Posts Tagged ‘Rebelles’

Félix Tshisekedi questionne l’efficacité de la force régionale est-africaine

mai 10, 2023

En visite au Botswana, le président congolais a évoqué une « cohabitation » entre les rebelles du M23 et la force déployée sous l’égide de l’EAC.

Felix Tshisekedi accueilli par le président du Botswana Mokgweetsi Masisi à l’aéroport international Sir Seretse Khama à Gaborone, le 9 mai 2023. © Monirul Bhuiyan / AFP

Le président de la RDC a critiqué la force militaire régionale déployée par les pays d’Afrique de l’Est pour stabiliser l’est de la RDC, laissant entendre que les troupes pourraient partir d’ici fin juin. S’exprimant lors d’une visite au Botswana, Félix Tshisekedi a fait part de ses inquiétudes quant à la « cohabitation » entre les rebelles et la force qui a commencé à se déployer à la fin de l’année dernière. « Nous avons remarqué une cohabitation entre le contingent de l’Afrique de l’Est et les rebelles », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

« C’est un véritable problème au regard de la mission qui a été confiée et qui nous oblige à nous demander quel est l’objectif de cette mission ? » Il a ajouté que le mandat de cette force se terminait en juin et que « si nous estimons que le mandat n’a pas été rempli, nous les renverrons et les remercierons d’avoir essayé ».

Burundais, Ougandais et Sud-Soudanais

Ces déclarations interviennent au lendemain d’un sommet spécial de la Communauté économique des États d’Afrique australe (SADC), qui s’est tenu en Namibie et a décidé de déployer des forces « pour rétablir la paix et la sécurité dans l’est de la RDC ».

C’est la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) qui a mis sur pied une force militaire pour tenter de répondre à la crise. Des soldats kenyans ont été déployés en novembre, et ils ont été suivis cette année par des contingents burundais, ougandais et sud-soudanais.

48 victimes de violences sexuelles par jour

Par ailleurs, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) alerte sur les conditions « désastreuses » dans lesquelles plus de 600 000 personnes vivent entassées dans des des camps informels autour de Goma.

Cette aide humanitaire en « insuffisance critique » oblige les personnes déplacées à sortir des sites. Cela « exacerbe les risques de violences auxquels elles sont confrontées », selon MSF.

C’est ainsi que, au cours des deux dernières semaines d’avril, « plus de 670 victimes de violences sexuelles ont été prises en charge » dans l’est de la RDC, explique MSF. Soit « 48 nouvelles victimes de violences sexuelles par jour ».

Par Jeune Afrique par (avec AFP)

Au Tchad, grâce présidentielle pour 380 rebelles emprisonnés à vie

mars 26, 2023

Le président Mahamat Idriss Déby Itno a gracié ce samedi 25 mars 380 membres du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), condamnés mardi dernier à la prison à perpétuité pour leur implication dans la mort de l’ancien chef de l’État Idriss Déby Itno.

Lors des funérailles d’État du président Idriss Déby Itno, le 23 avril 2021 à N’Djamena. © Christophe PETIT TESSON / POOL / AFP

Dans un commniqué publié le samedi 25 mars, les services de Mahamat Idriss Déby Itno ont annoncé que « les membres du groupe armé dénommé FACT [Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad] condamnés pour des faits d’atteintes à l’intégrité de l’État […] bénéficient de la Grâce présidentielle ».À LIRETchad : qui sont les rebelles du FACT que combattait Idriss Déby ?

Plus de 400 rebelles avaient été condamnés le mardi 21 mars à la prison à perpétuité, notamment pour « atteinte à la vie » de l’ancien président Idriss Déby Itno, tué au front en 2021 lors de leur offensive. Ils avaient également été reconnus coupables d’« acte de terrorisme, mercenariat, et atteinte à la sécurité du territoire national ».

Francis Lokoulde, l’un des avocats des membres du FACT, a dit son « soulagement » pour les 380 rebelles graciés. Le chef du FACT en exil, Mahamat Mahdi Ali, et 55 membres de l’organisation condamnés par contumace à la prison à vie mardi ne sont néanmoins pas concernés par cette mesure, a-t-il précisé.

Accord de paix de Doha

Au printemps 2021, le FACT, alors le plus puissant des groupes rebelles, avait lancé à partir de ses bases arrières en Libye, une offensive en direction de la capitale, N’Djamena. Le 20 avril, l’armée annonçait que le maréchal Déby, qui dirigeait le Tchad depuis plus de trente ans, avait été tué au front par les rebelles ; et elle nommait un de ses fils, le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, président de la République pour une période de transition, à la tête d’une junte militaire de 15 généraux.

Mahamat Idriss Déby Itno a été reconduit à la tête de l’État à l’issue d’une période de transition de dix-huit mois, finalement repoussée de deux ans en octobre 2022, au terme d’un dialogue de « réconciliation nationale » boycotté par l’opposition et les rebelles les plus actifs. À l’issue de ce dialogue, il a réitéré son engagement pris dans le cadre d’un accord de paix signé à Doha le 8 août avec certains groupes rebelles de libérer des « prisonniers de guerre ». Il en avait fait élargir des centaines mais maintenu d’autres en prison, notamment ceux du FACT.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Censés préparer leur retrait, les rebelles du M23 toujours à l’offensive en RDC

février 27, 2023

Selon un calendrier adopté par les dirigeants de l’EAC, le 28 février devait marquer le début du retrait des rebelles du M23. Mais sur le terrain, les villages autour de Goma tombent les uns après les autres.

Des soldats du M23 quittent le camp de Rumangabo après la rencontre entre les responsables de l’EAC et les rebelles du M23 lors de la cérémonie de passation de pouvoir au camp de Rumangabo, dans l’est de la RDC, le 6 janvier 2023. © Guerchom Ndebo / AFP

Les rebelles du M23, censés amorcer le 28 février un retrait de leurs positions selon un nouveau calendrier adopté il y a dix jours par les chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) à Addis Abeba, se sont emparés de nouveaux villages dans l’est de la RDC.

Selon des habitants, les combats se sont intensifiés dans le Masisi, territoire du nord-ouest de Goma, où le M23 a pris la ville de Mushaki le 24 février, à une trentaine de kilomètres de la capitale provinciale du Nord-Kivu. Le M23 contrôle Mushaki-centre « mais n’a pas avancé (…) car nous sommes là », a assuré une source militaire.

Plus au nord dans le même territoire, vers Mweso, « les rebelles ont pris le contrôle (des villages) de Busumba, Gashungo, Rugongwe », a décrit un responsable administratif. « Il y a eu des combats… Plusieurs collines sont dans les mains du M23. La population s’enfuit », a témoigné un représentant de la société civile.

Retrait échelonné

Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées, sans succès jusqu’à présent. Un mini-sommet organisé en novembre à Luanda avait notamment ordonné un retrait du M23 de ses positions, ce qui n’a pas eu lieu. Le 17 février, à Addis Abeba, les chefs d’État de l’EAC ont adopté un nouveau calendrier, prévoyant un « retrait de tous les groupes armés » d’ici le 30 mars.

Samedi soir, devant la presse, le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a détaillé les étapes de ce retrait échelonné sur 30 jours. « La première phase commence le 28 février, c’est-à-dire mardi », a-t-il souligné.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

RDC : reprise des combats entre l’armée et les rebelles du M23

décembre 1, 2022

La trêve obtenue au sommet de Luanda, le 23 novembre, n’aura duré que cinq jours. Les combats ont repris ce 1er décembre, à 70 kilomètres au nord de Goma.

Un officier des FARDC lors d’une session d’enrôlement de volontaires dans le cadre de la lutte contre le M23, à Goma, le 7 novembre 2022. © ALEXIS HUGUET / AFP

Les tirs d’armes lourdes ont de nouveau retenti ce 1er décembre, dans l’est de la République démocratique du Congo, marquant la reprise des combats entre rebelles du M23 et l’armée congolaise, après cinq jours d’une trêve obtenue au sommet de Luanda du 23 novembre.

Il y avait été décidé d’un cessez-le-feu à partir du vendredi 25, suivi deux jours plus tard du retrait du M23 des zones conquises depuis plusieurs mois dans la province du Nord-Kivu.

Aucun retrait n’a été observé, mais les combats avaient cessé depuis le 26 au matin même si le M23 continuait de s’opposer à des milices, notamment le 29 novembre, dans un village de la région de Bambo, à environ 70 km au nord de la capitale provinciale Goma, où de nombreux civils auraient été tués.

« C’est la panique »

C’est non loin de là qu’une reprise des combats entre les rebelles et les forces armées de RDC (FARDC) a été signalée le 1er décembre, à Kirima, à une dizaine de kilomètres de l’agglomération de Kibirizi. « Depuis le matin, des combats ont repris entre les FARDC et le M23 à Kirima. Les rebelles ont traversé le pont en direction de Kibirizi après les combats d’avant-hier à Kishishe. C’est la panique », a témoigné Paul Lutibahwa, président de la société civile de Bambo.

Une source sécuritaire a accusé les rebelles du M23 d’avoir violé le cessez-le-feu et de « continuer à piller et à se battre ». « Les combats sont violents, nous utilisons l’artillerie lourde », a précisé un officier de l’armée congolaise. Également interrogé par l’AFP, le porte-parole militaire du M23, Willy Ngoma, a confirmé ces combats avec les FARDC.

Plus de voyage papal

Une marche a eu lieu jeudi matin à Goma pour protester contre l’attitude de la communauté internationale, accusée d’inaction voire de complicité. Plusieurs journalistes et manifestants ont été malmenés lors de cette manifestation, qui n’avait pas été autorisée par la mairie.

Une autre marche, organisée par l’Église catholique, s’est déroulée dans le calme à Bukavu, dans la province voisine du Sud-Kivu.

La reprise des combats après une courte trêve intervient alors que le Vatican a annoncé les nouvelles dates, du 31 janvier au 3 février 2023, d’une visite du pape François en RDC, initialement prévue en juillet mais reportée pour des raisons de santé. Le souverain pontife viendra à Kinshasa mais l’étape de Goma ne figure plus au programme.

L’endroit qui avait été choisi pour sa messe, à 15 km au nord de la ville, est actuellement occupé par une position militaire installée par les FARDC pour stopper l’avancée du M23 vers la ville.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Les combats reprennent dans le nord de l’Éthiopie, après cinq mois de trêve

août 24, 2022
Les combats reprennent dans le nord de l'Ethiopie, apres cinq mois de treve
Les combats reprennent dans le nord de l’Ethiopie, après cinq mois de trêve© AFP/Archives/EDUARDO SOTERAS

Des combats ont repris mercredi dans le nord de l’Ethiopie, dans des zones frontalières de la région du Tigré, entre rebelles tigréens et gouvernement fédéral qui se rejettent la responsabilité d’avoir brisé une trêve observée depuis cinq mois.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « profondément choqué et attristé » par la reprise des violences.

« J’appelle fermement à la cessation immédiate des hostilités et à la reprise des négociations de paix » entre gouvernement et rebelles, ainsi qu’à garantir l’accès à l’aide humanitaire aux personnes en ayant besoin, a-t-il ajouté.

Mercredi matin, les autorités rebelles du Tigré ont accusé l’armée fédérale éthiopienne d’avoir lancé une « offensive à grande échelle » contre leurs positions.

Les forces fédérales éthiopiennes « ont lancé une offensive tôt ce (mercredi) matin vers 05H00 (02H00 GMT), nous défendons nos positions », a déclaré dans la matinée à l’AFP un porte-parole des autorités rebelles du Tigré, Getachew Reda.

« Ne tenant aucun compte des nombreuses offres de paix présentées par le gouvernement éthiopien », les forces tigréennes « ont lancé une attaque aujourd’hui à 05H00 » (02H00 GMT) et « ont rompu la trêve », a répondu le gouvernement dans un communiqué, appelant la communauté internationale à exercer « une force pression » sur les rebelles.

La région est largement coupée du reste du pays et il est impossible de vérifier les affirmations de chacun des deux camps de manière indépendante.

Ces combats sont les premiers d’ampleur signalés depuis une trêve conclue fin mars et jusqu’ici largement respectée, qui avait notamment permis une reprise progressive de l’aide humanitaire vers la région, plongée dans des conditions proches de la famine.

Avion abattu

Gouvernement comme rebelles ont fait état mercredi de combats des deux côtés de la pointe sud-est du Tigré, qui s’enfonce entre les régions de l’Amhara à l’ouest et de l’Afar à l’est.

La milice amhara Fano – qui épaule les forces gouvernementales – affirme que les combats se déroulent dans deux zones – Mehago et Jemedo – de la région Amhara, frontalières du Tigré, ajoutant qu’aucun combat n’a lieu dans l’immédiat au Tigré même, sans qu’il soit possible de le confirmer de source indépendante.

L’APDA, ONG active en région Afar, a de son côté fait état de combats dans une zone frontalière du sud-est du Tigré: « Des forces fédérales sont présentes en nombre (dans la zone) de Yallo et repoussent » les rebelles tigréens « hors de l’Afar ».

L’armée éthiopienne a par ailleurs annoncé mercredi que son aviation avait abattu – à une date non précisée – un avion chargé d’armes destinées aux rebelles du Tigré, qui avait « violé l’espace aérien éthiopien en passant par le Soudan », une affirmation qualifiée de « mensonge flagrant » par Getachew Reda.

« Violation grave »

Une source humanitaire ayant requis l’anonymat a indiqué à l’AFP que les autorités rebelles du Tigré s’étaient approprié « les 12 camions citernes » du Programme alimentaire mondial (PAM) stationnés dans la région, soit « 500.000 litres de carburant » nécessaires pour y distribuer l’aide alimentaire.

Le conflit a provoqué une grave crise humanitaire au Tigré, dont le tissu économique a été détruit et qui est privé d’électricité, de télécommunications ou de banques.

Le ton était monté ces derniers jours, gouvernement fédéral et rebelles tigréens s’accusant mutuellement de se préparer à reprendre les hostilités, en dépit des engagements répétés des deux camps en faveur de négociations qui n’ont toujours pas commencé.

William Davison, analyste au centre de réflexion International Crisis Group (ICG) a estimé que les combats actuels doivent cesser avant qu’ils « ne dégénèrent vers un retour à une guerre à part entière ».

« Cette violation grave de la trêve conclue en début d’année montre la nécessité pour les deux parties d’organiser des négociations directes sans conditions dès que ces combats cesseront », a-t-il indiqué.

C’est « également un avertissement fracassant » à la communauté internationale pour qu’elle fasse en sorte que des négociations de paix « se tiennent réellement ».

L’Union africaine (UA), qui a son siège à Addis Abeba et mène les efforts pour amener les belligérants à la table des négociations, n’avait toujours pas réagi mercredi en fin d’après-midi.

Le conflit au Tigré a commencé en novembre 2020, quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed y a envoyé l’armée déloger les autorités de la région, les accusant d’avoir attaqué des bases militaires sur place après avoir contesté son autorité durant des mois.

L’armée fédérale éthiopienne a reçu l’appui des forces régionales et de milices amhara ainsi que d’un corps expéditionnaire de l’Erythrée voisine, des troupes toujours présentes dans l’ouest du Tigré.

Après avoir initialement battu en retraite, les rebelles tigréens ont repris le contrôle de l’essentiel de la région lors d’une contre-offensive mi-2021 au cours de laquelle ils sont entrés en Amhara et Afar voisines.

Par Le Point avec AFP

Tchad : Mahamat Idriss Déby Itno signe un accord avec des rebelles

août 8, 2022

Mahamat Idriss Déby Itno, a signé lundi au Qatar un accord avec une quarantaine de groupes rebelles destiné à lancer un dialogue national le 20 août à N’Djamena.

Mahamat Idriss Déby, à N’Djamena, le 12 juin 2021. © Vincent Fournier/JA

Le président de transition au pouvoir à N’Djamena, arrivé vendredi 5 août à Doha, a signé lundi au Qatar un accord avec une quarantaine de groupes rebelles destiné à lancer un dialogue national le 20 août à N’Djamena. Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), l’un des principaux groupes rebelles, n’a pas signé l’accord, malgré les espoirs des médiateurs à Doha qui ont cherché à le convaincre jusqu’à la dernière minute.

Joint par Jeune Afrique, le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères Majid Al Ansari estime néanmoins que les « lignes de communication restent ouvertes avec toutes les parties (y compris le FACT, ndlr) qui ont participé aux négociations. Le Qatar est prêt à poursuivre son rôle en tant que médiateur si la demande nous est faite à l’avenir. » Il signale que 42 groupes sur les 47 représentés à Doha pendant les négociations ont signé l’accord.

Cette signature intervient après cinq mois de négociations entre le Conseil militaire de transition tchadien (CMT) et des groupes armés, qui ont débuté en mars, après plusieurs reports, pour mettre fin à des décennies de troubles et d’instabilité au Tchad.

« Ces négociations ont pris un peu de temps, en raison d’abord du nombre de participants, puis des différentes versions de l’accord et des changements de dernière minute. L’accord porte d’abord sur le format des discussions qui auront désormais lieu à N’Djamena », précise encore le porte-parole du ministère qatari.

Cessez-le-feu, désarmement…

Quant au contenu de l’accord, selon une source qui y a eu accès, il prévoit : un cessez-le-feu permanent et l’arrêt des hostilités entre toutes les parties ; l’engagement du Conseil national de transition à ne pas mener d’opérations militaires ou policières contre les groupes signataires sur le territoire tchadien ou dans les pays voisins ; un consensus sur la nécessité du désarmement des groupes militaires et leur intégration dans l’armée, et l’ouverture d’un dialogue national pour répondre aux problèmes institutionnels et organiser des élections.

Sur ce dernier point, Majid Al Ansari se montre optimiste et affirme que l’accord « ouvre désormais la voie à un scrutin », dont les modalités doivent désormais être discutées à N’Djamena. Censé ouvrir la voie au retour à un pouvoir civil, le texte a été qualifié de « moment clé pour le peuple tchadien » par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Depuis plusieurs années, le Qatar est engagé dans une diplomatie de la médiation, qui a poussé l’émirat à organiser des discussions sur le Darfour et l’Afghanistan, notamment. Majid Al Ansari se félicite du fait que le Qatar soit désormais considéré comme « un partenaire international de confiance, doté d’une solide expérience dans la construction de la paix. »

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Centrafrique : Touadéra lance son dialogue« républicain » sans opposition ni rebelles

mars 23, 2022
Faustin-Archange Touadéra, le 30 mars 2021, lors de son investiture pour un second mandat à la tête de la Centrafrique. © Adrienne Surprenant/AP/SIPA

Le dialogue de réconciliation nationale promis de longue date par le président Faustin-Archange Touadéra s’est ouvert lundi. Il ne devrait cependant pas aboutir à des avancées notables : les groupes armés n’y ont pas été conviés, et l’opposition boycotte les discussions.

Il y a six jours, Faustin-Archange Touadéra avait annoncé, à la surprise générale, que le « Dialogue républicain » avec l’opposition et la société civile, promis il y a quinze mois, au lendemain de sa réélection contestée, aurait lieu lundi, mais avec un programme et des objectifs restés très vagues pour des débats prévus sur une semaine seulement.

Devant plusieurs centaines de participants de la majorité, de la société civile et de personnalités invitées à la cérémonie d’ouverture dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le chef de l’État a lancé les discussions ce lundi. Encadré par deux membres russes de sa garde rapprochée aux visages masqués, Faustin-Archange Touadéra a affirmé : « Nous sommes tous mobilisés autour des idéaux de paix […], il n’y a pas de sujet tabou, nous sommes là pour laver le linge sale en famille. »

Dimanche, la quasi-totalité des partis de l’opposition avaient annoncé leur refus de participer à ce dialogue, arguant principalement que les rebelles n’y étaient pas conviés – ce qu’ils savaient depuis quinze mois – et que le programme ne prévoyait rien sur la « question de la crise post-électorale », c’est-à-dire la réélection, non légitime à leurs yeux, de Touadéra, le 27 décembre 2020 par une partie très faible du corps électoral.

Exigences de la communauté internationale

« J’attends des débats francs sur ce qui concerne le pays, l’économie, la mauvaise gouvernance, la sécurité… Certains chefs des services supposés maintenir la sécurité commettent constamment des exactions contre la population, les groupes armés aussi, et cela ne peut plus durer », a plaidé l’avocat Bruno Gbiegba, participant issu de la société civile.

Cependant, l’opposition et les experts de la région ont fustigé par avance un dialogue de réconciliation mené sans les rivaux politiques ni ennemis armés du régime, estimant qu’il ne pouvait déboucher sur aucune avancée concrète en dehors de la promesse vague d’une « feuille de route » destinée à mieux intégrer l’opposition et la société civile dans la gouvernance du deuxième pays le moins développé du monde, selon l’ONU. Ils jugent que le président ne fait que répondre à une exigence de la communauté internationale en tenant ce dialogue qu’elle finance. Une exigence de l’ONU notamment, qui maintient depuis des années sous perfusion ce pays où la moitié de la population survit dans un état d’insécurité alimentaire aiguë, et qui y a déployé à partir de 2014 l’une de ses plus coûteuses missions de Casques bleus.

Faustin-Archange Touadéra avait promis à la communauté internationale d’accomplir une telle démarche au lendemain de sa réélection, obtenue avec 53,16 % des suffrages certes, mais alors que moins d’un électeur sur trois avait eu la possibilité d’aller voter en raison de l’insécurité. Depuis, comme après son élection de 2016, quand la guerre civile entamée en 2013 avait commencé à se faire moins meurtrière, le chef de l’État et son Mouvement cœurs unis (MCU) règnent sans partage au sein du gouvernement comme du Parlement, grâce à l’appui de petits partis satellites.

Lors de la présidentielle, Bangui était menacée par l’offensive de plusieurs groupes armés occupant alors deux tiers du territoire. Touadéra avait appelé Moscou à l’aide et des centaines de paramilitaires russes étaient venus à la rescousse d’une armée démunie, s’ajoutant à ceux présents depuis 2018. Ces « instructeurs non armés » selon le Kremlin, « mercenaires » de la société privée de sécurité Wagner selon l’ONU, ont, depuis, facilement repoussé les groupes armés de la majorité des villes et territoires qu’occupaient ces derniers. Non sans être accusés par l’ONU et la France de commettre – tout comme les groupes armés et rebelles – des « crimes de guerre », et d’avoir fait main basse sur les ressources du pays.

Avec Jeune Afrique

Sénégal: 9 soldats portés disparus

janvier 26, 2022

Avec TV5Monde

Ethiopie: Abiy Ahmed à la tête de la « contre-offensive » contre les rebelles, selon un média d’Etat

novembre 24, 2021
Ethiopie: Abiy Ahmed a la tete de la "contre-offensive" contre les rebelles, selon un media d'Etat
Ethiopie: Abiy Ahmed à la tête de la « contre-offensive » contre les rebelles, selon un média d’Etat© AFP/Amanuel Sileshi

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s’est rendu mercredi au front où il dirige la « contre-offensive » contre les rebelles venus de la région du Tigré, selon un média d’Etat, suscitant des appels internationaux à un cessez-le-feu dans cette guerre qui s’intensifie.

« Il n’y a pas de solution militaire au conflit en Ethiopie« , a martelé mercredi soir un porte-parole du département d’Etat américain, exhortant les parties « à s’abstenir de toute rhétorique incendiaire et belliqueuse » et « à faire preuve de retenue ».

Le secrétaire général de l’ONUAntonio Guterres, en visite en Colombie, a lui lancé un « appel urgent » à un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel afin de sauver » le pays, après plus d’un an d’un conflit marqué par le spectre de la famine.

M. Abiy, prix Nobel de la paix 2019, « mène maintenant la contre-offensive » et « dirige le champ de bataille depuis hier », a rapporté Fana Broadcasting Corporate, affirmant qu’à Addis Abeba le vice-Premier ministre Demeke Mekonnen gère désormais les « affaires courantes ».

Il n’était pas possible de savoir exactement où se trouvait M. Abiy, un ancien opérateur radio de l’armée devenu lieutenant-colonel. Fana n’a pas diffusé d’images de lui sur le terrain.

De retour d’une nouvelle mission à Addis Abeba, l’émissaire américain pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman, avait fait état mardi de « progrès naissants » en vue d’un règlement diplomatique du conflit. Mais il a prévenu que « l’escalade » militaire risquait de les rendre vains.

La guerre a démarré au Tigré en novembre 2020 lorsque M. Abiy y a envoyé l’armée fédérale afin d’en destituer les autorités, issues du Front de libération du Tigré (TPLF), qui défiaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires.

M. Abiy avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais, en juin, le TPLF a repris l’essentiel du Tigré et poursuivi son offensive dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar.

Cette semaine, le TPLF a affirmé contrôler Shewa Robit, à 220 km au nord-est d’Addis Abeba.

Un médaillé olympique comme recrue

Mercredi, des centaines de nouvelles recrues de l’armée, incitées par M. Abiy à « rejoindre la campagne de survie » selon Fana, ont participé à une cérémonie à Addis Abeba.

« J’ai été ébahi quand j’ai entendu » que le Premier ministre voulait rejoindre les soldats sur le terrain, a dit à l’AFP Tesfaye Sherefa, un chauffeur de 42 ans qui faisait partie des conscrits. « Quand un dirigeant quitte (…) son trône c’est pour sauver son pays. Son objectif n’est pas de vivre mais de sauver son pays, et j’ai pleuré quand il a dit +suivez-moi+ et est allé sur la ligne de front. »

Parmi ceux qui ont promis de se battre figure le marathonien et médaillé olympique Feyisa Lilesa, qui a déclaré que l’avancée des rebelles représentait une « grande opportunité » de défendre le pays.

« Quand un pays est profané, c’est impossible pour moi de ne pas bouger et de juste regarder », a-t-il dit à un autre média officiel, Ethiopian BC.

Aux Jeux de Rio en 2016, M. Feyisa avait fait la Une en franchissant la ligne d’arrivée du marathon les bras levés et en croix – un geste de solidarité avec son peuple oromo, dont les manifestations contre le pouvoir, alors de longue date aux mains du TPLF, subissaient une forte répression.

Exodes

Le gouvernement continue d’affirmer que la progression du TPLF est exagérée, dénonçant une couverture médiatique sensationnaliste et des recommandations sécuritaires d’ambassades jugées alarmistes.

L’ONU a exprimé mercredi son inquiétude après des informations faisant état de déplacements de populations de grande ampleur dans l’ouest du Tigré, où Washington a déjà mis en garde contre un nettoyage ethnique.

Ces déplacements se feraient depuis une zone frontalière du Soudan et de l’Erythrée, a indiqué le Haut Commissariat aux réfugiés. Les autorités zonales du Tigré ont fait état de 8.000 nouvelles arrivées, pouvant même aller jusqu’à 20.000, mais ces chiffres n’ont pu être confirmés dans l’immédiat.

Londres a appelé mercredi ses ressortissants à quitter « immédiatement » l’Ethiopie, faisant état d’une « détérioration » rapide de la situation.

La France, l’Italie, l’Allemagne, l’Irlande et les Etats-Unis ont émis des appels similaires. Washington, Londres et l’Union européenne ont également retiré leur personnel non-essentiel tandis que l’ONU va évacuer d’ici à jeudi les familles de ses employés internationaux.

Par Le Point avec AFP

Yémen: plus de 6.000 déplacés après l’avancée des rebelles autour de Hodeida

novembre 15, 2021
Yemen: plus de 6.000 deplaces apres l'avancee des rebelles autour de Hodeida
Yémen: plus de 6.000 déplacés après l’avancée des rebelles autour de Hodeida© AFP/Archives/Khaled Ziad

Plus de 6.000 nouvelles personnes ont été déplacées dans l’ouest du Yémen en guerre, après la récente avancée des rebelles Houthis autour de Hodeida, une ville portuaire essentielle pour l’acheminement de l’aide humanitaire, dont dépend la majorité de la population, selon l’ONU.

Les rebelles Houthis ont pris le contrôle d’une vaste zone au sud de Hodeida, objet d’un cessez-le-feu en 2018, après que les forces du gouvernement ont abandonné des positions au sud de la ville, avaient indiqué vendredi des sources loyalistes sans donner de raison à ce retrait.

« A la suite de ces événements, quelque 700 familles (environ 4.900 personnes) ont été déplacées vers la ville de Khokha, tandis que 184 autres familles (environ 1.300 personnes) ont été déplacées plus au sud vers le district de Mokha », a indiqué dimanche soir le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l’ONU, citant des sources gouvernementales yéménites.

« A ce jour, aucun déplacement n’a été signalé dans les zones qui sont passées sous le contrôle des autorités de facto (les Houthis) », est-il précisé dans un communiqué.

Citant des humanitaires sur le terrain, l’Ocha a annoncé qu’un nouveau site pour les personnes déplacées, comprenant 300 tentes, a été établi à Al-Khokha, où les autorités cherchent à ériger un autre camp.

L’avancée des Houthis devrait néanmoins « permettre d’améliorer les déplacements des civils entre les provinces de Hodeida et de Sanaa et à l’intérieur de Hodeida », selon l’Ocha. La capitale Sanaa est également sous contrôle des rebelles depuis 2014, date à laquelle la guerre a éclaté avec les forces du gouvernement.

Selon la Mission des Nations unies en l’appui à l’Accord de Hodeida (MINUAAH), qui appelle les parties à « discuter », le retrait des forces du gouvernement représente un « changement majeur des lignes de front » dans cette province.

« Protéger les civils »

Dans un communiqué, la mission a exhorté les belligérants à « respecter leur obligation de protéger les civils, en particulier les personnes déplacées, dans toute la province de Hodeida et notamment dans le sud, où des affrontements sont signalés ».

Après l’avancée des rebelles, l’ONU avait appelé les belligérants à « assurer la sécurité des civils à l’intérieur et autour des zones où les lignes de front changent ».

En sept ans de guerre, les Houthis proches de l’Iran, ont réussi à s’emparer de pans entiers du pays, en particulier dans le nord qu’ils contrôlent largement.

En dépit de l’appui au gouvernement d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, rivale de la République islamique, les rebelles avancent également à Marib, dernier bastion loyaliste dans le nord.

La coalition a assuré lundi avoir tué plus de 140 insurgés au cours des dernières 24 heures dans des raids menés dans les provinces de Marib et Al-Bayda, au sud de Marib, selon l’agence de presse officielle saoudienne SPA.

Depuis octobre, la coalition a annoncé environ 3.500 morts côté rebelles dans des frappes quasi-quotidiennes pour repousser leur offensive sur la ville de Marib, chef-lieu éponyme de la province stratégique riche en pétrole.

Ces chiffres ne peuvent être vérifiés de manière indépendante et les Houthis communiquent rarement sur leurs pertes.

La guerre a plongé le Yémen dans l’une des pires catastrophes humanitaires au monde selon l’ONU, avec plus des deux tiers de la population dépendant de l’aide internationale. Des dizaines de milliers de personnes, la plupart des civils, ont été tuées et des millions déplacées selon des organisations internationales.

Par Le Point avec AFP