Le passeport vaccinal sera retiré le 12 mars. Photo : La Presse Canadienne/Graham Hughes
L’habitude était bien implantée à l’entrée des restaurants, cinémas, bars et autres lieux publics : celle de sortir son téléphone pour montrer sa preuve vaccinale.
Or, dès samedi, il ne sera plus nécessaire de présenter le passeport vaccinal au Québec pour accéder aux lieux qui étaient visés par cette mesure en vigueur depuis le 1er septembre.
La Direction générale de santé publique du Québec estime que le passeport vaccinal s’est avéré un outil précieux pour encourager la vaccination et pour protéger la population en diminuant les risques de contagion.
Dans ses recommandations du 14 février dernier, elle relève toutefois que 2 millions de Québécois auraient été en contact avec le virus, et que ces personnes, qu’elles soient vaccinées ou non, auraient un risque extrêmement faible d’être contagieuses après leur maladie et/ou d’être recontaminées par ce même virus.
Aussi, les risques de contagion ne sont pas diminués dans les mêmes proportions qu’avec le variant Delta, largement dominant lorsque le passeport vaccinal a été implanté, souligne-t-elle.
À partir de samedi, la capacité d’accueil dans tous les lieux publics du Québec sera portée à 100 %. De plus, il n’y aura aucune limite de capacité par table dans les restaurants, les bars, les tavernes et les casinos et ces établissements pourront tous revenir à leurs heures normales d’activité.
C’est également le retour des activités de danse et de karaoké.
Aucune restriction quant au nombre de participants pour les activités de nature sociale ne sera imposée dans une salle louée.
En attendant l’abandon du masque
Le registre des visiteurs dans les résidences privées pour aînés sera retiré.
Également à partir de samedi, les cas contacts n’auront plus besoin de s’isoler.
Il faudra toutefois attendre au plus tard à la mi-avril pour la fin de l’obligation du port du masque dans tous les lieux publics, en excluant les transports publics. Dans ce dernier cas, la levée de l’obligation viendrait au plus tôt au mois de mai.
Des Sud-Africains attendent de recevoir une dose de vaccin contre la COVID-19, à Lawley, vendredi. Photo : Associated Press/Jerome Delay
Devant l’émergence et la propagation rapide du nouveau variant Omicron, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’inutilité des mesures de restriction imposées aux frontières par Ottawa et demander que le Canada travaille plus activement à augmenter la couverture vaccinale dans le monde.
Docteurs, spécialistes en maladies infectieuses et experts sur la question des droits de la personne sont unanimes : le gouvernement fédéral a la capacité d’augmenter et d’accélérer ses envois de doses de vaccins aux pays les moins nantis et il devrait le faire, tout comme il devrait encourager les compagnies pharmaceutiques à lever temporairement les brevets qui protègent les recettes de vaccins afin d’en accroître la production dans le monde.
Selon eux, il en va de l’intérêt du Canada lui-même
« Si vous n’en avez rien à faire de l’altruisme et que vous n’en avez que pour vos propres intérêts… Eh bien, il est dans votre intérêt que tout le monde soit vacciné le plus tôt possible sur cette planète. »— Une citation de Dr Ross Upshur, professeur à l’École de santé publique Dalla Lana, à l’Université de Toronto
Peu après que l’Afrique du Sud eut annoncé avoir découvert l’existence d’un nouveau variant, le Canada a fermé ses frontières aux pays d’Afrique australe, où des cas avaient été détectés. Depuis, des États comme le Nigeria ou les Pays-Bas ont détecté des cas sur leur territoire qui sont antérieurs à la découverte d’Omicron par des scientifiques sud-africains, suggérant qu’il circule déjà à travers le monde, y compris au Canada.
Tous les jours depuis la détection d’Omicron, l’Afrique du Sud a d’ailleurs vivement dénoncé les restrictions la visant comme étant injustes et caduques. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a qualifié Omicron de préoccupant, a fait de même, mettant en garde contre les faibles taux de vaccination et de dépistage dans de nombreux pays.
L’OMSOrganisation mondiale de la santé a un objectif très clair : 70 % de la population mondiale devrait avoir reçu deux doses de vaccin d’ici la moitié de l’année 2022. Mais le monde est loin de cette cible, une quarantaine de pays – majoritairement en Afrique – présentant un taux de vaccination de moins de 10 % actuellement.
Vous avez raison de vouloir protéger les habitants de votre pays, mais je vous mets en garde : personne ne pourra dormir sur ses deux oreilles tant que l’Afrique ne sera pas vaccinée, a déclaré plus tôt cette semaine la Dre Angelique Coetzee, une des premières à avoir détecté Omicron chez des patients sud-africains.
Prendre des engagements, et les respecter
Pour atteindre son objectif, l’OMSOrganisation mondiale de la santé a mis sur pied le mécanisme COVAX, qui devait permettre de livrer 2 milliards de doses de vaccins contre la COVID-19 avant la fin de l’année, majoritairement à des pays à faible revenu. Or, à un mois de l’échéance, seulement le tiers de ces doses ont été distribuées.
L’OMSOrganisation mondiale de la santé est dans l’impossibilité de respecter ses engagements notamment parce que les pays les plus riches ont choisi de conclure de coûteuses ententes avec les manufacturiers de vaccins pour obtenir leurs doses de manière prioritaire, plutôt que de respecter le mécanisme de distribution.
Jusqu’à ce que COVAX ait accès aux doses dont ils ont besoin, nous continuerons de voir cet énorme écart dans la couverture vaccinale, a résumé Ian Thomson, de l’agence de développement internationale Oxfam Canada.
Le Canada s’est engagé à donner ou à financer l’achat de 200 millions de doses de vaccins d’ici la fin de 2022 via le mécanisme COVAX. Jusqu’à présent, il a fait don de 8,3 millions de doses et ses contributions financières ont permis d’en acheter environ 87 millions, selon Affaires mondiales Canada.
Ian Thomson estime que le Canada a répondu présent en offrant un soutien financier considérable à COVAX. En fait, ce qu’il n’a pas fait, c’est de respecter ces engagements, a-t-il toutefois déploré.
Le Canada fait don de doses de vaccins sur une base continue, à mesure qu’elles sont livrées par les manufacturiers, a expliqué Geneviève Tremblay, porte-parole pour Affaires mondiales Canada, dans un courriel envoyé à CBC.
La constitution d’un stock de vaccins ne fait rien d’autre que de créer un risque lié aux dates de péremption et à leur détérioration, ce qui est une tragédie compte tenu de cette situation mondiale, a dénoncé le Dr Zain Chagla, médecin spécialisé dans les maladies infectieuses au St. Joseph’s Healthcare de Hamilton et professeur agrégé à l’Université McMaster.
« Nous devons être très conscients du fait que les doses qui arrivent en sol canadien doivent répondre à une demande, sans quoi, elles ne devraient pas se retrouver ici. »— Une citation de Dr Zain Chagla, médecin spécialisé dans les maladies infectieuses
Le Dr Chagla estime aussi que le Canada pourrait en faire plus pour la levée des brevets qui protégeant les vaccins contre la COVID-19.
Sur cette question, Ian Thomson, d’Oxfam Canada, est du même avis. Nous faisons pression depuis déjà plusieurs mois auprès de l’Organisation mondiale du commerce pour assouplir les règles afin que davantage de fabricants puissent fabriquer des vaccins contre la COVID-19, en particulier dans les pays en développement, a-t-il indiqué.
Ces pays ont la capacité de produire des vaccins, qui pourraient être distribués plus rapidement à leur population, a-t-il ajouté.
Encore là, le premier ministre Justin Trudeau s’est montré en faveur de la levée des brevets canadiens, mais aucune action concrète n’a encore été entreprise en ce sens. Le gouvernement fédéral participe aux discussions à ce sujet, a indiqué Geneviève Tremblay, porte-parole d’Affaires mondiales Canada.
Avec Radio-Canada d’après un texte de Stephanie Dubois, de CBC
La ville de Moscou a ordonné mardi ses premières restrictions sanitaires depuis l’été, face à une nouvelle envolée des cas de Covid-19, sur fond de vaccination poussive et d’une vague épidémique qui ne faiblit pas.
Les autorités de la capitale russe ont ordonné la vaccination obligatoire de 80 % des employés des services, contre 60 % actuellement, d’ici au 1er janvier 2022, selon un message posté sur le site du maire, Sergueï Sobianine.
La mairie a également ordonné le confinement de tous les plus de 60 ans non vaccinés du 25 octobre au 25 février et le télétravail d' »au moins 30 % » du personnel des entreprises.
Le Kremlin réfléchit de son côté à ordonner une semaine chômée fin octobre, pour ralentir la progression de la maladie.
La Russie et en particulier Moscou, principal foyer dans le pays, est confrontée depuis cet été à une nouvelle vague épidémique, portée par le variant Delta et une campagne de vaccination laborieuse.
Ces derniers jours, le pays n’a cessé de battre ses records de morts quotidiens dus au Covid-19. Mardi, il a ainsi enregistré 1.015 morts en 24 heures, du jamais vu depuis le début de la pandémie.
A Moscou, le nombre de contaminations augmente rapidement depuis la mi-septembre et tourne désormais autour des 6.000 nouveaux cas chaque jour, selon les chiffres du gouvernement. Au niveau national, on compte quelque 33.000 infections détectées chaque jour.
Les autorités se refusent depuis des mois à introduire des restrictions strictes ou des confinements, par crainte d’affaiblir encore plus une économie déjà fragile.
En parallèle, la vaccination stagne à cause de la méfiance des Russes. Seuls 32,3 % sont totalement vaccinés, selon les chiffres du site Gogov qui établi un bilan quotidien.
Le virus se propage alors que les restrictions sanitaires gouvernementales sont très limitées, même si plusieurs régions ont réintroduit l’obligation de présenter un passe sanitaire pour accéder à des lieux publics. Le port du masque reste lui aléatoire.
L’ancien médecin hygiéniste en chef de l’Alberta, James Talbot, appelle le nouveau ministre de la Santé, Jason Copping, à mettre en place davantage de restrictions sanitaires dans la province afin d’alléger la pression sur les hôpitaux.
Dans une lettre adressée à la province, l’ancien médecin hygiéniste en chef de l’Alberta, James Talbot, ainsi que le médecin en soins intensifs à la retraite et coprésident du comité stratégique sur la COVID-19 de l’Association du personnel médical de la zone d’Edmonton, Noel Gibney, émettent sept recommandations urgentes» :
Le transfert de patients aux soins intensifs vers d’autres provinces dès maintenant.
L’obligation de présenter une preuve vaccinale pour accéder à tous les services non essentiels.
La mise en place, pendant au moins quatre semaines, d’une série de restrictions visant à freiner la propagation du virus, incluant la fermeture des bars, des salles à manger à l’intérieur et des salles de sport ainsi que l’imposition de limites pour la capacité d’accueil des espaces intérieurs comme les lieux de cultes et les magasins.
Rendre le port du couvre-visage obligatoire dans les écoles, incluant lorsque les élèves sont assis en classe.
Le traçage des contacts de personnes infectées.
Rendre la vaccination obligatoire pour tous les employés et les fournisseurs de services du gouvernement et des organismes comme Alberta Blue Cross, le Workers’ Compensation Board (WCB) de l’Alberta, etc.
Rendre la vaccination obligatoire pour tous les employés de commerces essentiels et non essentiels.
L’impact des non-vaccinés
En Alberta, 73,4 % des personnes âgées de 12 ans et plus sont pleinement vaccinées, ce qui représente 62,4 % de la population totale de la province.
Les deux experts affirment que les personnes non vaccinées sont celles qui créent la pression actuelle sur le système de santé de la province.
Ils ajoutent que les politiques du gouvernement de Jason Kenney ainsi que le plan de réouverture de la province mis en branle en juillet sont à l’origine de la quatrième vague.
[Les gens] ne peuvent pas avoir accès à des traitements de chimiothérapie, à des chirurgies non urgentes et pourraient éventuellement faire face à un protocole de triage qui pourrait engendrer des conséquences encore plus graves en raison de la surcharge du système de santé», déplore James Talbot, en entrevue sur les ondes de CBC.
Dans leur lettre, les deux experts se montrent pessimistes face à l’avenir de l’Alberta.
Même si on mettait en place ces mesures aujourd’hui, il faudrait attendre au moins quatre semaines pour qu’elles aient un impact sur les hospitalisations aux soins intensifs», écrivent-ils. Le temps presse. Les Albertains méritent mieux. »
Déplacement de patients : un dernier recours
Selon eux, le transfert de patients hospitalisés aux soins intensifs vers d’autres provinces est la seule manière d’éviter la mise en place d’un protocole de triage.
Ils précisent toutefois que même si cela permettrait à d’autres personnes d’obtenir les soins dont elles ont besoin, déplacer un patient à des milliers de kilomètres comporte des risques.
James Talbot souligne le décalage entre la vie quotidienne dans la province et la réalité des travailleurs de la santé.
Je ne sais pas comment il est possible de gérer l’impact psychologique du décalage entre la vie qui suit son cours dans la communauté et les hôpitaux qui sont sur le point de s’effondrer», a-t-il déclaré en entrevue.
Les autorités maliennes ont levé « toutes les mesures restrictives » imposées aux anciens président et Premier ministre de transition Bah N’Daw et Moctar Ouane, évincés le 24 mai par les militaires et depuis maintenus en résidence surveillée selon leur entourage, a annoncé la Cedeao vendredi.
Le comité instauré pour suivre la transition ouverte après un premier coup d’État militaire en août 2020 « se félicite de la décision du gouvernement de lever toutes les mesures restrictives concernant » Bah N’Daw et Moctar Ouane, a déclaré dans un communiqué la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), médiatrice dans la crise malienne.
Les deux hommes ont été arrêtés le 24 mai lors du second coup de force mené par le colonel Assimi Goïta et les militaires arrivés au pouvoir par le putsch du 18 août 2020. Bah N’Daw et Moctar Ouane venaient de s’entendre sur un nouveau gouvernement écartant des figures de la junte.
« Issue heureuse »
Le gouvernement malien, confirmant l’information, a affirmé vendredi soir avoir « accueilli favorablement la mission de bons offices » du comité de suivi de la transition. Il « se félicite de l’issue heureuse des démarches menées par ledit comité (de suivi de la transition) ayant abouti à la décision d’une levée des mesures de surveillance spéciales qui étaient mises en place » concernant Bah N’Daw et Moctar Ouane.
Cependant, le gouvernement « souligne la nécessité du respect des engagements pris par les acteurs concernés à faire preuve d’esprit de responsabilité, d’attachement à l’intérêt national, au respect de la loi et de s’abstenir de toute action pouvant impacter le bon déroulement de la transition », dans le communiqué.
Ultimatum
La mise à l’écart de Bah N’Daw et Moctar Ouane avait officiellement été présentée comme une démission. Assimi Goïta s’était ensuite fait investir aux fonctions de président de transition et avait nommé un nouveau Premier ministre.
Bah N’Daw et Moctar Ouane étaient quant à eux sous le coup d’une résidence surveillée, selon ceux qui ont été en contact avec eux. Les autorités invoquaient les nécessités de leur protection. Les deux hommes n’ont pas encore pu s’exprimer publiquement sur les évènements de mai et leur situation.
Ils avaient saisi la Cour de justice de la Cedeao, et cette dernière avait donné au gouvernement malien jusqu’à samedi pour justifier leur situation, avait rapporté leur avocat Mamadou Ismaïla Konaté.
Incertitude
Bah N’Daw et Moctar Ouane devraient recouvrer leur liberté de mouvement alors que règne la plus grande incertitude sur l’avenir du pays, pris dans la tourmente des insurrections indépendantiste et jihadiste de 2012. Vendredi, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM, affilié à Al-Qaïda) a revendiqué une opération qui a coûté la vie à 17 soldats maliens, selon une source sécuritaire.
Les militaires se sont engagés à céder la place à des civils après des élections prévues en février 2022. À six mois de l’échéance, le scepticisme va grandissant sur le respect de cet engagement, et des voix s’élèvent pour une prolongation de la transition.
Dans ce contexte, le placement sous mandat de dépôt, jeudi, de Soumeylou Boubèye Maïga, Premier ministre de 2017 à 2019, a divisé l’opinion entre ceux qui ont salué son arrestation au nom de la lutte contre la corruption et l’impunité et ceux qui redoutent une manœuvre pour contrecarrer les ambitions présidentielles qui lui sont prêtées.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, cas contact et à l’isolement, a appelé dimanche à la « prudence » à la veille de la levée des restrictions liées à la pandémie en Angleterre, en pleine flambée des contaminations.
Le Covid-19 a fait plus de 128.600 morts au Royaume-Uni où les contaminations montent en flèche depuis des semaines, avec au total plus de 585.000 cas recensés depuis le 1er juillet. Le pays est le plus touché en Europe en nombre de cas, dépassant le seuil des 50.000 nouvelles contaminations quotidiennes vendredi et samedi.
Boris Johnson a malgré tout assuré dimanche que c’était le « bon moment » pour procéder à cette étape majeure du déconfinement, rebaptisé « Jour de la liberté », tout en appelant la population à la vigilance.
« S’il vous plaît, soyez prudents », a-t-il plaidé dans une vidéo postée sur son compte Twitter dans laquelle il souligne l' »extrême contagiosité » du variant Delta du virus.
Le Premier ministre est contraint de s’isoler jusqu’au 26 juillet après avoir été en contact avec le ministre de la Santé Sajid Javid, qui a annoncé samedi être positif au Covid-19.
Boris Johnson « continuera à mener des réunions avec les ministres à distance », depuis Chequers, la résidence de campagne des chefs de gouvernement, au nord-ouest de Londres, a indiqué le porte-parole de Downing Street.
Ce porte-parole avait indiqué dans un premier temps que Boris Johnson et son ministre des Finances Rishi Sunak, également cas contact, échapperaient à un isolement complet en raison de leur participation à un « programme pilote de dépistages quotidiens » qui « leur permet de continuer à travailler depuis Downing Street ».
Toutefois, devant l’indignation provoquée par cette annonce, l’opposition dénonçant un gouvernement « au dessus des lois », Downing Street est revenu en arrière et a finalement annoncé que les deux hommes observeront bien leur période d’isolement.
Keir Starmer, chef du Parti travailliste, a dénoncé sur Twitter un gouvernement en plein « chaos », envoyant des messages contradictoires à la veille de la levée de presque toutes les restrictions restantes en Angleterre, y compris l’obligation de porter le masque ou la distanciation sociale.
Boris Johnson justifie cette étape par le succès d’une campagne de vaccination menée tambour battant depuis décembre – plus de deux tiers des adultes entièrement vaccinés – qui a « fortement affaibli » selon lui le lien entre maladie, hospitalisations et décès, permettant au système public de santé de faire face. Il y a actuellement quelque 550 malades du Covid-19 en soins intensifs contre plus de 4.000 au pic de la seconde vague, en janvier.
A partir de lundi, le télétravail ne sera plus la norme. Les salles de spectacle et les stades rouvriront à pleine capacité, les discothèques pourront de nouveau accueillir du public, le service au bar sera de nouveau possible dans les pubs et le nombre de personnes autorisées à se rassembler ne sera plus limité.
Le masque ne sera plus obligatoire mais recommandé dans les transports et magasins.
« Saper les efforts »
Ce grand relâchement est jugé « imprudent » par l’opposition travailliste, face à la montée des contaminations dues au variant Delta, particulièrement contagieux. Le nombre de contaminations quotidiennes pourrait atteindre 100.000 d’ici quelques semaines, de l’aveu même du ministre de la Santé.
Un groupe d’influents scientifiques internationaux a ainsi appelé vendredi le gouvernement à revenir sur sa décision qui « risque de saper les efforts de contrôle de la pandémie non seulement au Royaume-Uni, mais également dans d’autres pays ».
Outre les personnes contaminées, des millions de personnes, cas contact, ont été priées de rester chez elles pendant dix jours.
La pression des milieux économiques monte pour que l’application utilisée par le service public de santé soit révisée en raison du grand nombre de gens contactés, qui fait craindre des pénuries de personnel empêchant certains services de fonctionner. Samedi, une ligne du métro de Londres a dû ainsi être interrompue, faute de personnel suffisant dans la salle de contrôle.
Aux frontières, un assouplissement entre en vigueur lundi pour certaines destinations.
Les personnes entièrement vaccinées au Royaume-Uni et venant de pays classés « orange », parmi lesquels de nombreuses destinations touristiques comme l’Italie ou l’Espagne, n’auront plus besoin d’observer de quarantaine à leur arrivée en Angleterre.
Les arrivées de France devront elles continuer à observer une quarantaine en raison de la « présence persistante » de cas du variant Beta, qui inquiète le gouvernement en raison de sa résistance au vaccin AstraZeneca, massivement utilisé au Royaume-Uni.
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a préféré repousser d’un mois la réouverture totale prévue le 21 juin en raison d’une poussée de cas liée au variant Delta, initialement apparu en Inde.
Le variant indien (ou Delta) a fait dérayer le calendrier. Boris Johnson a annoncé lundi soir le report des dernières restrictions liées au coronavirus, ce « Freedom Day » (jour de la liberté) comme on l’appelle ici. Ce retour à la normale était prévu pour le 21 juin. L’échéance est repoussée d’un mois, soit au 19 juillet.
Le premier ministre a finalement écouté ses conseillers scientifiques, qui s’alarment de la rapidité de propagation de cette mutation « indienne », 60 % plus contagieuse que le variant anglais (ou Alpha). Alors que les chiffres de contamination étaient descendus très bas, ils sont remontés à plus de 7000 cas par jour. Dimanche, en marge du G7, le premier ministre a confié que la situation était « très préoccupante » et que les « niveaux d’hospitalisation augmentaient ». Il a toutefois reconnu ne pas savoir « dans quelle mesure cela allait se traduire par une surmortalité ». BoJo veut « sauver des milliers de vies » en permettant à plus de personnes d’être vaccinées avant de tout relâcher. Il s’est dit confiant sur le fait que ce report serait le dernier.
Certes, la vie quotidienne a déjà repris un cours très normal, avec les relâchements successifs opérés depuis la fin d’un long et strict confinement hivernal. Pubs, restaurants, magasins et clubs de sport sont ouverts et le port du masque dans la rue n’a jamais été obligatoire. Mais le 21 juin, les dernières mesures de « distanciation sociale » devaient être levées. Les salles de spectacle devaient pouvoir opérer à pleine capacité, les mariages et les rassemblements se tenir sans limites, les pubs assurer le service au bar et les discothèques rouvrir.
Accélérer les vaccinations
Plus de 41,5 millions de personnes – soit près de 79 % de la population adulte -, ont reçu une première dose de vaccin et 29,8 millions de personnes – soit 56,6 % des adultes – ont été doublement vaccinées. Le secrétaire d’État à la Santé, Edward Argar, a estimé que la situation serait plus rassurante quand 10 millions de personnes supplémentaires auront reçu deux doses de vaccin, avec une protection passant de 33 % à 81 %. « On ne peut pas avoir une approche zéro Covid, on doit vivre avec, et pour cela, la vaccination est la clé », a-t-il dit, se félicitant qu’elle ait permis de « couper le lien » entre la maladie et les hospitalisations ou les décès.
De nombreux députés conservateurs et les milieux économiques reprochent justement au gouvernement de ne pas tenir compte de ce « lien coupé » entre la circulation du virus et les cas graves ou mortels. De faire comme si une grande partie de la population, dont la totalité des personnes les plus fragiles, n’était pas déjà vaccinée. Les critiques viennent des durs du Covid Recovery Group comme Steve Baker, mais aussi de personnalités plus modérées. Ancien ministre de la Santé, Stephen Hammond trouve ainsi « extraordinaire que l’on ait plus de restrictions en place maintenant que lorsque l’on n’avait pas de vaccin ».
Les milieux d’affaires s’inquiètent de la tournure des choses, avec un Royaume-Uni que le succès de sa campagne de vaccination avait fait prendre de l’avance sur le continent et qui pourrait finalement se retrouver à la traîne pour la réouverture totale. L’ancienne première ministre Theresa May a mené une charge contre la frilosité dans l’ouverture des frontières, si coûteuse pour l’économie. « Si à chaque fois qu’arrive un nouveau variant, les ministres s’affolent, nous ne voyagerons jamais » a-t-elle dit. Évoquant le grand slogan de Boris Johnson, elle a constaté que pour le moment, le « Global Britain » était bien fermé…
Avec Le Figaro par Arnaud De Lagrange Correspondant à Londres
Pour tenter d’endiguer la «troisième vague» de l’épidémie, le chef de l’État a annoncé mercredi soir de nouvelles restrictions qui s’appliquent à tout le territoire métropolitain.
Emmanuel Macron a tranché. Face à la «troisième vague» de l’épidémie de Covid-19, le chef de l’État s’est résolu à étendre les «mesures de freinage» à l’ensemble du territoire et à aménager le calendrier scolaire. Devant la nouvelle flambée épidémique, le président appelle «à la mobilisation de chacun» au mois d’avril, «où beaucoup se joue»
Après un an de restrictions, il s’agit de «fournir chacun un effort supplémentaire», pour «protéger» les «malades» et «nos enfants», a-t-il insisté mercredi soir lors d’une allocution solennelle depuis l’Élysée. La nouvelle stratégie sanitaire de l’exécutif sera défendue jeudi par le premier ministre, devant le Parlement, et soumise à un vote consultatif des députés et des sénateurs.
● Les restrictions de déplacement étendues à l’ensemble du territoire
C’est la fin des mesures «localisées». «Plus aucune région n’est épargnée», a assuré le chef de l’État, insistant sur la puissance du variant anglais. En conséquence, la limitation des déplacements en journée, qui concernait depuis le 18 mars 19 départements en zone rouge, va être étendue à l’ensemble du territoire métropolitain. À partir de samedi soir, et pour quatre semaines, il ne sera plus possible de se déplacer dans un périmètre de plus de 10 km, sauf motif impérieux, a annoncé le chef de l’État.
L’attestation ne sera pas nécessaire pour ces déplacements dans un périmètre de 10 km en journée. Pendant les horaires du couvre-feu, de 19h à 6h, ou pour des déplacements dépassant les 10 kilomètres, une attestation sera en revanche exigée.
● Une tolérance pour se déplacer pendant le week-end de Pâques
Les Français pourront choisir leur lieu de confinement. Qu’il s’agisse d’un changement de région ou d’un retour en France depuis un pays étranger, une tolérance sera de mise pour les déplacements qui se feront durant ce week-end de Pâques. Les «contrôles et sanctions» seront en revanche «renforcés sur la voie publique pour limiter les rassemblements» et pour «encadrer la consommation d’alcool».
● Les écoles fermées pendant trois semaines, les vacances de printemps unifiées
C’est le retour des cours à distance. Un an après une fermeture inédite des écoles, les établissements scolaires n’accueilleront plus d’élèves la semaine prochaine. Jusqu’au samedi 10 avril, les cours pour les élèves de primaire, collèges et lycées se feront en «distanciel». Les vacances de printemps débuteront ensuite le 12 avril pour une durée de deux semaines pour toutes les zones. Enfin, à partir du 26 avril et pour une semaine, les cours reprendront en «présentiel» à l’école primaire et en maternelle, et à distance dans pour les collégiens et les lycéens. Le 3 mai marquera la réouverture générale des établissements scolaires avec des jauges adaptées.
De leur côté, les étudiants pourront continuer à se rendre à l’université pour une journée par semaine.
● Tous les dispositifs maintenus pour les parents qui doivent garder leurs enfants
En conséquence de la fermeture des crèches, écoles, collèges et lycées pendant trois semaines, le chef de l’État a rappelé que les parents concernés qui doivent garder leurs enfants et ne peuvent pas télétravailler «auront droit au chômage partiel». Pour les salariés, commerçants, indépendants, entrepreneurs et entreprises, «tous les dispositifs seront prolongés».
● La vaccination étendue aux plus de 50 ans le 15 mai
«Vacciner, vacciner, vacciner sans répit.» Une fois encore, Emmanuel Macron souhaite accélérer sur la vaccination en fixant de nouveaux objectifs : les personnes de plus 60 ans pourront se faire vacciner le 16 avril, celles de plus de 50 ans y auront accès au 15 mai. Enfin, tous les Français qui souhaitent se faire vacciner pourront le faire dès la mi-juin. Une «stratégie spécifique» sera aussi adoptée pour «toutes les professions les plus exposées», comme les enseignants et les forces de l’ordre.
● Des renforts supplémentaires en réanimation
Emmanuel Macron a salué «l’action remarquable de nos soignants, en particulier des équipes de réanimation et de soins critiques», et annoncé qu’ils «sont et seront appuyés dans les prochains jours par des renforts supplémentaires». Le nombre de lits en réanimation, qui a déjà été porté à 7000, devrait atteindre un peu plus de 10.000, a-t-il ajouté.
● Tous les commerces non essentiels fermés en France
Conséquence de l’élargissement à tout l’Hexagone des mesures de restriction imposées dans 19 départements, tous «les commerces seront fermés dans tout le territoire métropolitain selon la liste déjà définie», a précisé Emmanuel Macron. Seuls resteront ouverts les commerces considérés comme essentiels.
● Le télétravail doit être «systématisé»
Concernant le télétravail, qui «est sans doute la mesure la plus efficace» selon le chef de l’État, il sera «systématisé». «J’appelle tous les travailleurs et employeurs à y avoir recours à chaque fois qu’ils le peuvent», a déclaré Emmanuel Macron.
● Culture, bars, restaurants… Une réouverture progressive à partir de la «mi-mai»
Lieux de culture et de sport, bars, restaurants, cafés, commerces… Grâce aux «efforts d’avril» et au «déploiement de la vaccination», Emmanuel Macron souhaite «rouvrir progressivement le pays» à partir de la «mi-mai». «Nous allons bâtir, entre la mi-mai et le début de l’été, un calendrier de réouverture progressive», assorti de «règles strictes», promet-il, afin de «retrouver progressivement une vie normale».
● Des «erreurs» commises mais «nous avons bien fait» de ne pas reconfiner
Le chef de l’État a admis avoir commis «des erreurs» dans sa gestion de la crise sanitaire. Mais sur la stratégie de ne pas reconfiner au mois de janvier, contrairement à plusieurs pays européens, Emmanuel Macron considère qu’il a «bien fait». «Nous avons permis à des centaines de milliers de travailleurs de garder la tête hors de l’eau sans jamais perdre le contrôle de l’épidémie», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que «croire en la responsabilité des Français» n’est «jamais un pari».
Par Le Figaro par Loris Boichot, Jim Jarrassé, Dinah Cohen et Coline Vazquez
Des manifestations ont rassemblé samedi des milliers de personnes en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne, en Bulgarie ou encore en Autriche pour dénoncer la « dictature » des restrictions sanitaires contre la pandémie, et des heurts ont éclaté avec la police dans la ville allemande de Cassel.
Dans cette ville du centre de l’Allemagne, entre 15.000 et 20.000 personnes ont participé à la manifestation, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la police locale.
Les affrontements se sont produits quand des contestataires qui s’étaient retrouvés sur une place du centre, serrés les uns contre les autres, sans masques de protection, ont tenté de se frayer un passage à travers un cordon de policiers pour se joindre à d’autres mécontents, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les forces de l’ordre ont alors fait usage de gaz au poivre pour les disperser.
Ailleurs dans la ville, la police a répliqué à coups de matraque et à l’aide d’un canon à eau à des groupes qui tentaient de franchir des barrières et qui jetaient des bouteilles.
Il y a par ailleurs eu des bagarres avec des contre-manifestants.
Le police a notamment accusé les manifestants d' »attaques répétées » contre les secouristes. « Nous ne tolérons pas de telles attaques », a-t-elle ajouté sur Twitter, mettant prématurément fin au rassemblement en raison des violations des règles d’hygiène.
Lundi, la chancelière Angela Merkel et les dirigeants des 16 Etats régionaux (länder) se réuniront pour décider d’éventuelles nouvelles mesures alors que l’Allemagne avait pu procéder début mars à quelques assouplissements.
La manifestation de Cassel s’est déroulée à l’appel du mouvement « Querdenker » ou « Anticonformiste », qui a organisé quelques-uns des plus grands rassemblements hostiles aux restrictions sanitaires en Allemagne depuis le début de la pandémie.
Il fédère des membres de l’extrême gauche, des adeptes des théories du complot, des détracteurs de la vaccination ainsi que des partisans de l’extrême droite.
« Nous sommes ici aujourd’hui parce que les mesures imposées en Allemagne ne servent plus la population », a dit Helmut, un manifestant de 69 ans.
– « Ca suffit ! » –
Beaucoup d’autres villes allemandes avaient connu de tels rassemblements le week-end dernier, mais de moindre ampleur.
L’Allemagne a enregistré samedi 16.000 nouveaux cas de contamination et 207 morts de plus, d’après l’Institut Robert Koch pour les maladies infectieuses, alors que la vaccination est trop lente, selon des experts, pour éviter une troisième vague du Covid-19 malgré les mesures restrictives prises des mois durant pour en freiner la propagation.
A Londres, ce sont aussi des milliers de personnes qui ont défilé pour protester contre les restrictions sanitaires, après s’être rassemblées à Hyde Park. La police de la capitale britannique a indiqué avoir interpellé 33 personnes, majoritairement pour avoir enfreint les règles en vigueur depuis janvier qui interdisent de sortir sans motif autorisé.
Aux Pays-Bas, où des émeutes avaient eu lieu en janvier après l’instauration d’un couvre-feu, la police a fait usage de canons à eau pour disperser un groupe de 500 personnes rassemblées illégalement sur la place des Musées d’Amsterdam.
Les manifestants se sont ensuite déplacés vers un canal où la police a bloqué leur progression. Ils ont été acheminés par cars vers un autre site, selon la chaîne locale AT5.
En Suisse, environ 5.000 personnes ont manifesté dans la ville de Liestal, selon la police.
Certains brandissaient des pancartes sur lesquelles était écrit : « Ca suffit ! », « Les vaccins tuent ».
« Les esclaves modernes portent un masque », pouvait-on par ailleurs lire sur les pancartes que portaient plusieurs d’entre eux tandis qu’un homme arborait sur le visage l’inscription « Masque obligatoire, fermez votre bouche ».
Ils estiment que le gouvernement suisse a recours à des mesures « dictatoriales » pour imposer les restrictions sanitaires, comme la fermeture des restaurants et des bars.
A Vienne, environ un millier de manifestants, dont certains d’extrême droite, ont défilé avant que la police ne les disperse, selon la presse autrichienne.
Et à Sofia, une manifestation anti-restrictions a rassemblé 500 personnes, nombre d’entre elles ne portant pas de masque.
Le secrétaire d’État français aux Affaires européennes Clément Beaune a invoqué le cas des travailleurs transfrontaliers, alors que l’Allemagne a classé ce dimanche la Moselle en «zone à haut risque».
L’Allemagne va restreindre les passages à sa frontière en provenance de France après avoir classé le département de Moselle en zone Covid à haut risque, mais renonce à la quasi-fermeture telle qu’imposée à la République tchèque et à l’Autriche. «Le département français de Moselle sera considéré à partir du 2 mars à 00h00 comme zone affectée par les variants» du virus du Covid-19, soit la catégorie la plus élevée dans l’échelle de risque en Allemagne pour le coronavirus, qui en compte trois, a indiqué dimanche le ministère de la Santé. En conséquence, à partir de cette date les personnes entrant sur le territoire allemand «devront présenter un test PCR ou antigène» négatif, a-t-il ajouté. Un test datant de 48 heures maximum sera a priori nécessaire.
«Je regrette cette décision allemande parce qu’elle implique un certain nombre de ralentissements, de difficultés aux frontières pour non pas des mouvements touristiques mais de travail», a commenté sur France Inter le secrétaire d’État français aux Affaires européennes Clément Beaune. Le président de la région Grand-Est, qui inclut la Moselle, Jean Rottner, s’est dit lui dimanche matin «surpris» par une «décision extrêmement brutale».
Pas de contrôles systématiques
Une chose est pourtant acquise: l’Allemagne n’a pas l’intention d’introduire à sa frontière avec la Moselle des contrôles de douane permanents, contrairement à ce qu’elle avait fait au printemps 2020 au début de la pandémie à la frontière française, ce qui avait créé des tensions avec Paris et entre les populations locales. Contrairement aussi à ce que Berlin a déjà mis en place en février avec la République tchèque et la Tyrol autrichien.
«La frontière ne sera pas fermée», a indiqué dimanche à l’AFP un porte-parole du ministère de l’Intérieur, notamment car les régions allemandes limitrophes de la Moselle, la Sarre et la Rhénanie-Palatinat, ne l’ont pas demandé, mais aussi parce que les autorités régionales de part et d’autre de la frontière «coopèrent étroitement» sur cette question. Les contrôles policiers doivent être aléatoires et à l’intérieur du territoire allemand dans la zone frontalière, a-t-il précisé. La France va donc bénéficier d’une forme de traitement de faveur car le passage d’une région en catégorie zones de variants implique normalement une quasi-fermeture des frontières.
«On n’en veut pas»
«Cela on n’en veut pas» pour les 16.000 travailleurs frontaliers de Moselle, a martelé Clément Beaune dimanche. Il a aussi suggéré des tests «qui ne soient pas obligatoires chaque jour mais tous les deux ou trois jours».
Les contrôles mis en place par l’Allemagne avec la République tchèque et la région autrichienne du Tyrol l’ont été pour les mêmes raisons que la Moselle : la crainte d’une nouvelle vague de contamination au Covid-19 liée aux variants britannique ou sud-africain du virus, ce qui a suscité des critiques en Autriche notamment mais aussi de la part de l’Union européenne. La Commission européenne s’est ainsi émue de voir la libre circulation à l’intérieur de l’UE remise en cause et tente depuis de promouvoir une approche commune entre pays.
À la frontière avec la Moselle, «il faut donner l’exemple et revenir à un dispositif plus allégé», a plaidé Clément Beaune, en arguant d’un «esprit franco-allemand coopératif» pour «éviter de revenir à ce qu’on a vécu douloureusement» au début de la pandémie.
Ce traitement privilégié a pourtant déjà suscité des commentaires amers du chancelier autrichien Sebastian Kurz. «Il y a en Allemagne, en fonction des directions géographiques, des différences de rigueur en matière de règles à la frontière», a-t-il ainsi regretté ce week-end dans une interview au quotidien allemand Merkur. «Il est tout à fait approprié en période de pandémie de tendre un filet de sécurité avec des tests, des masques etc. Mais ce n’est à mon avis pas le cas pour des mesures qui mettent en danger le marché intérieur (européen), qui impliquent que les gens ne puissent se rendre sur leur lieu de travail ou que des familles soient séparées», a-t-il dit.