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L’arrestation d’Aung San Suu Kyi réjouit les Rohingyas des camps du Bangladesh

février 1, 2021

Les musulmans rohingyas ayant fui la Birmanie pour le Bangladesh à cause d’une sanglante campagne de répression militaire il y a trois ans se réjouissaient de l’arrestation lundi 1er février par l’armée birmane d’Aung San Suu Kyi.

Quelque 740.000 Rohingyas, minorité persécutée en Birmanie à majorité bouddhiste, ont fui l’État birman de Rakhine après des attaques les visant en 2017, menées par l’armée birmane et des milices bouddhistes et qualifiées de génocide par des enquêteurs de l’ONU. Renversée lundi par un putsch militaire, Aung San Suu Kyi était la cheffe de facto du gouvernement à l’époque et a défendu l’armée birmane lors d’auditions devant la Cour pénale internationale en 2019 sur les atrocités subies par les Rohingyas, dont des viols et des meurtres.

La nouvelle de son arrestation s’est répandue rapidement lundi dans les camps de réfugiés surpeuplés du Bangladesh, où vivent aujourd’hui un million de Rohingyas. «Elle est la raison de toutes nos souffrances. Pourquoi ne devrions-nous pas nous réjouir?», a déclaré un chef communautaire, Farid Ullah, à Kutupalong, le plus grand camp de réfugiés au monde. Pour Mohammad Yusuf, un responsable du camp voisin de Balukhali, «elle était notre ultime espoir, mais elle a ignoré notre détresse et soutenu le génocide contre les Rohingyas».

Certains Rohingyas ont organisé des prières spéciales pour saluer la «justice» ayant frappé la lauréate du prix Nobel de la paix, selon Mirza Ghalib, un réfugié du camp de Nayapara. «Si les autorités du camp l’avaient autorisé, vous auriez vu des milliers de Rohingyas défiler pour faire la fête», a-t-il assuré. Maung Kyaw Miun, porte-parole de l’influent Syndicat des étudiants rohingyas, a estimé qu’il y avait aujourd’hui plus d’espoir que sa minorité puisse un jour regagner ses villages en Birmanie. «Contrairement à un gouvernement élu, ce gouvernement militaire va avoir besoin de soutien international pour tenir. Donc nous espérons qu’ils vont se pencher sur le problème des Rohingyas pour alléger la pression internationale», a-t-il expliqué.

Les autorités du Bangladesh ont indiqué qu’elles «surveillaient» la frontière de 270 km avec la Birmanie, en cas de nouvel afflux de réfugiés rohingyas. Dans un communiqué, Dacca a appelé à rétablir «le processus démocratique» en Birmanie.

Par Le Figaro avec AFP

Crise des Rohingyas: le chef de la diplomatie britannique en Birmanie

septembre 20, 2018

Naypyidaw (Birmanie) – Le chef de la diplomatie britannique, en visite en Birmanie, a rencontré jeudi son homologue birmane Aung San Suu Kyi, isolée sur la scène internationale en raison de son silence sur la crise des musulmans rohingyas, qualifiée de « génocide » par l’ONU.

« C’est un très grand moment dans l’histoire de la Birmanie. Le monde regarde (ce pays) pour voir si la justice peut être rendue après que des choses vraiment épouvantables se soient produites », a déclaré à l’AFP Jeremy Hunt à l’issue de la rencontre.

« La communauté internationale ne laissera pas les choses en l’état. Si nous voyons que rien ne se passe, nous utiliserons tous les outils à notre disposition pour nous assurer que justice soit rendue », a-t-il ajouté, évoquant une résolution devant le Conseil de sécurité comme « une des options » sur la table.

Dans leur rapport final rendu mardi, les enquêteurs de l’ONU appellent le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale par le biais d’une résolution ou à créer un tribunal international ad hoc, comme pour le Rwanda ou l’ex-Yougoslavie.

Mais la probabilité d’une résolution sur le « génocide » rohingya est faible, la Chine et la Russie risquant d’y opposer leur veto.

Plus tôt dans la journée, Jeremy Hunt s’est rendu en Etat Rakhine, région du nord-ouest de la Birmanie d’où en 2017 plus de 700.000 Rohingyas ont fui au Bangladesh les exactions de l’armée birmane, décrivant des viols, des exécutions extrajudiciaires et des villages incendiés.

Leur retour en Birmanie est « la prochaine étape essentielle », a souligné le chef de la diplomatie britannique.

Un accord de rapatriement a été signé entre la Birmanie et le Bangladesh fin 2017, mais dix mois plus tard le processus est au point mort, les deux pays se rejetant mutuellement la faute. Les réfugiés rohingyas refusent, quant à eux, de revenir jusqu’à ce que leur sécurité et leurs droits soient garantis.

Quant aux deux reporters de Reuters condamnés récemment à sept ans de prison alors qu’ils enquêtaient sur des exactions commises contre les Rohingyas, Aung San Suu Kyi va « se pencher sur la question », d’après Jeremy Hunt.

Alors que la prix Nobel de la Paix garde un statut d’idole en Birmanie, cette affaire a écorné encore un peu plus son image à l’international car elle n’est pas intervenue en faveur des deux hommes, justifiant même leur condamnation.

Fin août, quelques jours avant le verdict, l’ex-Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, l’avait accusée d’être devenue « la porte-parole des militaires birmans ».

Mardi, un ancien commentateur politique, proche de la junte birmane, a été condamné à sept ans de prison pour avoir critiqué sur Facebook Aung San Suu Kyi.

Romandie.com avec(©AFP / 20 septembre 2018 12h47)                                                        

Birmanie: deux journalistes de Reuters condamnés à sept ans de prison

septembre 3, 2018

/ © AFP / Ye Aung THU

Deux reporters de Reuters accusés d’ »atteinte au secret d’Etat » pour avoir enquêté sur un massacre de musulmans rohingyas par l’armée en Birmanie ont été condamnés lundi à sept ans de prison, au terme d’un procès qui a entaché un peu plus l’image de la prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi.

« Ayant tous deux porté atteinte au secret d’Etat, ils sont condamnés à sept ans de prison chacun », a déclaré le juge Ye Lwin, devant une salle d’audience pleine à craquer de journalistes et diplomates.

« Nous continuons à demander leur libération », a réagi Knut Ostby, le représentant de l’ONU en Birmanie, peu après l’énoncé du verdict.

L’Union européenne a aussi appelé à leur « libération immédiate et inconditionnelle ».

« Nous demandons la libération immédiate des journalistes », a déclaré Mark Field, le secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères, chargé de l’Asie. « C’est un jour sombre pour la Birmanie », a-t-il estimé.

La France a « déploré » cette condamnation, la qualifiant de « sérieuse atteinte à la liberté de la presse et à l’État de droit » en Birmanie.

Le journaliste birman Wa Lone (c) escorté par des policiers après son procès à Rangoun, le 4 avril 2018 / © AFP/Archives / SAI AUNG MAIN

Wa Lone, 32 ans, et Kyaw Soe Oo, 28 ans, en détention préventive depuis décembre 2017, risquaient une peine de 14 ans de prison au terme de ce procès très controversé, dans un pays où l’indépendance de la justice est sujette à caution.

« Le gouvernement peut bien nous emprisonner… mais ne fermez pas les yeux et les oreilles du peuple », a lancé Kyaw Soe Oo à la foule de journalistes présents devant le tribunal, avant d’être poussé à bord d’un fourgon, en direction de la prison. Sa femme s’était effondrée en larmes à l’énoncé du verdict.

Cette condamnation est un coup dur pour la liberté de la presse, malmenée en Birmanie malgré les espoirs suscités par l’arrivée au pouvoir d’Aung san Suu Kyi en 2016.

Outre celles de l’ONU, de l’UE et de Londres et Paris, les réactions internationales ne se sont pas fait attendre.

L’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF) « condamne avec la plus grande fermeté cette décision qui vient clore une instruction fantoche » en Birmanie, classée 137ème sur 180 pays dans le classement mondial de RSF.

Le journaliste birman Kyaw Soe Oo au tribunal de Rangoun, le 9 juillet 2018 / © AFP / STR

« Ce verdict est clairement destiné à intimider d’autres journalistes birmans. C’est une façon pour les militaires et le gouvernement de dire que si vous enquêtez sur certaines choses qui sont sensibles dans notre pays, nous allons vous poursuivre », a réagi Phil Robertson, de l’ONG Human Rights Watch, interrogé par l’AFP à Bangkok.

Les deux reporters birmans de l’agence de presse sont accusés de s’être procuré des documents relatifs aux opérations des forces de sécurité birmanes dans l’Etat Rakhine, région du nord-ouest de la Birmanie, théâtre du drame rohingya.

Ils enquêtaient sur un massacre de membres de la minorité musulmane dans le village de Inn Dinn. Quelques jours après leur arrestation, l’armée a reconnu que des soldats et des villageois bouddhistes avaient tué de sang-froid des captifs rohingya le 2 septembre 2017, et sept militaires ont été condamnés à dix ans de prison pour ce massacre.

– Contexte de grande tension –

Ce verdict intervient dans un contexte de grande tension entre la Birmanie et la communauté internationale: lundi dernier, des enquêteurs de l’ONU ont publié un rapport évoquant un « génocide » des Rohingyas et accusant directement l’armée, mais aussi le silence d’Aung San Suu Kyi, à la tête du gouvernement civil depuis 2016.

Birmanie: « Nous n’avons commis aucun crime », assure un reporter / © REUTERS/AFP / –

Et mardi, la question de la poursuite des militaires birmans devant la justice internationale a été débattue au Conseil de sécurité de l’ONU.

Samedi, à Rangoun, une centaine de manifestants ont réclamé la libération des deux reporters, au nom de la liberté de la presse.

En 2017, plus de 700.000 Rohingyas ont fui vers le Bangladesh, face aux violences commises par les forces armées birmanes et des milices bouddhistes, une répression qualifiée par l’ONU de « nettoyage ethnique », et même désormais de « génocide ».

Le verdict était suivi de près par la communauté internationale, qui avait multiplié les appels à libérer les deux reporters, de Bruxelles à Washington.

En dépit des pressions, la justice a toujours maintenu les poursuites. Si les documents que détenaient les journalistes « s’étaient retrouvés entre les mains de terroristes, ces derniers auraient pu fomenter plus facilement de nouvelles attaques », avait assuré le 20 août le procureur Kyaw Min Aung dans ses réquisitions.

Romandie.com avec(©AFP / (03 septembre 2018 15h11)

Le chef de l’armée birmane doit être poursuivi pour « génocide », selon l’ONU

août 27, 2018

Marzuki Darusman, responsable de l’enquête de l’ONU sur la Birmanie, le 27 août à Genève / © AFP / Fabrice COFFRINI

Des enquêteurs de l’ONU ont demandé lundi la démission du chef de l’armée birmane et sa traduction devant la justice internationale pour « génocide », « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre » à l’encontre des musulmans rohingyas.

De son côté, Facebook, critiqué par les enquêteurs de l’ONU pour avoir permis que des discours haineux se propagent, a annoncé avoir fermé la page du commandant suprême de l’armée, le général Min Aung Hlaing, pour « violations des droits de l’homme ».

En 2017, plus de 700.000 musulmans rohingyas ont fui vers le Bangladesh après une offensive de l’armée birmane lancée en représailles d’attaques de postes-frontières par des rebelles rohingyas. Cette répression a été qualifiée par l’ONU de « nettoyage ethnique », une accusation rejetée par les autorités birmanes.

La Mission d’établissement des faits de l’ONU sur la Birmanie, créée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en mars 2017, a estimé lundi que « les principaux généraux de Birmanie, y compris le commandant en chef Min Aung Hlaing, doivent faire l’objet d’enquêtes et de poursuites pour génocide dans le nord de l’Etat Rakhine, ainsi que pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre dans les Etats Rakhine, Kachin et Shan ».

Dans un rapport, la mission onusienne demande au Conseil de sécurité de faire appel à la Cour pénale internationale ou d’établir un tribunal international ad hoc et appelle à des sanctions ciblées contre les auteurs de crimes et à un embargo sur les armes.

Si le Conseil de sécurité de l’ONU a plusieurs fois appelé la Birmanie à l’arrêt des opérations militaires et au retour en toute sécurité des Rohingyas, ses initiatives restent entravées par la Chine, premier soutien de la Birmanie et membre permanent du Conseil, disposant donc d’un droit de veto.

Le commandant en chef de l’armée birmane Min Aung Hlaing, à Yangoun, le 19 juillet 2018 / © AFP/Archives / YE AUNG THU

« Les Rohingyas sont dans une situation continue d’oppression sévère, systémique et institutionnalisée de la naissance à la mort », a déclaré le président de la mission de l’ONU, l’Indonésien Marzuki Darusman, en conférence de presse, appelant le chef de l’armée birmane à démissionner « immédiatement ».

« Nous avons examiné la période depuis 2011. Les violations identifiées au cours de cette période font partie d’une conduite militaire abusive qui date depuis au moins un demi-siècle », a ajouté pour sa part l’enquêteur australien Christopher Sidoti.

Selon leur rapport, « il existe suffisamment d’informations pour justifier (…) la poursuite des hauts responsables de la chaîne de commandement » de l’armée birmane.

– Aung San Suu Kyi –

D’après les enquêteurs de l’ONU, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, « n’a pas utilisé sa position de facto de chef du gouvernement, ni son autorité morale, pour contrer ou empêcher le déroulement des événements dans l’Etat Rakhine ».

Crise des Rohingyas,un an d’images / © AFP / John SAEKI

« Par leurs actes et leurs omissions, les autorités civiles ont contribué à la commission de crimes atroces », ont-ils estimé.

Ceux-ci ont néanmoins fait valoir que les autorités civiles avaient « peu de marge de manoeuvre » pour contrôler les actions de l’armée et que « rien n’indique non plus qu’elles ont participé directement à la planification ou à la mise en oeuvre d’opérations de sécurité ou qu’elles faisaient partie de la structure de commandement ».

La mission de l’ONU, qui n’a pas été autorisée à se rendre en Birmanie, a interrogé 875 victimes et témoins et s’est aussi servie d’images satellite.

Selon le rapport, « les crimes commis dans l’Etat Rakhine, et la manière dont ils ont été perpétrés, sont de nature, de gravité et de portée similaires à ceux qui ont permis d’établir l’intention génocidaire dans d’autres contextes ».

– Facebook –

Le chef de l’armée birmane doit être poursuivi pour « génocide » / © AFP / Eloi Rouyer, Corinne Taeger, Equipes AFPTV

Le rapport détaille une longue liste de crimes contre l’humanité qui auraient été commis à l’encontre des Rohingyas dans l’Etat Rakhine et contre d’autres minorités ethniques dans les Etats Kachin et Shan: assassinat, emprisonnement, disparition, torture, viol, esclavage sexuel, persécution et asservissement. Les experts évoquent également « l’extermination et la déportation », deux autres crimes contre l’humanité, dans l’Etat Rakhine.

Les « tactiques » de l’armée birmane sont « systématiquement et excessivement disproportionnées par rapport aux menaces réelles à la sécurité, en particulier dans l’Etat Rakhine, mais aussi dans le nord de la Birmanie », selon le rapport.

Outre les chefs de l’armée, la mission de l’ONU a dressé une liste confidentielle plus longue d’individus présumés coupables pour que les tribunaux puissent s’en emparer.

Les enquêteurs ont également accusé la police et des groupes armés d’avoir participé aux violences.

Concernant Facebook, ils ont pointé son rôle comme « instrument utile pour ceux qui cherchent à répandre la haine ».

« Bien qu’elle se soit améliorée au cours des derniers mois, la réponse de Facebook a été lente et inefficace », pointe le rapport.

Peu après la publication du document de l’ONU, Facebook a annoncé qu’il « interdisait de Facebook 20 personnes et organisations birmanes », y compris le chef de l’armée et l’importante chaîne de télévision militaire Myawady.

Romandie.com avec(©AFP / (27 août 2018 17h37)

La Birmanie a planifié les attaques contre les Rohingyas, selon l’ONU

décembre 18, 2017

Des réfugiés Rohingyas installés dans un camp au Bangladesh, le 25 septembre 2017 après avoir fui la Birmanie / © AFP / DOMINIQUE FAGET

La Birmanie a clairement « planifié » les attaques violentes visant la minorité musulmane des Rohingyas, provoquant un exode massif dans ce qui apparaît un possible « génocide », a déclaré lundi à l’AFP le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.

« Pour nous, c’était clair (…) que ces opérations avaient été organisées et planifiées », a dit Zeid Ra’ad Al Hussein dans une interview, à propos de la répression qui a tué plusieurs milliers de personnes et contraint plus de 655.000 Rohingyas à trouver refuge au Bangladesh voisin depuis août. « Vous ne pouvez pas exclure la possibilité d’actes de génocide, » a-t-il dit.

Romandie.cm avec (©AFP / 18 décembre 2017 18h36)                

Birmanie: 6.700 Rohingyas tués en Birmanie le premier mois des violences

décembre 14, 2017

Des réfugiés rohingyas au camp de Naybara, le 3 décembre 2017 à Cox’s Bazar, au Bangladesh / © AFP/Archives / Ed JONES

Au moins 6.700 Rohingyas ont été tués entre fin août et fin septembre au cours d’une opération de l’armée birmane, selon une estimation publiée jeudi par Médecins sans frontières (MSF), qui estime que le bilan réel pourrait être encore plus lourd.

Les chiffres de MSF ne couvrent que le premier mois des violences, mais l’exode se poursuit encore aujourd’hui. Et les personnes qui fuient « disent avoir subi des violences ces dernières semaines », a souligné MSF.

Les Nations unies n’ont jusqu’ici jamais publié de chiffres sur le nombre de tués.

« Les études montrent qu’au moins 71,7% des décès sont dus à la violence, y compris parmi les enfants de moins de cinq ans. Cela représente au moins 6.700 personnes, dont 730 enfants », a écrit MSF, qui a interrogé plus de 11.000 réfugiés au Bangladesh pour parvenir à cette estimation.

Et pour le Dr Sidney Wong de MSF, « le nombre de décès est vraisemblablement sous-estimé », car « l’ampleur et la nature des violences mises au jour sont effroyables ».

« Nous avons entendu des personnes raconter que des familles entières avaient péri après que les forces armées les ont enfermées dans leurs maisons avant d’y mettre le feu », a-t-il affirmé.

Selon les milliers d’entretiens menés par MSF pour tenter d’évaluer l’ampleur du drame, 69% des victimes ont été tuées par balles, 9% ont péri de brûlures et 5% de passages à tabac.

« Presque chaque famille rohingya a eu un ou plusieurs de ses membres tués dans les violences », a indiqué à l’AFP Mohammad Zubir, enseignant rohingya réfugié depuis 25 ans au Bangladesh, qui joue un rôle de dirigeant dans la communauté locale.

Les violences ont poussé environ 647.000 Rohingyas à fuir au Bangladesh voisin soit plus de la moitié de cette communauté musulmane vivant principalement dans l’Etat Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie, pays très majoritairement bouddhiste.

« Je ne vois pas 600.000 personnes fuir leurs maisons et leurs rizières sans bonnes raisons », a argumenté Karline Kleijen, de MSF.

L’ONG, comme la plupart des acteurs humanitaires et des journalistes, n’a pas accès à la zone de conflit, tenue par l’armée. Ses programmes y sont au point mort.

Comme le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, MSF réclame l’ouverture d’une enquête internationale et la réouverture de la zone.

Le même jour que la publication du rapport de MSF, hasard du calendrier, le Parlement européen a approuvé une résolution sur la Birmanie appelant les pays de l’Union européenne à imposer « de toute urgence des sanctions punitives ciblées à l’encontre d’individus dans l’armée ».

– ‘Apartheid’ –

Jusqu’ici, l’armée birmane, qui nie toute représailles contre les civils, avait évoqué un bilan de moins de 400 morts, tous des « terroristes » rohingyas.

Des attaques rebelles contre des postes de police en août avaient déclenché la répression de l’armée, accusée d’incendier des villages et de s’en prendre aux civils.

Les chiffres de MSF contredisent en tout point l’armée birmane, qui a rendu mi-novembre les conclusions de son enquête interne.

« Les soldats n’ont pas commis de violences sexuelles ni tué des civils. Ils n’ont pas arrêté, battu ou tué de villageois », affirmait le rapport sur la base de plus de 2.800 témoignages de villageois musulmans.

L’armée a seulement confirmé avoir tiré sur une foule de Rohingyas qui les attaquaient, affirmant avoir agi en état de légitime défense.

Pour Richard Horsey, analyste indépendant basé en Birmanie, le bilan de MSF est « choquant » et devrait « inévitablement pousser la communauté internationale à s’intéresser de nouveau à la question des responsabilités ».

Les violences dans l’Etat Rakhine ont débuté par des attaques de postes de police par la rébellion rohingya de l’ARSA, qui dénonce les mauvais traitements subis par cette minorité.

Ils représentent la plus grande population apatride du monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous le régime militaire.

Victimes de discriminations, ils n’ont pas de papiers d’identité, ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Et ils n’ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux. Amnesty international a récemment évoqué une situation d' »apartheid ».

Dans ces circonstances, MSF estime que le récent accord entre les gouvernements du Bangladesh et de la Birmanie sur le rapatriement des Rohingyas « apparaît prématuré ».

Côté Bangladesh, dans les immenses camps insalubres de réfugiés, les autorités et les ONG parviennent difficilement à nourrir et soigner tout le monde. Mardi, le Bangladesh a lancé une campagne de vaccination contre la diphtérie, maladie qui aurait causé la mort de neuf réfugiés et en aurait infecté 700 autres.

Romandie.com avec(©AFP / 14 décembre 2017 14h31)                

Le pape François dit avoir « pleuré » en rencontrant les Rohingyas

décembre 2, 2017

Le Pape François au cours d’une conférence de presse dans l’avion de retour de son voyage en Asie vers le Vatican, le 02 décembre 2017 / © AFP / Vincenzo PINTO

Le pape François a confié samedi avoir « pleuré » en écoutant la veille à Dacca seize réfugiés musulmans rohingyas, et révélé que les rencontrer avait été « une condition » à son déplacement en Birmanie et au Bangladesh.

« Je savais que je rencontrerais les Rohingyas, mais je ne savais pas où et comment, c’était la condition du voyage pour moi », a-t-il spécifié aux journalistes dans l’avion qui le ramenait à Rome après six jours de voyage.

Il a rendu un hommage appuyé au gouvernement du Bangladesh qui a permis aux réfugiés de venir à sa rencontre à Dacca, depuis leur camp du sud du pays. « Ce que fait le Bangladesh pour eux est énorme, un exemple d’accueil », a loué le pape.

Les réfugiés, « effrayés », ont formé une file indienne pour venir lui parler vendredi à l’issue d’une rencontre interreligieuse.

« Je pleurais, je cherchais à faire en sorte que cela ne se voit pas », a confié le pape. « Ils pleuraient aussi ».

« Je me suis dis, +je ne peux pas les laisser partir sans leur dire un mot+ », a raconté François qui a pris le micro pour leur demander « pardon » au nom de leurs persécuteurs.

François a précisé qu’une visite dans le plus grand camp de réfugiés au monde, où se trouvent 900.000 Rohingyas ayant fui la Birmanie, lui « aurait plu ».

« Les choses ont été étudiées et ça n’a pas été possible, pour plusieurs facteurs, le temps, également la distance. Mais le camp de réfugiés est venu avec des représentants ».

– Faire passer des messages –

Il a aussi répondu à tous ceux qui se sont étonnés de sa grande prudence verbale en Birmanie, où il n’a jamais évoqué directement la minorité musulmane apatride et a évité de l’appeler par son nom, prohibé dans ce pays bouddhiste.

« Si j’avais prononcé ce mot dans un discours officiel, j’aurais +claqué la porte au nez+ » des Birmans, à l’instar de jeunes en pleine crise d’adolescence, a-t-il dit.

« On savait déjà ce que je pensais », a-t-il noté, rappelant qu’il s’est publiquement exprimé à plusieurs reprises sur leur sort depuis la place Saint-Pierre.

« Pour moi, la chose la plus importante est que le message arrive », a-t-il insisté.

« Disons que je n’ai pas eu le plaisir de claquer la porte au nez, en proférant une accusation publique, mais j’ai eu la satisfaction de dialoguer, de faire parler l’autre », a-t-il décrit à propos de sa tactique diplomatique.

Le pape, « très satisfait » de ses entretiens en Birmanie, a laissé entendre qu’il avait exprimé son opinion beaucoup plus clairement en privé.

A propos de sa rencontre lundi à Rangoun avec le chef de l’armée birmane, le général Min Aung Hlaing, François a évoqué « une belle conversation » au cours de laquelle il a fait passer des messages.

Le puissant général avait avancé cette rencontre, donnant l’impression de griller la politesse à la dirigeante du gouvernement civil Aung San Suu Kyi qui l’a reçu le lendemain à Naypyidaw, la capitale administrative. « Il devait aller en Chine », a expliqué le pape, féru de « dialogue » et peu intéressé par le protocole.

L’ONU accuse les militaires birmans de mener une « épuration ethnique » contre les Rohingyas, qui sont 620.000 à avoir quitté leurs villages de l’Etat Rahkine ces trois derniers mois.

François, qui avait initialement pensé faire un voyage couplé avec l’Inde, n’a pas exclu de s’y rendre en 2018 (« si je suis encore en vie »).

En revanche un voyage en Chine « n’est pas en préparation », même si cela lui « plairait tellement ».

A propos des difficiles négociations de rapprochement en cours (les évêques nommés par le Vatican ne sont pas reconnus par Pékin), il a fait l’éloge de la lenteur, préconisant d’aller « pas à pas, avec délicatesse ».

Romandie.com avec(©AFP / 03 décembre 2017 02h17)                

Le pape prononce le mot  » Rohingya » après une rencontre avec des réfugiés à Dacca

décembre 1, 2017

Le pape François (d) auprès de réfugiés rohingyas, le 1er décembre 2017 à Dacca / © AFP / Vincenzo PINTO

Le pape François a utilisé vendredi pour la première fois de son voyage en Asie le mot « Rohingya », suite à une rencontre au Bangladesh avec seize de ces réfugiés chassés de Birmanie.

« La présence de Dieu aujourd’hui s’appelle aussi Rohingya », a déclaré publiquement le pape, à l’issue de cette rencontre.

D’une grande prudence verbale lors de sa visite en Birmanie sur l’exode forcé des Rohingyas, le souverain pontife a écouté avec gravité les seize membres de trois familles de réfugiés rohingyas en provenance du plus grand camp de réfugiés de la planète.

« Votre tragédie est très dure, très grande, mais a une place dans notre cœur », a souligné le pape.

« Pour ceux qui vous ont fait du mal, en particulier dans l’indifférence du monde, je vous demande pardon », a-t-il lancé.

« Une tradition de votre religion dit que Dieu au début a pris un peu de sel et l’a jeté dans l’eau qui est l’âme de tous les hommes », a commenté le souverain pontife.

« Chacun de nous porte en lui un peu du sel divin. Ces frères et sœurs portent en eux le sel de Dieu », a ajouté le pape, fustigeant « l’égoïsme » du monde.

« Continuons à faire le bien et à les aider, continuons à agir pour que leurs droits soient reconnus », a-t-il plaidé.

« Ne fermons pas nos cœurs, ne regardons pas dans l’autre direction. La présence de Dieu aujourd’hui s’appelle aussi Rohingya », a-t-il enfin dit.

Partisan d’une diplomatie pour « créer des ponts » lorsqu’il se déplace à l’étranger, il n’a jamais mâché ses mots depuis le Vatican sur le sort des Rohingyas, y compris en amont de la marée humaine de plus de 620.000 réfugiés qui a afflué au Bangladesh ces trois derniers mois.

En Birmanie pendant quatre jours, le pape François a appelé les bouddhistes birmans « à dépasser toutes les formes d’intolérance, de préjugé et de haine » en évitant toutefois de mentionner directement le sort de la minorité musulmane rohingya.

Il n’y a pas non plus prononcé ce mot tabou, alors qu’à Rome il s’était ému publiquement pour ses « frères Rohingyas » « torturés et tués ».

Au premier jour de son arrivée à Dacca jeudi, en provenance de Rangoun, l’évêque de Rome avait demandé à la communauté internationale des « mesures décisives » pour régler cette crise humanitaire, notamment une aide d’urgence au Bangladesh.

Romandie.com avec(©AFP / 01 décembre 2017 15h11)                

Arrivé en Birmanie, le pape rencontre le chef de l’armée

novembre 27, 2017

Le pape François est accueilli par un jeune garçon en costume traditionnel, le 27 novembre 2017, à Rangoun / © AFP / Vincenzo PINTO

Accueilli par des milliers de Birmans, le pape François est arrivé lundi à Rangoun pour une visite délicate, qui a débuté avec une rencontre surprise avec le chef de l’armée, accusé de mener une « épuration ethnique » contre la minorité musulmane des Rohingyas.

Le général Min Aung Hlaing a eu la primeur d’une audience avec le pape en fin de journée à sa résidence: un ajout de dernière minute qui permet au puissant chef de l’armée de se positionner en interlocuteur de premier plan, en devançant la rencontre mardi avec la dirigeante civile et prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi.

L’aura internationale de cette dernière a été fortement ternie par son manque d’empathie affiché pour les Rohingyas, qui sont plus de 620.000 à avoir fui depuis fin août au Bangladesh pour échapper à une campagne de répression de l’armée, qualifiée d' »épuration ethnique » par les Nations unies.

Le général Min Aung Hlaing est accusé par les organisations de défense des droits de l’Homme d’être le principal responsable de cette campagne. Il s’est dit opposé au retour en masse des Rohingyas, malgré un accord en ce sens annoncé la semaine dernière entre les gouvernements birman et bangladais.

La rencontre entre le pape et le général, « de courtoisie » selon le Vatican, n’a duré qu’une quinzaine de minutes.

Le chef de l’armée a assuré au pape que son pays n’exerçait « aucune discrimination religieuse ». « De même, notre armée (…) agit pour la paix et la stabilité du pays », a-t-il déclaré, cité dans un post publié sur Facebook.

« Ils ont parlé de la grande responsabilité des autorités du pays en cette période de transition », a prudemment commenté le Vatican.

Le pape sait que ses déclarations concernant le sort de la minorité seront scrutées à la loupe lors de cette visite de quatre jours. Il n’a pas hésité à dénoncer à plusieurs reprises ces derniers mois le traitement réservé à ceux qu’il appelle ses « frères rohingyas », au risque de froisser la majorité bouddhiste de Birmanie.

– Croire à la paix –

L’opinion publique, portée par un nationalisme bouddhiste antimusulman, est chauffée à blanc par les critiques internationales sur le traitement des Rohingyas.

Mais, agitant des drapeaux birman et du Vatican, les catholiques birmans ayant fait le déplacement pour apercevoir le pape lundi voulaient croire en une paix possible.

« Il vient pour la paix », assurait Christina Aye Aye Sein, employée de banque catholique, arborant un T-shirt avec la photo du pape et le slogan de sa visite: « Paix et amour ».

« Je vous demande de m’accompagner par la prière, afin que ma présence soit pour ces populations un signe de proximité et d’espérance », avait lancé le pape dimanche aux 30.000 fidèles réunis place Saint-Pierre pour la prière de l’angélus.

Les quelque 700.000 catholiques de Birmanie – un peu plus de 1% des 51 millions d’habitants – qui ont longtemps été victimes de discriminations de la junte, espèrent beaucoup de cette visite.

– Exode –

Mais ce voyage donne également de l’espoir aux réfugiés rohingyas, qui ont raconté depuis le Bangladesh les exactions de l’armée birmane – viols, meurtres, torture.

Nur Mohammad, imam de 45 ans dans un camp de réfugiés à Cox’s Bazar au Bangladesh, espère que le pape demandera le retour des Rohingyas, avec « la citoyenneté et la fin de toutes les discriminations ».

Avant la flambée de violences en août, environ un million de musulmans rohingyas vivaient en Birmanie, depuis des générations pour certains. Mais depuis la loi de 1982, ils sont privés de la nationalité birmane et constituent la plus grande population apatride au monde.

Ils sont victimes de multiples discriminations – travail forcé, extorsion, restrictions à la liberté de mouvement, règles de mariage injustes et confiscation des terres.

Mais les marges de manœuvre du pape sont étroites car « la grande majorité des gens en Birmanie ne croient pas au récit international des abus contre les Rohingyas et à un exode en grand nombre de réfugiés au Bangladesh », explique Richard Horsey, analyste indépendant basé en Birmanie.

Selon lui, « si le pape venait à évoquer de façon appuyée le sujet, cela attiserait les tensions », ce que redoute la minorité catholique.

Romandie.com avec(©AFP / 27 novembre 2017 17h48)

Le pape part pour la Birmanie et le Bengladesh

novembre 26, 2017

Rome – Le pape François a entamé dimanche soir son 21e voyage, qui doit le mener dans la Birmanie bouddhiste et le Bangladesh musulman, deux pays asiatiques marqués par de fortes tensions religieuses et sous les projecteurs avec l’exode forcé des Rohingyas.

L’avion transportant le souverain pontife âgé de 80 ans a décollé à 22H10 (21H10 GMT) de Rome et doit atterrir lundi vers 13H30 (7H30 GMT) à Rangoun, la capitale économique de la Birmanie.

« Je vous demande de m’accompagner par la prière, afin que ma présence soit pour ces populations un signe de proximité et d’espérance », a déclaré le pape dimanche midi devant 30.000 fidèles réunis place Saint-Pierre pour la prière de l’angélus.

Jorge Bergoglio a également exprimé dimanche sa « grande douleur » après l’attentat terroriste qui a fait 305 morts dans une mosquée en Egypte, pays où il s’était rendu en avril.

En Birmanie, le pape François est très attendu sur le drame vécu par la minorité musulmane des Rohingyas, victime d’un « nettoyage ethnique » selon l’ONU et Washington.

Quelque 900.000 Rohingyas de Birmanie sont entassés dans le plus grand camp de réfugiés de la planète, dans le sud du Bangladesh, dont 620.000 arrivés depuis fin août pour échapper à des violences de la part des militaires.

A quelques jours de la visite, la Birmanie et le Bangladesh ont annoncé un accord sur un retour des réfugiés rohingyas, qui facilite assurément la tâche diplomatique de Jorge Bergoglio.

Le pape doit rencontrer la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, qui dirige le gouvernement civil, et, plus discrètement, le chef de l’armée birmane, le général Min Aung Hlaing.

Evitera-t-il de prononcer le mot « Rohingya », tabou en Birmanie, comme le lui recommande l’Eglise locale, affolée à l’idée qu’il puisse attiser la colère d’extrémistes bouddhistes ?

François est le premier pape à se rendre en Birmanie, où quelque 200.000 personnes sont attendues à une messe en plein air à Rangoun, temps fort pour la toute petite minorité catholique (660.000 soit 1,2% de la population).

Le pape partira ensuite jeudi le Bangladesh qui a pour sa part déjà reçu Paul VI en 1970 et Jean-Paul II en 1986 mais où les catholiques sont encore moins nombreux (375.000 soit 0,24% de la population).

A Dacca, la capitale, François a glissé dans son emploi du temps une rencontre avec un groupe de réfugiés rohingyas.

Le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques souhaite encourager deux petites Eglises des « périphéries », un exercice qu’il affectionne, au risque d’irriter des pays majoritairement catholiques attendant en vain sa visite.

François accorde une grande importance au développement en Asie du catholicisme, qui ne rassemble que 3% de la population mais connaît une belle croissance (+9% entre 2010 et 2015). Il s’est déjà rendu en Corée du Sud, au Sri Lanka et aux Philippines.

Et le Vatican, qui vient de nouer des relations diplomatiques avec la Birmanie, négocie aussi à petits pas un rapprochement avec le Vietnam et la Chine communistes.

Romandie.com avec(©AFP / 26 novembre 2017 22h41)