Le Premier ministre du Belize a affirmé qu’il était « fort probable » que son pays soit le prochain du Commonwealth à devenir une république.
Des dirigeants de la Jamaïque et du Belize, pays du Commonwealth dont Charles III est roi, ont affiché jeudi leur volonté de devenir des républiques, dans des entretiens publiés à deux jours du couronnement du souverain britannique.
« Le moment est venu. La Jamaïque aux mains des Jamaïcains », a affirmé la ministre jamaïcaine chargée des questions constitutionnelles Marlene Malahoo Forte, sur la chaîne de télévision Sky News. Elle a indiqué que Kingston réfléchissait à la tenue d’un référendum sur cette question dès l’année prochaine.
Dans un entretien au journal britannique The Guardian, le Premier ministre du Belize, Johnny Briceño, a lui affirmé qu’il était « fort probable » que son pays soit le prochain à devenir une république. L’annonce tombe à deux jours du couronnement de Charles III, roi de Jamaïque et du Belize comme de 13 autres royaumes à travers le monde.
« Un douloureux passé de colonisation »
Le gouvernement du Belize a voté l’an dernier une loi visant à créer une commission constitutionnelle qui doit étudier plusieurs pistes de réformes, dont la transformation du pays en république. « Beaucoup de Jamaïcains avaient une affection chaleureuse pour la reine Elizabeth II », a expliqué pour sa part Marlene Malahoo Forte. « Mais ils ne s’identifient pas au roi Charles. Il est tout ce qu’il y a de plus étranger pour nous ».
Évoquant la relation « complexe » entre les deux pays, la ministre a estimé que devenir une république revenait « à dire au revoir à une forme de gouvernement qui est liée à un douloureux passé de colonisation et de commerce d’esclaves ».
Lors d’un voyage du prince William dans les Caraïbes début 2022, le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness avait déjà jugé « inévitable » la transition de son pays vers un régime républicain. La tournée de William et de son épouse Kate avait donné lieu à une confrontation difficile, marquée par des protestations, et le couple avait été appelé à présenter des excuses pour le passé esclavagiste du Royaume-Uni.
En attente d’excuses officielles
C’est aussi la mémoire de l’esclavage que met en avant le Premier ministre du Belize, critiquant vigoureusement le refus de son homologue britannique Rishi Sunak de présenter des excuses pour le rôle du Royaume-Uni dans le commerce triangulaire. « Je pense qu’il a une responsabilité morale d’être capable d’offrir, au moins, des excuses », a-t-il affirmé.
La famille royale n’a jamais formellement présenté d’excuses, Charles se limitant à qualifier l’esclavage de « terrible atrocité », tandis que William avait exprimé sa « profonde tristesse ». Interrogé la semaine dernière au Parlement, Rishi Sunak a indiqué qu’il ne présenterait pas d’excuses au nom du Royaume-Uni.
« Je pense que nous devrions nous concentrer, bien sûr sur la compréhension de notre histoire dans toutes ses composantes, et ne pas s’en détourner, mais nous assurer que nous avons aujourd’hui une société inclusive et tolérante pour les gens de toutes origines », avait-il déclaré.
Les velléités républicaines sont de plus en plus fortes dans certains royaumes du Commonwealth qui veulent pour certains suivre l’exemple de la Barbade, devenue une république en 2021. Après la mort de la reine Elizabeth II, le Premier ministre d’Antigua-et-Barbuda avait lui aussi affiché son intention d’organiser un référendum sur le sujet « dans les trois prochaines années ».
En amont du couronnement, plusieurs dirigeants d’États du Commonwealth se sont entretenus avec le roi ou d’autres membres de la famille royale. Durant la cérémonie, l’archevêque de Canterbury qui couronnera Charles, appellera « toutes les personnes de bonne volonté » au Royaume-Uni et dans les 14 autres royaumes dont Charles est le chef d’État « à rendre hommage, avec leur cœur et leur voix, à leur roi incontesté, défenseur de tous ».
Avec Le Point par M.P. avec AFP