Posts Tagged ‘radio locale’

Un journaliste somalien tué par balle à Mogadiscio

avril 21, 2013

MOGADISCIO – Un journaliste somalien a été tué par des hommes armés près de son domicile à Mogadiscio dimanche soir, portant à quatre le nombre de professionnel des médias somaliens tués par balle ou dans un attentat depuis le début de l’année, a dénoncé le syndicat national des journalistes somaliens.

Le syndicat national des journalistes somaliens condamne dans les termes les plus fermes le meurtre du journaliste somalien, tué par des agresseurs armés près de sa maison dans le district de Dharkenley de Mogadiscio dimanche soir, a-t-il affirmé dans un communiqué.

La victime, Mohamed Ibrahim Rageh, travaillait pour la télévision nationale somalienne et Radio Mogadiscio.

Il venait de revenir en Somalie, après s’être exilé en 2009 au Kenya puis en Ouganda pour des raisons de sécurité, a encore indiqué le syndicat.

Mohamed avait fini son travail et s’est fait ramener chez lui vers 17H00 (14H00 GMT) et puis on nous a appris la mauvaise nouvelle de sa mort, a déclaré le directeur de Radio Mogadiscio, Abdirahim Isse Addow, cité dans le communiqué. C’était un très bon journaliste.

Fin mars, une journaliste somalienne travaillant pour une radio locale avait déjà été assassinée à Mogadiscio par deux hommes qui avaient ouvert le feu sur elle.

Un autre journaliste d’une radio privée avait été tué par balle en janvier, lui aussi à Mogadiscio.

Un troisième journaliste était décédé en mars dans un attentat suicide.

En 2012, au moins 18 employés de médias avaient été tués en Somalie, soit deux fois plus qu’en 2009, considérée jusqu’alors comme l’année la plus meurtrière en la matière dans le pays.

Les assassinats de journalistes sont régulièrement attribués aux islamistes shebab mais sont aussi parfois liés à des règlements de compte entre les multiples factions claniques qui fragmentent la Somalie, privée de réelle autorité centrale depuis 1991 et plongée dans le chaos et la guerre civile.

Romandie.com avec (©AFP / 21 avril 2013 20h09)

Voyage au bout de l’enfer : lynchage et scène de cannibalisme à Goma

décembre 15, 2012

Dans la nuit du 2 au 3 décembre, une scène d’une rare barbarie a eu lieu à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, que la guerre a plongé dans une insécurité alarmante.

Cinq personnes ont été lynchées en pleine nuit dans le quartier de Majengo, au nord de Goma, après un règlement de compte. Notre Observateur, qui travaille pour une radio locale, s’est rendu au petit matin sur place, où il a pu constater la présence de corps calcinés. FRANCE 24 a par ailleurs pu visionner des images, atroces, de la scène. On y voit d’abord des personnes s’attrouper autour de cadavres brûlés et déchiquetés. Puis une jeune fille prendre un morceau du corps calciné et le mâcher.

Le Nord-Kivu, et plus généralement l’est de la RDC frontalier avec le Rwanda et l’Ouganda, est une zone riche en ressources minières en proie à d’incessantes guerres entre groupes armés. Du 20 novembre au 1er décembre, les rebelles du M23 ont occupé Goma, chef lieu de la province, après avoir mis en déroute l’armée congolaise. Au terme d’une médiation internationale, les rebelles se sont retirés à quelques kilomètres de la ville alors que commençaient à Kampala des négociations entre leurs chefs et le gouvernement congolais. La scène de lynchage décrite ici s’est déroulée le lendemain.

Contributeurs

« Il suffit d’un simple soupçon pour que les choses dérapent »
Charly Kasereka est journaliste pour une radio locale. Il vit à Goma.

Les hommes ont été lynchés parce qu’ils étaient accusés par un groupe de motards d’avoir tué l’un des leurs. J’ai récupéré d’un ami qui habite là des images tournées dans la soirée [du 2 décembre] où l’on voit le cortège de motards qui défile avec un corbillard. C’est de là que tout est parti.

Mon ami m’a expliqué que les motards avaient passé plusieurs heures à chercher les coupables après le meurtre. Des suspects ont été localisés au milieu de la nuit. Là, les choses ont commencé à dégénérer. Des voitures ont été incendiées par les habitants, puis les cinq hommes accusés de meurtre ont été lynchés. Je suis arrivé sur les lieux à 6h10. D’après les témoignages que j’ai recueillis, les corps ont été brûlés vers 5h du matin.

Autour des corps, il y avait encore des gens qui se baladaient avec des bouteilles d’alcool à la main. [Un autre témoin rapporte que certaines personnes se trouvant sur les lieux étaient droguées.] En arrivant, une jeune fille nous a dit : « Vous voulez que je vous montre ce qu’on va faire aux bandits qui viennent ici ? ». Un autre fille a insisté « Oui vas-y, montre-leur ! » et sous l’influence de tout le groupe, la première a mordu dans un morceau de chair humaine calcinée [On voit cette scène dans la vidéo récupérée par FRANCE 24.]

On avait déjà entendu, sur la route, que des gens avaient fait ce genre de chose. Sur place, les gens ne parlaient que de ça, du fait que des habitants en furie avaient mangé des morceaux de cadavres pendant la nuit [il n’existe pas d’images pour étayer ces témoignages, mais celles récupérées par FRANCE 24 montrent que les cadavres ont été dépecés]. Et ce n’est pas la première fois que ça arrive après un lynchage.

« Les habitants nous ont expliqué qu’ils ne croyaient pas en la justice »

Les gens sont dans un véritable état de panique à Goma, notamment depuis que plus d’un millier de prisonniers s’est évadé de la prison centrale de Munzenze pendant la prise de la ville par les rebelles du M23.

Les habitants nous ont expliqué qu’ils ne croyaient pas en la justice. Ils considèrent que s’ils ne s’occupent pas eux-mêmes des présumés bandits, rien ne les arrêtera. Le nombre d’actes de banditisme, notamment les attaques de domiciles, a beaucoup augmenté. Les habitants ne voient plus d’autre solution que cette justice populaire. En moins de deux semaines, j’ai répertorié neuf cas de voleurs lynchés à mort. Et il suffit d’un simple soupçon pour que les choses dérapent. [D’après la journaliste Maria Malagardis du journal « Libération », qui s’est rendue à Goma, le chef traditionnel du quartier Majengo a affirmé que parmi les victimes du lynchage du 2 décembre se trouvait un « innocent qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment « .]

Les images de la scène ont été diffusées sans floutage sur les deux chaînes locales de Goma, NishapiTV et Hope Channel. Les gens ont été très choqués qu’on puisse laisser passer de telles choses sans prendre de précautions et prévenir le public.

Ces derniers jours, le gouverneur s’est exprimé plusieurs fois à la radio pour calmer les esprits. Il a voulu rappeler aux habitants qu’ils ne pouvaient pas se faire justice eux-mêmes. Mais les gens ne l’écouteront pas.

Charly Kasereka et Saidi Abasi Madjid avec France24