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RFI inaudible à Kinshasa avant une manifestation annoncée d’opposition

janvier 26, 2015

RFI inaudible à Kinshasa avant une manifestation annoncée d'opposition
RFI inaudible à Kinshasa avant une manifestation annoncée d’opposition © AFP

Le signal de Radio France Internationale (RFI) était brouillé lundi matin à Kinshasa, selon des journalistes de l’AFP et plusieurs témoins, alors que l’UDPS, le grand parti de l’opposition congolaise, appelait à manifester le jour même dans toutes les villes du Congo.

Un fort grésillement empêchait d’entendre les émissions de la radio, très écoutée en République démocratique du Congo, tant sur sa fréquence de Kinshasa que sur celle de Brazzaville, de l’autre côté du fleuve Congo. La radio française était en revanche captée normalement à Goma, à l’autre bout du pays.

Les autorités avaient coupé le signal de RFI mercredi sur toute l’étendue du territoire national, après deux jours de violences meurtrières à Kinshasa déclenchées par un projet de loi électorale alors étudié au Parlement. Une de ses dispositions ouvrait la voie à un report de la présidentielle de 2016 et donc à un maintien en fonctions du président Joseph Kabila au-delà du terme de son mandat.

M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter à la prochaine présidentielle.

A l’AFP qui lui demandait si les autorités avaient de nouveau coupé le signal de la radio, le ministre des Médias et porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a répondu qu’il était « en voyage » et a renvoyé sur son collègue des Télécommunications, Thomas Luhaka, lequel a indiqué qu’il devait se renseigner.

Le camp du président congolais Joseph Kabila a joué l’apaisement dimanche en faisant adopter une nouvelle loi électorale expurgée de la disposition à l’origine de troubles ayant fait, selon les sources, 13 à 42 morts à Kinshasa et à Goma du 19 au 22 janvier.

Le nouveau texte soulève cependant des incertitudes pour l’avenir du processus électoral et plusieurs diplomates ou analystes avertissent que le retour au calme risque d’être de courte durée.

L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti du vieil opposant Étienne Tshisekedi, a appelé à occuper la rue « pacifiquement » à partir de lundi et jusqu’à ce que le président Kabila quitte le pouvoir.

La journée devrait constituer un test de la capacité de mobilisation de ce parti, profondément divisé par des querelles entre dirigeants ou sur l’attitude à adopter vis-à-vis du régime de M. Kabila. L’absence de services internet mobile, de messagerie SMS et des réseaux sociaux, toujours inaccessibles lundi pour le 7e jour consécutif dans le pays, devrait peser sur sa capacité à rassembler.

Jeuneafrique.com avec AFP

Les journalistes français enlevés au Mali ont été tués

novembre 2, 2013

PARIS/BAMAKO (Reuters) – Deux journalistes de Radio France Internationale (RFI) enlevés samedi à Kidal dans le nord du Mali au cours d’un reportage sont morts, a annoncé samedi le ministère français des Affaires étrangères, confirmant des informations de Reuters.

Claude Verlon et Ghislaine Dupont, qui étaient en reportage à Kidal dans le nord du Mali, ont été enlevés par un groupe armé, dit le Quai d’Orsay.

« Les services de l’Etat français, en lien avec les autorités maliennes, mettent tout en œuvre pour que la lumière soit faite le plus rapidement possible sur les circonstances de leur décès », a déclaré le ministère dans un communiqué.

Les journalistes avaient rencontré les militaires de l’opération Serval à Bamako et leur avaient demandé de les transporter jusqu’à Kidal, selon le ministère de la Défense.

« Conseil leur avait été donné de ne pas s’y rendre, en raison de l’insécurité qui y persiste et de la rivalité des différents groupes qui agissent sur zone », a dit le ministère de la Défense.

« En dépit de ce conseil, les deux journalistes ont emprunté un transport de la Minusma pour se rendre à Kidal », ajoute-t-il, précisant que les forces françaises disposent d’une présence « légère et discrète » dans cette ville.

Un haut responsable du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, séparatistes touaregs) avait auparavant déclaré à Reuters que les corps avaient été découverts à l’extérieur de Kidal.

« Quelques minutes après le début de la poursuite des ravisseurs des deux Français, on nous a informé que leurs corps ont été retrouvés criblés de balles à l’extérieur de la ville », a déclaré Paul-Marie Sidibé, préfet de la localité de Tinzawaten, qui est basé à Kidal et se trouvait dans la mairie au moment des faits.

Selon une source de la sécurité malienne, les journalistes ont été tués à une dizaine de kilomètres à l’extérieur de la ville.

ENLEVÉS DANS UN 4×4 BEIGE

RFI avait confirmé dans son journal de 18 heures l’enlèvement dans un 4×4 beige de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, qui s’étaient déjà rendus à Kidal lors du premier tour de la récente élection présidentielle, mais n’avait pas évoqué leur décès.

Selon la radio, les ravisseurs ont envoyé des tirs de sommation et ont forcé le chauffeur des journalistes à se coucher par terre.

« Ce dernier a ensuite entendu Ghislaine Dupont et Claude Verlon protester et résister et c’est la dernière fois que nos journalistes ont été vus », a dit à Paris un journaliste de Radio France Internationale.

« Selon plusieurs sources les ravisseurs se sont enfuis avec nos reporters et ont mis le cap vers Tin-Essako », a-t-il ajouté.

Les journalistes venaient d’interviewer un responsable des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), chargé de la culture. Ce dernier a confirmé que l’enlèvement avait eu lieu à proximité de sa maison.

« Quand il sont partis, j’ai entendu un bruit bizarre dehors, je suis tout de suite allé voir et quand j’ai ouvert ma porte, un homme enturbanné a braqué une arme sur moi et m’a dit « Rentre tout de suite chez toi! », a-t-il dit, contacté par téléphone.

« Je n’ai pas pu voir combien d’hommes étaient là, je n’ai distingué que le capot de la voiture des journalistes », a-t-il ajouté.

Des sources sécuritaires maliennes et le gouverneur de la ville de Kidal, Adama Kamissoko avaient auparavant confirmé l’enlèvement des deux journalistes français, précisant qu’ils avaient quitté mardi la capitale Bamako pour Kidal.

Mercredi, les quatre ex-otages français du Niger libérés en début de semaine après trois ans de captivité au Sahel sont rentrés en France, où ils ont été accueillis par le président François Hollande.

AFP

Bénin : Yayi-Talon, une relation empoisonnée

octobre 29, 2012
Patrice Talon et le chef de l'État béninois, en mars 2008. Patrice Talon et le chef de l’État béninois, en mars 2008. © Ty/Erick Ahounou

Autrefois proche du président béninois Boni Yayi, le businessman Patrice Talon est accusé d’avoir voulu l’intoxiquer. La guerre est déclarée.

C’est une affaire d’État. Et si on en juge par l’extrême prudence de nos interlocuteurs, elle fait peur. « Tout cela va mal finir, c’est une lutte à mort », résume un ancien proche collaborateur du président béninois, Boni Yayi. D’un côté, le locataire du palais de la Marina. De l’autre, un homme d’affaires qui règne en maître sur la filière coton du pays, Patrice Talon.

« Un scénario ultra-grotesque »

Patrice Talon n’a pas tardé à répondre aux accusations qui pèsent sur lui. Visé depuis le 23 octobre par un mandat d’arrêt international, l’homme d’affaires béninois a nié toute implication dans la tentative d’empoisonnement du chef de l’État, Thomas Boni Yayi, dans une interview accordée à Radio France Internationale (RFI), lundi 29 octobre. Dans cet entretien, Patrice Talon déclare être moins surpris par ce qu’il estime être une « énième accusation de tentative de déstabilisation, de coup d’État, de l’élimination de Yayi Boni par son pire ennemi qui est Monsieur Talon » que par « le caractère ultra-grotesque de ce scénario ». S’il ne dément pas avoir rencontré la nièce du président, le 17 octobre dernier dans un hôtel de Bruxelles, l’ancien proche de Yayi qualifie l’ensemble de l’affaire de « canular » et demande au chef de l’État de « retrouver ses esprits ».

Patrice Talon revient également sur sa relation avec le président béninois et confirme avoir « sponsorisé » les campagnes électorales du candidat Boni Yayi en 2006 et 2011. « Comme tant d’autres, je l’ai conseillé et introduit là où j’ai pu pour sa conquête du pouvoir », dit-il. alors qu’il régnait en maître sur la filière béninoise du coton, l’homme d’affaires s’est vu retirer, il y a un an, la gestion du PVI, le Programme de vérification des importations au port de Cotonou. Raison principale ? Selon l’intéressé, le président Yayi aurait sollicité ses services pour l’aider à réviser la Constitution afin de se représenter en 2016. « Le peuple béninois est attaché à sa démocratie, donc j’ai refusé », assure Talon. Et de conclure : « Je compte bien sûr, dans tous les cas, répondre aux accusations (…) Mais sans mettre ma vie en danger. » 

Selon la justice béninoise, le premier a été victime d’une tentative d’empoisonnement ourdie par le second lors d’un déplacement présidentiel à Bruxelles, le 17 octobre dernier. Trois proches du chef de l’État – un ancien ministre, une nièce et son médecin personnel – accusés de complicité dans cette conspiration ont été inculpés et incarcérés à la prison centrale de Cotonou, le 22 octobre. Nous sommes en plein roman d’espionnage. Le businessman aurait proposé 1 milliard de F CFA (1,5 million d’euros) au médecin et à la nièce pour remplacer le traitement antidouleur prescrit au président par des médicaments toxiques réceptionnés à Cotonou par l’ancien ministre. Prise de remords, la nièce aurait avoué et permis de déjouer le complot. Le 23 octobre, un mandat d’arrêt international était délivré contre l’instigateur présumé et son plus proche collaborateur, Olivier Boko.

« Si tout cela est exact, cela dépasse l’entendement, c’est surréaliste », estime un leader politique qui « craint le pire » – à savoir un grand déballage sur la place publique. Selon plusieurs témoignages recoupés, Patrice Talon a été un généreux mécène des deux campagnes présidentielles victorieuses de Boni Yayi en 2006 et 2011 [Voir encadré]. Est-ce en guise de remerciement qu’il a pu étendre son emprise sur la filière coton durant le premier mandat ? On peut le penser, mais nous resterions dans une chronique ordinaire, celle du renvoi d’ascenseur.

« Je réfute toutes ces accusations »

En 2011, juste après le scrutin, Talon se voit en plus confier par décret le très juteux Programme de vérification des importations (PVI). En clair, il devient le douanier du Bénin avec « des dispositions très favorables lui permettant de mettre la main sur une bonne partie des recettes », décrit un habitué du palais de la Marina. Les douaniers, les vrais, dénoncent très vite une concurrence déloyale et le manque à gagner… Le président revient finalement sur le contrat et demande une renégociation. « Talon a refusé, le gouvernement a alors suspendu le PVI. Depuis c’est la guerre », explique l’ancien collaborateur du chef de l’État, qui avance une deuxième explication à cette lutte à mort. Son nom de code : « Mission 2016 ».

Boni Yayi l’assure : « Je ne veux pas prolonger mon règne, je l’ai dit au pape, à Nicolas Sarkozy et à François Hollande. » Mais il ne convainc pas. En mars dernier, un projet de réforme constitutionnelle a été déposé à l’Assemblée nationale. Officiellement, il n’est question que de référendum, de Cour des comptes et de transparence électorale. « À aucun moment il ne s’agissait de toucher à la limitation du nombre de mandats présidentiels », a expliqué le chef de l’État.

« Rien n’empêchait un député zélé de déposer un amendement en ce sens », rétorque un constitutionnaliste béninois. Quoi qu’il en soit, ce scénario est resté dans les cartons. Une quinzaine de parlementaires, pourtant de la majorité, ont fait obstacle au projet. « Ils étaient activés par Talon », estime un fin connaisseur du marigot béninois. « Cela prend des proportions énormes et je réfute toutes ces accusations », nous a déclaré, au téléphone depuis Paris, Patrice Talon alors que nous mettions sous presse. Promettant d’en dire plus après avis de ses avocats…

Jeuneafrique.com par Philippe Perdrix

Mali : à quoi joue Sanogo ?

octobre 22, 2012
 
Amadou Haya Sanogo est désormais chargé de la réforme de l’armée, mais pas question pour lui d’occuper les seconds rôles… D’ailleurs, le chef des putschistes du 21 mars est convaincu que ses hommes et lui peuvent reprendre le contrôle du Nord. Et tant pis s’ils sont les seuls à y croire.

Il y a comme un air de changement au camp Soundiata Keïta, à Kati. Dans cette ville-garnison située à une quinzaine de kilomètres au nord de Bamako, le poste de commandement de la IIIe région militaire du Mali n’est plus le bâtiment décati qu’il était il y a encore quelques mois.

Torses nus sous un soleil de plomb, une dizaine d’ouvriers tentent de lui redonner vie. Nouvelles peintures, nouvelles fenêtres, nouveaux tapis et même des climatiseurs… C’est là que le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE) avait installé son quartier général au lendemain du coup d’État du 21 mars. Aujourd’hui, c’est là que siège le Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité. Le nom a changé, mais le chef, c’est toujours lui : Amadou Haya Sanogo.

En sept mois, il n’a pas jugé bon de prendre du galon. Il est toujours simple capitaine. En revanche, il ne quitte presque plus Kati. « Il se consacre à sa nouvelle mission », affirme un proche. À son entourage, le militaire putschiste a assuré qu’il voulait se faire discret et se concentrer sur un seul objectif : la restructuration de l’armée malienne. Mais le 7 octobre, Radio France Internationale, en divulguant le décret qui le nommait président du Comité militaire de suivi, relançait le débat sur sa mainmise (réelle ou supposée) sur la sphère politique.

Quand il se tait, on le soupçonne de tirer les ficelles, mais quand il parle, on lui reproche de vouloir garder le pouvoir.

« Il en est dépité, raconte un familier du camp de Kati. Quand il se tait, on le soupçonne de tirer les ficelles, mais quand il parle, on lui reproche de vouloir garder le pouvoir. » Le décret, dont Jeune Afrique a obtenu copie, est signé de la main même du président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, mais il n’a jamais été publié au Journal officiel. A-t-il une valeur légale ? À Bamako, personne n’en est sûr, mais personne n’oserait le contester. « Le Mali vit dans l’exception depuis le mois de mars, ironise un observateur de la vie politique locale. Alors, promulgué ou non, cela change quoi ? »

Le capitaine Amadou Haya Sanogo s’adressant à la presse, le 1er avril 2012, à Bamako.

© Issouf Sanogo/AFP

Relations tendues avec le Premier ministre

La nomination de Sanogo n’était pourtant pas une surprise. Le 27 juillet, alors que Dioncounda Traoré rentrait au Mali après deux mois de convalescence en France, il s’était présenté sous ce titre aux journalistes présents. Deux jours plus tard, le chef de l’État annonçait, lors de sa première adresse à la nation, la création d’un Haut Conseil d’État (HCE), dont le premier vice-président serait chargé de la réforme de l’armée et des questions du Nord. À l’époque, beaucoup y avaient vu un poste taillé sur mesure pour Sanogo, et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait peu apprécié de voir revenir sur le devant de la scène cet homme qu’elle tentait de mettre sur la touche.

Car Sanogo refuse de se laisser oublier. Certes, ses relations avec le Premier ministre ne sont plus au beau fixe. Cheick Modibo Diarra s’est affranchi de la tutelle du jeune militaire et, à Kati, on n’apprécie pas. On l’accuse d’avoir nommé trop de proches de l’ancien président Moussa Traoré (son beau-père) au gouvernement. De ne pas opposer suffisamment de résistance au projet d’intervention militaire de la Cedeao. De se comporter en véritable chef d’État en usant et en abusant de l’avion présidentiel… Le 26 juillet, interrogé par la radio-télévision malienne sur l’éventualité de sa démission, Diarra a achevé de contrarier Sanogo : « Si je dois démissionner, a répondu le chef du gouvernement, à qui je dois remettre ma démission ? » Le chef des putschistes en a été ulcéré. Il ne pardonne pas au Premier ministre d’oublier que c’est à lui qu’il doit sa nomination.

Du coup, il a amorcé un rapprochement avec le président par intérim. L’attaque dont Traoré a été victime, en plein palais présidentiel, a entaché sa réputation, et Sanogo veut y remédier, lui qui accorde tant d’importance à son image, se comparant à de Gaulle et se rêvant en sauveur du pays.

« L’ancien régime a été ce que Pétain a été à la France, et moi je n’ai été que ce que de Gaulle a été pour la France ! » Amadou Haya Sanogo, le 16 septembre

Traoré et lui ont donc fini par trouver un terrain d’entente. À Kati, Sanogo se fait encore appeler « président » mais reconnaît l’autorité du chef de l’État. Il aurait aimé obtenir la tête de Modibo Diarra, mais il n’a pas été entendu. En privé, d’ailleurs, le militaire manifeste volontiers son mécontentement. « Il est très déçu par les politiciens maliens, relate un proche. Mais au moins, il est parvenu à obtenir quelque chose pour les soldats. » À son actif, l’augmentation des primes de mission des militaires, passées de 10 000 à 50 000 F CFA (de 15 à 76 euros). Une mesure qui l’a rendu très populaire auprès de la troupe. « Cela lui permet de tenir l’armée, commente un diplomate ouest-africain en poste à Bamako. Même le chef de l’état-major général nous l’a confié : à Kati, il ne contrôle rien. C’est Sanogo, le chef. »

Si seulement on lui donnait des armes…

Blindés, véhicules de transport de troupes, fusils-mitrailleurs, munitions… Depuis fin juillet, l’armée malienne attend sa cargaison d’armes bloquée en terre guinéenne. La demande officielle d’aide militaire à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le 1er septembre, avait pourtant détendu les relations entre l’organisation sous-régionale et le Mali. L’embargo était censé prendre fin, la Cedeao ayant même réglé les 241 000 dollars de pénalités réclamés par l’armateur turc en dédommagement de l’immobilisation prolongée de son navire. Mais depuis, rien. Le matériel a été déchargé et transféré dans une caserne de Conakry. Dépités, les militaires maliens chargés de faire l’inventaire ont fini par rentrer à Bamako le 11 octobre, après trente-cinq jours passés en Guinée. À Kati, le capitaine Sanogo répète à qui veut l’entendre qu’il suffirait que ces armes lui soient livrées pour que l’armée se lance à la reconquête du Nord. M.G.-B.

Une mainmise qui ne suffit pas à le rassurer. Il est en contact téléphonique régulier avec Dioncounda Traoré, mais ses visites nocturnes au président se font plus rares. C’est trop risqué. Sanogo n’a pas oublié qu’en avril il s’en est fallu de peu quand les Bérets rouges, emmenés par le colonel Abdine Guindo, ont tenté un contre-coup d’État. Il sait aussi que les forces de sécurité sont moins unies que ce qu’il veut bien dire : le 26 septembre, des policiers du Groupement mobile de sécurité (GMS) n’ont-ils pas manifesté leur colère contre leurs collègues – favorables à Sanogo – qui avaient obtenu de l’avancement ?

Son Land Cruiser noir et son armada de gardes sont désormais remisés à Kati, dans ce qu’à Bamako on s’amuse à appeler la « maison la mieux gardée du pays ». Construite spécialement pour lui, non loin de l’entrée du camp, elle offre une vue panoramique sur toute la zone. Elle est protégée par un check point et deux dizaines d’hommes en armes, et dans la cour stationnent des véhicules de transport de troupes de type BRDM et BDM, mais aussi le nez frondeur d’un ZU-23, un canon antiaérien de fabrication soviétique.

Bunker

En attendant la fin des travaux de son bureau, situé à moins de cinq minutes à pied, Sanogo reçoit dans son bunker. Hommes d’affaires, politiciens, associations, courtisans… Le flux des visiteurs n’a pas tari. Les journées sont une succession d’audiences et de réunions avec ses amis et frères d’armes du CNRDRE. Le capitaine Amadou Konaré (ancien porte-parole de la junte), l’adjudant-chef Seyba Diarra, le colonel Youssouf Traoré font toujours partie du cercle rapproché. Ensemble, ils suivent avec intérêt le parcours – semé d’embûches – de la demande d’aide malienne à l’ONU. « Les hésitations de Ban Ki-moon et les atermoiements algériens ne sont pas très bien vus ici », ironise un jeune gradé. Sanogo, lui, est toujours convaincu que l’armée peut reprendre le contrôle du Nord sans déploiement de troupes étrangères au sol. Et les négociations ? « Les politiciens peuvent décider de discuter avec la rébellion touarègue [du Mouvement national pour la libération de l’Azawad, NDLR], pourquoi pas avec les islamistes d’Ansar Eddine ? Mais que fait-on d’Al-Qaïda au Maghreb islamique ? » s’interroge un militaire.

L’ancien chef de la junte ne quitte plus le camp de Kati, mais se dit prêt à partir à la reconquête du Nord.

Amadou Haya Sanogo aime répéter à son entourage que « qui veut la paix prépare la guerre ». Mais serait-il prêt à prendre la tête des opérations militaires, lui qui, avant le coup d’État, avait été instructeur puis professeur d’anglais au camp de Kati ? Bien sûr, affirment ses proches, écartant les objections quant aux capacités réelles de l’armée malienne. « Nous, on veut laver notre honneur et on est prêts à donner notre vie », poursuivent-ils.

À Sévaré (près de Mopti), où sont stationnés près de 2 000 éléments, les gradés affichent le même optimisme. Ils promettent que leurs hommes sont « en alerte rouge » et qu’ils peuvent « intervenir immédiatement ». Mais, sous le couvert de l’anonymat, un colonel explique que « le plus difficile, ce sera de garder et de sécuriser les villes qu’on aura réussi à reprendre. En matière de génie militaire, nos lacunes sont évidentes ».

Encore faudrait-il que les militaires puissent reconquérir les positions perdues. Car en plus d’être mal formée, l’armée est mal équipée, peu disciplinée et en proie à des conflits d’intérêt. Elle pourra difficilement compter sur le soutien des milices, dont certaines (c’est le cas de Ganda Izo, à Sévaré) sont déjà infiltrées par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). La guerre, pourrait-on rétorquer à Sanogo, cela ne s’improvise pas.

Jeuneafrique.com par Malika Groga-Bada, avec Baba Ahmed à Bamako

Coup d’État au Mali : Dioncounda Traoré pour assurer l’intérim ?

mars 28, 2012

Un transfert du pouvoir au président de l’Assemblée nationale  malienne Dioncounda Traoré est une des solutions envisagées par la Cedeao pour  mettre fin à la crise malienne, a affirmé le ministre burkinabé des Affaires  étrangères Djibril Bassolé.

Le Président de l’Assemblée nationale malienne Dioncounda Traoré pourrait assurer l’intérim du  pouvoir jusqu’aux prochaines élections, a affirmé mercredi 28 mars sur Radio  France Internationale (RFI) le ministre burkinabé des Affaires étrangères  Djibril Bassolé. Cette alternative pourrait entrer dans le cadre d’une « transition » souhaitée par la Communauté économique des États d’Afrique de  l’Ouest (Cedeao). Une transition que la Cedeao veut « conforme aux dispositions  constitutionnelles ».

« Que le président de l’Assemblée qui est l’intérimaire constitutionnel  puisse présider aux destinées du pays dans les modalités définies, arrêtées,  acceptées par la classe politique et les responsables de la junte, afin qu’au  plus tôt on puisse aboutir aux élections », est « tout à fait » possible, a-t-il  assuré.  « Si c’est la formule qui peut permettre de sortir de crise,  pourquoi pas? Et je pense que le Président Amadou Toumani Touré n’y verrait  lui-même pas d’inconvénient, lui qui a toujours souhaité la paix, la stabilité  et la démocratie », a-t-il ajouté.

« Retour à l’ordre constitutionnel normal »

Réunie en sommet extraordinaire à Abidjan, la Cedeao a  annoncé l’envoi d’une délégation de chefs d’États à Bamako. Elle devrait se rendre dans la capitale malienne jeudi 29  mars et « réclamer le retour à l’ordre constitutionnel normal, pour que les  élections au Mali puissent se tenir », a déclaré Djibril Bassolé à RFI.

La délégation sera conduite par le chef de l’État ivoirien, Alassane  Ouattara, président en exercice de l’organisation, et composée de ses homologues  du Burkina (Blaise Compaoré), du Bénin (Boni Yayi) du Liberia (Ellen Johnson  Sirleaf), du Niger (Mahamadou Issoufou) et du Nigeria (Goodluck Jonathan).

Le président burkinabè a été quant à lui nommé médiateur dans la crise malienne avec pour « mission de prendre contact avec  toutes les parties prenantes en vue d’engager un dialogue fructueux pour la  restauration de la paix dans le pays ».

Jeuneafrique.com avec AFP

d’Ivoire: retour en prison du meurtrier du journaliste Jean Hélène de RFI

janvier 26, 2012

ABIDJAN – Le policier ivoirien Théodore Dago Séri, condamné à 17 ans de réclusion pour le meurtre du journaliste français Jean Hélène en 2003, a été arrêté et reconduit à la prison d`Abidjan d`où il s`était évadé durant la crise postélectorale, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
Le meurtrier a été arrêté mardi par la police et « transféré mercredi à la Maca » (Maison d`arrêt et de correction d`Abidjan), d`où il s`était échappé « lors des événements de la crise postélectorale », a indiqué à l`AFP cette source.
Dans des conditions restées obscures, les prisonniers de la Maca avaient été libérés le 31 mars 2011, jour de l`entrée à Abidjan des forces du nouveau président Alassane Ouattara, qui ont arrêté le 11 avril l`ex-chef de l`Etat Laurent Gbagbo après deux semaines de guerre et une crise de quatre mois ayant fait quelque 3.000 morts.
« La direction de RFI, dans un communiqué transmis à l`AFP a exprimé sa « satisfaction et son soulagement suite à l`arrestation le 24 janvier 2012 par la police ivoirienne du meurtrier du journaliste de RFI Jean Hélène ».
Le 21 octobre 2003 au soir, Théodore Dago Séri avait abattu Jean Hélène, correspondant de Radio France Internationale (RFI), âgé de 50 ans, d`une balle de kalachnikov dans la tête alors que ce dernier attendait à proximité du siège de la police nationale, à Abidjan, la libération de onze opposants du parti de M. Ouattara.
Le sergent de police ivoirien a été condamné le 22 janvier 2004 à Abidjan à 17 ans de prison pour « homicide volontaire ».

AFP