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Le Canadien qui protège l’ONU demande l’aide d’Ottawa

février 28, 2023

Ottawa acceptera-t-il de financer la modernisation des équipes chargées de protéger les opérations humanitaires dans les pays à haut risque? Un ancien policier canadien tente de se faire convaincant.

Gilles Michaud assis au sol, entouré de gens.

Gilles Michaud est le secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU. Photo: ONU

Dans un lieu tenu secret à Kaboul, peu après le retour au pouvoir des talibans, Gilles Michaud se trouve en face d’un homme dont la capture lui vaudrait une prime de 10 millions $ US.

Ancien haut gradé de la GRC et expert dans la lutte contre le terrorisme, Gilles Michaud est plutôt sur place, en ce jour de 2021, pour parlementer avec Sirajuddin Haqqani, le ministre de l’Intérieur afghan.

Son objectif : obtenir des garanties de sécurité pour les travailleurs de l’ONU en Afghanistan. Des promesses sont faites, un accord est conclu et Sirajuddin Haqqani quitte rapidement les lieux. Il craint une attaque de missile des États-Unis, qui le considèrent comme un terroriste.

Un avis de recherche du FBI contre Sirajuddin Haqqani.

Un avis de recherche du FBI contre Sirajuddin Haqqani. Une récompense de 10 millions $ US est offerte pour toute information qui mènera à son arrestation. Photo : FBI

Gilles Michaud est moins nerveux après le départ d’Haqqani : il a réussi à négocier la sécurité de son équipe, qui pourra continuer à travailler sur le territoire contrôlé par les talibans deux semaines après le départ précipité des troupes américaines.

Depuis 2019, ce natif de Saint-Léonard, au Nouveau-Brunswick, est le secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU. Dans ce rôle, il est responsable de la protection de centaines de milliers d’employés onusiens et de leurs familles, d’édifices répartis aux quatre coins du globe et de dizaines de milliards de dollars en aide humanitaire destinée à des zones à haut risque.

Gilles Michaud pose pour la photo.

Gilles Michaud pose pour une photo au siège de l’ONU à New York. Photo : Radio-Canada/Simon Lasalle

Il a opéré une transition rapide entre sa carrière de plus de 30 ans dans la police fédérale et son travail à l’étranger.

« Les criminels, j’avais tendance à vouloir les mettre en prison. Maintenant, je dois faire affaire avec eux, car ils ont le pouvoir d’accorder des accès à nos partenaires humanitaires. »— Une citation de  Gilles Michaud, secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU

Comme il le raconte dans une longue entrevue à Radio-Canada, sa tâche déjà délicate et difficile ne fait que se complexifier ces jours-ci. Les crises humanitaires se multiplient et éclatent non plus en succession mais simultanément.

La guerre en Ukraine, l’instabilité en Afghanistan, la sécheresse en Somalie, les conflits armés en Éthiopie et au Congo, le désordre à Haïti : tous ces problèmes tombaient sous la gouverne de l’ONU au moment où la Turquie et la Syrie ont été frappées par une séries de séismes catastrophiques en février.

Nombre de déploiements d’urgence du Département de la sécurité de l’ONU

202054
202156
202290

Source : Organisation des Nations unies ICI Radio-Canada

Cette succession de crises, Gilles Michaud la gère avec un budget annuel de 300 millions $ US qui stagne malgré la hausse des besoins. Avec l’inflation, la situation devient intenable.

Depuis quelques semaines, il fait des démarches auprès de pays donateurs potentiels pour leur demander des contributions spéciales (ou extrabudgétaires) afin de moderniser ses équipes.

Sa priorité : créer une unité d’intervention rapide qui pourra se déplacer rapidement vers les zones les plus à risque du monde et permettre une meilleure intervention des équipes de l’ONU.

Gilles Michaud regarde à travers un hublot.

Gilles Michaud à bord d’un aéronef. Photo : Organisation des Nations Unies (ONU)

Gilles Michaud en parle au gouvernement canadien depuis novembre dernier. Il aimerait une première injection de 10 millions $ US de la part d’Ottawa pour mettre son programme de réforme en œuvre, ce qui lui permettrait ensuite de convaincre d’autres pays de participer à ses projets spéciaux, d’une valeur de 15 millions $ US sur deux ans.

Les discussions avec le Canada sont positives, mais pendant que ses équipes se démènent sur le terrain, la réponse se fait attendre.

Le gouvernement est réceptif aux demandes, mais il est toujours en [réflexion] à Ottawa. Donc, je n’ai aucune nouvelle à savoir si, oui ou non, il va être en mesure de m’épauler, explique-t-il. Le message principal, c’est qu’aucun programme humanitaire ne peut être réalisé sans sécurité.

Travail essentiel

Le Département de la sûreté et de la sécurité de l’ONU (connu sous le sigle UNDSS) a été créé un an après l’attentat-suicide commis à Bagdad en 2003, qui avait tué 22 personnes, y compris son représentant en Irak, Sergio Vieira de Mello.

Le travail de l’ONU demeure dangereux à ce jour : chaque année, des centaines d’employés sont victimes d’accidents, se font voler ou attaquer, enlever ou tuer. Cinq employés de l’ONU sont gardés en otages au Yémen depuis l’an dernier. En 2019, trois travailleurs onusiens sont morts à Benghazi, en Libye, quand leur véhicule a explosé.

Nombre d’incidents ayant impliqué des employés de l’ONU en 2021

Incidents violents ou accidents1652
Crimes882
Cas d’intimidation ou de harcèlement386
Enlèvements9
Décès7

ICI Radio-Canada

Toutefois, les incidents particulièrement graves se font relativement rares depuis quelques années. Dans ce contexte, le besoin de financer des services de sécurité semble parfois plus difficile à justifier.

Habituellement, on va investir en sécurité lorsqu’il y a des incidents. […] Lorsqu’il n’y a aucun incident, on ne reconnaît pas le travail de prévention qui est fait en matière de sécurité, explique Gilles Michaud.

Malgré tout, M. Michaud s’est fait quelques alliés dans sa quête de financement additionnel. Le fait d’être canadien, dit-il, lui permet de tisser facilement des liens partout où il se trouve.

Gilles Michaud discute avec un autre homme.

Gilles Michaud au Nigeria Photo : Organisation des Nations Unies (ONU)

À partir du moment où tu te présentes comme représentant des Nations unies, c’est une chose. Mais aussitôt qu’ils apprennent que tu es canadien, ça semble être autre chose, ça semble ouvrir les portes, raconte Gilles Michaud.

Joyce Msuya, sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires, en témoigne. Native de la Tanzanie, elle a fréquenté l’Université d’Ottawa.

Même si ses propres programmes d’aide humanitaire requièrent constamment des injections de fonds supplémentaires, elle n’hésite pas à appuyer les demandes de financement de l’UNDSS.

Joyce Msuya.

Joyce Msuya, sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires de l’ONU, prend la parole lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies le mardi 29 mars 2022. Photo: AP/John Minchillo

Il faut deux mains pour applaudir. Les travailleurs humanitaires travaillent en étroite collaboration avec les équipes du Département de la sécurité, qui est dirigé par Gilles, dit-elle en entrevue. Le critère le plus fondamental pour livrer de l’aide humanitaire n’importe où dans le monde, non seulement pour l’ONU mais aussi pour les organisations non gouvernementales, c’est la sécurité.

Selon son expérience dans des pays comme le Yémen et la Somalie, les équipes de sécurité de l’ONU sont sous-représentées sur le terrain et requièrent plus de ressources.

Les besoins d’aide humanitaire destinée aux populations nécessiteuses connaissent une hausse fulgurante. L’ONU prévoit dépenser 51,5 milliards $ US pour aider 230 millions de personnes vulnérables dans 70 pays cette année.

Les équipes de l’ONU sur le terrain prennent des risques au quotidien, mais elles ne peuvent pas faire fi des dangers qui les guettent. Sans l’apport des équipes de l’UNDSS – qui coordonnent la sécurité avec d’autres agences et d’autres organisations, qui font des évaluations de risque et qui négocient des accès avec les pouvoirs en place –, l’aide humanitaire risque de s’immobiliser.

Florence Poussin.

Florence Poussin est directrice adjointe de la Division des opérations régionales de l’ONU à New York. Photo : Radio-Canada/Simon Lasalle

« La crise, c’est notre quotidien. On ne peut pas nous-mêmes être en crise pour répondre aux crises. Donc, on a besoin d’avoir une certaine sérénité dans la gestion de la crise et, donc, une capacité à répondre à ces crises, une capacité qui soit permanente et non pas une capacité qui soit uniquement liée à une crise, à une mobilisation de fonds pour une crise. »— Une citation de  Florence Poussin, directrice adjointe des opérations régionales, UNDSS

Au-delà de la force de frappe

Pour assurer la sécurité des déploiements humanitaires, l’ONU doit sans cesse négocier avec des parties belligérantes.

En Ukraine, par exemple, les équipes de l’UNDSS discutent tant avec Moscou qu’avec Kiev pour déterminer les moments où les combats vont cesser chaque jour afin d’acheminer l’aide aux populations déplacées.

Afin de convaincre toutes les parties de son impartialité, l’ONU ne reçoit aucune information des divers services de renseignement de ses États membres.

Toutefois, cette situation expose les travailleurs de l’ONU aux dangers locaux, surtout dans un contexte de manque de financement.

Ma crainte, c’est que les équipes de l’ONU ne puissent plus aller sur le terrain où elles sont supposées être, qu’elles soient présentes dans un pays mais prises dans un bunker, car la situation est trop dangereuse, ce qui ne répond pas à notre mandat, affirme Esther Kuisch Laroche, directrice des partenariats au sein de l’UNDSS.

Esther Kuisch Laroche regarde l'objectif de l'appareil photo.

Esther Kuisch Laroche pose pour une photo au siège de l’ONU à New York. Radio-Canada/Simon Lasalle

En tout, l’ONU est active dans 125 pays, dont 40 sont qualifiés de lieux à haut risque. Assurer la sécurité dans ces pays va au-delà de la présence de gardes armés.

L’accent est maintenant mis sur la connaissance des particularités locales, sur la diplomatie avec les autorités en place (y compris des groupes armés et terroristes) et sur la coordination avec les différentes agences humanitaires, y compris les organisations non gouvernementales.

Ce n’est pas seulement des gardes ou des clôtures, des barricades et des fusils. Lorsqu’on parle de sécurité, ce qu’on veut vraiment dire, c’est la planification, c’est de l’analyse du contexte, c’est d’être sûrs qu’on a des plans pour être capables de livrer les programmes, explique Gilles Michaud.

Richard Gowan, un expert en affaires internationales au sein de l’International Crisis Group, rappelle que l’ONU est souvent seule dans les pays en crise.

Il y a des endroits comme la Syrie et l’Afghanistan où il n’y a pas de forces de l’OTAN et aucunes troupes occidentales en grand nombre sur le terrain. Les agences humanitaires y sont, par contre, et, dans ces endroits, on laisse l’ONU s’occuper de gens qui, bien franchement, ont ni plus ni moins été abandonnés, affirme-t-il.

Richard Gowan en entrevue.

Richard Gowan est expert en affaires internationales au sein de l’International Crisis Group. Radio-Canada/Simon Lasalle

Vers une augmentation des budgets

À long terme, Gilles Michaud cherche à obtenir une augmentation permanente de ses budgets. Pour y arriver, il a commencé par proposer des projets d’une valeur de 15 millions $ US sur une période de deux ans : de meilleurs services psychologiques pour ses équipes, la modernisation des outils informatiques pour mieux communiquer avec les équipes déployées et pour savoir qui est où en tout temps, de même que son projet d’unité de réponse rapide.

Il a approché le gouvernement canadien en novembre dernier, car il voulait donner à Ottawa un droit de premier refus. Selon lui, l’investissement supplémentaire dans l’UNDSS serait une forme de police d’assurance pour garantir la livraison de 52 milliards $ US en aide humanitaire prévue pour 2023.

Étant canadien, je me suis tourné vers le Canada, explique-t-il. Lorsqu’on regarde les contributions qui sont requises par rapport à la demande, c’est vraiment une contribution qui est minime, et je crois que le Canada aura une occasion ici d’avoir un impact majeur en investissant peu au sein de mon département.

Le ministère des Affaires mondiales a indiqué qu’il examine la demande de l’ONU.

Son mandat de cinq ans se terminant l’an prochain, Gilles Michaud n’est pas des plus patients. Il n’est pas entré en fonction avec le mandat de réformer son département, mais l’idée s’est imposée depuis 2019.

Tandis qu’il attend des réponses de la part des pays donateurs potentiels, Gilles Michaud continue ses visites sur le terrain.

Après une carrière dans la police fédérale au Canada, cet homme de 57 ans est exposé quotidiennement à la réalité que vivent des millions de personnes qui dépendent de l’aide humanitaire dans des pays qu’il n’aurait jamais cru visiter de sa vie.

« Ce qui me marque le plus, c’est de voir à quel point ils ont besoin des Nations unies pour leur venir en aide. »— Une citation de  Gilles Michaud, secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU

On parle d’aide qui est vraiment de base, de leur fournir de l’eau, de la nourriture, des couvertures, vraiment des besoins de base. Voir les enfants, les femmes, les familles qui sont séparées à cause des déplacements, c’est toujours touchant, raconte-t-il.

Gilles Michaud souligne qu’il autorise des missions dangereuses presque chaque jour. Il rend aussi hommage au personnel onusien et aux membres des ONG qui œuvrent dans des conditions souvent périlleuses.

Il y a tellement de gens qui sont dans le besoin qu’on se doit de prendre des risques, parce qu’on parle vraiment de prendre des risques pour sauver des vies tous les jours, dit-il.

Le Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies

Protection180 000 employés et leurs familles dans 131 pays, dont 40 zones à risque très élevé
Sécurité11 édifices de l’ONU dans le monde
Emplois1200 personnes sur le terrain
Budget300 millions $ US

Source : Organisation des Nations unies

Avec Radio-Canada par Daniel Leblanc

La forêt du Congo, poumon fragile en quête de protection

septembre 7, 2022
La foret du Congo, poumon fragile en quete de protection
La forêt du Congo, poumon fragile en quête de protection© AFP/Archives/Guerchom Ndebo

Au-dessus de la canopée, les scientifiques auscultent la forêt du bassin du Congo, pendant que dans les villages environnants des paysans s’initient à des techniques de culture moins dévastatrices pour ce « poumon vert » menacé, essentiel à la lutte contre le changement climatique.

La « tour à flux » de 55 mètres de haut, qui permet de quantifier le carbone absorbé ou émis par la forêt, se dresse dans le décor luxuriant de la réserve de biosphère de Yangambi, qui couvre quelque 250.000 hectares en bordure du fleuve Congo, dans la province de la Tshopo (nord-est de la RDC).

Le site, réputé du temps de la colonisation belge pour ses recherches en agronomie tropicale, accueillait cette semaine une réunion de scientifiques dans le cadre d’une « pré-COP » prévue début octobre à Kinshasa, en amont de la 27e Conférence sur le climat (COP27) de novembre en Egypte.

Les tours à flux sont nombreuses dans le monde, mais le bassin du Congo n’en avait pas encore, « ce qui limitait la compréhension de cet écosystème et son rôle dans le changement climatique », explique le chef de projet Thomas Sibret, de l’Université de Gand (Belgique).

Les relevés de la tour « CongoFlux », opérationnelle depuis fin 2020, doivent être analysés sur la durée, poursuit le scientifique, mais une chose est sûre, cette forêt tropicale séquestre plus de gaz à effet de serre qu’elle n’en rejette.

« On parle souvent du premier poumon, l’Amazonie, et du deuxième, le bassin du Congo », développe Paolo Cerutti, expert du Centre pour la recherche forestière internationale (Cifor) et chef des opérations menées au Congo par cet organisme basé en Indonésie.

« Cela reste à ce niveau, mais, selon le forestier, on commence à avoir des preuves que l’Amazonie devient plutôt un émetteur ». « On mise donc beaucoup sur le bassin du Congo, notamment la RDC qui a 160 millions d’hectares de forêt encore capables d’absorber le carbone ».

Mais là aussi la forêt est menacée: « l’année passée, le pays a perdu un demi-million d’hectares », dit-il.

L’exploitation industrielle ou illégale contribue à la déforestation, mais la raison principale est selon lui « l’agriculture itinérante sur brûlis ».

Les villageois cultivent, récoltent et, quand la terre s’appauvrit et que les rendements diminuent, ils vont plus loin, défrichent, brûlent, et recommencent.

Avec l’explosion démographique, la forêt risque de disparaître.

« Inépuisable »

« On la pensait inépuisable… Mais ici, il n’y a plus d’arbres », se désole Jean-Pierre Botomoito, chef de secteur à Yanonge, à 40 km de Yangambi.

Il faut parcourir de longues distances, à pied ou à vélo sur des sentiers étroits et boueux, pour trouver les chenilles qui colonisent certains arbres et que les Congolais adorent manger. Ou pour avoir de quoi fabriquer du charbon de bois, appelé « makala », qui, faute d’électricité, est abondamment utilisé pour la cuisine.

Depuis cinq ans, le projet « FORETS » (Formation, Recherche, Environnement dans la Tshopo), largement financé par l’Union européenne, tente de sédentariser les paysans tout en leur permettant de mieux vivre de leurs champs et de la forêt.

Dans les parcelles, on alterne les cultures, on plante manioc et arachides entre des acacias à croissance rapide, qui après six ans pourront servir à la production de makala.

Des pépinières alimentent le reboisement. Une « ferme pilote » montre comment tirer le meilleur parti d’une exploitation, avec ici des ananas, là une porcherie.

On explique aux bûcherons comment sélectionner les arbres. Des « fours améliorés » permettent d’obtenir plus de makala. Pour le bois d’œuvre, une scierie est à la disposition des exploitants artisanaux légaux pour produire de belles planches d’afrormosia, bois rouge, iroko, kosipo…

Un laboratoire de biologie du bois aide à prédire l’évolution de la forêt. L’herbarium, sanctuaire de milliers de plantes séchées collectées depuis les années 1930, a été rénové. Et les responsables du « programme national de recherche sur les caféiers » rêvent de renaissance de la filière café, mise à terre par la mauvaise gestion, les maladies, les conflits armés.

Crédits carbone

« Nous sommes agriculteurs, mais nous n’avions pas forcément les bonnes pratiques », admet Jean Amis, dirigeant d’une organisation paysanne.

Hélène Fatouma, qui préside une association de femmes, est ravie que les étangs piscicoles autour desquels gambadent canards, poules et chèvres aient donné 1.450 kg de poisson en six mois, contre 30 kg auparavant.

Dans une clairière noircie écrasée de chaleur, Doloka, 18 ans, sort des braises d’un four encore fumant et se réjouit à l’idée que « la forêt revienne près de la maison ».

D’autres villageois sont nettement moins enthousiastes.

Certains pensent que la tour à flux vole l’oxygène, d’autres qu’on veut leur prendre leurs terres, des dendromètres fixés sur des troncs pour mesurer leur croissance sont vandalisés, des chefs restent convaincus que les arbres repoussent tout seuls et que les programmes successifs n’enrichissent que leurs promoteurs.

Les équipes du Cifor espèrent que la sensibilisation et l’éducation vaincront les résistances.

Dieu Merci Assumani, directeur du centre de recherche de l’Inera (Institut national pour l’étude et la recherche agronomique), veut même croire à « l’adhésion de tous ».

Mais « les moyens manquent », regrette-t-il, en déplorant que les communautés congolaises ne voient pas venir les « financements carbone » promis par les « pays pollueurs » en échange de la protection de la forêt. « Des engagements, c’est bien, mais il faut des décaissements », s’agace-t-il.

Interrogé sur la récente mise aux enchères de blocs pétroliers, dont un tout proche de Yangambi, M. Assumani se dit par ailleurs favorable à l’exploitation pétrolière, dans le « respect du principe de gestion durable ». A l’inverse de certains défenseurs de l’environnement, il pense que « ce sera une bonne chose », pour le pays et pour l’Afrique.

Le Point avec AFP

Le Défi pissenlits pour que les abeilles restent en vie

mai 21, 2022
Une affiche sur laquelle est écrit : je protège les pollinisateurs est plantée sur une pelouse garnie de pissenlits.

Photo : Radio-Canada/Jean-François Fortier

Pour une deuxième année consécutive, la population est invitée à laisser pousser les pissenlits et autres fleurs printanières sur les terrains pour aider les insectes pollinisateurs, mais tous ne se sentent pas interpellés de la même façon.

Le Défi pissenlits se veut une façon de protéger les abeilles, menacées d’extinction. L’objectif du défi, initié par l’entreprise Miel et co, est de retarder la première tonte de pelouse de quelques semaines pour laisser le temps aux autres fleurs, sources de pollen et de nectar, d’éclore.

« Il faut aider les abeilles et les insectes pollinisateurs parce qu’ils sont responsables du tiers du garde-manger mondial. Les fruits, les légumes, les noix, notamment, dépendent de la pollinisation des insectes. »— Une citation de  Christina Fortin-Ménard, copropriétaire de Miel et co.

La Ville de Trois-Rivières participe également au défi. La municipalité encourage les citoyens à laisser pousser leur pelouse quelques jours, voire quelques semaines pour fournir de la nourriture aux insectes.

À la Ville, on repousse la première tonte des talus et des terrains vacants. Habituellement on la fait au mois de mai, mais cette année on a décidé de la reporter au mois de juin , affirme le porte-parole de la Ville, Mikaël Morrissette.

« C’est important pour les abeilles. Elles meurent cette année. C’est important de faire un petit geste pour les prochaines générations et pour l’avenir. »— Une citation de  Mathieu Dutil, résident de Trois-Rivières

Bien que plusieurs citoyens souhaitent faire leur part en évitant de tondre leur pelouse, certains sont moins convaincus. Selon eux, les pissenlits constituent des mauvaises herbes dont il faut se débarrasser.Gros plan d'une abeille qui s'apprête à se poser sur une fleur.

Les pissenlits sont une source de nourritures pour les abeilles. Photo : Istock/Perboge

Quand les pissenlits ont poussé au début, je les ai laissés, mais quand ils sont devenus en mousse, je les ai enlevés , raconte Constant Bourassa.

C’est certain que pour la pollinisation ça serait mieux d’avoir des pissenlits, mais mon conjoint n’est pas vraiment pour ça , explique Hélène Fontaine.

Radio-Canada avec les informations d’Anne Merline Eugène

Ukraine: A Kharkiv, des barricades de sable pour sauver le poète Chevtchenko des obus

mars 27, 2022

Comment protéger son patrimoine de la mitraille: deuxième ville d’Ukraine, Kharkiv, soumise quotidiennement aux bombardements russes, a commencé ce week-end à monter des barricades de sable devant ses statues les plus emblématiques.

La plus importante d’entre elles trône au cœur du centre-ville, dans un vaste parc aux arbres centenaires: menton en avant et l’allure conquérante, le poète Taras Chevtchenko est la principale figure du patriotisme ukrainien du XIXème siècle.

Depuis l’indépendance du pays en 1991 avec l’effondrement de l’Union soviétique, pas une ville ukrainienne qui n’ait son avenue ou sa place Chevtchenko, également nom de la plus grande université ukrainienne à Kiev.

Ouvriers et engins élévateurs s’affairent autour de l’imposante statue de fonte noire, haute de 16 mètres selon la mairie, et plus haute sculpture de Kharkiv depuis qu’a été mise à bas celle de Lénine en 1994, sur une grande esplanade voisine.

« Il faut protéger la ville pour que les générations futures la connaissent comme nous l’avons connue », plaide Petro, retraité de 72 ans à la casquette de cuir et aux dents en or, venu participer à l’opération comme « volontaire ».

Erigée en 1935, la statue de Chevtchenko est un mixte de réalisme socialiste et de stalinisme baroque, où le personnage central est comme cerné par les soldats révolutionnaires à ses pieds, image du patriotisme ukrainien longtemps bridé par la Russie « frère » sous le régime communiste.

Le socle en grès et les combattants staliniens disparaissent maintenant sous les sacs de sable, qui arrivent déjà à la taille du poète, masquant sa démarche conquérante, mais pas encore son regard farouche et sa moustache tombante.

« Il paraît que pendant la Seconde guerre mondiale, une balle avait ricoché sur sa tête », raconte, sourire en coin, l’une des employés de la municipalité mobilisée pour les travaux.

« A l’époque, la ville avait été ravagée, mais le centre-ville relativement préservé, il n’avait pas été bombardé comme maintenant », s’offusque Volodymyr, un colosse cinquantenaire.

Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, Kharkiv est, avec Marioupol (sud), la métropole la plus bombardée. Stationnée à quelques kilomètres, l’artillerie russe bombarde quotidiennement le nord et l’est de la ville, ainsi que son centre historique.

« Encore mille ans ! »

Plus d’un millier de bâtiments ont été détruits ou endommagés, dans une ville vidée d’environ un tiers de ses 1,5 million d’habitants, selon les autorités locales.

Les édifices publics du centre, abritant administrations et services de sécurité, ont été particulièrement visés.

Ville de culture et d’histoire, Kharkiv compte « une cinquantaine de monuments dressés en l’honneur de ceux qui ont fait la gloire de la ville », et qui seront donc protégés par des sacs de sable, a annoncé la mairie. Et d’ajouter: « nous espérons que ces monuments dureront encore mille ans ! »

Il y a les monuments dans le plus pur style soviétique, comme celui qui commémore la « Grande guerre patriotique » ou le « Soldat libérateur ». Mais aussi divers mémoriaux, dont celui de Drobytsky Yar, en hommage aux milliers de juifs assassinés pendant la Seconde guerre mondiale. Situé à la limite est de la ville, il a été endommagé dans les combats samedi, a constaté l’AFP.

La muraille protectrice de la statue Chevtchenko quasi-terminée, des dizaines d’employés de la mairie et des volontaires s’activent désormais à disposer des sacs de sable autour du monument de l’Indépendance, une déesse brandissant les lauriers de la victoire, installée en l’honneur de la proclamation de l’indépendance de l’Ukraine le 24 août 1991.

Pour l’instant, on peut toujours lire, gravé en alphabet cyrillique, le slogan que l’on entend désormais partout dans le pays en guerre: « Gloire à l’Ukraine ».

« Nous sommes des fonctionnaires et des employés municipaux inoccupés actuellement, la mairie nous a mobilisés », explique une membre du groupe, Ilona Kalachnikova, habituellement affectée aux espaces verts.

« En ce moment, on ramasse surtout les branches et les arbres décapités par les roquettes. Cette année nous ne planterons rien, il n’y aura pas de fleurs », regrette-t-elle. « Ces sacs de sable sont un symbole de notre attachement à notre ville. On peut reconstruire des maisons détruites, mais pas des monuments historiques ».

Par Le Point avec AFP

Omicron: les contaminations flambent avant Noël, l’Europe se protège

décembre 23, 2021
Omicron: les contaminations flambent avant Noel, l'Europe se protege
Omicron: les contaminations flambent avant Noël, l’Europe se protège© AFP/JAVIER SORIANO

Les contaminations au Covid-19 flambent à travers le monde à la veille du réveillon de Noël, avec un nouveau record de cas jeudi au Royaume-Uni, contraignant de nombreux pays européens à renforcer les restrictions, comme l’Espagne qui impose de nouveau le masque en extérieur.

Un mois et demi avant l’ouverture le 4 février des Jeux olympiques d’hiver, la Chine n’a pas hésité, après la découverte de quelques dizaines de cas, à imposer un confinement strict aux 13 millions d’habitants de la ville de Xi’an (nord) en vertu de sa politique draconienne de « zéro Covid ».

Face au déferlement du variant Omicron, très contagieux, la lassitude se fait sentir, comme chez cette Parisienne de 35 ans, Dominique, croisée près de la célèbre avenue des Champs-Elysées: « Il y a une fatigue morale. Mais que peut-on y faire ? On en a marre. L’an dernier, on pensait en voir le bout, mais là on se dit que plein d’autres variants peuvent arriver ».

Une petite note d’espoir toutefois avant des fêtes de fin d’année plombées par le Covid: de premières études venues d’Afrique du Sud, d’Ecosse et d’Angleterre montrent qu’Omicron semble entraîner moins d’hospitalisations que Delta. Selon l’agence sanitaire britannique, les patients infectés par le nouveau variant ont jusqu’à 70 % de risque en moins d’être hospitalisés.

Nouveau record britannique

Au Royaume-Uni, pays frappé de plein fouet par le rebond pandémique, près de 120.000 cas supplémentaires de Covid-19 ont été enregistrés jeudi, un nouveau record. La hausse sur sept jours dépasse 50 % et le nombre d’hospitalisations commence à augmenter, notamment à Londres.

Pour l’instant, le Pays de Galles, l’Irlande du Nord et l’Ecosse ont annoncé des restrictions plus sévères. Mais en Angleterre, le gouvernement de Boris Johnson temporise.

La situation britannique est observée avec attention: « C’est très important de regarder ce qui va se passer à Londres la semaine prochaine. Cela va nous en apprendre beaucoup sur la sévérité » de la maladie provoquée par Omicron, a souligné jeudi le Pr Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique français.

En attendant, l’Espagne, pourtant l’une des championnes mondiales de la vaccination, sort de nouveau masquée. Devant l’explosion des cas, le gouvernement a décidé de rendre de nouveau obligatoire le port du masque à l’extérieur à partir de jeudi. Et la justice espagnole vient d’autoriser l’instauration d’un couvre-feu nocturne dans une grande partie de la Catalogne.

La Grèce a elle aussi annoncé que le port du masque serait obligatoire en intérieur comme à l’extérieur pendant les fêtes. Toutes les festivités publiques de Noël et du Nouvel An ont été annulées.

En Suède, le télétravail doit être privilégié et les événements publics réunissant plus de 500 personnes devront exiger un pass vaccinal.

En Belgique, le monde culturel est vent debout après la décision des autorités de contraindre cinémas et théâtres à fermer à compter de dimanche.

« Prendre soin les uns des autres »

En France, où les autorités misent davantage sur la vaccination que sur de nouvelles mesures restrictives pour l’instant, le président Emmanuel Macron a appelé les Français à « prendre soin les uns des autres », notamment par des tests ou auto-tests avant de retrouver leurs proches pour les fêtes de fin d’année. Le cap des 100.000 contaminations par jour devait être franchi « d’ici à la fin du mois ».

En Asie, comme un air de déjà-vu, dans la ville chinoise de Xi’an: rues désertes, dépistage massif, quartiers bouclés.

Tous les habitants de l’ancienne capitale chinoise doivent rester chez eux « sauf raison impérative », une seule personne par foyer étant autorisée à faire les courses tous les deux jours. Toutes les entreprises « non essentielles » ont dû fermer. Les habitants ne peuvent plus quitter la ville sans autorisation et l’ensemble de la population va être dépistée.

Ces mesures rappellent le confinement de 76 jours imposé début 2020 par les autorités à Wuhan, ville du centre de la Chine où le virus avait été détecté pour la première fois fin 2019 avant de déferler sur la planète.

Ailleurs dans le monde, le variant Omicron constitue désormais 73 % des nouvelles contaminations aux Etats-Unis.

La pilule contre le Covid-19 du laboratoire Merck, destinée aux adultes à hauts risques, a été autorisée en urgence par l’Agence américaine du médicament (FDA), au lendemain de l’autorisation d’une pilule similaire développée par Pfizer.

Toujours sur le front médical, le laboratoire suédo-britannique AstraZeneca a affirmé qu’une troisième dose de son vaccin contre le Covid-19 augmentait « significativement » le niveau d’anticorps contre ce variant.

« Omicron devient, ou est déjà devenu, dominant dans plusieurs pays y compris au Danemark, au Portugal et au Royaume-Uni, où les chiffres sont multipliés par deux tous les un jour et demi à trois jours, entraînant des taux inédits de transmission », selon Hans Kluge, directeur de l’OMS pour l’Europe.

Un rebond épidémique qui pourrait à terme impacter l’activité économique. La première compagnie aérienne européenne, Lufthansa, a annoncé jeudi l’annulation de 33.000 vols cet hiver, soit 10 % de son programme, à cause d’une baisse des réservations.

Considéré pour le moment comme moins mortel, le variant Omicron pourrait théoriquement entraîner un grand nombre de décès.

Le nombre de cas pourrait entraîner mécaniquement une hausse du nombre de patients hospitalisés ?notamment les non vaccinés et les personnes dites fragiles (très âgées, ou immunodéprimées par exemple) ? et une fois de plus submerger les systèmes de santé.

La pandémie a fait au moins 5.376.527 morts dans le monde depuis fin 2019, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles jeudi. L’OMS estime que le bilan réel pourrait être deux à trois fois supérieur.

Par Le Point avec AFP

Canada-UMQ: promotion du français chez les jeunes, les immigrants et les commerçants

novembre 5, 2021

MONTRÉAL — L’Union des municipalités du Québec (UMQ) entend promouvoir et valoriser la langue française auprès des jeunes, des personnes immigrantes et des commerçants.

 

© Fournis par La Presse Canadienne

L’organisme regroupant 390 membres lancera bientôt un appel de projets sous la thématique «Fous du français» qui invitera les municipalités et MRC membres à soumettre différents projets qui feront la promotion de la langue.   

L’appel de projets sera lancé dans le cadre d’une séance d’information «Êtes-vous fous du français», qui aura lieu le 24 novembre. Les membres de l’UMQ seront ensuite invités à déposer un projet avant le 25 février prochain.  

L’initiative profite d’une contribution financière du gouvernement du Québec.  

L’UMQ a pris note de récentes statistiques démontrant que l’usage de la langue française est en déclin dans plusieurs endroits au Québec, notamment dans la grande région de Montréal. Elle croit que les municipalités peuvent agir pour favoriser et promouvoir son usage dans la population.   L

L’UMQ regroupe des municipalités de toutes tailles dans toutes les régions du Québec. Ses membres représentent plus de 85 % de la population et du territoire du Québec.

Avec La Presse Canadienne

Congo-Justice : comparution de deux présumés trafiquants de mandrill à Dolisie

octobre 21, 2021

Le tribunal de grande instance de la ville de Dolisie aura à la barre, ce 22 octobre, deux présumés trafiquants d’un bébé mandrill vivant, interpellés par les services de lutte contre le trafic illicite d’espèces protégées. 

Le jeune mandrill privé de liberté/Adiac

Les deux présumés délinquants fauniques, interpellés le 19 mars dernier à Dolisie, chef-lieu du département du Niari, détenaient de manière illégale un jeune mandrill, animal intégralement protégé par la loi au Congo. Ils l’avaient transporté de la ville de Mossendjo à Dolisie dans des conditions inadéquates, dans le but de le vendre.

Conformément à la loi, les deux présumés trafiquants sont passibles de peines allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement ferme et d’une amende dont le montant peut s’élever jusqu’à cinq millions de FCFA.

Le mandrill est classé parmi les espèces animaliers vulnérables par l’Union internationale de la conservation de la nature et figure dans l’annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, c’est-à-dire dans la catégorie la plus menacée de disparition.

Plus rare dans les massifs forestiers de la République du Congo, le mandrill est une espèce de primates que l’on trouve dans le sud du Cameroun, au Gabon et en Guinée équatoriale. Après sa saisie, le jeune mandrill avait été confié à une équipe de l’Institut Jane Goodall pour recevoir les soins appropriés avant d’être relâché dans son habitat naturel.

Signalons que l’interpellation de ces deux contrevenants avait été faite par les agents de la direction départementale de l’Economie forestière, en collaboration avec ceux de la gendarmerie, avec le concours technique de ceux du Projet d’appui à l’application de la loi sur la faune sauvage.

Avec Adiac-Congo par Fortuné Ibara

Canada-Québec: Une première Politique pour protéger le patrimoine à Trois-Rivières

juillet 8, 2021

Alors qu’elle vient de fêter son 387e anniversaire, la Ville de Trois-Rivières s’est dotée d’une Politique du patrimoine qui viendra baliser ses actions afin de préserver la richesse de son histoire, ses immeubles, ses archives, ses paysages, en plus de mieux exploiter son potentiel archéologique.

La Ville de Trois-Rivières lancé sa nouvelle Politique du patrimoine. Sur la photo, on retrouve dans l’ordre habituel le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, Nancy Kukovica, directrice générale de Culture Trois-Rivières, Marc-André Godin, chef de service planification et programme à la Ville de Trois-Rivières et Pierre-Luc Fortin, conseiller municipal du district des Estacades et membre du comité de la Politique du patrimoine.

© SYLVAIN MAYER La Ville de Trois-Rivières lancé sa nouvelle Politique du patrimoine. Sur la photo, on retrouve dans l’ordre habituel le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, Nancy Kukovica, directrice générale de Culture Trois-Rivières, Marc-André Godin, chef de service planification et programme à la Ville de Trois-Rivières et Pierre-Luc Fortin, conseiller municipal du district des Estacades et membre du comité de la Politique du patrimoine.

Au total, une trentaine d’actions sont prévues, dont la restauration et la mise en valeur de la place d’Armes, qui sont évaluées à plus de 500 000 $ et qui devraient se réaliser d’ici un maximum de trois ans.

Parmi le plan d’action, on compte se pencher sur l’occupation des bâtiments patrimoniaux afin de favoriser leur préservation grâce à la mise en place d’un programme incitatif, en plus de les mettre en valeur par des aménagements urbains et paysagers.

On souhaite aussi réaliser une étude de potentiel ou de caractérisation du patrimoine archéologique pour l’intégrer au plan d’urbanisme, aider les institutions muséales à avoir accès à un lieu d’entreposage et instaurer un bottin du patrimoine.

Un livre sur l’histoire de Trois-Rivières, des plateformes numériques pour la mise en valeur des collections et de panneaux précisant les noms de rues les plus significatifs sont aussi dans les plans.

L’adoption de cette Politique du patrimoine fait suite à de nombreuses consultations qui se sont tenues au cours des derniers mois. Un sondage avait également été lancé à l’été 2020 auquel plus de 400 personnes ont répondu. Le tout a été suivi de consultations auprès de 26 experts, de cinq organismes locaux du milieu et d’une consultation populaire qui a réuni 42 participants.

Le conseiller Pierre-Luc Fortin, qui travaille sur le dossier depuis déjà quelques années, soutient que cette Politique évitera d’agir en réaction comme c’est arrivé dans certains dossiers. «Ce qui fait que malheureusement quand on agit avec un délai court, des fois, il est trop tard, on perd quelque chose», fait valoir celui qui été l’un de ceux qui a travaillé sur l’élaboration de la Politique.

Il donne en exemple la terrasse du Manhattan qui a changé le visage de l’édifice au coin des rues des Forges et Notre-Dame, la fresque publicitaire d’un ancien marchand de fourrure qui avait refait surface à la suite de la démolition d’un bâtiment sur la rue Hart, ou encore la petite maison de l’Expo qui a malheureusement été démolie au cours des derniers mois.

Tous des dossiers gérés au cas par cas sans grands principes directeurs. Ce que viendra corriger cette Politique du patrimoine qui vise à définir la vision collective des valeurs de la communauté, développer des outils de protection et de diffusion du patrimoine, favoriser la concertation, mobiliser les acteurs et établir les priorités.

«On est entouré, on baigne dans le patrimoine. Il faut le réaliser et il faut en prendre soin pour le transmettre aux générations futures. Pour ne pas que ça tombe dans l’oubli et qu’on n’arrive dans une situation où on démolit parce que c’est mal entretenu», ajoute le conseiller du district des Estacades qui est également professeur d’histoire.

Avec  Sébastien Lacroix – Le Nouvelliste 

Canada-Québec/Protection du français : quand la CAQ enfonce des portes ouvertes

juin 19, 2021

Ottawa veut en faire davantage pour protéger le français. Voilà une bonne nouvelle qui n’a pas l’air de réjouir le ministre Simon Jolin-Barrette. Il suffisait de l’entendre réagir au dépôt du projet de loi C-32 pour comprendre qu’il n’est pas près de sabrer le champagne.

Le projet de loi 96, visant à renforcer et à protéger la langue française au Québec, a été annoncé en grande pompe par François Legault et Simon Jolin-Barrette.

© Sylvain Roy Roussel/Radio-Canada Le projet de loi 96, visant à renforcer et à protéger la langue française au Québec, a été annoncé en grande pompe par François Legault et Simon Jolin-Barrette.

Et pour cause : après le Parti libéral du Québec, c’est au tour du Parti libéral du Canada de doubler la CAQ. Non seulement approuve-t-il la démarche du gouvernement Legault pour protéger le français, mais la ministre Mélanie Joly a clairement laissé entendre mardi qu’elle souhaitait s’aligner sur le projet de loi 96 (PL96).

Résultat : la CAQ, qui se targue d’être le parti de la fierté nationale retrouvée, jusqu’à mettre son poing sur la table pour protéger la langue française, se retrouve à défendre des mesures qu’aucun de ses adversaires ne trouve, finalement, trop audacieuses.

C’est peut-être là le prix à payer pour un gouvernement qui a autant fait grimper les attentes par rapport à son projet de loi. Pendant près d’un an, le ministre Jolin-Barette s’est affairé à convaincre à peu près tout le monde que le français était en danger, et qu’il faudra agir vigoureusement pour freiner son déclin.

Force est de constater qu’il y est – trop – bien parvenu : le projet de loi qu’il a présenté ne semble pas même rassasier ceux qu’il avait lui-même mis en appétit. En témoigne le dernier sondage Léger sur la question, commandé par le Parti québécois, qui indique que si plus de 64 % des Québécois estiment que le français est en déclin, seulement le quart pensent que la réforme proposée par la CAQ pourra renverser la tendance.

Pas d’inquiétudes chez les libéraux fédéraux

Dans la capitale fédérale, on se défend de vouloir projeter la question linguistique dans un débat électoral. La réforme de la loi sur les langues officielles, explique un conseiller du gouvernement, est une intention formulée bien avant l’arrivée de la CAQ à Québec et du Bloc à Ottawa. Un remède surtout à des années de négligence des gouvernements précédents.

De toute façon, les troupes de Justin Trudeau ne semblent pas convaincues que la question linguistique puisse leur rapporter beaucoup de votes, ou de sièges.

Cela ne veut pas dire qu’on n’a pas surveillé attentivement ce que faisait Québec. C’est sûr que ça nous inquiétait», affirme une source proche du dossier. Finalement, on a vite déterminé pouvoir vivre avec» le projet de loi de Simon Jolin-Barrette, même en ce qui concerne les changements proposés à la Constitution.

Seul point de discorde : les obligations linguistiques imposées aux entreprises de compétence fédérale installées au Québec. Ottawa est disposé à appliquer dans ces entreprises des règles similaires à ce qui est prévu dans le projet de loi 96, mais pas question de les assujettir à la loi 101 comme le demande le gouvernement Legault. Pour l’instant, Ottawa ne voit pas comment le différend pourrait se transformer en conflit majeur.

Eux [le gouvernement Legault] n’ont pas le capital légal pour s’en prendre à nous et nous n’avons pas le capital politique pour aller contre eux», indique une source. En fin de compte, si l’intention des deux gouvernements est de protéger le français, on trouvera sûrement un terrain d’entente. Si le ton monte, c’est que l’un des deux cherche à exploiter la question à des fins politiques.

Un projet de loi à renforcer

Québec se prépare déjà à corriger le tir. Plusieurs sources confirment que le ministre Jolin-Barrette devrait profiter des consultations de l’automne pour donner plus de mordant à son projet de loi.

Il ne serait donc pas question de jeter du lest, ou de faire des concessions au nom de la recherche du consensus. Au contraire, la CAQ devrait hausser le ton, ce qui n’aurait rien d’étonnant, si elle souhaite toujours se présenter comme le protecteur de l’identité québécoise en année préélectorale.

D’ailleurs, le ministre lui-même s’est dit disposé à bonifier le PL96 avec des propositions des partis d’opposition. Il a donné l’exemple de l’obligation pour les étudiants des cégeps anglophones de réussir un minimum de trois cours en français pour obtenir leur diplôme, une avenue intéressante» selon lui.

Est-ce qu’il pourrait raffermir sa position en ce qui concerne le statut bilingue des municipalités? Une source proche du dossier le pense. D’autres espèrent encore que le gouvernement limite davantage l’accès au cégep anglophone.

Rassurer les anglophones

La communauté anglophone pourrait-elle devenir la principale ligne de fracture entre l’offre de Québec et celle d’Ottawa? Une chose est certaine, les inquiétudes des Anglo-Québécois pourraient donner du fil à retordre au gouvernement Legault, qui a pourtant fait de son mieux pour ne pas les froisser avec son projet de loi.

Le cabinet Trudeau, pour sa part, prépare ce terrain depuis des mois. Des rencontres ont eu lieu avec les intervenants à plusieurs reprises, les ministres ont envoyé des émissaires sur le terrain. Après tout, plusieurs élus libéraux dépendent du vote anglophone pour être réélus.

En coulisses, on pense avoir calmé les craintes. Je ne pense pas qu’on aura besoin de faire du outreach dans Outremont», lance une source. Les anglophones ne sont pas fâchés contre nous, ils sont fâchés contre Québec.»

Comme il l’avait fait pour la laïcité, François Legault a affirmé à plusieurs reprises qu’il voulait que sa réforme de la loi 101 soit modérée. Il court maintenant le risque à vouloir satisfaire tout le monde de ne contenter personne. En politique comme ailleurs, qui trop embrasse mal étreint.

Avec  Alex Boissonneault, Daniel Thibeault 

Congo-Baie de Loango : la nouvelle délimitation de la future aire maritime protégée adoptée

juin 3, 2021

Les parties prenantes du projet ont manifesté leur adhésion lors d’un atelier de concertation approfondie sur la délimitation cartographique et les superpositions des usages pour la création de la première aire marine protégée (AMP) du pays. L’atelier a récemment eu lieu au siège de la préfecture du Kouilou.

1-La photo de famille lors de l’atelier de concertation approfondie

Autorités locales, directeurs départementaux et acteurs du secteur privé concernés, représentants de la société civile et des communautés locales ont pris part, le 28 mai, audit atelier. Le projet création de la première AMP est une initiative conjointe du gouvernement congolais et du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Les deux parties ont signé le 27 avril 2017 un accord de coopération pour protéger les richesses biologiques exceptionnelles de la Baie de Loango, zone qui attire en effet plusieurs espèces animales parmi lesquelles quatre espèces de tortues marines (tortues luth, tortue imbriquée, tortue olivâtre et tortue verte) et 153 espèces de poissons, a indiqué Marcellin Agnagna, coordonnateur du Projet de création de l’AMP.

L’ensemble de ce projet doit permettre de protéger la Baie de Loango (conservation et gestion durable des écosystèmes), de mettre en place une base de données spécifique, de développer les activités génératrices de revenus des communautés riveraines et de valoriser le site historique de la route des esclaves à travers des activités touristiques. Ouverte par Désiré Ondongo Bamboli, secrétaire général du département du Kouilou, l’atelier de concertation a eu comme objectif d’examiner et d’adopter la nouvelle délimitation et de susciter l’intérêt de tous pour des partenariats éventuels pour la gestion de cette zone. Celui-ci a été organisé en conformité avec la loi n°37-2008 sur la faune, et les aires protégées qui exigent que «la réalisation d’études de base (référencement) ainsi que la participation, dès sa conception, de toutes les parties prenantes qui sont concernées par la gestion de la future aire protégée à travers des concertations publiques ou restreintes ».

Les participants à l’atelier ont suivi la présentation technique du Projet de création de l’Aire marine protégée de la baie de Loango et les progrès réalisés (par Marcellin Agnagna) et du processus de cartographie participative approfondie de l’AMP et des limites provisoires (par le consultant-cartographe, Gaspard Lembé). Après concertation (échange, travaux en groupe, restitution des résultats), les parties prenantes du projet ont adopté la nouvelle délimitation et formulé des recommandations.

En effet, adoptées, le 18 décembre 2019 lors du premier atelier de concertation publique au siège de la préfecture du Kouilou, les limites provisoires de l’AMP ont été redéfinies en fonction des nouvelles données scientifiques et techniques obtenues après un travail de cartographie participative approfondie. Ainsi de 65000 hectares au départ, la superficie de cette zone, allant de la Pointe-indienne à l’embouchure du Bas-Kouilou, a été réduite à 49.994 hectares. Elle est constituée d’une zone marine de 45.486 hectares et d’une zone terrestre de 4458 hectares. La nouvelle délimitation prend en compte la superposition des usages et l’occupation des espaces dans la zone. 

La création de l’aire marine protégée constitue un véritable avantage pour le département du Kouilou : « La création de l’aire marine de la baie de Loango est appelée à positionner notre département au premier rang de la conservation des écosystèmes et de la biodiversité au Congo, avec 4 aires protégées, sur les 18 que compte le pays, couvrant une superficie totale de 745.944 hectares, soit 18, 46% de la superficie totale de conservation du Congo. Il s’agit là d’un avantage écologique indéniable, au regard des défis liés à l’urgence des changements climatiques qui préoccupent actuellement l’humanité », a estimé Désiré Ondongo Bamboli.

2-Description géographie de l’Aire protégée marine de Loango

Avec Adiac-Congo par Lucie Prisca Condhet N’Zinga