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Rencontre avec Marie-Léontine Tsibinda

février 6, 2023

Marie-Léontine Tsibinda est une auteure congolaise qui vit au Canada. Ses publications sont multiples. Guy Menga Chantre de la Parole est son plus récent ouvrage.  Une monographie publiée en 2022, aux Éditions +, en France qui nous présente Guy MENGA sous un nouvel angle.

Elle a bien voulu répondre à nos questions.

De quoi parle cet ouvrage qui est dédié à Guy Menga ?

Guy Menga Chantre de la Parole est un livre qui présente, en résumé, la vie de Guy Menga, l’écrivain, le journaliste. L’homme politique a aussi sa dynamique, car il fut ministre sous la transition avec André Milongo, comme Premier ministre. Mais personnellement je me suis attardée sur Guy Menga « le porteur de liberté » pour reprendre la belle formule de Sony, dite lors de l’une de ses nombreuses interviews, en l’occurrence lors de sa rencontre avec Tchicaya U Tam’si au micro de Daniel Maximin, écrivain-journaliste, il y a quelques années déjà, sur Antipodes de France-Culture. C’est la marche de Guy Menga depuis son village Mankongono dans le Pool, jusqu’aux rives de la Ceinture, c’est-à-dire la Seine, (trouvaille de Tchicaya U Tam’si), en passant par celles impétueuses du puissant fleuve Congo où trônent Brazzaville et Kinshasa. C’est un livre qui s’ouvre et se veut comme un apetizer car il faudra des milliers et des milliers de pages pour présenter un Guy Menga!

Guy Menga, pseudonyme qu’il s’est donné contrairement au choix de ses parents

Alexis Menga et Martine Nsona Loko qui l’avaient nommé dès sa naissance : Bikouta-Menga Guy Gaston !

Que représente Guy Menga dans l’univers de la littérature congolaise ?

Guy Menga? Une icône de la littérature congolaise. Un pilier incontournable qui même dans sa blanche vieillesse sait réconcilier petits et grands car son monde littéraire intéresse toutes les générations. Une littérature dont les gerbes ont traversé les 342 000 kilomètres carrés de son bassin natal congolais. Guy Menga, tout comme Sony Labou Tansi, Tchicaya U Tam’si, Henri Lopes, sans oublier le doyen Jean Malonga, demeure l’un des porteurs des lettres de noblesse de notre littérature.

Quel est l’impact des écrits de Guy Menga auprès de la nouvelle génération congolaise et africaine de manière plus large?

Un pur bonheur! J’ai rencontré sur Facebook, Victor Hugo, pas celui de Les misérables, mais celui qui est piqué par le virus des livres, et qui est très émerveillé par la création littéraire africaine en général et congolaise en particulier ! Il lit, en ce moment, La case de Gaulle et Kotawali. Il est d’Algérie! Et au Congo des jeunes rencontrés sur les murs de Facebook me disent la même chose et citent L’aventure du silure qui les a subjugués et demeure comme l’élément déclencheur de leur création littéraire pour certains! 

Quels sont les ingrédients ayant conduit au succès de la pièce de théâtre La Marmite de Koka-Mbala ?

La marmite de Koka-Mbala est un trésor national qui a déjà célébré ses noces d’or (50 ans d’existence, voire plus) sans aucune ride. Elle a été jouée partout en Afrique, au festival des Arts Nègres de Dakar, chez le Président Léopold Sédar Senghor, à Kinshasa chez le Président Maréchal Mobutu Sese Seko, au palais de Brazzaville du Président Alphonse Massamba-Débat, à Kinkala, etc. Toujours avec le même succès. Le message de la marmite traversera tous les siècles car il y aura toujours des questions brûlantes tant que les vieux domineront les jeunes, voudront les marier contre leur gré. L’homme ne devrait pas dominer sur l’homme, mais sur son péché mignon! Cela étant dit, la meilleure réponse viendra de Guy Menga lui-même.

Quelle est la place du livre congolais aujourd’hui dans la littérature mondiale ?

O que j’aime cette question! Le livre congolais a de la prestance dans la littérature du monde.

Elle rafle des prix nationaux, internationaux, des prix prestigieux : Prix Renaudot, Prix des Cinq Continents, Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire, Prix UNESCO Aschberg. Les Congolais ont eu ces prix. Guy Menga en a remporté aussi. Et ses livres sont traduits en plusieurs langues. Sa pièce de théâtre La marmite de Koka Mbala est toujours d’actualité et encore jouée dans le monde.

Pourquoi un ouvrage sur Guy Menga et pas sur Sony Labou Tansi, où Tati-Loutard, que vous avez bien connus ?

J’ai rencontré Guy Menga lors de la conférence nationale de Brazzaville et il est rentré en France après son mandat ministériel sous le règne d’André Milongo. Nous nous sommes retrouvés par le biais des médias sociaux ou des amis. Je lui ai soumis mes manuscrits notamment La porcelaine de Chine, théâtre, Lady Boomerang, roman. Il a préfacé le théâtre. Il a écrit sur trois pages pour me montrer les hauts et les bas du manuscrit romanesque.

Quand je lui ai demandé une interview pour mon Blog, il a répondu sur presque 20 pages capitalisées en Guy Menga Chantre de la Parole. J’espère que ce livre rendra heureux les fans de Guy Menga, les critiques littéraires, les universitaires, les étudiants, les amoureux du livre…

Jean-Baptiste Tati Loutard, écrivain mais également ministre et il y avait une certaine distance : son grand ami Sylvain Bemba était plus proche de lui que nous autres.

Je suis en train d’écrire sur Sony Labou Tansi, Tchicaya U Tam’si et Léopold Mpindy Mamonsono, pas sur le mode classique de Guy Menga Chantre de la Parole. Un autre visage de la création littéraire. Dieu voulant, le moment venu, nous en reparlerons.

Quels sont vos rapports avec les cercles littéraires de Paris et du Congo ?

Paris c’est l’incontournable BDI voilà en quoi se résument mes rapports avec les cercles littéraires de cette ville. Mais j’ai des contacts merveilleux avec la vague des écrivains d’hier et d’aujourd’hui et c’est fantastique! Je lis les jeunes qui me font confiance et m’envoient leurs manuscrits prometteurs.

Depuis votre départ du Congo à la suite des pogroms de 1997, êtes-vous repartie sur les terres de Girard qui vous sont si chères ?

Pas encore. Comme disait Tchicaya U Tam’si, « Vous habitez le Congo mais le Congo m’habite! » J’entends toujours ma Loukoula chanter. C’est le « kadak kadak » des trains sur les rails du Chemin de Fer Congo-Océan qui ne bouscule plus les arbres séculaires du Mayombe bruissant de ma mémoire.

Peut-on s’attendre à un autre ouvrage après celui dédié à Guy Menga ?

Vous savez, l’inspiration, c’est comme le vent ou la brise qui souffle. Quand elle me visitera, je me courberai sur son passage. J’écrirai selon sa volonté et je donnerai une suite à Guy Menga Chantre de la Parole, selon ce que l’esprit me dira, me soufflant le nom d’un auteur du Congo ou du Canada ou d’ailleurs, pourquoi pas!

Qu’est-ce qui peut pousser le lecteur à acheter cet ouvrage dédié à Guy Menga ?

La curiosité de déguster cet apetizer servi sur les rives de la Gatineau, au Canada, quand Guy Menga l’intéressé vit en France sur les berges del’Eure, bien loin de la Madzia, du Djoué, de la Loufoulakari ou du puissant fleuve Congo…

Le désir de vivre son enfance, de le voir marcher avec les grands de ce monde, présidents, historiens, car un journaliste côtoie ce genre de monde. De goûter avec lui aux joies de la lecture, de découvrir ses auteurs préférés et qui l’ont ébloui. De voir que l’espace littéraire de Guy Menga ne se limite pas seulement au Congo-Brazzaville mais s’ouvre également avec majesté sur les sillons des personnalités comme l’écrivain et ethnologue malien, Amadou Hampaté Bâ qui défend la tradition orale peule, comme Joseph Ki-zerbo, historien et homme politique ou encore le dramaturge Jean-Pierre Guingané, tous deux du Burkina-Faso, et au reste du monde…

Propos recueillis par Cédric Mpindy

Avant la sortie de ses mémoires explosifs, Harry nie vouloir blesser sa famille

janvier 9, 2023
Avant la sortie de ses memoires explosifs, Harry nie vouloir blesser sa famille
Avant la sortie de ses mémoires explosifs, Harry nie vouloir blesser sa famille© AFP/Oli SCARFF

Le prince Harry n’a aucune intention de « blesser » sa famille, a-t-il assuré dans une série d’interviews à quelques heures de la parution de ses mémoires, dans lesquels aucun membre de la monarchie britannique ne semble être pourtant épargné.

« Le Suppléant » sera mis en vente à minuit, mardi. Les passages les plus explosifs ont déjà fait le tour du monde depuis que des librairies en Espagne l’ont placé par erreur dans leurs rayons quelques heures jeudi.

Les divisions au sein de la royauté britannique y apparaissent sous un jour très cru, confrontant cette institution à l’influence planétaire à une profonde crise à peine quatre mois après la mort de la très populaire Elizabeth II.

On sait déjà que William, l’héritier du trône, son « frère bien aimé et ennemi juré », est sa principale cible. Mais le roi Charles III, chef d’Etat de 15 pays qui sera couronné le 6 mai, n’est pas non plus épargné. Tout comme Kate, l’épouse de William, et Camilla, la reine consort.

Le prince de 38 ans a donné plusieurs interviews télévisées pour promouvoir et défendre son livre, depuis la Californie où il s’est exilé en 2020 avec son épouse Meghan.

Pourquoi s’exposer ainsi trois ans après avoir pris ses distances avec la monarchie britannique ? « Après 38 ans à voir mon histoire racontée par tant de personnes avec des déformations et des manipulations intentionnelles, cela m’a semblé le bon moment de me réapproprier mon histoire », a-t-il expliqué sur la chaîne britannique ITV.

Mais rien « n’a été fait avec l’intention de blesser ou de faire du tort » à son père Charles III, son frère William ou sa famille.

« Une branche d’olivier »

Le prince a martelé vouloir une réconciliation avec la famille. Mais sur la chaîne américaine CBS, il a reconnu que William et lui ne se parlaient pas actuellement et qu’il n’avait pas échangé avec son père « depuis un bon moment ».

Buckingham Palace n’a pas réagi aux déclarations du prince. The Sunday Times a cité des proches du prince William affirmant qu’il est « triste », qu’il « brûle à l’intérieur », mais qu' »il reste silencieux pour le bien de sa famille et du pays ».

Dans un moment marquant sur ITV, Harry a nié avoir accusé la famille royale de racisme, quand il a dit en mars 2021 à la télévision américaine qu’un membre de celle-ci s’était interrogé sur la couleur de peau qu’aurait son fils à naître, comme son épouse est métisse. Cette interview avait relancé un vif débat au Royaume-Uni sur le racisme.

Impopulaires

La presse britannique, en majorité très hostile aux « Sussex », croit y voir « une branche d’olivier » tendue à la famille royale, mais pour les journaux le mal est déjà fait.

Dans son livre, Harry accuse William de l’avoir jeté au sol lors d’une dispute en 2019 concernant Meghan, qu’Harry avait épousée l’année précédente.

Il accuse aussi son frère et son épouse Kate d’avoir eu des « stéréotypes » envers Meghan, actrice américaine métisse, qui ont « créé un obstacle » pour l’accueillir dans la famille.

Harry s’en prend notamment aussi à l’épouse de son père, Camilla, désormais reine consort, affirmant que certains détails de conversations privées publiées dans les médias « ne pouvaient avoir fuité que » par elle.

Pour le tabloïd The Sun, Harry est un homme « troublé, seul ».

Malgré une intense promotion les jours précédents sa diffusion, l’interview sur ITV a été regardée par 4,1 millions de téléspectateurs, doublée par la BBC qui diffusait une série.

Les Britanniques pourraient être lassés par Harry et Meghan, omniprésents dans les médias depuis des semaines. Leur impopularité atteint des records. Selon un sondage YouGov, 64 % des Britanniques ont une image négative de Harry.

Le couple devrait se faire plus discret dans les mois à venir, selon Omid Scobie, un ami et biographe du couple. « Je pense que nous allons assister, pour le reste de l’année, à une sorte de retrait par rapport à ce que nous avons vu au cours des derniers mois », a-t-il déclaré à la BBC.

Par Le Point avec AFP

Des archives sur l’assassinat du président Kennedy rendues publiques

décembre 15, 2022
Des archives sur l'assassinat du president Kennedy rendues publiques
Des archives sur l’assassinat du président Kennedy rendues publiques© AFP/Archives/-

Les Archives nationales américaines ont rendu publics jeudi plus de 13.000 documents liés à l’assassinat du président John F. Kennedy en 1963, évènement qui a provoqué la stupeur du monde entier et d’innombrables spéculations jusqu’à aujourd’hui.

Mais la Maison Blanche, citant des inquiétudes concernant la sécurité nationale, a bloqué la publication de milliers d’autres. Un lot d’archives sur cette affaire avait déjà été déclassifié en décembre 2021.

Selon les Archives nationales, ce sont désormais 97 % des environ cinq millions de pages du dossier qui sont accessibles à tous.

Le président démocrate Joe Biden a indiqué dans une note qu’un nombre « limité » de documents ne pourraient pas être rendus publics, une mesure « nécessaire » afin de « prévenir des dommages sur la défense militaire, les opérations de renseignement, les forces de l’ordre ou la politique étrangère ».

De précédentes demandes de maintien de la confidentialité de certains documents avaient émané de la principale agence de renseignement américaine, la CIA, et de la police fédérale, le FBI.

Théories du complot

Selon les historiens spécialistes de John F. Kennedy, il est peu probable que les archives maintenues secrètes contiennent des révélations explosives ou soient en capacité d’éteindre les théories du complot autour de cet événement qui a changé la face du monde.

L’assassinat du très populaire président américain, le 22 novembre 1963 à Dallas, au Texas, a donné lieu à de nombreuses spéculations et supputations, alimentées par des centaines de livres et de films comme celui d’Oliver Stone « JFK » (1991).

Les théories du complot ayant trait à l’assassinat de « JFK » rejettent les conclusions de la commission d’enquête dite « commission Warren » qui avait déterminé en 1964 que Lee Harvey Oswald, un ancien Marine ayant vécu en Union soviétique, avait agi seul dans l’assassinat du président Kennedy.

Il avait été tué deux jours après par un propriétaire de discothèque, Jack Ruby, au moment de son transfèrement depuis la prison municipale.

Certains pensent que Lee Harvey Oswald a été utilisé par Cuba ou l’URSS. D’autres estiment que l’assassinat a été commandité par l’opposition anticastriste cubaine avec le soutien des services secrets américains et du FBI, ou par des opposants à JFK aux Etats-Unis.

KGB

Un nombre important des documents publiés jeudi ont trait à Lee Harvey Oswald, et notamment à ses déplacements à l’étranger et les personnes qu’il a rencontrées dans les semaines, les mois, et les années avant l’assassinat.

L’un des documents relate l’interrogatoire d’un ancien agent du KGB (les services secrets soviétiques) qui affirme que Lee Harvey Oswald avait été recruté par le KGB lors de son séjour en Union soviétique, mais qu’il était considéré comme « un peu fou et imprévisible ».

L’agent affirme que le KGB n’était plus en contact avec Lee Harvey Oswald après son retour aux Etats-Unis, et que le KGB ne l’avait « jamais chargé de tuer le président Kennedy ».

Un autre document datant de 1991 cite une autre source au sein du KGB affirmant que Lee Harvey Oswald n’avait « à aucun moment été un agent contrôlé par le KGB », bien que les services secrets soviétiques l’aient « surveillé de près et constamment durant son séjour en URSS ».

En 2017, Donald Trump avait rendu publics certains documents liés à l’assassinat du 35e président américain, conformément à une loi du Congrès de 1992 exigeant que les documents liés au président Kennedy soient publiés, dans leur ensemble et sans caviardage, sous 25 ans.

Par Le Point avec AFP

Littérature : Henrietty Mounkassa-Ngala, une plume en herbe précoce

novembre 5, 2022

« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années ». Ce célèbre dicton trouve tout son sens dans le parcours talentueux d’Henrietty Christella de Lourdes Mounkassa-Ngala qui, à seulement 16 ans, vient de publier son premier ouvrage, une pièce de théâtre intitulée « Le tournant de ma vie ». La présentation-dédicace de l’œuvre a eu lieu le 4 novembre, à Brazzaville.

L’autrice, à gauche, et la couverture du livre à droite/Adiac

On pouvait lire l’étonnement et l’émotion dans le regard de bon nombre d’invités venus pour la circonstance soutenir le courage et le talent précoce de la jeune écrivaine Henrietty Mounkassa-Ngala, élève en classe de seconde. A travers elle, la littérature congolaise s’est enrichie, tout en se remémorant de la jeune Calissa Ikama Ngala, décédée du cancer en 2007, qui publiait son premier roman « Le triomphe de Magalie » en 2005, à l’âge de 13 ans.

Cette passion pour les lettres, elle la développe très tôt et c’est peu avant le confinement qu’elle se lance dans cette belle aventure qui mûrira durant le confinement en 2020. Alors que les parents redoutaient qu’Henrietty arrive à concilier étude et passion littéraire, celle-ci les surprend en achevant son récit, intitulé « Le tournant de ma vie ». Un titre révélateur qui s’apparente plus ou moins à son histoire d’écrivaine.

L’histoire partagée dans ce livre est celle de Marie Eustley, une adolescente de 15 ans qui est envoyée en France pour continuer ses études secondaires. Malheureusement, face aux aléas de la vie, la jeune fille empruntera un tout autre chemin qui la conduira dans une succession de tourments. S’étalant sur 165 pages, la pièce de théâtre fait se succéder environ une vingtaine de personnages dont le principal est Marie, autour de qui gravitent ses géniteurs, ses frères et sœurs ; ainsi que sa tante maternelle Josiane, son fiancé et sa fille, constituant sa famille en France. A ceux-ci s’adjoignent des amis aux mauvaises mœurs et des condisciples du lycée, intolérants du fait de son pigment noir.

Un coup d’essai, coup de maître

Présentant l’ouvrage, l’écrivain et critique littéraire, Pierre Ntsemou, a salué la démarche de l’autrice qui, à travers cette pièce de théâtre, sort des sentiers battus en proposant une construction du texte qui n’a ni tableaux, ni actes, ni moins encore des scènes désignées stricto-sensu comme telles. En effet, Henrietty a choisi d’innover en subdivisant son texte en séquences d’inégale longueur ; soit cinq au total allant de 7 pages pour les deux premières à 15, 47 et 70 pages pour la dernière qui est éponyme, c’est-à-dire a donné son titre à la pièce.

« Avec une entrée des plus spectaculaires dans le prestigieux cercle des dramaturges où la gent féminine n’est pas légion dans la république des belles lettres congolaises, pour un coup d’essai, c’est bien un coup de maître pour Henrietty Mounkassa-Ngala. Souhaitons-lui une merveilleuse et affriolante carrière. En tant que jeune plume, elle a besoin d’être prise sous le plumage de ses aînés femmes et hommes, pour la booster davantage afin que demain, elle nous gratifie de recueils de nouvelles et de romans, tout aussi palpitants que son premier ouvrage », a déclaré Pierre Ntsemou.

Faisant la critique de la pièce, Fidèle Biakora a relevé le fait qu’au-delà de son côté rocambolesque, « Le tournant de ma vie » met en relief et dénonce les comportements vicieux de certains adolescents. En filigrane, cet ouvrage passe au peigne fin plusieurs thèmes : l’amour, l’amitié, la délinquance juvénile, le racisme, le viol, la grossesse précoce, l’irresponsabilité parentale sur l’encadrement de la progéniture, etc.

Pour agrémenter cette cérémonie, un extrait de l’œuvre a été joué par la troupe « Les amis du théâtre national » ; et quelques passages déclamés par le slameur Dixon Claous Pimbi-Essale. S’en est suivi l’incontournable moment de question-réponse durant lequel le public a plus encouragé et félicité l’autrice pour cette œuvre inspirante qui parle tant aux parents qu’aux jeunes.

« Une joie immense me comble pour votre présence qui honore en ce jour la présentation de mon livre. Vos points de vue divers sont des additionnels qui vont limer mon pinceau à l’avenir. J’espère également que chacun de nous s’enrichira de ce livre, après sa lecture », a fait savoir Henrietty Mounkassa-Ngala. Pour clore la rencontre, elle a procédé à la dédicace de plusieurs exemplaires de son ouvrage publié chez L’Harmattan dans une nouvelle collection estampillée Jama.

Avec Adiac-Congo par Merveille Atipo

Littérature : le livre « L’université de la forêt » présenté officiellement à Paris

octobre 3, 2022

L’ouvrage de Sorel Eta, « L’université de la forêt »paru aux  Presses universitaires de France (PUF) a fait l’objet d’une présentation conjointe à l’Auditorium de la Halle Pajol de l’auberge de jeunesse Paris Yves Robert, dix-huitième arrondissement, par les collaborateurs du PUF, Paul Garapon, directeur éditorial, Dominique Bourg, et Sophie Swaton de la Collection « Terres Nouvelles ».

Sorel Eta lors de la séance de dédicace de son essai L’Université de la forêt à Paris, octobre 2022

Sorel Eta lors de la séance de dédicace de son essai « L’Université de la forêt à Paris », octobre 2022 / Vanessa NG

Le 1er octobre, en préambule de la présentation officielle de « L’université de la forêt », deux auteurs ont témoigné pour leur bonne collaboration avec la « Collection Nouvelles Terres ». Dans la même lancée, cette rencontre littéraire a été l’occasion, en grande partie, de rappeler que les temps de l’arrogance occidentale sont terminés. Les connaissances technoscientifiques dont l’occident était si fier n’ont empêché ni l’empoisonnement de l’environnement ni la menace climatique, ni l’effondrement du vivant ni l’affaiblissement des démocraties, ni un sentiment diffus et général de perte de sens. « Il nous faut inventer des manières plus solides et durables d’habiter la Terre ; et pour réinventer ensemble notre monde, nous avons beaucoup à apprendre des autres, dans le respect mutuel et avec l’humilité nécessaire. Dans cette collection s’expriment à la première personne des témoins aux origines géographiques et aux parcours culturels très différents », ont rappelé Dominique Bourg et Sophie Swaton.

Puisqu’il était question de donner la parole aux témoins, Sorel Eta, en tant qu’autodidacte, s’est retrouvé chez les Aka en 1996. En plein habitat forestier, il avait découvert une grande école, qui se différencie de l’école conventionnelle par des méthodes d’apprentissage propres à l’université de la forêt, et de l’écriture et la lecture pour l’école conventionnelle, liant observation, écoute et initiation appropriées. 

« J’ai appris beaucoup de choses qui ont participé au fait que je devienne ethnologue. Je ne suis pas diplômé d’université mais autodidacte, j’ai commencé à apprendre cela juste après mon baccalauréat. C’est une expérience que beaucoup de gens peuvent vivre. À l’université de la forêt, il y a des choses que nous pouvons apprendre et non à l’université conventionnelle. Donc, c’est pour moi une façon de sauvegarder cette école qui fait partie des richesses de l’humanité parce que, si d’un côté on a l’université conventionnelle et de l’autre l’université de la forêt, cela fait partie de la diversité, et nous savons tous que la diversité est une richesse », a-t-il expliqué.

L’histoire d’une amitié réciproque

De ses vingt-six ans d’observation, d’écoute et d’initiation, il a cautionné ces acquis dans un livre qui constitue désormais l’histoire d’une rencontre, celle de l’auteur avec les Aka. Dans ce qui s’apparente à une introduction progressive à la culture du peuple Aka, lui est un Bantou, ethnie dominante, eux les Aka, peuple autochtone de la forêt du nord de la République du Congo. C’est aussi l’histoire d’une amitié réciproque enjambant les préjugés de part et d’autre. C’est encore celle d’une aventure commune car l’auteur a créé, avec ses amis du peuple autochtone, un groupe musical se produisant sur la scène internationale, Ndima.

La population autochtone est, en effet, connue pour sa polyphonie, aussi savante qu’émouvante. C’est enfin la découverte progressive de l’art de vivre en forêt des Aka. On en apprend beaucoup sur leur art de la chasse, de la cueillette du miel sauvage, sur leurs croyances, les relations hommes-femmes, leur usage parfois choquant de la magie, leur art bien spécial de dépasser tout le monde en forêt… L’auteur alerte sur le fait que cette culture est fragile et menacée de tous côtés. Au-delà de la découverte de l’art de la navigation en forêt des Aka, il invite le lecteur à vouloir s’inspirer autant que possible de ce qu’il appelle l’ »Université de la forêt ».

Pour clore cette présentation, le groupe Ndima s’est produit avec son répertoire de chants de scène de vie courante, suscitant auprès d’un public cosmopolite, venu nombreux, un sentiment mêlé d’étrangeté et de profonde familiarité dans une salle comble avec la présence de la mère de l’auteur, des écrivains Noël Kodia-Ramata et Marien Fauney Ngombé, des journalistes Hordel Biakoro et Marvyne Loti Loutonadio, de la consultante musique, culture et relations internationales, Marie Audigier, de professeurs chercheurs et de plusieurs personnalités du monde de l’art et universitaire.

« L’Université de la forêt » :

https://www.puf.com/…/Luniversit%C3%A9_de_la_for%C3%AAt…

À l’occasion de sa venue en France, le groupe Ndima donnera quelques représentations de son spectacle.

Le mardi 4 octobre au 360 Paris Music Factory à 20 h 30, 32 rue Mhyra 75018 Paris

Le 15 octobre prochain le Cepravoi recevra l’équipe de Ndima et Sorel Eta pour une fabuleuse rencontre autour des chants des pygmées Aka.

 https://www.cepravoi.fr/…/a-la-rencontre-des-pygmees-aka/ et la billetterie pour le concert du soir, à 19h, est ouverte : https://www.cepravoi.fr/stages/concert-du-groupe-ndima/

« Aka free voices of forest » https://www.facebook.com/Coloreprod emmené par les talentueux Leïla MartialRémi Leclerc et Eric Perez. Spectacle que vous pourrez retrouver dans le cadre du 18e Festival de la Voix, à la Maison de la Culture de Bourges, le 13 mai 2023 : https://www.mcbourges.com/…/aka-free-voices-of-forest…/

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma

Publication de mon livre: La Princesse, le Papillon, l’Abeille et autres contes

juin 17, 2022

Chers Amis et Lecteurs de mon Blog, je vous annonce l’heureuse nouvelle de la publication – au cours de ce deuxième trimestre – de mon livre des contes: La Princesse, le Papillon, l’Abeille et autres contes aux Éditions Cécile Langlois à Paris, le lundi 13 juin 2022.

Vous pouvez l’acheter en ligne, en cliquant sur le lien Les Libraires de France:

https://www.leslibraires.fr/livre/21395639-la-princesse-le-papillon-l-abeille-et-autres-co–bernard-nkounkou-bouesso-editions-lc

Le livre est vendu dans un réseau de 149 Librairies en France au prix de 14 euros.

Les parents et les grands-parents peuvent aussi lire ces contes en compagnie de leurs enfants et petits-enfants comme le fait l’un de mes amis de l’Ontario, au Canada, qui affectionne ces belles histoires très didactiques et pédagogiques.

Bernard NKOUNKOU BOUESSO

Congo-Diaspora/Livres : André Hervé N’kindou Loutonadio signe « L’esquille d’un enseignement spirituel et inexploré » et « Dolisie, terre sacrée »

mars 19, 2022

Les deux ouvrages sont parus aux éditions Le Lys Bleu. « L’esquille d’un enseignement spirituel et inexploré » est un roman ésotérique de 356 pages, alors que dans « Dolisie, terre sacrée » de 243 pages, l’auteur met en exergue les émoluments de l’ambition ordonnée d’un jeune débrouillard, parti du néant pour atteindre le sommet.

DR 1- La couverture du livre « L’esquille d’un enseignement spirituel et inexploré »

« L’esquille d’un enseignement spirituel et inexploré » est le récit de l’initiation d’un profès élu nommé Sobi, qui trouve dans son village natal les réponses à son mal-être et franchit les étapes pour élever son âme selon le Lemba (philosophie d’humanisation kongo), pour enfin restaurer la tradition kongo. Il engendre la quête d’une spiritualité encore inexplorée et, l’auteur, au terme d’un travail de recherche fastidieux, fait surgir quelques ambiguïtés des marchands d’illusion qui plongent le monde à l’ère du Verseau dans l’obscurantisme.

Par un incipit intriguant, André Hervé N’kindou Loutonadio captive d’emblée par sa plume le lecteur qui découvre des savoirs sur l’histoire et la culture kongo, puis s’enchaînent les péripéties mystérieuses et rythmées pour le maintenir en haleine jusqu’à une belle pluie finale très évocatrice. Il propose, pour ainsi dire, un parcours initiatique plein de spiritualité et de recul critique. Un ensemble d’études qui ont le mérite de la clarté et de soulever des questionnements riches pour cette période contemporaine. Ce discours, profondément humaniste, pourrait bien rénover le rapport monolithique à la religion.

« Vous avez livré un roman qui décrit à merveille un monde qui pourrait être le nôtre. Vos personnes ont une épaisseur certaine qui leur confère une cohérence totale. Les dialogues sont riches et permettent au lecteur de s’associer aux protagonistes et de s’insérer dans votre histoire », a apprécié l’éditeur.

DR 2 – Le livre « Dolisie, terre sacrée »

Préfaçant cet ouvrage, Claire Levaillant de Charny pense que ce roman comble une lacune dans le paysage de l’édition religieuse. Il est le premier à proposer un panorama chronologique de l’aventure spirituelle de la spiritualité kongo. C’est une démarche qui rejoint, par exemple, l’apparition conjointe en différents endroits du monde de grands mouvements spirituels à une époque donnée. Le VIe siècle avant Jésus Christ, dit la préfacière, a vu fleurir un Lao-Tseu, un Confucius, les sages des Upanishad sur les bords du Gange, Zarathoustra en Iran, les grands prophètes bibliques Isaïe, Jérémie et Ezéchiel et le début de la philosophie grecque. Une démarche qui prouve aussi à l’envie que les grandes traditions mystiques se rejoignent sur l’essentiel. André Hervé N’kindou Loutonadio a voulu, à travers ce premier roman, rendre hommage à Augustin Niangouna, son éminent professeur de français, peut-être sans le savoir, en lui disant ceci : « Si tu trouves un papier avec des écrits qui traînent par terre, ramasses le, tu trouveras un mot qui t’apportera la lumière quelque part ».

« Dolisie, terre sacrée »

Dans « Dolisie, terre sacrée », bien que né de la fiction, André Hervé N’kindou Loutonadio met en exergue les émoluments de l’ambition ordonnée d’un jeune débrouillard, parti du néant pour atteindre le sommet, après avoir atterri dans une ville immensément riche, dont les autochtones eux-mêmes n’en connaissaient pas vraiment les potentialités. À l’âge où on se cherche dans la vie, Mabina est attiré par la ville de Dolisie où il croit se frayer un chemin pavé d’or. Son rêve se matérialise avec la rencontre de la jeune Lily, originaire de ladite ville.

En effet, derrière Dolisie, capitale du Niari, ce nom chargé d’histoire, d’aventure et d’exotisme, se profile une ville fascinante, une terre riche de la République du Congo et un peuple que l’on découvre lorsqu’on foule son sol. Dolisie, trois syllabes qui évoquent la chaleur tropicale humide, une richesse de l’or vert, des paysans qui profitent de son don de la nature, une terre fertile, langueur des nuits du Niari, mais aussi des affres de la guerre.

DR 3 – L’écrivain André Hervé N’kindou Loutonadio

Pour son auteur, de nombreux ouvrages ont été publiés sur cette terre légendaire dont le destin a été lié à celui de la France, durant près d’un siècle. Colonialistes et anticolonialistes se sont affrontés en de vains débats. Essais politiques, articles, thèses d’historiens et d’ethnologues, la bibliographie du Niari est riche. Voire très riche. Sa période de développement économique a fait rêver des milliers de lecteurs et hommes d’affaires, qui vibraient aux seules évocations du mot Niari ou de sa capitale Dolisie. Rares sont les familles françaises ou d’autres nationalités qui n’ont vu l’un des leurs, soldats au « Grand Niari », employé des postes à Dolisie, commerçants, enseignants ou élèves, faire leur temps dans cette terre légendaire. Tout a été dit, tout a été écrit sur ce domino africain de l’empire français. « Pendant de longues années, nous avons complètement oublié le rôle joué par cette capitale de l’or vert et l’historique transition du manganèse en direction de Pointe-Noire en passant par Mbinda, Makabana, Mont Mbelo, Dolisie et ensuite Pointe-Noire, la ville océane. Elle ne survivait que dans les manuels d’histoire, dans la mémoire de ceux qui ont connu cette période charnière, de l’exploitation forestière, de l’école de formation des instituteurs de Dolisie, de l’école des eaux et forêt de Mossendjo et de sa rizerie », écrit André Hervé N’kindou Loutonadio.

L(auteur est né le 9 septembre 1952 à Brazzaville (République du Congo). Après un parcours scolaire élogieux, il évolue dans la vie civile dans ses affaires. Opérateur économique dans le bâtiment et travaux publics, génie civil, dans son pays d’origine, il se consacre aujourd’hui à sa passion qu’est la littérature dans ses moments de repos en France, précisément dans la ville de Reims.

Avec Adiac-Congo par Bruno Okokana

RDC-Littérature : la troisième édition de la revue « Plume vivante » déjà prête

novembre 16, 2021

L’édition est consacrée à la vie et aux oeuvres de l’écrivain congolais de Brazzaville, Tchicaya U Tam’Si.

La couverture de la troisième édition de la revue « Plume vivante »

En plus de l’éditorial écrit par Fiston Loombe Iwoku, la nouvelle édition de la revue littéraire jette un regard sur l’écrivain Tchicaya U Tam’Si et ses œuvres. C’est dans cette optique qu’est proposé « Regards sur Tchicaya U Tam’Si », écrit par Masegabio Nzanzu et Florent Sogni Zaou. Mais également des poèmes de Tchicaya U Tam’Si rappelés par Jean Paul Brigode Ilopi Bokanga, Benoit Bachuvi, Kalhid El Morabethi et Gaëtan Sortet, ainsi que par Fabrice Lukamba. Mais on pourra également voir dans ce numéro certaines autres matières littéraires comme « Une nouvelle attente« , de Munkonda Mbuluku Mikiele, des poèmes d’Alima Madina, Michel Moole-Matonge Masikoti, José Khenda Gyniongo, Yann Kheme, Justy Chi, Fiston Loombe Iwoku. D’autres poèmes contenus dans ce numéro sont de Kelly Mowendabeka, Fidèle Mabanza, François Médard Mayengo Kulonda, Munkonda Mbuluku Mikiele, Sandrine Davin, et David Neembe Kwendra.

L’édition a également fait un clin d’œil à Shungu Wembadio dit Papa Wemba, considéré comme le poète glamour de l’émancipation de l’Afrique. Ce texte porte la signature de Jean Paul Brigode Ilopi Bokanga.

Olivier Salazar Ferrer, lui, a voulu savoir si la littérature pouvait aider un peuple à se libérer. Alors que Munkonda Mbuluku Mikiele a réfléchi sur l’impact du théâtre dans l’imaginaire du peuple. On peut également trouver dans cette édition quelques actualités culturelles.

Cette troisième édition de la « Plume vivante », bien que prête, n’a pas pu échapper à certaines réalités que les précédentes éditions ont connues. La « Plume vivante », qui s’est donnée comme objectif et vision de faire la promotion des écrivains, poètes, penseurs des deux rives du fleuve Congo et d’ailleurs, compte également sur le soutien tant des littéraires d’autres catégories pour arriver à atteindre cet objectif.

Son initiateur et rédacteur en chef, Fiston Loombe Iwoku, consent des efforts pour atteindre la vision assignée à cette revue littéraire. C’est dans cette optique qu’en plus du site internet créé, la revue a lancé la vente en ligne. Mais, pour le lectorat africain, qui a du mal à se procurer la version en ligne, la revue continue à privilégier la version papier.

Le quatrième numéro de cette revue, déjà en préparation, sera consacré à Valentin Yves Mudimbe.

Avec Adiac-Congo par Lucien Dianzenza

Che Guevara : lettres du Congo

octobre 28, 2021
Vue de Luvungi, dans l’est de la RDC, à travers la vitre arrière d’un véhicule arborant un auto-collant à l’effigie du Che, en 2015. © FEDERICO SCOPPA/AFP

En exclusivité, « Jeune Afrique » vous propose des extraits de la correspondance d’Ernesto Guevara, publiée le 4 novembre prochain par les éditions Au diable vauvert sous le titre « Je t’embrasse avec tout ma ferveur révolutionnaire ».

Le titre, Je t’embrasse avec toute ma ferveur révolutionnaire, Lettres 1947-1967, exprime l’intention du livre exceptionnel que publient les éditions Au diable vauvert en novembre (464 pages, 23 euros). Mêlant l’intimité du « Je t’embrasse » aux dimensions publiques et historiques de la « ferveur révolutionnaire », la phrase résume l’essence de la correspondance entretenue, pendant 20 ans, par le guérillero et intellectuel argentin Ernesto Guevara, jusqu’à sa mort le 9 octobre 1967, en Bolivie.

« Cette sélection de lettres dévoile le côté intime de l’homme que mon père était », écrit sa fille, Aleida Guevara, dans son introduction au recueil conçu par Maria Del Carmen Ariet Garcia et Disamis Arcia Muñoz (avec une traduction d’Antoine Martin). L’ouvrage, qui se dévore, est découpé en quatre parties : Lettres de jeunesse (1947-1956), Lettres de Combat (1956-1959), Lettres du dirigeant politique (1959-1965) et Lettres de solidarité internationale (1965-1967). Les férus d’histoire s’intéresseront tout particulièrement à la missive adressée à Fidel Castro, le 26 mars 1965, dans laquelle le Che se livre à une analyse profonde et personnelle de la situation cubaine.

Meneur indiscutable

Une autre lettre attire aussi particulièrement l’attention, c’est celle qu’il adresse le 12 avril 1960 à l’écrivain argentin Ernesto Sabato et dans laquelle il décrit longuement le líder maximo, « possesseur d’un gigantesque pouvoir agglutinant pour notre peuple », « meneur indiscutable qui gomme toutes les divergences et détruit par sa désapprobation ».ARCHIVO FAMILIAR/AFP

Ceci étant dit, Je t’embrasse avec toute ma ferveur révolutionnaire mérite aussi la lecture pour les talents d’écriture d’Ernesto Guevara, son humour tranchant et vif, sa tendresse pour ceux qu’il aime. À sa compagne Aleida March, réputée fort jalouse, il ose ainsi envoyer cette missive : « Je ne peux pas écrire beaucoup, car le temps manque. Seulement te dire que j’ai acheté un kimono magnifique. Il a un attrait vraiment spécial pour moi, parce qu’il appartenait à une geisha qui m’a offert ses charmes. »

Parfois même, son humour peut-être cruel. À la naissance de sa fille Hilda, en février 1956, il écrit ainsi : « La gosse est assez laide, mais il suffit de la regarder pour constater qu’elle est différente de tous les enfants de son âge. Elle pleure quand elle a faim, elle se pisse dessus avec constance… la lumière la dérange et elle dort presque tout le temps. Pourtant, il y a quelque chose qui la distingue immédiatement de tous les autres gamins : son papa s’appelle Ernesto Guevara. »

Parmi les lettres de solidarité internationale, plusieurs concernent l’expédition congolaise du Che et son échec. En exclusivité avant la parution du livre, le 4 novembre prochain, nous en publions deux extraits ci-dessous.


À Aleida March, depuis le Congo

Mon unique au monde,

(Je l’ai emprunté au vieil Hikmet)

Quel miracle tu as réussi avec ma pauvre et vieille carapace ? Je ne m’intéresse plus au baiser réel et je rêve des concavités dans lesquelles tu m’accueillais, de ton odeur et de tes caresses frustres et rustiques.

Ici, c’est comme une autre Sierra Maestra, mais sans la saveur de la construction, ni encore moins la satisfaction de la sentir mienne.

TA CRAINTE QUE JE SOIS TUÉ EST AUSSI INFONDÉE QUE TA JALOUSIE

Tout se déroule à un rythme très lent, comme si la guerre était constamment remise à après-demain. Pour l’instant, ta crainte que je sois tué est aussi infondée que ta jalousie.

Mon travail se partage entre l’enseignement du français à plusieurs classes par jour, l’apprentissage du swahili et la médecine. Dans quelques jours, je vais commencer un travail sérieux, mais en mode d’entraînement. Une sorte de Minas del Frio [camp d’entraînement à Cuba pendant la révolution, NDLR], celle du temps de la guerre, pas celle que nous avons visité ensemble.

Donne un baiser bien soigné à chaque enfant (à Hildita aussi).

Fais-toi faire une photo avec eux et envoie-la moi. Une pas trop grande, et une autre petite. Apprends le français, plutôt que les soins infirmiers, et aime-moi.

Un ample baiser, comme de retrouvailles.

Je t’aime.

Tatu.


À Fidel Castro,

Congo, le 5 octobre 1965

[…]

Dans mes précédentes lettres, je vous demandais de ne pas m’envoyer beaucoup d’hommes, à part des cadres. Je vous disais qu’il n’y avait pratiquement pas besoin d’armes ici, à part quelques modèles spéciaux. Au contraire, les hommes armés sont en surnombre et il manque de soldats. Je vous prévenais spécialement de la nécessité de ne lâcher l’argent qu’au compte-goutte et après des demandes réitérées. Rien de tout ça n’a été pris en compte. Tous ces plans pharamineux nous mettent en danger de discrédit international et peuvent me placer dans une situation très difficile.

JE CONNAIS SUFFISAMMENT KABILA POUR NE ME FAIRE AUCUNE ILLUSION SUR LUI

J’en viens aux explications :

Soumaliot [Gaston Soumaliot (1922-2007), proche de Patrice Lumumba, il fut ministre de la Défense du gouvernement de la République populaire du Congo pendant la rébellion Simba (1961-1964)] et ses camarades vous ont mené en très gros bateau. Il serait fastidieux d’énumérer la quantité de bobards qu’ils ont enfilés. Voyons plutôt comment expliquer la situation actuelle grâce à la carte ci-jointe. Il y a deux zones où l’on peut dire que quelque chose comme une révolution organisée existe : la zone où nous sommes basés et une partie de la province du Kasaï où se trouve Mulele, mais qui reste une grande inconnue. Dans le reste du pays, on trouve seulement des bandes non connectées qui survivent dans la forêt. Ils ont tout perdu sans combattre, comme ils ont perdu Stanleyville. Mais ce n’est pas encore le plus grave.

Le pire est l’état d’esprit qui règne entre les groupes de cette zone, la seule en contact avec l’extérieur. Les dissensions entre Kabila et Soumaliot sont de plus en plus sérieuses et ils les prennent mutuellement comme prétexte pour livrer des villes sans combattre. Je connais suffisamment Kabila pour ne me faire aucune illusion sur lui. Je ne peux pas en dire autant de Soumaliot, mais j’ai quand même quelques doutes, à cause du chapelet de mensonges qu’il nous a servis, du fait qu’il ne se donne pas la peine de venir sur ces terres oubliées de Dieu, des cuites fréquentes qu’il prend à Dar es-Salam, où il vit dans les meilleurs hôtels, et le genre d’alliés qu’il a ici contre l’autre groupe [note du Che : l’histoire des cuites m’est revenue par des sources de l’autre camp. Il semblerait qu’elle ne soit pas vraie].

CE N’EST PAS D’HOMMES VALABLES DONT NOUS AVONS BESOIN, MAIS DE SURHOMMES

Ces jours-ci, un groupe de l’armée tshombiste a débarqué dans la zone de Baraka, où un état-major loyal à Soumaliot dispose de la bagatelle de mille hommes armés, et a investi cette position éminemment stratégique sans quasiment combattre. Ils se disputent maintenant pour savoir à qui en revient la faute, à ceux qui n’ont pas combattu ou à ceux de la base du Lac, qui ne leur ont pas envoyé assez de munitions. Le fait est qu’ils ont couru honteusement comme des lapins, abandonnant dans le marécage un canon de 75 millimètres sans recul et deux mortiers de 82. Tous les servants des ces armes ont disparu et on me demande maintenant des Cubains pour les récupérer où qu’elles soient (on ne sait pas bien) et monter au combat avec. Fizi se trouve à 36 kilomètres et ils ne font rien pour la défendre. Ils ne veulent même pas creuser des tranchées sur le seul chemin d’accès entre les montagnes. Cela donne une vague idée de la situation. À propos de la nécessité de bien choisir les hommes et de ne pas m’en envoyer un trop grand nombre, tu m’assures, par la voix de l’émissaire, que ceux qui se trouvent ici sont valables. Je suis certain qu’ils le sont en majorité, ou ils auraient pris la poudre d’escampette depuis longtemps. Mais il ne s’agit pas de ça. La question, c’est qu’il faut vraiment avoir la tête froide pour supporter les choses qui se passent ici. Ce n’est pas d’hommes valables dont nous avons besoin, mais de surhommes. […]

« Je t’embrasse avec toute ma ferveur révolutionnaire, Lettres 1947-1967 » à paraître aux éditions Au diable vauvert, le 4 novembre 2021.

Avec Jeune Afrique par Nicolas Michel

Vient de paraître : « Henri Lopes : Coups doubles » sous la direction de Anthony Mangeon

juillet 5, 2021

À travers un ouvrage paru le 22 juin dernier aux Editions Sépia, huit contributeurs présentent les jeux de dédoublements multiples de l’un des représentants de la littérature congolaise, Henri Lopes

Couverture "Henri Lopes : Coups doubles"

Photo : Couverture « Henri Lopes : Coups doubles »

Avec le concours de l’Université de Strasbourg, ont contribué à cet ouvrage : Ninon Chavoz, Céline GahunguBo Hyun KimNicolas Martin-Granel,  Catherine MazauricSylvère MbondobariBernard Mouralis et Anthony Mangeon, directeur de la publication.

Dans « Henri Lopes : Coups doubles », les contributeurs ont établi que, durant cinquante ans, Henri Lopes a mené une double carrière, politique et littéraire. Il est aussi devenu l’auteur d’une œuvre double, d’abord par ses lieux de publication, ensuite par ses orientations esthétiques. Ses romans abondent en doubles de l’écrivain, en effets de miroir.

Face à ces jeux de dédoublements multiples, le présent ouvrage se veut à son tour un coup double critique, où chacun des huit contributeurs revient à deux reprises aux récits lopésiens, de « Tribaliques » (1971) à » Il est déjà demain » (2018). Aux analyses de l’œuvre dans son ensemble (« coups de filet ») succèdent ainsi des lectures de détail, qui s’attachent à des figures récurrentes (« coups de projecteur ») ou à un roman en particulier (« coups de sonde »).

Cet ouvrage se conclut sur l’étude des « coups de maître », qui font d’ores et déjà d’Henri Lopes un « classique africain ».

Anthony Mangeon exerce actuellement en tant que directeur de l’unité de recherche configurations littéraires, Université de Strasbourg.

  • Broché – format : 15,5 x 24 cm • 350 pages
  • ISBN : 979-10-334-0164-3
  • EAN13 : 9791033401643
  • EAN PDF : 9782140183164
  • (Imprimé en France)

Livre papier : 30 €

Version numérique* : 23,99 €

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma