Le Cégep de Sherbrooke va accueillir à partir de lundi près de 5600 étudiants. Son directeur général, Éric Gagné, assure que l’établissement aura assez d’enseignants pour offrir les cours. Photo : Radio-Canada/Brigitte Marcoux
C’est jour de rentrée ce lundi dans les 48 cégeps du Québec. Et c’est aussi la première rentrée qui se passe sous le signe de la normalité, les mesures sanitaires ayant été levées au cours des derniers mois. Mais la pénurie d’enseignants et de logements pour les étudiants teinte également cette journée remplie de fébrilité.
Le retour à la routine et à la normale
réjouit le directeur général du Cégep de Sherbrooke, Éric Gagné. Ça fait du bien de voir du mouvement sur notre campus
, ajoute-t-il.
Cet automne, ce sont 5600 étudiants qui vont fréquenter le Cégep de Sherbrooke, indique M. Gagné. Et dans l’éventualité d’une nouvelle vague de la COVID-19 durant la session, un plan de recul, de repli
a été prévu, s’il fallait retourner à distance
pour poursuivre les enseignements et limiter les effets sur les étudiants.
Mais deux situations préoccupent davantage M. Gagné. S’il assure qu’il y aura un professeur dans chaque classe
, la pénurie d’enseignants dans le réseau collégial demeure criante. Il manquait pourtant un enseignant en technique informatique, mais la solution du collège a été de faire appel à un retraité. On règle la pénurie d’enseignants
, insiste-t-il toutefois.
On a presque tous nos profs
, affirme le directeur général du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Sylvain Blais. Cependant, l’établissement a pris la décision plus tôt en juillet d’accélérer le partage
avec le Cégep de Baie-Comeau pour la nouvelle technique en pharmacie, faute d’avoir réussi à recruter un pharmacien d’institution pour assurer la formation. Dans ce cas, certains cours seront offerts à distance; et du soutien et des appariteurs seront offerts aux étudiants de l’Abitibi-Témiscamingue.
Aussi, la pénurie de logements frappe chacune des régions du Québec, et Sherbrooke n’y échappe pas. Pour les étudiants sans logis, M. Gagné note qu’aucun élève du Cégep de Sherbrooke ne se trouve dans cette situation, mais il précise qu’il y a une liste d’attente pour la résidence étudiante.
Les trois campus du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue (à Rouyn-Noranda, Amos et Val-d’Or) sont dotés de résidences étudiantes qui disposent de 388 oreillers
, lance M. Blais, mais la crise qui est vécue dans le sud
est la même qui existe en Abitibi-Témiscamingue.
Cette problématique est aussi rencontrée par les étudiants étrangers. M. Blais mentionne que son institution d’enseignement accueille 150 étudiants étrangers, dont 40 nouveaux qui ont leur rentrée cette semaine, et la situation qu’ils vivent au niveau du logement ne diffère pas d’ailleurs.
Selon la Fédération des cégeps, ce sont 175 000 étudiants qui sont inscrits à l’enseignement régulier dans la province, dans l’un des 9 programmes de formation préuniversitaires et des 133 programmes de formation technique. Les cégeps emploient environ 26 000 personnes, dont 17 000 enseignants.
Rentrée sportive
L’allègement des mesures sanitaires fait aussi des heureux dans les équipes sportives. Déjà là, avec la rentrée, de voir des sourires, ça faisait du bien au moral cet automne
, commente l’entraîneur-chef des Diablos du Cégep de Trois-Rivières, François Dussault.
Il rappelle que tous les entraînements de l’équipe de football avaient lieu avec un masque. Il affirme ainsi que diriger l’équipe pas de masque, ça fait beaucoup de bien
.
Si les joueurs ont un engouement pour la rentrée scolaire
, c’est que le retour au sport organisé sans plusieurs des mesures sanitaires est une bénédiction pour eux. Il y avait des règles sanitaires spécifiques par programme durant la pandémie. Chaque établissement avait ses propres mesures, notamment sur l’accueil des spectateurs qui assistaient aux événements.
C’était énormément de logistique
, avoue M. Dussault, mais jouer fait beaucoup de bien
, note-t-il. Je crois que la pandémie a fait ressortir que le sport est important pour les jeunes
, ajoute M. Dussault.
Il concède toutefois que la pandémie a eu des effets sur l’entraînement et la préparation physique des joueurs, mais que le retour aux pratiques typiques
va les aider à progresser.
Une pénurie de main-d’œuvre dans le secteur touristique
La rentrée dans les cégeps ne fait pourtant pas que des heureux. Le directeur général de Tourisme Chaudière-Appalaches, Richard Moreau, croit qu’il faudrait différer la rentrée pour combler la pénurie de personnel dans l’industrie touristique.
C’est une idée lancée comme ça
, concède-t-il toutefois. M. Moreau n’a pas de chiffres précis sur la main-d’œuvre qui est étudiante dans le réseau collégial, mais il l’évalue à 20 % ou 25 %.
Il insiste sur le fait que le mois d’août est le mois le plus fort de l’été, et que la main-d’œuvre étudiante est précieuse en temps de pénurie
.
Il déplore que la rentrée dans les cégeps ne se fasse pas en même temps que dans les universités. Selon lui, les familles visitent moins les régions à partir de cette date, et que les autres travailleurs sont fatigués, car ils doivent prolonger leur période de travail.
Il demande donc un effort collectif
. M. Moreau croit qu’il serait possible de jouer
sur le mois de janvier, un moment où le commerce de détail connaît une baisse de ses activités.
Il recommande également d’étaler
la semaine de relâche durant l’hiver pour favoriser l’industrie touristique, plutôt qu’une semaine où tous les étudiants sont en congé en même temps.
Radio-Canada avec des informations de Brigitte Marcoux