Alors que le verdict de son procès pour viols devrait être prononcé le 1er juin, l’opposant sénégalais lance un appel à « une caravane de la liberté » qui devra s’élancer de Zinguinchor pour rallier la capitale.
L’opposant sénégalais Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024 et menacé d’inéligibilité, a lancé un nouveau défi à risque au pouvoir en annonçant son prochain retour à Dakar à la tête d’un convoi populaire à travers le pays.À LIRE[Série] Au Sénégal, Ousmane Sonko et le procès de la dernière chance
« Je vous donne rendez-vous à Dakar, soit [le président] Macky Sall recule, soit on lui fera face pour en finir », a-t-il lancé à ses partisans qui s’étaient massés devant sa maison de Ziguinchor en apprenant qu’il allait prendre la parole au lendemain de son procès pour viols, tenu en son absence.
« Caravane de la liberté »
« Le combat final, ça se passera où ? Ça se passera à Dakar !, a-t-il proclamé. Si vous êtes 2 000, que 1 500 rallient Dakar pour continuer le combat. » Ousmane Sonko a affirmé son intention de rentrer par la route et de transformer ces quelque 500 kilomètres de trajet en « caravane de la liberté ». Puis il a paradé ceint du drapeau sénégalais au milieu de ses sympathisants exaltés.
Il a précisé plus tard sur les réseaux sociaux qu’il comptait se mettre en route ce jeudi 25 mai, et a appelé les Sénégalais à converger vers Dakar.
C’est un nouvel acte de défiance à l’encontre des autorités de la part du président du parti Pastef-les Patriotes, troisième de la présidentielle en 2019, personnalité clivante mais populaire chez une partie de la jeunesse.
Garde étroite et menaçante
Ce mardi, Ousmane Sonko a brillé par son absence à son procès pour viols, disant craindre pour sa sécurité et remettant en cause l’impartialité de la justice. Il a toujours réfuté les accusations portées contre lui et dénoncé un complot destiné à l’écarter de la présidentielle. L’opposant risque son éligibilité, déjà compromise par une condamnation à six mois avec sursis pour diffamation contre un ministre.
Jair Bolsonaro a effectué un retour discret jeudi matin au Brésil, où il est rentré après un séjour de trois mois aux Etats-Unis, pour la première fois depuis sa défaite d’octobre 2022 à la présidentielle contre Lula.
Décidé à refaire de la politique et porter haut les valeurs ultra-conservatrices, l’ex-président d’extrême droite n’est toutefois pas allé saluer les 200 sympathisants fervents qui l’attendaient en chantant et en scandant son nom à l’aéroport, après son arrivée de Floride peu avant 07H00 (10H00 GMT), a constaté l’AFP.
Il s’est rendu directement dans les locaux du Parti Libéral (PL) sous la bannière duquel il s’était présenté à la réélection, selon des images diffusées par CNN Brasil de son convoi de véhicules.
Les retrouvailles avec ses alliés politiques et ses proches d’un Bolsonaro apparemment détendu y ont donné lieu à des embrassades chaleureuses, selon ces images.
Bolsonaro a juste fait une apparition d’une fenêtre pour dire bonjour à ses admirateurs, souvent vêtus du jaune et vert du drapeau national, avant de sortir très rapidement des locaux, sous un soleil radieux, les saluer de la main.
La Police militaire avait été mobilisée en nombre pour cette arrivée, craignant des débordements alors que le PL avait fait beaucoup de publicité sur les réseaux sociaux pour le retour de Bolsonaro.
De retour au Brésil, l’ex-président, objet d’une longue série d’enquêtes, s’expose à des poursuites judiciaires avec une éventuelle inéligibilité et un possible emprisonnement, tout en compliquant la donne politique pour son successeur de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva.
Bolsonaro avait quitté le Brésil le 30 décembre, avant même la fin de son mandat, boycottant la cérémonie d’investiture de Lula le 1er janvier.
A 68 ans et après une défaite de moins de deux millions de voix qui l’avait plongé dans le mutisme, voire la dépression, Bolsonaro avait déclaré la semaine dernière son intention de « parcourir le pays », et « de faire de la politique ».
Séquence difficile pour Lula
Le retour au Brésil de Bolsonaro intervient alors que le président Lula traverse une séquence difficile, moins de trois mois après son entrée en fonction.
Après avoir contracté une pneumonie, il a dû reporter cette semaine une visite d’Etat en Chine sur laquelle comptaient ses conseillers pour redorer son blason à la suite de diverses polémiques et déclarations intempestives.
« Lula va devoir maintenant gouverner avec une opposition organisée, cela pourrait faire une grande différence », avançait pour l’AFP Jairo Nicolau, analyste politique à la Fondation Getulio Vargas (FGV).
Les Brésiliens étaient divisés sur le retour de leur ancien président.
« J’aime l’idée de son retour », a dit à l’AFP-TV à Rio de Janeiro Edanaldo Carlos, un auto-entrepreneur, « durant son mandat il n’a pas eu assez de temps, juste le temps de s’occuper de la pandémie » de Covid.
Mais ce retour était accueilli avec indifférence par d’autres, telle Carla Marques da Conceiço, une femme au foyer. « Il n’est plus président du Brésil, ça m’est égal », disait-elle.
Le Parti Libéral a confirmé à l’AFP que Bolsonaro, en devenant son président d’honneur, allait recevoir des émoluments mensuels de près de 7.000 euros.
Après les locaux du PL, Bolsonaro devait se rendre dans sa future résidence, dans un complexe résidentiel très protégé du quartier de Jardim Botanico à Brasilia, avec son épouse Michelle.
Cette fervente évangélique de 41 ans seulement vient de prendre la tête de la branche des femmes du PL et pourrait éventuellement briguer la présidence en 2026.
Ennuis judiciaires
Bolsonaro rentre en pleine polémique sur des bijoux de luxe, d’une valeur d’au moins trois millions d’euros, reçus d’Arabie saoudite, qu’il aurait fait entrer illégalement au Brésil.
Il a été convoqué par la police dès le 5 avril pour une déposition.
Bolsonaro, qui a perdu son immunité, est aussi sous le coup de cinq enquêtes à la Cour suprême dans des affaires qui pourraient lui valoir des peines de réclusion.
La plus récente porte sur son rôle dans le saccage le 8 janvier des lieux du pouvoir à Brasilia par des milliers de ses partisans.
Les quatre autres portent sur des délits présumés durant son mandat: désinformation sur le système d’urnes électroniques ou sur le Covid.
Jair Bolsonaro est également sous le coup de pas moins de 16 enquêtes au Tribunal supérieur électoral (TSE).
Il pourrait être condamné à huit ans d’inéligibilité, ce qui l’empêcherait de se présenter à la présidentielle de 2026.
Ala sortie d’un bus à Kiev, un petit garçon de 10 ans saute dans les bras de son père. Il fait partie d’un groupe de 17 enfants revenus, grâce à une ONG, de « déportation » en Russie ou de territoires ukrainiens occupés.
Denys Zaporojtchenko n’avait pas vu son fils, ainsi que ses deux filles également dans le bus, depuis six mois et demi.
Tous habitaient ensemble à Kherson, dans le sud occupé de l’Ukraine lorsqu’ils ont été séparés, raconte-t-il, le 7 octobre, un mois avant la reconquête de la ville par les forces ukrainiennes.
Alors que des combats terribles s’annonçaient à Kherson avec la contre-offensive ukrainienne, M. Zaporojtchenko affirme avoir accepté d’envoyer ses enfants loin de la guerre en « camps de vacances » plus au Sud, en Crimée annexée.
Les responsables russes de l’école où étaient scolarisés ses enfants « avaient promis de les envoyer pour une semaine ou deux dans ce camp », poursuit-il. « Mais quand on a réalisé qu’il n’aurait pas fallu faire ça, c’était trop tard. »
Il précise avoir pu échanger avec ses trois enfants par téléphone pendant ces longs mois de séparation.
Pour l’Ukraine, ces enfants, comme quelque 16.000 autres au moins, ont été « enlevés » par les Russes. Moscou dément, s’auréole de les avoir « sauvés » de la guerre et d’avoir mis en place des procédures pour les réunir avec leurs familles.
La Cour pénale internationale (CPI) a, elle, émis la semaine dernière un mandat d’arrêt historique contre Vladimir Poutine, en estimant qu’il était présumé responsable du « crime de guerre de déportation illégale » de mineurs.
Selon des chiffres officiels du parquet général ukrainien datant de ce jeudi, 16.226 enfants ont été déportés depuis le début de l’invasion russe en Ukraine le 24 février 2022.
Depuis cette date, 465 enfants sont morts, 940 ont été blessés et 395 sont portés disparus du fait du conflit.
« Intimidation et chantage »
Myroslava Khartchenko, juriste pour l’ONG Save Ukraine qui a organisé le rapatriement des 17 enfants, affirme que les autorités russes ont utilisé « l’intimidation, la manipulation et le chantage » pour s’emparer des bambins.
« Ils disent (aux parents) qu’ils ont une heure pour réfléchir et que si les Ukrainiens arrivent, ils amèneront des mercenaires américains qui +vous frapperont et vous violeront et que c’est votre unique chance de sauver vos enfants+ ».
L’ONG répond, elle, aux demandes de parents désespérés qui n’ont pas réussi à récupérer leurs enfants, face au refus de l’administration russe.
Sans l’aide d’organisations gouvernementales ou internationales, faute d’accord diplomatique entre Kiev et Moscou, l’ONG doit se plier à des procédures administratives mises en place par les Russes pour chaque rapatriement.
Pour la première fois, l’association a réussi à organiser un retour groupé en Ukraine.
Elle a affrété un bus, en emmenant à bord certaines des mères, qui a fait un très long détour via la Pologne, le Bélarus, la Russie puis la Crimée, faute d’avoir eu l’autorisation de franchir la ligne de front dans le sud ukrainien.
Rééducation politique
Plusieurs enfants, interviewés mercredi par l’AFP, disent ne pas avoir subi de mauvais traitements, mais racontent une forme d’éducation politique pour les convertir au discours du Kremlin.
« Si tu ne chantais pas l’hymne national (russe), ils t’obligeaient à écrire des notes explicatives. Et au Nouvel an, ils nous montré (le discours de) Poutine », raconte Taïssia Volynska, 15 ans, originaire de Kherson.
Yana Zaporojtchenko, la fillette de 11 ans de Denys, dit qu’il y avait « beaucoup » d’inspections de responsables russes dans son camp. « Ils nous demandaient de chanter et de danser quand il y avait des inspections », indique la jeune fille.
Inessa Vertoch, 43 ans, qui a attendu son fils « jour après jour », dit l’avoir retrouvé « plus sérieux ». « Il me regarde et me dit +Maman, je ne veux pas te raconter, tu ne dormirais plus la nuit+ ».
Myroslava Khartchenko, de Save Ukraine, assure que des psychologues prendront en charge chacun de ces enfants.
Et elle insiste auprès des parents pour qu’ils ne retournent pas vivre dans « des zones dangereuses ».
Alors que l’épidémie de Covid-19 repart à la hausse, un sondage du « Figaro » affirme que 58 % des Français sont favorables au retour du masque obligatoire.
Face au retour de l’épidémie de Covid-19 en France, les Français se disent inquiets pour la situation sanitaire du pays. Si le gouvernement a appelé solennellement, le 9 décembre dernier, à un « sursaut » en leur enjoignant de se faire vacciner et de remettre le masque dans les transports, moins de la moitié (46 %) des personnes interrogées par un sondage Odoxa/Backbone Consulting pour Le Figaro, lundi 12 décembre, portent encore systématiquement un masque dans le métro ou dans le bus. En revanche, 76 % souhaitent qu’il y redevienne obligatoire et 58 % réclament le rétablissement du port du masque obligatoire dans tous les lieux publics. Le ministre de la Santé, François Braun, avait assuré sur BFMTV, le 4 décembre, que si les chiffres de contaminations continuaient d’augmenter, « (s)on bras ne tremblera(it) pas » pour rétablir l’obligation.
À l’approche des fêtes de fin d’année, 66 % des personnes interrogées sont particulièrement inquiètes « pour leurs proches » et prévoient d’être prudentes dans les prochaines semaines, en respectant les gestes barrières et en évitant au maximum les contacts et la foule. Alors que la France subit, comme ses pays voisins, une triple épidémie avec la juxtaposition du Covid-19, de la grippe et de la bronchiolite, les gestes barrières sont moins utilisés. Parmi les solutions envisagées par les Français pour limiter les déplacements et réduire ainsi les risques de propagation du virus, l’élargissement du télétravail est souhaité par 77 % des personnes interrogées.
Les Français critiquent la politique sanitaire
Selon ce sondage, les Français ont moins confiance dans le système de santé français pour lutter contre cette nouvelle vague avec par exemple la question du nombre de lits de réanimation disponibles. « Si les Français avaient relevé un “mieux” à l’hôpital quelques mois après le début de l’épidémie, les jugements se sont depuis effondrés », a indiqué Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa, citée par Le Figaro. « Ainsi, 50 % des Français estiment que les établissements de santé sont mieux préparés à gérer l’arrivée des patients covidés. » Mais seuls 36 % d’entre eux pensent que le pays possède un nombre de lits de réanimation disponibles suffisant.
Après le passage d’une solide tempête automnale d’ici ce week-end, la semaine prochaine va enchaîner avec un système porteur de froid et de neige.
Après une séquence aux températures plutôt clémentes – avec plusieurs secteurs qui ont enregistré des 20 degrés – la semaine prochaine verra le froid faire son grand retour au Québec. Le responsable de cette situation est un creux atmosphérique qui va descendre et qui risque de s’installer sur la province toute la semaine prochaine.
Jusqu’au 23 octobre, on peut même parler d’une anomalie de température négative pour une bonne partie du Québec. Dans certains secteurs, le thermomètre pourrait même indiquer jusqu’à 8 degrés sous les normales de saison.
Lundi va marquer l’arrivée possible de la neige dans certains secteurs et du temps gris pour d’autres. De la pluie est prévue pour le sud, mais plus au nord, les précipitations pourraient se changer en neige à cause de cet air froid bien installé. Les soirs et les nuits sont plus propices à cette tendance vers la neige, les températures chutant en période nocturne. On risque même de passer sous le point de congélation dans certains secteurs.
Ainsi, le Nord-du-Québec et l’Abitibi-Témiscamingue sont susceptibles de recevoir de la neige. Certains endroits plus au sud pourraient aussi voir tomber une faible neige, mais de véritables accumulations sont peu probables dans des secteurs comme l’Outaouais et l’Estrie.
La bourse est la pomme de discorde entre les étudiants congolais à Cuba et la délégation du ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille public qui a effectué le déplacement de la Havane pour payer deux trimestres d’arriérés, soit six mois. Les étudiants exigent le paiement de l’intégralité des arriérés qui font treize trimestres au total.
Une vue des médecins formés à Cuba, troisième vague/DR
« Vis-à-vis des événements qui ont lieu aujourd’hui à la Havane et la note du décaissement de notre bourse qui a été falsifiée, le collectif des finalistes et étudiants de Cuba informe les agents payeurs et l’ensemble du corps diplomatique du refus catégorique de percevoir deux trimestres », souligne un communiqué attribué aux étudiants.
Ceux-ci, qui disent avoir été informés par des sources non révélées qu’ils devraient percevoir six trimestres de bourse et non six mois, veulent avoir des éclaircissements sur le dossier de la bourse avant de commencer le paiement. C’est ainsi que par les mêmes canaux de communication, ils ont adressé une lettre au ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public.
Le Trésor public rassure les étudiants
Le deuxième Fondé de pouvoirs à la direction générale du Trésor, André Lema, a, à travers une attestation sur l’honneur signée le 7 septembre à Brazzaville, rassuré les étudiants que la délégation dépêchée par le gouvernement à Havane a pour mission de payer six mois de bourses. Il s’agit notamment du « 3e et 4e trimestre de 2019, soit un semestre à la Havane et les autres villes de Cuba. »
Plus de 2000 médecins formés à Cuba
La République du Congo, dans le cadre du partenariat signé avec le gouvernement cubain, a envoyé 2091 bacheliers à Cuba en 2013, 2015 et 2016 pour une formation dans différents domaines de la santé. Pour le compte de la première vague, ils étaient environ 500 étudiants à avoir quitté le pays en 2013 pour le regagner six ou sept ans après leurs études. Partie du pays en octobre 2015, la deuxième quant à elle a été composée de 706 étudiants, dont 22 techniciens biomédicaux pour le compte du ministère de la Santé et de la Population et 35 au nom de la Force publique dans la perspective de la construction de l’hôpital des armées. En effet, les deux premières promotions avaient été sélectionnées par le ministère de la Santé et de la Population, sans une implication totale du ministère en charge de l’Enseignement supérieur.
Le plus grand contingent des étudiants congolais a été envoyé en janvier 2016. Il avait été composé de 862 jeunes sélectionnés par le ministère de la Santé, en collaboration avec celui de l’Enseignement supérieur pour aller passer sept années d’études en médecine et entretien des équipements sanitaires. « La formation sera payée par l’État congolais. La partie congolaise vous paiera mensuellement un trousseau (100 000 FCFA) qui vous permettra de gérer vos petits besoins. Vous avez les baccalauréats qu’il faut, mais vous devez avoir la volonté d’étudier dans ce secteur et la détermination de servir votre pays», déclarait François Ibovi, alors ministre de la Santé et de la Population, initiateur du projet.
En attendant l’arrivée imminente de la troisième promotion qui est estimée à environ 600 étudiants, au total, 720 médecins sont déjà rentrés au pays à ce jour. Ils sont actuellement en stage d’immersion et de consolidation des connaissances avant leur intégration à la Fonction publique.
Mais, certains d’entre eux n’ont pas pu achever leurs études pour diverses raisons. L’objectif du gouvernement était d’atteindre plus de 3000 jeunes formés en médecine dans la perspective du fonctionnement des hôpitaux généraux en construction dans les chefs-lieux des douze départements du pays.
Avec Adiac-Congo par Rominique Makaya et Parfait Wilfried Douniama
Geneviève Marcotte, 36 ans, est incapable de retourner travailler plus d’un an après avoir contracté la COVID-19. Photo : Radio-Canada/Alexandre Duval
Ils sont vraisemblablement des milliers, au Québec, à ne pas avoir pleinement récupéré leurs capacités après avoir contracté la COVID-19. Même un an après l’infection, certains sont encore très loin d’un retour au boulot. Et la science commence à comprendre que leur réadaptation est beaucoup plus complexe et plus parsemée d’embûches qu’on le croyait.
À 36 ans, Geneviève Marcotte a dû retourner vivre chez ses parents. Jadis active et amoureuse des voyages, elle peine aujourd’hui à se tenir debout plus d’une dizaine de minutes, à cuisiner, à faire le ménage. Bref, à s’occuper d’elle-même.
Tout ça à cause de la COVID-19, qu’elle a contractée il y a 13 mois, précisément. Ma vie a changé en 24 heures. La veille du jour où j’ai attrapé la COVID, je faisais une randonnée avec des amis, j’étais engagée, j’aimais mon travail. Et 24 heures plus tard, j’ai la COVID et je ne reviens jamais à cet état-là, raconte-t-elle.
Geneviève Marcotte était une femme active, amoureuse des voyages et des randonnées, avant de contracter la COVID-19. Photo : Geneviève Marcotte
Geneviève n’est en effet jamais retournée travailler à son poste de directrice des missions commerciales à l’Université Laval. Elle est étroitement suivie par une équipe de professionnels de la santé, car ses symptômes sont encore nombreux et, surtout, incapacitants.
Ma limite d’énergie est très, très basse. Je dirais que ma batterie est peut-être à 10 %. Si je dépense 12 % d’énergie, j’éprouve un malaise post-effort. C’est là que tous mes symptômes réapparaissent, mais de façon vraiment exagérée, dit-elle.
« Je vais avoir des douleurs musculaires, des sensations de brûlure, de gros maux de tête, un épuisement qui me laisse alitée […] Ce malaise-là peut durer quelques heures, quelques jours, quelques semaines, selon ma dépense énergétique excédentaire. »— Une citation de Geneviève Marcotte, absente du travail depuis 13 mois
Pour bien se faire comprendre, elle donne l’exemple d’une séance de magasinage qui a duré moins de deux heures, récemment.
Même si elle était accompagnée d’une personne qui la poussait en fauteuil roulant, l’exposition au bruit, à la lumière et à l’ambiance des magasins lui a fait vivre une rechute. Ça m’a pris une semaine à m’en remettre, raconte-t-elle, précisant qu’elle dû être alitée pendant quelques jours.
Geneviève Marcotte, au cours d’un rendez-vous avec son ergothérapeute par visioconférence Photo : Radio-Canada/Alexandre Duval
Un nouveau paradigme
Des cas comme celui de Geneviève Marcotte, son ergothérapeute de la clinique Iso-Santé Réadaptation en voit beaucoup. Caroline Théberge est visiblement inquiète pour certains, qui stagnent dans leur réadaptation après la maladie.
C’est certain qu’il y en a [pour qui] c’est très dur d’améliorer leur état et […] même, des fois, après un an de suivi en réadaptation, avec tous les outils, le retour au travail est très difficile, indique-t-elle.
Pourquoi est-ce si dur? Parce que les pratiques habituelles de réadaptation ne fonctionnent pas avec les personnes qui ont des symptômes persistants de COVID-19. Les amener à se dépasser est une grave erreur, indique Mme Théberge.
« On se dit bon bien, en se réactivant, ça va aller mieux, on va remonter. Mais avec la COVID longue, c’est l’inverse qui se produit. Dès que les gens repoussent un peu trop leurs limites, ils retombent, ils empirent leurs symptômes. Les gens vivent de l’incompréhension, beaucoup de détresse, du stress. »— Une citation de Caroline Théberge, ergothérapeute à la clinique Iso-Santé Réadaptation
Caroline Théberge, ergothérapeute à la clinique Iso-Santé Réadaptation Photo: Zoom/Capture d’Écran
Les services commencent à se développer et à être plus efficaces, mais au début, les gens ne savaient pas! Il y a des endroits pleins de bonne volonté où on proposait des réadaptations plus classiques et où on empirait les cas! dit-elle.
Le professeur Simon Décary, de l’École de réadaptation de l’Université de Sherbrooke, explique que la science montre désormais toute la complexité de ces cas, qui sont encore parfois incompris.
Dans nos études cliniques, c’est la chose la plus complexe à réussir avec les patients, le retour au travail, parce qu’il y a cette balance-là entre le besoin de temps pour la récupération et l’action. Si j’essaie d’accélérer, je sais que je crée des rechutes. Et chaque rechute retarde [le retour au travail], dit-il.
Des milliers de personnes
Le phénomène des patients n’ayant pas retrouvé leur pleine capacité de travail, visiblement répandu, est toutefois difficile à quantifier.
Selon des chiffres obtenus auprès de la CNESST, 501 Québécois reçoivent une indemnisation de revenu depuis plus de six mois en raison de la COVID-19. De ce nombre, presque 80 % sont des travailleurs de la santé.
D’ailleurs, une étude de l’Institut national de santé publique du Québec s’inquiétait récemment de ces absences prolongées dans le réseau de la santé, craignant que cela finisse même par nuire aux soins offerts à la population.
Or, les chiffres de la CNESST ne sont que la pointe de l’iceberg, car ils ne concernent que les personnes ayant contracté la maladie sur leur lieu de travail.
Celles qui ont été infectées ailleurs, comme Geneviève Marcotte, sont généralement indemnisées par une compagnie d’assurances privée et ne sont pas recensées dans les statistiques.
Radio-Canada a tenté d’obtenir des estimations auprès de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes, mais ces données n’existent pas, nous a-t-on répondu.
Le professeur Décary est cependant catégorique : les gens qui sont complètement ou partiellement absents du travail en raison de symptômes persistants de COVID-19 au Québec sont très nombreux.
« Est-ce que je crois qu’il y a des milliers de personnes qui n’ont pas retrouvé leur pleine capacité de travail depuis l’infection? Oui, ça, j’en suis assez certain. »— Une citation de Simon Décary, professeur à l’École de réadaptation de l’Université de Sherbrooke
Même les données de la CNESST lui paraissent sous-estimer la gravité de la situation. Quand je vois le nombre de cas qui restent [absents du travail] à six mois, d’après ce que je connais des impacts fonctionnels de cette maladie-là, je me dis qu’il y a des gens qui sont retournés au travail et qui n’étaient pas prêts.
Le jugement facile
Nathalie Belleau fait partie des cas indemnisés par la CNESST. Infirmière dans le réseau public, elle a contracté la COVID-19 en décembre 2021. Pendant trois mois, elle n’a pas pu retourner travailler du tout.
Depuis mars, elle est en retour progressif, à raison de trois demi-journées de quatre heures chacune par semaine. Difficulté à suivre les conversations, diminution de l’endurance, maux de tête, maladresse, douleurs au thorax : sa liste de symptômes est longue.
Heureusement, elle se dit bien épaulée par son équipe de professionnels de la santé, mais elle admet que, pour les gens auxquels la COVID longue n’est pas familière, tout cela peut sembler exagéré. Je pense que les gens, quand ils voient ça, ils posent rapidement un jugement, dit-elle.
Nathalie Belleau, infirmière, ne peut travailler que 12 heures par semaine, divisées en trois quarts de travail. Photo : Nathalie Belleau
À titre d’ergothérapeute, Caroline Théberge est à même de témoigner de ce scepticisme, car elle l’a observé au sein même du réseau de la santé. Or, le soutien des patients est crucial, selon elle.
[Au début de la pandémie], j’avais beaucoup de clients pour lesquels il fallait écrire de longues lettres aux médecins afin d’expliquer la problématique, l’approche de réadaptation, [parce] que les gens nous disaient : « Je ne me sens pas cru, mon médecin ne me backe pas là-dedans. »
La collaboration des employeurs est aussi importante, selon Mme Théberge, parce que les modalités de retour au travail pour les personnes atteintes de la COVID longue sont parfois inhabituelles.
Quand […] on arrive avec des retours au travail de deux fois quatre heures par semaine, même si l’employeur comprend que ça peut être thérapeutique à ce stade-là de réintégrer le travail, il ne sait pas trop quoi donner comme tâches. Des fois, même la personne ne se sent pas si utile que ça, illustre-t-elle.
Un cas historique
Le professeur Simon Décary croit quant à lui que les assureurs devront aussi faire preuve de compréhension, car ils auront sans doute à verser des indemnités plus longtemps.
Cette avenue reste cependant la meilleure, selon lui, parce que si on essaie d’aller trop rapidement et qu’on transforme cette personne-là en un cas avec un handicap permanent […] ça va coûter énormément plus cher à long terme, incluant le coût sociétal, dit-il.
D’ailleurs, M. Décary croit qu’on est collectivement face à un cas historique pour ce qui est des assurances et du retour au travail et qu’on a sous-estimé les effets de la COVID-19 sur le marché de l’emploi.
« Ce n’est pas terminé. Les données scientifiques nous montrent qu’on peut avoir un cas de COVID longue à trois mois malgré une triple vaccination et une infection à Omicron. »— Une citation de Simon Décary, professeur à l’École de réadaptation de l’Université de Sherbrooke
Simon Décary, professeur à l’École de réadaptation de l’Université de Sherbrooke Photo : Simon Décary
Geneviève Marcotte, elle, espère qu’elle pourra reprendre le travail. Mais devant le temps qui s’étire, les questions fusent et les réponses manquent encore.
Quand je vais arriver au bout de toutes ces ressources-là, si je ne suis pas encore capable de travailler, qu’est-ce qui va se passer? Est-ce que je vais avoir du soutien? Est-ce que la société va s’occuper de moi? Ça va être quoi, mon filet?
Depuis le début de la pandémie, la CNESST a offert des indemnisations de revenu totalisant 94 millions de dollars à plus de 55 000 personnes ayant contracté la COVID sur leur lieu de travail.
Il n’a cependant pas été possible de savoir quel montant a été versé uniquement aux travailleurs qui éprouvent des symptômes persistants de COVID-19 et dont le retour au travail est partiellement ou complètement compromis.
Le plan de contingence pour le retour en classe au Québec, dont Radio-Canada a obtenu copie, indique que les directions d’école devront identifier des personnes-ressources, comme des « parents volontaires », pour pouvoir prendre le relais en cas de manque de personnel enseignant ou de remplaçants. Les réactions à plusieurs mesures de ce plan sont nombreuses et critiques dans le milieu scolaire.
Le retour en classe primaire et secondaire prévu pour le 17 janvier au Québec. Photo: AP/Laurent Gillieron
« C’est du jamais-vu! » Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), a été assez surpris, lors de la rencontre préparatoire de différents acteurs du milieu de l’éducation avec des représentants du ministère, hier, d’apprendre que le gouvernement était prêt à aller aussi loin que de permettre à des parents de faire de la surveillance en classe.
Toutefois, l’ampleur de la pénurie de personnel que le milieu éducatif connaît présentement le justifie peut-être, selon lui.
Le document de neuf pages n’a pas encore été diffusé largement au sein du réseau scolaire. On peut y lire que le contexte pandémique actuel fait en sorte qu’un très grand nombre de salariés [du réseau scolaire] devront s’isoler quelques jours dans les prochaines semaines.
Nicolas Prévost confirme d’ailleurs que les taux d’absentéisme et la pénurie de personnel dans les écoles grimpent à des niveaux jamais atteints auparavant.
Puisque la nouvelle recommandation de la santé publique sur la gestion des cas et des contacts vise à éviter les fermetures de classes et d’écoles afin de garder les élèves présents à l’école, le ministère de l’Éducation prévoit donc un plan de contingence qui permettra d’éviter le pire et de poursuivre l’obligation de service aux élèves du Québec.
Ce plan sera déployé lorsque les mécanismes de remplacement prévus aux conventions collectives seront épuisés, précise-t-on.
Le ministre québécois de l’Éducation, Jean-François Roberge Photo: La Presse Canadienne/Ryan Remiorz
Les directions d’école sont invitées à identifier des personnes-ressources à l’intérieur de l’école qui sont disponibles pour prêter main-forte au personnel d’enseignement, au cas où un enseignant doit quitter sa classe pour s’isoler. Il pourrait s’agir de personnel de soutien ou d’étudiants dans un programme d’enseignement (ou connexe à ce domaine).
Les établissements scolaires doivent également, en vertu de ces directives ministérielles, identifier des personnes-ressources à l’extérieur de l’école.
Apparaît ici la possibilité d’avoir recours à des organismes externes comme Alloprof ou encore à des parents volontaires aptes à soutenir les élèves en classe dans leurs apprentissages durant l’absence physique de l’enseignant.
Les qualifications de la personne seront analysées avant de lui confier des responsabilités qui soient davantage du ressort de la surveillance d’un groupe ou encore de l’enseignement.
Appelées à remplacer des enseignants, les personnes-ressources externes ne seront pas soumises à la Loi sur la laïcité de l’État, qui interdit aux employés de l’État en situation d’autorité de porter des signes religieux en milieu de travail.
Une solution moins qu’idéale qui fait réagir
Nicolas Prévost se dit prêt à ce que ses membres aient recours à des parents volontaires pour surveiller des classes s’il le faut. Il évoque comme scénario possible qu’un parent assure la surveillance d’un groupe pendant qu’un enseignant, faiblement malade mais isolé chez lui, assure à distance un enseignement aux élèves en classe.
Nicolas Prévost est président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement. Photo: Radio-Canada
« On va le faire si ça nous permet la poursuite des services éducatifs. Mais est-ce que c’est idéal? Clairement, non. On commence à étirer l’élastique loin, très loin! »— Une citation de Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE)
Même si, en point de presse jeudi après-midi, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a bien précisé que le recours à des parents se ferait en dernier recours et de manière temporaire, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), elle, estime qu’ouvrir cette porte trahit l’échec de la stratégie gouvernementale pour limiter la propagation du virus dans les écoles primaires et secondaires, qui rouvriront lundi.
Être parent, c’est pas être enseignant, et être enseignant, c’est pas être parent, lance son président, Sylvain Mallette. Ça pose un problème sérieux sur la qualification des gens à qui on va confier des responsabilités qui, normalement, relèvent des enseignants.
Sylvain Martel, du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec, réitère de son côté que les parents sont soulagés du retour en classe et ajoute qu’il est content de connaître enfin les intentions de Québec. C’est un plan qui met les choses au clair, dit-il. C’est agréable qu’on nous dise les vraies choses. Qu’on soit rendus là, c’est triste, mais c’est la réalité, et on est capables de vivre avec ça.
« Si on a besoin de parents pour prêter main-forte, ils vont comme d’habitude répondre à l’appel. »— Une citation de Sylvain Martel, du Regroupement des comité de parents autonomes du Québec
Si les enfants se retrouvent à répétition dans une situation où les services éducatifs ne peuvent pas être rendus par du personnel qualifié, il faudra toutefois que leur niveau de progression et d’apprentissage soit évalué pour s’assurer de les amener là où ils devraient être à la fin de l’année, réclame le représentant des parents.
Sylvain Martel, porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec Photo: Radio-Canada
Priorisation des services et réorganisation scolaire permise
Le plan de contingence du gouvernement demande également que les directions d’école et les centres de services scolaires identifient des clientèles à soutenir en priorité, par exemple les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, ou encore les élèves de certains cycles.
On leur exige aussi de réaliser une analyse de faisabilité pour une organisation scolaire différente. On envisage ainsi, par exemple, qu’un enseignant puisse s’occuper de plus d’un groupe d’élèves, avec l’aide d’une autre ressource. Du côté des services de garde, on évoque la possibilité de restreindre l’offre de services en réduisant leurs heures d’ouverture et le soutien de clientèles prioritaires.
Le document enjoint également aux directions d’école d’identifier des services dits complémentaires, par exemple ceux d’orthophonistes ou de soutien pédagogique, qui pourraient être suspendus temporairement dans le but de procéder à un éventuel délestage.
Nicolas Prévost, de la FQDE, y voit certains avantages, dont celui d’avoir des coudées plus franches. D’avoir une certaine marge de manœuvre pour l’organisation scolaire, c’est une bonne chose pour les direction d’école, dit-il. Parce qu’on prévoit déjà devoir le faire à la lumière de la situation actuelle.
Un plan de délestage comme en santé, selon plusieurs
Voilà un plan de contingence qui fait beaucoup penser à un plan de délestage comme ceux qu’on voit actuellement se déployer dans le réseau de la santé, selon Nicolas Prévost.
Pourtant, questionné en conférence de presse à ce sujet, le ministre Roberge a refusé de parler de délestage, ce qui fâche Sylvain Mallette, de la FAE.
Sylvain Mallette, président de la FAE Photo: Radio-Canada/Coralie Mensa
« C’est bel et bien un plan de délestage, et quiconque essaie de faire la démonstration du contraire cherche à camoufler la réalité. »— Une citation de Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement
Ce dernier déplore que ce plan vise à délester certains services auxquels ont accès des enfants parfois vulnérables parce que, selon lui, le gouvernement a fait le choix de laisser les classes ouvertes coûte que coûte.
Les grandes centrales syndicales très critiques
Par voie de communiqué, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) s’est dite inquiète et sceptique relativement à ce plan de contingence. La FTQ dit craindre que ce dernier provoque une gestion improvisée qui placerait des élèves et le personnel dans des situations inacceptables.
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de son côté, déplore l’improvisation d’un plan de dernière minute qui viendra changer du tout au tout l’approche du gouvernement dans la gestion des cas dans les écoles. Des changements qui, selon la CSQ, se feront sur le dos du personnel de l’éducation
Quand on voit les mesures mises de l’avant par le gouvernement, on se demande si l’école ne serait pas devenue une garderie plutôt qu’un milieu de vie au service des apprentissages, déclare Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ.
Après douze années d’exil, l’ancien pustchiste est rentré ce mercredi 22 décembre à Conakry. Il s’est dit prêt à répondre à la justice.
Il était environ 13h30 lorsque l’avion de Mauritania Airlines s’est posé sur le tarmac de l’aéroport de Conakry, tout juste rebaptisé Ahmed Sékou Touré. À son bord, un homme qui n’avait plus reposé les pieds en Guinée depuis décembre 2009 : Moussa Dadis Camara. Habillé d’un costume bleu, la cravate rouge ajustée autour du cou, l’ancien président de la transition a été été accueilli par le nouveau directeur général de la police nationale, Abdoul Malick Koné, l’un des rares officiels présents.
Vêtus de T-shirts à l’effigie de leur champion, esquissant des pas de danse, les partisans de Moussa Dadis Camara s’étaient en revanche mobilisés en nombre pour l’accueillir. « Le second nom de Dieu, c’est le temps », pouvait-on lire sur certaines pancartes, comme pour rappeler qu’avec du temps et de la patience, tout finit par arriver, ou encore « Bon retour Moïse Camara ». Moïse ? C’est en tout cas en se mettant à genou, une bible dans une main, le coran dans l’autre, que Moussa Dadis Camara est rentré en Guinée.
Moussa Dadis Camara à genou, une bible dans une main, le coran dans l’autre
« Douze ans d’absence ce n’est pas facile, a réagi sa fille aînée, Evelyne Camara. Nous sommes très contents et rendons gloire à Dieu et au président, le colonel Mamadi Doumbouya. Nous sommes très reconnaissants, grand merci au peuple de Guinée qui s’est mobilisé. »
La main tendue de Mamadi Doumbouya
Après avoir serré quelques poignées de main, Moussa Dadis Camara, visiblement en forme, a été conduit dans le salon d’honneur de l’aéroport. Il s’est adressé à la presse durant sept minutes après avoir fait observer une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs, « mais plus particulièrement [à] ceux des événements du 28 septembre 2009 ».
Dadis n’a pas manqué de remercier Mamadi Doumbouya d’avoir permis « [son] retour sur la terre de [ses] ancêtres ». « Merci pour tout et je vous souhaite plein succès dans votre noble et exaltante mission qui consiste à unir les Guinéens, les réconcilier et jeter les bases d’une démocratie », a-t-il poursuivi avant de revenir à ses ennuis judiciaires.
« Plus jamais ça »
Directement mis en cause dans le massacre du 28 septembre 2009, il s’est dit à la disposition de la justice. « Je m’en voudrais de ne pas admirer les avancées considérables des nouvelles autorités du pays dans le dossier du 28 septembre 2009. Je voudrais encourager la tenue de ce procès. Ce serait non seulement un « ouf » de soulagement pour les familles des victimes, mais aussi pour le peuple de Guinée qui attend depuis plus de dix que la responsabilité des uns et des autres soit définitivement située », a-t-il lancé.
JE SUIS PRÊT À ME METTRE À LA DISPOSITION DE LA JUSTICE, CAR NUL N’EST AU-DESSUS DE LA LOI
Dadis est inculpé pour sa responsabilité présumée dans les crimes qui ont eu lieu lors d’un meeting d’opposants à sa candidature à la présidentielle dans un stade de Conakry : 150 personnes ont été tuées, des milliers d’autres blessées et une centaine de femmes ont été violées. « Je suis prêt à me mettre à la disposition de la justice, car nul n’est au-dessus de la loi », a-t-il ajouté, en proclamant sa confiance en la justice guinéenne. « Plus jamais ça ! », a-t-il ajouté.
Séjour à Nzérékoré
Moussa Dadis Camara a ensuite pris la direction de l’Hôtel Kaloum, situé dans le quartier administratif et des affaires de la capitale. Il devait plus tard rejoindre son domicile de Lambanyi, en banlieue de Conakry (dans la commune de Ratoma), qui a subi de petits travaux pour la circonstance. Nul ne sait pour l’instant s’il rencontrera Mamadi Doumbouya.
Sékouba Konaté est quant à lui rentré depuis samedi via Bamako. Il a été accueilli dans la ville de Kankan, dans l’est du pays, et a ensuite gagné son village, Sana. Il devrait passer par Conakry avant de retourner à Paris, où il vit avec sa famille.
Moussa Dadis Camara devrait également retourner à Ouagadougou après un bref séjour dans sa ville d’origine, Nzérékoré. « Nous souhaitons son retour définitif bien sûr, mais cela dépendra du gouvernement qui a déjà beaucoup fait en le laissant venir nous voir », souffle Evelyne Camara, la fille aînée de Moussa Dadis Camara.
Sitôt revenus, sitôt repartis. Avec la montée du variant Omicron, la santé publique recommande le télétravail aux entreprises de la province, y compris le centre-ville de Montréal. Bien que compréhensif, le milieu des affaires de la métropole s’avoue déçu de ce retour à la case départ.
Mais voilà, les infections et les hospitalisations sont en hausse dans la province. Pour l’instant, rien n’indique que le variant Omicron se cache derrière ces augmentations, mais le gouvernement préfère faire preuve de prudence. Deux à trois fois plus transmissible que Delta, Omicron pourrait causer une forte augmentation des cas au Québec.
Un retour à peine entamé
La déception est particulièrement grande pour la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). Depuis des mois, l’organisme tente de favoriser le retour du travail en présentiel. Ils ont notamment lancé la campagne publicitaire «S’entrevivre» et déployé une grande murale à l’effigie du Canadien.
Plus les semaines avancent, plus le président de la CCMM constatait un retour à la normalité au centre-ville. La recommandation de la santé publique viendra freiner cet élan. «C’est certain que c’est très décevant, avoue-t-il. Les entreprises constatent une perte de productivité avec le télétravail, notamment pour intégrer les nouveaux employés.»
Le directeur général de Montréal Centre-Ville, Glenn Castanheira, partage sa déception. Mais les ravages économiques prévus d’une telle annonce demeurent limités puisqu’une grande partie des entreprises, dont certaines du centre-ville allaient opter pour le télétravail d’ici l’arrivée des Fêtes. «Ma réaction serait différente si nous étions en octobre ou en novembre, admet-il. Disons qu’on serait beaucoup plus déçus si on nous avait annoncé d’autres mesures, comme le retour du couvre-feu.»
La question demeure: à force de voir les recommandations relatives au télétravail changer, les entreprises écouteront-elles la santé publique? «Rarement le milieu des affaires n’aura été aussi partagé» devant un enjeu commun, admet le président de la CCMM.
«Certaines entreprises ont établi un plan de retour au travail clair dès septembre dernier, alors que d’autres sont plus frileuses, et ne veulent pas d’un retour au bureau avant mars. Certaines sont très fermes sur leur engagement de poursuivre le télétravail, même si cela amène des difficultés pour la productivité», analyse M. Leblanc.
Il est attendu que le Conseil du trésor annonce le retour en télétravail des fonctionnaires prochainement.
Actions demandées
Désormais, la «pression se retrouve sur le gouvernement», considère M. Leblanc. Il faut accélérer la vaccination des enfants de 5 à 11 ans, de même que celle de la dose de rappel pour permettre de limiter la propagation du virus, et du même coup, permettre le retour au bureau. «Le gouvernement nous demande des sacrifices, et c’est correct. Mais en retour, c’est leur travail d’augmenter la cadence», demande-t-il.
Mardi, le gouvernement provincial a annoncé que des tests de dépistage rapides seraient disponibles gratuitement dans les pharmacies.
Malgré la persistance du télétravail, l’achalandage du centre-ville se maintient comparativement à d’autre grandes métropole. Selon les données de la CCMM, la zone se situe à 55% de sa circulation piétonnière pré-pandémique. Ce qui la situe au deuxième rang en Amérique du Nord, derrière New York.
Même si les chiffres de ventes des détaillants ne seront connus qu’après les Fêtes, l’optimisme règne au centre-ville, assure M. Castanheira. «Les grands détaillants nous parlent d’une année record, s’emballe-t-il. Un fort pourcentage de gens qui entrent dans les magasins achètent. Le marché de Noël est populaire, on voit qu’il y a du tourisme à Montréal.»
La situation pourrait toutefois se gâter une fois l’effervescence passée. Certains détaillants n’attendent que la fin du temps des Fêtes pour fermer leurs portes, prévient M. Leblanc. «Ils se trouvent avec deux années consécutives difficiles, rappelle-t-il. Il va falloir être très attentifs à leur situation.»
Pour soutenir les centre-villes, Ottawa devra fournir une «grande réponse», soutient la CCMM. Une stratégie de financement est demandée pour permettre aux centre urbains d’être plus attractifs à long terme.