Posts Tagged ‘Repression’

Soudan: l’UE réclame une enquête indépendante sur la répression

juin 17, 2019

 

Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont réclamé lundi qu’une enquête soit menée avec «indépendance et transparence» sur la répression au Soudan début juin, dans un communiqué publié à l’issue de leur réunion à Luxembourg.

Ils ont répété leur condamnation des «violentes attaques perpétrées au Soudan le 3 juin qui ont fait de nombreux morts et blessés parmi les civils», et estimé que «la responsabilité en incombe clairement au Conseil militaire de transition (CMT) en tant qu’autorité chargée de la protection de la population». Le Conseil militaire, à la tête du pays depuis la destitution du président Omar el-Béchir le 11 avril, a reconnu avoir ordonné la dispersion le 3 juin d’un sit-in de milliers de manifestants devant le QG de l’armée à Khartoum.

Selon un comité de médecins proches de la contestation, quelque 120 personnes ont été tuées dans la répression depuis le 3 juin, la plupart dans la dispersion du sit-in. Les autorités ont parlé elles de 61 morts. Les auteurs de ces violations des droits de l’homme et de ces abus «doivent répondre de leurs actes», ajoutent les ministres.

L’UE appelle «à la cessation immédiate de toutes les violences (…), notamment des exécutions extrajudiciaires, arbitraires et sommaires, des passages à tabac, des violences sexuelles et sexistes». Elle réclame aussi «la levée immédiate» des obstacles à une distribution de l’aide humanitaire, y compris à Khartoum, qui concernerait plus de 8 millions de personnes. Enfin, les ministres apportent leur soutien à l’appel de l’Union africaine en faveur d’une autorité civile de transition.

Par Le Figaro.fr avec AFP

Turquie: une manifestation de mères de disparus réprimée par la police

août 25, 2018

Une manifestante est arrêtée par la police turque lors d’une manifestation à Istanbul le 25 août 2018 / © AFP / Hayri TUNC

La police turque a dispersé samedi une manifestation de mères à Istanbul à la mémoire de proches disparus dans les années 1980 et 1990 et interpellé près de 50 participants à ce 700e rassemblement hebdomadaire de protestation.

La police a eu recours à des canons a eau et à du gaz lacrymogène pour disperser la foule, selon un photographe de l’AFP.

Au moins 47 personnes ont été interpellées par la police et promptement acheminées vers des camionnettes à proximité, ont rapporté les médias locaux.

L’avocat turc Efkan Bolac a annoncé sur Twitter que ces personnes avaient été par la suite relâchées après avoir été interrogées par la police.

Des internautes ont noté sur les réseaux sociaux que l’une des dirigeantes du mouvement, une octagénaire nommée Emine Ocak, qui a été interpellée par la police, avait déjà été photographiée au cours d’une arrestation dans des circonstances similaires en 1997, deux ans après la disparition de son fils après qu’il eut été placé en garde à vue.

Chaque semaine depuis le 27 mai 1995, les « Mères du samedi » (Cumatesi Anneleri en turc) se rassemblent dans le centre-ville d’Istanbul à la mémoire de proches que le gouvernement aurait fait disparaître au cours de l’une des plus tumultueuses périodes de l’histoire de la Turquie.

Ces disparitions sont survenues à l’apogée de la rébellion des partisans du PKK réclamant l’autonomie des Kurdes dans le sud-est, une région majoritairement peuplée par cette minorité. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes dans ce conflit qui a débuté en 1984 et se poursuit encore aujourd’hui.

La directrice de l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch en Turquie, Emma Sinclair-Webb, a déploré un « traitement honteux et cruel de familles réclamant la justice pour des crimes commis par l’Etat ».

Selon la police, la manifestation a été promue sur les réseaux sociaux par des comptes liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), illégal en Turquie, et aucune autorisation n’a été demandée pour la manifestation, selon la police.

Les manifestations des « Mères du samedi » avaient été systématiquement dispersées par la police de 1999 à 2009 avant d’être tolérées sous haute surveillance. L’intervention policière de ce samedi est la première depuis plusieurs années.

Romandie.com avec(©AFP / (25 août 2018 19h22)

Manifestations au Nicaragua: le bilan monte à 212 morts

juin 22, 2018

Manifestation antigouvernementale à Masaya, au Nicaragua, le 21 juin 2018 / © AFP / MARVIN RECINOS

Le bilan de la répression des manifestations antigouvernementales au Nicaragua est monté à au moins 212 morts, a annoncé vendredi la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).

« L’action répressive de l’Etat a fait au moins 212 morts au 19 juin et 1.337 blessés », a indiqué la commission, en affirmant que plus de 500 personnes avaient été détenues au 6 juin.

La CIDH a conclu que « la violence étatique visait à dissuader la participation aux manifestations et à étouffer cette expression d’opposition politique », selon un rapport d’une centaine de pages présenté vendredi lors d’une session extraordinaire du Conseil permanent de l’Organisation des Etats américains (OEA), à Washington.

La Commission a appelé le gouvernement à « trouver une solution constitutionnelle, démocratique et pacifique à cette crise des droits humains ».

La vague de contestation, engagée pour dénoncer une réforme de la sécurité sociale qui a depuis été abandonnée, cible le chef de l’Etat Daniel Ortega et son épouse Rosario Murillo, vice-présidente, accusés de confisquer le pouvoir et de brider les libertés.

Romandie.com avec(©AFP / 22 juin 2018 18h27)

RDC: « Sommes-nous dans une prison à ciel ouvert ? », s’interroge le cardinal Laurent Monsengwo

janvier 24, 2018

  

Des policiers congolais pendant la manifestation du 31 décembre, à Kinshasa. © John Bompengo/AP/SIPA

Après la répression des manifestations du 21 janvier, qui a fait au moins six morts, le cardinal Laurent Monsengwo lance une nouvelle charge contre les autorités congolaises.

Le cardinal Laurent Monsengwo s’est exprimé devant la presse congolaise et internationale, mardi 23 janvier, pour condamner la répression par les forces de l’ordre des marches initiées par les laïcs catholiques en RDC. Au moins six personnes ont été été tuées le 21 janvier et 49 autres ont été blessées durant ces manifestations – interdites par le gouvernement, alors que la dispersion d’une marche similaire avait déjà fait six morts le 31 janvier 2017.

« Sommes-nous dans une prison à ciel ouvert ? Comment peut-on tuer des hommes, des femmes, des enfants, jeunes et vieux scandant cantiques religieux, munis des bibles, chapelets, crucifix ? Que veut-on au juste ? Le pouvoir pour le pouvoir ou bien le pouvoir pour le développement intégral du peuple, dans la paix, dans la justice et la vérité ? Nous voulons que règne la force de la loi et non la loi de la force », a déclaré le Cardinal Monsengwo,  déplorant « des morts, des arrestations des prêtres, des religieuses et de plusieurs laïcs, des vols et des extorsions des biens des citoyens ».

Black-out forcé

Ce discours fait écho à celui du pape François, qui a appelé le 21 janvier à « prier pour le Congo ». Lors de son audience hebdomadaire mercredi place Saint-Pierre, le souverain pontife a renouvelé son appel « pour que tous s’emploient à éviter toute forme de violence. « Pour sa part, l’Église ne veut rien d’autre que contribuer à la paix et au bien commun de la société », a-t-il déclaré.

Pour sa part, le secrétaire général des Nations-unies, Antonio Guterres,  a réclamé des « enquêtes crédibles » afin que les responsables de violences soient « traduits en justice ». Antonio Guterres a également « exhorté les forces de sécurité congolaises à faire preuve de retenue » et en « appelé également au plein respect des lieux de culte ».

Internet rétabli mardi soir

En amont de ces marches, le 20 janvier des barrières avaient été installées dans le centre-ville de Kinshasa. Les autorités ont également « instruit » les opérateurs de couper l’accès à internet dans la nuit du 20 au 21 janvier, a indiqué à l’AFP un responsable d’une société de télécommunication.

La coupure a été effective autour de minuit. Internet a été rétabli mardi 23 janvier au soir. Les messageries sur les réseaux sociaux ont repris en soirée, après les échanges de SMS. Depuis le rétablissement des réseaux, de nombreuses images de la répression du 21 janvier déferlent sur les réseaux sociaux – sans qu’il soit toujours possible d’authentifier leur provenance.

Jeuneafrique.com avec AFP

RDC: l’Église dénonce la répression sanglante de la marche des catholiques

janvier 4, 2018

L?archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo Pasinya, le 21 septembre 2016 / © AFP/Archives / EDUARDO SOTERAS

L’Eglise catholique de la République démocratique du Congo a poursuivi jeudi ses attaques contre le régime du président Kabila en dénonçant les « brutalités policières » au cours d’une messe à Kinshasa, quatre jours après une marche de catholiques sévèrement réprimée.

Officiellement, l’office célébrait la mémoire des « martyrs » du 4 janvier 1959 victimes de l’administration coloniale belge, qui avait interdit et réprimé une manifestation, un épisode fondateur de l’indépendance du 30 juin 1960.

Très sévère envers le président Joseph Kabila, le cardinal de Kinshasa Laurent Monsengwo a estimé que ces « martyrs de l’indépendance rappellent les morts d’aujourd’hui qui ont subi les brutalités policières ».

En ce jour férié, le cardinal s’exprimait dans une cathédrale Notre-Dame du Congo pleine à craquer, avec au premier rang deux des principaux opposants, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe.

Dans l’assistance figuraient également des activistes du mouvement citoyens « Congolais Debout » et des proches des victimes de dimanche dernier.

« Cela doit nous renforcer dans notre conviction que c’est le début de la fin de la dictature dans notre pays. D’autres actions doivent absolument suivre très rapidement », a déclaré après la messe M. Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale passé à l’opposition.

Le puissant épiscopat congolais avait parrainé fin décembre 2016 un accord majorité-opposition prévoyant des élections en décembre 2017 pour organiser la succession du président Kabila, dont le dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016.

Les forces de sécurité ont dispersé dimanche 31 décembre une marche organisée par une « coordination laïque » proche de l’église catholique exigeant le respect de cet accord.

La police congolaise affirme qu' »aucun mort » n’a été enregistré parmi les manifestants, une douzaine de personnes ont été tuées selon les organisateurs des marches, et au moins cinq, selon l’ONU.

Jeudi, la nonciature apostolique (ambassade du Vatican) a confirmé dans une note le bilan d’au moins cinq morts dont « un fidèle catholique », ainsi que six prêtres arrêtés dimanche.

La nonciature a aussi dénombré cinq paroisses où des messes ont été interrompues, et 18 dont les clôtures ont été envahies par les forces de sécurité, sur environ 160 à Kinshasa.

« On s’attendait à une consolation de la part des autorités. Mais on a désinformé pour faire passer notre frère pour un bandit », a déploré devant l’église un proche d’une personne tuée, dimanche, devant l’église Sainte-Alphonse de Matete, dans le sud de Kinshasa.

Le mandat du président Kabila, élu en 2006 et réélu en 2011, a expiré depuis le 20 décembre 2016 et la Constitution ne l’autorise pas à se représenter. Un scrutin présidentiel doit se tenir le 23 décembre 2018, mais l’opposition exige le départ la mise en place d’une transition sans Kabila.

Romandie.com avec(©AFP / 04 janvier 2018 23h33)

RDC: récit de la répression policière du 31 décembre dans l’une des paroisses de Kinshasa

janvier 3, 2018

 

Un policier dans les rues de Kinshasa, le 31 décembre 2017. © John Bompengo/AP/SIPA

Trois jours après la répression sanglante des marches anti-Kabila, qui a fait cinq morts et 47 blessés selon un bilan provisoire de la Monusco, Jeune Afrique revient sur le déroulé de cette journée, dans l’une des paroisses de la capitale.

Dès les premières lueurs du jour, une foule dense de fidèles se presse, ce dimanche 31 décembre, à l’intérieur de la paroisse Saint Dominique, dans la commune kinoise de Limete. « D’ordinaire, nous organisons cinq messes durant le week-end, explique à Jeune Afrique le vicaire Jean Nkongolo, qui officie dans la paroisse depuis septembre 2017. Mais, cette fois-ci, nous en avions prévu une seule. » Un accroc à la tradition, rendu nécessaire par l’organisation des marches dimanche, par l’appel du comité des laïcs catholiques.

« J’ai ouvert les portes de l’église vers 6h du matin, explique le prêtre Jean Nkongolo. Et il n’y avait alors aucune présence militaire ou policière à signaler ». Soulagé, le religieux reprend ses occupations avant la messe, qui doit débuter sous peu. Mais son répit est de courte durée.

Vers 6 h 30, des dizaines d’hommes armés font leur apparition sur les principaux axes autour de la paroisse. Des barrières sont érigées, où les fidèles sont palpés sans ménagement. Impossible de traverser le cordon des forces de l’ordre sans présenter sa carte d’électeur.

© Une douille de balle et des restes de grenade de gaz lacrymogène retrouvées près de l’église. DR

Des « infiltrés » au sein de l’église ?

Après avoir été fouillés, les fidèles pénètrent à l’intérieur de la nef. Certains d’entre eux, vêtus d’une chemise blanche et d’un pantalon noir, retiennent l’attention de l’ecclésiastique. « Nous connaissons bien nos paroissiens, explique-t-il. Et ceux-là ne me disaient rien. Ils donnaient plutôt l’impression d’être des infiltrés des forces de sécurité. »

Arrivés sur les lieux, les fidèles essuient immédiatement des coups de feu tirés à balles réelles par les forces de sécurité

Après l’oraison finale, le représentant du comité des laïcs catholiques au sein de la paroisse Saint Dominique prend la parole et enjoint les fidèles à renoncer à leur marche. « La pression policière était trop forte, explique le prêtre Jean Nkongolo. Nous voulions éviter un bain de sang. » Des murmures, parfois désapprobateurs, s’élèvent dans les allées de la nef. Mais tous les fidèles acceptent finalement de se rendre en rangs serrés dans la grotte attenante à l’église, où ils doivent recevoir leur bénédiction.

© L’entrée de la grotte de la paroisse Saint Dominique, où l’on distingue plusieurs traces de sang. DR

Arrivés sur les lieux, les fidèles essuient immédiatement des coups de feu tirés à balles réelles par les forces de sécurité. Des gerbes de sang éclaboussent la grotte. « Deux personnes, un homme et une femme, ont été blessées aux mollets, indique le prêtre Jean Nkongolo. Nous les avons évacués à l’hôpital Saint Joseph, qui est contigu à la paroisse. » Les autres fidèles se replient à l’intérieur de l’église, dont les abords sont rapidement enveloppés par des volutes de gaz lacrymogène.

Le prêtre touché par une balle en caoutchouc

Pour protéger les paroissiens, un homme tente de refermer le portail de l’église et d’empêcher, ainsi, les forces de l’ordre d’y pénétrer. Mais il est visé par une grenade de gaz lacrymogène, qui explose sur son dos. « Il s’en est sorti avec d’importantes brûlures », précise Jean Nkongolo.

Il est grand temps de nous débarrasser des dictateurs

Aux abords de l’église, une femme est également victime d’un tir en pleine tête. Sur des images diffusées par la télévision Canal Congo Télévision, on peut voir le clerc tenter de lui porter secours, avant d’être lui-même touché par un tir de balle en caoutchouc près de l’œil. « Grâce à l’aide d’un jeune homme, j’ai finalement pu la ramener dans l’église, explique-t-il. On la croyait morte, avec son visage maculé de sang. Mais elle a survécu à son passage au bloc opératoire, où on lui a délogé la balle. »

Trois jours après les événements de la Saint-Sylvestre, le vicaire ne décolère pas contre la répression sanglante des autorités dans les églises de la capitale. « J’éprouve de la déception, car les églises sont protégées par le droit international, déclare-t-il. On ne peut pas y pénétrer pour réprimer des manifestants pacifiques et désarmés. De la colère, aussi, en pensant à ce président, censé protéger sa population, et qui a les mains couvertes de sang. Pourquoi la communauté internationale continue de traiter avec lui ? Il est grand temps de nous débarrasser des dictateurs. »

Jeuneafrique.com par

Congo/Pointe-Noire: Réactions des Avocats après une descente musclée des policiers

décembre 3, 2017

Quand la liberté de réunion est violée, les Avocats doivent relever leur échine face aux bras armés de la répression du pouvoir: la police. Une police qui se sert des mêmes instruments juridiques que les hommes en toges noires. Il me semble qu’ils n’utilisent pas le même droit au Congo.

Ainsi, l’on constate amèrement avec regret que les règles de la procédure civile et pénale n’ont pas le même fond et forme.  Vidées de toute substance juridique, elles ont une mauvaise interprétation, selon que l’on se tient d’un côté et d’un autre de la balance.

 

Avec Zenga-mambu.com

Tchad: la répression se durcit chez l’allié africain de l’Occident, selon des témoignages

juillet 29, 2017

Le président tchadien Idriss Deby, le 29 décembre 2016 à N’Djamena / © POOL/AFP/Archives / ALAIN JOCARD

Tortures, détention au secret, manifestations interdites, des activistes de la société civile témoignent d’un durcissement ces derniers mois de la répression dans le Tchad du président Idriss Déby Itno, l’un des alliés africains de l’Occident contre les jihadistes où la ministre française des Armées, Florence Parly, se rend dimanche.

« Aujourd’hui, le gouvernement du Tchad est appuyé par les pays occidentaux au nom de la lutte contre le terrorisme. Les gens ont sacrifié la démocratie, les droits de l’homme, la bonne gouvernance, la liberté d’expression, au nom de la lutte contre le terrorisme », dénonce Nadjo Kaina, du mouvement Iyina (« Nous sommes fatigués » en arabe dialectal).

Lui-même a été arrêté à plusieurs reprises, dont la dernière fois en avril: « J’ai été détenu au secret pendant 21 jours », raconte-t-il, détaillant des faits relatés par l’AFP au moment de son interpellation par l’Agence nationale de sécurité (ANS, renseignement).

« J’étais les pieds enchaînés, les mains menottées, et pendant l’interrogatoire, on me mettait un sac avec des piments sur la tête. Je ne pouvais pas respirer pendant trois ou quatre minutes. J’agonisais. On l’enlevait, on m’arrosait avec de l’eau, on remettait et l’interrogation continuait toujours », poursuit le jeune de homme de 28 ans.

L’activiste affirme qu’il a été interpellé à la suite d’un appel de son mouvement contre le chômage des jeunes, l’injustice et les privations des droits de l’homme.

Nadjo Kaina a finalement été libéré après avoir été condamné à six mois de prison avec sursis pour « tentative de rassemblement », tout comme un autre activiste d’Iyina, Bertrand Sollo, qui affirme avoir subi le même sort en détention.

Président du Collectif tchadien contre la vie chère, Dingamnayal Nely Versinis témoigne également à visage découvert pour l’AFPTV après son interpellation musclée par l’ANS: « J’ai été soumis à des humiliations et des traitements inhumains », dit-il.

« A la seconde séance de torture, ils m’ont allongé, ils ont pris un tuyau, ils l’ont enfilé dans ma bouche, ils ont ouvert le robinet à haut débit. Mon ventre ballonnait. l’eau sortait par l’anus, tous les orifices », raconte M. Versinis, reprenant un récit qu’il avait publié en mai sur internet.

« On me demandait qui me finance, les Américains, les Français. J’ai répondu non. Ils me répondent que si ce ne sont pas des Blancs, ce sont des hommes de l’opposition », ajoute l’activiste, finalement relaxé faute d’éléments à charge.

« Je suis en liberté provisoire pour des raisons de santé », raconte à l’AFP un autre activiste, Maoundé Decladore, du collectif « Ca doit changer! ».

« Après mon enlèvement et ma détention secrète, j’ai été soumis à des interrogatoires sous lumière irritante. Et aussi on m’a fait avaler un aliment qui a déclenché une diarrhée. Au quatrième jour, j’ai vomi du sang en prison », poursuit-il.

M. Decladore affirme avoir été inquiété à la suite d’un entretien donné à Radio France internationale (RFI) quelques mois auparavant.

– Préoccupation des Occidentaux –

Ces mauvais traitements sont pratiqués au secret dans des centre de détention « non-officiels », d’après Amnesty International.

La situation n’est guère meilleure dans des prisons ouvertes aux observateurs. « Nous avons pu constater à plusieurs reprises lors de notre passage dans ces prisons que les gens meurent par manque de nourriture, par manque de soins et pour cause de conditions déplorables d’hygiène », affirme Mahamat Nour Ibedou, de la Convention tchadienne pour la défense des droits humains.

Des journalistes ont aussi été inquiétés ces derniers mois et un blogueur, Tadjeddine Mahamat Babouri, se trouve en détention depuis fin septembre 2016, indique Amnesty qui s’inquiétait début juillet de son état de santé.

Les grandes chancelleries occidentales à N’Djamena (Union européenne, France, Etats-Unis, Suisse, Allemagne) ont aussi déclaré qu’elles étaient préoccupées « par la détention de plusieurs militants de la société civile, par l’absence d’information sur les charges retenues contre eux, ainsi que sur les conditions de leur détention » dans une déclaration commune du 25 avril.

La torture a été pratiquée à grande échelle au Tchad sous le prédécesseur du président Déby, Hissène Habré, renversé en 1990 et condamné définitivement à perpétuité en avril pour « crime contre l’humanité » par une Cour africaine spéciale.

« Je pense que ceux qui osent la comparaison entre Habré et Déby font injure aux dizaines de milliers de victimes qui ont subi les pires tortures dans les prisons de la DDS (ndr: les services de sécurité sous Habré), et à ceux qui, depuis 1990, peuvent s’exprimer librement », affirme le cinéaste Mahamat Saleh Haroun, auteur d’un documentaire « Hissène Habré, une tragédie tchadienne » – et ministre de la Culture du président Déby depuis février.

Romandie.com avec(©AFP / 29 juillet 2017 13h12)                

Zimbabwe: une manifestation de l’opposition brutalement réprimée par la police

août 26, 2016

Harare – La police anti-émeute zimbabwéenne a de nouveau brutalement réprimé vendredi une manifestation de l’opposition à Harare, un rassemblement de plus qui symbolise le ras-le-bol grandissant envers le régime du président Robert Mugabe.

Selon un journaliste de l’AFP présent dans le centre-ville de la capitale, la police a lancé des grenades lacrymogène et a utilisé des canons à eau contre les manifestants qui commençaient à peine à se rassembler.

Ces derniers ont répliqué par des jets de pierres sur les forces de l’ordre et en mettant le feu à des pneus. Certains ont déboulonné le panneau d’une rue portant le nom du président Mugabe.

La manifestation qui a pourtant été autorisée par la justice vendredi matin était organisée par 18 partis d’opposition réclamant une réforme électorale en vue des élections générales de 2018. Robert Mugabe, 92 ans, y est candidat à sa propre succession.

Les policiers ont ensuite poursuivi certains manifestants pour les frapper à coups de matraque et menacé les journalistes sur place qui couvraient l’événement.

Les rues habituellement très animées du centre d’Harare étaient vides et plusieurs magasins fermés.

Des affrontements ont également eu lieu entre des commerçants supporters du parti au pouvoir, la ZANU-PF, qui refusaient de fermer leurs échoppes de rue, et les manifestants.

Les sympathisants de la ZANU-PF ont notamment jeté des pierres aux opposants qui avaient mis le feu à leurs étals.

Vendredi matin, la justice avait autorisé cette marche organisée par les principaux leaders d’opposition comme Morgan Tsvangirai du mouvement pour le changement démocratique (MDC) ou Joice Mujuru, ex-vice présidente désormais à la tête du Peuple du Zimbabwe d’abord (ZPF).

Nous voyons cela comme une victoire de la démocratie, a déclaré le porte-parole de l’opposition Douglas Mwonzora après le jugement.

Jeudi soir déjà, la police avait mis en garde les manifestants et tenté de les décourager en indiquant que l’affluence attendue (150.000 personnes) risquait de perturber l’activité de la capitale.

La manifestation a cependant été loin de rassembler autant de monde, la police ayant dispersé très rapidement la moindre formation de groupes, vendredi matin.

Plusieurs ambassades à Harare ont appelé les autorités à respecter les droits de l’Homme et les libertés lors de ces manifestations.

Dans un communiqué, l’ambassade d’Australie a indiqué partager l’inquiétude de nombreux Zimbabwéens concernant la violence de ces dernières semaines.

L’usage de la violence est inacceptable quelles que soient les circonstances, précise le texte.

L’ambassade du Canada a de son côté appelé au calme et également souligné son inquiétude croissance concernant les comptes-rendus de violences contre les manifestations.

Jeudi, le ministre de l’Intérieur, Ignatious Chombo, a prévenu que le gouvernement resterait inflexible face à ces manifestations qui demandent un changement de régime et sont sponsorisées par l’Occident.

Depuis plusieurs semaines, le Zimbabwe connaît un mouvement de contestation anti-Mugabe d’une rare ampleur qui résiste à la répression du régime.

Les manifestants, principalement issus de la société civile, réclament le départ de Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, qu’ils accusent notamment d’être à l’origine de la faillite économique du Zimbabwe.

Les dernières élections au Zimbabwe remontent à 2013 où Robert Mugabe l’avait emporté dans un scrutin organisé à la hâte et que l’opposition avait dénoncé comme étant truqué.

Romandie.com avec(©AFP / 26 août 2016 15h00)

Éthiopie: Le pouvoir réprime dans le sang les manifestations du week-end

août 8, 2016

Le gouvernement éthiopien a réprimé dans le sang les manifestations antigouvernementales du week-end, les forces de sécurité tuant plusieurs dizaines de personnes dans les régions Oromo (centre et ouest) et Amhara (nord). Amnesty International évoque près de 100 tués.

L’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a fait état lundi de près de 100 morts et plusieurs centaines de blessés. Amnesty accuse les forces de sécurité d’avoir tiré à balles réelles sur des « manifestants pacifiques ».

Pour Merera Gudina, figure de l’opposition éthiopienne et président du Congrès du Peuple Oromo, « entre 48 et 50 manifestants ont été tués dans la région Oromo ». « Ce bilan pourrait être beaucoup plus élevé, car il y a de nombreux blessés » par balle, a-t-il ajouté.

Une source diplomatique en poste à Addis Abeba a pour sa part rapporté un bilan provisoire de 49 morts pour les deux régions, Oromo et Amhara. Selon cette source, au moins 22 personnes ont été tuées dans la région Oromo, dont 15 dans la seule localité de Nekempte.

Le gouvernement éthiopien n’a pour le moment divulgué aucun bilan. Vendredi, le Premier ministre éthiopien Haile Mariam Dessalegn avait annoncé l’interdiction des manifestations « qui menacent l’unité du pays ». Il avait autorisé la police à utiliser tous les moyens nécessaires pour les empêcher.

Règne sans partage
Ces manifestations, aux motivations conjoncturelles différentes, ont en commun la critique croissante d’un appareil d’Etat essentiellement aux mains de responsables issus de la région du Tigré (nord). Ces derniers, à la tête du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), avaient chassé du pouvoir le dictateur Mengistu Haile Mariam en 1991.

Ils forment depuis l’ossature de la coalition qui règne sans partage sur le pays. Depuis la fin 2015, la région Oromo, qui englobe la capitale Addis Abeba, est le théâtre de manifestations sporadiques, violemment réprimées par les autorités.

Les manifestations dans la région Amhara ont débuté ces dernières semaines, mais ont très rapidement mobilisé beaucoup de monde. Dans les deux cas, le pouvoir a régulièrement accusé des forces étrangères, Erythrée en tête, et des « groupes terroristes », d’être à l’origine de ces mouvements de protestation.

Réseaux internet bloqué
Samedi, de nouvelles manifestations se sont déroulées dans la région Oromo, y compris dans la capitale Addis Abeba habituellement épargnée. Et dimanche, ce fut au tour de la région Amhara. Ensemble, les deux régions abritent un peu plus de 60% de la population éthiopienne qui compte près de 100 millions d’habitants.

Les autorités éthiopiennes ont bloqué samedi le réseau internet dans l’ensemble du pays ainsi qu’une partie des réseaux téléphoniques. Le réseau internet était de nouveau accessible lundi matin dans la capitale.

Violemment dispersés
A Addis Abeba, environ 500 manifestants oromo s’étaient rassemblés samedi matin sur Meskel Square, la place centrale de la capitale, les mains croisées au-dessus de la tête en signe de défiance. Ils ont été violemment dispersés, et pour certains arrêtés et embarqués dans des pick-up de la police.

Ailleurs dans la région, la répression a été plus sanglante. Dans la localité de Nekempte, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur la foule.

Le lendemain, elles ont usé de la même violence dans la région Amhara. Selon Amnesty, au moins 30 manifestants ont été tués dimanche dans la seule ville de Bahir Dar (nord), la capitale régionale où plusieurs milliers de personnes avaient pris part à la manifestation.

Romandie.com avec(ats / 08.08.2016 20h15)