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En Afrique du Sud, l’arrivée d’une frégate russe pour des entraînements crée des remous

février 14, 2023

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, Pretoria a adopté une position neutre et refuse de condamner Moscou.

La frégate militaire russe « Admiral Gorshkov » a accosté le 13 février 2023 au Cap en vue d’exercices navals conjoints au large des côtes sud-africaines. © AFP

La frégate militaire russe « Admiral Gorshkov » a accosté lundi 13 février au Cap en vue d’exercices navals conjoints au large des côtes sud-africaines, a indiqué le consulat général de Russie en Afrique du Sud, qui a annoncé en janvier accueillir à partir de vendredi et pendant dix jours les Marines chinoise et russe pour un « exercice multilatéral » destiné à « renforcer les relations » entre les trois pays.

Neutralité

Ces entraînements conjoints surviennent peu après la visite, fin janvier à Pretoria, du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, donnant le coup d’envoi d’une année riche en coopérations entre les deux pays.

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine le 24 février, Pretoria a adopté une position neutre, refusant de se joindre aux appels occidentaux à condamner Moscou.

« Complice de crimes de guerre »

Le consulat russe au Cap a posté ce lundi 13 février sur son compte Twitter une photo du navire dans le port de la ville côtière, précisant qu’il est en route pour Durban (sud-est). Plus de 350 militaires sud-africains doivent participer aux entraînements prévus notamment au large du plus grand port de la région.

Ces exercices militaires ont été critiqués de façon virulente par l’opposition. « Ce bateau va naviguer vers la mer Noire et participer à l’invasion de l’Ukraine », a déclaré à l’AFP Kobus Marais, membre du premier parti d’opposition (DA, Alliance démocratique) qui siège au Parlement. « L’Afrique du Sud pourrait facilement être considérée comme complice de ces crimes de guerre », a-t-il mis en garde, reprochant au gouvernement sud-africain de se laisser « entraîner dans la propagande de la Russie ».

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, en visite à Pretoria le mois dernier, avait évoqué des « choses irritantes » à propos des relations étroites entre l’Afrique du Sud et la Russie en pleine guerre en Ukraine.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Sénégal : Mohamed Mbougar Sarr, l’émancipation par la littérature 

novembre 8, 2021
Mohamed Mbougar Sarr, à Paris, en novembre 2021, après avoir reçu le prix Goncourt pour « La Plus Secrète Mémoire des hommes ». © MAGALI COHEN/AFP

Mettre en avant le symbole, dans la victoire éclatante de l’auteur sénégalais, récompensé par le prix Goncourt, est réducteur. Car Mohamed Mbougar Sarr a justement su s’affranchir des tentatives d’assignation culturelle.

Que le prix Goncourt crée des remous et amène certains commentateurs à brasser du fiel, c’est plutôt commun. Les frères Jules et Edmond de Goncourt, qui le baptisèrent, n’ont d’ailleurs pas toujours fait dans la dentelle. C’est l’une des identités de la plus haute distinction de la galaxie littéraire française que d’avoir ses mythes, ses rumeurs et autres mesquineries. On peut fort bien s’en accommoder, c’est de l’ordre du folklore. On peut même en sourire.

Clichés exotisants

Qu’en revanche Didier Decoin, l’actuel président de l’académie Goncourt, se fende dans une interview de déclarations équivoques sur « l’hermétisme » supposé de « certaines phrases, certaines tournures » de son tout nouveau lauréat, Mohamed Mbougar Sarr, cela surprend pour le moins. Peu avare de clichés exotisants, il poursuit dans la même veine quand il explique que les mots de l’auteur lui évoquent une « statuette fétichiste » et clôt ses comparaisons par des allusions malvenues sur une syntaxe littéraire « un peu africaine ».

Ces déclarations, qui accompagnent le couronnement du prodige sénégalais, n’ont pas manqué d’interpeller, voire de choquer, certains commentateurs ayant repris, bien entendu, le refrain de cette petite chanson désagréable.

LE POLITIQUE TEND À ENGLOUTIR LA LITTÉRATURE. C’EST TOUJOURS LA PLUS GRANDE DES INJUSTICES

Comme un air convenu, le politique tend ainsi à engloutir la littérature. C’est toujours la plus grande des injustices. D’autant que le livre primé, précisément, explore ce rapport entre littérature, symboles et politique. Et qu’il anticipe et dénonce magistralement ces tentatives d’assignation qui relèvent du maternalisme.

Mettre en avant le symbole, dans cette victoire éclatante, est, il faut bien le dire, tentant. Mais c’est surtout réducteur, voire à rebours du texte de Mohamed Mbougar Sarr. Dans une France marquée par des crispations identitaires, un Noir, jeune, étranger, de province, méconnu, un siècle après René Maran, récipiendaire du plus prestigieux prix automnal, ça vous pose un Goncourt particulier – et qui, de l’avis des gens du milieu, se cherche une nouvelle virginité ! De là à en faire le primat, à prospérer comme lecture première et unique, à écraser la valeur intrinsèque du texte, à ressusciter les pires stéréotypes de nature à singulariser et parquer les littératures du Sud, il y a un monde. Dans un moment aussi fondateur, ce serait un terrible aveu de la survivance de vieux schèmes.

Fanatisme sans venin

Mohamed Mbougar Sarr, outre ses qualités de romancier, est un praticien de la littérature. Lecteur glouton et théoricien patient de la globalité, ses lectures ne se laissent emprisonner par aucune clôture et prennent le large. L’auteur occupe ainsi une place privilégiée pour observer le monde littéraire, ses querelles historiques, ses déchirements, son passif issu de la colonisation. Toutes choses que l’on retrouve en filigrane dans son roman, finement analysées.

De son œuvre, composée de quatre livres, se dégage une colonne vertébrale claire : celle d’une religiosité littéraire marquée, comme catharsis, échappement, viatique et salut. Philosophe dans son premier roman sur le djihadisme (Terre ceinte), humaniste dans le deuxième sur les migrants (Silence du chœur), offensif dans le troisième sur l’homosexualité au Sénégal (De purs hommes), Mohammed Mbougar Sarr condense dans son dernier opus (La Plus Secrète Mémoire des hommes) ce rapport monacal à la littérature, érigée chez lui en un indépassable Dieu.

Peu importe les railleries sur ce fétichisme de la candeur, voire ce fanatisme sans venin, sa boussole ne se laisse pas intimider par les injonctions. Avec, en prime, assez de garanties d’universalisme pour échapper aux réductions, tant chez lui la littérature est la langue commune, le territoire des confluences, le lieu de l’intime lien inaliéné avec soi-même.

LA LITTÉRATURE DITE « AFRICAINE » A TOUJOURS DÛ BATAILLER POUR GAGNER SA LIBERTÉ

Cette hauteur de vue est d’autant plus précieuse que la littérature dite « africaine » a toujours dû batailler pour gagner sa liberté. Longtemps sommée de s’engager, d’honorer certaines commandes, d’exaucer un vœu d’exotisme, de rentrer dans certains codes… Des attaques de Mongo Beti contre Camara Laye dans la revue Présence africaine, en 1955, au « Manifeste de Saint-Malo pour une littérature-monde en français », en 2007, exprimée différemment, la perpétuelle quête d’affirmation des lettres du Sud est restée le chantier de plusieurs générations. Symbole ultime de cet horizon : le Malien Yambo Ouologuem – auquel rend hommage Mohamed Mbougar Sarr dans La Plus Secrète Mémoire des hommes -, qui l’a payé au prix fort.

Longtemps équation insoluble, et serpent de mer aux relents amers, cette liberté chère n’a jamais été aussi proche. On le doit, dans cette séquence décisive, à un jeune auteur et en sa foi en le texte, le texte seulement, comme condition de la libération. Il faudra opposer, face à toutes les tentations malveillantes, ce roman dont la force et la prescience sont autant de pas en avant sur le chemin de l’émancipation.

Le seul symbole à percevoir dans l’attribution de ce prix, c’est la candeur de la littérature comme pied de nez aux catastrophes promises. Retrouver la littérature comme arme de l’innocence face à la tragédie du monde.

Elgas

Avec Jeune Afrique par Elgas

Ecrivain et docteur en sociologie

RDC : remous dans la majorité au sujet de la loi électorale

mars 23, 2015

Le président Joseph Kabila.
Le président Joseph Kabila. © AFP/Gwenn DUBOURTHOUMIEU

Sept partis de la majorité congolaise (RDC) ont exprimé leurs inquiétudes sur la révision de la Constitution. Après une réunion agitée, ils ont fini par rentrer dans le rang.

Les débats ont été houleux, et ont laissé entrevoir les divisions au sein de la majorité présidentielle congolaise (RDC). Dimanche, les partis de la majorité ont tenté d’aplanir les dissensions liées à la révision de la Constitution et à la loi électorale.

« Dimanche, le président Kabila a ouvert une grande réunion rassemblant les partis de la majorité. Il est par la suite parti et nous (…) avons débattu pendant plusieurs heures, ouvertement, sans tabou », a indiqué Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale. « La conclusion est positive (…) la majorité présidentielle demeure unie, elle va se consolider davantage derrière son chef Joseph Kabila Kabange, qui va incessamment s’entretenir avec tous les députés nationaux de la majorité présidentielle ainsi que les sénateurs », a résumé Aubin  Minaku.

Inquiétudes

Cette réunion avait été convoquée après que sept partis de la majorité ont fait part de leurs inquiétudes, dans une lettre adressée au chef de l’État. Évoquant les manifestations sanglantes de la fin du mois de janvier, à la suite du projet de révision de la loi électorale, ils dénonçaient, dans cette lettre, une « rupture du contrat de confiance entre notre pouvoir et le peuple d’une part, et entre nos institutions et la communauté internationale de l’autre ». Une fracture qui risque, selon les membres des sept partis, de planter le décor d’une crise politique grave et difficilement maîtrisable dans les jours à venir.

« Ils se sont lâchés »

« Cette lettre est inacceptable, ils se sont totalement lâchés en disant que, quasiment, la majorité n’avait plus de projet à proposer aux Congolais, a déclaré un haut-responsable ayant participé à la réunion. Ils ont pris fait et cause pour l’opposition », a-t-il ajouté.

Selon lui, les échanges ont été extrêmement houleux et il a été envisagé d’exclure les sept partis. Finalement, les représentants de ces formations ont fait machine arrière, et réaffirmé qu’ils appartenaient à la majorité présidentielle.

Jeuneafrique.com avec AFP