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Le Burkina Faso sous le choc après le rapt d’une cinquantaine de femmes

janvier 16, 2023

ALERTE. Elles ont été enlevées jeudi et vendredi par des djihadistes présumés à Arbinda, dans le nord. C’est le premier enlèvement de cette ampleur dans ce pays.

Depuis le debut des violences terroristes en 2015 au Burkina Faso, c'est la premiere fois que des femmes sont victimes d'enlevement. (Image d'illustration)
Depuis le début des violences terroristes en 2015 au Burkina Faso, c’est la première fois que des femmes sont victimes d’enlèvement. (Image d’illustration)© Philippe ROY / Aurimages via AFP

Les recherches sont toujours en cours pour retrouver une cinquantaine de femmes enlevées jeudi et vendredi dans deux localités au nord et à l’ouest de la commune d’Arbinda, située dans le nord du pays, par des djihadistes présumés. « Dès leur disparition signalée, des recherches ont été entreprises en vue de retrouver l’ensemble de ces victimes innocentes, saines et sauves », a précisé le lieutenant-colonel Rodolphe Sorgho, le gouverneur de la région du Sahel, dans un communiqué. « Tous les moyens sont mis en œuvre, sur le plan terrestre et aérien, pour retrouver ces femmes », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire, assurant que « des aéronefs survolent la zone pour détecter tout mouvement suspect ». 

Arbinda et ses environs sont régulièrement le théâtre d’attaques djihadistes meurtrières (80 morts en août 2021, 42 fin 2019). Mais des enlèvements d’une telle ampleur, en particulier visant des femmes, constituent une nouveauté au Burkina, selon plusieurs observateurs.

Ce que l’on sait

Selon le témoignage de plusieurs habitants et de responsables locaux souhaitant rester anonymes, un premier groupe d’une quarantaine de femmes a été enlevé jeudi, et un autre d’une vingtaine le lendemain. Certaines ont pu s’échapper et regagner leur village pour témoigner, une cinquantaine ne sont pas revenues. « Nous pensons que les ravisseurs les ont emmenées dans leurs différentes bases », a affirmé un habitant d’Arbinda. « C’est le premier enlèvement massif depuis le début de la crise sécuritaire et il faudra bien gérer cette situation pour éviter tout drame ou une récidive », a déclaré pour sa part un officier supérieur, proche de l’état-major.

Une ville sous blocus

La commune d’Arbinda se situe dans la région du Sahel, une zone sous blocus de groupes djihadistes et qui est difficilement ravitaillée en vivres. Près d’un million de personnes vivent actuellement dans des zones sous blocus, dans le nord ou l’est du pays, selon les Nations unies. Le Burkina Faso, en particulier dans sa moitié nord, est confronté depuis 2015 aux attaques de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique qui se multiplient. Elles ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés. Le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition issu d’un coup d’État militaire le 30 septembre – le deuxième en huit mois –, s’est donné pour objectif « la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes ».

Les enlèvements massifs, une nouvelle stratégie des groupes armés ?

« C’est la première fois qu’on voit un enlèvement de plusieurs dizaines de femmes. On avait enregistré des cas isolés, mais aujourd’hui c’est comme s’il y avait une nouvelle donne dans l’insécurité », abonde Daouda Diallo, secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés, une association de défense des droits de l’homme.

« Avant, les femmes étaient épargnées. Ce sont les hommes qui étaient traqués. Si on enlève maintenant ces femmes qui pouvaient sortir pour rapporter quelque chose à manger, que va-t-il se passer ? C’est la mort assurée pour tout le monde, car c’est la famine en ce moment. On n’a rien à manger », a expliqué un habitant d’Arbinda, joint lundi par l’AFP. « Depuis que l’information de l’enlèvement s’est propagée, personne n’ose s’aventurer hors de la ville. Si ce ne sont pas les terroristes, c’est la faim qui va nous tuer », ajoute un autre résident.

Lundi, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a exigé « la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les femmes enlevées », appelant les autorités burkinabées à « mener rapidement une enquête efficace, impartiale et indépendante pour identifier les responsables et leur demander de rendre des comptes ». 

La France a condamné lundi cet enlèvement « avec la plus grande fermeté », et a appelé « à leur libération immédiate ». Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, Paris a réaffirmé « sa solidarité ainsi que son engagement aux côtés du Burkina Faso ».

On se souvient qu’au Nigeria, en 2014, le groupe djihadiste Boko Haram avait enlevé près de 300 adolescentes à Chibok (Nord-Est), suscitant une émotion mondiale avec le slogan « Bring Back Our Girls » (« Ramenez-nous nos filles »), relayé à l’époque jusqu’à la Maison-Blanche. Plus de cent sont toujours portées disparues.

Par Le Point avec AFP

Des rumeurs sur WathsApp sur des rapts d’enfants déclenchent une vague d’agression en Inde

juin 27, 2018

Mohinidevi Nath montre la photo de sa cousine Shantadevi Nath, tuée par la foule qui l’avait prise pour une ravisseuse d’enfants, dans les environs d’Ahmedabad dans l’Etat indien du Gujarat, le 27 juin 2018n / © AFP / SAM PANTHAKY

La police indienne a appelé mercredi la population à ne pas croire les fausses rumeurs circulant sur WhatsApp au lendemain d’une vague d’agressions et de lynchages qui ont coûté la vie à une femme prise pour une ravisseuse d’enfants, dans ce pays où les « fake news » connaissent de plus en plus d’issues tragiques.

De fausses informations faisant état de centaines de trafiquants d’enfants au Gujarat ont déclenché cinq attaques mardi dans plusieurs villes de cet État de l’ouest de l’Inde. La fréquence de telles affaires s’accélère ces derniers temps dans cette nation d’Asie du Sud, qui dans sa modernisation adopte en masse les moyens de communication numériques.

La vague d’agressions a même poussé les forces de l’ordre du Gujarat à lancer un appel par communiqué: « Ne vous laissez pas emporter par les faux messages ou rumeurs sur les réseaux sociaux et n’attaquez personne en raison de suspicions ».

La messagerie américaine WhatsApp est un canal de communication extrêmement populaire en Inde et les rumeurs y prolifèrent hors de tout contrôle, aboutissant parfois à des lynchages. L’hystérie provoquée par des textos autour de prétendus « ravisseurs d’enfants » a d’ores et déjà coûté la vie à au moins 22 personnes en un an, d’après la presse indienne.

Mardi soir dans la grande ville gujaratie d’Ahmedabad, persuadé d’avoir affaire à l’un de ces « gangs », un attroupement d’une centaine de personnes s’en est ainsi pris à une mendiante de quarante-cinq ans, Shantadevi Nath, ainsi qu’à trois femmes qui se trouvaient avec elle.

« Les gens dans la foule ont matraqué à coups de poings et de pieds les quatre femmes. Certains les ont même frappées avec des bâtons et les ont tirées par les cheveux, causant de graves blessures à Shantadevi », a expliqué à l’AFP le responsable policier JA Rathwa.

Secourues par un agent en charge de la circulation, les victimes ont été transportées à l’hôpital où Shantadevi Nath a été déclarée morte.

Le même message viral, selon lequel des trafiquants étaient arrivés en nombre au Gujarat pour enlever des enfants dans le but de les vendre, a causé quatre autres épisodes de violences le même jour dans cette région industrialisée.

Dans la ville de Surate, une foule en majorité masculine a notamment amené de force une femme de 45 ans et le bébé qui l’accompagnait au poste de police. Ses accusateurs disaient que l’enfant avait été enlevé.

« Toutes deux ont été amenées au commissariat où il a été mis en évidence que c’était bien la fille et la mère », a cependant indiqué un responsable policier local aux médias indiens.

– Rumeur amplifiée –

Des applications pour des réseaux sociaux, dont WhatsApp, sur un smartphone à Chennai en Inde le 22 mars 2018 / © AFP/Archives / ARUN SANKAR

Les rumeurs meurtrières ne sont pas un phénomène nouveau en Inde, comme dans de nombreux autres pays du monde, mais leur émergence est facilitée par l’accélération et la démocratisation des moyens de communication numériques.

Surfant sur la guerre des prix des opérateurs de téléphonie mobile, les réseaux sociaux pénètrent désormais jusque dans les villages les plus reculés d’Inde. Propriété de Facebook, la messagerie Whatsapp compte plus de 200 millions d’utilisateurs actifs mensuels dans ce géant de 1,25 milliard d’habitants.

« Tout le monde utilise WhatsApp et c’est la meilleure plateforme pour diffuser des +fake news+ de nos jours car l’internet mobile ne coûte presque rien et tout le monde en Inde a accès à des smartphones », a expliqué à l’AFP Pankaj Jain, du site SMHoaxSlayer.

Face à ce fléau, les experts appellent à une éducation à l’information et au bon usage des plateformes en ligne. En effet, les rumeurs sont souvent prises pour argent comptant par des internautes indiens, voire par des médias locaux peu regardants sur l’exactitude.

Le chiffrement des messages sur WhatsApp, voulu par les fondateurs du réseau pour protéger la vie privée de leurs utilisateurs, fait qu’il est presque impossible de remonter à la source d’une rumeur.

La police indienne « devrait répondre à ces messages avec des clarifications rapides. Ils devraient utiliser toutes les plateformes pour contrer les informations » de ce type, a estimé Nikhil Pahwa, rédacteur en chef du site MediaNama.

S’il n’existe aucun programme centralisé en Inde de lutte contre les « fake news », quelques initiatives officielles localisées ont eu lieu de façon ponctuelle.

Au Tamil Nadu (sud) en mai, les autorités ont ainsi recouru à des hauts-parleurs pour mettre en garde la population contre les rumeurs. En Uttar Pradesh (nord), la police utilise elle-même WhatsApp pour propager de courts messages vidéos.

Romandie.com avec(©AFP / 27 juin 2018 15h43)

USA: arrestation d’un professeur accusé d’avoir kidnappé son élève lycéenne

avril 20, 2017

Los Angeles – Un professeur du Tennessee, dans le sud des Etats-Unis, a été arrêté jeudi à l’autre bout du pays, en Californie, accusé d’avoir enlevé l’une de ses élèves âgée de 15 ans, retrouvée avec lui saine et sauve.

Tad Cummins, 50 ans, a été interpelé jeudi à l’aube après une chasse à l’homme nationale, sans opposer de résistance. Il était recherché depuis sa disparition le 13 mars tout comme l’adolescente, Elizabeth Thomas.

Des agents du bureau des enquêtes du Tennessee (TBI) ont été dépêchés en Californie pour ramener la jeune fille chez elle.

La présence du duo avait été signalée aux autorités mercredi soir à Cecilville, dans un endroit reculé du comté de Siskiyou, dans l’ouest des Etats-Unis, d’après le TBI.

M. Cummins, accusé d’enlèvement aggravé et d’attouchements sexuels sur mineure, a été retrouvé après que de « bons citoyens » eurent reconnu le signalement de son 4×4 Nissan Rogue – largement diffusé par les autorités -, alertés par l’absence de plaque d’immatriculation.

La photo de l’enseignant grisonnant portant barbe et lunettes et de l’adolescente rousse aux cheveux mi-longs et portant également des lunettes avait également circulé dans les médias.

« Nous avons mobilisé la nation entière (…), personne ne peut se cacher face à tant de millions de personnes », a déclaré le chef du TBI, Mark Gwyn, lors d’une conférence de presse.

« Nos analystes du renseignement et agents ont travaillé sans relâche » et « ont étudié plus de 1.500 possibles pistes » venues du pays entier, a insisté M. Gwyn dans un communiqué.

M. Cummins enseignait dans un lycée du Tennessee d’où il avait été renvoyé pour « comportement déplacé » avec l’élève de seconde.

Dans un communiqué le mois dernier, M. Gwyn avait révélé que, selon l’enquête, le quinquagénaire « semblait avoir abusé de son rôle de professeur (…) pour attirer et exploiter sexuellement la jeune fille vulnérable ».

Environ un mois avant la disparition de la jeune fille, un étudiant avait vu l’enseignant et l’adolescente s’embrasser et l’avait dit aux dirigeants de l’établissement, d’après le quotidien The Tennessean, citant les responsables scolaires.

Avant leur disparition, M. Cummins avait fait des recherches en ligne sur le thème du mariage chez les adolescents et avait aussi tenté de déterminer si les caractéristiques de son véhicule permettaient de le géolocaliser.

Un avocat cité par la BBC affirme qu’il « n’y a pas de mots (…) pour décrire le niveau de soulagement et de joie ressentis par la famille Thomas ».

Jill Cummins, la femme de l’enseignant détenu sans possibilité de libération sous caution, a confié à la chaîne ABC qu’elle avait déposé une demande de divorce après un mariage d’une trentaine d’années: « Il était mon meilleur ami », c’était « le mariage parfait », « nous avions tout ce que nous avions toujours voulu, deux beaux enfants, de beaux petits-enfants, et je pensais vraiment qu’il m’aimait ».

Jill Cummins a également confié qu’elle connaissait Elizabeth Thomas, que son mari et elle l’emmenaient parfois à l’église: « Je l’appelais notre troisième fille parfois ».

Romandie.com avec(©AFP / 21 avril 2017 01h28)

Un humanitaire américain enlevé au Niger, deux personnes tuées pendant le rapt

octobre 14, 2016

Niamey – Un travailleur humanitaire américain a été enlevé vendredi soir à Abalak, une préfecture de la région de Tahoua à 350 km au nord-est de Niamey, où deux personnes ont été tuées pendant le rapt, selon une source sécuritaire.

Un Américain travaillant pour une ONG a été enlevé ce vendredi vers 21H00 locale (20H00 GMT) à Abalak. Il est trop tôt pour déterminer l’identité des ravisseurs qui sont repartis vers le Mali. Les autorités ont déclenché une alerte maximum dans la zone, a déclaré cette source à l’AFP sous couvert de l’anonymat.

Au moins deux personnes ont été tuées lors de la fusillade précédant l’enlèvement, a ajouté la source sécuritaire. Elle a indiqué que les victimes étaient probablement des Nigériens, précisant que cette information demandait à être confirmée.

Des poursuites sont engagées. Toutes les voies menant au Mali sont surveillées, a assuré cette source.

C’est la première fois qu’un ressortissant américain est enlevé au Niger. Un porte-parole du département d’Etat américain a indiqué à l’AFP être au courant d’informations de presse sur l’enlèvement d’un citoyen américain au Niger, mais n’a pas souhaité faire plus de commentaire.

En janvier 2011, deux jeunes Français avaient été kidnappés dans un restaurant de Niamey et tués quelques heures plus tard, lors d’une tentative d’intercepter leurs ravisseurs.

Cinq employés du géant français du nucléaire Areva avaient été enlevés en 2010 par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur le site de la mine d’uranium d’Arlit (nord du Niger). Les quatre hommes avaient été libérés en 2013, alors que la femme avait été libéré début 2011.

La région de Tahoua, où a été capturé l’Américain, est instable. Le 7 octobre, 22 soldats nigériens y avaient péri lors d’une attaque d’hommes armés venus du Mali contre un site de réfugiés maliens à Tazalit. Trois soldats avaient aussi été blessés, selon l’armée nigérienne.

Le Niger a déployé, pour empêcher l’infiltration de groupes armés, un important contingent le long de son énorme frontière avec le Mali, théâtre de plusieurs attaques. Sur le plan diplomatique, Niamey ne cesse de réclamer une résolution du conflit au Mali.

Régler le problème de la sécurité au Mali, c’est également régler le problème de la sécurité au Niger, avait notamment déclaré le président nigérien Mahamadou Issoufou le 10 octobre lors d’une visite de la chancelière allemande Angela Merkel.

Le Niger doit aussi faire face, dans le Sud-Est, aux attaques incessantes des islamistes nigérians de Boko Haram.

Romandie.com avec(©AFP / 15 octobre 2016 05h18)

Dans un village burkinabè, le rapt coutumier des petites écolières

août 19, 2016
Dans la classe de Yonli Bapougouni, le pupitre vacant où Taladi s’asseyait avant d’être enlevée. Crédits : Matteo Maillard
Yonli Bapougouni a compris dès le seuil franchi que quelque chose ne tournait pas rond. Le calme inhabituel de ses 33 élèves. Leurs yeux écarquillés. Surtout ce pupitre vide à la première rangée de sa classe de CM2. L’enseignant a commencé l’appel, avant d’être interrompu. « Monsieur, vous ne voyez pas qu’il manque Taladi ? », a lancé une jeune fille en se levant. « Oui je le vois bien, où est-elle ? », a répondu Yonli. « Monsieur, elle a été enlevée cette nuit. »

Aujourd’hui, 16 mai 2016, cela fait deux semaines que Taladi Combary, 14 ans, est portée disparue. Pourtant dans son village de Potiamanga à 10 km de Fada N’Gourma, capitale de la région Est du Burkina Faso, son absence ne couve aucun mystère. Tout le monde sait qu’elle est la victime d’un rapt coutumier.

« Cette pratique consiste à enlever une jeune fille vierge à sa famille et la mettre enceinte pour forcer un mariage, explique Kamimana Singbeogo, directeur provincial de l’éducation nationale et de l’alphabétisation de Fada N’Gourma. C’est un acte barbare aux conséquences terribles sur les plans psychologique, physique et social. »

Les filles scolarisées, premières victimes des rapts

Retenues prisonnières des semaines, des mois voire des années, les victimes sont violées par leur ravisseur. « Quand il se décide enfin à rendre la fille, les parents ont souvent honte de la reprendre, poursuit M. Singbeogo. Une fille enlevée qui a perdu sa virginité ne trouvera pas d’époux. Alors pour éviter le déshonneur de la famille, ils acceptent le mariage avec le ravisseur. La fille devient une mère et quitte l’école. Parfois on ne la revoit jamais. »

Deux mois et 4 000 km de route le long de ce « combat pour la vie »: la santé maternelle et infantile en Afrique de l’Ouest.

Deux mois et 4 000 km de route le long de ce « combat pour la vie »: la santé maternelle et infantile en Afrique de l’Ouest. Crédits : LE MONDE

Au Burkina Faso, le rapt est une pratique ancienne qui touche surtout les zones rurales. Dans la province de Gourma, 16 cas de rapt ont été répertoriés pour l’année 2014-2015. « Cette tradition est encore très présente chez les ethnies Mossi et Gourmantché dans l’est du pays mais on la retrouve aussi dans d’autres régions et peuples », précise M. Singbeogo. Elle est souvent le fait de jeunes hommes de plus de vingt ans, peu instruits, qui « voient d’un mauvais œil l’éducation des filles, poursuit-il. Ils ont peur qu’elles prennent leur indépendance car dans le milieu rural, école rime avec émancipation. Laisser leurs futures épouses à l’école signifie ne plus pouvoir les dominer ».

C’est après l’école que Taladi a été kidnappée par le cousin de son père, âgé d’une cinquantaine d’années, Ahadi Combary. Il lui a tendu une embuscade avec un complice, de la famille lui aussi. La nuit tombée, elle est sortie de la maison pour se soulager. Ils lui sont tombés dessus. Ahadi l’a chargée à l’arrière de sa moto et a démarré à travers champs. Le père de Taladi labourait. Il n’a rien pu faire.

Koagdia Combary, le père de Taladi dans sa case en périphérie du village de Potiamanga.

Koagdia Combary, le père de Taladi dans sa case en périphérie du village de Potiamanga. Crédits : Matteo Maillard

Rongé de remords, il se tient aujourd’hui à l’ombre d’un arbre. Koagdia Combary a la soixantaine, étique, peau poussiéreuse et chemise trouée. Son long corps tangue un peu mais garde une dignité raide. C’est la deuxième fille qu’on lui enlève mais la première fois que l’acte est perpétré par des membres de sa famille. « Quand on te voit comme un moins que rien, on se permet de te faire des choses horribles, c’est écœurant », lâche-t-il le regard furieux, en direction des deux frères du ravisseur pourtant venus témoigner en sa faveur.

Lire aussi : Lauran, avocat des femmes

Impunité

Les ravisseurs visent souvent les familles les plus pauvres. Celles qui n’auront ni les moyens financiers de les poursuivre en justice ni les forces vives pour une opposition physique. Et sur les six enfants de Koagdia, le seul garçon qui aurait pu défendre sa sœur est un adolescent frêle et farouche qui se cache derrière l’arbre.

« Il arrive souvent que les ravisseurs soient des proches de la victime, avance M. Singbeogo. Des membres de la communauté, d’un village voisin ou comme dans ce cas, la famille élargie. » Diassibo et Dapoudi Combary, 32 et 47 ans, sont les deux petits frères du ravisseur. Ils sont venus s’excuser de l’attitude de leur aîné, le regard penaud. Ce n’est pas le premier forfait d’Ahadi. Il y a quelques années, il avait déjà enlevé une fille de Fada N’Gourma. Ils avaient réussi à le convaincre de la rendre rapidement.

Diassibo et Dapoudi, les deux petits frères du ravisseur, devant sa maison. Ce dernier a abandonné mère, femme et enfants pour fuir avec Taladi.

Diassibo et Dapoudi, les deux petits frères du ravisseur, devant sa maison. Ce dernier a abandonné mère, femme et enfants pour fuir avec Taladi. Crédits : Matteo Maillard

Mais cette fois-ci, il semble plus décidé. Ils sont allés le voir dans la case où il s’était retranché. Une bagarre a éclaté. Ahadi a menacé ses frères de mort s’ils essayaient de lui enlever celle-ci. « Nous ne voulons pas prendre le risque, disent-ils. Nous aussi avons des épouses et des enfants à protéger. » Ahadi a changé de planque. Personne ne sait où il a emmené Taladi.

Deux semaines qu’il a déguerpi de sa maison. Un cube en briques, situé à 50 m de l’école, « presque dans le domaine scolaire », précise Dominique Ouoba, le directeur de l’établissement. Là réside la mère du ravisseur et ses deux filles. Son épouse est à l’hôpital, enceinte, elle s’occupe aussi de leur fils malade. Les enquêteurs ont appris qu’elle était au courant que son mari tournait autour de Taladi. Il l’avait déjà amenée à la maison. Mais elle ne pouvait rien dire, « de peur que ça soit pris pour de la jalousie par les voisins », explique M. Ouoba. Dans un milieu polygame, ne pas vouloir de co-épouse, même très jeune, serait mal vu.

L’école de Taladi et à 50 m, au fond, la maison de son ravisseur.

L’école de Taladi et à 50 m, au fond, la maison de son ravisseur. Crédits : Matteo Maillard

Mariées à leur ravisseur

A vingt kilomètres de là, dans le village de Noirangou, deux jeunes filles ont recouvré leur liberté. Samira* 14 ans et Farida* 15 ans ont été enlevées l’année passée. Le même mode opératoire. Deux hommes à moto les ont interceptées. L’une allait au puits, l’autre était sur le chemin de l’école. Elles ont eu beau se débattre et hurler, « les femmes étaient au marché, les hommes au champ », glisse Samira d’une voix éteinte. « Personne ne nous a entendus. »

Lire aussi : Prendre une femme au Mali et la fuite en France

Elle a passé 4 mois enfermée dans une chambre. « Il m’a dit qu’il voulait faire de moi sa femme, j’ai refusé, il a insisté sans jamais me frapper », confie-t-elle, évitant par pudeur de mentionner les viols. Plusieurs fois elle a tenté de fuir mais dans cet environnement inconnu, elle s’est perdue et on l’a rattrapée. Après l’avoir mise enceinte, le ravisseur l’a libérée. « Mon père était fâché contre lui et contre moi. Ma mère a voulu que je revienne à l’école. Je le voulais mais je n’ai pas pu. J’avais peur que mes camarades se moquent. J’avais honte. »

La mère de Taladi devant la hutte familial.

La mère de Taladi devant la hutte familial. Crédits : Matteo Maillard

Farida, elle, a passé 6 mois en détention. Elle connaissait son ravisseur de vue, « un garçon du village qui ne m’avait jamais parlé », dit-elle. Après sa libération, elle non plus n’est pas retournée à l’école. Ses parents ont dû accepter silencieusement la situation pour préserver « l’harmonie de la communauté », révèle le père. C’était une demande des sages du village : accepter de se taire, accepter cette union, en échange de 70 000 francs CFA (106 euros).

« Je n’ai pas pu faire autrement, je risquais de tout perdre, se désole-t-il. Ma fille n’aurait jamais trouvé de mari, nous aurions été conspués par la population, déshonorés, obligés de partir… Je leur en veux beaucoup. Ils ont pris la seule de mes deux filles qui était à l’école. Ils ont volé sa jeunesse et notre avenir. »

Il jure pourtant avoir « mené une guerre », contre les ravisseurs qui ont finalement été arrêtés par la gendarmerie. Quelques mois de prison, puis libérés. « La loi qui pénalise le rapt n’est pas très sévère », admet M. Singbeogo. Les accords et les punitions se font généralement entre familles dans les milieux ruraux car les juges craignent de froisser les traditions. « Ici la loi est vue comme pouvant casser le tissu social », conclut-il.

Aujourd’hui, Samira et Farida sont mères. Elles ont quitté le foyer familial pour vivre avec leur mari-ravisseur, des analphabètes pour qui elles doivent tout faire, jusqu’à composer les numéros de téléphone sur leurs portables. Nous souhaiterions les rencontrer. Farida se mure dans le silence. Samira détourne la tête. Pour elles, le risque est trop grand.

Nigeria : des centaines d’enfants à nouveau enlevés par Boko Haram

mars 25, 2015

Des soldats nigérians au camp de Kabalewa.
Des soldats nigérians au camp de Kabalewa. © Olatunji Omirin/AFP

Si les informations restent encore confuses sur le rapt, de nombreux témoignages font état d’un nouvel enlèvement massif dans le nord du Nigeria.

Avant de quitter la ville de Damasak, dans le nord du Nigeria, les combattants de Boko Haram ont enlevé des centaines d’enfants, ont affirmé les habitants. Pour l’heure, la confusion règne sur l’identité des victimes et sur l’ampleur du rapt.

Selon l’AFP, l’enlèvement concernerait entre 400 femmes et enfants. D’après la BBC, qui cite également les habitants de Damasak, reconquise par l’armée il y a une dizaine de jours, près de 500 enfants âgés de 11 ans et moins auraient été kidnappés par Boko Haram.

« Ils en ont tué environ 50 avant de partir »

Des disparitions ont été confirmées par un commandant de la force tchado-nigérienne à Damasak. Selon lui, entre 400 et 500 femmes et enfants manqueraient à l’appel, a-t-il indiqué à l’AFP. « Ils ont pris 506 jeunes femmes et enfants. Ils en ont tué environ 50 d’entre eux avant de partir », a également précisé Souleymane Ali, un habitant de la ville située à quelques kilomètres de la frontière tchadienne.

Cet enlèvement massif ne surprend pas Maina Maaji Lawan, sénateur de l’Etat de Borno, au nord du pays. Ce dernier a assuré à la BBC que des enlèvements comme celui de Damasak arrivaient fréquemment et concernaient des centaines d’enfants. « Les plus jeunes vont dans les écoles, et les hommes entre 16 et 25 ans sont endoctrinés pour leurs horribles missions », a déclaré le sénateur.

Le groupe terroriste, affilié depuis début mars à l’Etat islamique, avait suscité l’indignation mondiale après un autre enlèvement massif, commis en avril 2014 à l’encontre de plus de 200 lycéennes. Le slogan « Bring Back Our Girls », avait alors fait le tour du monde pour réclamer leur libération. Sans succès.

Jeuneafrique.com avec AFP

Elle tue une femme enceinte pour voler son foetus

octobre 11, 2011

Elle voulait faire croire que l’enfant était le sien. Annette Rodriguez, habitante du Wisconsin, au nord des Etats-Unis, est soupçonnée d’avoir tué une jeune femme enceinte de 23 ans, ainsi que son bébé. Elle a été arrêtée par la police de la ville de Milwaukee, qui a indiqué que  » le rapt de foetus est quelque chose de rare, mais malheureusement cela semble être le cas dans cette affaire « .

Annette Rodriguez serait partie jeudi dernier à la recherche d’une femme enceinte, selon le site Internet du quotidien Milwaukee Sentinel, qui cite un rapport de la police. La femme aurait alors rencontré Marita Ramirez et lui aurait proposé de la ramener chez elle en voiture. Après avoir acheté des médicaments, Annette Rodriguez se serait arrêtée à son domicile, pour permettre à la jeune femme enceinte d’aller aux toilettes.

Elle appelle les urgences pour réanimer le bébé

D’après le site Internet, l’habitante de Milwaukee aurait étranglé Marita Ramirez, après lui avoir donné des coups. Selon les déclarations d’Annette Rodriguez à la police, elle aurait ensuite tenté de lui pratiquer une césarienne, telle qu’elle en avait vue sur la chaîne Discovery Channel. Le journal local précise que la femme aurait ensuite appelé les urgences, disant avoir accouché mais que le bébé ne respirait pas. Le Milwaukee Sentinel ajoute que la police est ensuite revenue au domicile d’Annette Rodriguez, après qu’une autopsie a été réalisée sur le bébé : elle a alors découvert le corps de la jeune femme enceinte au sous-sol.

Elle.fr

Abidjan: hommage au Français Yves Lambelin, tué après son rapt au Novotel

juillet 1, 2011

ABIDJAN – Un hommage a été rendu vendredi à Abidjan au Français Yves Lambelin, patron du groupe privé Sifca, tué après avoir été enlevé le 4 avril avec trois autres personnes au Novotel par des militaires fidèles à l`ex-président Laurent Gbagbo, a constaté une journaliste de l`AFP.

Plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées dans un stade du quartier chic de Cocody pour une cérémonie empreinte d`émotion, entre témoignages et musiques.

Des membres de sa famille et du personnel de Sifca étaient présents, de même que le ministre de la Justice Jeannot Kouadio Ahoussou et le président de la Commission « Vérité, dialogue et réconciliation », Charles Konan Banny.

Jean-Louis Billon, à la tête de Sifca, a dressé le portrait d`un ingénieur arrivé en Côte d`Ivoire en 1976, et qui « a passé 33 ans au service du groupe » (25.000 employés), en faisant un acteur majeur de l`agro-industrie.

« Sa disparition est révoltante, incompréhensible et injuste », « lui qui a tant fait pour ce pays », a-t-il lancé.
Après la levée de corps samedi, la dépouille devait être rapatriée en France.

Yves Lambelin avait été enlevé avec un autre Français, Stéphane Frantz di Rippel, directeur du Novotel, son assistant béninois Raoul Adeossi et le Malaisien Chelliah Pandian, directeur général de Sania, filiale de Sifca.

Abidjan était alors en proie aux combats entre forces de Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril, et celles d`Alassane Ouattara, investi chef de l`Etat le 21 mai après des mois de crise post-électorale.

Neuf personnes ont été inculpées pour « enlèvement, séquestration et assassinat », a indiqué vendredi le procureur d`Abidjan, Simplice Kouadio Koffi, lors d`une conférence de presse.

Il s`agit de quatre miliciens, quatre militaires de la Garde républicaine et d`un commissaire de police.
Yves Lambelin et ses trois compagnons avaient été conduits au palais présidentiel, où ils avaient été torturés et tués avant d`être jetés dans la lagune, selon les enquêteurs ivoiriens.

Le corps d`Yves Lambelin est le seul formellement identifié, la mort des trois autres victimes ayant été établie sur la base de témoignages et d`indices.

AFP

Exclusif – Côte d’Ivoire : les ossements repêchés sont ceux d’Yves Lambelin

juin 10, 2011

Selon l’expertise française des ossements retrouvés à Abidjan, c’est bien le corps de Yves Lambelin qui a été identifié et non celui de Stéphane Frantz di Rippel. Le témoignage des supects arrêtés dans cette affaire fait état de l’exécution des quatre expatriés enlevés au Novotel en avril par des hommes en armes.

Les ossements repêchés à Abidjan le 31 mai dernier ne sont pas ceux de à Stéphane Frantz di Rippel, comme la plupart des médias – dont jeuneafrique.com – l’avaient annoncé. Selon des sources proches du dossier de l’enquête sur le rapt de quatre expatriés au Novotel d’Abidjan le 4 avril dernier, les expertises françaises menées à Bordeaux du ou des dépouilles retrouvées ont permis d’identifier avec certitude les restes du corps de Yves Lambelin, président français de la société ivoirienne Sifca.

Les expertises menées du côté ivoirien ne sont pas encore connues et les recherches des corps des trois autres personnes kidnappées continuent. Il s’agit du Français Stéphane Frantz di Rippel, le directeur du Novotel, du Malaisien Chelliah Pandian, directeur général de Sania, filiale du groupe Sifca, et du Béninois, Raoul Adeossi, assistant de M. Lambelin. Selon l’enquête menée en Côte d’Ivoire, leur piste s’arrêterait « aux portes de la présidence » qu’occupait Laurent Gbagbo, a déclaré le 29 mai le nouveau président Alassane Ouattara, dimanche dernier.

Exécutés le jour de leur enlèvement

« Certaines personnes ont été arrêtées : des miliciens qui ont été en contact avec ces quatre personnes. Leurs interrogatoires se poursuivent et nous continuons d’espérer », avait ajouté Ouattara. Apparemment les suspects ont avoué, selon une source proche de l’enquête : les quatre victimes auraient été exécutées par la même personne vers 18 heures le jour même de leur enlèvement.

C’est grâce à un pêcheur, qui, par hasard, a vu des hommes en armes jeter des sacs dans la lagune d’Abidjan et a aussitôt donné l’alerte, que le ou les corps sans vie ont été retrouvés, le 31 mai. Selon son témoignage, la scène s’est déroulée quelques jours après l’enlèvement, le 4 avril.

Jeuneafrique.com avec Beaudelaire Mieu