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Gabon : enquête judiciaire après l’assaut de plusieurs médias

juin 17, 2017

Le bâtiment de la Radio et Télévision nationale gabonaise, le 16 juin 2017 au Libreville. © AFP/STEVE JORDAN

La justice gabonaise a ouvert une enquête après l’intrusion vendredi dans plusieurs médias à Libreville d’hommes armés exigeant la diffusion d’un appel d’un opposant fixant un ultimatum au président Ali Bongo Ondimba, avant la venue mardi d’une mission de la Cour pénale internationale (CPI).

« Ce vendredi, plusieurs rédactions de médias publics et privés de Libreville ont été prises d’assaut, de manière synchronisée, par des groupes d’individus armés et encagoulés dans le but de diffuser un message audio et vidéo incitant le peuple gabonais à la révolte », a rappelé le procureur de la République, Steeve Ndong Essame Ndong, dans un communiqué publié samedi par le quotidien national L’Union.

Face à ces « déclarations d’une extrême gravité », le procureur a décidé d’ »ouvrir immédiatement une enquête judiciaire ».

Les propos en cause ont été prononcés par Roland Désiré Aba’a Minko, rallié à Jean Ping, le rival d’Ali Bongo lors de la présidentielle contestée de 2016. Le camp de M. Ping a dénoncé « la confusion » créée par les agissements de M. Aba’a Minko.

Interpellé par la police après avoir enjoint le chef de l’Etat de quitter le pouvoir dans les 72 heures, M. Aba’a Minko avait déclaré « avoir miné tous les bâtiments administratifs et ministériels » et menacé de les faire exploser, dans un discours prononcé sur la voie publique à Libreville devant le mémorial Léon Mba, premier président du Gabon.

Dans le même temps, des hommes non identifiés et équipés d’armes blanches se sont introduits vendredi matin dans les locaux de plusieurs médias dont la chaîne d’Etat Gabon Télévisions, pour tenter de diffuser un message audio se réclamant de M. Aba’a Minko.

Le directeur général de Gabon Télévisions a porté plainte. Le message n’a pas été diffusé sur cette chaîne nationale mais l’a été sur des petites chaînes privées comme TV+.

« Incident sécuritaire »

A la délégation de l’Union européenne, « un incident sécuritaire » a également eu lieu, a confirmé samedi représentation diplomatique dans un communiqué, « du fait de l’intrusion d’un individu proférant des menaces dans les locaux ».

« Cet incident a été rapidement résolu avec l’aide de la police locale qui a procédé à son évacuation dans le calme », ajoute le texte.

Vendredi, le ministre de la communication, Alain-Claude Bilie-By-Nze, avait indiqué à l’AFP que M. Aba’a Minko avait été interpellé « au siège de la Commission européenne (à Libreville) à la demande » de l’UE.

Le siège du principal parti d’opposition a par ailleurs été attaqué dans la nuit de mercredi à jeudi par « des individus non identifiés qui ont jeté deux cocktails molotov sur le bâtiment », selon l’entourage de Jean Ping, qui conteste toujours la réélection de M. Bongo.

« Nous avons porté plainte », a indiqué à l’AFP son porte-parole, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi.

Cette série d’incidents, qui n’ont fait aucune victime, intervient à quelques jours de l’arrivée, mardi, d’une mission de la CPI dans le cadre de l’examen préliminaire des plaintes déposées par le gouvernement, le camp de M. Ping et 15 ONG à la suite des violences post-électorales meurtrières de septembre 2016.

« Une équipe du bureau du procureur visitera le Gabon du 20 au 22 juin, une pratique standard de visite du pays dans le cadre de l’examen préliminaire. Aucune enquête n’a été ouverte pour l’instant », a indiqué vendredi le bureau du Procureur de la CPI.

La mission doit rencontrer les acteurs de la crise, différents ministères, la société civile ainsi que les organisations internationales présentes à Libreville.

« C’est une bonne nouvelle pour le Gabon, il faut une reconnaissance des crimes commis, il faut que justice soit rendue », selon Georges Mpaga, coordinateur des ONG de la société civile.

Le ministre des Affaires étrangères, Pacôme Moubelet-Boubeya, a lui salué « une mission utile à un moment où il y a beaucoup d’affabulations sur les événements qui ont suivi les élections ».

Le camp de M. Ping « espère qu’une enquête soit ouverte ».

L’annonce début septembre de la réélection de M. Bongo avait provoqué des violences rares (émeutes, répressions, pillages, incendie de l’Assemblée…) dans ce petit pays pétrolier d’environ 1,8 million d’habitants. Plusieurs personnes avaient été tuées.

Jeuneafrique.com avec AFP

Gabon : des hommes armés s’en prennent à plusieurs chaînes de télévision à Libreville

juin 16, 2017

Le centre-ville de Libreville, au Gabon. © Tiphaine Saint-Criq pour JA

Des hommes armés et cagoulés ont investi plusieurs rédactions de médias audiovisuels à Libreville, ce vendredi, pour réclamer la diffusion d’un message vidéo de Roland Désiré Aba’a Minko. Cet ancien candidat à l’élection présidentielle, qui a rallié par la suite la cause de Jean Ping, lance un ultimatum à Ali Bongo.

Le commando a surgi dans les locaux de la télévision privée TV Plus vers 11h du matin (12h GMT). « Ils étaient six, sept, en comptant le chauffeur. Ils sont entrés armés et cagoulés et ont exigé du personnel présent qu’ils diffusent une vidéo », raconte Franck Nguema, directeur général de la chaîne réputée proche de l’opposition. Munis de revolvers et de diverses armes blanches, les hommes masqués auraient contraint les agents présents à diffuser à l’antenne la vidéo d’un discours de Roland Désiré Aba’a Minko. « Ils ont forcé les agents à mettre la vidéo en boucle, leur ont demandé de quitter les locaux, puis y ont laissé un engin explosif », rapporte Franck Nguema, joint par téléphone, à Libreville.

Quatre chaînes de télévision attaquées

Après 16 minutes de diffusion, le directeur de la chaîne dit être parvenu à faire couper l’alimentation électrique du studio, mettant ainsi fin à la diffusion du message de Roland Désiré Aba’a Minko. L’engin explosif – six bâtons de dynamites enroulés dans du papier aluminium et raccordé à une carte électronique – s’est révélé être non-amorcé : les câbles de raccordement aux explosifs avaient été coupés.

« Tout est rentré dans l’ordre aux alentours de midi », assure Franck Nguema, qui a porté plainte immédiatement après les faits et dit avoir également saisi les ministères de la Défense et de l’Intérieur. La même scène s’est jouée dans les locaux de plusieurs autres chaînes de télévision de Libreville : Africa N°1, Gabon TV et Kanal 7.

Dans son intervention vidéo, Roland Désiré Aba’a Minko lance un véritable ultimatum à Ali Bongo. Il affirme avoir piégé « tous les ministères » et exige du président gabonais qu’il démissionne sous 72 heures, faute de quoi « un bâtiment sautera chaque jour ».

 

 

À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune interpellation n’a été officiellement annoncée. Selon Alain-Claude Billie-By-Nzé, porte-parole du gouvernement, Roland Désiré Aba’a Minko s’est rendu à l’ambassade de France à Libreville, puis à la délégation de l’Union européenne, où il se trouvait toujours ce vendredi à 16h GMT.

Le gouvernement pointe le « discours de haine » de Jean Ping

Candidat indépendant à l’élection présidentielle d’août dernier, Roland Désiré Aba’a Minko s’était désisté au profit de Jean Ping dans la dernière ligne droite avant le scrutin.

Pour Alain-Claude Billie-By-Nzé, le lien avec Jean Ping est évident. « Ce monsieur n’en a pas fait mystère. C’est en son nom qu’il a parlé », insiste le porte-parole du gouvernement. « Il s’agit là de l’aboutissement de ce à quoi conduit le discours de haine porté par monsieur Ping depuis plusieurs années. » Alain-Claude Billie-By-Nzé a également précisé que le dossier « relèvait désormais des services du procureur ».

Le cabinet de Jean Ping, qui continue de se proclamer « président élu à la présidentielle du 27 août 2016 au Gabon », a pour sa part publié un communiqué qui « dénonce la confusion de la situation ainsi créée qui pourrait justifier l’escalade de la dérive autoritaire et antidémocratique », et « s’étonne […] de la coïncidence entre ces événements et l’arrivée prochaine de la mission de la CPI au Gabon ».

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