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Cameroun : Paul Biya, éternellement président

novembre 10, 2021

Paul Biya

L’octogénaire président camerounais vient de célébrer ses 39 ans au pouvoir. Et les partisans de son parti, le RDPC, évoquent déjà un huitième mandat à l’horizon 2025…

Alors que certains dirigeants pourtant labellisés par des prix Nobel voient leur régime de 23 mois menacé, d’autres coulent des jours heureux, blottis dans un cocon de pouvoir vieux de plusieurs décennies. Ce 6 novembre, Paul Biya, le président camerounais, a ainsi soldé 39 ans sur le trône suprême, après sept ans à la tête du gouvernement sous Amadou Ahidjo.

La célébration n’a pas manqué des deux ingrédients classiques de cet exercice d’anniversaires politiques exceptionnels : les déclarations sirupeuses et les vœux de longévité au pouvoir. Pour le premier des ingrédients, une chanson à la gloire de Paul Biya a été composée et interprétée dans les villes et villages du Cameroun.

Vers un huitième mandat ?

En ce qui concerne les vœux de longévité au pouvoir, c’est Henri Eyebe Ayissi qui était à la manœuvre. À la tête d’une délégation du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, le parti présidentiel), dans le chef-lieu du département de la Lekié, le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières a affirmé que la formation politique souhaitait former un consensus national pour que le chef de l’État brigue un huitième mandat consécutif.

IL AURA 92 ANS EN 2025 ET 99 À L’ISSUE D’UN ÉVENTUEL FUTUR NOUVEAU SEPTENNAT

Le scrutin est pourtant lointain – 2025 – et le président âgé – il aura 92 ans l’année de l’élection et 99 à l’issue d’un éventuel futur nouveau septennat… Mais pour ses partisans, la longévité du régime s’explique par la construction de nombreuses infrastructures éducatives et le maintien de l’unité nationale, ceci malgré la crise séparatiste des régions anglophones et le terrorisme de Boko Haram.

Haut du podium

Du côté des opposants, l’hypothèse de cette candidature fait sourire ou grincer des dents. Certains n’y voient qu’une provocation, Paul Biya n’étant pas réputé pour son ardeur à la tâche, ni même très présent en public. D’autres se souviennent des candidatures surréalistes d’un Mugabe ou d’un Bouteflika et prête au RDPC l’ambition de voir le chef de l’État mourir au pouvoir.

Pour les contempteurs de l’actuel président, et nombre d’observateurs indépendants, « l’indéboulonnabilité » est due au maillage étroit de la quasi-totalité du territoire par le RDPC, à la loyauté de l’armée, à la division chronique de l’opposition et à des fraudes électorales difficiles à démontrer juridiquement, comme l’achat de voix. En 2018, dans ce pays où la limitation des mandats n’existait plus depuis dix ans, c’est avec plus de 80 % des voix que Biya était déclaré vainqueur…

Trente-neuf ans au pouvoir, c’est surtout « 40 – 1 », et la symbolique quarantième année qui débute est placée sous le signe plutôt feel-good d’une Coupe d’Afrique des nations de football. Trente-neuf ans, c’est aussi le haut du podium africain de la longévité à la tête de l’État… moins une place. Seul l’Équato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, homologue et voisin de Biya, détient un meilleur score, avec 42 ans et trois mois de pouvoir. Et lui n’a « que » 79 ans…

Avec Jeune Afrique par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Présidentielle au Cameroun : trois partis d’opposition favorables à l’annulation du scrutin

octobre 12, 2011

Les nombreuses irrégularités et fraudes présumées relevées sur le terrain pendant l’élection présidentielle camerounaise du 9 octobre poussent au moins trois partis de l’opposition à demander l’annulation du scrutin. Mais pour Elecam et la France, ce dernier s’est déroulé de manière « acceptable », « sans dysfonctionnement majeur ».

La proclamation des résultats, même partiels, n’est pas intervenue que déjà plusieurs voix s’élèvent dans l’opposition pour réclamer l’annulation de l’élection présidentielle du 9 octobre au Cameroun. En cause : les nombreuses suspicions de fraude et les irrégularités multiples relevées par plusieurs observateurs.

Au moins trois opposants, dont deux comptent déposer des requêtes en justice, se sont exprimé en ce sens. « Nous sommes favorables à l’annulation du scrutin », a ainsi affirmé Joshua Osih, vice-président du Social Democratic Front (SDF), le principal parti d’opposition du candidat John Fru Ndi. Le vote « ne peut pas donner de légitimité au vainqueur, y compris le SDF qui reste en course pour le gagner », a ajouté Osih pour qui l’élection s’est déroulée dans une « cacophonie totale ».

Même son de cloche au Mouvement africain pour la démocratie et la nouvelle indépendance (Manidem) de Anicet Ekanè, qui « compte d’ailleurs déposer une requête dans ce sens demain (mercredi) à la Cour suprême ». Enfin, Albert Dzongang du parti La Dynamique – un des vingt-trois candidats en lice pour la magistrature suprême, estime qu’« il n’y a pas eu d’élection » et promet également de « déposer demain (mercredi) une requête dans laquelle nous exigeons l’annulation » du scrutin.

Madeleine Afité témoigne de fraudes

Les suspicions de fraude ont été renforcées hier par les déclarations de l’égérie de la société civile camerounaise, Madeleine Afité qui a affirmé avoir assisté à des bourrages d’urnes ayant pour but de minimiser le taux d’abstention. « J’ai vu un monsieur portant une carte (badge) Elecam (Election Cameroon, commission électorale) (…) il donnait des lots (de cartes d’électeurs) aux enfants (qui) allaient émarger sans carte d’identité » dans un bureau de vote du quartier Bessangue à Douala.

« Ce n’était pas pour voter RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir) », reprend-elle, mais parce que « les urnes étaient vides. C’était le problème du taux de participation. Il fallait qu’il y ait des bulletins dans les urnes ». De fait, les observateurs et les journalistes présents ont noté une faible affluence, et une campagne électorale ayant suscité très peu de mobilisation des Camerounais. « Les électeurs boudent la présidentielle » soulignait même le quotidien privé Mutations.

Le scutin « acceptable » pour la France

De son côté Elecam s’est félicité du bon déroulement du scrutin et n’a noté « aucun dysfonctionnement majeur », a déclaré son président Samuel Fonkam Azu’u. Dans son sillage, la France a jugé le déroulement du scrutin « acceptable » par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Quant à l’équipe d’observateurs du Commonwealth à Yaoundé, elle a estimé avec plus de précaution et de neutralité que le scrutin avait été exempt de « coercition » et souligné qu’il y avait un « bon nombre de plaintes » sur l’organisation du scrutin.

En clair, tout indique que le président Paul Biya (78 ans), au pouvoir depuis 1982, sera réélu pour son sixième mandat, cette fois de 7 ans. « Paul Biya en pole position », titrait mardi L’Action, le journal du RDPC, sans apporter aucune preuve : « Quelques heures après la fermeture des bureaux, les premiers échos du terrain ne laissent aucun doute sur la victoire du candidat », affirmait-il.

Pour la plupart des Camerounais, l’issue des résultats ne fait aucun doute. « On est pas trop concernés par le vote. De toute façon, on sait bien que le président va gagner il n’y a rien qui change, donc nous on est tranquilles », dit Clarisse, 29 ans, commerçante au centre de Douala. « Ici rien ne change, il n’est pas question que les gens aillent dans la rue (…) On sait que le président sera réélu et voilà, il y a la paix », soulignait Justin Temola, chômeur de Douala.

Jeuneafrique.com avec AFP

Présidentielle camerounaise : forte abstention, violences et fraudes massives

octobre 10, 2011

Les Camerounais ont répondu aux abonnés absents à l’élection présidentielle de dimanche. Un scrutin a priori entaché de nombreuses irrégularités ou de fraudes et même de violences dans les régions du Sud-Ouest et de l’Ouest.

Le taux d’abstention était la principale inconnue de l’élection présidentielle camerounaise du 9 octobre. Dimanche en mi-journée, les électeurs traînaient encore le pas, dans la plupart des bureaux de vote de la capitale économique Douala.

Dans le 4e arrondissement, à l’école publique de Bonabéri, au moins trois bureaux de vote étaient introuvables. « Le bureau n°1 par exemple n’existe que sur le papier. Nous avons constaté avec le responsable d’Elections Cameroon qu’il n’y a ni liste des inscrits, ni urne, ni responsables désigné pour ce bureau », a affirmé le responsable local du Social Democratic Front (SDF), représentant le candidat John Fru Ndi. Pourtant, un espace avait été spécialement aménagé à ce point de vote pour les personnes handicapées. Il est resté désespérément vide durant toute la journée.

Sur le plateau Joss, les bureaux du centre administratif de Bonanjo ont quant à eux ouvert avec un retard de trente minutes. Et autour de 10 heures, aucune des urnes transparentes n’y avait enregistré plus de dix bulletins. Dans la cour du lycée réquisitionné pour la circonstance, il y avait plus d’éléments des forces de sécurité et de personnel administratif que d’électeurs en attente. Il est vrai que la pluie qui s’est abattue sur Douala dans la matinée a contribué à démotiver de nombreux votants potentiels.

Situation calamiteuse

Dimanche soir, plusieurs candidats n’ont pas attendu le début du dépouillement pour faire le point d’une situation calamiteuse. « Des cas de votes multiples et de corruption des électeurs ont été enregistrés. De nombreux citoyens inscrits errant de centre de vote en centre de vote pour essayer de trouver leurs cartes d’électeurs. Des représentants des partis politiques dont ceux du Manidem (…) n’ont pas pu avoir accès à des bureaux de vote dans plusieurs localités. Ceux qui y ont été admis ont été exclus au moment du dépouillement », a déploré le Manidem, parti du candidat Anicet Ekanè.

Enfin, au Sud-Ouest, des gendarmes qui allaient participer aux opérations de sécurisation du scrutin ont été attaqués dans la localité d’Isanguele, dans la péninsule de Bakassi. L’attaque a fait deux morts et deux disparus parmi les forces camerounaises. À l’Ouest, Virginie Takoguem, mandataire du SDF, a été battue à mort par des responsables locaux du RDPC au pouvoir, alors qu’elle protestait contre des fraudes à l’École publique de Keng-Bandjoun.

Jeuneafrique.com par Armelle Nya, à Douala

Présidentielle au Cameroun : les jeunes du RDPC entrent en campagne

octobre 3, 2011

Matthieu Cotinat Le taux de participation des jeunes à la présidentielle du 9 octobre est l‘un des enjeux de l’élection. Le parti de paul Biya, le RDPC, l’a bien compris, même s’il reste discret sur les moyens déployés.

Au palais des Congrès de Yaoundé, en cette fin septembre, l’ambiance est assourdissante. L’endroit, qui domine la ville, abrite le siège du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). À l’entrée, la sono diffuse un air de musique à la gloire du président camerounais Paul Biya, candidat à sa propre succession pour la présidentielle du 9 octobre. « Paul Biya, toujours en avant, Paul Biya, Père de la nation » répète la chanteuse. En haut des marches, quelques jeunes militants vendent casquettes et chapeaux et écharpes à l’effigie de « l’Homme-lion ».

La participation des jeunes, c’est justement l’un des enjeux de l’élection puisque la moitié de la population a moins de 20 ans. Selon le président d’une section locale de jeunes RDPC, ils représenteraient 60 % des 7,5 millions d’inscrits sur les listes électorales. Pourtant, la campagne des jeunes militants RDPC, âgés de 15 à 35 ans, a démarré en pente douce.

Rythme de croisière

« La campagne n’a pas encore atteint son rythme de croisière », confie Francis Alembe, 31 ans. Et le nouveau secrétaire de l’organisation des jeunes militants RDPC (OJ-RDPC) de poursuivre : « On assiste à des meetings et des débats, mais la campagne battra son plein à partir du 3 octobre ». L’air gêné, Francis Alembe ne se mouille pas trop et oriente les journalistes vers la direction des Organes de presse, de l’information et de la propagande (OPIP). « Il n’y a pas de campagne spécifique organisée par les jeunes, ils font partie de toutes les commissions aux niveaux départemental et communal », nuance Longin Cyrille Avomo, « journaliste » à l’OPIP.

Comme les femmes, les jeunes ont une organisation propre au sein du parti mais ils sont intégrés au dispositif général de campagne. Difficile donc de connaître le budget dont ils disposent. « Comme les autres partis, le RDPC a reçu 500 millions de F CFA en 2011 au titre du financement public des partis politiques », détaille simplement Longin Cyrille Avomo.

Des jeunes militants, on en trouve beaucoup au 4e étage du siège du RDPC, au sein de la rédaction de l’Action, le journal du parti. La moyenne d’âge des 18 « journalistes » s’élève à… 23 ans. Benedict Ndinwa en fait partie. Il soutient « à 100% les thèses du RPDC ». À ses yeux, Paul Biya a beaucoup fait pour le pays : « Il a dû faire face à beaucoup de contraintes financières dès son arrivée au pouvoir, suite à la crise des années 80. Mais, le président vient de l’annoncer, en janvier, tout le pays sera en chantier, cela va créer de l’emploi ! »

« La politique, ce n’est pas pour tout le monde ! »

Le jeune militant, originaire du nord-ouest du Cameroun, est intarissable sur les chantiers engagés par Paul Biya. Benedict Ndinwa cite la naissance d’une université d’État à Bamenda, la construction d’une route entre Nkambé et Bamenda, d’un barrage à Menchum, d’un hôpital « de référence » à Bamenda… Le chômage des jeunes ? « C’est un problème global que même les États-Unis connaissent ! » Le désintérêt de la population pour une élection qui se déroule pourtant au suffrage universel ? « La politique, un chauffeur de taxi n’y comprend rien, ce n’est pas pour tout le monde ! »

Pas sûr que ce discours donne envie d’aller voter aux jeunes. Croisés dans la rue, plusieurs d’entre eux clament : « On sait que les dés sont déjà jetés pour cette élection, on ira voter le jour où on parlera vraiment d’alternance ». Alors, pour convaincre les indécis ou les sceptiques, les jeunes militants du RDPC iront sur le terrain, « au contact », pendant toute la semaine. Au programme : porte à porte, distribution de professions de foi, d’effigies du président et discussions.

Ce n’est pas un hasard si le pouvoir a multiplié les signes en direction des jeunes ces derniers mois. En février 2008, après une manifestation des chauffeurs de taxi contre la hausse des prix du carburant, ceux-ci avaient été en première ligne des émeutes.
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Jeuneafrique.com par Matthieu Cotinat, à Yaoundé

Cameroun: Paul Biya « est le candidat du Rdpc » à la présidentielle

juillet 17, 2011

Un ministre et responsable du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), le parti du président camerounais Paul Biya a affirmé dimanche à la radio d’Etat que M. Biya « est le candidat du RDPC » à la présidentielle prévue en principe en octobre.

M. Biya, 78 ans, au pouvoir depuis 1982 « est le candidat du Rdpc à l’élection présidentielle de 2011 », a affirmé Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur et chargé de la communication du RDPC, dans un entretien diffusé dimanche par la Cameroon Radio-Television (CRTV).

M. Biya n’a pas encore fait officiellement acte de candidature mais de nombreux observateurs lui prêtent l’intention de se représenter.

M. Biya sera aussi le candidat du Rdpc « à toutes les autres élections présidentielles (futures) jusqu’à ce que lui-même en décide autrement », a ajouté M. Fame Ndongo, précisant que Paul Biya était leur « champion naturel ».

Le Rdpc, créé en 1985, a annoncé samedi que son président « convoquera (son) troisième congrès ordinaire avant l’élection présidentielle », sans avancer de date précise.

Certains militants du Rdpc estiment que M. Biya doit se décharger de sa fonction de président du parti pour se consacrer exclusivement à celle de chef de l’Etat. Les statuts du Rdpc stipulent que son président est aussi son candidat à l’élection présidentielle.

L’opposition milite pour que M. Biya passe la main. « Une éventuelle candidature du président Paul Biya est illégitime », avait estimé jeudi un politologue et opposant Alain Fogué.

En 1991, une rencontre tripartite rassemblant la classe politique, la société civile, ainsi que le gouvernement avait débouché sur des accords dont un portait sur la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux septennats.

« Devant le peuple, le président Biya s’était engagé à se soumettre aux résolutions de la tripartite », avait rappelé M. Fogué.

« Même si cette limitation a été supprimée (en 2008), une éventuelle candidature de M. Biya poserait le problème de la morale politique, de l’engagement et de la parole donnée », avait-il conclu.

Jeuneafrique.com avec AFP