — se sont prononcés ouvertement contre la campagne militaire du Kremlin.
A l’inverse, leur chef, le Patriarche Kirill, a multiplié les homélies belliqueuses, appelant à « faire corps » autour du pouvoir pour vaincre les « ennemis » de l’union historique entre la Russie et l’Ukraine.
Depuis sa nomination en 2009, Kirill prône sans modération une alliance avec le régime de Vladimir Poutine, au nom de valeurs conservatrices opposées à un Occident jugé impie.
L’actuelle Eglise orthodoxe russe, institution très hiérarchisée sous contrôle des services secrets pendant l’URSS, n’a jamais encouragé la critique. Mais des irréductibles demeurent.
« Sang sur les mains »
Le 25 février, le père Edelchtein a signé une lettre rédigée par l’un de ses amis, le père Ioann Bourdine, et publiée sur le site de leur paroisse du village de Karabanovo, dans la région de Kostroma.
« Le sang des Ukrainiens n’est pas seulement sur les mains des dirigeants russes et des soldats exécutant les ordres. Il est aussi sur les mains de ceux soutenant cette guerre ou se taisant », indiquait le message, depuis supprimé.
Le chef du diocèse de Kostroma, le métropolite Ferapont, a condamné cette intervention et souligné que les deux popes étaient les seuls clercs de la région, qui en compte 160, à avoir protesté contre l’offensive.
Mais la protestation ne s’est pas arrêtée là. Le 6 mars, lors d’une messe, le père Bourdine évoque négativement le conflit.
Le jour même, il est convoqué et interrogé au commissariat. Le 10 mars, il reçoit une amende de 35.000 roubles (440 euros) pour « discréditation » de l’armée, une nouvelle infraction passible de trois ans de prison en cas de récidive.
Au procès, quatre personnes ont témoigné contre lui.
« Pendant la messe, le père Bourdine ( ?) nous a dit qu’il allait prier pour l’Ukraine », a déclaré une paroissienne, selon une copie du dossier consultée par l’AFP.
« Sataniste »
Le prêtre Bourdine, 50 ans, s’exprime toujours contre l’offensive. « Le commandement +Tu ne tueras point+ est pour moi inconditionnel, comme les autres », dit-il à l’AFP, depuis sa maison située près de Kostroma.
Selon lui, peu de popes orthodoxes russes critiquent le conflit car beaucoup sont sensibles à la « propagande » et « peu éduqués ». S’ajoute la peur de sanctions ou de poursuites judiciaires.
Ioann Bourdine raconte que la police est venue prendre des photos de sa maison et de sa voiture.
« Le père Bourdine est bien plus courageux que moi », glisse le père Guéorgui Edelchtein, depuis une chapelle construite près de sa maison.
D’origine juive par son père, et polonaise catholique par sa mère, Edelchtein s’est converti à l’orthodoxie en 1955 dans l’espoir, déçu, d’échapper à l’emprise du système soviétique. L’un de ses deux fils, Yuli-Yoel, a lui émigré en Israël où il a mené une importante carrière politique.
« Les dirigeants de notre Eglise sont toujours des laquais du régime communiste », lâche Edelchtein, assurant que le Patriarcat de Moscou a été ravivé en 1943 par un « sataniste »: Staline.
Les deux prêtres ne se présentent pourtant pas comme des dissidents et, au nom de l’unité de l’Eglise russe, traversée par de terribles schismes au cours de son Histoire, n’appellent pas à désobéir au Patriarche.
« Si une personne commet un péché, il se compromet, mais ne compromet pas toute l’Eglise », estime Ioann Bourdine.
Ses déboires l’ont toutefois bouleversé. Début avril, il s’est retiré du service actif et réfléchit à son avenir, au sein ou en dehors de l’Eglise.
Issu d’une famille religieuse, mais ordonné seulement en 2015, après une carrière de journaliste, il tient à respecter ses « convictions intimes ».
« Si, au sein de cette Eglise, je parle en me censurant, si j’arrête de dire qu’un péché est un péché et que les bains de sang sont inadmissibles, alors, petit à petit, je cesserai d’être un berger. »
Père, veuf et désormais grand-père, Bruno Raffara est prêtre depuis 2020 dans le diocèse d’Angers. Un singulier cheminement personnel.
Comment voir la main de Dieu dans l’épreuve du veuvage ? Comment peut germer une vocation de prêtre lorsqu’on a été mari et père ? Ces questions, le père Bruno Raffara, 57 ans, a mis du temps à y apporter des réponses. « J’ai repéré des choses et ne fais le lien qu’aujourd’hui », confie-t-il dans un sourire. Des signes ? « Chacun est libre d’y croire ou pas », modère celui qui préfère parler « d’indices ». Et il y en a eu beaucoup dans la vie du père Bruno, ordonné pour le diocèse d’Angers le 28 juin 2020.
Claire et Bruno ont près de 20 ans quand ils se rencontrent, en 1984, lors d’une réunion de bénévoles de Lourdes. Ils partagent la même foi, un socle qui les soutiendra jusqu’au bout. Ils se marient le 26 juillet 1986 à Cholet, d’où Claire est originaire.
Elle est institutrice et Bruno enseigne l’économie. Proche de la communauté du « Verbe de Vie » issue du Renouveau charismatique, le couple habite six ans en Corrèze avant de s’installer dans la Sarthe où la vie de famille, le travail et les engagements paroissiaux rythment le quotidien.
Je me suis senti comme dépossédé de ma vocation. Je n’avais plus besoin de m’occuper de Claire, elle était au ciel. D’un seul coup, j’avais les mains vides.
En 1999, la famille arrive à Saumur. Mais la maladie de Claire se déclare peu après. Amis, communautés religieuses… le couple est très entouré. « J’ai su après-coup que beaucoup de gens avaient prié pour elle », se souvient-il. L’évêque d’Angers, Mgr Bruguès, passe la voir une semaine avant son décès et restera « marqué par cette visite ». Claire s’éteint le 25 janvier 2002. Ils ont trois enfants âgés de 13, 11 et 7 ans.
Si le chagrin est immense, Bruno doit gérer le quotidien avec les enfants. Assez vite, il constate un nouvel état intérieur : « Je me suis senti comme dépossédé de ma vocation. Je n’avais plus besoin de m’occuper de Claire, elle était au ciel. D’un seul coup, j’avais les mains vides. » Le père de famille s’adresse au Seigneur : « Je fais quoi ? ». Bien-sûr, la responsabilité des enfants est « une évidence ».
Un appel de l’évêque
Neuf mois après le décès de Claire – « une durée symbolique », assure-t-il – l’idée du sacerdoce commence à mûrir. Peu de temps après, à la sortie d’une messe, Mgr Bruguès interpelle Bruno : « Avez-vous déjà songé à vous mettre au service de l’Église ? », lance-t-il. Engagé dans sa paroisse, le père de famille répond qu’il y est déjà. L’évêque évoque le diaconat. Du tac-au-tac, Bruno Raffara répond qu’il pense à la prêtrise. Or à ce moment-là, la question du remariage reste ouverte. L’évêque conclut : « Quand vous serez sûr de ne pas être appelé à vous remarier, revenez me voir », et lui conseille de se faire accompagner pour le discernement. Des « indices » comme autant de clins-Dieu qui seront les premiers d’une longue série.
Un été, lors d’un festival des familles à Sainte-Anne-d’Auray, Bruno Raffara tombe sur un passage du Livre de Samuel : « Je susciterai pour moi un prêtre fidèle qui agira selon mon cœur et mon désir ». « Comment ne pas voir un signe ? », s’interroge-t-il. D’autant que sainte Anne est fêtée le 26 juillet, jour de leur mariage.
Les années passent, les enfants grandissent. Dans le cœur de Bruno Raffara, le discernement s’affine doucement. Décembre 2013, il demande à rencontrer l’évêque d’Angers, Mgr Delmas, arrivé quelques années plus tôt. Ce dernier lui dit : « Si vous n’étiez pas venu, c’est moi qui vous en aurais parlé ».
Le 11 février, fête de Notre-Dame de Lourdes, il lui est proposé d’entrer au séminaire dès septembre. Or la dernière fille de Bruno est encore étudiante. Et puis comment concilier le séminaire et le travail ? Chacun réfléchit de son côté. « Tout s’est dénoué en 8 jours. J’ai vu mon responsable d’établissement le 18 février, fête de sainte Bernadette. J’ai obtenu un congé et la sécurité de l’emploi. »
Sagesse de l’Église
En septembre 2015, Bruno Raffara devient séminariste. Mais, plutôt qu’un cursus classique au séminaire de Nantes, il rejoint la faculté de théologie d’Angers avec une insertion paroissiale permanente. Quant à l’évêque, il l’accompagne, mais « pas trop près ». « C’est là une mesure de sagesse pour laisser la liberté aux séminaristes. Le discernement est confié à d’autres personnes. »
Au début, les enfants se sentent mal à l’aise de voir leur papa devenir « un personnage public ». Mais au fil du temps ils « s’habituent » relit le père Raffara qui est ordonné prêtre le 28 juin 2020, et aujourd’hui curé de paroisse près de Cholet. Les fidèles se réjouissent de sa présence : « Je vis les mêmes choses qu’eux. Ils m’encouragent à prendre des vacances, à me reposer et à voir mes enfants », se réjouit le prêtre.
À présent, en repensant aux prêtres de sa jeunesse qui l’avaient invité à Lourdes, en songeant à son métier d’enseignant qui l’a rendu à l’aise face au public, le père Raffara rend grâce pour la délicatesse de Dieu sur cette vocation inattendue : « Il m’avait préparé », assure-t-il.
Lundi 9 août au matin, un prêtre a été assassiné dans la commune de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Le chef de l’État a réagi après le drame.
Drame près de Cholet, en Vendée. Lundi 9 août au matin, le corps sans vie d’un prêtre d’une soixantaine d’années a été découvert à Saint-Laurent-sur-Sèvre. Après que cela a été confirmé par le diocèse et la gendarmerie de Mortagne-sur-Sèvre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré sur Twitter qu’il s’agissait d’un assassinat et qu’il se rendait sur place. « Tout mon soutien aux catholiques de notre pays après le dramatique assassinat d’un prêtre en Vendée », a également écrit le patron de la Place Beauvau.
Emmanuel Macron a exprimé « toute sa sympathie » à la communauté religieuse des Montfortains, dont était issu le prêtre assassiné, alors que Jean Castex a fait part de son « profond désarroi » et de sa « vive compassion », ont indiqué l’Élysée et Matignon à l’Agence France-Presse.
Informé lundi matin, le président a également eu de nombreux échanges avec les ministres de l’Intérieur et de la Justice et fait contacter le sénateur de Vendée, Bruno Retailleau, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr de Moulins-Beaufort, ainsi que le père de Woillemont, secrétaire général de la Conférence des évêques de France, a précisé l’Élysée. Le Premier ministre a pour sa part « demandé que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce drame afin que toutes les conséquences puissent en être tirées », selon Matignon.
De son côté, Christophe Castaner s’est également exprimé sur Twitter : « Tuer un prêtre, c’est s’en prendre à notre République. Laïque. »
Selon les précisions de France 3 Pays de la Loire, un homme se serait déjà rendu auprès des gendarmes. « Un homme s’est présenté en milieu de matinée à la brigade de gendarmerie de Mortagne-sur-Sèvre et a dit avoir tué un ecclésiastique », a précisé une source proche du dossier à l’AFP. L’homme avait été placé sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’enquête sur l’incendie de la cathédrale de Nantes en juillet 2020, a précisé cette source.
Le mode opératoire du crime n’était pas encore connu dans l’immédiat, mais une source policière a écarté une attaque au couteau. Le prêtre, âgé de 60 ans et membre de la communauté religieuse des Montfortains à Saint-Laurent-sur-Sèvre, accueillait cet homme « depuis plusieurs mois », a indiqué une source policière à l’AFP.
Le suspect, responsable de l’incendie de la cathédrale de Nantes ?
Selon les informations de Valeurs actuelles, l’homme qui s’est présenté aux autorités serait un réfugié rwandais arrivé sur le territoire français en 2012. L’hebdomadaire indique qu’il aurait été hébergé dans la communauté des Montfortains de la commune vendéenne. Le suspect serait connu des autorités : il serait à l’origine de l’incendie subi, en juillet 2020, par la cathédrale de Nantes. BFMTV précise qu’il aurait par ailleurs reçu une obligation de quitter le territoire français en 2019, mais celle-ci était inapplicable du fait du contrôle judiciaire dont il fait l’objet depuis les faits survenus à Nantes l’été dernier.
Peu de temps après les faits, les réactions politiques ont commencé à arriver. La première à réagir à cet assassinat a été Marine Le Pen, dénonçant sur Twitter une « gravité sans précédent », et « la faillite complète de l’État », s’en prenant directement à Gérald Darmanin. Après avoir annoncé son déplacement, le ministre de l’Intérieur n’a pas tardé à lui répondre : « Quelle indignité ! Plutôt que de dire sa compassion aux catholiques qui ont accueilli ce meurtrier, Mme Le Pen polémique sans connaître les faits. »
La dernière attaque mortelle visant un membre de l’Église catholique en France remonte au 29 octobre dernier, lorsque Brahim Aouissaoui, un Tunisien de 22 ans, avait tué au couteau deux fidèles et le sacristain de la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption à Nice, avant d’être grièvement blessé par des policiers municipaux.
En 2019, un prêtre de 90 ans, le père Roger Matassoli, avait été retrouvé mort dans l’Oise, décédé par asphyxie et avec la présence de traces de coups portés à l’abdomen, au crâne et au visage. Le prêtre avait fait l’objet d’une plainte pour « comportements inappropriés sur mineur » commis il y a plusieurs dizaines d’années, avait alors expliqué l’évêque de Beauvais. Le suspect était un homme de 20 ans.
En 2016, le père Jacques Hamel, prêtre de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), avait été égorgé dans son église par Abdel Malik Petitjean et Adel Kermiche, qui avaient été abattus par la police. L’assassinat avait été revendiqué par l’organisation État islamique (EI).
« Ne plus vivre caché est un immense soulagement ». Marc Fassier peut désormais vivre son histoire d’amour au grand jour, relate Le Parisien. A 43 ans, cet ancien prêtre a toutefois dû s’inscrire à Pôle emploi pour la première fois de sa vie, une conséquence inattendue de sa relation avec Ingrid. La raison ? Alors prêtre des Lilas, en Seine-Saint-Denis, il est tombé amoureux de cette paroissienne il y a trois ans et demi.
Une relation qu’ils ont tenté de cacher, mais qui a été dénoncée à Mgr Pascal Delannoy, l’évêque de Saint-Denis, dans un courrier anonyme il y a un an. D’abord « encouragé » à quitter sa paroisse, il a été frappé de « suspense a divini » le 10 mai dernier. Il lui est reproché d’avoir évoqué sa situation lors d’un podcast fin mars. Même s’il a témoigné anonymement, son supérieur estimerait qu’avec ce témoignage il « déclare publiquement attenter au canon 1395 paragraphe 1 » du Code de droit catholique. Marc Fassier ne peut désormais plus célébrer de messer, baptiser ou encore confesser.
Ecarté de l’Institut catholique de Paris
« On me sanctionne parce que j’ai mis sur la table la question de la vie affective du prêtre et brisé la culture du silence de l’Église, ce qui est le pire des crimes à ses yeux. Elle accepte les relations secrètes tant que ça reste secret », regrette l’ex-curé, pour qui son éviction de l’Eglise a été « très violente ». Marc Fassier a également été écarté de l’Institut catholique de Paris, où il donnait des cours.
L’établissement a expliqué dans un communiqué que le principal intéressé avait « choisi un chemin de vie incompatible avec les engagements au presbytérat ». « L’enseignement est un acte de son ministère de prêtre, or il n’a plus le droit de faire acte de ministère », justifie auprès du Parisien Mgr Pascal Delannoy, sans donner plus de détails sur cette affaire : « C’est une affaire de discipline interne à l’Église, je ne souhaite pas communiquer ».
« Aucune culpabilité vis-à-vis du Seigneur »
Diplômé de Sciences-po, docteur en théologie et ordonné prêtre en 2004, Marc Fassier va continuer à recevoir son « traitement mensuel de 1 000 euros » de la part de l’Eglise jusqu’à ce qu’il retrouve un travail. Mais le parcours du combattant ne fait que commencer pour lui, comme il s’en est rendu compte dès son premier rendez-vous téléphonique avec une conseillère Pôle emploi, alors qu’il ne peut pas toucher les allocations chômage.
« On n’existe pas socialement. Elle n’a pas trouvé prêtre dans ses catégories professionnelles et a dû forcer le logiciel », glisse-t-il, assurant qu’il souhaite porter son cas devant la justice pour que son éviction par l’Eglise soit reconnue « comme un licenciement » : « L’Église se réfugie dans son exception canonique. Elle s’autorise ce qu’aucune entreprise ne peut s’autoriser alors qu’elle prêche la morale. C’est un abus de pouvoir ». Opposé au célibat des prêtres, il va surtout pouvoir désormais « aimer librement », sans « aucune culpabilité vis-à-vis du Seigneur ».
Un prêtre rwandais, installé depuis plus de 20 ans en France et naturalisé, est incarcéré depuis mercredi, rattrapé par des accusations sur son rôle lors du massacres de Tutsi réfugiés dans son église en avril 1994, au début du génocide.
Marcel Hitayezu, né en 1956, a été mis en examen (inculpé) mercredi, accusé d’avoir « privé de vivres et d’eau des Tutsi s’étant réfugiés dans son église » et d’avoir « fourni des vivres aux miliciens ayant attaqué les Tutsi réfugiés » dans sa paroisse de Mubuga, dans le Sud du Rwanda, a-t-on appris vendredi auprès du Parquet national antiterroriste (Pnat), également chargé du suivi des dossiers de crimes contre l’humanité.
« Marcel H. a contesté ces faits lors de son interrogatoire devant le juge d’instruction », a précisé le Pnat dans un communiqué.
Selon une source proche de l’enquête, le prêtre a été interpellé mercredi par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH), à son domicile d’un village du Sud-Ouest de la France, dont il était, selon le diocèse, vicaire de la paroisse.
Génocide et complicité de crimes contre l’humanité
Cette arrestation a été ordonnée par un magistrat du pôle « Crimes contre l’humanité » du tribunal de Paris, chargé depuis le 26 juillet 2019 d’une enquête visant le prêtre, ouverte trois ans après le refus définitif de la justice française, en octobre 2016, d’extrader Marcel Hitayezu vers le Rwanda.
À l’issue de son interrogatoire, le prêtre été mis en examen, notamment pour « génocide » et « complicité de crimes contre l’humanité », puis placé en détention provisoire.
Selon le quotidien catholique français La Croix, le prêtre, après trois ans passés dans des camps de réfugiés dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), était « arrivé entre 1998 et 1999 » dans le diocèse de La Rochelle (Sud-Ouest), avant de se voir accorder le statut de réfugié en « janvier 2011 ».
« Cachée dans les cadavres »
Cette mise en examen « est une excellente nouvelle », a réagi Alain Gauthier, cofondateur du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), partie civile dans le dossier. « L’Église doit s’interroger sur la façon de donner des responsabilités à des gens soupçonnés d’avoir participé au génocide », a-t-il estimé.
Un autre prêtre catholique réfugié en France, Wenceslas Munyeshyaka, lui aussi accusé d’avoir joué un rôle dans les massacres de 1994, a bénéficié d’un non-lieu en 2015.
En décembre, une journaliste de l’AFP, qui accompagnait Alain Gauthier dans ses enquêtes au Rwanda, a recueilli les témoignages de deux rescapées de Mubuga.
Ces deux femmes, qui ont souhaité gardé l’anonymat, ont affirmé que le prêtre avait l’habitude d’entonner devant les réfugiés terrorisés des « chants habituellement chantés pendant les veillées des morts », alors que rôdaient les « Interahamwe », milices extrémistes hutu et bras armés du génocide. « On était comme des morts-vivants », a lâché l’une d’elles.
L’une de ces rescapées, âgée de 10 ans en 1994, a raconté, secouée de pleurs, être restée dans l’église « deux semaines cachée dans les cadavres de sa famille » tant elle était effrayée après l’attaque des miliciens, jusqu’à ce qu’un bulldozer venu ramasser les corps la fasse émerger de cet abîme.
C’EST MARCEL QUI A LIVRÉ LES TUTSI QUI ÉTAIENT DANS L’ÉGLISE
Joint par téléphone vendredi au Rwanda, Bernard Kayumba, 52 ans, qui a passé trois jours dans l’église de Mubuga avant de pouvoir s’enfuir, a réagi avec émotion. « Vraiment ? », a-t-il lancé, ajoutant: « je suis très content, c’est une nouvelle très bien reçue ».
Bernard Kayumba était en 1994 étudiant au grand séminaire et connaissait l’abbé Hitayezu depuis sa paroisse natale. « J’ai été extrêmement déçu; il a montré le comportement d’un criminel », a estimé Bernard Kayumba.
« Il faisait des réunions avec les autorités génocidaires locales, avec le bourgmestre, avec les gendarmes, sous nos yeux; c’est Marcel qui a livré les Tutsi qui étaient dans l’église », a-t-il assuré, « il faut que Marcel puisse répondre de ses actes ».
Entre avril et juillet 1994, le génocide contre les Tutsi a fait entre 800 000 (selon l’ONU) et 1 million de victimes (selon Kigali).
Le sort judiciaire des suspects réfugiés en France est un des points de tension entre Paris et Kigali, relation empoisonnée par la question du rôle des autorités françaises en 1994. Le ton est désormais à l’apaisement depuis le rapport de l’historien français Vincent Duclert, qui a conclu en mars à des « responsabilités lourdes et accablantes » de Paris lors des massacres.
Sept accusés ont été renvoyés aux assises en France pour des crimes liés à ce génocide, mais seuls trois ont été déjà jugés et condamnés. Une trentaine d’enquêtes se poursuivent.
Georgi P. et sa conjointe sont actuellement en garde à vue à Lyon. Le Géorgien de 40 ans a reconnu les faits. Il devrait être prochainement présenté à un juge d’instruction en vue d’une mise en examen.
Selon une source proche du dossier, la compagne de Georgi P. était la maîtresse du prêtre attaqué. Il s’agit donc d’une affaire de droit commun et non d’une attaque terroriste, comme le contexte sécuritaire pouvait le laisser craindre. Cet homme «s’avère être le mari d’une femme qui entretenait une liaison avec la victime», a précisé dans un communiqué le procureur de la République Nicolas Jacquet. L’enquête menée par la police judiciaire.
État de santé mauvais
Le prêtre orthodoxe est «sorti du coma», a rapporté mercredi un responsable religieux de la communauté héllénique, précisant toutefois que le quinquagénaire n’est pas encore sorti d’affaire. Selon le prêtre de la paroisse Saint-Georges de Grenoble, Nikolaos Kakavelakis, 52 ans, «souffre beaucoup psychologiquement» et doit être à nouveau opéré prochainement pour «éviter l’infection». «Son état de santé est toujours mauvais. Ses proches n’ont pas encore pu le voir», a-t-il affirmé. Son audition par les enquêteurs a toutefois conduit à l’arrestation de son agresseur présumé, vendredi à son domicile lyonnais.
Kakavelakis, prêtre de l’église orthodoxe grecque du 7e arrondissement de Lyon arrivé «entre la fin 2009 et le début d’année 2010», avait déposé sa démission il y a un mois pour «raisons familiales» et s’était mis en quête «d’une autre mission à l’étranger». Samedi 31 octobre, il a été visé par un tir de fusil à canon scié à bout touchant, alors qu’il fermait la porte de l’église en tenue de civil, et a été gravement touché au thorax et à l’abdomen. Le suspect avait pris la fuite.
Cette agression, survenue deux jours après l’attentat dans la basilique de Nice, avait suscité un grand émoi mais l’absence de revendication et la personnalité de la victime avait conduit le parquet national antiterroriste à ne pas se saisir des faits.
Le suspect sera déféré dimanche au parquet dans le cadre de l’ouverture d’une information judiciaire, selon le magistrat, pour qui «la piste terroriste est définitivement écartée». L’arme utilisée le jour des faits aurait été jetée dans la Saône.