Posts Tagged ‘Riek Machar’

Soudan du Sud: les belligérants signent un accord sur le partage du pouvoir

août 5, 2018

Khartoum – Le gouvernement et les rebelles du Soudan du Sud ont signé dimanche à Khartoum un accord sur le partage du pouvoir, un document qui vise à mettre fin à la guerre civile meurtrière ravageant le plus jeune pays du monde.

Le président Salva Kiir et son rival, le chef rebelle Riek Machar, ont signé l’accord à Khartoum, la capitale du Soudan voisin, a constaté un correspondant de l’AFP. En vertu de l’accord, M. Machar va intégrer un gouvernement d’unité nationale et devenir premier vice-président.

M. Machar était déjà le vice-président de M. Kiir, jusqu’à ce que ce dernier l’accuse en 2013 de fomenter un coup d’Etat contre lui, plongeant le Soudan du Sud dans une guerre civile meurtrière.

L’accord a été signé dimanche en présence du président soudanais Omar el-Béchir, et ses homologues du Kenya, d’Ouganda et de Djibouti, alors que plusieurs diplomates étrangers étaient également présents.

A l’issue de pourparlers parrainés par Khartoum, MM. Kiir et Machar sont déjà convenus d’instaurer un cessez-le-feu permanent et de retirer leurs troupes des zones urbaines. Les deux camps avaient également signé le 25 juillet un accord « préliminaire » sur le partage du pouvoir, et pour parachever ce processus, les négociations vont se poursuivre jusqu’à la signature d’un accord de paix définitif.

Le président kenyan « Uhuru Kenyatta a décidé que les négociations (pour un accord de paix) vont se poursuivre à Khartoum et non pas à Nairobi », a indiqué dimanche le chef de la diplomatie soudanaise Al-Dierdiry Ahmed, lors de la cérémonie de signature de l’accord.

Une fois qu’un accord de paix final sera signé, les belligérants auront trois mois pour former un gouvernement de transition, qui sera au pouvoir dans le pays pour une durée de 36 mois.

Selon les termes de l’accord, le gouvernement de transition sera composé de 35 ministres –20 du groupe de Salva Kiir et neuf de celui de Riek Machar, le reste représentant les autres groupes.

Le Parlement comptera 550 députés, dont 332 du groupe de Salva Kiir et 128 de celui de Riek Machar.

Outre M. Machar, il y aura aussi quatre autres vice-présidents.

Un accord similaire, signé en 2015, avait été violé après une bataille meurtrière à l’issue de laquelle Riek Machar était parti en exil.

La guerre civile dans le plus jeune pays du monde, indépendant du Soudan depuis 2011, a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.

– Défis à venir –

Dimanche le chargé d’affaires américain au Soudan, Steven Koutsis, a salué la signature de l’accord. « Nous soutenons toute initiative pour apporter la paix au Soudan du Sud et nous espérons que ce processus va se poursuivre de manière englobante », a indiqué M. Koutsis à des journalistes après la signature de l’accord.

Par le passé toutefois, les Etats-Unis s’étaient montrés sceptiques face aux chances de succès.

« Un accord étroit entre les élites ne va pas résoudre les problèmes qui affligent le Soudan du Sud. De fait, un tel accord pourrait planter les graines d’un nouveau cycle du conflit », avait mis en garde Washington en juillet dans un communiqué, doutant de la capacité des deux dirigeants politiques à instaurer une paix durable dans le pays.

Le conflit au Soudan du Sud a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés (sur une population de 12 millions d’habitants) et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

M. Kiir avait assuré vendredi que les efforts de paix n’allaient « pas s’effondrer ». Mais il a souligné les défis posés par la composition d’un tel gouvernement.

« Cinq vice-présidents, c’est une très grande responsabilité à gérer. Je dois leur fournir le transport, et chacun aura besoin d’un cortège de cinq véhicules peut-être. Où vais-je trouver cela? », a-t-il lancé.

« Ils ont aussi besoin de maisons, où les trouver. Des bureaux pour qu’ils puissent travailler, où les trouver? Il y a tellement de choses à faire ».

Romandie.com avec(©AFP / 05 août 2018 18h09)                                                        

Soudan du Sud: signature d’un accord « préliminaire » sur le partage du pouvoir

juillet 25, 2018

Khartoum – Le gouvernement et les rebelles du Soudan du Sud ont signé mercredi à Khartoum un accord « préliminaire » sur le partage du pouvoir qui, selon le ministre soudanais des Affaires étrangères, permettra le retour du dirigeant rebelle Riek Machar au poste de premier vice-président.

Le Soudan du Sud s’est enfoncé dans une guerre civile fin 2013 quand Salva Kiir a accusé son vice-président Riek Machar de fomenter un coup d’État. Le conflit dans ce pays, indépendant du Soudan depuis 2011, a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.

MM. Kiir et Machar sont déjà convenus d’instaurer un cessez-le-feu permanent et de retirer leurs troupes des zones urbaines. Ils avaient également convenu le 7 juillet d’un partage du pouvoir mais la signature avait été reportée en raison de divergences.

« Le document sur le partage du pouvoir a été signé et porte sur toutes les questions relatives à la période de transition », a indiqué le chef de la diplomatie soudanaise Al-Dirdiry Ahmed, en annonçant cet accord.

« Salva Kiir restera le président du Soudan du Sud et Riek Machar sera le premier vice-président », a-t-il déclaré lors de la cérémonie de signature dans la capitale du Soudan, où se déroule depuis juin une nouvelle série de pourparlers de paix.

« Il y aura quatre autres vice-présidents répartis parmi les autres groupes politiques », a-t-il ajouté.

Une question encore à régler est le partage du pouvoir au niveau des régions et des départements. « Les négociations sur cette question vont se poursuivre jusqu’à la conclusion d’un accord », a-t-il assuré.

Il a ajouté que certains, au sein de l’opposition, avaient refusé de signer le document mercredi, tout en faisant état de discussions avec ces groupes.

Selon ce texte, le gouvernement de transition sera composé de 35 ministres –20 du groupe de Salva Kiir et neuf de celui de Riek Machar, le reste représentant les autres groupes.

Le Parlement comptera 550 députés, dont 332 du groupe de Salva Kiir et 128 de celui de Riek Machar.

Le ministre soudanais des Affaires étrangères a également annoncé qu’une commission indépendante se chargerait de décider du nombre de provinces du Soudan du Sud.

Après ce document préliminaire, l’accord définitif doit être signé le 5 août, a-t-il affirmé.

Un accord similaire avait été signé en 2015 mais avait été violé après une bataille meurtrière à l’issue de laquelle Riek Machar était parti en exil.

L’ONU a imposé le 13 juillet un embargo sur les armes au Soudan du Sud, alors que les tractations diplomatiques n’avaient pas, en près de cinq ans de conflit, réussi à mettre un terme à la guerre civile.

Romandie.com avec(©AFP / 25 juillet 2018 17h08)                                                                                                                                                                       

Soudan du Sud: le chef rebelle Riek Machar va retrouver son poste de vice-président

juillet 7, 2018

Kampala – Le gouvernement et les rebelles du Soudan du Sud, jeune pays enfoncé dans une guerre civile depuis 2013, ont accepté samedi en Ouganda un accord de partage du pouvoir qui verra le chef rebelle Riek Machar retrouver son poste de vice-président, a annoncé le ministre soudanais des Affaires étrangères.

« L’accord prévoit qu’il y aura quatre vice-présidents: les deux qui sont déjà en poste, plus Riek Machar qui occupera le poste de premier vice-président. La quatrième vice-présidence sera attribuée à une femme issue de l’opposition », a affirmé Ahmed Al-Dierdiry, après une réunion des médiateurs à Kampala.

Le président du Soudan du Sud Salva Kiir et son grand rival Riek Machar ont accepté cette proposition, dont les détails doivent être discutés dans les prochains jours à Khartoum et au Kenya, a-t-il ajouté.

Cet accord survient alors que les Nations unies avait donné aux parties en conflit jusqu’à fin juin pour parvenir à « un accord politique viable » sous peine de sanctions.

Il a été conclu samedi à l’issu d’une réunion organisée par le président ougandais Yoweri Museveni, en présence du président soudanais Omar el-Béchir.

Plusieurs précédents accords de cessez-le-feu ont volé en éclats, comme en 2016, l’année où M. Machar a fui son pays.

Deux ans après avoir obtenu son indépendance du Soudan, le Soudan du Sud s’est enfoncé dans une guerre civile en 2013 quand M. Kiir a accusé son ex vice-président, Riek Machar, de fomenter un coup d’Etat.

Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés. Des centaines de milliers de personnes ont trouvé refuge au Soudan, selon l’ONU.

Romandie.com avec(©AFP / 07 juillet 2018 19h23)                                                        

Le gouvernement sud-soudanais cherche à écarter Machar des négociations

juin 22, 2018

L’opposant sud-soudanais Riek Machar à Addis Abeba le 21 juin 2018 / © AFP / YONAS TADESSE

Les pourparlers de paix sud-soudanais ont pris vendredi une mauvaise tournure, le président Salva Kiir s’efforçant de marginaliser le chef rebelle Riek Machar, même s’il a dû se résoudre à une nouvelle rencontre avec lui lundi à Khartoum.

Les différents acteurs d’une guerre civile déclenchée en décembre 2013, deux ans après l’indépendance du pays, et qui a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire catastrophique, continuent à souffler le chaud et le froid.

Mercredi soir, la rencontre à Addis Abeba entre Salva Kiir et Riek Machar avait laissé percer l’espoir qu’une solution négociée soit bientôt trouvée. Il s’agissait de la première entrevue en deux ans entre deux personnalités dont la rivalité est à l’origine de la guerre.

Les bureaux du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui préside l’Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement), l’organisation régionale qui œuvre depuis de longs mois à réactiver le processus de paix, avaient publié des photos des trois hommes se donnant l’accolade.

Et jeudi, un sommet avait réuni à Addis Abeba plusieurs chefs d’État des pays membres de l’Igad, le Soudanais Omar el-Béchir, le Kényan Uhuru Kenyatta, le Somalien Mohamed Abdullahi Mohamed, mais pas l’Ougandais Yoweri Museveni, un acteur-clé, pour accentuer encore la pression.

Vendredi, le gouvernement sud-soudanais a douché l’enthousiasme des plus optimistes en affirmant que Riek Machar, chef du SPLM-IO (Mouvement populaire de libération du Soudan – Opposition), n’avait pas sa place dans le gouvernement d’union nationale.

Le président sud-soudanais Salva Kiir (c) arrive au sommet de l’Igad le 21 juin 2018 aux côtés du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed (d) et du président kenyan Uhuru Kenyatta (g) / © AFP / YONAS TADESSE

« Nous en avons assez de Riek Machar, des dommages que Riek Machar a causés aux Sud-Soudanais », a déclaré en conférence de presse à Addis Abeba le ministre de l’Information Michael Makuei, un des durs du régime.

Il a appelé M. Machar, s’il veut être président un jour, « à attendre les élections », montrant, par cette prise de position, à quel point les inimitiés sont solidement enracinées, en dépit des sourires de façade.

La guerre avait éclaté en décembre 2013 à Juba, lorsque M. Kiir, un Dinka, avait accusé M. Machar, son ancien vice-président, de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Avant cette semaine, les deux hommes ne s’étaient plus parlés en face-à-face depuis juillet 2016, quand avaient éclaté dans la capitale Juba d’intenses combats entre leurs troupes.

– Rencontre lundi à Khartoum –

Des Sud-Soudanaises font la queue pour des vivres dans un centre de protection des civils à Bentiu, au Soudan du Sud, le 13 février 2018 / © AFP / Stefanie GLINSKI

Ces affrontements avaient forcé M. Machar à fuir en Afrique du Sud, et signifié l’échec d’un accord de paix conclu en août 2015 ayant permis au chef rebelle d’être réinstallé au poste de vice-président.

Malgré sa rhétorique anti-Machar, le gouvernement a cependant cédé à la requête des chefs d’État de l’Igad d’organiser une nouvelle rencontre entre MM. Machar et Kiir lundi à Khartoum, au Soudan.

« C’est une décision des chefs d’État et nous la respecterons », a assuré M. Makuei. Les deux camps négocient depuis des mois sous l’égide de l’Igad, mais cette nouvelle réunion doit permettre doit permettre d’accélérer le processus.

Elle est une des principales décisions adoptées cette semaine. Elle sera suivie d’une autre rencontre à Nairobi et l’accord final devrait être signé à Addis Abeba dans un délai de deux semaines, d’après le gouvernement sud-soudanais.

Dans cet intervalle, M. Machar sera autorisé à rester dans une de ces villes, mais le gouvernement sud-soudanais a affirmé avoir obtenu de l’Igad qu’il ne puisse ensuite demeurer « dans la région ou quelque part près du Soudan du Sud ».

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011 / © AFP / Sophie RAMIS

Parmi les différends à régler figure le poste de vice-président, occupé actuellement par Taban Deng, un ancien allié de M. Machar qui avait fait défection en juillet 2016 avec une partie du SPLM-IO, selon un document transmis à la presse par le gouvernement.

Ce texte indique notamment qu' »aucun compromis sur le partage du pouvoir » au sein du gouvernement n’a été trouvé et qu’un désaccord persiste sur « le calendrier pour l’unification des forces armées ».

Le SPLM-IO a condamné les « propos irresponsables » de M. Makuei, estimant qu’ils étaient destinés à « faire dérailler le processus de paix ». La rébellion avait dès jeudi fait part de ses propres réticences, qualifiant d' »irréaliste » la manière dont sont menés les actuels efforts de paix.

Ce conflit a depuis le début été marqué par des revirements en tout genre, comme en témoigne le dernier cessez-le-feu en date, scellé le 24 décembre à Addis Abeba sous l’égide de l’Igad, et violé dès son entrée en vigueur.

Et malgré la pression internationale, rien ne dit que M. Kiir soit disposé à faire des concessions, ses forces semblant en passe de prendre le dessus militairement face à une rébellion de plus en plus éclatée.

Romandie.com avec(©AFP / 22 juin 2018 14h26)

Soudan du Sud: rencontre Kiir-Machar mercredi à Addis Abeba

juin 19, 2018

Addis Abeba – Le président sud-soudanais Salva Kiir et le chef rebelle Riek Machar doivent se rencontrer en face-à-face mercredi à Addis Abeba, pour la première fois en près de deux ans, a annoncé mardi le ministère éthiopien des Affaires étrangères.

« Les deux dirigeants se rencontreront à Addis Abeba, à la suite d’une invitation lancée par son excellence, le Premier ministre (éthiopien) Abiy Ahmed », a indiqué à l’AFP Meles Alem, un porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères.

M. Abiy « appellera les deux responsables à résorber leurs divergences et travailler à la pacification du Soudan du Sud, » un pays en proie à la guerre civile depuis quatre ans et demi, a-t-il ajouté.

L’ambassadeur du Soudan du Sud en Ethiopie, James Pitia Morgan, a confirmé que le président Kiir serait présent.

« Nous attendons que (M. Machar) arrive à Addis Abeba, probablement aujourd’hui (mardi) ou demain », a pour sa part déclaré à l’AFP Manasseh Zindo, un haut cadre du SPLM-IO, le mouvement dirigé par M. Machar.

L’information a également été confirmée par l’épouse de M. Machar. « Oui, la rencontre en face-à-face est prévue pour demain (mercredi). Cependant (M. Machar) n’est pas encore à Addis », a indiqué à l’AFP Angelina Teny.

La rencontre sera supervisée par l’organisation régionale Igad, laquelle a chapeauté toute une série de pourparlers de paix ces derniers mois, qui n’ont jusque-là produit aucun résultat tangible.

La communauté internationale, et en premier lieu les États-Unis, font pression depuis de longs mois pour tenter de réactiver un accord de paix conclu en août 2015 et maintes fois violé.

Cette rencontre entre les deux ennemis jurés sera la première depuis les intenses combats qui avaient secoué la capitale sud-soudanaise, Juba, en juillet 2016.

Ces affrontements entre les forces de MM. Kiir et Machar avaient signifié l’échec de l’accord de paix d’août 2015, qui avait permis à M. Machar d’être réinstallé au poste de vice-président et de revenir à Juba.

Après ces violences, M. Machar avait dû fuir son pays. Il se trouve depuis en Afrique du Sud, mais continue à jouir d’une grande autorité sur son mouvement.

Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011 avec le soutien essentiel de Washington, qui reste son principal donateur, mais qui est de plus en plus mécontent de la politique du président Kiir.

Deux ans après la partition, le Soudan du Sud s’est enfoncé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Romandie.com avec(©AFP / 19 juin 2018 12h36)                                                        

RDC: de Juba à Goma, l’exode sans issue des soldats de Riek Machar

octobre 21, 2017

Des anciens combattants sud-soudanais fidèles à l’ex-vice-président Riek Machar, jouent au football, le 19 octobre 2017 dans le camp de Munigi, près de Goma, en RDC / © AFP / GRIFF TAPPER

« Nous sommes enfermés »: Le « général » rebelle du Soudan du Sud, Dhiling Keah, commande une armée de plusieurs centaines de soldats démobilisés qui tournent en rond loin de chez eux, dans un camp à l’écart de Goma, dans l’est de la RDC.

En juillet 2016, le « général » et ses troupes combattaient à Juba avec l’ex-vice-président Riek Machar contre les forces gouvernementales du président Salva Kiir, avant de battre en retraite à pied sur des centaines de kilomètres jusqu’en République démocratique du Congo.

Quinze mois plus tard, cet homme de 37 ans, qui serait un cousin de Riek Machar, exerce son autorité sur des rebelles désarmés et désoeuvrés.

Les anciens combattants sont nourris et vêtus par la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), dans ce camp de Munigi, à une dizaine de kilomètres de Goma, sur les hauteurs qui surplombent le lac Kivu.

Assis sur un talus, derrière des grilles, une dizaine de Sud-Soudanais emmitouflés dans des anoraks et des blousons regardent passer les véhicules qui montent vers le parc national des Virunga, le volcan Nyiragongo, voire les territoires de Masisi et Rutshuru, fiefs de groupes armés congolais, bien actifs ceux-là.

A l’intérieur, d’autres tuent le temps comme ils peuvent: parties de cartes, dominos, football, minuscule salle de télévision installée dans un conteneur.

Au total, plus de 400 Sud-Soudanais vivent sous une trentaine de tentes. Des ex-combattants mais aussi des civils et des mineurs. Des Noer en majorité mais aussi d’autres ethnies.

Deux églises ont été improvisées sous des tentes, l’une pour les chrétiens (70% du camp), et l’autre pour les fidèles du prophète noer Ngundeng Bong.

Dans sa propre tente qu’il partage avec une demi-douzaine de ses compagnons d’armes, le « général » Dhiling Keah a disposé des chaises au pied des lits de camp pour recevoir la première équipe de journalistes qu’il autorise à visiter l’endroit.

De taille moyenne, ce doyen des rebelles raconte l’enfer de la fuite avec Riek Machar et ses hommes.

La chaleur puis la pluie, les maladies, le manque d’eau et de nourriture, les bombardements…: au total, 70 à 80 combattants sont morts pendant cet exode vers la RDC, affirme-t-il.

– ‘Je pesais 42 kilos’ –

Les survivants ont été secourus in extremis par la Monusco. Riek Machar lui-même aurait été retrouvé à moitié mourant.

« Je pesais 42 kilos », sourit un proche du « général », John, 27 ans, facilement reconnaissable avec son mètre 90 -pour 66 kilos désormais-, ses dreadlocks et son anglais limpide.

Alors que Riek Machar a pris le chemin de l’Afrique du Sud, ses frères d’armes ont été transférés à Goma sur choix de la Monusco, à qui des experts ont pu reprocher d’agir seule et en marge du droit international.

L’arrivée à Goma des Sud-Soudanais a suscité l’hostilité, voire la psychose, auprès des habitants, traumatisés par le souvenir des camps de réfugiés hutus qui ont propagé l’onde de choc du génocide rwandais dans l’ex-Zaïre il y a 20 ans.

« Nous leur demandons de rester confinés en échange du soutien humanitaire que nous leur apportons. Nous appelons cela une restriction volontaire de liberté », avance le numéro deux de l’ONU en RDC, David Gressly, précédemment en poste au Soudan du Sud.

« Ils ont convenu d’être désarmés et démobilisés », poursuit M. Gressly. L’ONU s’est chargé de stocker les armes des rebelles – en fait, « des vieilles pétoires », d’après un expert.

« Cela fait un an que nous n’avons plus d’armes. Nous sommes prêts pour la vie civile », assure le « général » Dhiling Keah.

Très politique, pesant ses réponses, il sait gré aux Nations unies d’avoir sauvé la vie de ses hommes, de les nourrir, de les vêtir, de les protéger.

Mais la situation ne peut plus durer, estime-t-il, à quelques jours d’une visite en RDC et au Soudan du Sud de l’ambassadrice américaine auprès des Nations unies Nikki Haley.

L’isolement, la nourriture pas assez variée, le manque d’espace…: les signes de lassitude se multiplient dans le camp d’environ 500 m de long sur 200 de large.

Privés de liberté sans être prisonniers, survivant dans un camp de l’ONU sans avoir le statut de réfugié, les soldats perdus de Riek Machar demandent leur transfert vers des pays tiers pour retrouver leurs proches: Ouganda, Ethiopie, Kenya, Soudan, voire dans un camp de réfugiés à la frontière RDC/Soudan du Sud.

Plusieurs centaines d’ex-combattants ont d’ailleurs pu quitter le camp de Goma parce qu’ils avaient des documents de voyage valides.

Mais ce n’est pas le cas du « général » Dhiling Keah ni de John ni de beaucoup de ces rebelles isolés à Goma, dans un camp de l’ONU et une sorte de vide juridique.

Romandie.com avec(©AFP / 21 octobre 2017 16h20)                

Soudan du Sud: l’ancien vice-président Riek Machar a quitté le pays

août 18, 2016

Nairobi – L’ex-rebelle et ancien vice-président sud-soudanais Riek Machar a quitté le Soudan du Sud à la suite des violences de début juillet dans la capitale Juba et cherche à rejoindre l’Ethiopie au plus vite, a-t-on appris jeudi auprès d’un des responsables de son camp.

M. Machar se trouve actuellement en République démocratique du Congo, à Kinshasa, et souhaite rejoindre au plus vite l’Ethiopie, a déclaré à l’AFP sous couvert d’anonymat un responsable du SPLM-IO, le parti de M. Machar.

Resté extrêmement discret depuis les combats de juillet, il s’exprimera lors d’une conférence de presse dès son arrivée à Addis Abeba, jeudi soir ou vendredi, a précisé la même source, rappelant que Riek Machar s’était déjà réfugié à plusieurs reprises en Ethiopie lors de la guerre civile au Soudan du Sud, débutée en 2013.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, un porte-parole du SPLM-IO, le parti de M. Machar, avait indiqué dans un communiqué que l’ancien vice-président avait été évacué en toute sécurité vers un pays sûr de la région.

M. Machar avait fui Juba à l’issue de combats à l’arme lourde dans la capitale du 8 au 11 juillet entre forces loyales au président Salva Kiir et les ex-rebelles répondant à ses ordres. Ses hommes étaient sortis vaincus de ces combats et il avait été remplacé au poste de vice-président par son ancien allié Taban Deng Gai.

Les camps Kiir et Machar se rejettent la responsabilité des combats de juillet, qui ont mis en péril le fragile accord de paix d’août 2015, destiné à mettre un terme à une guerre civile à caractère ethnique débutée en décembre 2013 et ayant fait des dizaines de milliers de morts et 2,5 millions de déplacés.

M. Deng, nommé par Salva Kiir le 25 juillet, avait précédemment indiqué qu’il se retirerait au profit de M. Machar si ce dernier revenait à Juba, mais il semble désormais se poser en chef de file de l’ethnie nuer au sein du gouvernement d’union nationale nommé en avril avec M. Machar comme vice-président.

Mercredi, cet homme politique influent a appelé Riek Machar à rester à l’écart des affaires politiques du pays afin de permettre la mise en oeuvre d’un accord de paix.

Mais le soutien dont dispose M. Deng au sein de l’ethnie nuer et des forces ex-rebelles reste difficile à évaluer alors que plusieurs cadres de l’ex-rébellion, en exil ou à l’extérieur de Juba, ont vécu sa nomination comme une trahison.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé vendredi dernier le déploiement de 4.000 soldats onusiens en plus des 13.500 Casques bleus se trouvant déjà dans le pays, pour assurer la sécurité à Juba et dissuader les attaques contre les bases de l’ONU.

Juba n’a pas encore accepté le déploiement de cette force.

L’ONU a par ailleurs annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur des violences, notamment sexuelles, commises contre des civils, y compris des travailleurs humanitaires, par des soldats sud-soudanais à Juba en juillet, et sur l’incapacité des Casques bleus à les empêcher.

Romandie.com avec(©AFP / 18 août 2016 13h59)

Soudan du Sud: l’ONU réclame la formation rapide d’un gouvernement d’union nationale

avril 26, 2016

Nations unies (Etats-Unis) – Les Nations unies ont réclamé mardi la formation rapide d’un gouvernement d’union nationale entre les belligérants au Soudan du Sud, à la suite du retour à Juba du chef des rebelles Riek Machar, investi comme vice-président.

Le Conseil de sécurité demande fermement à toutes les parties de former rapidement le gouvernement de transition et d’appliquer pleinement l’accord de paix conclu en août 2015 entre les partisans du président Salva Kiir et les rebelles, a déclaré son président, l’ambassadeur chinois Liu Jieyi. Il reste beaucoup de travail à faire pour ramener la paix et la stabilité dans le pays.

Les 15 pays membres exigent aussi que les belligérants respectent le droit humanitaire international, facilitent la livraison des secours à la population et accordent la liberté de mouvement à la mission de l’ONU sur place.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait auparavant réclamé la formation immédiate du gouvernement d’union nationale.

Le retour à Juba et l’investiture de Riek Machar comme vice-président marquent une nouvelle étape dans l’application de l’accord de paix, avait souligné M. Ban dans un communiqué.

Il avait invité le Conseil à coopérer avec l’Union africaine et avec l’organisation régionale IGAD afin de mobiliser tout le soutien nécessaire en faveur du processus de paix.

Devant le Conseil réuni en consultations, le patron des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous avait estimé que le retour de Riek Machar devait permettre de commencer véritablement la transition dans un pays ravagé par la guerre civile depuis deux ans et demi.

Ce retour plusieurs fois reporté doit ouvrir un chapitre nouveau pour le pays, a affirmé M. Ladsous. Il est essentiel que les parties saisissent cette opportunité pour montrer véritablement leur détermination à faire avancer le processus de paix.

Les deux camps devront notamment mettre en place des arrangements transitoires de sécurité, a-t-il expliqué.

L’ambassadrice américaine Samantha Power a elle aussi appelé devant des journalistes à la formation d’un gouvernement d’union nationale dès que possible.

Elle a expliqué que ce gouvernement devra continuer sur cette lancée en réalisant des réformes dans les domaines de l’économie et de la sécurité et a souligné l’importance de lutter contre l’impunité en jugeant les responsables d’exactions. Il ne peut y avoir de paix que s’il y a de la justice, a-t-elle affirmé.

Le retour de M. Machar est la meilleure nouvelle au Soudan du Sud depuis longtemps mais le Conseil doit continuer de faire pression sur les deux camps, a-t-elle estimé.

– ‘Un jour ou deux’ –

Son homologue britannique Matthew Rycroft a jugé qu’il s’agissait d’un moment très important et a exhorté le futur cabinet de transition à prendre toutes les mesures nécessaires pour remettre le pays dans le droit chemin.

Le représentant adjoint sud-soudanais Joseph Moum Malok a réaffirmé devant le Conseil la ferme volonté du gouvernement (sud-soudanais) d’appliquer pleinement l’accord de paix malgré les retards.

Il a estimé que le gouvernement d’union pourrait être formé dans un jour ou deux après des consultations avec les différentes parties dans le pays.

M. Ladsous a averti que la situation sécuritaire au Soudan du Sud reste précaire, avec des combats intermittents dans différentes régions du pays.

La situation humanitaire s’est elle aussi aggravée, en ampleur et en urgence, a-t-il souligné. Après deux ans et demi de conflit, plus de la moitié de la population a besoin d’aide humanitaire.

M. Ladsous a exhorté le Conseil de sécurité à exiger des parties qu’elles respectent leurs obligations humanitaires internationales.

Il a une nouvelle fois déploré les restrictions imposées par le gouvernement sud-soudanais aux activités de la mission de l’ONU au Soudan du Sud et des travailleurs humanitaires.

Le conflit, notamment marqué par des massacres à caractère ethnique, des viols et des tortures, a fait des dizaines de milliers de morts (le bilan exact reste inconnu) et plus de 2,3 millions de déplacés.

Romandie.com avec(©AFP / 26 avril 2016 19h22)

Soudan du Sud: l’hélicoptère de l’ONU a été abattu, selon le Conseil de sécurité

août 27, 2014

Nations unies (États-Unis) – Le Conseil de sécurité a indiqué mercredi que l’hélicoptère affrété par l’ONU au Soudan du Sud avait été abattu, condamnant cette attaque qui a fait trois morts et un blessé grave mardi parmi l’équipage.

Dans une déclaration unanime, les 15 pays membres du Conseil exigent du gouvernement sud-soudanais une enquête complète, transparente et rapide sur cette attaque.

La cause de la chute de l’hélicoptère n’avait jusqu’à présent pas été officiellement établie. La déclaration du Conseil n’attribue pas cette attaque à l’un ou l’autre camp.

Armée gouvernementale et forces rebelles qui s’affrontent depuis mi-décembre au Soudan du Sud se sont mutuellement accusées mercredi de l’avoir abattu.

L’équipage de l’hélicoptère était russe. Trois des quatre membres d’équipage sont morts et un a été blessé lorsque le Mi-8, qui transportait du fret, s’est écrasé mardi après-midi à 10 km au sud de Bentiu, capitale de l’État d’Unité ravagé par les combats.

Le Conseil souligne que les responsables de l’attaque doivent rendre des comptes et que toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour éviter de telles attaques dans l’avenir.

Il demande aussi à la Mission de l’ONU sur place (Minuss) de prendre les mesures supplémentaires nécessaires afin de garantir la sécurité de ses opérations aériennes.

La déclaration a été adoptée à la demande de la Russie, à qui le Conseil a adressé ses sincères condoléances.

Le porte-parole de l’armée sud-soudanaise, le colonel Philip Aguer, a accusé les forces rebelles de l’ancien vice-président sud-soudanais Riek Machar d’avoir abattu l’appareil, sans toutefois fournir de preuve.

L’appareil a été abattu par les forces de Riek Machar commandées par Peter Gadet, a affirmé M. Aguer, ajoutant que l’armée avait envoyé ses propres enquêteurs sur place.

Peter Gadet est un chef de guerre dont la milice combat au côté des forces pro-Machar et contrôle une partie de l’État d’Unité. Il fait l’objet de sanctions américaines et européennes pour des atrocités ethniques commises par ses hommes.

Un porte-parole des rebelles, Mabior Garang, a dénoncé dans un communiqué des accusations fallacieuses, affirmant que les forces rebelles dans la région avaient entendu une forte explosion et après des recherches découvert qu’un appareil s’était écrasé.

Romandie.com avec(©AFP / 27 août 2014 20h55)

Soudan du Sud: massacres dans une mosquée et une église

avril 21, 2014

Les troupes de l’ancien vice-président sud-soudanais Riek Machar ont massacré mi-avril des centaines de civils dans la localité de Bentiu, a annoncé lundi l’ONU. Elles ont notamment tué plus de 200 personnes dans une mosquée, dans une église, des bâtiments évacués de l’ONU et dans un hôpital.

Quand les troupes de Riek Machar « ont pris Bentiu (…) elles ont fouillé un certain nombre d’endroits où des centaines de civils sud-soudanais et étrangers avaient trouvé refuge et ont tué des centaines de ces civils après avoir établi leur appartenance ethnique ou leur nationalité », a expliqué la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss).

Attaques dans une église et une mosquée

« Plus de 200 civils semblent avoir été tués et plus de 400 blessés dans (une) mosquée » où des centaines de personnes avaient trouvé refuge, selon la Minuss. Elle affirme que les forces pro-Machar ont « séparé des individus de certaines nationalités ou groupes ethniques et les ont mis en sécurité, tandis que les autres ont été tués ».

« A l’hôpital de Bentiu, des hommes, femmes et enfants Nuer ont été tués parce qu’ils se cachaient et refusaient de rejoindre d’autres Nuer célébrer l’entrée » des forces rebelles dans la localité.

Les troupes antigouvernementales ont également demandé à des civils réfugiés dans une église catholique et dans une enceinte abandonnée du Programme alimentaire mondial (PAM) de révéler leur origine ethnique ou leur nationalité. Elles ont ensuite tué plusieurs d’entre eux.

Massacres fréquents

Au conflit issu d’une lutte interne au régime entre MM. Kiir et Machar se greffent de vieux antagonismes ethniques entre peuple Dinka et Nuer, dont sont respectivement issus les deux hommes.

Ils trouvent notamment leurs racines dans la guerre civile soudanaise contre Khartoum (1983-2005), qui a débouché sur l’indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011.

Les combats, qui ont fait des milliers de morts depuis le début du conflit le 15 décembre, s’accompagnent régulièrement de massacres à caractère ethnique.

Romandie.com