Rio de Janeiro – Des camps de Vénézuéliens ayant fui la crise politique et économique dans leur pays ont été attaqués, incendiés et en partie détruits samedi par des voisins en colère dans une ville du nord du Brésil.
Cette attaque, qui n’a pas fait de blessés selon les premières informations des autorités, est la dernière en date dans l’Etat brésilien de Roraima (nord), frontalier du Venezuela en crise, où les tensions montent entre les habitants locaux et les migrants vénézuéliens.
Samedi matin un commerçant a été blessé et sa famille a rapidement accusé un migrant vénézuélien d’être à l’origine de cette agression à Pacaraima, ville de 12.000 habitants sans compter le millier de migrants dans la rue.
En représailles, des dizaines d’habitants ont attaqué les deux campements improvisés de migrants et ont brûlé leurs biens, a confirmé le groupe de travail local chargé de gérer le flux migratoire. Des images diffusées par les chaines locales montrent des parties du camp de migrants incendiées.
« Il est connu (le commerçant blessé), c’est un voisin, il y a eu un vent d’indignation lorsque la nouvelle de son vol a été connue. Les gens ont commencé à expulser les Vénézuéliens établis dans la ville, pour les forcer à rentrer dans leur pays », a déclaré à l’AFP un habitant de Pacaraima requérant l’anonymat.
Des vidéos filmés par les habitants de cette ville frontalière témoignent de scènes d’affrontements, alors que les rues bordant la frontière étaient jonchées de décombres.
« C’est terrible, ils ont brûlé les tentes et tout ce qui était à l’intérieur », a déclaré à l’AFP Carol Marcano, une Vénézuélienne qui travaille dans la capitale régionale Boa Vista et qui était samedi à la frontière. « Il y a eu des coups de feu, ils ont brûlé des pneus ».
Selon elle, des migrants vénézuéliens ont réagi en s’en prenant à une voiture avec une immatriculation brésilienne, alors que d’autres se sont réfugiés du côté vénézuélien de la frontière qui est d’ailleurs restée fermée.
L’arrivée massive de Vénézuéliens fuyant la crise politique et économique dans leur pays a créé une situation délicate dans l’Etat brésilien frontalier de Roraima.
Depuis 2017, plus de 127.000 Vénézuéliens ont franchi la frontière terrestre avec le Brésil, dont près de 69.000 ont poursuivi leur route vers un autre pays, selon les autorités brésiliennes.
Et au cours des six premiers mois de 2018, quelque 56.000 Vénézuéliens ont aussi demandé à régulariser leur statut au Brésil, selon les données brésiliennes.
Plus d’un million de personnes ont migré du Venezuela vers la Colombie voisine depuis début 2017, avait indiqué en juin le gouvernement colombien.
A ce nombre s’ajoute un demi-million de Vénézuéliens qui se sont réfugiés en Equateur depuis le début de l’année, selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). La majeure partie de ces migrants ont toutefois poursuivi leur route jusqu’au Pérou, voire au Chili.
Romandie.com avec(©AFP / 18 août 2018 21h41)