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Le foutou sauce graine, un repas nommé Côte d’Ivoire

janvier 1, 2022
L’alchimie orange-rouge-verte du foutou sauce graine. © Gourmandises de Karelle

Éloges de l’Afrique gourmande (5/6). Plus que n’importe quel autre repas, la combinaison foutou sauce graine est enracinée dans le répertoire gastronomique ivoirien. Elle n’en est pas moins menacée par la « modernité », selon Joël Té-Léssia Assoko.

Des années durant, une de mes tantes a co-animé une émission culinaire populaire du week-end sur la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). Je me souviens que certaines « innovations » – était-ce une macédoine en accompagnement ou une volaille grillée plutôt que braisée ? – n’avaient pas échappé au tsst-tss des puristes de la famille. Les Ivoiriens pardonnent à peu près tout, sauf d’être mal habillé – à la « zaïroise » ou, pire, à la « burkinabè » – et de s’amuser avec la nourriture. Sur ce dernier point, chaque Ivoirien compte sa liste de réprouvés : gastronomes de Facebook et autres apprentis-toubabs qui bouclent leur repas à la Vache qui rit, glissent des petits pois dans la sauce arachide ou ajoutent des crevettes dans le riz au gras.

Depuis une demi-douzaine d’années, une absurde campagne menace le plat ivoirien de référence : le foutou sauce graine. Divers agités vilipendent l’huile de palme pour ses supposés effets sur les forêts et la santé, causés plutôt par la cupidité de latifundistes malaisiens et les ultra-transformations de l’industrie alimentaire occidentale. « Le palmier à huile est fondamental dans la culture gastronomique ivoirienne, répond depuis Abidjan Anne-Marie T.L., une institutrice à la retraite. La pulpe des graines produit l’huile de palme et sert à cuisiner la sauce graine. Des noix est extraite l’huile de palmiste, particulièrement goûteuse. Du tronc est tiré le cœur de palmier, utilisé en cuisine, ainsi que l’indispensable vin de palme. Et deux variétés de champignons comestibles, prisés dans notre cuisine, poussent aux pieds du palmier ».

Lente dégradation du plat national

À un degré plus personnel, en près de trente ans, au cours de centaines d’invitations à domicile et de dizaines de restaurants « africains » fréquentés, j’ai observé avec consternation la lente dégradation du plat national. D’avance que les partisans de l’attiéké-poisson-braisé, de la sauce gombo, du kedjenou de pintade ou même du simple et brillant akpessi d’igname me pardonnent. Mais tous ces plats se retrouvent plus ou moins ailleurs en Afrique. Seul le foutou sauce graine est vraiment à nous, à condition qu’il soit authentique et sérieux. Il est de notoriété publique que la sauce graine est à peu près le seul mets qu’approuvent à l’unisson le président Alassane Ouattara (avec un foutou de banane) et son prédécesseur Laurent Gbagbo (riz blanc).

L’ALCHIMIE ORANGE-ROUGE-VERTE DU PLAT MÉRITE D’ÊTRE DÉFENDUE

J’ai avalé avec rage des foutous de banane préparés sans la vitale portion de manioc, qui rend l’ensemble moins douceâtre et plus digeste. J’ai mâchouillé des idées noires et du capitaine fade qu’un cuistot troll avait inséré dans la marmite en même temps que les viandes rouges et non pas en troisième phase de cuisson – après l’ajout de l’extrait de pulpe – avec le piment vert et les tomates fraîches. J’ai blasphémé au carême pour échapper à l’imagination de marmitons injectant feuilles de laurier, choux, concentré de tomates et carottes naines à une recette qui n’en demandait pas tant. J’ai siroté, les larmes aux yeux, une soupe clairsemée au jus de palme qu’un obsédé du cholestérol servait à des clients occidentaux comme sauce graine « à l’ivoirienne« .

Malgré ces attaques, l’alchimie orange-rouge-verte du plat mérite d’être défendue autant que l’héritage culinaire de cette surprenante nation. Terre d’accueil multiséculaire et d’hostilité apprivoisée, qui a intégré le Tchep et les Thiam au patrimoine national mais où les nouveaux-nés ont des arrière-pensées et où les carrefours font « va là-bas ! »

Joël Té-Léssia Assoko

Avec Jeune Afrique par Joël Té-Léssia Assoko

Joël Té-Léssia Assoko est rédacteur en chef adjoint (économie et finance) de Jeune Afrique.

Réfugié en Allemagne, un ancien ministre afghan devient… livreur à vélo

août 28, 2021

Sayed Sadaat a été ministre en Afghanistan jusqu’en 2018. Désormais réfugié en Allemagne, il livre des repas à vélo, rapporte « Le Parisien ».

Cet employe de la societe Lieferendo suit en parallele quatre heures de cours d'allemand par jour.
Cet employé de la société Lieferendo suit en parallèle quatre heures de cours d’allemand par jour.© Jan Woitas / dpa-Zentralbild / Jan Woitas/dpa-Zentralbild/dpa

« Tout le monde a besoin de travailler ! » Réfugié en Allemagne depuis septembre 2020, Sayed Sadaat enfourche chaque jour son vélo pendant six longues heures, afin de livrer des repas dans la ville de Leipzig, dans l’Est du pays. Cet employé de la société Lieferando suit en parallèle quatre heures de cours d’allemand par jour. Pourtant, en Afghanistan, l’homme âgé de 49 ans a été ministre de la Communication pour le gouvernement pendant deux ans, rapporte Le Parisien, qui relaye des informations de Reuters

« Si vous avez des dépenses, un loyer à payer, que vous avez besoin d’argent pour acheter à manger et pour vous loger, alors vous devez travailler », explique l’ancien ministre. Et d’insister : « Ce n’est pas parce que vous avez été ministre que vous ne devez pas travailler et ne rien faire ». Malgré son diplôme en technologies de l’information et télécommunications, Sayed Sadaat n’a pas réussi à décrocher un emploi dans son domaine. Mais cette situation n’est pas un échec pour le réfugié afghan, qui explique : « J’ai été ministre au service des gens, et maintenant je suis livreur, toujours au service des gens. »

« Je suis fier de le faire, sinon j’aurais pu devenir un ministre corrompu »

Un parcours que l’ancien ministre ne regrette pas. « Je suis fier de le faire, sinon j’aurais pu devenir un ministre corrompu, j’aurais pu gagner des millions de dollars et acheter des immeubles ici, des hôtels ici ou à Dubaï et je n’aurais pas eu besoin de travailler », raconte-t-il, assurant que son âme est « en paix ». L’histoire de Sayed Sadaat fait par ailleurs écho à la crise qui ravage l’Afghanistan depuis quelques semaines. Depuis l’annonce du retrait des troupes américaines dans le pays, puis avec la prise de pouvoir des talibans, les demandes d’asile ne cessent d’augmenter partout dans le monde. 

Par Le Point avec Reuters

Le dernier morceau du frigo

mai 10, 2021

Étudiant, quand passe les jours

Et approche la fin du mois

Commence le compte-à-rebours

De la précarité de ma pauvre vie

Dès lors, je réduis les repas

Pour ne pas faire de faux-pas

Dans la gestion de ma ration

Loin des parents de la nation

Dans cette vie estudiantine

Où la bourse est mesquine

Je n’ai pas droit à l’erreur

Pour tomber dans le malheur

Bernard NKOUNKOU

Au bon rendez-vous de l’assiette

décembre 20, 2019

 

Le temps des fêtes actuelles est à l’assiette

Où les convives ordonnent à la fourchette

De satisfaire la bouche d’une bonne sauce

Préparée par une main heureuse et grâce

 

Quand un bon vin exquis et compagnon

Est servi dans des coupes aux colliers ronds

Les glandes salivaires saluent les effluves

Qui dansent en nous comme de bons rêves

 

Entre de gentilles conversations chaleureuses

Où les goûts alimentaires au repos s’amusent

Depuis l’intérieur de nos ventres grassouillets

Le repas de la fête se termine dans le respect

 

Bernard NKOUNKOU

 

Un petit dodo post-repas de midi améliore la réactivité

juin 4, 2015

S’octroyer une courte sieste après le repas de midi serait bénéfique pour les capacités intellectuelles. C’est ce qu’a établi un groupe de chercheurs belgo-suisse. Etre exposé à de la lumière du jour est aussi une solution.

Il est connu que la lumière bleue ou le roupillon améliorent les performances chez les individus en manque de sommeil. L’équipe de chercheurs de Rachel Leproult de l’Université Libre de Bruxelles, à laquelle appartient un scientifique genevois, a cherché à savoir si ces techniques fonctionnaient aussi pour les personnes reposées juste avec le repas de midi.

Quelque 25 participants ont participé à l’étude dans deux groupes. Le premier s’est plié à un petit somme post-repas de trente minutes ou a visionné un film documentaire de même longueur. L’autre groupe a regardé un film documentaire soit dans une lumière claire, bleue, qui influence la production de mélatonine, l’hormone de sommeil, soit exposés à une lumière orange, non efficace.

Les scientifiques ont ensuite testé trois fois par jour, le matin, après le repas et tard dans l’après-midi, les capacités intellectuelles des participants. Une démarche qui s’effectue généralement grâce à un test qui examine la rapidité d’adaptation d’un individu d’une tâche à une autre.

Réduction des performances
Les participants du groupe-test montraient clairement une réduction de leurs performances après le repas de midi. Une petite sieste ou une exposition à de la lumière claire évitent cette diminution, comme les chercheurs l’ont expliqué dans le journal scientifique PLoS One.

Les résultats indiquent, selon les auteurs de l’étude, que la lumière claire fonctionne tout aussi bien qu’un somme. D’anciennes études avaient conclu que le roupillon était plus bénéfique. Toutefois en raison du petit nombre de cobayes, la valeur de cette étude est limitée.

Romandie.com

Vidéo: Le premier combat de la table: mangez sous contrôle !

octobre 26, 2011

Le Gala des 5 continents à Trois-Rivières

février 6, 2010

La soirée du Gala des Cinq Continents organisée par le Comité d’Intégration International Universitaire(CIIU), de l’université du Québec à Trois-Rivières(UQTR), avait eu lieu, le samedi 5 avril 2008, à la bâtisse industrielle. Il réunissait un grand nombre d’invités, plus de 500 personnes, ayant répondu à la diffusion de l’événement.

Le Comité d’organisation avait mis en place des voitures pour des facilités de transport qui se relayaient entre l’université (point de rassemblement) et le lieu de destination de la fête officielle pour
tous ceux qui éprouvaient des difficultés à s’y rendre et qui ne connaissaient pas ledit endroit.

Dès l’entrée, l’on exhibait son carton d’invitation de 15$, vous donnant le droit d’accès ou au besoin l’on achetait, à gauche, le même carton, cette fois-ci, au prix de 18$ (à la porte).

Respectant les usages – comme un peu partout – en cette période de froid, l’on se dévêtait de son manteau qui était rangé précautionneusement dans une réelle assurance du propriétaire, moyennant un ticket numéroté de reconnaissance et de récupération, à la fin de la cérémonie.

Les étudiantes et les femmes des hôtes s’étaient parées de belles coupes comme le jour du mariage. Elles étaient toutes reluisantes et attrayantes. On croirait que c’était une fête des femmes où les hommes leur servaient de compagnie.

La soirée qui devait commencer, à 18h30, trainait ses pas, permettant aux premiers arrivants de déguster un apéritif pour gérer l’attente. D’autres se plongeaient dans des conversations pour mieux entretenir la patience.

Le clou de la manifestation était ouvert à 20h par un buffet exotique où chacun pouvait passer devant le service des hôtesses d’une remarquable beauté, au sourire chaleureux et au regard tendrement affectueux pour bénéficier du repas de circonstance. L’on y servait de l’ « attieké », fécule de manioc cuit à l’étouffée : une spécialité de Côte d’Ivoire qui se mange avec du poulet. On pouvait y trouver aussi de l’alloko (friture de banane plantain coupée en rondelles ou incurvée, assaisonnée de sauce tomate et d’oignon), autre spécialité ivoirienne et du riz parfumé au safran qui donnait une teinte jaune aux allures caribéennes.

Mets succulents qui donnaient de l’appétit aux premiers servis. Contre toute attente, la quantité des convives avait fini par pécher sur le coté de l’insatisfaction de tous ceux qui attendaient (debout) pendant trente minutes dans le rang avant de prendre l’assiette blanche et de constater que plus rien ne pouvait plus soulager le creux du ventre.

Heureusement que la sagesse était au rendez-vous pour gérer et combler – ce manque culinaire et gastronomique – par une excuse de politesse suivie d’une proposition protocolaire, invitant tous ceux qui le désiraient de s’inscrire et de passer la commande de la nourriture afin de réparer le préjudice coupé de l’appétit.

Après une pause de digestion, le présentateur annonçait le début du défilé, en habits traditionnels, appuyé par les drapeaux de vingt cinq nations (Gabon, Cameroun, Burundi, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Madagascar, Mali, Ile Maurice, Niger, Rwanda, Chine, Inde, Espagne, France, Guyane, Ile de la Réunion, Tahiti, Belgique, Argentine, Brésil, Pérou, Canada, Attikamek et Québec). L’ambassadeur de la nation devrait dire la salutation dans la langue nationale.

Le festival des chants et des danses s’ouvrait et était inauguré par le folklore du peuple Attikamek, rythmé aux sons d’un tambour central qu’accompagnait une chorale assise (des hommes à la tête ronde) d’où se dégageait dans la salle des cris, sorte d’onomatopées dialectales. Sur l’estrade le chef avec sa suite dansaient dans une tenue de chasseur guerrier (le derrière entouré d’un cercle de plumes d’oiseaux aux nombreux coloris).

Honneur effectivement était accordé et donné à ce peuple autochtone, dans un souci d’accueil et d’amabilité du territoire, expression solennelle de la manifestation.

Ensuite, le tour revenait au duo Transcendance de Shawinigan où la femme, de rouge vêtu, avec un dessous noir, se livrait à une danse spectaculaire où son partenaire masculin, avait une agilité exceptionnelle pour son jeu de pied flexible. Ce couple venait de brancher et d’électriser la salle. Tous les regards avaient opté pour une seule direction. Fondre dans la magie gestuelle du duo à la pleine maitrise de leur art.

Un glissement furtif d’Extra musica s’intercalait pour annoncer la danse du Cameroun qui était exécutée par six filles en rouge et noir après une invite de la danse de Tahiti – exubérante – au rythme empreinte à la mélodie des cascades et des flots de l’eau sauvage.

La Côte d’Ivoire, cet autre pays, actuellement miroir et temple de la musique africaine, nous livrait un aperçu cérémonial du pays Akans où le roi, en contre sueur blanc avec un collier en or, avançait aux pas de chef traditionnel, en compagnie de sa femme jetant un pagne « kita » sur l’épaule. Les pages du roi lui ventilaient l’air frais pour arroser sa dignité.

La cérémonie se poursuivait et s’ouvrait, encore, sur un tableau de la danse du Niger où la femme et l’homme de blanc vêtu s’exhibaient, à pas rapides, et aux mains qui fouettaient le vent comme des ailes d’oiseaux. Un danseur rwandais accompagnait une mélodie qu’il dédiait à sa chère Esperance, sorte de cantate ou de sérénade sentimentale.

Trêve de détente et de relaxe, l’animateur du gala, à la boucle d’oreille de prestige, passait, à la phase de la remise des médailles et des trophées, à quelques équipes qui s’étaient distinguées dans le soccer ou autres sports de compétition. Le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’Ivoire… étaient les heureux récipiendaires.

La giroflée du gala éclatait à la lumière de la soirée, par la danse de la Réunion où quatre réunionnaises (habillées de blanc, rouge et vert), symbolisant la clarté, la force et l’espérance, au teint de miel pur, gesticulaient avec des coups de reins qui faisaient rêver la foule des hommes.

Une prestation fulgurante de quatorze danseurs  camerounais défilait sur le plateau avant de s’exhiber dans un mélange de mapuka, dombolo et makossa. L’atmosphère devenait chaude par l’ambiance résonnante à couper le souffle. Hip pop et remake de sept danseurs en jaune et blanc apportaient un surplus de dose à la fête mettant la salle en feu.

La danse de Côte d’Ivoire clôturait le Gala des Cinq Continents avec la musique saoul et zouglou de Magic System, Salif Traore « Asalfo »: la machine à penser et à danser.

Bernard NKOUNKOU