Une statue de la Brésilienne Marielle Franco, conseillère municipale de Rio de Janeiro dont l’assassinat en 2018 reste non élucidé, a été inaugurée mercredi, le jour où cette activiste noire aurait fêté ses 43 ans.
Sculptée par l’artiste brésilien Edgar Duvivier, la statue de bronze grandeur nature, qui a été financée grâce des dons, a été érigée au Buraco do Lume, une place du centre de Rio où Mme Franco organisait des réunions publiques pour rendre des comptes lors de son mandat au Conseil municipal.
« Dans une société extrêmement raciste, une statue de Marielle Franco est là pour nous rappeler le monde que nous voulons construire », a déclaré Monica Benicio, la compagne de la conseillère.
Le monument montre Marielle Franco souriant et levant le poing gauche.
Née dans le complexe de Maré, un des plus grands ensembles de favelas de Rio, Marielle Franco a été tuée par balles avec son chauffeur, Anderson Gomes, le 14 mars 2018, à l’âge de 38 ans. Sa voiture a été criblée de balles alors qu’elle rentrait d’une réunion en centre-ville.
Cet assassinat avait provoqué une vive émotion au Brésil mais aussi à l’étranger.
Membre du parti de gauche PSOL, lesbienne et mère d’une fille âgée aujourd’hui de 23 ans, Marielle Franco militait de longue date contre la violence policière et pour les droits des habitants des quartiers pauvres, notamment les jeunes Noirs, les femmes et les membres de la communauté LGBT.
Plus de quatre ans après sa mort, de nombreuses zones d’ombres demeurent au sujet de son assassinat.
En mars 2019, les autorités ont arrêté deux anciens policiers, Ronnie Lessa, 48 ans, tireur présumé, et Elcio de Queiroz, 46 ans, soupçonné d’avoir conduit le véhicule dans lequel son acolyte se trouvait.
Les deux hommes sont également soupçonnés d’être liés aux milices paramilitaires qui sèment la terreur dans certains quartiers populaires de Rio.
Ils nient avoir pris part au crime et restent incarcérés en l’attente de leur jugement.
Mais la police n’a toujours pas élucidé deux questions essentielles: qui a fait tuer Marielle Franco, et pourquoi ?
Ses touches de piano auront marqué à jamais le monde de la musique. France Musique a appris lundi 1er novembre la mort du Brésilien Nelson Freire, à l’âge de 77 ans, à Rio de Janeiro. Ce monstre sacré du piano, l’un des plus grands musiciens de la seconde moitié du XXe siècle, avait pour domaine de prédilection le répertoire romantique, avec notamment ses remarquables enregistrements de Robert Schumann, Frédéric Chopin ou encore de Johannes Brahms, rappelle France Musique.
Né en 1944 à Boa Esperança, dans le sud-est du Brésil, Nelson Freire se voit rapidement détecter un talent pour le piano et décroche une bourse pour aller étudier à Vienne, en Autriche, auprès du légendaire professeur Bruno Seidlhofer. Dès le début des années 1960, les succès s’enchaînent pour le pianiste brésilien qui remporte successivement la médaille Dinu Lipatti à Londres, en 1964, le premier prix du concours Vianna-da-Motta, à Lisbonne et le prix Edison, pour son enregistrement des Préludes de Chopin, en 1972.
Un fidèle ami de Martha Argerich
Fier représentant de l’école brésilienne des pianistes, Nelson Freire était un proche de Martha Argerich, qu’il considère, comme beaucoup de ses confrères, comme la meilleure pianiste de sa génération. Deux ans après s’être fracturé l’humérus droit à la suite d’une chute dans une rue de Rio, en 2019, Nelson Freire avait récemment annulé plusieurs concerts et sa participation au jury de la 18e édition du concours international de piano Frédéric-Chopin, qui s’est déroulé en octobre à Varsovie.
Une baleine morte de 14 mètres de long s’est échouée mercredi matin sur la célèbre plage d’Ipanema à Rio, suscitant la surprise des habitants qui profitaient d’une journée chaude et ensoleillée en ce jour férié au Brésil.
Le cadavre du cétacé est apparu dans la matinée face à la côte puis les courants l’ont déposé sur le sable.
Une partie de la plage a dû être bouclée par les autorités pour éviter que les curieux voulant voir l’animal de plus près ou se prendre en photo avec lui s’approchent de la baleine, dont émanait une forte odeur de décomposition.
« Il n’est pas possible de savoir ce qui s’est passé. Elle est morte depuis déjà quelque temps. Elle est en état de décomposition avancée et cela rend difficile de savoir la cause de sa mort », a expliqué à l’AFP Rafael Carvalho, biologiste à l’Université de Rio de Janeiro.
Cet expert fait partie d’une équipe chargée d’évacuer les baleines échouées dans la baie de Rio, lieu de transit au moment des migrations annuelles de ces animaux.
Le corps de la baleine d’Ipanema sera évacué par camion puis enterré pour raisons sanitaires, a précisé M. Carvalho.
Il s’agit d’une baleine Yubarta, selon les constatations effectuées par les spécialistes.
« C’est très rare que cela arrive à Ipanema. Je n’en avais jamais vu ainsi, d’aussi près. J’aurais aimé avoir la possibilité de la sauver », a commenté à l’AFP Mauro Azevedo, un habitant de 62 ans venu observer la scène.
Rio de Janeiro – Des narcotrafiquants qui voulaient créer une diversion lors d’une opération policière ont incendié mardi plusieurs bus sur la principale voie d’accès à Rio de Janeiro, provoquant des embouteillages monstres et semant le chaos dans la seconde ville du Brésil.
Aucun blessé n’est à déplorer, mais huit bus et deux camions ont été brûlés à plusieurs endroits dans l’Avenida Brasil, axe névralgique de la seconde ville du pays, et sur une voie attenante, Washington Luiz, pouvait-on voir sur les images de la télévision locale, provoquant 60 km d’embouteillages.
Ces images montrent aussi plusieurs personnes dérobant le chargement d’un des camions abandonné une fois le feu éteint.
Selon les premiers éléments de l’enquête, les incidents ont été causés par des trafiquants tentant de faire diversion alors qu’ils étaient ciblés par une vaste opération policière visant à mettre fin au conflit entre deux factions criminelles pour le contrôle du trafic dans un quartier populaire du nord de Rio.
« Cette opération rapide et efficace a évité un bain de sang », a affirmé mardi Roberto Sa, commandant en chef de la Police Militaire de Rio, qui fait état de deux morts du côté des trafiquants et de trois blessés légers parmi les policiers.
Les premières incursions des forces de l’ordre ont commencé dès l’aube au quartier de Cidade Alta, bordé par l’Avenida Brasil.
Au total, la police a arrêté 45 personnes et saisi 32 fusils d’assaut, 4 armes de poing et 11 grenades.
Le colonel Andre Silva a expliqué à la chaîne Globonews que les bus avaient été incendiés « justement pour nous distraire, semer la confusion et permettre aux criminels de s’échapper ».
Selon les services municipaux, 28 écoles et 10 crèches proches de Cidade Alta sont restées fermées pendant l’opération policière et plus de 12.000 élèves ont été privés de cours.
« Comme dans d’autres quartiers, cette dispute de territoires liée au trafic de drogue est un facteur d’instabilité, ce n’est pas une nouveauté », a rappelé Roberto Sa.
Les épisodes violents se sont multipliés ces dernières semaines à Rio, lors d’interventions musclées de la police sur fond de guerre des gangs, avec notamment plusieurs enfants tués par des balles perdues lors d’échanges de tirs dans des favelas.
La semaine dernière, cinq personnes ont été tuées par balles en six jours dans le Complexo do Alemao, une des principales favelas de Rio, en marge de l’installation d’un poste d’observation blindé pour la police.
Depuis de début de l’année, 58 policiers ont été assassinés à Rio, selon les chiffres officiels.
Rio de Janeiro – L’école de samba Portela été sacrée championne du carnaval mercredi, mettant fin à 33 ans de disette après des défilés ternis par deux accidents ayant fait plus de trente blessés.
École la plus titrée de l’histoire avec 22 victoires, Portela ne gagnait plus depuis 1984, année de l’inauguration du sambodrome, avenue de 700 mètres bordée de gradins à ciel ouvert.
Cette formation qui représente Madureira, quartier populaire nord de Rio considéré comme le « berceau de la samba », a défilé sur le thème des rivières, en hommage notamment à la couleur bleue qui l’accompagne depuis sa fondation, en 1923.
Trente-six jurés ont noté les défilés selon neuf critères très précis, du thème choisi à la qualité des chars et des costumes, en passant par les chansons interprétées ou les performances des percussionnistes de chaque école.
Après un suspense insoutenable, Portela n’a assuré sa victoire que sur la dernière note, coiffant sur le poteau Mocidade, bredouille depuis 1996.
Un triomphe suivi d’une explosion de joie des supporters habillés en bleu et blanc au sambodrome, où les résultats ont été dévoilés et à Madureira et les quartiers voisins, où la fête promet de durer toute la nuit.
« Je vais boire comme jamais, ça fait des années que je suis à jeun », s’est exclamée au micro de la chaîne Globonews la chanteuse Tia Surica, 76 ans, légende vivante de la samba, entre deux sanglots d’émotion.
« Nous sommes libérés du poids de devoir gagner absolument pour mettre fin à cette disette. À présent, nous voulons juste porter haut les couleurs de la samba. C’est la victoire de toutes les écoles », a confié pour sa part Luiz Carlos Magalhães, président de Portela, exultant après avoir soulevé le trophée.
Le retour en grâce de cette école très traditionnelle redonne un peu de lustre à une fête gâchée par deux accidents graves qui ont fait plus de 32 blessés.
Dimanche, un char de l’école Paraiso do Tuiuti a blessé vingt personnes, dont plusieurs journalistes, en percutant une des tribunes du sambodrome.
Dans la nuit de lundi à mardi, la plateforme d’un char d’Unidos da Tijuca a cédé sous le poids des danseurs, blessant 12 personnes au total.
Cinq personnes sont encore hospitalisées, et deux d’entre elles sont dans un état grave mais stable.
Plus tôt dans l’après-midi, la Ligue Indépendante des écoles de samba (Liesa), a décidé à titre exceptionnel qu’en raison des accidents, aucune formation ne serait reléguée en deuxième division, portant provisoirement à 13 le nombre d’écoles de l’élite pour le carnaval de 2018.
Une décision similaire avait été prise en 2011, quand un incendie avait ravagé les hangars où les écoles préparent le carnaval tout au long de l’année.
Athènes – La police brésilienne a découvert un corps carbonisé dans la voiture de location retrouvée brûlée de l’ambassadeur de Grèce à Rio de Janeiro, a indiqué une source au ministère grec des Affaires étrangères vendredi, quatre jours après la disparition du diplomate.
Les autorités brésiliennes sont en train d’effectuer des tests ADN pour identifier le corps, a indiqué à l’AFP cette source ayant requis l’anonymat, c’est la voiture que l’ambassadeur avait louée.
La voiture découverte était celle que l’ambassadeur avait louée à Rio, selon cette source, qui n’a pas donné plus d’informations sur cette affaire.
La police brésilienne avait lancé jeudi un avis de recherche pour localiser l’ambassadeur de Grèce, Kyriakos Amiridis, vu pour la dernière fois lundi près de Rio de Janeiro, où il passait des vacances avec sa famille.
Une procédure a été ouverte pour enquêter sur la disparition de l’ambassadeur, avait annoncé la police civile de l’Etat de Rio, dans un communiqué, citant des informations de la section de recherche du Commissariat spécialisé en homicides de la baie de Fluminense (ouest de Rio).
Selon ces informations préliminaires, M. Amiridis aurait été vu pour la dernière fois lundi soir, précise la police, qui a donné deux numéros de téléphone afin de lui transmettre toute information aidant à localiser le diplomate.
L’ambassadeur grec, âgé de 59 ans, se trouvait en vacances à Rio de Janeiro depuis le 21 décembre et devait rentrer à Brasilia le 9 janvier, selon une fonctionnaire de l’ambassade.
Selon les médias brésiliens, c’est la femme de l’ambassadeur qui a signalé sa disparition lundi, n’ayant pu entrer en contact avec lui alors qu’il était sorti seul du logement familial, dans la ville de Nova Iguaçu.
Kyriakos Amiridis, marié et père d’une fille, est ambassadeur de Grèce au Brésil depuis cette année. Il avait déjà été en poste au Brésil entre 2001 et 2004, comme consul général à Rio de Janeiro.
Entre-temps, il avait notamment été ambassadeur de Grèce en Libye, de 2012 à 2016.
Joao Havelange, en 2010. L’ancien président de la FIFA (1974-1998) est mort mardi 16 août, à l’âge de 100 ans. ? Bruno Domingos / Reuters / REUTERSPrésident de la Fédération internationale de football (FIFA) durant un quart de siècle, de 1974 à 1998, le Brésilien Jean-Marie Faustin Goedefroid dit « Joao » Havelange est mort, mardi 16 août, dans sa ville natale de Rio de Janeiro, qui organise actuellement les Jeux olympiques. Agé de 100 ans, l’ex-empereur du ballon rond avait été hospitalisé, en novembre 2015, pour des problèmes respiratoires, puis en juillet, pour soigner une pneumonie.
Le destin de cet habile dirigeant au regard d’acier est intrinsèquement lié à l’expansion économique, aux turpitudes et autres scandales financiers de la FIFA, devenue, de son propre aveu, un « monstre » tentaculaire. Forte de 211 pays membres, l’organisation est notamment assise sur des réserves financières évaluées, en décembre 2015, à 1,34 milliard de dollars (1,19 milliard d’euros).
Légende noire
Fils d’un ingénieur belge arrivé au Brésil en 1913, Joao Havelange, né en 1916, foule les terrains de football avec le club carioca de Fluminense, dont il deviendra le président honoraire. Mais c’est surtout dans les bassins que le jeune homme se distingue. Il participe aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 comme nageur, puis à l’édition de 1952 à Helsinki en tant que joueur de l’équipe brésilienne de water-polo. De sa carrière de sportif, il tirera une santé de fer et une connaissance aiguë du microcosme des athlètes de haut niveau.
Diplômé en droit, le « docteur » Havelange devient, en 1948, directeur juridique à la Viacao Cometa, compagnie d’autobus qu’il dirigera durant cinq décennies, dont l’âge d’or coïncide avec la dictature militaire au Brésil (1964-1985). Dirigeant charismatique et homme d’argent, il a par ailleurs fondé Orwec, entreprise spécialisée dans les revêtements métalliques, et a siégé aux conseils d’administration de l’agence publicitaire MPM et de la compagnie d’assurance Atlantica Boavista. Ses liens troubles avec Castor de Andrade, parrain de la mafia à Rio, son train de vie fastueux et son luxueux appartement situé dans le quartier chic de Leblon alimentent notamment sa légende noire.
Président de la Confédération brésilienne de football (CBF) de 1958 à 1973, il voit la Seleçao de Pelé remporter trois Coupes du monde (1958, 1962, 1970) sous son mandat. Au congrès de la FIFA du 11 juin 1974, organisé à Francfort (Allemagne), il lorgne le trône de l’Anglais Stanley Rous, patron de l’instance depuis 1961. Il couvre alors les frais de déplacement de plusieurs fédérations votantes. Bénéficiant notamment du soutien des pays africains, asiatiques et sud-américains, il bat dans les urnes l’ex-arbitre britannique et prend le contrôle d’une organisation qui avait toujours été présidée par un Européen depuis sa fondation en 1904. L’une de ses premières mesures symboliques est d’exclure, en 1976, l’Afrique du Sud, alors plongée dans l’apartheid.
Durant son règne, Havelange arpente sans cesse le globe pour élargir les frontières du football, multipliant les programmes de développement en faveur des fédérations pauvres. « Lorsque je suis arrivé en 1974, la FIFA n’avait pas un sou dans les caisses, confiait le Brésilien au Monde, lors de son retrait des affaires, en 1998. C’était une vieille maison dont la politique économique manquait totalement de dynamisme. Avant d’être un amateur de football, je suis un administrateur. Administrer, c’est ne jamais manquer de ressources. »
« Un homme de fer »
Epaulé dès 1975 par le Suisse Joseph Sepp Blatter, directeur du développement de la FIFA puis zélé secrétaire général (1981-1998) de l’organisation, Havelange noue de juteux contrats avec les marques Adidas et Coca-Cola et réforme à tour de bras. Son long règne coïncide avec l’explosion des droits télévisés de la Coupe du monde et, par conséquent, des revenus de l’instance.
Joao Havelange, en 1996, entouré de Sepp Blatter (à gauche), qui est alors son bras droit à la tête de la FIFA, et de Nicolas Leoz (à droite), qui préside à l’époque la Confédération sud-américaine de football. STR / AFP
Le Brésilien crée notamment la Coupe du monde féminine, celles des moins de 20 ans et des moins de 17 ans, ainsi que la Coupe des confédérations. Il augmente (de seize à trente-deux) le nombre d’équipes qualifiées pour la phase finale du Mondial. Une expansion teintée de clientélisme qui conforte sa mainmise sur l’instance.
« Il faut faire du football un langage universel »
« C’est Monsieur Havelange, quand il m’a engagé, qui m’a dit : “Il faut faire du football un langage universel”. Parce qu’en 1975, on organisait du football seulement en Amérique du sud et en Europe. En Afrique très peu, en Asie très peu. Je me suis mis là-dedans et on a fait vraiment du football un langage universel », confiait Sepp Blatter au Monde, en décembre 2015.
Qualifié « d’autocrate » par ses adversaires, Havelange est réélu sans opposant à cinq reprises, se contentant de « consulter » son comité exécutif tout en verrouillant son royaume à triple tour. « Tout le monde tremblait devant son regard, son prestige et sa stature. C’était un grand seigneur, un soldat de son sport, c’est lui qui a fait la FIFA moderne et riche. C’était un homme de fer, du pouvoir total. Il a été l’architecte du maintien de son propre pouvoir », explique Guido Tognoni, ex-chef de presse de la FIFA (1984-1995) et ancien responsable du sponsoring.
A la séditieuse Union des associations européennes de football (UEFA) dirigée dès 1990 par le Suédois Lennart Johansson, il oppose sa vision universaliste du football et s’érige en défenseur des fédérations démunies tout en pourfendant « l’européo-centrisme ».
En 1996, il annonce qu’il quittera le pouvoir à l’issue du Mondial 1998, organisé en France. A 82 ans, il lègue un immense empire, laissant en caisse, de son propre aveu, « 4 milliards de dollars ». En juin 1998, c’est son lieutenant Sepp Blatter qui lui succède après avoir battu dans les urnes Lennart Johansson. « En 1994, Blatter a essayé de massacrer Havelange alors qu’il lui devait tout, se souvient Guido Tognoni. Havelange a alors promis aux présidents des Confédérations continentales d’élargir le Mondial à 32 équipes pour rester en place encore quatre ans. Et il ne pouvait pas se débarrasser de Blatter car ce dernier connaissait tous les secrets d’ISL. »
ISL comme InternationalSport and Leisure, la société chargée de revendre les droits marketing des Mondiaux de 1982 jusqu’à sa faillite, en 2001. Créée par Hörst Dassler, le fils du fondateur d’Adidas, la compagnie ISL a versé des commissions et autres pots-de-vin colossaux (105 millions d’euros) à plusieurs dignitaires de la FIFA, dont Havelange, alors que les montants des droits télévisés explosaient. Cette affaire a été toutefois classée sans suite, en 2010, par le parquet du canton de Zoug (Suisse). Ce dernier précisait alors que la « procédure a été arrêtée car les accusés ont accepté de payer les 5,5 millions de francs suisses fixés par le procureur au titre de compensation ».
En 2011, à 95 ans, Havelange démissionne du Comité international olympique (CIO), dont il était membre depuis 1963. Selon la BBC, le patriarche aurait touché, en 1997, 1 million de dollars de pots-de-vin via ISL. En 2013, le nonagénaire est accusé par le comité d’éthique de la FIFA d’avoir reçu d’ISL plusieurs dizaines de millions de dollars de pots-de-vin. Il quitte alors son poste de président honoraire de l’instance mondiale, démissionnant à l’instar de son gendre Ricardo Teixeira, membre du comité exécutif de la FIFA et ex-patron de la CBF (1989-2012).
C’est après le départ du Brésilien que les turpitudes d’un règne rongé par une corruption endémique transparaissent. « Depuis l’intronisation de Havelange, la FIFA a la culture de la corruption », résume Guido Tognoni. « En 1998, Havelange a transmis en héritage cette culture à Blatter », ajoute le Sud-Coréen Chung Mong-joon, ex-vice-président de la FIFA (1994-2011), lui-même suspendu cinq ans par le comité d’éthique de l’organisation.
« Comme Blatter, Havelange était un gangster, mais il avait beaucoup de style », sourit Guido Tognoni. « Tu as créé un monstre », a dit un jour le Brésilien à son successeur. Réélu pour un cinquième mandat en mai 2015, Blatter a, contrairement à son mentor, connu une chute tout aussi rapide que vertigineuse. Il a été suspendu huit ans, en décembre, par son comité d’éthique, à l’instar de son ancien allié Michel Platini. Tout comme le patron français de l’UEFA, le Suisse, 80 ans, a vu sa peine réduite à six ans par le comité des recours de la FIFA en vertu des « services qu’il a rendus » au football. Lui qui est par ailleurs accusé par son ancienne organisation de s’être enrichi après avoir partagé, de 2011 à 2015, 80 millions de dollars « d’augmentations de salaire annuel, des bonus liés aux Coupes du monde et d’autres avantages » avec son secrétaire général français Jérôme Valcke (suspendu dix ans) et son directeur financier Markus Kattner.
Héritage douloureux au Brésil
L’Helvète doit être auditionné le 25 août, par le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne, qui avait réduit en mai la suspension de Platini de six à quatre ans. Le 2 juin 2015, Blatter avait annoncé son abdication prochaine après que le FBI avait inculpé plusieurs dirigeants de la FIFA, accusés d’avoir touché 150 millions de dollars de dessous-de-table depuis 1991 et les dernières années du règne de Joao Havelange.
L’héritage de l’ex-patron brésilien de la FIFA est encore plus douloureux dans son pays natal. Ricardo Teixeira, José Maria Marin, président de la CBF de 2012 à 2015, et son successeur Marco Polo Del Nero : tous les dauphins et proches du « Docteur » ont été récemment inculpés par la justice américaine.
Désireuse d’enterrer un passé sensible et controversé, la FIFA avait préféré ne pas organiser de cérémonie officielle, le 8 mai, pour le centième anniversaire de son ex-monarque. Ce dernier avait toutefois reçu, à Rio, la visite de son ancien collaborateur Walter Gagg, directeur de l’instance et doyen de ses salariés. L’ex-assistante du « Docteur » Havelange, Marie-Madeleine Urlacher, a elle aussi fait le déplacement jusqu’au Brésil. Elu le 26 février à la présidence de l’organisation, le Suisso-Italien Gianni Infantino n’avait ainsi pas directement rendu hommage à son lointain prédécesseur. « Joao Havelange fait partie de l’histoire de la FIFA, soufflait-on alors en interne au Monde. Le président Infantino n’a pas travaillé avec lui, comme la majorité des actuels salariés de la FIFA. Havelange, c’était une certaine époque… »
En 2009, lors de la désignation de Rio comme ville hôte des Jeux olympiques d’été de 2016, il avait invité tous les membres du CIO à « venir y fêter » son centième anniversaire. Diminué, le patriarche n’avait pu assister à la cérémonie d’ouverture des JO, le 5 août dans sa cité natale. Prévu pour accueillir les épreuves d’athlétisme et de football, le Stade Joao Havelange avait sobrement été rebaptisé « Stade olympique » durant la compétition.
Rio de Janeiro – A cinq jours des jeux Olympiques, des milliers de personnes ont manifesté dimanche dans plusieurs villes du Brésil pour réclamer le départ définitif de la présidente Dilma Rousseff, soutenue ici ou là par des groupes plus petits.
A Rio de Janeiro, environ 4.000 personnes ont défilé sur le boulevard longeant la célèbre plage de Copacabana, en plein contraste avec l’image de carte postale que cette métropole veut donner à l’approche des Jeux qu’elle accueille, a constaté un journaliste de l’AFP.
Des haut-parleurs montés sur des camions diffusaient l’hymne national et de la samba, derrière une pancarte sur laquelle on pouvait lire Dilma dehors et la prison pour Lula, son prédécesseur à la présidence, actuellement inculpé dans le cadre de l’enquête sur un scandale de corruption qui touche le géant pétrolier Petrobras.
Dans la capitale Brasilia, quelque 3.000 personnes ont manifesté contre la présidente devant le Congrès, selon la police.
A Sao Paulo, la plus grande agglomération du pays, des milliers de personnes se sont rassemblées sur l’avenue Paulista, dans le centre-ville, pour demander la destitution définitive de Mme Rousseff et la prison pour Lula.
D’autres manifestations contre la présidente ont également réuni des milliers de personnes dans des villes comme Recife et Salvador (nord-est) et Belo Horizonte (sud-est), ont dit leurs organisateurs.
Des rassemblements plus petits contre son adversaire, le président par intérim Michel Temer, ont parallèlement eu lieu dans plusieurs agglomérations brésiliennes, à l’appel d’une organisation baptisée Le Front du peuple sans peur.
Mme Rousseff, visée par des accusations de falsification des comptes publics, est sous le coup d’une procédure de destitution qui pourrait aboutir en septembre.
Elle se dit victime d’un coup d’Etat parlementaire ourdi par le vice-président Temer. Si elle est définitivement écartée du pouvoir, c’est lui qui la remplacera jusqu’à la fin de son mandat, en 2018.
Conférence de presse des enquêteurs sur le viol de l’adolescente, vendredi 27 mai. RICARDO MORAES / REUTERSElle était encore une adolescente de 16 ans quand elle est venue, ce samedi 21 mai, retrouver son petit ami, « Pedrao » dans une favela de la zone ouest de Rio de janeiro. Quelques heures plus tard, « Mina » (mine) comme la décrit atrocement l’un de ses agresseurs, n’était définitivement plus une enfant. Cette nuit-là, la jeune Brésilienne fut droguée, violée et violentée. La police tente de mettre la main sur trente-trois suspects. Oui, trente-trois. Quatre ont été arrêtés.
Au sordide s’est ajoutée la bestialité quand les violeurs ont posté, mardi, une vidéo de la victime, nue et endormie (ou inconsciente) se vantant, entre deux éclats de rires, d’avoir été « plus de trente » à l’agresser. « Plus de trente » à avoir« creusé un tunnel dans la mine », a tweeté un certain @michelbrazil7, activement recherché et dont le compte Twitter a été fermé.
Choqué, le Brésil est en émoi. Le crime est relayé par la presse internationale. Déjà, le Times of India, y voit une version brésilienne du « cas Nirbhaya », l’affaire de cette jeune étudiante indienne décédée en 2012 suite à un viol collectif.
Un autre cas similaire dans l’Etat du Piaui
Le Brésil n’est pas l’Inde. Mais il s’est réveillé mercredi avec un profond sentiment de malaise. Selon l’annuaire brésilien de sécurité publique, 47 646 viols ont été recensés en 2014 : 5 par heures, un toutes les 11 minutes. Un chiffre sans doute bien en deçà de la réalité. Selon l’Institut de recherche économique appliquée (IPEA) seuls 10 % des cas de viols seraient notifiés à la police. L’institut estime ainsi que 527 000 personnes sont violées chaque année au Brésil, parmi elle 89 % de femmes dont 70 % d’enfants et d’adolescentes.
Vendredi, la presse se faisait l’écho d’un autre cas similaire : une jeune femme de 17 ans, victime d’un viol collectif dans l’Etat du Piaui, par cinq jeunes, âgés de 15 à 18 ans. Là encore, la jeune femme était inconsciente, saoulée. La police a identifié quatre mineurs suspects, qui nient les faits, mais admettent avoir vu l’homme de 18 ans avoir une relation sexuelle avec la victime. « Tous trouvaient normal de voir un homme majeur avoir une relation sexuelle avec une jeune femme endormie », a commenté au journal Folha de Sao Paulo l’un des enquêteurs, visiblement atterré.
L’organisation des Nations unie pour les femmes au Brésil, ONU mulheres, a manifesté son soutien, jeudi, aux victimes de ces crimes « barbares » et prémédités, appelant à une réaction des autorités et soulignant que l’exposition des méfaits auprès du public était une atteinte à la dignité de la personne.
Très vite, la présidente Dilma Rousseff, éloignée du pouvoir suite à l’ouverture d’une procédure d’« impeachment » (destitution) à son encontre, a elle aussi fait part sur Twitter de son effroi appelant, jeudi, « à combattre, dénoncer et punir », cette « barbarie ».
Il aura fallu 24 heures de plus et une vague d’indignation sur les réseaux sociaux pour que son suppléant, Michel Temer, réagisse à son tour et affirme rejeter« avec la plus grande véhémence le viol de l’adolescente de Rio de Janeiro. Il est insensé qu’en plein XXIe siècle l’on doive cohabiter avec des crimes d’une telle barbarie ». Pris de court, l’ancien coéquipier de Dilma Rousseff a promis de créer un département au sein de la police fédérale pour gérer spécifiquement des violences faites aux femmes.
La proposition fait ricaner les féministes. « Je ne crois pas qu’un gouvernement qui a supprimé le ministère de la femme soit réellement préoccupé par cette question », raille Cynara Menezes auteure du blog Socialista morena. Michel Temer s’était déjà attiré les foudres des défenseurs de la cause féminine en nommant le 12 mai un gouvernement exclusivement masculin.
Le viol de Rio fera-t-il changer les esprits ? Mme Menezes en doute. « Il règne une “culture du viol” au Brésil », se désole-t-elle comme nombre d’internautes. « A chaque cas d’agression, quelqu’un vient souligner que la femme portait une jupe courte, qu’elle aime le “baile funk” [les soirées de la jeunesse dans les favelas] ou consomme de la drogue. Au Brésil, on entend souvent dire que les femmes, les Indiens, les Noirs “se victimisent” », s’agace-t-elle.
Selon une enquête de l’Ipea datée de 2014, 26 % des personnes interrogées considéraient que les femmes portant des vêtements laissant voir le corps méritent d’être attaquées. 65,1 % pensaient aussi qu’une femme agressée par son partenaire qui reste, malgré tout avec lui, aime être frappée.
De nouvelles manifestations visant à protester contre les dépenses publiques engagées dans l’organisation du Mondial 2014 ont été convoquées jeudi, jour du match d’ouverture. Elles sont prévues dans neuf des douze villes hôtes de la compétition.
Si ces rassemblements devraient être limités, considérant la faible participation constatée lors de récentes manifestations similaires, des perturbations et des débordements provoqués par des éléments radicaux sont à craindre.
A Sao Paulo, où aura lieu la cérémonie d’ouverture et le match inaugural Brésil-Croatie, plusieurs manifestations sont prévues dès la matinée à divers points de la ville.
Un rassemblement est notamment programmé près de la station de métro Carrao, sur le trajet qui mène à Itaquera, le quartier du stade Arena Corinthians. Si les manifestants marchent vers le stade, ils pourraient bloquer l’avenue Radial Leste, une importante voie d’accès à cette banlieue populaire.
Sur le site de l’organisation « Nao vai ter Copa! » (« Il n’y aura pas de Coupe! »), la plus active, 9100 internautes ont déjà confirmé leur présence. Cependant, lors des dernières manifestations de ce mouvement, le nombre de participants était bien inférieur au nombre d’inscrits.
Une grève pour une autre
D’autres mouvements, comme le syndicat ouvrier « Conlutas », avaient prévu de manifester avec des employés du métro de Sao Paulo. Ces derniers ont toutefois décidé mercredi soir de ne pas reconduire leur grève de cinq jours suspendue lundi.
L’intersyndicale du personnel au sol des trois aéroports de Rio de Janeiro a pour sa part annoncé le lancement d’une grève de 24 heures qui concernera 20% du personnel à partir de mercredi soir à minuit. L’intersyndicale Simarj revendique des augmentations de salaire et l’amélioration des conditions de travail de ses adhérents.
Toujours à Sao Paulo, le mouvement des « Sans Toit » (MTST), qui revendique la construction de logements sociaux, a décidé d’organiser sa « Coupe du Peuple » puisque « la Fifa a exclu de son grandiose événement la plus grande partie de la population du pays ». L’événement commencera à 09h00 locales (14h00 heure suisse) avec diverses activités à moins de 3 km du stade.
A Rio, Belo Horizonte, Brasilia, Salvador, Recife, Fortaleza, Curitiba et Porto Alegre, d’autres manifestations « anti-Mondial » de moindre importance sont également prévues.