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Qatar 2022: Messi et l’Argentine champions du monde

décembre 18, 2022
Ils se sautent les uns sur les autres.

Messi marque le premier but de l’Argentine. Photo : Reuters/Peter Cziborra

La finale de la Coupe du monde a couronné l’Albiceleste de Lionel Messi, dimanche au Qatar, dans un match d’anthologie remporté 3-3 (4-2 aux tirs aux buts) par l’Argentine face à la France.

C’est aux tirs au but que la rencontre s’est décidée, après 120 minutes de soccer complètement fou, où la différence a été le manque de réussite des Français au point de réparation, auteurs de 2 ratés en 4 tentatives.

Les Sud-Américains ont d’abord ouvert le score à la 23e minute, sur un tir de pénalité converti par Messi, mais obtenu par Angel Di Maria, auteur d’un fort match.

Sur l’action ayant mené au coup de sifflet de l’arbitre, Di Maria a habilement effacé Ousmane Dembélé d’un crochet du gauche, avant de s’inviter dans la surface de réparation française. Battu dès le départ de l’action, et en retard dans son repli défensif, Dembélé a fauché le talon de Di Maria, qui s’est écroulé avant de pouvoir remettre le ballon à un coéquipier.

13 minutes plus tard, Di Maria doublait l’avance de son équipe, complétant une contre-attaque collective de toute beauté initiée notamment par Lionel Messi, impérial au milieu de terrain.

Ils se serrent dans les bras.

Di Maria célèbre son but avec De Paul. Photo : Reuters/Dylan Martinez

Sur le jeu, la Pulga, dos au but et sous pression, a effectué un joli contrôle avant de remettre de l’extérieur du pied dans le couloir droit, à l’intention de Julian Alvarez. Une passe en profondeur plus tard, Alexis MacAllister remettait sur sa gauche pour Di Maria, laissé complètement seul par la défense française, qui a énormément souffert pendant la première heure du match.

En deuxième mi-temps, la domination argentine s’est poursuivie un temps, et il a fallu attendre la 68e minute pour voir une première tentative de tir français, l’œuvre de Randal Kolo Muani, entré à la 41e pour son coéquipier Dembélé.

Muani, encore lui, a plus tard obtenu un tir de pénalité à la 80e, converti avec panache par Kylian Mbappé, qui a aussitôt complété son doublé (81e) en inscrivant un filet d’une magnifique volée depuis l’entrée de la surface argentine. Un revirement de situation digne des plus grandes occasions, et survenu après une rare perte de ballon de Lionel Messi au milieu du terrain, battu par un Kingsley Coman tenace sur la séquence.

Il célèbre son but en courant.

Mbappé a inscrit deux buts en autant de minutes pour égaliser la marque. Photo: Reuters/Paul Childs

Après l’exultation, le rythme des attaques françaises s’est accéléré et s’est transporté jusque dans les périodes de prolongation. Mais à la 108e minute, Lionel Messi a marqué une nouvelle fois le cœur et l’esprit des amateurs de soccer, complétant son doublé sur un retour de tir de Lautaro Martinez que le gardien français Hugo Lloris n’a pu contrôler.

À l'entrée du but français, Lionel Messi regarde le ballon qu'il vient de frapper du pied droit, alors que le gardien Hugo Lloris plonge, incapable de faire un deuxième arrêt.

Lionel Messi a marqué en période supplémentaire pour donner l’avance 3-2 à l’Argentine. Photo : Getty Images/Julian Finney

À deux minutes de la fin du temps supplémentaire, alors que le match semblait plié, un tir de Mbappé bloqué de la main par le défenseur argentin Montiel a offert une nouvelle occasion de tir de pénalité au prodige français. Sa deuxième occasion des 6 mètres du match a elle aussi aboutie au fond des filets, envoyant tout le monde aux tirs aux buts.

Il touche le ballon de la main.

Montiel fait une main dans la surface de réparation argentine, offrant un deuxième tir de pénalité à Mbappé. Photo: Reuters/Lee Smith

À cet exercice, ce sont les Argentins qui ont eu le dessus, Emiliano Martinez ayant réalisé l’arrêt sur la tentative de Kingsley Coman, avant de voir Aurélien Tchouméni rater le cadre.

Septuple vainqueur du Ballon d’or, récompensant le meilleur joueur de la planète, Lionel Messi complète ainsi sa collection de trophées en ajoutant celui de champion du monde, le seul d’envergure qui manquait à son illustre palmarès.

Gros plan sur Messi pendant la finale.

Lionel Messi participait à une deuxième finale de Coupe du monde, après celle de 2014. Photo: AFP via Getty Images/Paul Ellis

À 35 ans, dans ce qui était son dernier Mondial, le talisman argentin termine aussi meilleur buteur et meilleur passeur du tournoi, avec 6 réalisations et 3 passes décisives.

Cette victoire est aussi synonyme d’une troisième étoile sur le maillot ciel et blanc de l’Argentine. La dernier triomphe de l’Albiceleste en Coupe du monde datait de 36 ans, quand Diego Maradona avait mené les siens à une victoire 3-2 face à l’Allemagne de l’Ouest au Mondial 1986.

De son côté, le triplé tardif de Kylian Mbappé lui procure le Soulier d’or du meilleur buteur du tournoi. À 23 ans, le Français compte déjà 12 réalisations en Coupe du monde, à seulement 4 longueurs de Miroslav Klose, détenteur du record avec 16 buts en 4 Mondiaux.

Avec Radio-Canada

Qatar 2022 : Royal Air Maroc mobilise 30 avions pour la demi-finale

décembre 12, 2022

La compagnie nationale assurera 30 vols spéciaux Casablanca-Doha pour les supporters désirant assister à la demi-finale de la Coupe du Monde, le 14 décembre prochain. D’autres facilités de déplacement sont mises en place pour les fans déjà présents au Qatar.

Des supporters marocains dans la fan zone de la FIFA à Doha, le 6 décembre 2022. © MAHMUD HAMS/AFP

Suite à la qualification du Maroc pour les demi-finales de la Coupe du monde, Royal Air Maroc (RAM) a annoncé la mobilisation d’environ 30 avions gros porteurs pour assurer le transport des supporters marocains. Ces vols spéciaux reliant Casablanca-Doha seront programmés les 13 et 14 décembre prochains pour le match opposant le Maroc à la France.

Même si la compagnie aérienne n’a pas encore dévoilé le nombre exact de billets mis en vente, plusieurs médias marocains parlent déjà d’environ 9000 billets. Les différents avions affrétés dans les opérations précédentes ont une capacité allant de 274 à 340 places.

« Tous derrière les Lions de l’Atlas »

Le dispositif aérien qui a été mis en place en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et des sports et la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) est exceptionnel. « De par notre mission de service public et dans le but de faire rayonner le Maroc et soutenir notre équipe nationale, Royal Air Maroc ne lésinera pas en moyens techniques et humains. Nous sommes tous derrière les Lions de l’Atlas », a d’ailleurs déclaré le président-directeur général de RAM, Abdelhamid Addou dans un communiqué officiel.

La commercialisation de ces billets au tarif spécial de 5 000 dirhams l’aller-retour (environ 450 euros), débute ce lundi 12 décembre. Elle se fera via le réseau officiel de RAM, auprès d’agences commerciales, centres d’appels et site officiel. Mais également au travers d’agences indépendantes de voyages.

En parallèle, la compagnie nationale a annoncé également qu’elle offrait des « facilités de déplacements » aux supporters de l’équipe nationale déjà présents au Qatar et ayant empruntés les vols de la compagnie. Ainsi, le communiqué de RAM informe du maintien des vols programmés dans la nuit du 10 au 11 décembre permettant aux supporters qui le souhaitent de rentrer au Maroc.

Modifications sans frais ni pénalité

Dans le cas où les supporters voudraient rester plus longtemps à Doha, RAM facilite le changement de leurs dates de retour. Toute modification sur les vols programmés les 19, 20 et 21 décembre se fera sans frais ni pénalité.

Pour rappel, un dispositif similaire avait été mis en place pour le match Maroc-Portugal en quarts de finale. Entre vendredi 9 décembre et samedi 10 décembre, 2 500 premiers billets avaient été mis en vente. Puis 1250 tickets supplémentaires, après que la plateforme informatique de RAM avait été prise d’assaut et que les bugs s’accumulaient.

Cette première opération commerciale, bien que présentée comme « réussie » par RAM, avait déçu beaucoup de supporters qui n’avaient pas réussi à réserver leurs billets, ni en ligne ni auprès d’une agence RAM. Cette fois, le nombre de vols mis à dispositions ainsi que l’implication des agences de voyages devraient permettre de satisfaire le plus grand nombre.

Avec Jeune Afrique par Rym Bousmid

Qatar 2022 : le Maroc, première équipe africaine en demi-finale de Coupe du Monde

décembre 10, 2022

Après avoir éliminé l’Espagne, le Maroc s’est qualifié pour les demi-finales de la Coupe du Monde en battant le Portugal (1-0) ce samedi à Doha. Les Lions de l’Atlas, qui sont la première sélection africaine à atteindre ce niveau, affronteront mercredi le vainqueur de France-Angleterre.

L’attaquant marocain Youssef En-Nesyri et le défenseur Achraf Hakimi exultent après le premier but lors du quart de finale du Mondial 2022 au Qatar entre le Maroc et le Portugal à Doha le 10 décembre 2022. © (Photo by Patrcia De Melo Moreira/AFP)

Le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010 avaient échoué en quarts de finale. Le Maroc est devenu la première sélection africaine à franchir ce niveau, après avoir dominé le Portugal (1-0) grâce à un but de Youssef En-Nesyri en fin de première mi-temps. Les joueurs de Walid Regragui connaîtront samedi soir le nom de leur futur adversaire, la France ou l’Angleterre.

Le Maroc ne partait évidemment pas le favori de ce quart de finale, même s’il avait devancé la Croatie et la Belgique dans la phase de groupes, puis éliminé l’Espagne, un autre favori, en 8e de finale (0-0 après prolongation, 3-0 aux t.a.b), à l’issue d’un match parfaitement maîtrisé et d’une séance de tirs au but haletante, lors de laquelle Yassine Bounou, son gardien, avait écœuré les Ibériques.

Car le Portugal, même avec Cristiano Ronaldo devenu remplaçant de luxe depuis la flamboyante qualification obtenue contre la Suisse, pas habituée à subir un tel affront (6-1), avait le profil d’un candidat au titre mondial. On prédisait beaucoup de souffrances aux Lions de l’Atlas, privés avant le coup d’envoi de Nayef Aguerd et Noussaïr Mazraoui, deux de ses meilleurs défenseurs et artisans de l’épatant parcours de leur sélection au Qatar.

En-Nesyri, l’opportuniste

Les joueurs de Walid Regragui ont construit leur succès en utilisant les mêmes recettes que celles qui fonctionnent si bien depuis leur premier match face à la Croatie (0-0, le 23 novembre). Une défense de fer, une énorme solidarité, un état d’esprit impeccable, une habilité technique évidente pour exploiter les phases offensives, et un peu de réussite, comme sur le but inscrit à la 41e minute par Youssef En-Nesyri, l’attaquant du FC Séville, bien placé pour reprendre un long centre d’Attiatallah et profiter d’une mésentente entre Diego Costa, le gardien portugais et Ruben Dias pour propulser le la tête le ballon au fond des filets.

Jusqu’à ce but historique, les Marocains avaient le plus souvent subi face à un adversaire ayant décidé de confisquer le ballon. Yassine Bounou avait évité le pire à son équipe en détournant en corner une tête de Joao Felix (4e), et vu l’attaquant de l’Atletico Madrid manquer le cadre (30e, 38e). Mais les Lions de l’Atlas, qui s’attendaient forcément à ce scénario, avaient pointé le bout de leur nez en quelques occasions, sur quelques tentatives d’En-Nesyri (6e, 25e) ou Boufal (35e), avant d’ouvrir le score. Ils auraient pu inscrire un second but grâce à Attiatallah (45e + 2), mais aussi voir les Portugais revenir à la hauteur si une frappe de Bruno Fernandes dans un angle impossible n’avait pas heurté la barre de Bounou (44e).

Bounou encore décisif

Les souffrances, les Nord-africains les ont connues également lors d’une seconde période ultra-dominée par un adversaire obligé de prendre tous les risques et de faire sortir Ronaldo du banc de touche (50e). Quand Romain Saïss, le défenseur et capitaine marocain, blessé contre l’Espagne fût contraint de céder sa place (56e), la tâche devint encore plus compliquée.

Après Gonçalo Ramos (58e), Bruno Fernandes faisait passer une grosse frayeur dans le camp marocain (63e), puis Yassine Bounou réussissait un nouvel arrêt décisif sur un tir de Joao Felix, sa meilleure victime de ce jour historique (82e). Fatigués mais héroïques, obligés de faire huit minutes d’efforts supplémentaires après la fin du temps réglementaire, les Marocains pouvaient encore compter sur Bounou qui venait confirmer qu’il est bien un des meilleurs gardiens de cette compétition, en stoppant une tentative d’un Ronaldo qui ne sera jamais champion du monde, le seul titre qui manquera à son immense carrière (90e + 1).

Les Marocains finiront même la rencontre à dix contre onze, après l’expulsion de  Walid Cheddira (90e + 2), auront l’occasion de se mettre définitivement à l’abri par Yahya Jabrane (90e + 5) et trembleront une dernière fois sur une tête de Pepe juste à côté (90e + 6). Mais il était écrit que ce Maroc épatant ne pouvait pas perdre ce match…

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

Coupe du monde 2022 : France-Angleterre, les meilleures ennemies

décembre 9, 2022

Les hommes de Didier Deschamps défient les Three Lions ce samedi. Les précédentes oppositions avec les Anglais ont été souvent mouvementées.

Un double de Zidane en l'espace de deux minutes et une fin de match renversante a l'Euro 2004.
Un doublé de Zidane en l’espace de deux minutes et une fin de match renversante à l’Euro 2004.© Paul Barker/AFP

Si FranceAngleterre résonne beaucoup plus dans les oreilles des amateurs de rugby, le ballon rond n’est pas en reste au sujet de cette rivalité centenaire. Avec la perspective du quart de finale de la Coupe du monde 2022 ce samedi (20 heures), quelques souvenirs remontent à la surface.

De la première rencontre en 1906 à la Marseillaise reprise à Wembley en passant par le récital de Zinédine Zidane et la provocation de Samir Nasri, retour sur ces matchs qui ont marqué les esprits entre les Bleus et les Three Lions.

1906 : une première et une gifle au Parc

Si le premier match officiel entre les deux formations a eu lieu quelques années plus tard, en 1923, au niveau amateur la France et l’Angleterre ont déjà croisé le fer. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Bleus étaient très loin du niveau de leurs adversaires. Le 1er novembre 1906, pour le cinquième match de sa jeune histoire, la sélection tricolore reçoit au Parc des princes les Anglais fiers d’avoir inventé ce sport. Avec plus d’expérience et de talent, l’Angleterre ne fait qu’une bouchée des joueurs de Robert Guérin. Le score final est sans appel : 15-0 !

1982 : Platini et les siens battus d’entrée en Espagne

Dans un groupe D très relevé lors de la Coupe du monde sur le sol espagnol, la France tombe d’entrée sur l’Angleterre. Avec seulement quatre victoires en vingt confrontations contre la perfide Albion, les Bleus emmenés par Michel Platini sont face à leur bête noire.

Michel Platini mis à mal par Terry Butcher.© Staff/AFP

Et la série va encore se poursuivre : dès la 27e seconde à Bilbao, Bryan Robson ouvre le score. La France égalise par Gérard Soler en première période, mais l’Angleterre parviendra tout de même à l’emporter en dominant les hommes de Michel Hidalgo sur le score de 3-1. Cette défaite ne sonnera pas les Bleus, qui monteront en puissance au cours de ce tournoi, jusqu’à la demi-finale dramatique de Séville contre la RFA.

1999 : la promesse Nicolas Anelka

Quelques mois après son titre de championne du monde, la sélection tricolore se rend à Wembley avec l’intention d’accrocher une victoire historique, dans ce stade où elle n’a encore jamais gagné. Un jeune joueur va alors permettre aux Bleus de briser cette malédiction : Nicolas Anelka n’a pas encore 20 ans, et il va briller en ce 10 février 1999.

Nicolas Anelka marque son second but face à l’Angleterre.© Patrick Kovarik/AFP

Alors joueur d’Arsenal, l’attaquant va inscrire un doublé magistral et surtout se faire un nom sur la scène internationale. Sur deux passes décisives de Zidane, celui qui avait été écarté in extremis par Aimé Jacquet en 1998 rappelle ce soir-là son immense talent. S’il a remporté l’Euro 2000 un an après ce match, la suite sera beaucoup plus chaotique, avec en point d’orgue son départ fracassant de Knysna et de l’Afrique du Sud en 2010.

2004 : Zidane frappe deux fois dans le temps additionnel

Pour l’Euro organisé au Portugal, les deux meilleurs ennemis se retrouvent dès la phase de groupes. Alors que l’Angleterre mène 1-0 depuis la 38e minute, grâce à un but de Frank Lampard, Zinédine Zidane va éblouir de son talent cette fin de rencontre. Sur coup franc d’abord : le milieu offensif du Real Madrid trompe David James, qui reste de marbre face au tir puissant du maestro des Bleus.

Patrick Vieira et Willy Sagnol après leur victoire face à l’Angleterre, le 13 juin 2004.© Paul Barker/AFP

Mais le champion du monde 1998 n’est pas rassasié. Après une faute sur Thierry Henry dans la surface, quasiment dans l’engagement qui suit, il se charge du pénalty en prenant à contre-pied le portier anglais. Malgré ce démarrage en fanfare, les Bleus de Santini s’arrêteront dès les quarts de finale contre la Grèce, qui remportera finalement la compétition à la surprise générale.

2012 : Nasri s’en prend aux journalistes

Huit ans après le doublé de Zidane, Français et Anglais ont de nouveau rendez-vous pour le premier match d’un Euro organisé conjointement par la Pologne et l’Ukraine. Comme en 2004, l’Angleterre ouvre le score, et l’histoire se répète encore : les Bleus vont revenir dans la partie. Sur une frappe limpide hors de la surface, Samir Nasri égalise.

Samir Nasri célèbre son but en mettant son doigt sur sa bouche.© Carl De Souza/AFP

Mais ce qui marque ce soir-là, ce n’est pas son but, mais bien sa célébration : avec son doigt sur la bouche et des paroles véhémentes en direction de la tribune de presse, le joueur de Manchester City s’en prend aux journalistes qui l’ont critiqué en amont de la compétition. Les deux équipes se quittent sur ce score de 1-1 et connaîtront le même destin quelques jours plus tard : élimination en quart de finale.

2015 : la Marseillaise sublimée à Wembley

Quatre jours après les tragiques attentats du 13 Novembre à Paris et Saint-Denis, les hommes de Didier Deschamps décident tout de même de jouer leur dernier match amical de l’année en Angleterre. Dans une ambiance forcément particulière, le moment des hymnes nationaux restera gravé dans la mémoire des 71 000 spectateurs présents ce soir-là à Wembley. Les rivalités sont effacées et c’est tout le stade qui reprend d’une seule voix la Marseillaise.

Français et Anglais ensembles lors de La Marseillaise, quelques jours après les attentats du 13 Novembre.© Jed Leicester/Backpage Images Ltd / DPPI via AFP

Avant l’engagement, les 22 acteurs sont même réunis dans le rond central pour une minute de silence. Si le résultat de ce match (victoire 2-0 des Three Lions) est anecdotique, ce geste de fraternité reste sans doute le plus beau moment d’un France-Angleterre.

Avec Le Point par Adrien Mathieu

Qatar 2022 : la Palestine, non qualifiée mais bien présente au Mondial

décembre 9, 2022

Depuis le début de la compétition, supporters et joueurs marocains affichent publiquement leur soutien à la cause palestinienne.

L’équipe de football marocaine célèbre sa victoire contre l’Espagne, le 6 décembre, lors du Mondial 2022 au Qatar. © Glyn KIRK/AFP

Ils sont partout. Brandis à tour de rôle par les supporters et les joueurs des sélections arabes, les drapeaux palestiniens flottent par milliers à Doha depuis le début de la Coupe du monde de football, qui se déroule actuellement au Qatar. Un phénomène qui, pour de nombreux observateurs, reflète l’unité du monde arabe et musulman dans son soutien inextinguible à la cause palestinienne.

Mardi 6 décembre, peu après leur victoire historique contre l’Espagne en huitièmes de finale, les Lions de l’Atlas ont à nouveau posé fièrement avec le drapeau palestinien. Alors que Rabat a normalisé ses relations avec Israël il y a tout juste deux ans, cette ferveur populaire et les symboles envoyés au monde par la sélection nationale rappellent que les Marocains restent très attachés à la cause palestinienne.

Une situation d’ailleurs pleinement assumée par la diplomatie marocaine, qui a toujours affirmé que sa décision de rétablir les relations diplomatiques avec l’État hébreu ne saurait remettre en cause son attachement à la cause palestinienne. Le 29 novembre 2021, à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le roi Mohammed VI déclarait notamment que son pays « mettra à profit sa position et ses relations privilégiées avec toutes les parties et les puissances internationales agissantes ». En somme, faire bouger les lignes de l’intérieur.

Résurgence du soutien à la Palestine

Très structurante dans la vie politique marocaine de la seconde moitié du XXe siècle, la question palestinienne s’était peu à peu retrouvée à l’arrière-plan des préoccupations. Ces dernières années, elle a ressurgi et réinvesti la scène publique dans le royaume, souvent à l’occasion de périodes de tension entre Israéliens et Palestiniens.

Si la normalisation des relations avec Israël a été globalement bien acceptée par l’opinion publique du royaume, cela n’a pas empêché des manifestations hostiles à l’accord, ou plus simplement en soutien aux Palestiniens, de se tenir. Face à ces mouvements, les autorités ont louvoyé entre interdiction et laisser-faire.

Par son actuel succès dans le Mondial qui se joue au Qatar, la sélection marocaine, dernière équipe africaine et arabe encore dans la compétition, offre un écho important au Maroc pour alimenter ce discours de soutien continu à la Palestine.

Mohammed VI dispose par ailleurs d’un rôle institutionnel important au sein du monde arabe en sa qualité de président du comité Al-Qods, qui finance de nombreux projets de restauration et de sauvegarde des lieux saints musulmans à Jérusalem. Et à l’issue de la victoire du Maroc contre l’Espagne, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé le roi pour le féliciter de la performance des Lions de l’Atlas.

Avec Jeune Afrique par Soufiane Khabbachi

Qatar 2022 : le Maroc, espoir du monde arabe et de l’Afrique

décembre 6, 2022

Les Lions de l’Atlas affrontent la Roja espagnole ce 6 décembre. Au-delà de l’exploit sportif que constituerait une victoire, le parcours de l’équipe marocaine revêt une dimension très politique.

Jawad El Yamiq brandit le drapeau palestinien. © DR

Le royaume vit au rythme de la Coupe du monde : après une qualification historique des Lions de l’Atlas pour les 8e de finale, un exploit qui ne s’était plus produit depuis 1986 au Mexique, « tout s’est arrêté dans le pays, confie un conseiller ministériel, même au niveau de l’État où les réunions sont moins longues et nombreuses qu’auparavant. La généralisation de la couverture sociale vient d’être appliquée, l’OCP vient de présenter un ambitieux programme d’investissement devant le roi Mohammed VI et pourtant personne n’en parle, il n’y a plus que le foot ». Un propos à nuancer : le 4 décembre, des milliers de Marocains ont manifesté à Rabat contre « la vie chère et la répression », à l’appel de plusieurs organisations politiques de gauche.

David contre Goliath

Mais il est vrai que les victoires successives de l’équipe nationale (qui finit première de son groupe) insufflent beaucoup d’espoir. Dernier pays arabe et africain en lice dans cette compétition, le Maroc, qui s’apprête à affronter l’Espagne, ce 6 décembre « incarne presque malgré lui le combat de David contre Goliath, celui du Sud contre le Nord, des dominés contre les dominants. C’est un combat qui dépasse le football », souligne Abdellah Tourabi, politologue et animateur de l’émission politique Confidences de presse sur 2M. Les mèmes faisant allusion au protectorat espagnol et au retour de l’Andalousie dans le giron marocain fleurissent d’ailleurs un peu partout sur la Toile.

Depuis son ouverture, la Coupe du monde 2022 a apporté son lot de surprises : la qualification du Sénégal en 8e de finale, une première depuis 20 ansla victoire de l’Arabie saoudite sur l’Argentinecelle du Cameroun sur le Brésil ou encore celle du royaume contre la Belgique (pourtant deuxième au classement Fifa), sans oublier celle de la Tunisie sur les Bleus de Didier Deschamps. De quoi nourrir le rêve d’un « nouvel ordre footballistique mondial », si ce n’est un nouvel ordre géopolitique. Pour la première fois depuis très longtemps, les Marocains croient fermement en leur chance de remporter la Coupe du monde.

Nouvel ordre mondial ?

Pourtant, le monde entier est un peu allé au Qatar en traînant des pieds. Quelques semaines avant le lancement de l’événement, plusieurs ONG et chancelleries occidentales ont appelé au boycott de cette grand-messe, dénonçant le non-respect des droits humains, l’ultra-conservatisme de la société qatarie, le coût écologique et financier exorbitant de l’événement. Or cela n’a trouvé que peu d’échos en Asie, en Amérique latine, en Afrique et dans le monde arabe. Au contraire, des milliers d’internautes ont à leur tour critiqué l’hypocrisie des pays occidentaux – qui ont largement contribué à ce que la Coupe du monde soit organisée au Qatar –, et dénoncé ce qu’ils estiment être un énième cas d’« arab-bashing ».

« Ce Mondial a été attribué au Qatar en connaissance de cause, certains aspects étaient bien connus et mettront de toute façon du temps à être résorbés. Au final, cette campagne de boycott a fait plouf et les opinions publiques arabes, africaines, même asiatiques, se sont retournées contre elle. De son côté, le Qatar a su y répondre par les faits, les actes : une organisation impeccable, une ambiance très festive », affirme le mordu de foot et responsable politique Nabil Benabdellah, entre deux vols pour le Qatar.

Envolées lyriques

Pour l’économiste franco-marocain, Abdelghani Youmni, galvanisé par les événements, le Mondial 2022 est un marqueur de renaissance pour le Maroc. « Le royaume a définitivement enterré le complexe d’ancienne nation colonisée, il ne veut plus être aligné, mais partenaire : le Maroc ne rentre pas dans l’histoire mais il y retourne », affirme-t-il.

Pour la première fois depuis longtemps, le sélectionneur des Lions de l’Atlas, Walid Regragui, est marocain. Et chacune de ses prises de parole, même s’il s’en défend, semble éminemment politique. Face à la presse avant le match Maroc-Canada, il a déclaré : « Nous, au départ, sans faire de politique, on va déjà parler football et on défend le Maroc et les Marocains. C’est la première des choses. Ensuite, forcément, on est aussi Africains et c’est la priorité. »

Quelques semaines auparavant, il annonçait déjà vouloir « changer les mentalités africaines » et vantait les mérites de son équipe, « une nouvelle génération, une nouvelle mentalité », qui dit « stop à la négativité du passé ». Prières sur la pelouse, louanges à dieu après la victoire contre le Canada, drapeau palestinien brandi par Jawad el Yamiq, les joueurs eux-même font très attention aux symboles.

Historiquement, le foot a toujours eu un fort impact dans le royaume. Les paroles de l’hymne national n’ont été écrites qu’en 1969, après que le pays a été qualifié pour la Coupe du monde organisée l’année suivante. Plus tôt, en 1958, la Fifa avait exclu et sanctionné le Maroc car il avait disputé un match avec le Front de libération nationale (FLN) pour soutenir l’Algérie dans sa lutte contre le colonialisme.

À la veille du match Maroc-Espagne, les pays arabes soutiennent bec et ongles le royaume. Un micro-trottoir réalisé en Algérie, et vu par 2 millions d’internautes, montre que la rue algérienne est elle aussi derrière le Maroc, car c’est un pays « arabe et musulman ». « Finalement, cette coupe ressuscite une idée qu’on croyait morte : le panarabisme », abonde Abdellah Tourabi.

Soft power

Du côté de Rabat, la Coupe du monde est scrutée avec la plus grande attention. Ancien joueur professionnel dans sa jeunesse, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch n’aurait manqué les matchs de l’équipe nationale sous aucun prétexte. Le 1er décembre, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, le patron de la sécurité intérieure (DGSN-DGST), Abdellatif Hammouchi, ainsi que le directeur des renseignements extérieurs (DGED) Yassine Mansouri, ont assisté au match Maroc-Canada au stade Al Thumama, à Doha. Juste avant la rencontre, ces trois personnalités avaient été reçues par l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani.

Plusieurs photos inédites ayant circulé sur les réseaux sociaux ont montré le ministre des Affaires étrangères, connu pour sa retenue et son flegme, en train de siffler, crier, sauter, applaudir et encourager son équipe jusqu’au coup de sifflet final. « Le ministre n’a pas fait ça par hasard, il contrôle totalement son image, le moindre de ses faits et gestes, il a parfaitement conscience de l’impact politique et mobilisateur du football sur une nation. Il y a bien évidemment un coup à jouer en termes de soft power », estime une source au gouvernement.

« Le sport est une porte d’entrée pour déclencher une nouvelle donne politique, mais il faut savoir raison garder, la Coupe du monde ne va pas métamorphoser les équilibres mondiaux. Si les Lions vont plus loin, ce sera source de fierté nationale et ça aura un impact moral et probablement socio-économique sur le Maroc, comme en 1998 pour la France », souligne Nabil Benabdellah. Et le pays en a bien besoin : selon une récente note du Haut-Commissariat au Plan, le Maroc est revenu « au niveau de pauvreté et de vulnérabilité » de 2014, principalement à cause de la pandémie, de l’inflation et de la sécheresse.

L’autre impact de cette Coupe du monde rejaillira sûrement sur Fouzi Lekjaa, le président de la Fédération royale marocaine de football et ministre du Budget. « Il prend de plus en plus de pouvoir au sein du gouvernement, confie une source politique. Lekjaa est déjà indispensable, il tient les cordons de la bourse, tout passe par lui. Cette Coupe du monde va lui servir directement, quelle que soit l’issue pour les Lions, le crédit lui reviendra. »

Avec Jeune Afrique par Nina Kozlowski

Qatar 2022 : l’encombrant président de la Fegafoot

novembre 30, 2022

Pierre-Alain Mounguengui a été invité par la Fifa à assister au Mondial. Sa présence, alors qu’il est accusé de ne pas avoir dénoncé un scandale de pédophilie, suscite de nombreuses réactions.

Pierre-Alain Mounguengui. © Fegafoot

Un président de fédération invité par la Fédération internationale de football association (Fifa) à assister à des matches de Coupe du monde est a priori d’une banalité confondante, et ne suscite aucun intérêt médiatique. Mais la donne n’est pas tout à fait la même lorsque ce président vient de passer six mois en détention, accusé d’avoir eu connaissance d’un vaste scandale de pédophilie dans le monde du football de son pays et de ne pas être intervenu. C’est précisément le cas de Pierre-Alain Mouguingui, le président de la Fédération gabonaise de Football (Fegafoot), incarcéré d’avril à octobre dernier à la maison d’arrêt de Libreville.

Présence dans les tribunes les plus luxueuses des stades du petit émirat, place de choix pour assister au match d’ouverture entre le Qatar et l’Équateur, participation à une réunion du comité exécutif de la Fifa… l’agenda de Pierre-Alain Mouguingui n’est pas passé inaperçu. La FIFPro, syndicat mondial des joueurs, s’en est ouvertement indignée dans un communiqué : « Pierre-Alain Mounguengui fait actuellement l’objet d’une enquête pour avoir prétendument dissimulé des abus généralisés en ne les signalant pas aux autorités compétentes. Cela n’incite pas les victimes et les lanceurs d’alerte à risquer leur vie pour témoigner. » La Fifa n’a, pour l’instant, pas réagi.

Soutiens

Au mois d’août dernier, Patrice Motsepe, le président sud-africain de la Confédération africaine de football (CAF) avait effectué une visite officielle, où il avait notamment rencontré Ali Bongo Ondimba, le chef de l’État gabonais et Franck Nguema, le ministre des Sports. Motsepe avait profité de sa présence à Libreville pour faire un détour par la maison d’arrêt de la capitale, afin d’apporter son soutien à Mounguengui.

Dès l’incarcération du patron de la Fegafoot, le 6 mai dernier, Motsepe avait refusé de le lâcher, déclarant que « les motifs de l’interpellation et de la détention sont troublants et peu clairs. » Deux mois plus tôt, Véron Mosengo-Omba, le secrétaire général de la CAF, avait également été aperçu à Libreville. Il s’était notamment entretenu avec le ministre des Sports.

Pour un acteur du football gabonais, qui a souhaité conserver l’anonymat, le message envoyé par la CAF et la Fifa est mauvais. « Ces deux instances donnent l’impression de ne pas prendre au sérieux ces affaires de pédophilie, que ce soit au Gabon et plus récemment en RDC. Avez-vous entendu la Fifa réagir ? Non. C’est déplorable. Comment voulez-vous que les victimes de ces actes criminels et leurs familles réagissent, quand elles voient Mounguengui parader à Doha ? Elles vont se sentir abandonnées, pas écoutées, et finalement se dire que dénoncer ces faits ne sert pas à grand-chose, puisque la Fifa et la CAF semblent s’en désintéresser, voire même cautionner… »

Pressions

Selon plusieurs sources approchées par Jeune Afrique, la Fifa et la CAF ont fait pression sur le gouvernement gabonais afin d’obtenir la libération du président de la Fegafoot, réélu le 16 avril dernier. « Ces méthodes de la CAF, avec l’appui de la Fifa, n’a pas du tout été bien perçues au Gabon », confirme l’une d’elles.

Toujours est-il que le 27 octobre dernier, Mounguengui a obtenu une libération provisoire. Il est néanmoins loin d’en avoir terminé avec la justice de son pays, puisqu’il risque une peine de prison ferme.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault