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RDC-Disparition: Saak Saakul, la voix grave du Trio Madjesi s’est éteinte

mars 21, 2023

Le chanteur congolais du groupe Sosoliso, une des stars de la musique congolaise des années 1970 – 1980, a rendu l’âme à Paris, à l’âge de 80 ans. Demarko Saakul, son fils, a annoncé sur Facebook que le triste événement endeuillant sa famille est intervenu la matinée du 19 mars dans la capitale française.

Saak Saakul est décédé à Paris à l’âge de 80 ans (DR)

1-Saak Saakul est décédé à Paris à l’âge de 80 ans /DR

Fils du guitariste Jean-Baptiste Sinuku, connu sous le pseudonyme Saak Saakul, Sinuku Tshekabu était le Zaïrois à l’époque du célèbre Trio Madjesi qu’il formait avec le Brazzavillois Loko Massengo, alias Djeskain, et l’Angolais Mario Matadidi, dit Buana Kitoko. Le nom Madjesi est un acronyme né de la contraction des premières syllabes des trois chanteurs, à savoir Ma de Mario, Dje de Djeskain et Si de Sinatra, l’autre pseudonyme de Saak Saakul. Mario était la voix ténor, Djeskain la seconde et Sinatra, la grave.

Les trois fougueux chanteurs de l’orchestre Sosoliso ont marqué la scène internationale en seulement six ans d’existence. En effet, avec un répertoire musical varié, ils ont sorti près d’une trentaine d’albums, des disques 45 tours et ont tourné dans plusieurs pays d’Afrique et du monde de 1972 à leur scission en 1978. Dans une arène musicale dominée par leurs aînés, notamment Tabu Ley Rochereau, Franco et son TP OK Jazz sans oublier Verckys Kiamwangana Mateta, fondateur et patron de l’orchestre VéVé dont le trio était issu au départ, les jeunes chanteurs se sont affirmés. Ils y parviennent habilement en sortant des sentiers battus. Se démarquant de la tendance générale du moment, la rumba, ils y mêlent des rythmes très jazzy. Mais ils ne s’arrêtent pas là ! Tenues excentriques, coiffures originales à la James Brown et Bob Marley et exécutant des pas de danses entraînants, ils offrent au public des scénarios comparables aux groupes Disco et Soul des Etats-Unis d’Amérique. Cette formule fait grand effet. Le groupe gagne très vite en célébrité et se produit dans les plus grandes salles de Kinshasa, y compris le fameux Studio Mama Angebi de la voix du Zaïre, la « Radio-Télévision nationale congolaise » .Saak Saakul du temps du Trio Madjesi (DR)

2- Le musicien du temps du Trio Madjesi

Des foules, des morts

La magie opère chaque fois avec le Trio Madjesi qui, à chaque concert, qu’importe le lieu où il est livré, salles de spectacle, stades et même églises, draine des foules. Le même scénario se produit sur l’ensemble du territoire congolais, zaïrois à l’époque. Ainsi, chaque production du Trio Madjesi est un vrai défi sécuritaire. Les forces de l’ordre ont grand peine à gérer l’hystérie collective provoquée par les chanteurs. Le pire finit par se produire lors de leur retour d’une tournée africaine qui fut un grand succès à l’image de celui qu’ils connaissaient déjà à Kinshasa. Et donc, pour cette fois, les fans sont si nombreux et surexcités qu’ils font s’effondrer le toit de l’église à partir duquel plusieurs assistent au concert. Le bilan est lourd, l’on dénombre cinquante morts. L’on apprend du reste que ce triste tableau, des toits d’édifices qui s’effondrent, s’est répété à maintes reprises avec à la clé des centaines de morts.

Trio au succès aussi fabuleux qu’éphémère, le groupe a pris part au Festival Zaïre 74 organisé par le président Mobutu Sese Seko et le prometteur Don King. A l’instar de James Brown et d’autres artistes congolais Tabu Ley et aussi le TP OK Jazz, il a été à l’affiche de l’événement tenu en marge du combat du siècle qui opposa Mohammed Ali à George Foreman.

Soulignons que le Trio Madjesi qui était passé maître dans l’art du show avait en son temps inspiré plusieurs groupes. L’on cite notamment Stukas Mombombo du showman Lita Bembo, Yoka Lokole, Isifi Lokole, Viva la Musica de Papa Wemba ainsi que l’Empire Bakuba de Pepe Kallé.

Avec Adiac-Congo par Nioni Masela

Situation sécuritaire à l’Est : le processus de paix de Luanda au menu des entretiens entre Tshisekedi et Lourenço

mars 20, 2023

Vingt-quatre heures après l’approbation à l’unanimité par le Parlement angolais de l’envoi d’un contingent militaire à l’est de la République démocratique du Congo, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a rencontré, le 18 mars, à Luanda son homologue João Lourenço.

La rencontre en tête-à-tête pendant plus de deux heures au Palais présidentiel de la Cidade Alta a permis aux présidents Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et Joâo Lourenço  d’évaluer le processus de paix dit de Luanda que ce dernier en qualité de médiateur désigné par l’Union africaine. A ce titre, le président angolais avait reçu le mandat de ses pairs au cours de la dernière assemblée générale annuelle de l’Union africaine de notifier aux rebelles terroristes du M23, appuyés par le Rwanda, toutes les décisions et recommandations les concernant, notamment l’arrêt des hostilités, leur cantonnement ainsi que leur retrait du territoire congolais.

Les deux chefs d’Etat n’ont pas communiqué sur les détails de leur entretien à huis clos. Toutefois, dans leur entourage respectif, l’on affirme que les détails opérationnels du contingent angolais de cinq cents combattants ainsi que la suite du processus ont été largement évoqués. Les unités spéciales des Forces armées angolaises (FAA), rappele-t-on, sont très redoutées pour leur combativité. Appelées en renfort en 1998 dans le cadre de la Communauté de développement de l’Afrique australe, elles avaient réussi à mettre en déroute les troupes rwandaises qui avaient attaqué la ville de Kinshasa après leurs raids sur la base de Kitona. Cette fois, les FAA sont sollicitées pour une mission de maintien de la paix dans le processus de cantonnement des éléments terroristes du M23 et leurs alliés du RDF. Après cette visite éclair de quelques heures à Luanda, le président Félix Tshisekedi a regagné Kinshasa en début de soirée.

Avec Adiac-Congo par Alain Diasso

Le Parlement angolais a voté l’envoi de 500 soldats en RDC

mars 18, 2023

Après l’échec du cessez-le-feu entre les FARDC et le M23, que Luanda avait contribué à négocier, les députés angolais ont donné le feu vert à la mission d’un contingent en RDC.

Des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en patrouille en octobre 2018 en RDC. © afp.com – JOHN WESSELS

Le Parlement angolais a donné le feu vert, vendredi 17 mars, à l’envoi d’environ 500 soldats en RDC, après que le dernier cessez-le-feu   annoncé entre les FARDC et le M23, que Luanda avait contribué à négocier, n’a pas été respecté, la semaine dernière. Les députés ont formellement approuvé, par un vote à l’unanimité lors d’une session extraordinaire retransmise en direct à la télévision, la décision annoncée samedi par la présidence.

« La mission des forces armées angolaises n’impliquera pas d’opérations de combat », a déclaré le ministre d’État et chef de la Maison de sécurité, le général Francisco Furtado, après le vote. Il s’agit « uniquement de superviser le processus de dissolution, de désarmement et de réintégration des forces du M23 », a-t-il poursuivi.

Rôle de médiateur

L’Angola joue un rôle de médiateur dans le conflit qui oppose les force armées de la RDC et le M23. Les soldats angolais ne viennent pas « pour attaquer, mais pour vérifier comment les choses se passent », a assuré en début de semaine le chef de la diplomatie congolaise. Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, est attendu ce samedi à Luanda pour une visite de travail, selon la présidence angolaise.

Ce vote intervient alors que des rebelles du M23 se sont retirés ces derniers jours de plusieurs localités de l’est de la RDC, selon des sources civiles et militaires constatant prudemment une accalmie dans les combats.

En 2012, le groupe rebelle s’est brièvement emparé de Goma avant d’être chassé par une offensive conjointe des forces du Congo et de l’ONU. Mais les combats ont repris fin 2021 après que le M23 a accusé le gouvernement de Kinshasa de ne pas respecter son engagement d’intégrer ses combattants à l’armée régulière. Plusieurs pays de la région ont déployé une force conjointe visant à stabiliser la zone.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

RDC-Derniers hommages : une journée consacrée à Damien Pwono au Musée de Kinshasa

mars 16, 2023

L’Institut national des arts (INA) organise, le 18 mars, une cérémonie académique en mémoire de son regretté directeur général décédé  le  7 mars, à Pittsburgh, en Pennsylvanie.

Le programme des obsèques du Dr Damien Pwono aux États-Unis (DR)

Le programme des obsèques du Dr Damien Pwono aux États-Unis /DR

De nombreuses délégations et personnalités de la ville et étrangères sont attendues la matinée du 18 mars au Musée de Kinshasa. Quant à la cérémonie officielle d’hommage au Dr Damien Pwono Mandondo, elle débutera à 13h00 avec une procession dans l’enceinte du site. Le comité de gestion, les professeurs, les autorités décanales, le personnel scientifique et administratif le feront au pas d’une animation musicale orchestrée par l’INA. Il s’ensuivra une projection de témoignages glanés à travers le monde en prélude à l’hommage académique. Il sera clos par le témoignage du directeur général honoraire de l’INA, en l’occurrence le Pr Yola Lye Mudaba. Un intermède musical fera une transition entre ce premier moment et les témoignages successifs du ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Nzangi, du personnel de l’INA et de la coordination des étudiants de cet institut.

Un intermède théâtral est censé faire le pont entre cette première partie essentiellement académique organisée en une heure et la seconde qui sera animée par la grande famille du regretté directeur général résidant à Kinshasa. En effet, l’INA renseigne que cette dernière va entrer en danse à partir de 14h30. Les témoignages respectifs des amis et de la famille seront suivis d’un intermède musical qui donnera le ton de la fin de la cérémonie du jour à 15h30.

L’INA informe que le programme de la journée comprend un second moment fort. Pour ce faire,  la première étape organisée en présentiel à Kinshasa achevée, toute l’assistance assistera aux obsèques organisée aux États-Unis par visioconférence. Ainsi, c’est à partir de 15h 35 que sera établie une connexion permettant de suivre la cérémonie de Pittsburgh en direct, fait-on savoir.

Célébration de la vie d’un grand homme

Il est bon de souligner que la famille vivant aux États-Unis, de son côté, commence son programme funéraire ce 17 mars à partir de 15h00, heure de Pittsburgh. Pour cela, elle a invité ses amis et connaissances à « La célébration de la vie » de leur cher « bien-aimé mari, père, fils et frère » disparu. La première partie consistera à s’incliner devant la dépouille. Elle devrait durer quatre heures, soit de 15h00 à 19h00. Puis, l’on procèdera, à partir de 19h15, à la cérémonie proprement dite qui est désignée de la sorte : « Hommage et célébration de la vie d’un grand homme ». Tout le reste de la nuit sera meublé par un hommage évangélique ponctué par des chants congolais. Ce, à partir de 21h30.

En ce qui concerne le service funéraire auquel Kinshasa assistera en ligne, il débutera à 10h00, heure de de Pittsburgh, à la Saint-Jude Parish – Sacred Heart Church. L’office de l’Eglise catholique sera suivi de l’inhumation au cimetière Allegheny (Allegheny Cemetery), l’un des plus grands et des plus anciens lieux de sépulture de la ville pennsylvanienne. Tout comme à Kinshasa, le cocktail servi à la suite de l’enterrement marquera le clou de la longue journée. Dans la capitale congolaise, il débutera à 9h30 en musique, dans la méditation.

Avec Adiac-Congo par Nioni Masela

RDC-Disparition : Lokassa ya Mbongo a tiré sa révérence

mars 15, 2023

Virtuose de la guitare rythmique dont il avait commencé à gratter les cordes depuis ses 14 ans, le musicien congolais Lokassa ya Mbongo, né en 1946, immortalisé dans plusieurs chansons des stars congolaises, est décédé le 15 mars aux États-Unis à l’âge de 77 ans.

L’album Bonne Année de Lokassa ya M’bongo, African All stars (DR)

1-L’album « Bonne année » de Lokassa ya Mbongo, African All stars /DR

De la génération de Sam Mangwana, Dizzy Mandjeku, Nyboma, etc., Lokassa Kasia Denis, alias Lokassa ya Mbongo, n’a pas toujours joui de la même notoriété qu’eux. Dans le milieu de la musique assurément et des mélomanes avertis de l’époque, il l’était écouté. Mais aujourd’hui, son nom est plutôt connu pour une autre raison. Nombre de ses pairs l’ont souvent cité dans leurs chansons sous le pseudo « Lokassa ya mbongo, ya dollar ». Et donc, pour plusieurs de la génération actuelle, il est assimilé à un mécène alors que son mérite, bien grand, est tout autre. Son apport est indéniable dans un bon nombre de titres congolais dont des tubes à l’instar de « Kaful Mayay » de feu Tabu Ley.

Un autre grand guitariste et surtout chanteur célèbre, Jean Goubald, en apprenant la disparition de son aîné, a dit sur un ton admiratif  : «  Je l’ai connu de loin, mais c’est un des virtuoses de la guitare congolaise ». Dommage que la musique congolaise pèche si souvent en mettant plus en avant ses chanteurs que leur base arrière, pour la plupart des musiciens talentueux. Les stars, ce sont les chanteurs qui finissent par prendre toute la place jusqu’à faire ombrage aux instrumentistes qui exercent leur talent au même titre qu’eux, avec leur voix portée par le micro. Ainsi, Lokassa ya Mbongo qui a marqué de son doigté la rumba congolaise est presque méconnu à ce jour. Pourtant, il est à classer parmi les pionniers à exceller avec la guitare rythmique. Les jeunes mélomanes doivent retenir qu’il est de la trempe de ceux qui ont contribué au renom de la rumba. Ce, à l’instar de ses pairs Charles Déchaud Mwamba, Casimir Mutshipule alias Casino, Pierre Monongi Mpia alias Porthos, Bopol Mansiamina, Léon Bombolo alias Bohlen, Lutumba Simaro, Vata Mombasa, Lele Nsudi qui, pour la plupart, se sont révélés comme lui des auteurs-compositeurs doués.

Bien jeune encore, Lokassa ya Mbongo se lance dans la musique au milieu des années 1960. Il entame sa carrière au côté du soliste Guvano Mwana Vangu dans l’orchestre Diamant bleu. Son passage dans l’African Fiesta National en 1968 a forgé son talent pendant les dix ans qu’il y a fait. Il nous revient qu’en compagnie de Jean-Pierre Attel Mbumba en solo, Futu Augustine (Faugus Izeidi), le grand mi-solo et Joseph Mwena à la contrebasse, l’orchestre avait un formidable quartet de guitares. Lokassa ya M’bongo a tiré sa révérence à 77 ans (DR)

2 : Lokassa ya Mbongo /DR

African All Stars et Soukous Stars

Quand au début et au milieu des années 1970 Lokassa ya Mbongo s’associe à Michelino, il en sort une série de titres appréciés dont le plus notable demeure le tube « Kaful Mayay » en 1973. Cinq ans plus tard, il a quitté Tabu Ley et l’Afrisa International et s’ouvre à de nouvelles perspectives. Avec Ringo Moya, ils se joignent à Sam Mangwana dans une aventure musicale en Côte d’Ivoire dans African All Stars. Le chanteur interprète avec succès les compositions de Lokassa mais le projet fait long feu malgré les albums « Assitou » (1981) et « Bonne année » (1982). Notre guitariste rythmique chevronné s’établit à Paris en 1984. Cette nouvelle décennie où le Soukouss s’impose dans la musique congolaise et africaine lui réussit plutôt bien. Il s’illustre, avec le soliste Dally Kimoko et le bassiste Ngouma Lokito, tels les incontournables de la nouvelle tendance musicale qui tient en haleine les mélomanes. Par ailleurs, Lokassa en profite et sort l’album « Adiza » (1985). Lancé par la magie du Soukouss, Lokassa ya Mbongo fait véritablement ses preuves et vole allègrement, porté par les ailes de son talent entre Paris et l’Afrique de l’Ouest. En requin de studio expérimenté, bien lui prend alors d’enchaîner de belles collaborations avec des grands noms de la rumba congolaise à l’instar d’Abeti, le duo Pepe Kalle et Nyboma ainsi que Kanda Bongo Man mais aussi d’autres stars africaines. En 1989 naît un nouveau groupe, les Soukous Stars et Lokassa se trouve réunit avec Ballou Canta, le guitariste Dally Kimoko et les chanteurs Lukombo Shimita, les Yondo Sisters et Neil Zitany.

Effacé des radars congolais, il explore de nouveaux horizons et sort « Lokassa ya Mbongo » en 2011. Et, c’est en Colombie où la rumba congolaise est bien prisée qu’il fait une tournée remarquable en 2016. Voilà donc un autre ambassadeur de la rumba qui vient de s’éteindre à 77 ans, après avoir entraîné plusieurs mélomanes du monde à s’éprendre passionnément de la musique qui avait créé son bonheur.

Avec Adiac-Congo par Nioni Masela

L’Angola va envoyer des troupes en RDC après l’échec du cessez-le-feu

mars 12, 2023

L’Angola a annoncé le 11 mars que Luanda allait envoyer une unité militaire en RDC, après l’échec du cessez-le-feu qu’il avait contribué à négocier entre les troupes gouvernementales et les rebelles du M23.

Sur cette photo d’archive prise le 23 mai 2021, un convoi funéraire parcourt la route de Beni à la frontière ougandaise, à 80 kilomètres à l’Est, au nord-est de la RDC © ALEXIS HUGUET / AFP

« L’objectif principal de cette unité est de sécuriser les zones où sont stationnés les membres du M23 » dans l’est du pays « et de protéger » l’équipe chargée de surveiller le respect du cessez-le-feu, a déclaré la présidence angolaise dans un communiqué.

L’est de la RDC, frontalier notamment du Rwanda, est le théâtre d’une flambée de violence depuis que les rebelles du M23 ont repris les armes fin 2021, et se sont emparés de pans entiers du territoire. La RDC et des experts de l’ONU accusent le Rwanda de soutenir le groupe armé, une affirmation démentie par Kigali.

Échec du cessez-le-feu

Si plusieurs pays de la région ont déployé une force conjointe visant à stabiliser la zone, l’Angola joue un rôle de médiateur dans ce conflit. Mais le dernier cessez-le-feu qu’il avait négocié a été rompu mardi, le jour même où il devait entrer en vigueur.

Luanda a précisé que sa décision d’envoyer une unité militaire a été prise après des consultations avec Kinshasa, et ajouté que les Nations unies et d’autres dirigeants de la région en ont été informés.

Violents combats

Le déploiement de ces troupes doit être approuvé par le Parlement angolais, où le parti au pouvoir possède une majorité confortable. Aucun détail sur la taille de l’unité qui sera envoyée en RDC n’a été donné dans l’immédiat.

Cette décision intervient alors que de violents combats ont été rapportés à l’est de la RDC, près de la grande ville de Goma, de plus en plus menacée par la rébellion du M23, qui s’en était déjà emparée brièvement en 2012.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

RDC: Le Nord-Kivu de nouveau endeuillé par les ADF

mars 9, 2023

Dans l’est de la RDC, les rebelles affiliés au groupe État islamique ont exécuté au moins quarante personnes. Le bilan de leurs attaques s’élève à près de 150 tués depuis le début de l’année.

En 2021, une opération militaire conjointe entre les armées congolaise et ougandaise avait été lancée pour traquer les ADF dans le Nord-Kivu et dans la province voisine de l’Ituri. © Sébastien KITSA MUSAYI / AFP.

Une nouvelle attaque attribuée aux rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), affiliés au groupe État islamique (Daesh), a fait au moins 46 morts dans la nuit du 8 au 9 mars dans l’est de la RDC, selon les autorités locales. Les autorités provinciales n’ont pas encore communiqué sur cette attaque.

« Le bilan, toujours provisoire, est de 38 personnes tuées à Mukondi et huit à Mausa », deux villages proches l’un de l’autre dans le territoire de Beni, dans la partie septentrionale de la province du Nord-Kivu, a déclaré Kalunga Meso, le chef du groupement local. La province est également en proie à la rébellion du M23. Ce notable ajoute que « les ADF ont rassemblé les gens pour ensuite les exécuter ».

Exécutés à l’arme blanche

Le bilan humain est confirmé par Arsène Mumbere, président de la société civile locale, qui précise que les assaillants « sont entrés dans le village Mukondi sans bruit » et ont tué la plupart des victimes « par armes blanches ». Selon lui, à Mausa, les corps des victimes ont été retrouvés « calcinés dans des maisons incendiées ». La fouille est encore en cours, car les habitations sont éloignées les unes des autres, a-t-il ajouté.À LIREDans l’est de la RDC, les islamistes ADF multiplient les attaques meurtrières

« Dans la nuit du 8 au 9 mars, des miliciens venus de la vallée de Mwalika ont incendié le village de Mukondi » et « ont tué au moins 36 personnes à l’arme blanche », a publié dans la matinée du 9 mars sur son compte Twitter le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), un réseau d’analystes basés dans l’est de la RDC.

DANS LA NUIT DU 8 AU 9 MARS, DES MILICIENS VENUS DE LA VALLÉE DE #MWALIKA ONT INCENDIÉ LE VILLAGE DE #MUKONDI (TERR. DE #BENI, NORD #KIVU). ILS ONT TUÉ AU MOINS 36 PERSONNES À L’ARME BLANCHE. PLUS DE 10 BLESSÉS SONT AU CENTRE DE SANTÉ DE #KALUNGUTA. LES #ADF SONT SOUPÇONNÉS. #RDC PIC.TWITTER.COM/I9GITZFGE1— BAROMÈTRE SÉCURITAIRE DU KIVU (@KIVUSECURITY) MARCH 9, 2023

Près de 150 tués depuis janvier

En 2021, des attentats sur le sol ougandais ont été attribués aux ADF et une opération militaire conjointe entre les armées congolaise et ougandaise a été lancée pour les traquer dans le Nord-Kivu et dans la province voisine de l’Ituri. Les États-Unis ont offert la semaine dernière une récompense pouvant aller jusqu’à 5 millions de dollars pour toute information susceptible de mener à leur chef, un Ougandais d’une quarantaine d’années nommé Musa Baluku.

D’après le KST, les ADF, présentés par le groupe État islamique comme sa branche en Afrique centrale, ont tué près de 150 personnes depuis le début de l’année, en incluant cette dernière attaque.

Plus au sud, la province du Nord-Kivu est également depuis plus d’un an le théâtre de combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, selon Kinshasa et des experts de l’ONU. Malgré un cessez-le-feu censé être entré en vigueur le 7 mars, les combats se sont poursuivis et le M23 continue d’étendre son territoire. Une délégation du Conseil de sécurité est attendue jeudi soir à Kinshasa, pour une visite de travail de trois jours qui doit aussi la mener à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

RDC/Sud-Kivu : Denis Mukwege octroie 207 maisons aux survivantes des violences sexuelles

mars 8, 2023

Le 7 mars restera une journée mémorable pour les habitants de Miti, dans le territoire de Kabare, province du Sud-Kivu. 207 maisons équipées que le Dr Denis Mukwege a fait consruire  sur fonds propres ont été remises aux familles vulnérables.

1- Le Dr Mukwege et les femmes vulnérables à la remise des maisons à Miti

Le Dr Denis Mukwege a offert 100 maisons aux bénéficiaires, complétant les 107 offertes auparavant à la population des territoires de Kabare, Kalehe, Uvira, Walungu, etc. Elles ont été remises devant la notabilité de Kabare mobilisée pour accueillir ce digne fils du pays. 

Dans son allocution devant des personnalités du Sud-Kuvu, les représentants de différentes confessions religieuses, le directeur de l’Aide internationale de la Croix-Rouge luxembourgeoise, et devant sa majesté le mwami Désiré Kabare, le Dr Denis Mukwege a dit sa joie de remettre officiellement, par le biais du pilier réinsertion socio-économique de la Fondation Panzi, les 100 maisons aux bénéficiaires. Il a de prime abord exprimé sa reconnaissance envers la Grande duchesse Maria Teresa du Luxembourg, responsable du financement de ce projet depuis leur première rencontre en 2018. Celle-ci continue du reste de soutenir la population du Sud-Kivu à travers le partenariat entre la Fondation Panzi et la Croix-Rouge luxembourgeoise dont elle est présidente.

2- Les femmes survivantes des violences sexuelles

« Ce projet a été exécuté dans le cadre du partenariat entre l’Hôpital et la Fondation Panzi que nous représentons et l’Aide Internationale de la Croix Rouge luxembourgeoise représentée ici par son directeur, le Dr Remi Fabbri. Ce partenaire collabore avec nous depuis 2020. Il soutient la réhabilitation de notre hôpital et nos actions en faveur des survivantes de violences sexuelles dans leur parcours d’intégration socio-économique et leur accompagnement juridique au Sud-Kivu », a déclaré le Dr Denis Mukwege.

« … ces 100 maisons destinées à nos bénéficiaires comptent trois chambres, un salon, une cuisine, une toilette avec douche. Elles viennent répondre à un besoin de restauration de la dignité des bénéficiaires car nombreuses d’entre elles logeaient dans des maisons en paille, souvent dégradées et parfois sans porte ni fenêtre…. 40 maisons ont été construites ici dans le territoire de Kabare, dont 20 à Miti et 20 autres à Birava, 25 maisons dans le territoire de Walungu dans le groupement de Mulamba, 25 autres dans le territoire de Kalehe, plus précisément à Minova, et 10 maisons à Bukavu. Avec le même partenaire, nous avions construit 42 maisons en 2020 dont 9 à Kavumu, 18 à Katana et 15 à Kalehe », a expliqué le Prix Nobel de la Paix 2018.

3- Une des maisons construites par la Fondation Panzi pour les survivantes des violences sexuelles

Denis Mukwege a fait savoir qu’en 2021, 65 maisons supplémentaires ont été construites, notamment 15 à Kavumu, 15 à Katana, 15 à Kalehe et 20 autres à Minova. Cela fait donc un total de 207 maisons construites par la Fondation Panzi en partenariat avec la Croix-Rouge luxembourgeoise. Outre les maisons octroyées à cette couche vulnérable de la population au Sud-Kivu, le Dr Denis Mukwege tient à rendre les bénéficiaires autonomes, les poussant à se prendre en charge. « En plus des maisons, à travers ce projet, nous avons renforcé les capacités de nos bénéficiaires en agriculture et en élevage. En guise de semence pastorale, nous leur avons distribué 117 porcs, 232 chèvres et 60 poules. Comme semence agricole, nous avons distribué plus de 3 365 Kg de haricots, 1485 Kg de maïs, 130 Kg de soja, 435KG de maïs et 120Kg de riz », a-t-il indiqué.

Et il a conclu son allocution par ces mots : « Dans le but de renforcer nos interventions d’assistance juridique à nos bénéficiaires, deux cliniques juridiques ont été construites dont la réhabilitation de notre clinique d’ici à Kavumu, dans le village Mululu, et la construction d’une clinique juridique à Bunyakiri, dans le territoire de Kalehe. Ces deux cliniques sont mises à la disposition de toute la population et constituent un cadre de soutien et de promotion de la justice pour tous qui fait partie de l’action de la Fondation Panzi ».

Le Dr Denis Mukwege a donc pris résolument à cœur la situation des victimes des violences sexuelles. Il veille sur leur santé physique, leur réintégration sociale, leur logement? engagé sur le plan international contre l’impunité des auteurs des crimes. Une pile d’actions en faveur de la population vulnérable et marginalisée qui a emmené un collectif d’intellectuels à soutenir sa candidature à la présidentielle de 2023. Mais le prix Nobel de la Paix ne s’est pas encore prononcé publiquement à ce sujet.

Avec Adiac-Congo par Martin Enyimo

Peine de mort requise contre les accusés du meurtre de l’ambassadeur d’Italie en RDC

mars 8, 2023

Luca Attanasio, son garde du corps italien et un chauffeur congolais du PAM avaient été assassinés le 22 février 2021 dans une embuscade dans la province du Nord-Kivu. Les six accusés risquent la prison à perpétuité.

Le cercueil de l’ambassadeur italien assassiné Luca Attanasio à son arrivée à l’aéroport Ciampino de Rome en provenance de Goma, le 23 février 2021. © Handout / ITALIAN FOREIGN MINISTRY / AFP

La peine de mort a été requise à Kinshasa contre six hommes jugés par un tribunal militaire pour le meurtre de l’ambassadeur d’Italie, de son garde du corps et d’un chauffeur en février 2021, dans l’est de la RDC. La peine capitale est souvent requise et prononcée en RDC dans des affaires de sécurité nationale, mais elle n’est plus appliquée depuis 20 ans et est systématiquement commuée en prison à perpétuité.

« Les victimes ont été kidnappées, traînées en profondeur dans la forêt avant d’être exécutées », a déclaré le procureur militaire, le capitaine-magistrat Bamusamba Kabamba, dans son réquisitoire devant le tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe, siégeant dans l’enceinte de la prison militaire de Ndolo. Cinq des six prévenus y sont détenus, le sixième étant en fuite. La même peine a été requise pour tous.

Poursuivis pour « meurtre, association de malfaiteurs, détention illégale d’armes et munitions de guerre », ils sont jugés depuis le 12 octobre pour l’assassinat le 22 février 2021 de l’ambassadeur d’Italie en RDC, Luca Attanasio, de son garde du corps italien, le carabinier Vittorio Iacovacci, et d’un chauffeur congolais du Programme alimentaire mondial (PAM), Mustapha Milambo.

Les trois hommes avaient été tués par balles après être tombés dans une embuscade aux abords du parc national des Virunga, dans la province du Nord-Kivu (Est), une région en proie aux violences de groupes armés depuis près de 30 ans.

Coupeurs de routes

Lors des audiences, le ministère public a présenté les accusés comme les membres d’une « bande criminelle » et comme des coupeurs de routes, qui au départ n’avaient pas l’intention de tuer l’ambassadeur, mais de le kidnapper et de demander un million de dollars pour sa libération. 

Les accusés présents, arrêtés en janvier 2022ont nié les faits tout au long du procès, contestant systématiquement leurs dépositions initiales devant les enquêteurs et affirmant avoir été torturés.

Au nom de l’ambassade d’Italie en RDC, les avocats des parties civiles ont demandé au tribunal de « condamner tous les prévenus ». Pour le compte du père de l’ambassadeur assassiné, ils ont réclamé 60 millions d’euros de dommages et intérêts. Les plaidoiries de la défense sont prévues le 11 avant la mise en délibéré du jugement.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Dans l’est de la RDC, les combats continuent malgré le cessez-le-feu

mars 7, 2023

En dépit de la pression internationale et de l’annonce d’un cessez-le-feu prévu ce mardi 7 mars à midi (10 heures GMT) entre l’armée et le M23, les affrontements se poursuivent, selon des sources locales.

Un véhicule détruit à Rugari, dans l’est de la RDC, lors d’affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, le 6 janvier 2023. © Guerchom Ndebo / AFP

Dans la soirée de lundi, depuis New York, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, exhortait « le M23 à respecter le cessez-le-feu » annoncé pour ce mardi 7 mars à midi (10 heures GMT), en vue de « son retrait total et effectif de toutes les zones occupées » dans l’est de la RDC.

Mais le lendemain, les affrontements se sont poursuivis et le M23 s’est emparé de nouvelles localités. Après quelques jours de calme relatif, les combats ont en fait repris dès lundi sur les fronts nord et sud autour des zones contrôlées par les rebelles du M23, dans la province du Nord-Kivu, faisant plusieurs morts et blessés civils selon des sources hospitalières et humanitaires.

Karuba, Kamuronza…

« Karuba [à une trentaine de km à l’ouest de la capitale provinciale Goma] vient de tomber dans les mains des rebelles », a déclaré une source sécuritaire. Nous les avons attaqués cette nuit [du 6 au 7 mars] mais ce matin, ils ont lancé une contre-attaque et à cette heure les combats continuent. » Les combats qui font rage à Karuba depuis lundi ont fait six morts et « au moins dix blessés », selon Folo Ombeni, vice-président de la société civile locale.

Léopold Muisha, de la société civile du groupement Kamuronza, à la sortie ouest de Goma, affirme de son côté dans un communiqué que le M23 a bombardé des objectifs civils, précisant que « sept bombes ont été tirées lundi en fin d’après-midi, tuant deux civils, dont un enfant de 12 ans, et blessant six autres ». Le Comité international de la Croix-rouge (CICR) évoque un mort et sept blessés au cours de ce bombardement.

Les affrontements se poursuivent également sur le front nord, où le M23 reste à l’offensive sur des villages et des positions des FARDC (forces armées de la RDC) provoquant, selon des témoins, le repli de militaires vers la ville de Kanyabayonga, plus au nord.

Accusations mutuelles

Malgré sa progression sur le terrain, la rébellion du M23 a annoncé mardi dans un communiqué « un cessez-le-feu effectif » à 12 heures, afin « d’ouvrir la voie au dialogue direct avec le gouvernement de Kinshasa ». Les deux parties s’accusent mutuellement d’avoir lancé des attaques sur leurs positions.

Willy Ngoma, un porte-parole du M23, a déclaré que l’armée congolaise avait attaqué lundi « simultanément toutes [ses] positions » et que la rébellion subissait encore des attaques mardi matin. Le M23 réagit « en légitime défense », a-t-il affirmé.

Les autorités congolaises, par la voix du lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole de l’armée au Nord-Kivu, accusent de leur côté « les terroristes du M23 et leurs parrains des Rwanda Defence Force [l’armée rwandaise] » d’avoir lancé lundi « une attaque qui a ciblé le contingent burundais récemment déployé dans le cadre de la force régionale de l’East African Community (EAC)« .

Selon le lieutenant-colonel Ndjike, cette attaque « au mortier » a également visé un camp de personnes déplacées et la cité de Mubambiro, causant « d’énormes dégâts », à 20 km à l’ouest de Goma.

Sanctions ?

Samedi, au cours de sa visite en RDC, le président français Emmanuel Macron avait déclaré à propos des engagements pris par les parties au conflit qu’en cas de non respect du cessez-le-feu, des sanctions pourraient être prises, y compris contre le Rwanda. La rébellion du M23, restée en sommeil pendant près de dix ans, a repris les armes fin 2021. Kinshasa accuse le Rwanda de la soutenir, ce qui a été corroboré par des experts de l’ONU, bien que Kigali s’en défende.

Le nouveau cessez-le-feu annoncé intervient après l’échec de toutes les précédentes initiatives régionales lancées pour mettre fin à la progression du M23 ces derniers mois dans le Nord-Kivu. Le 3 mars, à Luanda, la présidence angolaise, désignée médiatrice par l’Union africaine dans cette crise, annonçait un nouveau calendrier de cessation des hostilités, débutant ce mardi à midi avec l’arrêt des combats « dans toute la région orientale de la RDC ».

Par Jeune Afrique (Avec AFP)