LE CHIFFRE DE LA SEMAINE. Les exportations de blé de la France enregistrent des niveaux records, soutenues par les conséquences de la guerre en Ukraine.
Selon les données des douanes, le solde commercial français des produits agricoles s’est amélioré de 2 milliards d’euros au cours du troisième trimestre de cette année par rapport au même trimestre de 2021, lui permettant de dégager un excédent historique de 2,2 milliards d’euros, supérieur de 0,6 milliard d’euros au précédent record établi au quatrième trimestre 2012.
L’amélioration sur un an du solde agricole s’explique par une hausse des exportations (+ 2,4 milliards d’euros) nettement supérieure à celle des importations (+ 0,3 milliard d’euros). Les exportations en valeur des produits de l’agriculture se sont élevées au cours du troisième trimestre 2022 à un niveau sans précédent de 6,6 milliards d’euros, en progression sur un an de 24,2 % sur un an.
Selon les douanes, la hausse des exportations de produits agricoles provient pour plus des deux tiers du blé, dont la croissance des ventes s’explique à la fois et de façon égale par celle des prix et celle des quantités. Le prix de la tonne de blé meunier (Rouen) s’établissait à 354 euros à la fin du mois de septembre, contre 226 euros un an plus tôt, soit une hausse de 57 %.
Les exportations de blé français, notamment vers l’Afrique du Nord, sont par ailleurs directement soutenues par les conséquences de la guerre en Ukraine. Selon les douanes, la part de marché de l’Ukraine et de la Russie dans les importations de blé du Maroc est ainsi passée de 31 points en 2021 à 2 points au premier semestre 2022. À l’inverse, pendant la même période, la part de marché de la France dans les importations marocaines de blé s’est accrue de 17 points.
En quête accélérée de diversification de ses sources d’approvisionnement en gaz depuis le début du conflit russo-ukrainien, l’Italie signe un nouvel accord avec le Congo pour la production et l’exploitation de trois millions de tonnes de GNL par an.
Une signature d’accord entre la République du Congo et Eni Congo a été finalisée le 21 avril à Brazzaville, pour augmenter la production et l’exportation de gaz de la société italienne. Une adoption d’engagement qui s’est tenue en présence du ministre congolais des Hydrocarbures, Bruno Jean Richard Itoua, du ministre des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, de son homologue italien, Luigi Di Maio, de son confrère pour la Transition écologique, Roberto Cingolani, et du PDG d’Eni, Claudio Descalzi. Après la signature de cet accord, une rencontre a eu lieu avec le président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso.
Dans le détail, l’accord prévoit l’accélération et l’augmentation de la production de gaz au Congo, principalement par le développement d’un projet de gaz naturel liquéfié (GNL), avec un démarrage prévu en 2023 et une capacité estimée à plus de 3 millions de tonnes/an (plus de 4,5 milliards de mètres cubes/an).
Les volumes estimés dépassant largement les besoins du marché congolais, Eni Congo entend valoriser cet excédent en l’exportant.
Objectifs de décarbonation
Brazzaville et Eni Congo se sont également accordés sur la définition « d’initiatives de décarbonation pour la promotion de la transition énergétique durable au Congo », notamment dans les domaines des énergies renouvelables, de l’agriculture avec le développement d’une filière agricole (non concurrente à la filière alimentaire) affectée à la production de matières premières nécessaires au bioraffinage. Les initiatives porteront également sur la conservation et la gestion durable des forêts, la promotion de systèmes de cuisson propres ainsi que sur la capture, l’utilisation et le stockage du CO2.
Une décision qui fait suite à la signature d’un protocole d’accord entre les deux parties en octobre 2021 sur le développement conjoint du secteur des biocarburants dans le pays, qui établit le cadre de la production industrielle d’huile de ricin permettant de fournir une matière première au système de bioraffinerie d’Eni.
En 2020, la production annuelle de pétrole d’Eni Congo s’élevait à 18 millions de barils, 1,35 milliard de m³ de gaz et 27 millions de barils équivalent pétrole selon des chiffres de la société. Présent au Congo depuis plus de cinquante ans, à ce jour, Eni Congo fournit du gaz à la Centrale électrique du Congo, qui garantit 70 % de la production d’électricité du pays avec sa capacité de production de 484 mégawatts.
AMBITION. Avec des mines qui produisent de plus en plus d’or, le gouvernement ambitionne de porter la part de l’industrie extractive dans le PIB à 6 % d’ici 2025.
La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, cherche à développer son secteur minier longtemps sous-exploité pour diversifier ses revenus. Le pays ambitionne de porter la production d’or à 65 tonnes d’ici 2025. « Notre pays s’est résolument engagé […] à faire du secteur minier le deuxième pilier de notre croissance », a déclaré Thomas Camara, ministre des mines, du pétrole et de l’énergie lors d’un symposium sur « les mines en Côte d’Ivoire » durant lequel il a annoncé les bons résultats de l’année 2021. Il faut dire que la production d’or est en constante hausse, ces dix dernières années pour atteindre 41,8 tonnes, l’an dernier. Soit une hausse de 7,6 %.
En 2021, la contribution du secteur minier aux recettes fiscales s’est élevé à 140,585 milliards de francs CFA.
Les quantités extraites s’envolent
Pour donner un ordre d’idée, la production d’or s’établissait à 24,4 tonnes en 2018, 32,5 tonnes en 2019 et 38,9 tonnes en 2020, selon les chiffres du Groupement professionnel des miniers de Côte d’Ivoire (GPMCI) qui gère le secteur. L’or ivoirien est exploité dans neuf mines – deux autres sont en construction – par des sociétés canadiennes, Barrick Gold et Endeavour mining, Afrique Gold et par l’australien Perseus Mining.
Il faut dire que le pays jouit d’une belle situation géographique. La Côte d’Ivoire est située au cœur de la « Birmian Greenstone Belt », une ceinture de roches volcaniques sédimentaires riches en minerais qui s’étend du Sénégal au Ghana, avec des gisements d’or espérés comme les plus importants au monde. La découverte de ce potentiel n’est pas récente. La première mine d’or du pays a été ouverte en 1905, selon les spécialistes. Une carte géologique ivoirienne assez précise est disponible depuis le début des années 1970.
Mais pendant longtemps, la Côte d’Ivoire ne s’est pas intéressée à son sous-sol. Félix Houphouët-Boigny, le premier président du pays et père de l’indépendance, s’est essentiellement concentré sur l’agriculture, notamment le cacao. Un pari qui s’est avéré gagnant, la Côte d’Ivoire vivant un « miracle économique » des années 1960 à 1980… jusqu’à l’effondrement des cours de l’or brun, qui l’a plongée dans la récession. La crise politico-militaire de 2002-2011, marquée par la partition du territoire, fut dévastatrice économiquement. L’avènement d’Alassane Ouattara en mai 2011, a inversé cette tendance.
Relever les nouveaux défis
Le Code minier a été révisé en 2014, plus attractif, il est propice aux investissements étrangers, ce qui permet au pays de rattraper lentement mais sûrement son retard minier pour faire de ce secteur un pilier de son économie. Le gouvernement a renforcé sa politique en faveur de l’essor des activités de recherche et d’exploration. Désormais, l’accent veut être mis sur l’intensification de la recherche et l’industrialisation de la production. Comment ? En accélérant les réformes en vue d’améliorer le cadre législatif et réglementaire, mais également le cadre fiscal et douanier. « La politique de développement du secteur minier orienté vers l’intensification de la recherche et l’industrialisation de la production minière porte notamment sur la mise en place d’une infrastructure géo-scientifique de base, l’amélioration de la procédure d’octroi de titre minier en vue de les rendre plus transparentes et simples, l’organisation de l’exploitation minière à petite échelle pour maîtriser le phénomène de l’orpaillage illicite, la promotion des investissements privés pour l’accroissement de la valeur ajoutée par la mise en place d’unités d’affinage », a déroulé le ministre Thomas Camara lors du symposium organisé à Abidjan, la semaine dernière.
En effet, le secteur minier ivoirien, dominé par les productions de manganèse et d’or, ne représente pour l’heure que 3 % du produit intérieur brut. Il s’agit, dès l’année prochaine, de porter la contribution des Mines à 5 % du PIB puis d’atteindre 6 % en 2025. Autre revers, la politique incitative ivoirienne a aussi encouragé, indirectement, l’essor de l’orpaillage clandestin.
Au-delà de la Côte d’Ivoire, l’Afrique de l’Ouest se situe désormais au troisième rang des zones les plus riches en terrains aurifères sur la planète, après l’Australie et le Canada.
L’initiative Food on Agriculture Resilience Mission (Farm), présentée par Emmanuel Macron, vise à augmenter la production de blé dans certains pays et à mettre en place un système de solidarité internationale.
« Nous sommes en train d’entrer dans une crise alimentaire sans précédent ». Emmanuel Macron a présenté jeudi aux dirigeants du G7 l’initiative Farm (Food on Agriculture Resilience Mission) pour anticiper les conséquences néfastes de la guerre en Ukraine sur les semailles de blé et plus largement de céréales.
S’exprimant après les sommets du G7 et de l’Otan, le président français a appelé Moscou à être « responsable » en permettant que les semis en Ukraine aient lieu. Faute de quoi la guerre provoquera dans douze à dix-huit mois « une famine inéluctable », avec notamment des risques de pénurie de céréales en Afrique. Des risques particulièrement élevés en Afrique du Nord. Si 30 % du blé consommé en Afrique provient de la Russie (3e producteur mondial) et de l’Ukraine (9e producteur mondial), en Afrique du Nord – plus précisément en Égypte et en Libye – cette proportion dépasse largement les 50 %. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, la crainte de pénurie a d’ailleurs déjà fait augmenter le prix du pain dans ces deux pays et dans beaucoup d’autres sur le continent.
L’Union européenne (UE), qui a déjà embarqué l’Union africaine (UA) dans l’initiative Farm et qui veut y associer le Programme alimentaire mondial (PAM), entend débloquer, en réponse immédiate à cette crise, 595 millions de dollars.
Plus de production
L’initiative Farm interviendra à plusieurs niveaux, à moyen comme à court terme. D’abord, en élaborant un plan d’urgence commercial ; en instaurant un système de solidarité permettant de libérer le surplus dans les stocks de certains pays producteurs pour les répartir équitablement aux pays les plus nécessiteux. Ensuite, pour anticiper le manque de production dès cet été, une aide financière sera apportée aux pays les plus dépendants pour leur permettre d’accroître leur propre production. Un projet d’aide similaire avait déjà été présenté le 15 mars par la Banque africaine de développement (BAD), avec l’annonce d’une levée de fonds d’1 milliard de dollars pour aider 40 millions d’agriculteurs africains à augmenter leur production de variétés de blé.
LE CONTINENT AFRICAIN SUBIT DE PLEIN FOUET CETTE GUERRE EN UKRAINE
Plus tôt cette semaine à l’occasion du Forum mondial de l’eau, le chef d’État sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’UA, avait appelé les partenaires internationaux, dont la Banque mondiale, à aider l’Afrique à faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine en lui réallouant notamment les droits de tirage spéciaux (DTS) des pays riches.
« Le continent africain subit de plein fouet cette guerre en Ukraine », a déclaré Macky Sall qui a rappelé « l’urgence de la demande africaine de réallocation des DTS des pays riches en faveur des pays en développement, particulièrement des pays africains pour soutenir nos efforts de résilience et de relance économique », après avoir fait une première demande à Bruxelles en février.
La communauté internationale s’est accordée sur le principe d’une émission globale de DTS de 650 milliards de dollars pour amortir l’impact de la pandémie de Covid-19, dont 33 milliards doivent revenir mécaniquement à l’Afrique par le jeu des quotes-parts au sein de l’institution de Washington. « Il y a une inflation réelle qui frappe les pays [alors que] nous avons un autre choc dans le Sahel, le terrorisme, qui fait que les États font face à des dépenses nouvelles qui n’étaient pas prévues », a ajouté le président sénégalais.
Avec l’accord des pays de l’Opep+, Alger veut enfin retrouver ses niveaux de production d’avant la crise. Et cela alors que les cours explosent avec la guerre en Ukraine.
Début mars à Alger, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a annoncé que la production pétrolière de l’Algérie dépassera le million de barils par jour (1 002 000 mb/j précisément) au mois d’avril. La hausse sera équivalente à 10 000 barils par jour supplémentaires par rapport au mois de mars. Cette déclaration à la presse se tenait dans le cadre de la 26e réunion ministérielle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep+), consacrée notamment à l’examen de la situation du marché pétrolier mondial et ses perspectives d’évolution à court terme.
“Les pays signataires de la déclaration de coopération de l’Opep+ ont décidé de poursuivre la hausse globale en injectant 400 000 b/j supplémentaires sur le marché au mois d’avril prochain”, a indiqué Mohamed Arkab, rappelle l’agence officielle APS.
Depuis le mois d’août 2021, les pays membres de l’Opep, et d’autres gros producteurs comme la Russie coordonnant leur production au sein du dénommé Opep+, se sont engagés à augmenter la production de pétrole à hauteur de 400 000 barils par jour, et ce, jusqu’à rattraper la réduction de la production de 5,6 mb/j qui a eu lieu en 2020. Sur l’année 2021, la production des pays membres de l’Opep se chiffrait à 26 millions de barils par jour. En janvier 2022, elle a atteint 28 millions de b/j.
Une réduction de la production concertée
Particulièrement instable depuis la crise sanitaire, le prix du baril a connu une forte chute avec la crise du Covid-19 en passant de 64 dollars en moyenne en 2019 à 42 dollars en 2020 avant de remonter à 71 dollars en 2021, selon les dernières estimations de l’Agence d’information sur l’énergie aux États-Unis (EIA). Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les prix ont encore grimpé nettement. Le 4 mars à la clôture des Bourses, le baril de brent s’échangeait à 118 dollars, en hausse de 6,93 % par rapport à la veille.
Les taux de vaccination en hausse, l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie et la croissance économique ont entraîné une augmentation de la demande mondiale de pétrole en 2021. Cela alors qu’en décembre 2020, les pays membres de l’Opep+ annonçaient lors de la 12e réunion ministérielle qu’ils continueraient à limiter les augmentations de production tout au long de 2021 afin de favoriser des prix du pétrole brut plus élevés.
En Algérie, après une production moyenne de 897 000 barils par jour en 2020 et 908 000 barils par jours en 2021, le passage au million de barils en avril permettra ainsi au pays de retrouver un rythme de production se rapprochant de son niveau avant la crise sanitaire, se chiffrant à 1 023 000 b/j en 2019 selon le rapport annuel 2020 de l’Opep+. À son niveau le plus haut ces cinq dernières années en 2016 avec 1 146 000 b/j, ce chiffre n’a fait que décroître avec le temps, passant ainsi à 1 059 000 b/j en 2017 puis 1 040 000 b/j en 2018. En janvier 2021, une note du ministère Algérien de l’Énergie indiquait qu’un total de « 1 853 milliards de dinars [11,4 milliards d’euros] de fiscalité pétrolière a été versé au trésor public, durant l’année 2020, en baisse de 31 % rapport au montant de 2019 ».
REPORTAGE. Ces dernières années, producteurs et politiques cherchent les voies et moyens d’engager une transformation locale des matières premières. Illustration.
Au Togo, comme dans la plupart des pays d’Afrique, l’agriculture occupe une très large portion des actifs et contribue énormément à l’économie, dont elle est d’ailleurs le moteur, avec pas moins de 40 % du produit intérieur brut (PIB). Mais la transformation in situ des matières premières pour avoir une plus-value en est le talon d’Achille. Aujourd’hui encore, c’est l’exportation sous forme brute vers l’Occident qui prime. Résultat : malgré l’abondance des ressources, le continent continue à importer chaque année des milliards de dollars d’aliments transformés et de produits raffinés. Les produits agricoles qui illustrent assez bien ce schéma sont la noix de cajou, le café et le cacao. Alors que le continent africain concentre 70 % de la production mondiale de fèves de cacao et que la transformation du chocolat est à l’origine de 100 milliards de dollars à travers le monde, selon l’International Cocoa Organization, seuls 6 % de cette somme reviennent aux pays exportateurs de la matière brute, comme la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Le soja comme vitrine
Depuis quelques années, il y a une véritable prise de conscience sur le besoin de développer les infrastructures de transformation sur place. Ananas, mangues, papayes, soja, légumes frais, café, cacao. Choco Togo, d’Éric Agbokou, spécialisée dans la transformation du cacao – en plus de la production locale, elle importe le bio du Ghana et de la Côte d’Ivoire, des plus grands pays producteurs d’Afrique et du monde – en chocolat, fait partie des têtes de pont. Ses chiffres d’affaires montant crescendo depuis 2013, la diversité des pays d’exportation du chocolat de Choco Togo, les prix glanés un peu partout pour sa qualité sont assez parlants. L’ambition d’Éric Agbokou est de s’approprier le marché ouest-africain et de passer le cap des 10 000 tonnes annuelles de production.
Kanyi Group, de Kanyi Koffi Anoumou, est aussi une référence dans le secteur dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, notamment pour la transformation des fruits séchés, aux côtés d’Ecocert. Agrokom, de Daniel Komlan ,fait dans la trituration du soja, tout comme Mama Soja.
Concrètement, le soja « made in Togo » est le porte-étendard de cette nouvelle stratégie. La filière est très porteuse, de la production à la transformation de la graine jusqu’à sa commercialisation. Le petit pays en a produit jusqu’à 176 000 tonnes à l’été 2021, contre 40 000 tonnes en 2018. Le soja constitue une matière première de choix pour une multitude d’industries sur le marché mondial des huiles et des protéines végétales. Il représente plus de 50 % en masse de la production mondiale d’oléagineux. Le Togo ne veut plus se contenter d’exporter. Il veut transformer localement et exploiter son immense potentiel pour en faire de l’huile, bien sûr, mais aussi de la farine, des savons et même du fromage.
Les politiques en place et les chiffres
Cet essor du secteur de la transformation in situ des produits agricoles bio tient en partie au cadre institutionnel et politique tracé par l’État togolais. En effet, bien des structures ont été créées dans la perspective de la promotion agricole de façon générale. Projet de transformation agroalimentaire du Togo (PTA-Togo) dans le cadre du plan stratégique de développement des agropoles au Togo (2017-2030) et de l’initiative Nourrir l’Afrique (2016-2025), visant à accroître de 19 à 40 % la part des produits agricoles transformés sur place, Programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA) et ses dérivés, mécanisme incitatif de financement agricole (MIFA), etc. De nombreux programmes, projets ou mécanismes ont permis de faire un grand pas vers la transformation des produits agricoles sur place. Manifestation ultime ces derniers temps de cette volonté politique, la mise en place de la plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA) et la promotion du volet transformation des produits.
Le secteur a par ailleurs bénéficié des appuis des partenaires en développement aussi. « Si nous appuyons les acteurs de la transformation, alors cela va agir sur toute la chaîne de valeur. Donc nous appuyons les transformateurs dans la démarche qualité, mais également pour obtenir les équipements nécessaires pour pouvoir répondre aux besoins du marché », a déclaré Isaac Nyuito, chargé de programme à la délégation de l’Union européenne au Togo.
L’un des pays européens actifs dans l’appui aux transformateurs des produits bio est sans doute l’Allemagne, qui, avec des programmes, projets et autres appuis aussi bien financiers que matériels, logistiques et techniques, aura contribué à booster cette activité au Togo, avec son bras armé, la GIZ.
En l’espace de quelques années, le Togo est parvenu à rattraper son retard et à occuper le rang de second exportateur africain de produits bio à destination des pays de l’Union européenne, derrière l’Égypte, selon des données statistiques rendues publiques en juin 2020. Passant de 22 000 tonnes à près de 45 000 tonnes, soit une hausse de 102 % enregistrée, le pays avait plus que doublé ses exportations de produits biologiques vers cet espace entre 2018 et 2019. Ce chiffre faisait du Togo le 14e exportateur mondial (contre la 31e place pour 2018), et de nouveau le premier plus gros exportateur de la Cedeao vers l’UE dans le domaine.
Outil de création d’emplois et de valeur ajoutée
Certains acteurs l’ont compris depuis bien longtemps, la transformation locale des produits agricoles apporte une plus-value énorme aussi bien aux producteurs qu’au pays puisqu’elle permet la création d’emplois de meilleure qualité. « Si nous devons développer l’Afrique, ça ne peut qu’être par la voie de l’entrepreneuriat. Et nous n’allons pas produire sans transformer. La transformation sur place apporte une grande valeur ajoutée. Aller travailler dans une fonction publique, ce n’est pas mal, mais ça ne vous permet pas spécifiquement de contribuer au développement de votre pays », estime Kanyi Koffi Anoumou.
« J’étais dans la transformation des épices et farine et j’employais 2 personnes, mais, depuis que je me suis tourné vers les fruits séchés, ce nombre oscille désormais entre 10 et 14 en fonction de la production », explique Solim Kpemissi, la directrice générale de Futur of Africa SAS.
Défis et perspectives
Les défis ne maquent pas, cependant : entre la disponibilité des matières premières, les équipements pour ce faire, l’absence de débouchés locaux pour consommer ces produits, entre autres. Mais les acteurs du secteur, grâce à leurs diverses approches, tentent de surmonter de plus en plus ces écueils. « Les défis sont énormes : défis en termes de production, défis en termes de disposition de machines, défis en termes de personnel, de formation adéquate pour le personnel en matière de transformation », liste Kanyi Koffi Anoumou. « Mais nous arrivons à apporter des solutions, souligne-t-il. Je ne dirai pas que j’ai cherché une matière première pendant une ou deux semaines sans trouver. Parce qu’au fur et à mesure qu’on avance nous essayons de former nos coopératives à produire beaucoup plus en quantité pour que nous ne manquions de rien. »
L’autre défi de grande portée à relever, c’est la consommation locale des produits bio. « Le marché d’écoulement, au début, c’était extrêmement difficile. Mais maintenant, je dirais que ça va mieux, pas totalement à 100 %. Avec le temps, on espère vivement que ça changera. (…) Il y a la concurrence qui est un peu rude, ce qui fait que parfois les productions locales deviennent plus chères que les produits importés. Nous sommes en train de régler ce côté-là pour que nos produits soient accessibles à tout le monde », ajoute le patron de Kanyi Group.
Amana Azotou, à la tête d’Ecocert abonde : « Honnêtement, certains produits transformés localement ont plus de valeur ajoutée à l’exportation que sur le marché local, si l’on pense créer plus de richesse pour l’entreprise et participer au développement de son pays », insiste-t-il. Pour lui, le marché togolais est trop petit. « C’est vrai qu’il faut travailler pour faire connaître localement ses produits car cela vous permet de nouer des contacts avec des partenaires qui peuvent porter votre projet et vous aider à vous faire connaître sur le marché international. L’exportation se prépare et c’est un travail de longue haleine », dit-il.
Comme pour témoigner de la place du bio et encourager sa production au Togo, il a été institué un marché idoine, l’Espace Viva. « On a identifié les producteurs qui font de l’agroécologie, utilisent des techniques comme la permaculture. On leur rend visite avant de les sélectionner pour qu’ils participent au marché des paysans. On les connaît donc très bien, ce sont des personnes engagées depuis très longtemps », a déclaré Aimée Abra Tenou, sa fondatrice.
Avec Le Point par notre correspondant à Lomé, Kouevi Nyidiiku
C’est à l’intérieur de ce bâtiment que l’on produit le Spoutnik V, le vaccin russe annoncé par Vladimir Poutine. ALEXANDER NEMENOV / AFP
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mercredi 12 août attendre avec impatience de pouvoir analyser les résultats des essais cliniques du vaccin contre le nouveau coronavirus dont le président Vladimir Poutine a annoncé la veille la mise au point en Russie.
La phase finale des tests sur ce produit, auxquels plus de 2.000 personnes au total participeront, devait commencer mercredi, avait alors déclaré le président russe. «L’OMS est en contact avec les scientifiques et les autorités russes et attend avec impatience d’étudier les détails des essais» cliniques, peut-on lire dans le communiqué diffusé à Genève, où cette organisation a son siège.
«Accélérer la recherche pour (l’obtention d’) un vaccin devrait être fait en suivant des processus établis à chaque étape de la mise au point, pour s’assurer que tout vaccin qui va finalement être produit est à la fois sûr et efficace», poursuit l’OMS, exhortant à «un accès rapide, juste et équitable dans le monde entier à un tel vaccin».
L’Organisation mondiale de la Santé avait prudemment réagi mardi à l’annonce de Vladimir Poutine, rappelant que la «pré-qualification» et l’homologation d’un vaccin passaient par des procédures «rigoureuses». Jusqu’ici, la Russie n’a pas rendu publiques d’études détaillées des résultats de ses essais permettant d’établir l’efficacité des produits qu’elle dit avoir créés.
En cas de certification, Moscou espère produire 200 millions de doses de vaccin contre le covid-19.
La Russie espère entamer la production industrielle de deux vaccins contre le coronavirus respectivement en septembre et en octobre, a annoncé mercredi 29 juillet la vice-Première ministre russe, Tatiana Golikova. Deux vaccins conçus par des chercheurs russes «sont aujourd’hui les plus prometteurs», a déclaré Mme Golikova, au cours d’une réunion par visioconférence avec le président Vladimir Poutine, consacrée à la pandémie de Covid-19.
Le premier est mis au point par le ministère russe de la Défense et le Centre de recherches en épidémiologie et microbiologie Nikolaï Gamaleïa. Il est déjà testé sur des humains, selon Tatiana Golikova. «Le lancement de sa production industrielle est envisagé pour septembre 2020», après une certification et des essais cliniques supplémentaires sur 1.600 personnes, a-t-elle précisé.
Le deuxième vaccin est conçu au Centre de recherches sibérien Vektor et fait également l’objet d’essais cliniques qui doivent être achevés en septembre, avant une certification le même mois, selon Mme Golikova. De premières doses pourraient en être produites «en octobre 2020», a-t-elle ajouté.
200 millions de doses
Pour sa part, M. Poutine a soutenu qu’il y avait actuellement «beaucoup plus» de vaccins russes en cours de mise au point, mais a souligné que la certitude de leur efficacité devait être «absolue» avant de procéder aux vaccinations.
La Russie, au quatrième rang mondial pour le nombre des contaminations après les États-Unis, le Brésil et l’Inde, a proclamé dès avril sa volonté d’être parmi les premiers pays, voire le tout premier, à créer un vaccin contre le virus.
Avant la fin de l’année, la Russie espère produire avec ses partenaires 200 millions de doses d’un vaccin contre le coronavirus, si les essais cliniques sont réussis, a assuré la semaine dernière Kirill Dmitriev, le président du Fonds souverain russe qui finance la mise au point du vaccin au Centre Nikolaï Gamaleïa. À ce jour, ce pays a officiellement recensé 828.990 cas de coronavirus, dont 13.673 décès.
Le représentant du Pam au Congo, M. Jean-Martin Bauer, et l’ambassadeur du Canada au Congo, M. Nicolas Simard, ont lancé le 16 juin à Madingou, dans le département de la Bouenza, un groupement de femmes expertes dans la fabrication de mbala pinda, dans le cadre du démarrage d’un nouveau projet pour répondre aux conséquences socio-économiques de la crise sanitaire de la Covid-19, indique un communiqué de presse du Pam parvenu à l’Agence congolaise de l’information (Aci).
Selon le communiqué, le projet, dont le but est d’accompagner 16 groupements de femmes de Loudima et de Madingou pendant 10 mois et de leur distribuer des équipements de transformation du manioc, grâce au financement du Canada, va renforcer la capacité de production des groupements féminins qui fabriquent le mbala pinda, un encas nutritifs local à base de manioc et de l’arachide.
Le programme prévoit une répercussion de ses activités sur plus de 8.000 bénéficiaires locaux. Parmi eux, 3.000 élèves de l’école primaire, bénéficiant de cantines scolaires, recevront ces encas nutritifs pour compléter leur repas. Une partie de la production du mbala pinda produit par ces groupements de femmes sera également achetée et distribuée par le Pam pour soutenir l’état de santé nutritionnelle des personnes vulnérables dans les centres de santé, telles que les femmes enceintes et allaitantes et les jeunes enfants, souligne le communiqué.
Intégré au plan de riposte du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche pour la relance de l’activité agricole post-confinement, ce projet sera mis en œuvre par le Pam, avec l’appui des autorités locales. Il va soulager les impacts de la crise sanitaire sur l’économie, la nutrition et la santé des populations en soutenant l’autonomisation du système alimentaire local. La crise sanitaire de la Covid-19 a déjà eu d’importants impacts sur les producteurs, notamment les productrices agricoles de la zone, qui représentent 60% des actifs agricoles locaux.
Le représentant du Pam lors du lancement de cette production
A cette occasion, M. Bauer, qui s’est dit heureux de pouvoir compter sur le gouvernement canadien dans ce projet, a rappelé que son institution travaille depuis 2019 avec de nombreux partenaires pour soutenir la chaîne de valeur du manioc au Congo.
De son côté, M. Simard a fait savoir que pour son pays, l’urgence sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 doit être traitée en même temps que l’urgence alimentaire qu’elle provoque. «C’est ce que nous faisons en appuyant les autorités congolaises dans les domaines de la santé et de la sécurité alimentaire» a-t-il dit.
Par Sacer-infos par Stany Franck et (Marlyce Tchibinda Batchi avec ACI/)
Avec trois cas de coronavirus avérés à la date du 19 mars, le Gabon se prépare à une aggravation de la pandémie sur son territoire. Il va désormais produire son propre gel hydroalcoolique, afin de limiter sa dépendance à l’importation du produit.
Masque sur le visage, charlotte blanche, combinaison de protection enfilée au dessus du costume. Noureddin Bongo Valentin avait revêtu l’habit de circonstance en ce 18 mars. Alors que son père, le chef de l’État Ali Bongo Ondimba, s’apprêtait à prendre la parole quelques heures plus tard à la télévision gabonaise, le coordonnateur général des affaires présidentielles a annoncé que le Gabon allait produire son propre gel hydroalcoolique.
C’est l’usine « La Santé Pharmaceutique », où Noureddin Bongo-Valentin était en visite, qui lui permettra de le faire. Créée en août 2019 et implantée dans la zone de Nkok, à une vingtaine de kilomètres de Libreville, celle-ci avait jusqu’ici pour mission de produire jusqu’à un million de comprimés par jour pour réduire la dépendance du Gabon à l’égard des médicaments importés de l’étranger et du marché noir.
20 000 bouteilles toutes les huit heures
L’usine, construite grâce des capitaux indiens et dirigée par le directeur général Rajeev Lila « va adapter sa chaîne de production pour produire du gel hydroalcoolique et éviter qu’il y ait une pénurie sur le territoire », explique une source à la présidence gabonaise. Le Gabon ne produisait jusqu’ici aucun gel hydroalcoolique. « La Santé Pharmaceutique » a prévu de produire 20 000 bouteilles toutes les huit heures.
Libreville n’a pas pour autant prévu de modifier son volume d’importation. Les vols commerciaux ont été stoppés en cette période de pandémie, mais le pays compte s’appuyer sur un trafic de vols cargo qui se maintient. « Une grosse livraison de matériel médical est d’ailleurs attendu le 20 mars à Libreville », a confié la présidence à Jeune Afrique.