Posts Tagged ‘Rached Ghannouchi’

Tunisie : en désaccord avec Ghannouchi, 113 membres d’Ennahdha démissionnent

septembre 25, 2021
Rached Ghannouchi, en février 2020.

Une centaine de membres d’Ennahdha ont annoncé samedi leur démission du parti d’inspiration islamiste en dénonçant « les mauvais choix » de son président Rached Ghannouchi, qui ont alimenté, selon eux, la crise politique secouant la Tunisie depuis deux mois.

Les 113 membres d’Ennahdha démissionnaires ont dénoncé, dans un communiqué, « l’échec du président (Ghannouchi, ndrl) qui a refusé tous les conseils ». « La direction actuelle est responsable de l’isolement (du mouvement) et en grande partie de la dégradation de la situation générale dans le pays », ont-ils estimé.

Figurent parmi les démissionnaires, des députés, des cadres du parti, des anciens ministres, des membres du Conseil de la Choura (bureau politique de Ennahdha) et des élus locaux.

« Mauvais choix politiques »

De façon inattendue, le président Kaïs Saïed, élu fin 2019, s’est arrogé le 25 juillet les pleins pouvoirs, en limogeant le Premier ministre, en suspendant les activités du Parlement, où Ennahdha a le plus grand nombre de députés, et en s’octroyant aussi le pouvoir judiciaire. Il a officialisé son coup de force mercredi avec une série de décrets présidentiels, en décidant de « mesures exceptionnelles » pour réguler les pouvoirs exécutif et législatif. Ces textes tendent à présidentialiser le système politique, qui reposait avant sur un régime hybride plutôt parlementaire.

Kaïs Saïed, dont Ennahdha est la bête noire, a confirmé la suspension sine die du Parlement, auquel il va se substituer en légiférant par décrets, et sera aussi désormais le président du conseil des ministres. Rached Ghannouchi, 80 ans, président d’Ennahdha et chef du Parlement, a dénoncé dans une interview à l’AFP jeudi « le pouvoir absolu d’un seul homme ». Il a reconnu que son parti était partiellement responsable de la crise ayant motivé le coup de force de Kaïs Saïed.

Dans leur communiqué, les 113 membres ont critiqué « les mauvais choix politiques de la direction du mouvement », notamment des accords de coalition noués ces dernières années avec d’autres partis au Parlement, pour avoir la majorité des sièges. Selon eux, à cause de ces « alliances politiques inappropriées », des lois ont été adoptées qui « ont nui à la crédibilité de Ennahdha ».

Par Jeune Afrique avec AFP

Tunisie : l’anniversaire de la révolution tourne au fiasco

janvier 14, 2015

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi.
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi. © Archives / AFP

La cérémonie organisée mercredi au palais présidentiel pour commémorer le quatrième anniversaire de la révolution qui a chassé Ben Ali du pouvoir a été perturbée par des familles de Tunisiens tués ou blessés pendant le soulèvement populaire.

Le président Béji Caïd Essebsi, élu fin décembre, souhaitait placer la journée du 14 janvier sous le signe de l’unité et de la renaissance de la Tunisie. Il a donc convié au palais présidentiel plusieurs personnalités dont le leader du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, à une cérémonie au cours de laquelle des figures importantes de cette période de l’histoire du pays ont été décorés.

Béji Caïd Essebsi, venait de terminer son discours et procédait aux décorations lorsque des cris se sont élevés dans la salle bondée. « Où est la justice pour nos enfants? » criaient certains membres des familles, tandis que d’autres scandaient : « Fidèles au sang des martyrs ! ».

Le président agacé par l’incident, a tenté de continuer à remettre les décorations, dont l’une à titre posthume à l’élu Mohamed Brahmi, assassiné le 25 juillet 2013. Il s’est ensuite adressé aux membres des familles invités au Palais de Carthage : « Si les martyrs étaient encore vivants, ils ne seraient pas d’accord avec vous, tous les martyrs sont dans nos esprits et seront décorés. Ce que vous faites n’est donc pas nécessaire. Allez, que Dieu vous vienne en aide », a-t-il lâché avant de quitter la salle où se déroulait la cérémonie.

Douloureuses séquelles de la révolution

L’incident rappelle que la Tunisie n’a pas totalement tourné la page de la révolution. Selon un bilan officiel, la répression du soulèvement populaire qui a renversé Zine el-Abidine Ben Ali a fait plus de 300 morts et des centaines de blessés pendant la révolution, mais aussi dans les jours ayant suivi la fuite du dictateur.

Présent à la cérémonie, le mari de Mahjouba Nasri, une Tunisienne tuée dans les jours suivant la fuite en Arabie saoudite de Zine el-Abidine Ben Ali a réagi contre le discours de Béji Caïd Essebsi : « c’est une mascarade. Nous ne sommes pas venus pour de belles paroles, nous sommes venus pour qu’au moins on rende hommage symboliquement aux personnes que nous avons perdues ! ».

L’ONG Human Rights Watch (HRW) qui réclame depuis des mois une enquête sur les morts de la révolution, affirme pour sa part que : « Les efforts de la Tunisie pour faire rendre des comptes en justice aux auteurs d’exécutions extrajudiciaires, pendant le soulèvement populaire il y a quatre ans, ont été anéantis par des problèmes juridiques ou liés à la procédure d’enquête et n’ont pas permis de rendre justice aux victimes ».

Un anniversaire célébré en rangs dispersés

Malgré la présence au Palais de Carthage de Rached Ghannouchi, son parti Ennahda, deuxième force politique du pays, a installé une tribune et un écran géant au milieu de l’avenue Bourguiba pour célébrer à sa manière l’anniversaire.

Des dizaines de partisans des islamistes radicaux de Hizb ut Tahrir ( Parti de la Libération) manifestaient également aux côtés d’un petit groupe de jeunes socialistes.

Devant le théâtre municipal, une vingtaine de personnes se sont rassemblées en silence, le visage fermé, pour Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari, deux journalistes tunisiens enlevés en Libye et qu’une branche du groupe État islamique (EI) a affirmé avoir exécutés, une annonce sujette à caution qui a été officiellement démentie.

Éparpillés sur l’avenue, d’autres petits groupes de manifestants ont aussi réclamé la libération du blogueur Yassine Ayari, condamné pour atteinte à l’armée, ou des emplois pour les « diplômés chômeurs », tandis qu’une quinzaine de jeunes ont dénoncé la publication par l’hebdomadaire français « Charlie Hebdo » d’une nouvelle caricature de Mahomet en brandissant des bannières proclamant: « Je ne suis pas Charlie, je suis Mohamed ».

Jeuneafrique.com avec AFP

Tunisie : Les Islamistes promettent de quitter le pouvoir fin octobre

octobre 5, 2013

Le parti islamiste Ennahda qui dirige le gouvernement en Tunisie s’est engagé à quitter le pouvoir à la fin du mois d’octobre, en signant samedi avec l’opposition une feuille de route prévoyant la formation d’ici trois semaines d’un gouvernement d’indépendants.

Ce document, rédigé par quatre médiateurs pour résoudre une profonde crise politique, prévoit la désignation avant la fin de la semaine prochaine d’un Premier ministre indépendant qui aura deux semaines pour former son cabinet.

Le gouvernement dirigé par Ennahda devra alors démissionner.

La signature de ce texte a été disputée jusqu’au bout, retardant la cérémonie de samedi, mais finalement le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, et les dirigeants de l’opposition l’ont signés devant la presse et la classe politique.

Le Congrès pour la République, parti du président Moncef Marzouki et allié séculier d’Ennahda, a lui refusé de le parapher.

Le gouvernement dirigé par Ennahda, fragilisé par deux assassinats d’opposants, les crises politiques à répétition et les difficultés économiques, a ainsi accepté de quitter le pouvoir deux ans après sa victoire aux élections du 23 octobre 2011, le premier scrutin libre de l’histoire de la Tunisie.

La feuille de route prévoit aussi dans les quatre prochaines semaines, à l’issue d’un dialogue national réunissant toute la classe politique, l’adoption d’une Constitution et d’un calendrier électoral.

La Tunisie est déstabilisée par une crise politique déclenchée fin juillet par l’assassinat d’un député d’opposition.

Romandie.com avec (©AFP / 05 octobre 2013 16h20)