L’ancienne ministre de la justice a terminé première de cette consultation citoyenne qui a réuni plus de 400 000 votants. Elle devance Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon. Anne Hidalgo termine cinquième derrière Pierre Larrouturou.
Christiane Taubira
Chloé Ridel, de l’association Mieux voter, précise que 67,42 % des électeurs ont attribué à Christiane Taubira la mention bien + ou une mention supérieure. Près d’un électeur sur deux lui a même donné la mention très bien. Selon elle, sa victoire est donc « nette ».
Les urnes ont été ouvertes et dépouillées sous le contrôle d’un huissier de justice et de scrutateurs, précise-t-elle.
Les résultats détaillés de la Primaire populaire
Christiane Taubira, mention bien +
Yannick Jadot, assez bien +
Jean-Luc Mélenchon, assez bien −
Pierre Larrouturou, passable +
Anne Hidalgo, passable +
Charlotte Marchandise, passable −
Anna Agueb-Porterie, insuffisant
De gauche à droite: Christiane Taubira, Yannick Jadot Jean-Luc-Mélenchon et Anne Hidalgo
Le plan de contingence pour le retour en classe au Québec, dont Radio-Canada a obtenu copie, indique que les directions d’école devront identifier des personnes-ressources, comme des « parents volontaires », pour pouvoir prendre le relais en cas de manque de personnel enseignant ou de remplaçants. Les réactions à plusieurs mesures de ce plan sont nombreuses et critiques dans le milieu scolaire.
Le retour en classe primaire et secondaire prévu pour le 17 janvier au Québec. Photo: AP/Laurent Gillieron
« C’est du jamais-vu! » Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), a été assez surpris, lors de la rencontre préparatoire de différents acteurs du milieu de l’éducation avec des représentants du ministère, hier, d’apprendre que le gouvernement était prêt à aller aussi loin que de permettre à des parents de faire de la surveillance en classe.
Toutefois, l’ampleur de la pénurie de personnel que le milieu éducatif connaît présentement le justifie peut-être, selon lui.
Le document de neuf pages n’a pas encore été diffusé largement au sein du réseau scolaire. On peut y lire que le contexte pandémique actuel fait en sorte qu’un très grand nombre de salariés [du réseau scolaire] devront s’isoler quelques jours dans les prochaines semaines.
Nicolas Prévost confirme d’ailleurs que les taux d’absentéisme et la pénurie de personnel dans les écoles grimpent à des niveaux jamais atteints auparavant.
Puisque la nouvelle recommandation de la santé publique sur la gestion des cas et des contacts vise à éviter les fermetures de classes et d’écoles afin de garder les élèves présents à l’école, le ministère de l’Éducation prévoit donc un plan de contingence qui permettra d’éviter le pire et de poursuivre l’obligation de service aux élèves du Québec.
Ce plan sera déployé lorsque les mécanismes de remplacement prévus aux conventions collectives seront épuisés, précise-t-on.
Le ministre québécois de l’Éducation, Jean-François Roberge Photo: La Presse Canadienne/Ryan Remiorz
Les directions d’école sont invitées à identifier des personnes-ressources à l’intérieur de l’école qui sont disponibles pour prêter main-forte au personnel d’enseignement, au cas où un enseignant doit quitter sa classe pour s’isoler. Il pourrait s’agir de personnel de soutien ou d’étudiants dans un programme d’enseignement (ou connexe à ce domaine).
Les établissements scolaires doivent également, en vertu de ces directives ministérielles, identifier des personnes-ressources à l’extérieur de l’école.
Apparaît ici la possibilité d’avoir recours à des organismes externes comme Alloprof ou encore à des parents volontaires aptes à soutenir les élèves en classe dans leurs apprentissages durant l’absence physique de l’enseignant.
Les qualifications de la personne seront analysées avant de lui confier des responsabilités qui soient davantage du ressort de la surveillance d’un groupe ou encore de l’enseignement.
Appelées à remplacer des enseignants, les personnes-ressources externes ne seront pas soumises à la Loi sur la laïcité de l’État, qui interdit aux employés de l’État en situation d’autorité de porter des signes religieux en milieu de travail.
Une solution moins qu’idéale qui fait réagir
Nicolas Prévost se dit prêt à ce que ses membres aient recours à des parents volontaires pour surveiller des classes s’il le faut. Il évoque comme scénario possible qu’un parent assure la surveillance d’un groupe pendant qu’un enseignant, faiblement malade mais isolé chez lui, assure à distance un enseignement aux élèves en classe.
Nicolas Prévost est président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement. Photo: Radio-Canada
« On va le faire si ça nous permet la poursuite des services éducatifs. Mais est-ce que c’est idéal? Clairement, non. On commence à étirer l’élastique loin, très loin! »— Une citation de Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE)
Même si, en point de presse jeudi après-midi, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a bien précisé que le recours à des parents se ferait en dernier recours et de manière temporaire, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), elle, estime qu’ouvrir cette porte trahit l’échec de la stratégie gouvernementale pour limiter la propagation du virus dans les écoles primaires et secondaires, qui rouvriront lundi.
Être parent, c’est pas être enseignant, et être enseignant, c’est pas être parent, lance son président, Sylvain Mallette. Ça pose un problème sérieux sur la qualification des gens à qui on va confier des responsabilités qui, normalement, relèvent des enseignants.
Sylvain Martel, du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec, réitère de son côté que les parents sont soulagés du retour en classe et ajoute qu’il est content de connaître enfin les intentions de Québec. C’est un plan qui met les choses au clair, dit-il. C’est agréable qu’on nous dise les vraies choses. Qu’on soit rendus là, c’est triste, mais c’est la réalité, et on est capables de vivre avec ça.
« Si on a besoin de parents pour prêter main-forte, ils vont comme d’habitude répondre à l’appel. »— Une citation de Sylvain Martel, du Regroupement des comité de parents autonomes du Québec
Si les enfants se retrouvent à répétition dans une situation où les services éducatifs ne peuvent pas être rendus par du personnel qualifié, il faudra toutefois que leur niveau de progression et d’apprentissage soit évalué pour s’assurer de les amener là où ils devraient être à la fin de l’année, réclame le représentant des parents.
Sylvain Martel, porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec Photo: Radio-Canada
Priorisation des services et réorganisation scolaire permise
Le plan de contingence du gouvernement demande également que les directions d’école et les centres de services scolaires identifient des clientèles à soutenir en priorité, par exemple les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, ou encore les élèves de certains cycles.
On leur exige aussi de réaliser une analyse de faisabilité pour une organisation scolaire différente. On envisage ainsi, par exemple, qu’un enseignant puisse s’occuper de plus d’un groupe d’élèves, avec l’aide d’une autre ressource. Du côté des services de garde, on évoque la possibilité de restreindre l’offre de services en réduisant leurs heures d’ouverture et le soutien de clientèles prioritaires.
Le document enjoint également aux directions d’école d’identifier des services dits complémentaires, par exemple ceux d’orthophonistes ou de soutien pédagogique, qui pourraient être suspendus temporairement dans le but de procéder à un éventuel délestage.
Nicolas Prévost, de la FQDE, y voit certains avantages, dont celui d’avoir des coudées plus franches. D’avoir une certaine marge de manœuvre pour l’organisation scolaire, c’est une bonne chose pour les direction d’école, dit-il. Parce qu’on prévoit déjà devoir le faire à la lumière de la situation actuelle.
Un plan de délestage comme en santé, selon plusieurs
Voilà un plan de contingence qui fait beaucoup penser à un plan de délestage comme ceux qu’on voit actuellement se déployer dans le réseau de la santé, selon Nicolas Prévost.
Pourtant, questionné en conférence de presse à ce sujet, le ministre Roberge a refusé de parler de délestage, ce qui fâche Sylvain Mallette, de la FAE.
Sylvain Mallette, président de la FAE Photo: Radio-Canada/Coralie Mensa
« C’est bel et bien un plan de délestage, et quiconque essaie de faire la démonstration du contraire cherche à camoufler la réalité. »— Une citation de Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement
Ce dernier déplore que ce plan vise à délester certains services auxquels ont accès des enfants parfois vulnérables parce que, selon lui, le gouvernement a fait le choix de laisser les classes ouvertes coûte que coûte.
Les grandes centrales syndicales très critiques
Par voie de communiqué, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) s’est dite inquiète et sceptique relativement à ce plan de contingence. La FTQ dit craindre que ce dernier provoque une gestion improvisée qui placerait des élèves et le personnel dans des situations inacceptables.
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de son côté, déplore l’improvisation d’un plan de dernière minute qui viendra changer du tout au tout l’approche du gouvernement dans la gestion des cas dans les écoles. Des changements qui, selon la CSQ, se feront sur le dos du personnel de l’éducation
Quand on voit les mesures mises de l’avant par le gouvernement, on se demande si l’école ne serait pas devenue une garderie plutôt qu’un milieu de vie au service des apprentissages, déclare Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ.
A moins de cent jours de l’élection présidentielle, le candidat de La France insoumise a opposé une fin de non-recevoir à une participation à la Primaire populaire, lundi sur France Inter.
Une primaire à gauche, c’est toujours non pour Jean-Luc Mélenchon. A moins de cent jours de l’élection présidentielle, le candidat de la France insoumise a une nouvelle fois rejeté, lundi 3 janvier sur France Inter, l’appel lancé par Anne Hidalgo et Christiane Taubira à participer à un scrutin pour éviter les multiples postulants à gauche.
« Je suis un peu fatigué de voir comment toute une certaine gauche passe son temps à gémir et à pleurnicher sur le thème “S’il n’y a pas d’union, eh bien, il n’y a pas de victoire possible”, a-t-il asséné. Moi je dis : mobilisez-vous ! Agissez ! » Alors que la candidate socialiste et Christiane Taubira notamment appellent les candidats de gauche à participer à la Primaire populaire, initiative citoyenne rassemblant plus de 300 000 personnes, M. Mélenchon a une nouvelle fois exprimé son refus.
« Je n’irai pas à cette primaire. Ce n’est pas sérieux. Je suis moi aussi un électeur de gauche depuis que je peux voter. En 1981, François Mitterrand a gagné alors qu’il y avait un candidat communiste [Georges Marchais] contre lui, alors qu’on était dans l’union de la gauche contre lui. »
Candidat pour la troisième fois à une élection présidentielle, après 2012 et 2017, le député La France insoumise estime que ce « qui nous manque, ce n’est pas l’union, c’est la mobilisation ». « Si la masse des Français se mobilise sur des idées, tout sera emporté et c’est le mécanisme sur lequel je compte », a-t-il précisé.
Scrutin entre le 27 et le 30 janvier
Alors que les candidats ont jusqu’au 15 janvier pour annoncer leur participation à cette Primaire populaire, Anne Hidalgo, Christiane Taubira ou l’eurodéputé Pierre Larrouturou pourraient participer à ce scrutin organisé entre le 27 et le 30 janvier. Mais pour Jean-Luc Mélenchon, les propositions entre les candidats à gauche sont trop différentes pour permettre une candidature unique.Lire aussi Article réservé à nos abonnésEntre Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, des gauches irréconciliables au plan international
« Pour faire l’union, il faudrait se taire sur toute une série de sujets sur lesquels nous ne sommes pas d’accord », a-t-il fait savoir, avant de revenir sur sa différence avec Anne Hidalgo, sur l’âge de départ à la retraite. « Je milite pour la retraite à 60 ans avec 40 annuités. Les socialistes ont porté la retraite à 43 annuités et M. Sarkozy l’a mis à 62 ans. Et Mme Hidalgo a dit qu’elle voulait le sanctuariser à 62 ans. Qu’est-ce que je vais dire alors ? On ne va pas parler de retraite pour ne fâcher personne ? », a-t-il questionné sur France Inter.
« Je suis prêt à discuter de tout ce qu’on veut, mais ce ne serait pas sérieux de dire : “Ecoutez, on recommence tout à zéro”, a-t-il poursuivi. A moins de cent jours de l’élection, on voit sur quoi on peut s’entendre, sur quoi on ne s’entendra pas, et puis on votera. Ce n’est pas sérieux. »
« Convergences »
A rebours de la position de Jean-Luc Mélenchon, Mme Taubira estimait, elle, dans une tribune au Monde publiée le 29 décembre, que les « convergences » idéologiques à gauche « sont suffisantes pour nous permettre de gouverner ensemble cinq ans ».
Selon l’ancienne ministre de la justice, qui a donné rendez-vous à la mi-janvier pour clarifier sa position, les forces de gauche, aujourd’hui fragmentées entre plusieurs candidatures, sont « liées par un destin collectif qui transcende les péripéties personnelles ». Pour elle, « les convergences ne manquent pas », « même avec des nuances », notamment sur « le choc climatique », les « services publics » ou encore « l’école », a-t-elle jugé, « malgré une propension avérée à inventer entre nous des querelles insurmontables ».
Pour autant, Mme Taubira ne nie pas « les divergences » idéologiques qui existent sur certains sujets à gauche, dont le « rapport à l’Union européenne » et « le débat sur les sources d’énergie » qui « ne peut être évacué ». Mais « de ces désaccords, combien sont insurmontables ? », s’est-elle interrogée, concluant de nouveau qu’une primaire est nécessaire « pour trancher sur ces grands enjeux ».
Rejet de Jadot et Roussel
Mais outre M. Mélenchon, le candidat écologiste, Yannick Jadot, et le communiste, Fabien Roussel, rejettent également une participation à une primaire à gauche. Ce dernier a aussi estimé, lundi matin sur Europe 1 que les divergences étaient trop grandes à gauche pour espérer une candidature unique.
« La gauche qui a été au gouvernement et a fait le choix de signer les traités européens et ultralibéraux a renié ses engagements en direction du peuple et du monde du travail », a-t-il regretté. Le député du Nord s’en est notamment pris à Mme Taubira, dont il n’est pas convaincu « qu’elle puisse incarner une candidature unique à gauche ». « Je trouve ça un peu léger de venir aujourd’hui dans la campagne sans avoir d’éléments programmatiques à proposer, a-t-il regretté. C’est quand même une élection sérieuse. Pour ma part nous nous y préparons depuis plus d’un an. »
L’édile a proposé une primaire cette semaine. Jadot, Mélenchon, Roussel… Tous ont décliné. Mais la socialiste ne lâche rien, comme elle le dit au « JDD ».
Anne Hidalgo
« Unissez-vous, sinon on n’y arrivera pas. » C’est afin de répondre à cette inquiétude qu’Anne Hidalgo a lancé son idée, mercredi sur TF1, d’une primaire de la gauche. Le hic ? Depuis, elle n’a reçu aucune réponse positive de la part des autres grandes figures lancées dans la course à l’Élysée. L’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l’écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel… Tous ont largement décliné cette idée d’une seule et même personnalité à gauche pour 2022. Seul Arnaud Montebourg avait déjà annoncé qu’il y était favorable. Mais cela ne semble pas décourager l’édile parisien. Dans les colonnes du Journal du dimanche du 12 décembre, elle tend une nouvelle fois la main… au candidat écologiste, surtout.
« La réaction de Yannick Jadot est un peu trop rapide. C’est davantage une réaction d’état-major », analyse-t-elle après le refus d’EELV. « Je l’invite à continuer d’y réfléchir, d’autant plus qu’il avait lui-même déclaré qu’il s’y inscrirait si le nombre de participants dépassait les 300 000 et si j’y étais favorable », ajoute-t-elle en référence à la primaire. Selon elle, toutes les conditions sont réunies pour que Yannick Jadot accepte sa proposition, d’autant qu’il y a « urgence » : « Un constat s’impose : la seule manière d’y parvenir aujourd’hui, c’est l’union. »
Une « hypocrisie totale », selon Jean-Luc Mélenchon
Anne Hidalgo reconnaît qu’elle avait, dans un premier temps, refusé de participer à la primaire populaire. Mais, après réflexion, son opinion a changé. Elle dit avoir « pris ses responsabilités » et juge que l’union est le seul moyen de parvenir à « mobiliser les électeurs de gauche ». « Les Français doivent être les seuls arbitres de ces différentes gauches (…) Et si la gauche veut être au second tour, il faut une primaire en amont du premier tour », insiste-t-elle. Toujours selon elle, la France est à « un moment critique pour la démocratie ». Ses craintes ne sont nullement voilées : « La gauche est menacée de disparition. »
Mais ses appels ne semblent pas recevoir d’écho à gauche. Invité de France Inter et de France Info, dimanche 12 décembre, Jean-Luc Mélenchon a une nouvelle fois rejeté l’idée d’une primaire de la gauche, évoquant des désaccords sur des « questions fondamentales ». Selon lui, « c’est aux électeurs de trancher ». « Tout cela est, à mes yeux, assez pitoyable. Je n’en pense pas beaucoup de bien, car je n’ai toujours pas compris qui devait s’allier avec qui (…) Je devrais renoncer à tout parce que, tout à coup, nous aurions la formule magique ? » a-t-il ajouté, non sans ironie. Dénonçant au passage une « hypocrisie totale ». « Ces gens-là ne cherchent pas l’union mais une sortie de secours », a-t-il également lancé.
Côté centre, on tance également la proposition d’Anne Hidalgo. Présent, dimanche, sur BFMTV, François Bayrou a lui aussi comparé l’idée d’une primaire à une « porte de sortie à une situation qui est une impasse absolue » pour la maire de Paris. « Ce sont trois gauches antagonistes et qui ne disent pas la même chose », estime-t-il par ailleurs. Et le centriste de poser un constat implacable sur le camp de la rose : « Quand on pense que c’est le Parti socialiste, cela donne une idée d’une espèce de dévitalisation que ce courant connaît. »
Un appel au sursaut, depuis Perpignan
La primaire populaire, entreprise par des militants indépendants afin de désigner un seul et unique candidat à gauche en vue du scrutin d’avril prochain, aura lieu le 27 janvier. Auprès du JDD, Anne Hidalgo confirme qu’elle y sera candidate et tend une longue perche à Yannick Jadot qui, selon elle, doit y participer. « Nous ne pouvons pas dire aux jeunes générations : nous avons vu les nuages menaçants s’amonceler et nous avons préféré rester dans notre zone de confort », justifie-t-elle. Le temps est venu, dit-elle, de se mettre en ordre de bataille, en dépit des critiques : « Le train est parti. La primaire populaire aura lieu et j’y participerai. »
En déplacement à Perpignan, dimanche, la candidate socialiste a une nouvelle fois appelé à l’union de la gauche. Lors de son meeting, elle a ainsi scandé : « Comment ne pas entendre les Français et les Françaises qui nous appellent à l’union ? Sans union, il n’y a pas de destin pour la gauche. » Anne Hidalgo a ainsi renouvelé son appel à une primaire de la gauche, avant le premier tour du scrutin présidentiel, « parce que la division c’est la résignation, c’est l’impuissance, c’est l’abstention ». Auprès des militants socialistes présents, comme aux autres candidats de gauche, l’édile a appelé au sursaut : « Réveillez-vous ! Mesurez le danger qui nous guette. »
L’ancien vice-président américain Joe Biden fait la course en tête dans les intentions de vote en vue de la primaire démocrate dans l’Iowa et le New Hampshire, premiers Etats à se prononcer le mois prochain, selon deux sondages publiés lundi. L’ex-colistier de Barack Obama obtiendrait 24% des suffrages dans l’Iowa, montre un sondage de l’université de Monmouth réalisé du 9 au 12 janvier auprès de 405 électeurs démocrates potentiels. Il devance de six points le sénateur du Vermont, Bernie Sanders.
L’Etat donnera le coup d’envoi des primaires démocrates le 3 février prochain. Six candidats à l’investiture du Parti démocrate en vue de la présidentielle de novembre – Joe Biden, Bernie Sanders, Pete Buttigieg, Elizabeth Warren, Amy Klobuchar et Tom Steyer – débattront mardi à Des Moines, dans l’Iowa.
Dans le New Hampshire, où la primaire aura lieu le 11 février, Biden est crédité de 26% des intentions de vote, quatre points devant Sanders, selon une enquête d’opinion de l’université Franklin Pierce réalisée du 7 au 12 janvier auprès de 434 électeurs démocrates potentiels.
Les sondages montraient jusqu’à récemment Joe Biden en difficulté dans l’Iowa et le New Hampshire, laissant entendre qu’il devrait subir quelques pertes dans les Etats précoces avant d’obtenir des résultats comme en Caroline du Sud, où il a plus de chances de l’emporter. Cependant, ces nouveaux sondages indiquent que Biden pourrait obtenir l’investiture démocrate plus rapidement que prévu. Il continue de faire la course en tête dans la plupart des sondages nationaux.
Le RDR, parti du président ivoirien Alassane Ouattara, a voté samedi lors d’un Congrès extraordinaire pour la formation d’un grand « parti unifié » avec ses alliés au pouvoir, mais veut une primaire avant la présidentielle de 2020.
« Tout le monde a voté en masse pour le parti unifié », a annoncé Henriette Diabaté, la présidente du Rassemblement des Républicains, après l’acceptation du projet par acclamation.
Les cadres du RDR vont déposer des statuts auprès des autorités et fixer la date d’un congrès constitutif « dans les meilleurs délais », a indiqué Alassane Dramane Ouattara, dit ADO.
M. Ouattara, président d’honneur du RDR, a déclaré que le « parti unifié (était) une chance pour la Côte d’Ivoire ». « L’égoïsme ne mène nulle part », a-t-il ajouté, estimant que la nouvelle formation serait un facteur « de stabilité politique et développement économique ».
Sans jamais prononcer le mot de primaire, ADO, qui effectue son deuxième mandat, a toutefois précisé en vue de la présidentielle de 2020 que le nouveau parti devra « poser la base du choix de notre prochain candidat (…) ce sera un choix démocratique. Tout le monde pourra être candidat. Le meilleur d’entre nous sera désigné ».
La transformation en un parti unifié de la coalition au pouvoir Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est un serpent de mer de la politique ivoirienne depuis une dizaine d’années.
Voulu par le président Ouattara, elle se heurtait à des réticences au sein de son propre parti mais surtout de ses alliés et notamment du principal d’entre eux le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), de l’ancien président Henri Konan Bédié, qui a permis son élection en 2010 et 2015.
Achoppement autour de la désignation du candidat à la présidentielle de 2020
Un des points d’achoppement est justement l’investiture du candidat à la présidentielle de 2020 : une partie des membres du PDCI estiment que cette investiture revient de droit à leur formation, puisqu’ils ont soutenu celle du RDR à deux reprises.
Patrick Achi, secrétaire général de la présidence mais aussi membre du PDCI invité du Congrès, a affirmé samedi que le « PDCI fera sa part de chemin », mais de nombreux cadres de sa formation ont déjà fait savoir qu’ils étaient hostiles au projet tant que le RDR ne promettait pas de soutenir un candidat PDCI à la présidentielle.
Pendant ce congrès qui a rassemblé entre 20 et 30.000 personnes selon les organisateurs, le président de l’Assemblée Guillaume Soro côtoyait le ministre de la Défense Hamed Bakayoko. Les deux hommes souvent présentés comme des frères ennemis et à qui l’on prête des ambitions présidentielles n’ont pas cessé de plaisanter et de discuter sur l’estrade, affichant ainsi une complicité au moins de façade qui a fait la joie des photographes et des vidéastes.
Ancien chef de la rébellion, M. Soro, qui était en froid avec le parti et n’avait pas été invité à son congrès en septembre, a été acclamé par la foule quand son nom a été prononcé évoqué par la secrétaire générale du mouvement Kandia Camara.
Le député des Yvelines a voulu se démarquer dans cette campagne en revendiquant son ancrage à gauche. Les sympathisants l’ont désigné, dimanche, pour les représenter à la présidentielle.
Benoît Hamon sera le candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle. Le député des Yvelines l’a emporté au second tour de la primaire à gauche face à Manuel Valls, dimanche 29 janvier, avec plus de 58 % des voix. Après avoir creusé l’écart au premier tour (avec 36,03 % des voix contre 31,48 % pour M. Valls), il a réussi à maintenir son avance, dans un contexte d’augmentation de la participation. C’est une revanche pour l’ex-ministre de l’éducation qui avait quitté le gouvernement de Manuel Valls fin août 2014, dans l’ombre d’Arnaud Montebourg.
Dans son discours de victoire, Benoît Hamon a salué une gauche qui « relève la tête, se tourne vers le futur et veut gagner ». Il a surtout appelé au rassemblement, non seulement de « tous les socialistes » mais aussi des candidats d’Europe écologie-Les Verts et de La France insoumise, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon.
« Dès lundi, je proposerai (…) à tous les candidats à cette primaire mais aussi à tous ceux qui se reconnaissent dans la gauche et l’écologie politique, en particulier Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, de ne penser qu’à l’intérêt des Français au-delà de nos personnes. Je leur proposerai de construire ensemble une majorité gouvernementale cohérente et durable pour le progrès social, écologique et démocratique. »
Le résultat de la primaire fera-t-il changer d’avis MM. Jadot et Mélenchon ? Avant le second tour, tous deux avaient rejeté toute idée de désistement en faveur du candidat socialiste. Dimanche, le candidat de La France insoumise a noté chez M. Hamon des « paroles si proches des nôtres »et évoqué « un fait qui donnera ses fruits le moment venu ».
En tout état de cause, les observateurs qui imaginaient Benoît Hamon comme le « Fillon de la gauche », celui qui s’impose contre tous les pronostics face aux favoris des sondages, ont donc vu juste. « Les médias s’en veulent tellement de n’avoir pas vu venir Fillon à la primaire de la droite, qu’ils ne voudraient surtout pas louper Hamon à celle de la gauche », plaisantait il y a deux mois son directeur de campagne, Mathieu Hanotin, député de Seine-Saint-Denis.
La participation de M. Hamon à « L’Emission politique »sur France 2, le 8 décembre 2016, avait marqué un tournant dans sa campagne. Si l’audience a été plutôt faible pour le programme – 1,7 million de téléspectateurs –, sa prestation a été remarquée. Elle a donné au candidat de 49 ans l’occasion de fairevaloirses mesures phares.
M. Hamon a développé les deux solutions qu’il propose pour faire face à la « révolution numérique », qui va « raréfier le travail » : encourager la réduction du temps de travail et, surtout, l’instaurer d’un revenu universel de base.
En six semaines, deux points clés de la proposition de Benoît Hamon ont pourtant été discrètement supprimés, avant d’être finalement réintégrés :
le fait que ce qu’il qualifie de « revenu universel » serait versé à terme à tous les Français de plus de 18 ans, sans condition de ressources ;
le fait qu’il atteindrait le seuil de 750 euros par mois.
Il est désormais question d’une « grande conférence citoyenne »chargée de discuter du périmètre du revenu universel et de son calendrier. Benoît Hamon continue d’évoquer un « revenu universel », mais il ne s’engage plus clairement à mettre en place cette « révolution »sociale avant 2022, s’il remportait la présidentielle.
Dans Le Monde du 4 janvier, M. Hamon a également déclaré « envisager, à court terme, d’en finir avec l’état d’urgence, dès lors que les lois antiterroristes et renseignement permettent à la police et à la justice d’agir plus efficacement ».
L’ancrage à gauche d’un ancien militant étudiant
C’est au sein de SOS-Racisme que Benoît Hamon a commencé sa vie de militant. En 1986, il est partie prenante des manifestations lycéennes et étudiantes contre la loi Devaquet, vaste mouvement qui l’incite un an plus tard à prendre sa carte à l’UNEF, principal syndicat étudiant, duquel il est resté proche. En 1993, il devient le premier président du Mouvement des jeunes socialistes, un poste qu’il conservera jusqu’en 1995.
Délégué national du PS chargé de la jeunesse, le jeune Hamon se rapproche ensuite de Lionel Jospin, dont il sera conseiller pour la jeunesse pendant la campagne présidentielle de 1995. Il sera élu député européen de la circonscription Est entre 2004 et 2009, puis conseiller régional d’Ile-de-France entre 2010 et 2014, en parallèle de sa charge de porte-parole du Parti socialiste, de 2008 à 2012.
Au cours de son ascension au sein du Parti socialiste, Benoît Hamon s’est inscrit dans une tendance réformiste, notamment au sein du Nouveau Parti socialiste, un courant interne au PS qu’il cofonde avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon après le choc du 21 avril 2002, qui a vu la gauche éliminée au premier tour de la présidentielle.
Ministre délégué à l’économie sociale et solidaire (2012-2014), puis de l’éducation nationale (avril-août 2014), l’ex-porte parole du PS compte se démarquer du quinquennat écoulé et revendique son ancrage à gauche. Il disait, dès le 16 août, son désir de rompre avec « les quinquennats [qui] se succèdent », avec « les hommes providentiels aussi ».
Il est l’un des plus prompts à s’être déclarés pour la primaire, prenant de vitesse son plus proche rival, Arnaud Montebourg – l’ancien ministre de l’économie devait annoncer sa candidature quelques jours plus tard. M. Hamon n’avait eu d’autre choix que de quitter le gouvernement le même jour que M. Montebourg, en août 2014 ; lors de la fête de la rose, à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire) les deux hommes avaient milité pour un changement de cap de la politique économique menée par le gouvernement de Manuel Valls.
Bilans contrastés à Bercy et à l’éducation nationale
Lors de son passage à Bercy, en tant que ministre délégué chargé de l’économie sociale et solidaire, de mai 2012 à mars 2014, Benoît Hamon a mené quelques chantiers significatifs dont la loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS), qui donne un cadre à un secteur – regroupant notamment les mutuelles, les coopératives, les associations… – jusque-là mal défini. Adoptée en juillet 2014, la loi définit, pour la première fois, l’ESS comme un « mode d’entreprendre et de développement économique ».
Son autre grand projet fut la loi sur la consommation, adoptée en mars 2014. Elle propose un panel d’outils pour améliorer la protection des consommateurs comme l’action de groupe, la facilitation de la résiliation du contrat d’assurance, la mise en place d’un registre du crédit ou l’augmentation du délai de rétractation pour le commerce en ligne. Le ministre quitte son poste peu après l’adoption de cette loi pour rejoindre le ministère de l’éducation nationale.
Mais il ne passera que cent quarante-sept jours rue de Grenelle où il a succédé à Vincent Peillon en mars 2014, avant de suivre Arnaud Montebourg et de quitter le gouvernement en août de la même année. Au cours de ses quelques mois comme titulaire de ce portefeuille, M. Hamon n’a pas eu le temps de lancer de chantier majeur et laisse un bilan mitigé. Chargé de déminer le dossier de la réforme des rythmes scolaires, il lâche du lest sans pour autant calmer la fronde.
Il a également reculé sur les ABCD de l’égalité, outil pédagogique de promotion de l’égalité homme-femme, après la polémique lancée notamment par les opposants au mariage pour tous. Enfin, M. Hamon a été contraint de renoncer à faire avancer un dossier qui lui tenait à cœur : celui de la réforme de l’évaluation des élèves. Il démissionne avant d’effectuer sa première rentrée scolaire.
Manuel Valls, vendredi à Nancy. Crédits photo : VINCENT KESSLER/REUTERS
La prochaine candidature du premier ministre va bousculer les rapports de force au sein du fragile édifice socialiste.
«Ne soyez pas impatients!» Depuis Nancy où il était en déplacement vendredi, Manuel Valls a promis que la suite allait «très vite» arriver. Le premier ministre pourrait être dès dimanche soir l’invité d’un JT et remettre sa démission dans la foulée. Sa mise sur orbite pose toutefois un certain nombre de questions. Car sa candidature est loin de faire l’unanimité chez les socialistes.
• Valls peut-il gagner la primaire?
S’il est difficile d’évaluer les contours et le corps électoral de la primaire, un sondage Harris Interactive pour RMC, réalisé vendredi, place toutefois le premier ministre en tête (33 %) des suffrages chez les sympathisants de gauche. Il devance même assez nettement Arnaud Montebourg (20 %). Pour créer une dynamique au premier tour, Valls doit compter sur la dispersion des frondeurs et limiter l’émergence de candidatures concurrentes au sein de l’aile réformiste. Au second tour, le match s’annonce serré. Face au chantre du «made in France», le premier ministre gagnerait d’une très courte tête, avec 51 % des intentions de vote.
• Valls peut-il réconcilier les deux gauches?
Le chef du gouvernement a un positionnement politique très clivant. C’est lui qui a théorisé «les deux gauches irréconciliables». «C’est lui aussi qui a affirmé: “Comprendre, c’est déjà excuser”, mettant toutes les sciences sociales par terre» – et s’attirant des foudres à gauche après les attentats du Bataclan -, rappelle la sénatrice PS Bariza Khiari, soutien d’Emmanuel Macron. Valls tente d’arrondir les angles depuis septembre. Mais il faudra plus que des bonnes paroles pour soigner les blessures du quinquennat, marqué par de vifs affrontements entre les pro et les anti-Valls. Celui-ci peut toutefois compter, à ce stade, sur les désaccords entre les frondeurs. Ainsi, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg se distinguent trop sur de nombreux sujets (Europe, écologie, travail…) pour parvenir à s’entendre avant le premier tour.
• Cambadélis va-t-il le soutenir?
Manuel Valls s’est beaucoup rapproché du patron du PS ces derniers mois. Le soutien sera bientôt officiel. Les frondeurs ont toutefois fait pression sur Jean-Christophe Cambadélis pour que Manuel Valls ne conclue pas samedi la convention de la Belle Alliance populaire à Paris, censée porter la primaire. Et ont gagné le bras de fer. «Pas question de les laisser en faire un meeting de lancement de Manuel Valls», s’agace un proche d’Arnaud Montebourg.
• Valls a-t-il besoin du soutien de Hollande?
Lors de son allocution, jeudi, François Hollande n’a pas eu un mot pour son premier ministre. Selon Jean-Pierre Mignard, un de ses amis proches, le chef de l’État ne s’immiscera pas dans le débat de la primaire socialiste: «Il veut seulement soutenir le pays. C’est cela, son engagement», a-t-il dit vendredi sur Europe 1. Stratégiquement, Valls aura besoin du ralliement des hollandais historiques pour remporter la primaire. Mais un adoubement solennel du chef de l’État pourrait être encombrant pour la présidentielle, le marquant à jamais du sceau de l’échec. L’équation se résume ainsi: Valls ne peut être ni «traître» ni «doublure».
• Sa candidature va-t-elle aiguiser de nouvelles ambitions?
Valls pourrait susciter des vocations. Christiane Taubira, sa meilleure ennemie, est poussée par certains. Depuis son départ du gouvernement, l’ex-garde des Sceaux fait régulièrement entendre sa voix, se posant ainsi comme un recours à gauche. Également citées, les ministres Najat Vallaud-Belkacem (Éducation) et Marisol Touraine (Affaires sociales) incarneraient une candidature «hollandaise». L’une et l’autre s’étaient opposées cet été au chef du gouvernement lors de l’épisode du burkini. «Depuis, beaucoup de parlementaires et d’élus se sont rapprochés de Marisol pour lui demander d’être candidate si Hollande renonçait», confie un socialiste. Le secrétaire d’État Matthias Fekl, avec son mouvement, Movida, pourrait-il porter une «candidature d’idées»? Il n’est «pas souhaitable d’ajouter une candidature», tranche un proche. Quant à Ségolène Royal, interrogée vendredi au cours d’un déplacement au Mexique, elle a exclu d’être candidate.
• Que vont faire les «orphelins» de Hollande, aubrystes et ségolénistes?
«Nous sommes d’une gauche orpheline», a reconnu Thierry Mandon, animateur avec Matthias Fekl du mouvement Movida, au centre du PS. Le secrétaire d’État à la Recherche veut se focaliser sur le bilan «constructif et lucide» du quinquennat de François Hollande, «première victime de la primaire». Un travail indispensable «pour ne pas rester dans la position frontale entre l’autosatisfaction et la destruction au canon». Chez les aubrystes aussi, il y a ce souci d’être constructif et de ne pas tout balayer. «Aubry, cela fait longtemps que nous n’en attendons plus rien», ironise pourtant un élu alors que la maire de Lille avait ces derniers mois commencé à se rapprocher de Hollande. Que va faire Anne Hidalgo, potentielle héritière du courant? La maire PS de Paris soigne surtout sa réélection en 2020. Quant aux hollandais et ségolénistes, certains refusent net de soutenir Valls. D’autres, comme l’avocat et ami du président Jean-Pierre Mignard, partiront chez Emmanuel Macron. D’autres enfin soutiendront les hypothétiques candidatures de Najat Vallaud-Belkacem ou de Marisol Touraine.
• Valls peut-il provoquer des retraits de candidatures?
Les règles de la primaire imposent aux candidats battus de soutenir celui qui l’emporte. En cas de victoire de Manuel Valls, la perspective s’annonce donc assez peu réjouissante pour Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon. Ce dernier estime que le premier ministre «ne peut incarner l’avenir de la gauche». Une candidature hors primaire de ces candidats, déjà entrés de plain-pied dans la campagne, reste cependant peu probable. À l’inverse, la candidate du PRG Sylvia Pinel, qui s’est déclarée hors primaire, pourrait finalement se rapprocher de Manuel Valls.
Les prétendants ont jusqu’au 15 décembre pour se déclarer. Tour d’horizon des candidatures.
Une primaire en chasse une autre. Après celle de la droite, la gauche se lance aussi dans ce scrutin organisé par La Belle Alliance populaire. Si la campagne débute officiellement jeudi 1er décembre, les candidats ont jusqu’au 15 décembre pour se déclarer. Coorganisé par le Parti socialiste (PS) et trois groupes écologistes progouvernementaux (L’Union des démocrates et des écologistes, le Front démocrate et le mouvement Ecologistes !), le scrutin aura lieu les 22 et 29 janvier.
Les candidats du Parti socialiste
Aux candidats issus du PS, le parti a fixé les règles suivantes : ils devront avoir le soutien de 5 % des membres du conseil national du parti ou de 5 % des parlementaires socialistes ou de 5 % des conseillers régionaux et départementaux socialistes représentant au moins quatre régions et dix départements, ou de 5 % des maires socialistes de villes de plus de 10 000 habitants représentant au moins quatre régions et dix départements.
Arnaud Montebourg
Arnaud Montebourg, le 28 novembre 2016, dans son QG de campagne du XVe arrondissement de Paris. OLIVIER LABAN MATTEI / MYOP POUR LE MONDE
Déclaré
Après avoir entretenu un secret de polichinelle sur le cadre dans lequel il se présenterait à l’élection présidentielle, Arnaud Montebourg a finalement déposé, jeudi, sa candidature à la primaire de La Belle Alliance populaire. L’ancien ministre du redressement productif n’avait ni les moyens politiques ni les moyens financiers de faire cavalier seul dans cette bataille, où il est pour l’heure le rival le plus sérieux de François Hollande si celui-ci se présente.
Marie-Noëlle Lienemann
Déclarée
Figure des « frondeurs » et de la gauche du Parti socialiste, la sénatrice de Paris a fait partie de ceux qui ont, dès le mois de mars, plaidé pour l’organisation d’une primaire au sein du PS, à laquelle elle se portait candidate. Parmi ses propositions : une hausse immédiate du smic à 1 300 euros net par mois, puis à 1 500 euros d’ici à la fin du prochain quinquennat, un plafonnement du salaire des patrons et la mise en œuvre du revenu de base pour tous les jeunes de moins de 28 ans.
Benoît Hamon
Benoît Hamon, le 23 novembre 2016, à Rouen. CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Benoît Hamon, en meeting à La Plaine-Saint-Denis, le 28 août 2016.
Déclaré
Depuis sa sortie du gouvernement en 2014, le député des Yvelines cherche sa place parmi les « frondeurs », dans l’ombre d’Arnaud Montebourg. L’ancien ministre de l’éducation nationale veut faire campagne sur la réduction du temps de travail et sur l’instauration d’un « revenu universel d’existence », sans pour autant trouver, pour l’heure, d’écho dans les enquêtes d’opinion.
Gérard Filoche
Déclaré
L’ancien inspecteur du travail Gérard Filoche sera bien candidat à la primaire. « Je me suis décidé depuis le mois de juin », a-t-il dit le 5 octobre, après avoir publié dans la soirée une note de blog intitulée Je suis candidat.
M. Filoche, membre du conseil national du PS, avait pourtant jusqu’ici laissé planer le doute en répétant privilégier« une grande primaire » qui laisserait une place à une participation du PCF et d’EELV afin d’obtenir « une candidature unique » de la gauche à la présidentielle. Une condition qu’il estime donc remplie par la primaire dont les modalités ont été entérinées à l’unanimité, son vote y compris, au conseil national du PS dimanche. M. Filoche dit avoir les soutiens nécessaires.
Les candidats pressentis du PS
François Hollande
Francois Hollande, à Prague, en République tchèque, le 30 novembre 2016. MICHAL CIZEK / AFP
Non déclaré
Il n’a de cesse de distiller des signes d’entrée en campagne, sans toutefois se lancer. Ira ou n’ira pas ? Le chef de l’Etat entretient le suspense quant à sa candidature, plombée par un bilan loin de ses promesses de campagne, même si tout porte à croire qu’il briguera l’investiture du parti. François Hollande devrait se prononcer juste à temps pour la date limite de dépôt des candidatures, fixée au 15 décembre.
Pourrait-il présenter sa candidature pour un second mandat en évitant de passer par la primaire ? « C’est absolument inimaginable et ça serait d’ailleurs intolérable », a estimé Aurélie Filipetti, ex-ministre de la culture et soutien de M. Montebourg, lundi 28 novembre, sur France Inter. « Il y a un processus qui a été décidé collectivement. Personne, fût-il président de la République, ne peut s’en abstraire. »
Manuel Valls
Manuel Valls, à l’Assemblée nationale, le 29 novembre 2016. JACQUES DEMARTHON / AFP
Non déclaré
Le premier ministre n’exclut pas, dans un entretien au Journal du dimanche du 27 novembre, d’être candidat face au chef de l’Etat à la primaire du PS. Pourrait-il être candidat à la primaire face au chef de l’Etat, comme l’a évoqué samedi le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone ?
« Chacun doit mener ses réflexions en responsabilité. Je prendrai ma décision en conscience. Quoi qu’il arrive, le sens de l’Etat m’animera toujours », répond M. Valls au JDD. « C’est une question de jours », a-t-il précisé. Accentuant encore la pression sur François Hollande dans la perspective de la présidentielle, M. Valls explique vouloir« casser cette mécanique qui conduirait [la gauche] à la défaite ».
Les candidats des partis associés
Eux n’auront pas à faire la course aux parrainages pour se porter candidat à la primaire. Les règles de cette dernière précisent en effet que « chaque parti coorganisateur arrête, en son sein, les conditions de candidature de ses membres aux primaires citoyennes ». Une aubaine pour des âmes politiques en quête d’existence publique qui pourront être candidates pour leur micro-organisation.
Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate)
Déclaré
Des Verts au MoDem en passant par Europe Ecologie-Les Verts (EELV), le voilà à la tête du Front démocrate, membre de L’Union des démocrates et des écologistes (UDE), montée avec l’ex-EELV Jean-Vincent Placé. L’ancien député européen sera candidat à l’élection présidentielle pour « moderniser » et « rajeunir la démocratie française ».
François de Rugy (Ecologistes !)
Déclaré
Sa candidature est l’une des raisons principales de la scission de son mouvement, Ecologistes !, avec L’Union des démocrates et des écologistes. Puisqu’il ne pouvait y avoir qu’une seule candidature par mouvement associé à la primaire, le député de Loire-Atlantique, ex-EELV, a décidé de prendre du champ vis-à-vis de l’UDE, lui permettant de se frayer une place dans la course à l’investiture sans avoir à chasser les parrainages. Il entend s’en prendre au bilan du gouvernement, soulignant les réussites mais aussi les échecs en matière d’écologie.
Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne)
L’économiste est pour l’instant le dernier en date à avoir annoncé sa candidature, jeudi 1er décembre, dans un entretien au Parisien. « Nouvelle Donne a rassemblé 550 000 voix aux dernières élections européennes [en mai 2014]. Si ces 550 000 se mobilisent, nous pouvons faire un beau score », veut croire l’ancien conseiller régional d’Ile-de-France. Celui-ci compte faire appel en partie à la société civile pour se distinguer de ses concurrents, avec le lancement d’un nouveau collectif baptisé « 2017, reprenons la main ».
Paris – L’ancien président français Nicolas Sarkozy a annoncé dimanche son retrait de la vie politique après avoir reconnu sa défaite dès le premier tour de la primaire de la droite, qui signe son échec à reconquérir le pouvoir en 2017.
Il est temps pour moi d’aborder une vie avec plus de passion privée et moins de passion publique, a-t-il déclaré dans une brève allocution, prenant acte de la volonté des électeurs de choisir pour l’avenir d’autres responsables politiques.
L’ancien chef de l’Etat (2007-2012) a indiqué qu’il voterait pour son ancien Premier ministre, François Fillon, au second tour du scrutin dimanche prochain face au maire de Bordeaux (sud-ouest) Alain Juppé.
J’ai beaucoup d’estime pour Alain Juppé mais les choix politiques de François Fillon me sont plus proches, a-t-il expliqué en référence au programme libéral sur le plan économique et conservateur sur les questions sociales de son ancien chef de gouvernement.
Nicolas Sarkozy, 61 ans, qui a mené une campagne très à droite, se posant en candidat de la majorité silencieuse contre les élites, a appelé ses supporteurs à ne jamais emprunter la voie des extrêmes en allusion au parti d’extrême droite Front national (FN).
Bonne chance à la France, bonne chance à vous mes chers compatriotes, soyez certains que Français je suis, Français je reste et que tout ce qui de près ou de loin touche à la France, me touchera toujours personnellement, a déclaré Nicolas Sarkozy, manifestement ému.
Je suis comme ça, on ne change pas, je n’ai aucune amertume, aucune tristesse, et je souhaite le meilleur pour mon pays pour vous mes chers compatriotes, et pour celui qui aura à conduire ce pays que j’aime tant, la droite a donné une bonne image, j’ai été heureux de participer à ce combat, au revoir à tous.
Personnalité très clivante, Nicolas Sarkozy suscite l’adoration des uns, mais un fort rejet chez de nombreux autres. Son positionnement à droite toute et son style combattif, jugé fébrile par ses détracteurs, a suscité un front tous sauf Sarko dès la campagne présidentielle de 2012, qu’il avait perdue face au socialiste François Hollande.
Cinq ans plus tard, il voulait prendre sa revanche, mais l’effet blast qu’il avait annoncé n’a pas eu lieu.
Primaire de la droite française: Fillon gagne
François Fillon a créé la surprise dimanche en remportant largement le premier tour de la primaire de la droite à la présidentielle française. Il disputera à Alain Juppé, arrivé deuxième, l’investiture dimanche prochain. Battu sans appel, Nicolas Sarkozy est éliminé.
François Fillon, premier ministre durant le quinquennat présidentiel de Nicolas Sarkozy (2007-2012), a été plébiscité au premier tour de la primaire avec plus de 44% des suffrages, selon des résultats provisoires. Il fait désormais figure de favori.
Dimanche prochain, il affrontera Alain Juppé, qui a récolté 28,6% des voix. Le second tour paraît toutefois mal engagé pour le maire de Bordeaux, pourtant inamovible favori des sondages depuis son entrée en lice en août 2014.
Nicolas Sarkozy (20,6%) a en effet annoncé qu’il voterait pour François Fillon, tout comme Bruno Le Maire (2,4%), qui a raté le pari du « renouveau » en recueillant moins de 3% des suffrages. Seule Nathalie Kosciusko-Morizet (2,6%), qui ravit à Bruno Le Maire la quatrième place, a dit choisir M. Juppé.
Programme très libéral
Jean-Frédéric Poisson, qui a obtenu 1,5% des voix, n’a pas donné de consigne de vote, alors que Jean-François Copé, qui subit un camouflet avec 0,3%, doit se prononcer lundi. Sept candidats se disputaient l’investiture en vue de l’élection présidentielle de 2017.
« J’entraîne avec moi les électeurs de la droite et du centre qui veulent la victoire de leurs valeurs », a déclaré François Fillon. « La défaite ne doit humilier personne, car nous aurons besoin de tout le monde », a-t-il ajouté.
Premier sur la ligne de départ en 2013, François Fillon, 62 ans, a fait campagne sur un programme économique très libéral. Longtemps distancé dans les sondages, auteur d’une fulgurante remontée dans les deux dernières semaines, il est arrivé en tête dans 87 départements sur 101.
Face à lui, Alain Juppé, 71 ans, distancé mais pugnace, a promis un « combat projet contre projet » avec François Fillon, dont il a tardivement attaqué le programme en fin de campagne.
Jusqu’à récemment M. Juppé, favori des sondages, se consacrait surtout à se distinguer de Nicolas Sarkozy avec un discours pondéré, refusant de diviser ou de « dresser le peuple contre les élites », et avait sous-estimé François Fillon. Les deux hommes en découdront directement jeudi soir lors d’un ultime débat télévisé.
Forte participation
Ce scrutin inédit à droite a été marqué par une participation record, autour de 4 millions, dans les 10’228 bureaux de vote ouverts en France. En 2011, lors de la primaire socialiste, 2,6 millions de votants s’étaient déplacés au premier tour.
Cette primaire, dont Nicolas Sarkozy, 61 ans, ne voulait pas, signe son éclipse politique, quatre ans après sa défaite à l’élection présidentielle de 2012. « La page des guerres fratricides de notre famille politique est donc tournée. Je l’espère définitivement », a souligné l’ancien président à son quartier général de campagne.
« Je ne suis pas parvenu à convaincre une majorité d’électeurs. Je respecte et je comprends la volonté de ces derniers de choisir pour l’avenir d’autres responsables politiques que moi », a-t-il ajouté, déclarant, sibyllin sur son avenir politique, vouloir se consacrer à des passions plus « privées ». Il a dit laisser libres ses électeurs de se prononcer, mais a choisi François Fillon, « quels que soient les désaccords passés ».
Un sondage Opinionway diffusé dimanche soir donnait M. Fillon vainqueur à 54% face à M. Juppé (46%) lors du second tour.
Selon les enquêtes actuelles, la gauche au pouvoir, en miettes, risque d’être éliminée dès le premier tour de la présidentielle en avril 2017. Le résultat laisserait place à un duel au second tour entre le champion de la droite et la chef de l’extrême droite Marine Le Pen.
Les sondages donnent aujourd’hui le candidat de la droite vainqueur, mais la victoire surprise du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine et le vote britannique pour le Brexit incitent à la prudence.