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Turquie : Erdogan propose un référendum sur le port du voile

octobre 22, 2022

Le débat sur le port du voile s’est récemment enflammé en Turquie à l’approche des élections présidentielle et législatives prévues en 2023.

Le president turc Recep Tayyip Erdogan a propose samedi de lancer un referendum sur le port du voile dans son pays.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a proposé samedi de lancer un référendum sur le port du voile dans son pays.© LUKAS KABON / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a proposé samedi 22 octobre un référendum sur un changement constitutionnel pour garantir le droit de porter un voile dans la fonction publique, les écoles et les universités lors d’une intervention télévisée.

« Si tu as le courage, viens, soumettons ceci au référendum (…) Que la nation prenne la décision », a lancé le chef de l’État turc en s’adressant au chef du principal parti de l’opposition Kemal Kilicdaroglu qui avait initialement proposé une loi pour garantir le droit de porter le voile. Le débat sur le port du voile s’est récemment enflammé en Turquie à l’approche des élections présidentielle et législatives prévues en 2023.

À majorité musulmane, mais ayant inscrit la laïcité dans sa Constitution, la Turquie a été longtemps un pays où le port du voile était interdit dans la fonction publique, les écoles et les universités, ainsi que dans certains lieux, comme le Parlement ou les locaux de l’armée. Les restrictions concernant le port du voile ont été levées en 2013 par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.

Un vif débat sur la scène politique

À la différence des années 1990, où le sujet provoquait de vifs débats, aucun mouvement politique ne propose aujourd’hui son interdiction en Turquie. « Nous avons eu des erreurs dans le passé à propos du voile. (…) Il est temps de laisser derrière nous cette question et qu’elle cesse d’être suspendue aux lèvres des politiciens », a même lancé début octobre le chef du principal parti de l’opposition, CHP (Parti républicain du peuple), Kemal Kilicdaroglu.

Selon des observateurs, Kemal Kilicdaroglu aurait ainsi voulu montrer aux électeurs conservateurs – traditionnellement votant pour l’AKP, le parti de Recep Tayyip Erdogan – qu’ils n’avaient rien à craindre en cas de changement de pouvoir.

Face à cette tentative de récupérer les votes des conservateurs, Recep Tayyip Erdogan a riposté début octobre en appelant son adversaire à effectuer un changement constitutionnel à ce sujet. « Est-ce qu’il y a une discrimination envers les voilées ou pas voilées aujourd’hui dans la fonction publique ? Dans les écoles ? Non. (…) Nous avons réussi ceci », a affirmé le président turc samedi. « Nous allons prochainement envoyer au Parlement la modification de la Constitution. (…) Mais si cela ne peut être résolu au Parlement, soumettons-la au peuple », a-t-il ajouté.

Une mesure anti-LFBT soumise au référendum

Dans le texte que le chef de l’Etat turc propose désormais de soumettre au référendum, il y aura aussi une disposition anti-LGBT, visant à « renforcer la protection de la famille », a-t-il annoncé sans donner plus de détails. « Une famille forte veut dire une nation forte. (…) Est-ce qu’il peut y avoir des LGBT dans une famille forte ? Non » , a-t-il martelé. « En tant que représentant de la volonté du peuple, protégeons notre nation des attaques des courants déviants et pervers » , a-t-il ajouté.

Par Le Point avec AFP

En rencontre avec Poutine, Erdogan tente de négocier une trêve pour l’Ukraine

août 5, 2022
Le président turc Recep Tayyip Erdogan (à droite) et le président russe Vladimir Poutine.

Les discussions entre le chef de l’État turc et son homologue russe se porteront sur la Syrie et la guerre en Ukraine. Photo : Getty Images / Spuntnik / AFP / Sergei Savostyanov

Une trêve dans la guerre en Ukraine et le lancement d’une opération en Syrie? Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, doit évoquer vendredi avec le président russe, Vladimir Poutine, ces deux sujets brûlants.

Trois semaines après leur entretien à Téhéran, le chef de l’État turc retrouve son homologue russe à Sotchi sur la mer Noire, fort de son récent succès diplomatique qui a favorisé l’accord international sur la reprise des exportations de céréales ukrainiennes via le Bosphore.

Trois nouveaux bateaux chargés de maïs ont ainsi quitté les ports ukrainiens vendredi matin à destination de l’Irlande, du Royaume-Uni et de la Turquie.

Les deux dirigeants se sont retrouvés en tête-à-tête à 12 h (GMT) avant de partager un déjeuner avec leurs délégations. Aucune rencontre avec la presse ne figure au programme officiel.

Le mois dernier à Téhéran, le président turc avait été clairement mis en garde par Vladimir Poutine contre toute nouvelle opération en Syrie contre les combattants kurdes du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan et ses alliés.

Juste avant l’atterrissage de M. Erdogan, vendredi, le Kremlin a de nouveau appelé Ankara à ne pas déstabiliser la Syrie avec une incursion militaire, malgré ses inquiétudes légitimes.

Pour les analystes, ces tensions récurrentes font partie de la coopération compétitive qui définit la relation entre les deux dirigeants depuis vingt ans.

Restaurer l’image de la Turquie

La guerre de la Russie contre l’Ukraine a restauré l’image que la Turquie veut donner d’elle-même, celle d’un acteur géopolitique clé, et redonné de la visibilité à Erdogan, écrivait récemment Asli Aydintasbas, membre du Conseil européen des relations étrangères.

Pour elle, la plupart des Turcs soutiennent la position de leur pays de quasi-neutralité entre l’Est et l’Ouest.

La volonté de la Turquie, quoique membre de l’OTAN, de rester neutre entre Kiev et Moscou commence à porter ses fruits.

Après des mois d’efforts, les deux pays ont signé à Istanbul un accord soutenu par l’ONU permettant de reprendre les exportations de céréales ukrainiennes suspendues depuis le début de la guerre le 24 février.

La Turquie veut maintenant tenter d’en tirer parti pour obtenir l’ouverture de négociations directes entre le président russe et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, si possible à Istanbul.

Nous avons discuté [pour voir] si l’accord sur les céréales pouvait être l’occasion d’un cessez-le-feu durable, a confié mercredi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, après une rencontre avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, en Asie.

Des efforts minés par la situation en Syrie

Mais ces efforts sont compliqués par les menaces répétées d’Ankara d’opération militaire en Syrie, où les intérêts russes et turcs s’entrechoquent.

Moscou a largement soutenu le président syrien, Bachar Al-Assad, face à des groupes appuyés en partie par la Turquie.

Aujourd’hui, Erdogan veut de nouveau traverser la frontière pour établir une zone de sécurité dans une région où patrouillent les troupes russes et leurs affidés, mais d’où il veut chasser les groupes kurdes qu’il considère comme des terroristes.

Il est probable que la réunion [de vendredi] portera sur une éventuelle incursion en Syrie, pour laquelle la Turquie n’a pas obtenu le feu vert de la Russie ou de l’Iran, remarque le spécialiste en relations internationales Soli Ozel, de l’Université Has d’Istanbul. La Russie devrait obtenir quelque chose en retour, estime-t-il.

Pour certains médias turcs, ce que veut vraiment Vladimir Poutine, ce sont des drones.

À la recherche de drones

Ankara a fourni à l’Ukraine ses fameux drones de combats Bayraktar-TB2 à l’efficacité prouvée face aux chars russes.

Selon des responsables américains, une délégation russe s’est rendue en Iran pour envisager l’achat de centaines de drones. Et Erdogan lui-même a rapporté à son retour de Téhéran une demande de Poutine en ce sens.

Un responsable turc a ensuite assuré que le président plaisantait. Mais le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a donné corps à l’idée, assurant que la coopération militaire et technologique figure toujours à l’agenda des deux pays.

Et vendredi, le président des industries de défense turques, Ismail Demir, accompagnait M. Erdogan à Sotchi.

M. Erdogan a également embarqué ses ministres des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Économie et de l’Énergie, ce qui témoigne de ses attentes alors que la Turquie, qui importe l’essentiel de son énergie, subit une crise économique et une inflation proche de 80 % sur l’année.

Selon le Washington Post, les services de renseignement ukrainiens auraient divulgué une proposition de Moscou détaillant les possibilités d’investissements russes en Turquie afin de contourner les sanctions occidentales.

Reste enfin une possible source de tension entre les deux présidents, connus pour leurs retards chroniques.

A Téhéran, Erdogan a fait patienter Vladimir Poutine seul, pendant 50 secondes, debout dans une pièce sous la caméra de l’agence de presse officielle turque centrée sur son visage tendu.

Pour beaucoup, c’était la riposte du président turc au retard que lui avait infligé le patron du Kremlin, près de deux minutes durant, en 2020.

Par Radio-Canada avec AFP

Le Sénégal inaugure en grande pompe son nouveau stade national Abdoulaye-Wade

février 23, 2022
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Le projet a coûté 156 milliards de francs CFA, selon la présidence, soit environ 237 millions d’euros. Le complexe, qui peut accueillir 50 000 personnes, a été construit en moins de deux ans par l’entreprise turque Summa, situé à Diamniadio en banlieue de Dakar. L’occasion d’une fête populaire, malgré des bousculades. Un événement également diplomatique et politique.

Le président Macky Sall et ses homologues Recep Tayyip Erdogan de Turquie, Paul Kagame du Rwanda, Adama Barrow de Gambie et George Weah du Liberia échangent quelques passes au milieu du stade, symbole d’un événement « panafricain » pour Patrice Motsepe président de la confédération africaine de football : « C’est un jour historique pour le football africain ! Tous les présidents qui sont ici nous encouragent pour le développement de l’Afrique. »

Sport, outil diplomatique

Le sport, un outil de diplomatie mais aussi d’unité nationale pour le président Macky Sall, qui a rendu hommage à son prédécesseur Abdoulaye Wade, malgré des tensions sur le cas de son fils Karim Wade : « Les vertus rassembleuses du sport nous rappelle que nous sommes une seule et même nation. C’est pourquoi j’ai décidé de donner le nom du stade à mon illustre prédécesseur, le président Abdoulaye Wade. »

Un hommage rendu aussi aux récents champions d’Afrique par le président de la FIFA, Gianni Infantino : « C’est véritablement l’un des plus beaux stades que j’ai vus, pas seulement en Afrique, mais dans le monde entier. Bravo ! Vive le football, vive le Sénégal champion d’Afrique ! Sé-né-gal ! »

« Ca va chauffer deh ! »

Le stade abritera le match retour Sénégal – Égypte des éliminatoires de la Coupe du monde le 29 mars prochain. « Ca va chauffer deh ! », dit un supporter. Qui va l’emporter ? « C’est pas une question ! Nous sommes champions d’Afrique. »

Avec Sacer-infos par Stany Frank

Turquie-Afrique : Erdogan veut-il prendre le relais de la France ?

octobre 20, 2021
POV © POV

Le président turc est en tournée en Angola, au Nigeria et au Togo. Après l’annonce de la fin de Barkhane, il semble bien décidé à investir le terrain militaire africain, comme il l’a fait en Éthiopie.

Engagé dans une guerre sans merci avec les rebelles tigréens du TPLF, Abiy Ahmed n’a pas lésiné sur les achats d’équipements militaires. Et Ankara figure parmi ses principaux fournisseurs : selon l’agence de presse Reuters, dans le secteur de la défense et de l’armement, les exportations de la Turquie vers l’Éthiopie sont passées en un an de 203 000 dollars à 51 millions de dollars.

Gnassingbé, Kaboré et Weah

Ankara a-t-il maintenant pour ambition d’atteindre le même niveau de coopération militaire avec d’autres pays du continent ? Bien décidé à accélérer l’offensive diplomatique et économique de son pays en Afrique depuis que l’option d’un rapprochement avec l’Union européenne s’est éloignée au tournant des années 2000, Recep Tayyip Erdoğan vient d’effectuer une tournée en Angola au Nigeria et au Togo.

Mardi 19 octobre, il a ainsi fait escale pour quelques heures à Lomé, où il a été reçu par Faure Gnassingbé. Pour l’occasion, pas moins de deux chefs d’État de la région ont fait le déplacement : Roch Marc Christian Kaboré et George Weah. Si Erdogan ne vient pas à toi, il faut savoir aller à Erdogan… Le président burkinabè et le chef d’État libérien ont chacun eu l’occasion de s’entretenir avec leur homologue.

ANKARA A SIGNÉ UN ACCORD MILITAIRE AVEC LE NIGER DONT LES CLAUSES SONT RESTÉES SECRÈTES

Premiers pas sécuritaires

La Turquie a déjà un poids économique important en Afrique de l’Ouest, qui lui a notamment permis d’obtenir de plusieurs gouvernements de la sous-région la fermeture des écoles proches de la confrérie Gülen (du nom de l’imam qu’elle accuse d’avoir fomenté le coup d’État de juillet 2016), comme ce fut le cas dès 2017 au Sénégal. Sur le front sécuritaire, en revanche, la coopération avec les pays ouest-africains n’en est encore qu’à ses premiers pas. La Turquie, qui accueille depuis 2018 des officiers maliens pour des formations, a donné 5 millions de dollars à la force du G5 Sahel et a signé en 2020 un accord militaire avec le Niger dont les clauses sont pour l’heure restées secrètes.

Si Recep Tayyip Erdogan a plaidé lors de sa visite « de travail » à Lomé pour un renforcement des échanges économiques entre les deux pays, il a surtout, fait inédit, signé avec Faure Gnassingbé un accord portant sur le renforcement de leur coopération militaire, alors même que Lomé s’emploie à renforcer ses capacités face au risque terroriste. Le président togolais devrait répondre dans un avenir proche à l’invitation de son homologue turc et se rendre à Ankara.

Recep Tayyip Erdogan cherche-t-il à combler les vides laissés par le retrait partiel de la France ? En juillet dernier, International Crisis Group relativisait cette avancée militaire de la Turquie sur le continent qui « vu sa faible ampleur, demeure pour l’instant peu susceptible de bouleverser les dynamiques régionales ». Mais le think tank n’en soulignait pas moins le risque de voir se « renforcer la compétition géopolitique dans la région ».

POV

Avec Jeune Afrique par POV

Dessinateur de presse, William Rasoanaivo – alias POV – vit et travaille à Maurice.

Biden reconnaît le génocide arménien, la Turquie convoque l’ambassadeur américain

avril 24, 2021
Biden reconnait le genocide armenien, la Turquie convoque l'ambassadeur americain
Biden reconnaît le génocide arménien, la Turquie convoque l’ambassadeur américain© AFP/Archives/Andrew CABALLERO

Joe Biden a reconnu samedi le génocide arménien, devenant le premier président des Etats-Unis à qualifier ainsi la mort d’un million et demi d’Arméniens massacrés par l’Empire ottoman en 1915, suscitant la colère de la Turquie.

Son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a immédiatement réagi en dénonçant « la politisation par des tiers » de ce débat, dans un message adressé au patriarche arménien à Istanbul.

Le ministre turc des Affaires étrangères a convoqué samedi l’ambassadeur américain pour protester, a rapporté l’agence de presse d’Etat Anadolu.

La Turquie n’a « de leçons à recevoir de personne sur son histoire », avait-il auparavant déclaré.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a de son côté salué une « mesure très forte envers la justice et la vérité historique » dans un message sur Facebook.

Le génocide arménien est reconnu par plus de vingt pays et par de nombreux historiens mais il est vigoureusement contesté par la Turquie.

« Les Américains honorent tous les Arméniens ayant péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd’hui », a écrit Joe Biden dans un communiqué.

« Nous affirmons l’histoire. Nous ne faisons pas cela pour accabler quiconque mais pour nous assurer que ce qui s’est passé ne se répètera jamais », a-t-il ajouté.

Le président démocrate, qui avait promis pendant sa campagne électorale de prendre l’initiative sur ce dossier, a informé vendredi de sa décision son homologue turc dans une conversation téléphonique.

Les deux dirigeants sont convenus de se rencontrer en juin en marge du sommet de l’Otan à Bruxelles.

Au téléphone avec le chef de l’Etat turc, le locataire de la Maison Blanche a exprimé sa volonté de bâtir une « relation bilatérale constructive », selon le bref compte-rendu américain qui évoque la nécessité d’une « gestion efficace des désaccords ».

« Honorer les victimes »

Il s’agit d' »honorer les victimes, pas d’accabler qui que ce soit », a insisté une responsable américaine, sous couvert de l’anonymat. « Nous continuons de considérer la Turquie comme un allié crucial au sein de l’Otan », a-t-elle ajouté.

Sans citer explicitement les Etats-Unis, le président turc avait dès jeudi adressé une mise en garde à peine voilée à Washington.

Au cours d’une réunion avec des conseillers, il a prévenu qu’il continuerait à « défendre la vérité contre ceux qui soutiennent le mensonge du soi-disant +génocide arménien+ (…) à des fins politiques ».

Malgré des années de pressions de la communauté arménienne aux Etats-Unis, aucun président américain ne s’était jusqu’ici risqué à fâcher Ankara.

Le Congrès américain a reconnu le génocide arménien en décembre 2019 à l’occasion d’un vote symbolique, mais Donald Trump, qui entretenait d’assez bonnes relations avec Recep Tayyip Erdogan, avait refusé d’utiliser ce mot, parlant seulement d' »une des pires atrocités de masse du XXe siècle ».

Les Arméniens estiment qu’un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l’Empire ottoman, alors allié à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie. Ils commémorent ce génocide chaque année le 24 avril.

La Turquie, issue du démantèlement de l’empire en 1920, reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d’une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.

« La Turquie ne va jamais reconnaître le génocide. Cela n’arrivera jamais », a confié à l’AFP Aram Bowen, 33 ans, au cours d’un rassemblement de plusieurs centaines de membres de la communauté arménienne à New York.

L’annonce de Joe Biden est « ce qui se rapproche le plus d’une reconnaissance mondiale », a-t-il poursuivi.

Aussi présent au rassemblement new-yorkais, Samuel Armen, 32 ans, qui est né en Arménie, a de son côté jugé que ce geste était « étape positive », mais pas encore « suffisante ».

« Cela fait des années qu’on attend cela, on voulait cela avant Biden. On a eu beaucoup de promesses avec Trump et avant, on a attendu », a quant à elle dit à l’AFP Taline Nourian, croisée à Erevan.

« Je pense que la Turquie aura peur maintenant car tous les pays vont commencer à reconnaître (le génocide) cette année ou celle d’après, tout le monde va en parler », a affirmé cette Arménienne de 41 ans.

Moins optimiste, Gregory, interrogé par l’AFP dans les rues de Jérusalem pense que cette décision « ne va rien changer ».

« L’Arménie est un peu petit pays, nous ne sommes pas grands et puissants comme la Turquie. Nous n’avons pas beaucoup à offrir en terme de géopolitique et de commerce », poursuit l’homme dans la soixantaine en face du couvent arménien St-Jacques.

L’annonce de M. Biden n’aura pas de portée légale, mais elle ne peut qu’aggraver les tensions avec une Turquie que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a qualifiée de « soi-disant partenaire stratégique » qui « par de nombreux aspects ne se comporte pas comme un allié ».

Le président démocrate assure vouloir mettre la défense des droits humains au cœur de sa politique étrangère. Son gouvernement a confirmé l’accusation de « génocide » portée dans les derniers jours de la présidence de Donald Trump contre la Chine pour la répression des musulmans ouïghours.

Par Le Point avec AFP

Turquie : quatre journalistes de Charlie Hebdo inculpés pour «insulte» à Erdogan

mars 26, 2021

Les quatre journalistes sont accusés d’avoir insulté le président turc dans une caricature publiée l’an dernier. Un procureur demande jusqu’à quatre ans d’emprisonnement.

Un procureur turc a réclamé vendredi 26 mars jusqu’à quatre ans d’emprisonnement contre quatre collaborateurs de l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo qu’il accuse d’avoir «insulté» le président Recep Tayyip Erdogan dans une caricature publiée l’an dernier.

Selon l’agence de presse étatique turque Anadolu, les quatre collaborateurs de Charlie Hebdo inculpés sont la caricaturiste Alice Petit et trois responsables du célèbre hebdomadaire, Gérard Biard, Julien Sérignac et Laurent Sourisseau, dit Riss. La publication de cette caricature, en octobre, avait suscité la colère de Recep Tayyip Erdogan dans un contexte de vives tensions diplomatiques entre Ankara et Paris. On y voyait l’autoritaire président turc dessiné en slip, bière à la main, soulevant la robe d’une femme voilée en s’écriant: «Ouuuh ! Le prophète !».

«Vulgaire, obscène et déshonorant»

Dans son acte d’accusation, qui doit encore formellement être accepté par un tribunal pour que s’ouvre un procès, le procureur turc estime que cette caricature «n’entre d’aucune manière dans le cadre de la liberté d’expression ou de la presse», qualifiant le dessin de presse de «vulgaire, obscène et déshonorant». Après la parution de cette caricature, Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé une «attaque ignoble» commise par des «vauriens».

Cette affaire était intervenue dans un contexte de crise diplomatique entre la Turquie et la France, Recep Tayyip Erdogan accusant notamment le président français Emmanuel Macron d’«islamophobie» pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet. L’annonce de l’inculpation des journalistes de Charlie Hebdo intervient par ailleurs quelques jours après qu’Emmanuel Macron a accusé la Turquie d’«ingérence» et en pleine polémique en France sur le financement d’une mosquée soutenue par une association pro-turque à Strasbourg (est).

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé vendredi les poursuites contre les collaborateurs de Charlie Hebdo, accusant Ankara de vouloir «élargir la censure au-delà de la Turquie». Régulièrement épinglée par les ONG, la Turquie est classée à la 154e position sur 180 dans l’index de la liberté de la presse publié par RSF. Des dizaines de journalistes ont été arrêtés et plusieurs médias d’opposition poursuivis ou fermés ces dernières années dans ce pays.

Par Le Figaro avec AFP

Le président turc Erdogan appelle de nouveau Macron à faire examiner sa «santé mentale»

octobre 25, 2020

Le président turc avait déjà appelé son homologue français a «se faire soigner», condamnant son attitude à l’encontre des musulmans. L’Élysée avait alors dénoncé des propos «inacceptables», tandis que Jean-Yves Le Drian a relevé une «volonté d’attiser la haine» de la part de la Turquie.

Nouvelle surenchère dans les tensions diplomatiques entre Recep Tayyip Erdogan et Emmanuel Macron. Le président turc a une nouvelle fois, ce dimanche 25 octobre, appelé son homologue français à faire examiner sa santé mentale. Erdogan a accusé Emmanuel Macron d’être «obsédé» par lui «jour et nuit», ajoutant : «C’est un cas, et en conséquence, il a vraiment besoin de subir des examens (mentaux)».

Samedi, lors d’un discours télévisé, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait critiqué avec virulence les décisions de son homologue français envers la communauté musulmane. «Tout ce qu’on peut dire d’un chef d’État qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c’est : allez d’abord faire des examens de santé mentale», avait-il déclaré. L’Elysée avait alors réagi en dénonçant, en fin d’après-midi samedi, les propos «inacceptables» du président turc. «Les propos du président Erdogan sont inacceptables. L’outrance et la grossièreté ne sont pas une méthode. Nous exigeons d’Erdogan qu’il change le cours de sa politique car elle est dangereuse à tous points de vue. Nous n’entrons pas dans des polémiques inutiles et n’acceptons pas les insultes.»

Puis, ce dimanche 25 octobre, ce fut au tour du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, de dénoncer, de la part de la Turquie, «une volonté d’attiser la haine» contre la France et son président Emmanuel Macron. Le ministre des Affaires étrangères, depuis l’avion qui l’emmenait vers le Mali, a ainsi fustigé «un comportement inadmissible, à fortiori de la part d’un pays allié», tout en soulignant que l’ambassadeur serait de retour à Paris «pour consultation», dès ce dimanche.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a également appelé Ankara à «cesser cette spirale dangereuse de confrontation». «Les propos du président Recep Tayyip Erdogan à l’égard du président Emmanuel Macron sont inacceptables. Appel à la Turquie à cesser cette spirale dangereuse de confrontation», a-t-il tweeté.

«Caricatures offensantes»

La surenchère ne s’est pas faite attendre : en fin de matinée ce dimanche 25 octobre, Fahrettin Altun, directeur de communications à la présidence turque, a affirmé que les «caricatures offensantes» du prophète Mahomet étaient utilisées pour intimider les musulmans en Europe sous le prétexte de la liberté d’expression.

«La politique insidieuse des caricatures offensantes, des accusations de séparatisme contre les musulmans et des perquisitions de mosquées ne sont pas liées à la liberté d’expression», a affirmé Fahrettin Altun en anglais sur Twitter. «Il s’agit d’intimider les musulmans et de leur rappeler qu’ils sont les bienvenus pour continuer à faire fonctionner l’économie de l’Europe, mais qu’ils n’en feront jamais partie – sur fond de de discours sur l’intégration», a-t-il ajouté. Il a également soutenu que cette attitude à l’égard des musulmans était «étrangement familière» et ressemblait à «la diabolisation des juifs européens dans les années 1920»

Ces commentaires interviennent après la réponse de la France au président turc dans laquelle l’Elysée avait notamment relevé «l’absence de messages de condoléances et de soutien du président turc après l’assassinat de Samuel Paty», l’enseignant décapité il y a une semaine après avoir montré des caricatures de Mahommet lors d’un cours sur la liberté d’expression. Un avis partagé par Jean-Yves Le Drian qui a déclaré, dans son communiqué : «A l’absence de toute marque officielle de condamnation ou de solidarité des autorités turques après l’attentat terroriste de Conflans Sainte-Honorine, s’ajoutent désormais depuis quelques jours une propagande haineuse et calomnieuse contre la France.»

Il y a deux semaines, Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé comme une provocation les déclarations du président français sur le «séparatisme islamiste» et la nécessité de «structurer l’islam» en France. Un projet de loi sur la lutte contre «les séparatismes» en France, qui vise l’islam radical, doit être présenté début décembre. Il vise à renforcer la laïcité et à consolider les principes républicains en France et comporte plusieurs points susceptibles de provoquer des tensions avec la Turquie, comme le contrôle renforcé des financements des mosquées ou l’interdiction de la formation des imams à l’étranger.

Ce contentieux vient s’ajouter à une longue liste de désaccords entre Emmanuel Macron et son homologue turc, qui prend régulièrement la défense des minorités musulmanes dans le monde. Des tensions en Méditerranée au conflit en Libye, en passant par les affrontements au Karabakh, de nombreux dossiers opposent actuellement Paris et Ankara.

Par Le Figaro avec AFP

Turquie: visite symbolique d’Erdogan à Sainte-Sophie

juillet 19, 2020

 

La visite surprise du chef de l’Etat turc intervient à quelques jours de la première prière musulmane à Sainte-Sophie depuis sa reconversion, prévue vendredi.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a effectué dimanche une visite symbolique dans l’ex-basilique Sainte-Sophie d’Istanbul, la première depuis la reconversion controversée de cet édifice en mosquée la semaine dernière.

Lors de cette brève inspection, Erdogan a observé les travaux de reconversion à l’intérieur du bâtiment, a indiqué la présidence, qui a publié des photos sur lesquelles on voit des échafaudages.

La semaine dernière, le plus haut tribunal administratif de Turquie a révoqué une décision gouvernementale datant de 1934 conférant à Sainte-Sophie le statut de musée. Aussitôt cette décision rendue publique, le président Erdogan a annoncé la transformation de Sainte-Sophie en mosquée.

La visite surprise du chef de l’Etat turc intervient à quelques jours de la première prière musulmane à Sainte-Sophie depuis sa reconversion, prévue vendredi. Il n’est pas encore clair si Erdogan y prendra part. Selon l’Autorité des Affaires religieuses (Diyanet), 500 personnes participeront à la première prière collective vendredi à l’intérieur de Sainte-Sophie. Les icônes chrétiennes qui ornent l’intérieur de l’ancienne basilique byzantine seront dissimulées le temps de la prière, selon la Diyanet.

Oeuvre architecturale majeure construite au VIe siècle, Sainte-Sophie est un site classé au patrimoine mondial par l’Unesco, et l’une des principales attractions touristiques d’Istanbul. Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, elle a été transformée en musée en 1934 par le dirigeant de la jeune République turque, Mustafa Kemal, qui voulait «l’offrir à l’humanité».

La décision de la restituer au culte musulman a suscité des critiques à l’étranger, notamment en Grèce, pays qui suit de près le sort du patrimoine byzantin en Turquie. Le pape François s’est dit «très affligé» par cette reconversion.

Par Le Figaro avec AFP

 

Sainte-Sophie: Erdogan rejette en bloc les condamnations internationales

juillet 11, 2020

 

Vendredi, Erdogan a annoncé que l’ex-basilique byzantine de l’ancienne Constantinople serait ouverte aux prières musulmanes en tant que mosquée le vendredi 24 juillet.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rejeté en bloc samedi les condamnations internationales de la transformation de la basilique Sainte-Sophie d’Istanbul en mosquée, arguant que cela relevait des «droits souverains» de son pays.

«Ceux qui ne bronchent pas contre l’islamophobie dans leurs propres pays (…) attaquent la volonté de la Turquie d’user de ses droits souverains», a déclaré Erdogan au cours d’une cérémonie en visio-conférence. «Nous avons pris cette décision non pas par rapport à ce que les autres disent mais par rapport à nos droits, comme nous l’avons fait en Syrie, en Libye et ailleurs», a-t-il ajouté.

Le Conseil d’Etat, le plus haut tribunal administratif de Turquie, a accédé vendredi à la requête de plusieurs associations en révoquant une mesure gouvernementale de 1934 conférant à Sainte-Sophie le statut de musée. Peu après, Erdogan a annoncé que l’ex-basilique byzantine de l’ancienne Constantinople serait ouverte aux prières musulmanes en tant que mosquée le vendredi 24 juillet.

Oeuvre architecturale majeure construite au VIe siècle par les Byzantins qui y couronnaient leurs empereurs, Sainte-Sophie est un site classé au patrimoine mondial par l’Unesco, et l’une des principales attractions touristiques d’Istanbul avec quelque 3,8 millions de visiteurs en 2019. Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, elle a été transformée en musée en 1934 par le dirigeant de la jeune République turque, Mustafa Kemal, soucieux de «l’offrir à l’humanité».

Plusieurs pays, notamment la Russie et la Grèce, qui suivent de près le sort du patrimoine byzantin en Turquie, ainsi que les Etats-Unis et la France, avaient notamment mis en garde Ankara contre la transformation de Sainte-Sophie en lieu de culte musulman, une mesure pour laquelle M. Erdogan, issu d’un parti islamo-conservateur, milite depuis des années.

«Provocation»

Les réactions n’ont pas tardé: Athènes a condamné «avec la plus grande fermeté» la décision, Washington s’en est dit «déçu» et Paris la «déplore». La Grèce, par la voix de sa ministre de la Culture Lina Mendoni, a estimé qu’il s’agissait d’une «provocation envers le monde civilisé»: «Le nationalisme dont fait preuve le président Erdogan ramène son pays six siècles en arrière».

L’Eglise orthodoxe russe a regretté que l’«inquiétude» de «millions de Chrétiens» n’ait pas été entendue par le tribunal turc. Le Conseil oecuménique des Eglises, qui réunit environ 350 églises chrétiennes, notamment protestantes et orthodoxes, a quant à lui fait part de son «chagrin» et de sa «consternation».

Depuis l’ arrivée au pouvoir en 2003 d’Erdogan, les activités liées à l’islam se sont multipliées à l’intérieur de Sainte-Sophie, avec notamment des séances de lecture du Coran ou des prières collectives sur le parvis du monument.

Samedi, la basilique était fermée, la police ayant installée des barrières autour du monument. «Nous voulions (…) visiter le musée Sainte-Sophie, malheureusement nous avons réalisé qu’il est fermé à partir d’aujourd’hui», a réagi Renato Daeo, un touriste italien.

Accompagnée de sa fille de 16 mois et de son mari, Ksennia Bessonova, Russe vivant en Turquie, a subi la même déconvenue: «c’était notre petit rêve car depuis la naissance de notre fille, nous n’avions pu venir (visiter la basilique), en un sens je me sens triste».

Même si une reconversion de Sainte-Sophie en mosquée n’empêchera pas les touristes de toutes les croyances de s’y rendre –ils sont nombreux à visiter chaque jour la Mosquée bleue voisine–, il était prévisible que modifier le statut d’un lieu aussi emblématique dans l’histoire du christianisme suscite des tensions à l’étranger.

Mais Erdogan, un nostalgique de l’Empire ottoman, cherche aujourd’hui à rallier l’électorat conservateur sur fond de crise économique due à la pandémie de nouveau coronavirus et un contexte régional difficile. «C’est une décision que j’attends depuis des années. C’est une honte qu’elle ne soit pas intervenue auparavant, c’est pour cela que je suis très heureux», assurait ainsi dès vendredi soit Umut Cagri, un habitant d’Istanbul.

Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d’Ankara de l’organisme German Marshall Fund, relevait d’ailleurs samedi auprès de l’AFP que cette décision pourrait valoir à M. Erdogan le soutien de bon nombre de ses compatriotes «pour des sentiments religieux et nationalistes (…) C’est un débat que le président Erdogan ne peut pas perdre et que l’opposition ne peut pas gagner».

Par Le Figaro avec AFP

 

Syrie: Ankara passe à l’attaque au nord de la Syrie

octobre 9, 2019

 

Deux jours après l’annonce du retrait américain, des blindés turcs ont passé la frontière.

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La ville de Ras al-Ain bombardée ce mercredi. DELIL SOULEIMAN/AFP

La Turquie a tenu sa parole. Deux jours après l’annonce soudaine du retrait américain, et malgré les nouvelles menaces de Donald Trump, Ankara a fini par lancer son offensive en Syrie. Mercredi soir, des militaires turcs et leurs supplétifs syriens ont traversé la frontière en direction de Tal Abyad, selon une déclaration du Ministère de la Défense turc. L’opération militaire terrestre, qui a été précédée dans l’après-midi par une série de raids aériens aussitôt confirmés par Recep Tayyip Erdogan. «Les forces armées turques et l’Armée syrienne nationale (composée de rebelles syriens soutenus par Ankara) viennent de lancer l’opération Source de paix contre les terroristes du PKK/YPG et de Daech au nord de la Syrie. Notre mission est d’empêcher la création d’un corridor terroriste sur notre frontière, et d’apporter la paix dans ce secteur», avait déclaré en fin d’après-midi le président turc via son compte Twitter. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, au moins quinze personnes ont perdu la vie, dont huit civils, dans des bombardements turcs. Tard dans la soirée, les forces kurdes déclaraient avoir repoussé l’offensive, sans donner plus de précision.

Double objectif

L’objectif, affiché depuis longtemps par Ankara, est double: éviter la création en Syrie d’une région autonome kurde contrôlée par un parti frère des rebelles armés du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme terroriste) et mettre en place une «zone de sécurité» pour encourager le retour des réfugiés syriens dans leur pays.

Voilà plusieurs années, déjà, qu’Erdogan demandait l’établissement d’une «zone tampon» pour contenir les forces armées kurdes à sa frontière. Une proposition longtemps rejetée par Washington. C’est en effet sur cette même portion de territoire contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS, dont font partie les YPG), acteurs incontournables du combat anti-Daech appuyés par les États-Unis, que les soldats américains avaient maintenu une présence après la chute des derniers bastions djihadistes.

Impatient, Erdogan avait menacé à maintes reprises d’envahir la région. Après une série d’échanges musclés sur fond de laborieuses négociations avec son homologue américain, les deux hommes avaient récemment tranché en faveur de la création d’une poche de sécurité de 5 kilomètres de profondeur le long de la frontière. Mais le président turc en demandait plus: pour lui, seul un périmètre de 30 kilomètres, entièrement sous contrôle turc, permettrait de satisfaire ses demandes. Dans la nuit de dimanche à lundi, le revirement américain lui a enfin donné la possibilité de mettre son plan à exécution. Pressé de passer à l’acte, Erdogan s’est d’ailleurs gardé de prendre en compte la nouvelle sortie, ce lundi, de Donald Trump qui, via son compte Twitter, se disait prêt à anéantir «complètement l’économie de la Turquie» si elle «dépasse les bornes».

C’est qu’à ces préoccupations sécuritaires s’ajoutent, pour le chef de l’État turc, des considérations de politique intérieure. Confronté à une crise économique, doublée d’une vague de ressentiment antisyriens – qui, selon les experts, auraient fait perdre à son parti la majorité des grandes villes au dernier scrutin -, Erdogan entend réinstaller au plus vite une partie des 3,6 millions de réfugiés dans leur pays.

L’offensive s’annonce néanmoins risquée. L’attentat-suicide, ce mercredi, à Raqqa, au nord de la Syrie, confirme la crainte que les djihadistes de Daech ne profitent de ce contexte volatil pour refaire surface. Si le président russe s’est contenté d’appeler son homologue turc à «bien réfléchir», la France a aussitôt affiché une position plus ferme en saisissant le Conseil de sécurité. Londres a pour sa part exprimé sa «sérieuse préoccupation».

Par LeFigaro.fr par Delphine Minoui