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Le blogueur saoudien Raif Badawi est libéré

mars 11, 2022
Raif Badawi.

Raif Badawi Photo : Facebook

Après 10 ans de détention, le blogueur saoudien Raif Badawi a été libéré. Sa femme Ensaf Haidar et Amnistie internationale confirment qu’il est sorti de prison.

Ensaf Haidar affirme que son conjoint l’a avisée de sa libération par téléphone. Amnistie internationale a également souligné que le roi de l’Arabie saoudite, Salmane ben Abdelaziz Al-Saoud, aurait levé son interdiction de voyager, ce qui lui permettrait de retrouver sa femme et ses enfants à Sherbrooke.

#Raifestlibre Après 10 ans de détention #Raifestlibre ! #Raifisfree After 10 years in prison #Raifisfree !
بعد 10 سنوات من السجن #رائف_حرّاً pic.twitter.com/1VA0XjSofs— Ensaf Haidar ⚜️ (@miss9afi) March 11, 2022

Je ne lui pas encore parlé, mais je veux lui dire qu’on l’entend. Je veux lui dire que ça ne va pas être long avant qu’on le revoie! s’est exclamée sa fille Najwa, venue retrouver de nombreux partisans réunis devant l’hôtel de ville de Sherbrooke pour marquer l’événement.

« On n’en revenait pas! On sautait partout! On courait partout! C’est un poids de moins! »— Une citation de  Najwa BadawiEnsaf Haidar, l'épouse de Raif Badawi tient une pancarte avec sa photo.

Ensaf Haidar n’a pas cessé de militer au cours des 10 dernières années pour la libération de son mari. Photo : La Presse Canadienne/Ryan Remiorz

Un combat qui n’est pas terminé

Les partisans du blogueur espéraient qu’il soit libéré sous peu, puisque sa peine était venue à terme à la fin du mois de février. Amnistie internationale faisait d’ailleurs de nouveau pression le 5 mars dernier pour demander sa libération immédiate.

Beaucoup d’émotions, beaucoup de soulagement, affirme d’entrée de jeu France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale francophone. Elle rappelle toutefois que la partie n’est toujours pas gagnée pour le blogueur.

Raif Badawi est toutefois interdit de sortie du pays, interdit de passeport pour 10 ans et interdit de communiquer sur les réseaux sociaux et d’avoir en sa possession un téléphone cellulaire […] On craint que les communications soient plus difficiles à partir de maintenant, explique-t-elle.

« Le combat n’est pas terminé. Il va falloir redoubler d’ardeur pour que l’interdiction de sortie du pays soit levée et qu’il soit réuni avec sa famille le plus tôt possible.  »— Une citation de  France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale francophone

France-Isabelle Langlois confirme qu’Amnistie internationale va poursuivre la pression sur le gouvernement canadien pour qu’il intervienne en Arabie saoudite. C’est l’ensemble des Amnisties à travers le monde qui se mobilisent, affirme-t-elle.La 100e veillée à la bougie pour la libération de Raif Badawi à Sherbrooke

Sa famille n’a jamais perdu espoir de le revoir. Près de 400 rassemblements ont été tenus devant l’hôtel de ville de Sherbrooke pour demander sa libération. Photo : Radio-Canada/ICI Estrie/Carl Marchand

Raif Badawi a été emprisonné en 2012 pour avoir critiqué les autorités religieuses de son pays. Il avait été condamné à 10 ans de prison, 1000 coups de fouet et à une amende d’un million de riyals saoudiens. Il avait reçu une série de 50 coups de fouet en janvier 2015, mais n’avait toutefois plus été fouetté depuis.

En janvier 2021, le Bloc québécois avait fait adopter une motion à l’unanimité à la Chambre des communes pour qu’Ottawa accorde la citoyenneté canadienne à Raif Badawi. Cette motion avait par la suite été adoptée par le Sénat, en juin 2021.

Sa conjointe et ses trois enfants avaient trouvé refuge à Sherbrooke en 2013, et ont obtenu leur citoyenneté canadienne en 2018.

Ensaf Haidar n’a jamais cessé de militer pour la libération de son mari, s’étant même présentée comme candidate bloquiste lors des dernières élections fédérales dans le but, entre autres, de faire avancer la cause de Raif Badawi à Ottawa.

Avec Radio-Canada

Le blogueur saoudien Raif Badawi pourrait être libéré lundi

février 27, 2022

Les partisans du blogueur saoudien Raif Badawi espèrent qu’il sera bientôt libéré de prison après avoir purgé une peine de 10 ans et qu’il sera autorisé par l’Arabie saoudite à retrouver sa famille au Canada.

L’avocat des droits de la personne Irwin Cotler, qui représente M. Badawi sur la scène internationale depuis 2014, affirme que les discussions entre les représentants de l’Union européenne (UE) et ceux du royaume de l’Arabie saoudite ont fait naître l’espoir que le blogueur sera libéré dans les jours qui viennent.

Il précise toutefois que des pressions doivent être exercées pour permettre à M. Badawi de rejoindre sa femme et ses enfants, qui vivent au Québec. Bien que sa peine de prison ait pris fin, Raif Badawi doit encore faire face à une interdiction de voyager pendant 10 ans, à une interdiction de travailler dans les médias et à une amende punitive de 335 000 $ qui a été prononcée au moment de sa condamnation.

Nous parlons d’une sorte de prison sans murs où il est privé de voyage pour les 10 prochaines années, a déclaré Me Cotler, qui est aussi ancien ministre fédéral de la Justice et fondateur du Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne.

Ce serait l’équivalent de poursuivre la punition à l’extérieur de la prison, avec la même douleur intense d’être privé de la présence de sa femme et de ses enfants, a affirmé Me Cotler.

Raif Badawi a été emprisonné en 2012 et condamné en 2014 à 10 ans de prison, 1000 coups de fouet et à une amende d’un million de riyals saoudiens pour avoir critiqué les autorités religieuses du pays. Il a reçu 50 coups de fouet en janvier 2015 lors d’une flagellation publique, mais il n’aurait plus été fouetté depuis.

M. Cotler a affirmé qu’il ne craignait pas de nouvelles flagellations pour son client, la Cour suprême saoudienne ayant interdit cette pratique en 2020.

« J’espère qu’il sera libéré comme prévu selon le calendrier islamique le 28 février. »— Une citation de  Ensaf Haidar, épouse de Raif Badawi

Sa femme, Ensaf Haidar, a fait le compte à rebours de la date de libération prévue sur son compte Twitter. Elle et les trois enfants du couple vivent à Sherbrooke, au Québec, depuis 2013.

L’emprisonnement de Raif Badawi a suscité une forte condamnation sur la scène internationale.

De nombreuses organisations gouvernementales ainsi que des groupes de défense ont exigé sa libération.

Selon Me Cotler, les écrits pour lesquels M. Badawi a été emprisonné, qui font la promotion des droits de la personne et de la démocratie, sont conformes aux réformes que le prince héritier Mohammed ben Salmane préconise depuis cinq ans, à savoir l’appel à une Arabie saoudite plus ouverte et à un islam plus modéré.

« À ce stade, je dirais qu’il est dans l’intérêt de l’Arabie saoudite de permettre sa libération et de le réunir avec sa famille. »— Une citation de  Irwin Cotler, avocat des droits de la personne

En d’autres termes, ce n’est pas seulement la chose juste à faire, mais en termes d’Arabie saoudite, il serait dans son propre intérêt politique, économique et national de le faire, a estimé Irwin Cotler.

L’année dernière, la Chambre des communes et le Sénat ont voté en faveur de l’utilisation par le ministre de l’Immigration de son pouvoir discrétionnaire pour accorder la citoyenneté canadienne à Raif Badawi, mais cela ne s’est pas encore produit.

Ottawa se dit préoccupé

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a déclaré dans un communiqué qu’il ne pouvait pas commenter spécifiquement le cas de M. Badawi, en raison de la protection de la vie privée.

Le gouvernement du Canada est très préoccupé par le cas de Raif Badawi en Arabie saoudite, a indiqué le ministère dans un courriel. Nous avons toujours plaidé en sa faveur et nous continuerons à utiliser toutes les occasions de le faire. Son bien-être est au cœur de nos préoccupations.

Me Cotler affirme qu’il a eu des discussions avec les ministres des Affaires étrangères et de l’Immigration au sujet de ce dossier. Il a ajouté que la citoyenneté canadienne permettrait au pays d’effectuer des démarches diplomatiques au nom de M. Badawi.

La section francophone canadienne d’Amnistie internationale a déclaré que, d’après les informations dont elle dispose, M. Badawi pourrait être libéré entre le 28 février et le 3 mars, ou en juin, selon le calendrier utilisé pour calculer sa peine.

Quoiqu’il en soit, ils espèrent que la libération interviendra bientôt, compte tenu de la libération d’autres dissidents l’année dernière à l’expiration de leur peine, dont la propre sœur de M. Badawi.

La décision appartient en dernier ressort au gouvernement saoudien, a déclaré la directrice de campagne pour l’organisation de défense des droits de la personne, Colette Lelièvre, ajoutant qu’il est important de maintenir la pression tant que M. Badawi n’est pas libéré et réuni avec sa famille.

Nous suivons la situation au jour le jour. Si nous voyons qu’il n’a pas été libéré la semaine prochaine, nous serons plus visibles sur la question, a précisé Mme Lelièvre. Même s’il est libéré, il y a d’autres conditions qu’il devra suivre, et malheureusement, il ne sera pas envoyé au Canada.

Avec La Presse canadienne