Dans son procès en appel, l’homme de 48 ans condamné à la prison à vie en 2014 pour avoir égorgé son épouse à Fribourg en 2010 demande une réduction de sa peine. Le Ministère public requiert le maintien de celle-ci tandis que la défense plaide pour un allègement.
Cet homme a attaché sa victime. Il lui a infligé une quinzaine de coups de couteau, l’a frappée avec un pistolet « soft-air », lui a tiré des balles en plastique au visage, l’a étranglée, et lui a tranché la gorge.
Le jugement du Tribunal pénal de la Sarine semble figé par l’effroi que suscite la scène du crime, et épuré de toute considération humaine, a dit Maître Hayat, avocate du prévenu, mercredi devant le Tribunal cantonal fribourgeois. Elle a appelé à voir la blessure de l’homme derrière ces actes.
Les époux, arrivés de Tunisie en 1999, ont eu deux filles aujourd’hui adolescentes. Le mari surveillait constamment sa compagne. Elle s’est séparée de lui après des violences conjugales.
« Aimer mal, mais aimer quand même »
La défense a mis en évidence le décalage pathétique entre cet homme encore lié à sa compagne, et cette femme qui avait tourné la page. Elle a décrit « l’effondrement émotionnel » du mari apprenant qu’elle avait un autre homme dans sa vie.
« On peut aimer mal mais aimer quand même », a martelé l’avocate. L’amour et la haine sont parfois proches, a-t-elle ajouté, concédant que le prévenu a tenu des propos « disgracieux » au sujet de la défunte.
L’assassinat, s’il est maintenu au lieu du meurtre, implique un seuil de 10 ans de prison, ce qui laisse une marge pour abaisser la peine. Et pour Maître Hayat, cette qualification ne va pas de soi au vu de la souffrance du coupable dans sa relation avec la victime.
Elle met en doute aussi la préméditation de l’homicide. Le prévenu aurait commandé une arme à feu – finalement pas achetée – seulement pour menacer de se suicider. Et l’achat d’un pistolet « soft-air » serait tout au plus l’indice d’une préméditation de contrainte.
Responsabilité diminuée
La défense souhaite que les juges prennent en compte la légère diminution de responsabilité définie par les experts en raison de troubles de la personnalité (paranoïa, narcissisme). Elle note qu’aucune connotation sadique ne ressort des expertises.
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