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Le Nobel de littérature à Annie Ernaux, première Française lauréate

octobre 6, 2022
Le Nobel de litterature a Annie Ernaux, premiere Francaise laureate
Le Nobel de littérature à Annie Ernaux, première Française lauréate© AFP/Archives/Julie SEBADELHA

Le Nobel de littérature a couronné jeudi la Française Annie Ernaux et le « courage » de son œuvre autobiographique, faisant de cette figure féministe d’origine populaire la première Française à décrocher le prix.

L’autrice d’une vingtaine d’ouvrages, âgée de 82 ans, est récompensée pour « le courage et l’acuité clinique avec lesquels elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle », a expliqué le jury Nobel.

Elle devient la 17e femme à décrocher le Nobel de littérature depuis la fondation des célèbres récompenses en 1901, et la 16e des lauréats français, huit ans après Patrick Modiano.

En s’ajoutant au palmarès aux noms célèbres d’Anatole FranceAlbert Camus ou encore Jean-Paul Sartre – qui refusa le prix – elle devient surtout la première Française sacrée par le plus prestigieux des prix littéraires.

« Je suis très heureuse », « je suis fière » a déclaré la lauréate à quelques journalistes dont l’AFP devant chez elle, à Cergy-Pontoise, en région parisienne.

Elle a précisé que son discours de réception du prix, le 10 décembre à Stockholm, serait « l’occasion » pour elle de s’exprimer plus longuement.

L’écrivaine avait auparavant confié à la télévision suédoise ressentir « une grande responsabilité » pour continuer à témoigner « d’une forme de justesse, de justice, par rapport au monde ».

Avec sa prose cristalline, Annie Ernaux faisait depuis longtemps partie des favoris des cercles littéraires, mais elle a assuré que c’était pour elle une grande « surprise ».

« Son oeuvre est sans concession et écrite dans un langage simple, propre », a souligné l’Académicien suédois Anders Olsson.

« Courage et acuité »

« Quand elle met au jour, avec courage et acuité clinique, les contradictions de l’expérience sociale, décrivant la honte, l’humiliation, la jalousie ou l’incapacité à voir qui l’on est, elle accomplit quelque chose d’admirable et qui s’inscrit dans la durée », a-t-il ajouté.

Le style clinique d’Annie Ernaux, dénué de tout lyrisme, fait l’objet de nombreuses thèses.

Pour beaucoup, elle convoque l’universel dans le récit singulier de son existence. Abandonnant très rapidement le roman, elle renouvelle le récit de filiation et invente l' »autobiographie impersonnelle ».

« Une femme qui écrit, c’est tout », dit Ernaux pour se définir.

Dans son œuvre essentiellement inspirée de sa vie, elle a produit selon les critiques une remarquable radiographie de l’intimité d’une femme qui a évolué au gré des bouleversements de la société française depuis l’après-guerre.

Née en 1940, la jeune Annie vit jusqu’à ses 18 ans dans le café-épicerie « sale, crado, moche, dégueulbif » de ses parents à Yvetot en Haute-Normandie, dont elle va s’extraire grâce à une agrégation de lettres modernes obtenue à force d’un travail intellectuel intense.

La professeure de littérature à l’université de Cergy-Pontoise a écrit une vingtaine de récits dans lesquels elle dissèque le poids de la domination de classes et la passion amoureuse, deux thèmes ayant marqué son itinéraire de femme déchirée par ses origines populaires.

Voix de « la liberté des femmes »

Parmi ceux-ci figurent notamment « Les armoires vides » (1974), « la Place » (1983), « Les années » (2008) – considérée comme sa pièce maîtresse – et plus récemment « Mémoire de fille » (2018).

Son dernier livre, « Le jeune homme », est paru début mai chez Gallimard, son éditeur de toujours. Sur Twitter, la célèbre maison parisienne a dit son « immense joie ».

Le président français Emmanuel Macron a salué l’attribution du Nobel à Annie Ernaux, « voix » selon lui de « la liberté des femmes et des oubliés du siècle ». Elle « écrit, depuis 50 ans, le roman de la mémoire collective et intime de notre pays », ajoute-t-il.

Avec ses 16 prix, la France accroît encore son avance de première nation nobelisée en littérature, titre qu’elle détient depuis 1901 avec l’oublié Sully Prudhomme puis le provençal Frédéric Mistral trois ans plus tard.

Réputée – et critiquée – pour ses choix masculins et eurocentrés, l’Académie suédoise avait successivement sacré en 2020 la poétesse américaine Louise Glück puis en 2021 le romancier britannique né à Zanzibar Abdulrazak Gurnah, dont l’œuvre est centrée sur les tourments de l’exil et des réfugiés, l’anticolonialisme et l’antiracialisme.

La saison des Nobel se poursuit vendredi avec le très attendu prix de la paix, seule récompense remise à Oslo. Un prix lié à la Russie ou à l’Ukraine, ou encore pour l’action pour le climat, a les faveurs des pronostics. Elle se terminera lundi avec le prix d’économie.

Par Le Point avec AFP

Abdulrazak Gurnah, Nobel de littérature sans frontières

octobre 30, 2021
Abdulrazak Gurnah, prix Nobel de littérature, à Londres, le 8 octobre 2021. © Neil Hall /EPA/MAXPPP

L’écriture de ce Tanzanien de 73 ans, natif de Zanzibar, a séduit la prestigieuse académie suédoise. Au cœur de son œuvre, le sort des réfugiés et les ravages du colonialisme.

Il existe plusieurs manières de présenter le romancier Abdulrazak Gurnah, selon le point de vue d’où l’on se place. Ainsi, on peut dire qu’il est le second romancier noir d’origine africaine à recevoir le prix Nobel de littérature après le Nigérian Wole Soyinka en 1986. Mais on peut également dire qu’il est le cinquième auteur africain à recevoir cette récompense internationale après Wole Soyinka, Naguib Mahfouz (Égypte, 1988), Nadine Gordimer (Afrique du Sud, 1991) et J.M. Coetzee (Afrique du Sud, 2003).

Cela n’empêchera pas pour autant les journaux yéménites de revendiquer quelques miettes de gloire : « Gurnah a grandi en Tanzanie et a fait ses études au Royaume-Uni après y avoir trouvé refuge à la fin des années 1960, écrit Aden Time. Mais il est hadrami par ses deux parents. » Entendez : la maison de famille du prix Nobel se trouverait à Al-Dis Al-Charqiya, une ville de la province du Hadramaout, au Yemen. Quant aux Britanniques, ils voient en lui la seconde célébrité de leur pays à être née en Tanzanie, et plus précisément à Zanzibar. La première n’étant autre que le chanteur Farrokh Bulsara, connu sous le nom de scène de Freddie Mercury !

Déracinement

Bien sûr, tous ont raison, mais définir Abdulrazak Gurnah par rapport à ses origines géographiques serait commettre une lourde erreur. Né à Zanzibar en 1948, l’écrivain a en effet passé sa vie, depuis son premier roman, Memory of Departure (1987), à travailler sur la question du déracinement, de l’exil, de l’appartenance à un lieu ou à une société.

Si l’on voulait résumer sa démarche de manière abrupte, l’on pourrait dire que Gurnah écrit sur – et pour – les réfugiés de toutes origines. L’Académie Nobel ne s’y est pas trompée en le distinguant pour « son analyse pénétrante et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés, écartelés entre cultures et continents ».

Auteur de dix romans, écrits en anglais, cet homme discret n’a cessé de raconter les histoires de ceux qui, en général, se voient ignorés par les livres d’Histoire ou renvoyés à la masse indistincte de leur grand nombre. Des réfugiés, des étudiants, des soldats indigènes des armées coloniales connus sous le nom d’askari, des petits commerçants, des employés de maison, que beaucoup préfèrent ne pas voir mais qui ont, malgré tout, une existence pleine et entière.

UNE TERREUR VINDICATIVE S’ABATTIT SUR NOS VIES. »

Que ce soit avec By the Sea (2001) ou avec The Last Gift (2011), Gurnah s’intéresse aux réfugiés qui essaient de reconstruire leur vie au Royaume-Uni. Que laissent-ils derrière eux ? Que gardent-ils ? Que reçoivent-ils de la société qui les accueille, bon gré mal gré ?

Il sait de quoi il parle, bien entendu, puisqu’il a été contraint de fuir Zanzibar. Élevé dans la religion musulmane, il grandit sur cette île alors sous protectorat anglais. Après l’indépendance, accordée le 10 décembre 1963, une violente révolution frappe l’île, entraînant massacres et pillages, notamment à l’encontre des commerçants arabes et indiens. « Des milliers de personnes furent massacrées, des centaines furent emprisonnées et des communautés entières furent expulsées, écrit Gurnah. Avec les tourments et les persécutions qui suivirent, une terreur vindicative s’abattit sur nos vies. »

L’ÉCRITURE EST NÉE DE LA SITUATION DANS LAQUELLE JE ME TROUVAIS : PAUVRETÉ, MAL DU PAYS… »

En compagnie de son frère, Gurnah trouve le moyen de fuir vers l’Angleterre à la fin des années 1960. Il y devient enseignant à l’université du Kent, spécialiste des lettres anglaises et des études postcoloniales. « L’écriture est née de la situation dans laquelle je me trouvais, a-t-il confié au Guardian, c’est-à-dire la pauvreté, le mal du pays, l’absence de qualification, d’éducation. Quand vous êtes dans cet état de misère, vous commencez à coucher les choses par écrit. Je ne me suis pas dit : “Tiens, je vais écrire un roman”. »

Aujourd’hui à la retraite et installé à Canterbury, l’essayiste et romancier savoure une consécration qui fut longue à venir et se demande ce qu’il fera des 840 000 livres sterling [995 000 euros] que représente le prix. Son éditrice, Alexandra Pringle, se réjouit qu’une certaine injustice soit enfin réparée : « C’est l’un des plus grands écrivains africains vivants, et personne n’avait vraiment prêté attention à lui. Ça me tuait ! », a-t-elle déclaré au Guardian.

Racisme sans fard

En France, seuls trois des romans de Gurnah ont été traduits (Paradise, Près de la mer, Adieu Zanzibar) et ils ne sont, pour l’heure, plus disponibles à la vente. Un manque d’attention à une cause qui fait pourtant souvent la une des journaux ? C’est possible. Raison de plus pour en faire des romans. Au Guardian encore, Gurnah déclarait : « Le sujet des déplacements [de populations] est la grande affaire de notre époque, celle de ces gens qui doivent reconstruire et refaire leur vie loin de l’endroit où ils sont nés. Et il existe plusieurs dimensions à ce problème. De quoi se souviennent-ils ? Comment vivent-ils avec ce dont ils se souviennent ? Comment vivent-ils avec ce qu’ils trouvent ? Ou, en effet, comment sont-ils reçus ? »

LES LOIS SUR LES RÉFUGIÉS SONT SI MESQUINES QU’ELLES ME PARAISSENT CRIMINELLES. »

Lui-même, se souvient d’avoir été victime, à son arrivée, d’un racisme direct, sans fard. Si les choses semblent s’être améliorées de ce point de vue – le langage s’est policé –, le rapport aux migrants reste violent. « Nous avons de nouvelles lois portant sur la détention des réfugiés et des demandeurs d’asile qui sont si mesquines qu’elles me paraissent criminelles », dit-il.

Domination coloniale allemande

Au cœur de son œuvre, il y a aussi la question coloniale. Dans son deuxième roman, Paradise (1994), qui se déroule juste avant la Seconde Guerre mondiale et raconte notamment comment les troupes allemandes enrôlaient des Africains de force. Dans son dernier roman, Afterlives (2020), qui s’ouvre sur la rébellion des Maï-Maï (1905-1907) contre la domination coloniale allemande, et narre le destin de communautés cherchant à survivre en dépit des règles imposées par les puissances occupantes successives. L’Allemagne exerça son autorité sur le Tanganyika jusqu’en 1919, puis les Britanniques s’emparèrent du pouvoir et le gardèrent jusqu’à l’indépendance, en 1964.

Présenté ainsi, le nouveau Nobel a tout d’un écrivain engagé. Il ne faut pourtant pas le réduire à cette dimension. Si la fiction est pour lui un moyen d’informer, elle est aussi un moyen de raconter, de donner du plaisir et de rendre compte d’une expérience après tout universelle : d’une certaine manière, nous sommes tous des réfugiés ou des exilés. Gurnah, lui, n’est retourné à Zanzibar que dix-sept ans après son départ. Il était terrifié, il craignait sa réaction comme celle des autres. Mais tout s’est bien passé, tout le monde a été heureux de le revoir.

Avec Jeune Afrique par Nicolas Michel

Le prix Nobel de littérature décerné au Tanzanien Abdulrazak Gurnah

octobre 7, 2021
Le romancier Abulrazak Gurnah, en 2009 © Wikimedia / Creative Commons / PalFest

Le romancier Abdulrazak Gurnah, né en Tanzanie mais habitant au Royaume-Uni, est le premier auteur noir à recevoir la plus prestigieuse des récompenses littéraires depuis 1993.

L’auteur, connu notamment pour son roman Paradise a été récompensé pour son récit « empathique et sans compromis des effets du colonialisme et le destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents », selon le jury.

Né en 1948 à Zanzibar, qu’il a fui en 1968 à un moment où la minorité musulmane était persécutée, Abdulrazak Gurnah a publié une dizaine d’ouvrages depuis 1987. Son œuvre s’éloigne des « descriptions stéréotypiques et ouvre notre regard à une Afrique de l’Est diverse culturellement qui est mal connue dans de nombreuses parties du monde », a expliqué le jury.

L’an passé, la poétesse américaine Louise Glück avait été sacrée par la plus célèbre des récompenses littéraires pour son œuvre « à la beauté austère ». Cette année, les conjectures ont beaucoup tourné autour de la promesse de l’Académie d’élargir ses horizons géographiques. Même si le président du comité Nobel Anders Olsson avait pris soin de réaffirmer en début de semaine que le « mérite littéraire » restait « le critère absolu et unique ».

Prix très occidental

Le prix est historiquement très occidental et depuis 2012 et le Chinois Mo Yan, seuls des Européens ou des Nord-Américains avaient été sacrés. Sur les 117 précédents lauréats en littérature depuis la création des prix en 1901, 95, soit plus de 80 % sont des Européens ou des Nord-Américains – avec le prix 2021, ils sont 102 hommes au palmarès pour 16 femmes.

Sur les quelque 200 à 300 candidatures soumises bon an mal an à l’Académie, cinq sont retenues avant l’été. Les membres du jury sont chargés de les lire attentivement et discrètement avant le choix final peu avant l’annonce. Les délibérations restent secrètes pendant 50 ans.

Après les sciences en début de semaine, la saison Nobel se poursuit vendredi à Oslo avec la paix, pour s’achever lundi avec l’économie.

Par Jeune Afriqueavec AFP

Le Nobel de littérature pourra être décerné

octobre 5, 2018

 

Suède L’académie suédoise a élu de nouveaux membres, ce qui permettra de décerner le prix Nobel de littérature en 2019.

 

Jila Mossaed, 70 ans, poétesse née à Téhéran, est l'une des deux personnalités élues vendredi à l'académie suédoise.

Jila Mossaed, 70 ans, poétesse née à Téhéran, est l’une des deux personnalités élues vendredi à l’académie suédoise. Image: AFP

L’académie suédoise, qui décerne le prix Nobel de littérature, a annoncé vendredi l’élection de nouveaux membres. Après un scandale sexuel, elle n’en comptait plus que dix actifs sur 18, ce qui a entraîné le report d’un an de la récompense en 2018.

Ses statuts requièrent la présence d’au moins douze sages. Les désaccords au sein de l’académie sur la manière de gérer les révélations d’agressions sexuelles d’un Français proche de l’institution, et marié à l’un de ses membres, ont suscité de graves dissensions internes. Plusieurs se sont mis en congé, dont la secrétaire perpétuelle alors en exercice, Sara Danius.

L’élection de Jila Mossaed, 70 ans, poétesse née à Téhéran, qui écrit en suédois et en persan, et celle d’Eric Runesson, né en 1960, juge à la cour suprême suédoise, permet ainsi à l’académie de retrouver son quorum indispensable. Mme Mossaed remplace l’écrivaine Kerstin Ekman, qui s’est mise en retrait de l’académie en 1989, après le refus de l’académie de condamner à l’époque une fatwa contre l’écrivain britannique Salman Rushdie.

«Nous avons fait un bon bout de chemin pour rétablir la confiance. Les choses semblent désormais différentes», s’est félicité le secrétaire perpétuel par intérim, Anders Olsson. Le roi Carl XVI Gustaf, parrain de l’institution, avait annoncé en mai une modification des statuts de l’académie: ses membres, initialement élus à vie, pourront désormais démissionner et être remplacés de leur vivant. (ats/nxp)

Tdg.ch créé: 06.10.2018, 03h31

L’écrivain britannique et prix Nobel de littérature V.S. Naipaul est mort

août 11, 2018

Londres – L’écrivain britannique V.S. Naipaul, prix Nobel de littérature en 2001, est mort à 85 ans, a annoncé samedi sa famille.

« Il était un géant dans tout ce qu’il a accompli et il est mort entouré par ceux qu’il aimait, ayant vécu une vie pleine de créativité merveilleuse et d’initiative », a déclaré sa femme, Lady Naipaul, dans un communiqué.

Vidiadhar Surajprasad Naipaul – peintre du déracinement, des petites gens et des empires déclinants – est l’auteur de plus de trente ouvrages.

Né le 17 août 1932 dans les Antilles britanniques, à Port of Spain, la capitale de la Trinité, d’une famille d’immigrés indiens, il avait étudié la littérature anglaise à l’université d’Oxford avant de s’établir en Angleterre en 1953.

Il avait consacré une grande partie de sa vie à voyager et était devenu un symbole du déracinement dans la société contemporaine.

En lui décernant le prix Nobel en 2001, l’Académie suédoise avait qualifié V.S. Naipaul d' »écrivain cosmopolite » et « tourmondiste littéraire ».

L’une de ses oeuvres majeures est son autobiographie « Une maison pour Monsieur Biswas » en 1964, où le héros emprunte les traits du père de l’écrivain.

A travers ce livre, il décrivait la difficulté pour les immigrants indiens dans les Caraïbes de s’intégrer dans la société tout en conservant leurs racines.

En 1998, il livrait « Jusqu’au bout de la foi », après avoir refait, apaisé, le voyage qui l’avait conduit, dix-sept ans auparavant, dans les quatre pays musulmans non arabes (Indonésie, Iran, Pakistan, Malaisie) qui avaient inspiré le fiévreux « Crépuscule sur l’Islam, voyage au pays des croyants ».

Il y décrivait les pays post-coloniaux comme des sociétés « à moitié faites » et soutenait que l’islam réduisait à l’esclavage et tentait d’éliminer les autres cultures.

Romandie.com avec(©AFP / 11 août 2018 23h51)                                                        

Le Nobel de littérature au Britannique Ishiguro, auteur des « Vestiges du jour »

octobre 5, 2017

Kazuo Ishiguro donne une conférence de presse à Londres le 5 octobre 2017 après avoir reçu le Prix Nobel de littérature / © AFP / Ben STANSALL

Ecrivain des illusions et de la mémoire, le Britannique d’origine nippone Kazuo Ishiguro, auteur des « Vestiges du jour » adapté avec succès au cinéma, a été consacré jeudi par le prix Nobel de littérature.

Kazuo Ishiguro, 62 ans, « a révélé, dans des romans d’une puissante force émotionnelle, l’abîme sous notre illusoire sentiment de confort dans le monde », a commenté en français la secrétaire perpétuelle de l’Académie suédoise, Sara Danius, sous les ors de la salle de la Bourse à Stockholm.

L’écrivain, qui recevra neuf millions de couronnes (845.000 euros), s’est dit « formidablement flatté ».

Il a raconté qu’il était à son bureau lorsque son agent l’a appelé pour lui apprendre la nouvelle. « J’ai cru qu’il s’agissait d’un canular. Je n’y ai pas cru pendant un bon moment », a-t-il expliqué au cours d’une conférence de presse improvisée à son domicile londonien.

« C’est un honneur magnifique, principalement parce que cela signifie que je marche dans les pas des plus grands écrivains de tous les temps », a-t-il déclaré à la BBC.

Qualifié de « chef-d’oeuvre » par l’Académie suédoise, son roman le plus connu, « Les vestiges du jour » (1989), a été porté à l’écran en 1993 par James Ivory avec Anthony Hopkins et Emma Thompson et salué par le prestigieux Man Booker Prize qui récompense une oeuvre de langue anglaise.

Il y évoque le sacrifice de la vie d’un majordome au service de son maître, un aristocrate anglais que ses sympathies nazies laissent ruiné à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

– ‘Kubrick de la littérature’ –

Kazuo Ishiguro, « c’est le Kubrick de la littérature […], il invente un monde nouveau à chaque livre, et c’est ce qui fait de lui l’un des auteurs les plus puissants et passionnants de l’époque », s’est réjoui l’éditeur et critique littéraire Florent Georgesco sur la radio France Culture.

Né en 1954 au Japon, à Nagasaki, ville martyre rasée par la bombe H en 1945, Kazuo Ishiguro est arrivé en Grande-Bretagne en 1960 où son père, océanographe, était amené à travailler. Son oeuvre témoigne de cette double culture.

Il aimerait désormais collaborer à l’écriture de bandes dessinées. « Je suis en discussion pour travailler sur un roman graphique, ce qui est assez excitant pour moi parce que c’est quelque chose de nouveau et ça me renvoie à mon enfance japonaise, quand je lisais des mangas », a-t-il dit à la presse.

Zen nippon doublé de flegme britannique, lunettes à monture noire et pull assorti, cet auteur discret qui se rêvait en chanteur pop à textes comme Bob Dylan ou encore Leonard Cohen passe pour être un des meilleurs stylistes de sa génération, lui dont la langue maternelle n’était pas l’anglais.

En 1995, il expliquait être souvent ramené à l’une ou l’autre de ses identités. Ses premiers romans situés au Japon étaient en outre davantage perçus comme des reconstitutions historiques que comme des fictions universelles.

« Je pensais que si j’écrivais un livre situé en Grande-Bretagne, comme je l’ai fait dans +Les vestiges du jour+, cela s’estomperait largement, mais parce que les +Vestiges du jour+ fixent la Grande-Bretagne dans un moment particulier de l’Histoire, je me suis heurté aux mêmes écueils », déplorait-il dans un entretien avec l’International Herald Tribune.

– Domination anglophone –

Kazuo Ishiguro confirme la domination des anglophones au palmarès du prix Nobel de littérature, avec 29 lauréats contre 14 francophones, 13 germanophones et onze hispaniques, et marque le retour du Nobel à une certaine orthodoxie.

Car si le sacre de Bob Dylan l’an dernier avait ravi ses fans, il avait mécontenté les gardiens du temple Nobel. D’autant qu’il s’était fait représenter pour les cérémonies de remise du prix le 10 décembre à Stockholm.

Kazuo Ishiguro a quant à lui assuré qu’il se rendrait à Stockholm.

Il a publié sept romans depuis 1982 : « Lumière pâle sur les collines », « Un artiste du monde flottant » (prix Whitbread Award 1986), « Les Vestiges du jour », « L’Inconsolé », « Quand nous étions orphelins », « Auprès de moi toujours » et « Le Géant enfoui ».

Il a également signé quatre textes de chansons pour la chanteuse de jazz américaine Stacey Kent.

La saison Nobel se poursuit avec la paix vendredi à Oslo, puis l’économie lundi.

En pleine crise entre Washington et Pyongyang, le Nobel de la paix pourrait récompenser des efforts contre la prolifération atomique. Parmi les favoris figurent les artisans de l’accord de 2015 sur le contrôle du nucléaire iranien et la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN).

Romandie.com avec(©AFP / 05 octobre 2017 18h28)                

Suède: Bob Dylan à Stockholm pour recevoir son Nobel de littérature

avril 1, 2017

Des ouvrages consacrés au musicien américain Bob Dylan exposés le 13 octobre 2016 à Stockholm / © AFP/Archives / JONATHAN NACKSTRAND

Après des mois de suspense, Bob Dylan reçoit dans le plus grand secret ce week-end à Stockholm son Nobel de littérature des mains des académiciens suédois qui l’ont distingué, presque malgré lui, pour sa poésie.

Thomas Mann, Albert Camus, Samuel Beckett, Gabriel Garcia Marquez ou Doris Lessing: à 75 ans, le chanteur rejoint le Panthéon des hommes et des femmes de lettres canonisés par l’Académie suédoise depuis 1901.

Il doit se voir remettre son diplôme et sa médaille au cours d’une entrevue avec le jury suédois, dans un lieu et en un temps tenus strictement secrets.

Le mystère demeure entier quant à son discours de réception, qui peut aussi être une chanson. Tout lauréat doit rendre sa « leçon Nobel » dans les six mois suivant la cérémonie de remise du prix le 10 décembre, soit avant le 10 juin.

« L’Académie suédoise et Bob Dylan sont convenus de se rencontrer ce week-end. Cela se fera en petit comité et dans l’intimité, et aucun média ne sera présent; seuls Bob Dylan et des académiciens seront présents, conformément aux souhaits de Dylan », a expliqué la secrétaire perpétuelle de l’Académie suédoise, Sara Danius, sans préciser si cela aurait lieu samedi ou dimanche .

« Aucun discours Nobel ne sera prononcé. L’Académie a de bonnes raisons de penser qu’une version enregistrée (du discours) sera envoyée à une date ultérieure », a-t-elle ajouté.

Car sans leçon, pas de cachet: le chèque de huit millions de couronnes (838.000 euros) accompagnant les lauriers Nobel n’est signé et remis que si la leçon a été donnée.

– « Hippies séniles » –

Bob Dylan reçoit son prix Nobel de littérature à Stockholm / © AFP / Paul DEFOSSEUX, Sophie RAMIS

Seule certitude: Bob Dylan donne deux concerts dans la capitale suédoise, samedi et dimanche, coup d’envoi d’une tournée européenne à l’occasion de la sortie de son nouvel opus, un triple album de reprises de Frank Sinatra.

A quelques heures de sa première prestation samedi, les médias suédois, comme lassés, évoquaient à peine le cas Dylan sur leurs sites.

De l’avis des spécialistes, il ne devrait pas faire mention de son prix sur scène.

« Dès que vous voulez l’emmener dans une direction, il prend le contrepied », explique Martin Nyström, critique musical du quotidien Dagens Nyheter.

À la surprise générale – parfois teintée d’indignation -, Bob Dylan, de son vrai nom Robert Allen Zimmerman, avait été récompensé en octobre « pour avoir créé dans le cadre de la grande tradition de la musique américaine de nouveaux modes d’expression poétique », selon les attendus de l’Académie.

Premier musicien nobélisé par les sages suédois, son nom comme celui du Canadien Leonard Cohen, qui allait décéder en novembre, revenait de temps en temps dans les spéculations, sans jamais être pris au sérieux.

Là où les puristes attendaient ses compatriotes Philip Roth ou Don DeLillo, la secrétaire perpétuelle Sara Danius a âprement défendu son choix et celui de ses pairs, inscrivant la poésie chantée de Dylan dans la tradition homérienne.

Le musicien américain Bob Dylan, le 25 avril 2011 à Byron Bay en Australie / © AFP/Archives / TORSTEN BLACKWOOD

Du côté des indignés, l’Ecossais Irvine Welsh, auteur de « Trainspotting », s’était moqué d’un prix décerné par « des hippies séniles », tandis que le romancier français Pierre Assouline dénonçait un choix « affligeant ».

– « Arrogance » –

Pris à son corps défendant dans ce tumulte de louanges et de critiques, Bob Dylan a accueilli l’annonce par un silence non moins tonitruant. Au point de s’attirer les foudres d’un notable de l’Académie, Per Wästberg, qui s’était emporté contre son « arrogance ».

Le soir du banquet, le 10 décembre, c’est l’ambassadrice américaine en Suède qui a lu son discours de remerciements, dans lequel il confiait son étonnement de voir son nom aux côtés de ceux d’auteurs comme Rudyard Kipling (1907) ou Ernest Hemingway (1954).

« Ces géants de la littérature dont les oeuvres sont enseignées dans les classes, figurent dans les rayonnages des bibliothèques du monde entier et dont on parle avec tant de déférence ont toujours fait sur moi la plus profonde impression », disait-il alors.

Pour Martin Nyström, les absents n’ont pas toujours tort. À l’en croire, le natif du Minnesota (nord des Etats-Unis) passe son temps à accorder sa lyre: « Il a un emploi du temps incroyable. C’est un artiste, il écrit des livres, des textes, de la musique et il est en tournée sans arrêt avec son groupe », plaide-t-il.

Avec son folk-rock lettré, ses lunettes noires et sa voix rugueuse, Bob Dylan est passé du troubadour folk à l’aube des années 1960 à la superstar décorée en 2012 par le président américain Barack Obama.

L’homme à l’harmonica est souvent absent des grands rendez-vous où le monde entier l’espère. En 1969 déjà, jeune tête d’affiche du festival de la contre-culture organisé à Woodstock (nord-est des Etats-Unis), il avait été soudainement déprogrammé, occupé ailleurs.

Romandie.com avec(©AFP / 01 avril 2017 12h33)

Le prix Nobel Wole Soyinka quitte les Etats-Unis pour l’Afrique du Sud

mars 31, 2017

L’écrivain d’origine nigériane avait annoncé qu’il ne resterait pas aux Etats-Unis si Donald Trump était élu.

L’écrivain Wole Soyinka en août 2015. Crédits : Geraldo Magela/Agencia Senado
Il l’avait annoncé, il le fait. Le prix Nobel de littérature nigérian, Wole Soyinka, avait annoncé qu’il quitterait les Etats-Unis si Donald Trump était élu. Après avoir jeté sa green card, cette figure intellectuelle du continent africain s’installe finalement en Afrique du Sud pour rejoindre l’Université de Johannesburg.

Agé de 83 ans, Wole Soyinka vivait depuis plus de vingt ans aux Etats-Unis. Il était attaché à l’institut des affaires africaines-américaines de New York University quand M. Trump a été élu.

Le premier Africain nobélisé, en 1986, est toujours aujourd’hui l’unique lauréat noir du prix Nobel de littérature de toute l’Afrique. Il prendra un poste de professeur invité et va participer au débat sur la « décolonisation et l’africanisation du savoir » dans le système éducatif sud-africain. Fin 2016, il avait donné une conférence dans cette même université de Johannesburg, dans laquelle il avait évoqué sa vision de l’éducation en Afrique.

Lemonde.fr

Mort de Derek Walcott, Prix Nobel de littérature 1992

mars 17, 2017

Elevé dans la minorité protestante d’une île à majorité catholique et de culture francophone, son œuvre poétique s’inscrit au cœur de ces confluences et de ces contradictions.

Derek Walcott dans la bibliothèque de l’université d’Oviedo, en mars 2006.

Derek Walcott dans la bibliothèque de l’université d’Oviedo, en mars 2006. © Eloy Alonso / Reuters / REUTERS
Le poète antillais de langue anglaise Derek Walcott, Prix Nobel de littérature 1992, est mort chez lui à Sainte-Lucie, dans les Caraïbes anglophones, a annoncé, vendredi 17 novembre sa famille. Il avait 87 ans.

Pendant de nombreuses années, Derek Walcott se retrouva dans la liste des « nobélisables ». « L’œuvre poétique de Derek Walcott, écrivain métis anglophone, élevé dans la minorité protestante d’une île à majorité catholique et de culture francophone, s’inscrit au cœur de ces confluences et de ces contradictions », écrivait Le Monde en 2012.

Dans son discours de réception du prix Nobel, Walcott célébra la culture multiple des Antilles par une merveilleuse métaphore : « Cassez un vase : l’amour qui en assemble à nouveau les morceaux est plus fort que l’amour qui, lorsqu’il était entier, considérait sa perfection symétrique comme allant de soi. La colle qui en rejoint les morceaux en scelle la forme originale. C’est cet amour-là qui rassemble nos fragments africains et asiatiques, ces legs tout fendus dont la restauration révèle les cicatrices blanchies. »

Le poète est mis à l’honneur dans les écoles de Sainte-Lucie chaque 23 janvier, date de son anniversaire et de celui de l’autre Nobel (d’économie) originaire de l’île, sir Arthur Lewis (1915-1991).

Lemonde.fr avec AP

Prix Nobel: Bob Dylan ne répond pas à l’Académie suédoise

octobre 14, 2016

Près de vingt-quatre heures après avoir attribué le prix Nobel de littérature au chanteur et compositeur américain Bob Dylan, l’Académie suédoise n’avait « toujours pas » parlé vendredi avec la superstar. Entre-temps, l’artiste a pourtant donné un concert.

« L’Académie a parlé avec l’agent de Dylan et aussi le responsable de sa tournée », a expliqué à l’AFP son chancelier Odd Zschiedrich. Mais pas moyen d’avoir une conversation avec le lauréat. Bob Dylan a donné un concert jeudi soir à Las Vegas où, d’après les journalistes qui y ont assisté, il n’a fait que chanter, sans jamais rien dire et donc sans évoquer son prix Nobel.

D’après le Washington Post, qui a contacté des proches, « Dylan est resté silencieux toute la journée au sujet de sa récompense ». Un de ses amis, le chanteur Bob Neuwirth, a déclaré au quotidien américain qu’il « pourrait bien ne jamais même faire de remerciements ».

Les lauréats sont invités chaque année le 10 décembre à Stockholm pour recevoir leur prix des mains du roi de Suède et donner un discours lors d’un banquet. L’Académie suédoise ne savait pas, bien évidemment, si Bob Dylan avait l’intention de venir.

En 1964, le philosophe français Jean-Paul Sartre avait refusé le prix Nobel de littérature, annonçant sa décision dès qu’il avait appris qu’on le lui décernait. Il n’avait pas obtenu les 273’000 couronnes attachées à la récompense à l’époque.

Romandie.com avec(ats / 14.10.2016 11h59)