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Le Canada interpellé alors que le nombre de réfugiés explose dans le monde

mars 4, 2023
Des migrants font la file pour embarquer sur un bateau.

En 2022, environ 100 000 réfugiés sont arrivés sur les côtes italiennes. Photo : Getty Images/Antonio Masiello

Les Nations unies se préparent à une nouvelle augmentation du nombre de réfugiés cette année, en raison du tremblement de terre du mois dernier en Turquie et en Syrie qui s’ajoute à une série de crises qui font en sorte que le monde se tourne vers le Canada pour obtenir plus d’aide.

Les besoins partout dans le monde sont énormes, a déclaré Kelly Clements, vice-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, lors d’une visite au Canada cette semaine.

C’est le début d’une autre année très difficile.

Mme Clements était en tournée au Moyen-Orient le mois dernier lorsque le tremblement de terre a frappé. Elle s’est dirigée vers la grande ville syrienne d’Alep immédiatement après.

La vice-commissaire des Nations unies pour les réfugiés Kelly Clements devant un drapeau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

La vice-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Kelly Clements, était au Canada cette semaine. Photo : Getty Images/Orlando Sierra

Des équipes engagées sur le terrain

Elle a dit que les secousses ont réveillé le personnel du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) aux premières heures du 6 février. Ils sont sortis dans la rue, se retrouvant dans la neige avec seulement leurs vêtements de nuit.

Certains de nos collègues ont perdu leur maison ou des biens et s’inquiétaient pour leurs proches. Malgré cela, tout le monde était de retour au bureau le jour même, a-t-elle dit.

Vous pouvez voir à l’intérieur des immeubles d’appartements, voir les effets personnels, les vêtements des gens, les miroirs sur le mur, les commodes, etc., a raconté Mme Clements.

La guerre civile syrienne est en cours depuis 2011 et certains secteurs d’Alep étaient déjà en ruines, a-t-elle souligné.

De nombreuses régions de la Syrie sont sous le contrôle de groupes belligérants, ce qui rend l’intervention du pays beaucoup plus lente que la mobilisation du gouvernement turc. Il a fallu une semaine au gouvernement syrien pour assouplir sa politique de restrictions sévères aux frontières, ce qui a retardé l’arrivée de l’aide humanitaire.

Un ours en peluche sur les décombres d'un bâtiment endommagé à la suite du tremblement de terre à Alep, en Syrie.

Déjà meurtrie par la guerre, Alep a été secouée par un tremblement de terre. (Photo d’archives) Photo : Reuters/Firas Makdesi

Des besoins qui perdurent

Le HCR a pu cependant se concentrer sur l’aménagement de logements pour les sinistrés. Mme Clements a précisé que l’agence a besoin de financement pour organiser des programmes pour les enfants séparés de leur famille et pour protéger les femmes contre la violence.

« Notre plus grande préoccupation est que lorsque les projecteurs ne seront plus braqués sur les interventions à la suite du tremblement de terre, les besoins seront toujours là même si les secousses sont terminées. »— Une citation de  Kelly Clements, vice-commissaire des Nations unies pour les réfugiés

Ce sont des gens qui auront besoin du soutien à long terme de la communauté internationale pour reconstruire leur vie. Il ne s’agit pas seulement de reconstruire des structures, a affirmé la vice-commissaire du HCR.

De nombreux déplacés

La Syrie comptait 21 millions de citoyens lorsque la guerre civile a éclaté il y a 12 ans. Aujourd’hui, 6,8 millions de Syriens sont déplacés et 5 millions sont réfugiés dans d’autres pays.

De l’autre côté de la frontière, 1,5 million de Syriens se retrouvent au Liban où un cinquième des résidents sont des réfugiés d’autres États, soit la plus forte proportion du monde.

Kelly Clements, une ancienne diplomate américaine à Beyrouth, se souvient d’avoir amené ses propres médicaments lors d’une récente visite, en raison du manque d’approvisionnement dans le pays.

Fuite du Liban, misère au Yémen

Le Liban était dans une impasse politique depuis des années, depuis l’explosion d’une grande partie de son port principal en 2020. L’inflation a appauvri presque tous les réfugiés dans le pays, ainsi que de nombreux citoyens libanais, explique Mme Clements.

Elle note que les Libanais fuient également leur propre pays sur des bateaux de fortune et que le nombre de morts en mer a triplé de 2021 à 2022.

Pendant ce temps, un autre conflit au Yémen a engendré une catastrophe, alors qu’un appel mondial à l’aide n’a atteint qu’un tiers de son objectif cette semaine.

Une fillette étendue dans un hôpital, au Yémen.

Les besoins médicaux sont criants, notamment au Yémen. (Photo d’archives) Photo : Reuters/Khaled Abdullah

L’ONU a demandé 4,3 milliards $US pour rétablir des services de nourriture, d’eau et de santé adéquats, mais n’a reçu que 1,2 milliard $US lors d’une conférence des donateurs lundi.

Le pays est assailli par une guerre civile violente, un blocus économique et des catastrophes naturelles de plus en plus graves. Selon Save the Children, le manque de financement aura un impact négatif sur la vie de millions d’enfants au Yémen et sur la stabilité à long terme du pays.

Ottawa annonce une aide de 46 millions

Lundi, le ministre canadien du Développement international, Harjit Sajjan, a annoncé un financement de 46 millions de dollars dans le cadre de sa réponse continue à la crise humanitaire au Yémen.

Il est tombé en grande partie hors du radar de la communauté internationale, et a encore énormément besoin de soutien humanitaire, a déclaré Mme Clements.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a recensé 65 millions de personnes déplacées dans le monde en 2015, un chiffre qui a explosé au-delà de 100 millions et qui devrait atteindre 120 millions d’ici la fin de 2023, selon des estimations conservatrices.

Mme Clements a félicité le Canada d’être l’un des principaux bailleurs de fonds du HCR et d’avoir réinstallé certains des réfugiés les plus vulnérables du monde dont les besoins ne peuvent être satisfaits dans de nombreux pays en développement.

Toutefois, elle espère que la contribution canadienne augmentera dans le prochain budget fédéral.

« Nous avons besoin que le Canada soit avec nous encore plus en 2023 qu’en 2022. »— Une citation de  Kelly Clements, vice-commissaire des Nations unies pour les réfugiés

Les demandeurs d’asile, toujours plus nombreux

Pendant ce temps, plus près de nous, la hausse du nombre de demandeurs d’asile qui entrent au Canada par le chemin Roxham incite le Québec à exhorter qu’Ottawa ferme ce point de passage frontalier non officiel.

Des demandeurs d'asile du Congo franchissent la frontière entre les États-Unis et le Canada à partir du chemin Roxham, le jeudi 9 février 2023.

De nombreux demandeurs d’asile passent par le chemin Roxham, en Montérégie, pour entrer au Canada. (Photo d’archives) Photo : The Canadian Press/Ryan Remiorz

Le gouvernement fédéral a transporté des centaines de demandeurs d’asile en Ontario alors que les médias québécois ont souligné le manque de logements à Montréal pour les nouveaux arrivants.

Bien que Mme Clements ne suive pas la politique canadienne, elle affirme qu’elle est confiante que le pays restera ouvert à aider les gens dans le besoin.

Le Canada a toujours été un pays incroyablement généreux, accueillant à bras ouverts les réfugiés, les demandeurs d’asile et d’autres, a-t-elle dit.

Je suis convaincu que le Canada peut trouver des moyens de continuer à accueillir ceux qui ont besoin de sa protection internationale, a-t-elle conclu.

Avec Radio-Canada

Paul Kagame ne veut plus du « fardeau » des réfugiés de RDC

janvier 10, 2023

Le président du Rwanda s’exprimait devant le Sénat. Les combats entre les forces congolaises et les rebelles du M23 dans l’est de la RDC ont poussé plus de 70 000 personnes à trouver refuge dans le pays voisin.

Le chef de l’État rwandais, Paul Kagame, lors de la COP27 de Charm el-Cheikh, le 8 novembre 2022. © AHMAD GHARABLI / AFP.

Le Rwanda ne peut plus accueillir de réfugiés en provenance de République démocratique du Congo (RDC), en proie dans l’est aux violences des rebelles du M23, a déclaré le 9 janvier le président rwandais Paul Kagame devant le Sénat.

« Ce n’est pas le problème du Rwanda. Et nous allons faire en sorte que tout le monde se rende compte que ce n’est pas le problème du Rwanda », a-t-il dit. Ajoutant encore : « Je refuse que le Rwanda supporte ce fardeau. »

72 000 réfugiés

Dans l’est de la RDC, les combats entre forces gouvernementales et M23 ont exacerbé les tensions avec le Rwanda voisin, Kinshasa accusant Kigali de soutenir la rébellion. Ces violences ont poussé de nombreux Congolais à trouver refuge dans les pays voisins, dont le Rwanda. Selon l’Agence des nations unies pour les réfugiés (UNHCR), le Rwanda comptait en novembre 2022 quelque 72 000 réfugiés congolais.

Ces derniers mois, Kigali a plusieurs fois nié son implication. Mais dans un rapport publié en décembre, un groupe d’experts de l’ONU affirme avoir collecté des « preuves substantielles » démontrant « l’intervention directe des forces de défense rwandaises [RDF] sur le territoire de la RDC », au moins entre novembre 2021 et octobre 2022. L’Union européenne a appelé le Rwanda à « cesser de soutenir le M23 ».

Initiatives diplomatiques

Le Rwanda a, de son côté, plusieurs fois imputé la responsabilité de la crise dans l’est de la RDC aux autorités de Kinshasa et accusé la communauté internationale de fermer les yeux sur le soutien supposé de son voisin aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Présentée comme une menace par Kigali, l’existence et la violence de cette milice ont justifié les interventions rwandaises passées en territoire congolais.

Des initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de résoudre la crise de l’est de la RDC, où une force régionale est-africaine, dirigée par le Kenya, est en cours de déploiement.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Canada-Francisation, emploi qualifié : le casse-tête des Ukrainiens accueillis au Québec

septembre 18, 2022

Ils ont fui la guerre avec un permis de travail du gouvernement canadien. Pour rester au Québec, ils devront répondre aux exigences de sélection de la province. À Saint-Ferréol-les-Neiges, toute une communauté s’entraide pour les soutenir.

Un couple avec un bébé et un homme à droite qui sourit en regardant la petite famille.

Inna, Denys et la petite Karolina, l’une des familles ukrainiennes accueillies sur la Côte-de-Beaupré au Québec. Photo : Radio-Canada/Myriam Fimbry

« Ici, on entend toujours le bruit de la rivière. Quand tu sors dehors, quand tu te couches le soir, si ta fenêtre est ouverte, c’est le bruit que tu entends », dit Marc Tremblay.

Son regard enveloppe la verdure et les flots tumultueux de la rivière Sainte-Anne en contrebas. « C’est apaisant », poursuit-il, songeur. « Pour quelqu’un qui arrive d’un pays en guerre et qui cherche à se ressourcer, je pense que c’est un endroit idéal. »

Marc Tremblay habite au bout du village de Saint-Ferréol-les-Neiges dans une grande maison de campagne, avec sa conjointe Sonia Bussière et un gros chien que les enfants en visite chez eux adorent caresser.

Ils racontent comment le réseau d’entraide s’est mis en place dans la région, peu de temps après le déclenchement de la guerre en Ukraine. C’est un médecin urgentologue à Québec, Patrick Voyer, propriétaire d’un chalet dans le coin, qui a lancé le premier appel sur les réseaux sociaux. Marc et Sonia ne le connaissaient pas.

Marc Tremblay et Sonia Bussière s’engagent activement à accueillir des familles ukrainiennes à Saint-Ferréol-les-Neiges. Derrière eux, le petit chalet rénové par leurs soins pour l’une d’elles.

C’est complètement fou. On ne savait pas dans quoi on s’embarquait!, dit Sonia Bussière. Malgré des jobs à temps plein, ces deux travailleurs autonomes dans le secteur de la construction commerciale ont embarqué dans le mouvement baptisé Un toit pour l’Ukraine.

Réunions, collectes de fonds, récolte de vêtements et jouets. Il y avait six maisons prêtées pour un an par des résidents ou des entrepreneurs. Il fallait les rénover, les meubler et les équiper. Tout cela a demandé beaucoup d’énergie et de bénévolat, de tableaux Excel pour gérer les dons, de contacts à solliciter, toute une logistique.

« La générosité des gens, ça a été exceptionnel. Un élan de solidarité incroyable! »— Une citation de  Marc Tremblay, résident de Saint-Ferréol-les-neiges

Une poignée de bénévoles a même réussi à organiser un concert-bénéfice à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, et avec l’argent recueilli chaque famille ukrainienne reçoit maintenant un virement mensuel pour son épicerie et ses dépenses personnelles.

Un des messages qui m’a touché, c’est Anton, quand il a commencé à travailler, confie Marc Tremblay, d’un coup très ému. Il a dit : « Je peux payer mes choses, avec mon argent. » Sa voix se brise quand il pense à ce travailleur en usine, avec une famille à charge, payé 20 $ l’heure. C’était une fierté pour ce père de famille, une grande satisfaction pour lui de ne plus être dépendant financièrement. Donc, quand il a eu son premier chèque, c’est ce qu’il m’a écrit.

La carte de l’Ukraine dessinée rapidement par Denys Denysiuk pour situer sa ville d’origine, Rivne, et résumer le conflit.

Francisation : une montagne à gravir

Denys Denysiuk prend une feuille et un crayon pour dessiner grossièrement la carte de l’Ukraine. D’un trait rapide, il indique les lignes de front et les villes de Kiev, de Rivne d’où il vient, Slovyansk, et d’Odessa, un nom familier pour Suzanne, qui l’a entendu aux informations.

Cette retraitée de 72 ans offre de son temps le jeudi soir, au café communautaire près de l’église de Saint-Ferréol-les-Neiges. Elle essaie d’apprendre quelques mots de français aux Ukrainiens qui le souhaitent, en attendant les cours de francisation. Ce n’est pas suffisant, mais juste leur donner confiance, les éveiller aux sons, c’est déjà pas mal, dit-elle.

Une jeune femme avec un bébé sur les genoux à gauche, en compagnie d'Elina et de Suzanne Demers à droite, dans une salle avec des tables.

«Quel est ton nom? Combien d’enfants?» Suzanne Demers enseigne quelques questions simples à un petit groupe d’Ukrainiens. Elle a déjà travaillé une quinzaine d’années avec les immigrants. Photo : Radio-Canada/Myriam Fimbry

Ce soir-là, elle a trois élèves. Dans la poussette près de la table, un bébé resté calme pendant près d’une heure se met à pleurer. Karolina, six mois, trouve le temps long. Elle a faim. C’est un bébé né sous les bombes, glisse Suzanne Demers, attendrie.

Inna Denysiuk, 20 ans, a dû se rendre dans le sous-sol de l’hôpital de Rivne le jour de l’accouchement, le 2 mars. C’était le début de la guerre. Les alarmes partaient tout le temps. Un jour de cauchemar, résume Denys, son mari âgé de 33 ans. Deux semaines après, ils ont compris que la guerre n’allait pas s’arrêter là et ils ont décidé de quitter l’Ukraine. Denys pouvait s’en aller, plutôt que de rester combattre, grâce à une blessure au dos.

Ils sont partis vers la Pologne en voiture, ont parcouru plus de 1000 kilomètres jusqu’à Gdansk, où ils ont attendu leur visa pour Montréal. Ils sont arrivés en juin au Québec et sont maintenant bien installés à Château-Richer dans la MRC de la Côte-de-Beaupré. Leur maison, toute neuve, est prêtée pour un an par un entrepreneur de la construction.

« On est heureux d’être ici. La seule inquiétude, c’est la langue. Il faut qu’on connaisse la langue. On a peur de ne pas réussir, mais on va être capables. »— Une citation de  Inna, 20 ans, Ukrainienne

Si Denys et Inna veulent rester au Québec, ils devront apprendre le français dans un délai relativement rapide. Or, malgré un nombre croissant de demandes, il n’y a pas de classe de francisation à Beaupré. Les classes les plus proches sont à Québec, ce qui pose un défi de transport, de permis de conduire, de temps et d’argent. Sans oublier la garderie… En attendant, le gouvernement leur propose des cours en ligne.

Allo, doudoune!… Tu te réveilles? Le médecin Patrick Voyer est sous le charme de la petite Karolina, le bébé de Denys et Inna. C’est lui qui a lancé le mouvement d’entraide dans la région, Un toit pour l’Ukraine. Entre deux patients ou deux quarts de travail à l’urgence de Québec, il soutient les familles arrivées ici.

Il s’inquiète de la pression ressentie par les familles pour satisfaire les conditions d’immigration au Québec.

Le médecin urgentiste Patrick Voyer avec Karolina, petite Ukrainienne née sous les bombes au début de la guerre en Ukraine.

« Beaucoup d’Ukrainiens ne viennent pas au Québec à cause de cette pression d’apprendre la langue. J’ai plein de familles qui étaient censées venir ici, mais qui ont décidé d’aller à Winnipeg ou à Calgary. »— Une citation de  Patrick Voyer, médecin

Remplir les critères : le casse-tête

Détail important : les familles ukrainiennes accueillies au Canada n’ont pas le statut de réfugié. Elles sont venues avec un permis de travail ouvert de trois ans, accordé par le Canada. Si elles veulent rester au-delà de ce délai, elles devront présenter des demandes de résidence permanente. Et, pour pouvoir rester au Québec, répondre aux exigences de la province.

Ils doivent travailler deux ans dans un emploi qualifié. Et en plus, être à un niveau de 7 sur 12 quant à la francisation, donc être capables de communiquer de façon autonome, détaille Joany Boily, agente de liaison interculturelle à Beaupré, au Service d’accueil des nouveaux arrivants. Donc, ils ont trois ans pour atteindre ces objectifs-là, pour demander leur certificat de sélection du Québec. Ils n’ont pas le choix, pour avoir la résidence permanente au Canada.

Dans le cas des Ukrainiens, accueillis avant tout pour des raisons humanitaires, sans sélection, ce sera difficile de remplir ces exigences en si peu de temps, estime Joany Boily. C’est une pression énorme sur leurs épaules.

En particulier, le critère de l’emploi qualifié, qui s’est ajouté sous le gouvernement Legault. Eux [au gouvernement], ils ont décidé qu’ils voulaient seulement avoir des travailleurs qualifiés, alors qu’en réalité, souvent les emplois faciles à obtenir quand tu ne parles pas encore français, c’est des emplois non qualifiés, explique la jeune femme.

Les emplois ne manquent pas dans la restauration, les magasins ou les usines.

« Il y a plein d’employeurs qui veulent les engager! Des magasins ici ont fermé faute d’employés. On en a, des emplois à leur offrir! Mais trouver un emploi qualifié quand tu ne parles pas français, pas anglais, au Canada, au Québec, c’est difficile. »— Une citation de  Joany Boily, Service d’accueil des nouveaux arrivants

Un bon employé de plus!

Anton Lobiak travaille dans une usine de portes et fenêtres à Beaupré. Il s’est présenté un jeudi, et le lundi, il commençait. Il installe des thermos sur les cadres de fenêtre. Très nerveux au début à l’idée de casser une vitre, parfois aussi grande que lui, il aime néanmoins son travail.

Ce n’est pas un travail compliqué, c’est un travail répétitif, donc c’est facile à faire, dit Anton Lobiak au cours d’une entrevue traduite par un ami ukrainien arrivé au Québec il y a une douzaine d’années. Tant que j’ai deux bras, deux jambes, poursuit-il, je peux gagner mon argent, je ne veux pas rester à attendre qu’on me donne l’argent des impôts de quelqu’un d’autre.

Mais c’est un emploi non qualifié, qui ne nécessite pas d’études ou de diplôme​ particulier​ ni de grande expérience professionnelle​, alors que le Québec valorise plutôt, dans le cadre de son programme actuel de sélection, des emplois qualifiés. 

Payé 20 $ l’heure, 40 heures par semaine, il a appris rapidement le travail à faire. Son chef d’équipe, Simon Bédard, lui a tout expliqué une phrase à la fois à l’aide d’une application de traduction français-ukrainien sur son téléphone.

Maintenant ça va bien, il est rendu autonome. – Et vous avez un employé de plus! – Un bon employé de plus, corrige-t-il. Nous, peu importe d’où ils viennent, tant qu’ils sont efficaces et qu’ils veulent travailler, on est heureux.

On est enchantés de l’arrivée d’Ukrainiens dans la région. On a de la place pour eux, c’est certain, confirme Julie Bernatchez, conseillère en ressources humaines chez Caron et Guay.

Anton Lobiak vit dans la maison prêtée pour un an à sa famille, au cœur du village de Saint-Ferréol-les-Neiges, avec sa conjointe Elina, qui était professeure d’informatique, et leurs deux enfants, des jumeaux de neuf ans.

La petite Milana tend un dessin qu’elle vient de faire : une maison, la porte avec la sonnette, le petit garage et le drapeau du Canada. La fillette est très heureuse ici et ne veut plus repartir maintenant qu’elle s’est fait des amis dans le quartier.

Les parents veulent rester aussi. Je suis très content de la sécurité que ça me procure d’être ici, confie Anton. Je n’ai pas peur de laisser ma fille jouer toute seule sur le terrain qui est un peu plus loin. Ici, on a les portes d’entrée vitrées alors que chez nous, c’est des portes en métal à trois serrures.

Ce serait une perte pour le Québec

Même si la paix revenait en Ukraine, la famille ne souhaiterait pas y retourner. Tout dépend comment va se finir cette guerre-là. Et même après, au moment de la paix, savoir que tu habites à côté de ce voisin, qui est encore la Russie, ça ne m’inspire pas.

Si les règles d’immigration les incitaient à quitter le Québec pour une autre province, ce serait crève-cœur, après tant d’efforts déployés par la petite communauté pour faciliter leur intégration. C’est des gens travaillants, intelligents et ils sont prêts à rester, dit Marc Tremblay. C’est le Québec qui sera perdant s’il leur met des bâtons dans les roues!

Comment améliorer l’accueil des Ukrainiens au Québec? Selon le Service d’accueil des nouveaux arrivants Côte-de-Beaupré, il faudrait :

  • valoriser l’expérience professionnelle acquise dans un emploi non qualifié, pas seulement dans un emploi qualifié;
  • ajouter des classes de francisation à l’écart des grands centres, comme ici à Beaupré;
  • augmenter l’allocation versée pour l’apprentissage du français afin de permettre aux nouveaux arrivants de s’y consacrer et d’avoir un revenu suffisant.

Peut-être que, dans quelques mois, on va trouver une solution. En tout cas, j’espère! s’exclame Joany Boily, agente de liaison interculturelle. Ils veulent travailler, et nous, on a besoin d’eux. On gagne tellement à ce qu’ils soient ici!

Saint-Ferréol-les-Neiges, village de 3800 habitants sur la Côte-de-Beaupré, situé à 50 kilomètres de Québec.

Avec Radio-Canada par Myriam Fimbry

Des Russes fuient Vladimir Poutine et s’exilent au Canada

mai 8, 2022
Anastasia Ryabkova et Vladimir Ryabkov sont assis sur leur lit avec leurs deux filles.

La famille Ryabkov a trouvé refuge en Ontario il y a un peu plus d’un mois. Photo : Radio-Canada/Andréane Williams

Menacés, intimidés, bâillonnés, des Russes qui s’opposent au régime de Vladimir Poutine et qui osent dénoncer l’invasion de l’Ukraine sont forcés de fuir la Russie. Alors que des experts parlent d’un exode sans précédent, certaines familles trouvent refuge au Canada, où elles espèrent obtenir le statut de réfugié et se bâtir une nouvelle vie.

Une valise de cabine et quatre petits sacs à dos contenant une paire de jeans, quelques t-shirts, des vêtements chauds et des livres : voilà ce qu’ont apporté avec eux Anastasia Ryabkova, son mari Vladimir Ryabkov et leurs deux filles, Kira, huit ans et Vlada, trois ans, en fuyant leur Sibérie natale, il y a un peu plus d’un mois.

Nous avons peu de choses, mais nous nous sentons en sécurité et c’est plus important que les choses matérielles, lance Anastasia Ryabkova en français dans la petite chambre de motel où loge sa famille depuis son arrivée en Ontario.

En Russie, cette chanteuse classique travaillait comme éducatrice de la petite enfance. Son mari Vladimir, lui, était mécanicien et propriétaire d’un garage. Les deux se décrivent comme des opposants à Vladimir Poutine et comme des partisans de l’opposant russe et blogueur anti-corruption Alexeï Navalny, aujourd’hui emprisonné.

Quelques jours seulement après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ils sont allés manifester sur la place centrale de leur ville, Tomsk, pour dénoncer la guerre.Anastasia Ryabkova et son mari Vladimi Ryabkov se sont fait entourer de policiers alors qu'ils manifestaient avec des pancartes anti-guerre.

Anastasia Ryabkova et son mari Vladimi Ryabkov se sont fait interpeller par la police pendant qu’ils manifestaient dans leur ville natale, en Sibérie, contre l’invasion russe de l’Ukraine. Photo : Fournie par Aanastasia Ryabkova

Nous ne pouvions pas rester silencieux, lancent-ils en se tenant la main.

Mme Ryabkova raconte qu’en seulement trois minutes, son mari et elle ont été appréhendés par les policiers.

Quelques jours plus tard, les autorités russes se sont présentées à leur porte. Craignant d’être arrêtée, la famille, qui détenait déjà un visa de tourisme pour le Canada, a décidé de plier bagage.

En Russie, quand la police vient chez toi, tu sais que tu peux être arrêté sans raison. […] Je ne peux plus vivre en Russie, parce que je vais être traduit en justice. Ma femme va être traduite en justice et j’ai peur que ma famille soit séparée, explique M. Ryabkov, qui est lui-même né en Ukraine lorsque ce pays faisait partie de l’Union soviétique.

Des dizaines de milliers en exil

Le cas des Ryabkov est loin d’être isolé. Comme eux, des dizaines de milliers d’autres Russes ont fui leur pays depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Des experts disent qu’il est difficile d’évaluer leur nombre exact, mais l’ONG OK Russians, qui vient en aide aux Russes qui ont fui leur pays, estime qu’ils sont environ 300 000 dans cette situation depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février.

Il y en a sûrement plus que ça maintenant, croit Jeanne Batalova, analyste principale au Migration Policy Institute.

Elle explique que la plupart trouvent refuge dans les pays baltes, en Géorgie, en Arménie, en Turquie ou encore en Israël.

Si on regarde les chiffres et la vitesse à laquelle les gens partent alors qu’il n’y a pas de guerre en Russie, c’est sans précédent, ajoute-t-elle.

Konstantin Sonin, un économiste russe et professeur à l’Université de Chicago, compare quant à lui cet exode à celui qui avait été causé par la guerre civile russe après la prise du pouvoir par les bolchéviques, au début du 20e siècle.

Il s’inquiète de voir autant de professionnels quitter le pays.

Cela veut dire que si la Russie survit à cette crise, elle va avoir encore moins de chances de se développer, déplore-t-il.

Le prix de ses opinions

Lev Abramovich, un avocat d’origine russe spécialisé en immigration et établi à Toronto, confirme avoir observé une nette augmentation du nombre de demandes d’aide en provenance de la Russie depuis le début de la guerre.

La plupart de ces demandes viennent de personnes qui ont exprimé leurs opinions politiques et qui s’opposent à la guerre. […] Elles doivent maintenant se cacher, elles ont perdu leur emploi ou ont dû quitter le pays, déplore-t-il en précisant que le fait de s’opposer au régime de Vladimir Poutine coûte très cher en Russie.

« Tous ceux qui se sont opposés [au régime] sont morts, emprisonnés ou à l’extérieur du pays. »— Une citation de  Lev Abramovich, avocat

Sasha (nom fictif), un journaliste de Moscou, a perdu son emploi lorsque le journal en ligne pour lequel il travaillait a été fermé par le gouvernement russe. Depuis le début de la guerre, il est sans revenu.

Ses enfants ont déjà quitté le pays et il espère bientôt trouver refuge au Canada avec sa femme. Il dit que la situation actuelle en Russie est pire que celle qu’il a connue sous l’Union soviétique dans les années 1970 et 1980.

À l’époque, tout le monde savait que si on suivait certaines règles, il n’y avait pas de danger. […] Ce qui se passe aujourd’hui ressemble beaucoup plus aux années 1930, sous Staline, quand personne ne pouvait être certain de ne pas se faire emprisonner.

Je comprends que les gens tiennent les Russes collectivement responsables de ce qui se passe en Ukraine, mais j’espère que les Occidentaux comprendront qu’on ne peut pas vraiment s’opposer à un régime autoritaire qui est déterminé à rester au pouvoir à tout prix, dit-il.

Partir, un défi en soi

Cependant, quitter la Russie n’est pas simple, explique Lev Abramovich.

Les Russes qui en ont les moyens financiers de partir doivent d’abord trouver un billet d’avion. Or, beaucoup de vols en partance de la Russie ont été suspendus. Par ailleurs, de nombreux pays exigent qu’ils obtiennent un visa pour entrer sur leur territoire.

À l’aéroport, les voyageurs risquent aussi de se faire interroger et interdire de partir par les autorités russes, explique Lev Abramovich.

À la frontière, on m’a posé un tas de questions : où j’allais, pendant combien de temps et pourquoi. […] [Les douaniers] m’ont dit qu’ils attendaient mon retour, raconte Ksenia (nom fictif), arrivée au Canada avec son fils cette semaine.

Elle s’inquiète maintenant pour sa famille restée en Russie, surtout que sa mère dit avoir appris que des agents des services de renseignement russes questionnent maintenant les proches des personnes qui ont quitté le pays.

Tout pourrait leur arriver. La police pourrait fouiller leur maison et prétendre y avoir trouvé de la drogue. Ils pourraient aussi saisir l’entreprise de mon père. Des choses de ce genre arrivent souvent en Russie.La famille Ryabkov dans sa chambre de motel. Le père et une des deux fillettes sont assis à la table tandis que la mère fait du café avec l'autre petite fille.

La famille Ryabkov vit maintenant dans un motel de Mississauga, près de Toronto. Photo: Radio-Canada par Andréane Williams

Ksenia et les Ryabkov ne savent pas quand ils reverront leur pays natal. Ils ont fait une croix sur la Russie puisque Vladimir Poutine pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2036.

C’est très difficile parce que j’ai fermé la porte. J’ai quitté mon bel appartement, l’école de mes filles, mes parents, mes amis, dit Anastasia Ryabkova.

Les réfugiés ukrainiens pourront retourner en Ukraine afin de reconstruire leur pays après la guerre. Nous, on ne pourra pas retourner en Russie, dit son mari Vladimir.

Radio-Canada a accordé l’anonymat à Ksenia et Sasha, qui l’ont demandé par crainte de représailles.

Avec Radio-Canada par Andréane Williams

Des soldats canadiens s’envolent vers la Pologne pour aider les réfugiés ukrainiens

avril 16, 2022

Des militaires canadiens attendaient de monter à bord d’un avion à Edmonton afin de s’envoler vers la Pologne, le vendredi 15 avril 2022. Photo: The Canadian Press/Jason Franson

Une centaine de soldats canadiens sont montés à bord d’un avion à destination de la Pologne vendredi pour participer à une mission « intense », mais « gratifiante » – selon les termes de leur commandant – afin d’aider les Ukrainiens fuyant l’invasion russe.

Quelque 80 soldats ont décollé d’Edmonton et 20 autres de Trenton, en Ontario. Ils offriront une aide humanitaire dans des centres d’accueil partout en Pologne, a expliqué le major Ryan Pridmore, commandant de compagnie du 3e bataillon Princess Patricia’s Canadian Light Infantry.

Ils doivent, avec une unité médicale canadienne, soutenir la force de défense territoriale polonaise dans le cadre d’une mission de deux mois.

Nos soldats sont tous extrêmement heureux d’être déployés, a-t-il déclaré. C’est pour cela que nous nous sommes entraînés. C’est pourquoi nous faisons ce travail. Nos soldats sont prêts à intervenir et à aider.

Une fois les bottes au sol, le major Pridmore s’attend à ce que les soldats soient mis directement au travail.

Nous avons des aumôniers pour fournir des services spirituels ainsi que des professionnels de la santé mentale lorsque les réfugiés arrivent dans les centres d’accueil, a affirmé le commandant, qui a déjà servi en Afghanistan et au Koweït.

Certains des autres soldats ont une formation linguistique, a-t-il ajouté.

D’après lui, le Canada est prêt à envoyer environ 50 soldats supplémentaires pour aider à la prise en charge, à la coordination et à la réinstallation des réfugiés ukrainiens en Pologne.

Nous avons une équipe en place là-bas qui prépare le terrain, donc nous n’agissons pas à l’aveuglette, mais ce sera certainement un lancement assez rapide des affaires une fois que nous serons sur le terrain.

Jeudi, la vice-première ministre Chrystia Freeland a soutenu à Calgary qu’il était approprié de qualifier l’occupation russe de génocide – comme l’ont dit le président américain Joe Biden et le premier ministre Justin Trudeau – puisque des milliers d’Ukrainiens ont été tués et brutalisés.

Mme Freeland a évoqué un document effrayant publié sur un site Internet russe il y a 10 jours qui exposait effectivement un plan de génocide en Ukraine, qui appelait à la souffrance, à la punition des personnes qui avaient choisi à tort, selon ce document, de s’identifier comme des Ukrainiens.

Cela appelait à ce que le mot Ukraine soit effacé, a ajouté Mme Freeland, qui est également ministre des Finances du Canada.

Le ministère de la Défense nationale a indiqué dans un communiqué que les soldats travailleront également avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Ils agiront aussi comme agents de liaison avec les forces armées polonaises pour appuyer les efforts fédéraux d’octroi de la résidence temporaire aux Ukrainiens désirant travailler ou étudier au Canada.

Vendredi, certains soldats à Edmonton ont plaisanté sur leur nervosité, tandis que d’autres ont dormi dans le salon de l’aéroport avant de prendre leur vol.

J’ai été très heureux de voir que le moral était exceptionnellement élevé et, d’après mes observations, je dirais que la force opérationnelle va être très efficace en Pologne, a mentionné le lieutenant Kevin Moffat, officier des affaires publiques des Forces armées canadiennes, qui souligne que certaines personnes de l’équipe ont des racines ukrainiennes.

Radio-Canada avec La Presse canadienne

Des étudiants étrangers en Ukraine tentent de poursuivre leurs études au Canada

mars 26, 2022

Des étudiants étrangers en Ukraine qui ont réussi à fuir ce pays vers la Pologne espèrent maintenant pouvoir poursuivre leurs études au Canada. Sur la photo, Junior Nzoghe (en beige) souhaite compléter ses études en médecine à l’Université d’Ottawa. Photo : Mike Sabushimike

Depuis le début du conflit russo-ukrainien, l’Association afro-canadienne d’Ottawa (ACAO) s’est mise à la tête d’une coalition d’organismes internationaux pour faire sortir des étudiants africains qui se sont retrouvés coincés en Ukraine.

Plus de 1200 étudiants sont maintenant en sécurité grâce à ces efforts, estime l’Association des Africains Canadiens d’OttawaACAO. Si certains sont retournés dans leur pays d’origine, de nombreux autres tentent de poursuivre leurs études à l’étranger. Le Canada est une de leurs destinations de prédilection et plusieurs tentent de s’inscrire à l’Université d’Ottawa.

On a tout perdu, en fait. On a tout perdu et on est vraiment dans la merde, déplore Junior Nzoghe, originaire du Gabon, qui a passé près d’un mois caché dans son appartement à Kherson, où il étudiait avant que la guerre n’éclate.

Junior Nzoghe, étudiant étranger en Ukraine (au centre) Photo : Mike Sabushimike

« Toutes les nuits, on était sous les bombardements. »— Une citation de  Junior Nzoghe, étudiant étranger en Ukraine

Gwen Madiba, présidente de l’organisme Equal Chance à Ottawa, est celle qui a accompagné la délégation de la coalition dirigée par l’Association des Africains Canadiens d’OttawaACAO. Elle a pris tous les moyens nécessaires pour les sortir de là, explique Junior.

Mme Madiba a quitté la capitale fédérale il y a quelques jours pour rejoindre la Pologne afin de mieux coordonner l’évacuation d’étudiants étrangers en Ukraine.

On a vraiment travaillé fort ensemble pour trouver des personnes fiables, et même avec ces personnes fiables, les prix sont exorbitants, indique la présidente de l’organisme Equal Chance.

Gwen Madiba, présidente de l’organisme Equal Chance à Ottawa, enlace un étudiant étranger qui vient de fuir l’Ukraine. Photo : Mike Sabushimike

En effet, il a fallu 8000 $ pour évacuer 10 étudiants, dont Junior, avant de franchir les 1000 km qui relient Kherson à la Pologne.

On s’est dit qu’on allait laisser nos vies ici et qu’on allait mourir. Sans elle, on était vraiment à la rue, car on n’avait pas de soutien, témoigne Junior, dont le périple pour sortir de l’Ukraine a duré quatre jours.

Maintenant qu’il est en lieu sûr, le jeune homme souhaite reprendre ses études et réaliser son rêve de devenir médecin. Il a envoyé son dossier à l’Université d’Ottawa, tout comme une quarantaine d’autres étudiants récemment exfiltrés de Kherson.

Ils aimeraient être acceptés dans des universités canadiennes, notamment à l’Université d’Ottawa, qui est une université bilingue, ajoute Gwen Madiba.

Un processus accéléré comme pour les Ukrainiens?

À Ottawa, leurs candidatures sont passées entre les mains de Boulou Ebanda de B’Béri, un professeur et conseiller spécial antiracisme à l’Université d’Ottawa.

Le plus gros défi consiste à les faire accepter par Immigration Canada, mentionne M. Ebanda de B’Béri.

Boulou Ebanda de B’Béri, professeur et conseiller spécial antiracisme à l’Université d’Ottawa Photo : Radio-Canada

Il a écrit au premier ministre Justin Trudeau pour que les étudiants puissent profiter des programmes d’accueil accéléré mis en œuvre pour les Ukrainiens : J’ose croire que les étudiants noirs qui font partie du groupe des réfugiés ukrainiens pourront bénéficier de cette mesure.

Par contre, ce n’est actuellement pas le cas, a confirmé par courriel Immigration Canada, qui assure toutefois examiner des options pour accueillir les personnes qui fuient le conflit mais qui ne sont pas des citoyens ukrainiens.

Par Radio-C anada avec les informations de Nafi Alibert

Initiative du Canada et de l’UE pour les réfugiés ukrainiens

mars 26, 2022

Le premier ministre Justin Trudeau et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mercredi à Bruxelles. Photo: AFP/Geert Vanden Wijngaert

Le Canada et l’Union européenne (UE) ont annoncé samedi le lancement d’une collecte internationale de fonds en faveur des réfugiés ukrainiens, qui culminera le 9 avril avec une « conférence des donateurs » organisée conjointement par Bruxelles et Ottawa.La campagne « Agir pour l’Ukraine » cherche à mobiliser les gouvernements, les institutions, les artistes, les entreprises et les particuliers à allouer des fonds pour soutenir les efforts humanitaires en Ukraine et dans les pays voisins, a expliqué le bureau du premier ministre canadien Justin Trudeau, dans un communiqué co-signé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Mme Von der Leyen et M. Trudeau ont indiqué répondre à l’appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky pour qu’ait lieu le 9 avril, un grand rassemblement […] sur les médias sociaux pour soutenir les personnes qui ont été forcées de fuir l’Ukraine.

L’initiative de la Commission européenne et du gouvernement canadien est effectuée en partenariat avec l’Organisation non gouvernementaleONG Global Citizen.

Elle aura pour point d’orgue […] une conférence des donateurs organisée le 9 avril par la présidente de la Commission européenne, Mme Von der Leyen, et le premier ministre Justin Trudeau, qui aura pour objectif de lever des fonds et de mobiliser un soutien plus large en faveur des réfugiés et déplacés ukrainiens.

Près de 3,8 millions de personnes ont fui l’Ukraine, majoritairement pour la Pologne, depuis l’invasion de l’armée russe le 24 février, selon l’Organisation des Nations uniesONU, qui estime à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l’intérieur de l’Ukraine.

Au total, plus de dix millions de personnes, soit plus d’un quart de la population, ont dû quitter leur foyer.

Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse

Guerre en Ukraine: l’ambassade du Congo en France à la rescousse des réfugiés congolais

mars 24, 2022
La photo de groupe entre la délégation de l’ambassade du Congo en France et les réfugiés congolais de l’Ukraine bloqués à la frontière de la Pologne

Constitués en délégation, Constantin Noël Michel Ebelebe, directeur de l’Office de gestion des étudiants et stagiaires congolais (OGES), et Jean Bastien Makoundou se rendent en Pologne, première étape de leur mission, avant de continuer en Allemagne et en Belgique.

Les retrouvailles se multiplient entre les Congolais initialement installés en Ukraine fuyant les offensives russes et les délégations dépêchées par le gouvernement ou les membres de la cellule de crise mandatés pour la circonstance.

Très souvent, tout comme les autres Africains en Ukraine, les Congolais remontent des informations de non-respect des autorités frontalières ignorant la Convention des Nations unies, à savoir « toute personne a le droit de franchir les frontières internationales pendant un conflit (…) quelle que soit la nationalité ou la couleur ».

De ce fait, le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, après avoir pris connaissance de ces traitements indignes, avait mis en place une cellule de crise afin de préserver ses compatriotes en Ukraine.

En Pologne, en Allemagne et en Belgique, la délégation congolaise a été missionnée par l’ambassadeur Rodolphe Adada. Sur place à Varsovie, elle a été reçue par Robert Kamil Enzanza, consul honoraire du Congo en Pologne. Après les modalités d’usage, elle a pu rencontrer la dernière vague de réfugiés composée d’une dizaine d’étudiants, tous relogés dans la ville hôte.

En priorité, le directeur de l’OGES s’est préoccupé de la scolarité de ceux qui veulent continuer leurs études en Pologne. Que ce soit de la part des étudiants ou des officiels représentés par le consul honoraire, les actions menées par la délégation ont été saluées et jugées utiles car venues et facilitées au moment opportun.

Après cette étape, dans les mêmes prédispositions, la délégation effectuera, par route, le périple la conduisant en Allemagne et en Belgique, à la rencontre des réfugiés congolais ayant rejoint ces pays par leurs propres moyens.

Avec Adiac-Congo par Marie Alfred Ngoma

Casamance : plus de 6 000 civils fuient les combats en Gambie

mars 20, 2022
Des femmes et des enfants réfugiés dans le village de Bujinha, le 15 mars 2022 en Gambie. © MUHAMADOU BITTAYE/AFP

Après plusieurs jours de combats entre l’armée sénégalaise et les indépendantistes de Casamance, le gouvernement gambien a apporté son soutien aux populations réfugiées.

Plus de 6 000 déplacés et réfugiés ont été recensés en Gambie, fuyant les violences depuis une semaine entre l’armée et des rebelles en Casamance, dans le sud du Sénégal voisin, ont annoncé samedi les autorités gambiennes.

L’armée sénégalaise a annoncé avoir lancé le 13 mars une opération contre des rebelles de Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie. »L’objectif principal est de démanteler les bases » du chef militaire rebelle Salif Sadio, situées le long de la frontière nord avec la Gambie, a dit l’armée.

Les personnes fuyant les violences et recensées depuis le 13 mars sont au nombre de 6 350 dont 4 508 déplacés, a indiqué l’Agence nationale gambienne de gestion des crises dans un document officiel.

« Refuge sûr »

« À cause de la situation dans la région de Casamance, au Sénégal, la zone du Foni Kansala est devenue un refuge sûr aussi bien pour les réfugiés que pour les déplacés », a-t-elle déclaré.

Le Foni Kansala, en territoire gambien, est frontalier de la Casamance et proche de la zone où se déroulent des combats entre l’armée sénégalaise et des rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), qui lutte depuis 1982 pour l’indépendance de cette région.

Priorité à la « paix définitive »

Le gouvernement gambien a promis d’aider les personnes déplacées et le président Adama Barrow a ordonné des patrouilles renforcées près de la frontière, affirmant qu’il protégerait le petit Etat « contre toute menace étrangère ». Les rebelles casamançais, accusés de faire du trafic de bois et de cannabis, se sont souvent réfugiés en Gambie ou en Guinée-Bissau, qui a également une frontière commune avec le Sénégal.

Le conflit de faible intensité s’était de nouveau animé l’an dernier lorsque le Sénégal a lancé une offensive pour déloger les rebelles. Le président sénégalais Macky Sall a fait de la « paix définitive » en Casamance la priorité de son second mandat.

Par Jeune Afrique par AFP

Canada-Québec/Réfugiés ukrainiens : le Service d’accueil des nouveaux arrivants se mobilise

mars 5, 2022

Nadia serrait contre elle sa petite-fille, au poste de frontière avec la Pologne. Photo : Radio-Canada/Frédéric Tremblay

Québec annonce un investissement de 5,7 millions de dollars pour mieux répondre au besoin de familles immigrantes. On veut leur offrir un meilleur accès à tous les services.

Une annonce qui tombe à point alors que la province pourrait accueillir sous peu de nombreux Ukrainiens.

Le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et aussi ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet veut que son gouvernement prenne le relais du gouvernement fédéral dans le processus d’immigration. De l’Ukraine au Québec, c’est Ottawa qui prend en charge les visas, l’ambassade, le transport. Mais quand elles arrivent au Québec, c’est là qu’on prend en charge, dit-il.

Les organismes communautaires, les coopératives de services, les villes et MRC, tout le monde sera mis à contribution afin d’offrir un maximum de services aux migrants ukrainiens qui réussiront à fuir la guerre.

« On va évaluer leur besoin pour obtenir permis de conduire, des cours de français, inscrire leur enfant à l’école. On va s’assurer de les faire bénéficier du service québécois d’assurance maladie; des services de garderie et autres. »— Une citation de  Jean Boulet, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et aussi ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale

Selon le ministre, 42 500 personnes d’origine ukrainienne résident actuellement au Québec. Un programme spécial sera mis en place afin que les membres de leur famille puissent venir les rejoindre. Il explique que leur situation exceptionnelle fera en sorte que leur dossier sera traité en priorité.

Une situation exceptionnelle déjà vécue à Trois-Rivières

À Trois-Rivières, le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) est déjà mobilisé. En 2016, l’équipe a facilité l’arrivée d’une vingtaine de familles en Mauricie comme l’expliquait le directeur général Ivan Suaza : C’était une des premières villes, Trois-Rivières, qui était prête à recevoir les Syriens dans le temps. Alors, ce n’est pas une situation que nous ne connaissons pas. On connaît déjà la situation d’urgence.

« On a une bonne équipe de bénévoles, d’intervenants. J’ai déjà commencé à chercher des gens qui parlent russe un peu partout pour se préparer. »— Une citation de  Ivan Suaza, directeur général du SANA

Même si le temps presse, Ivan Suaza rappelle qu’il faut bien faire les choses : Il faut préparer les gens. Votre famille va aller à tel endroit, tout le monde va y aller. C’est dur quand on sépare les familles.

Tout comme le gouvernement fédéral, celui de Québec n’a pas l’intention d’imposer de limite. Le ministre Boulet n’anticipe pas une arrivée massive : On anticipe qu’on sera capable de respecter notre capacité d’accueil, d’intégration et de francisation. Si ça va au-delà de cette capacité-là, on aura à évaluer si on ajoute des ressources et des budgets additionnels.

Avec Radio-Canada par Jonathan Roberge