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Canada: Ruée au chemin Roxham avant sa fermeture

mars 25, 2023
Des demandeurs d'asile font la file devant une petite cabane, le soir.

Des demandeurs d’asile se précipitent au chemin Roxham pour traverser au Canada avant la fermeture officiel. Photo : Radio-Canada/Xavier Savard-Fournier

L’annonce de la fermeture imminente du chemin Roxham a poussé des dizaines de demandeurs d’asile à effectuer sans plus attendre la traversée vendredi soir. Depuis minuit, ceux qui tentent d’emprunter le passage sont accueillis par des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Tôt samedi matin, des réfugiés se présentaient hésitants devant des agents postés devant le chemin Roxham. Ce n’est pas un point d’entrée officiel. Si vous traversez ici, vous serez arrêté, a fermement lancé à leur endroit un policier, devant les caméras de Radio-Canada.

Au petit matin, près de 270 migrants auraient tenté le passage après la fermeture du chemin Roxham, selon nos sources. Selon le protocole établi, ils ont été arrêtés et transportés au point d’entrée officiel le plus près, à Saint-Bernard-de-Lacolle.

Ils ont alors été interrogés par les agents des services frontaliers qui détermineront, selon l’examen de leur dossier, s’ils peuvent ou non entrer au Canada. Ceux qui ne répondent pas aux critères seront refoulés automatiquement aux États-Unis.

Des agents de la GRC déballent un nouveau panneau d'avertissement pour les demandeurs d'asile à la frontière entre les États-Unis et le Canada, au chemin Roxham, le samedi 25 mars 2023, à Champlain, dans l'État de New York.

Le poste-frontière irrégulier situé près du chemin Roxham est désormais fermé de manière permanente. Photo : La Presse Canadienne/Ryan Remiorz

Quelques heures plus tôt, avant le dévoilement d’un large panneau interdisant l’entrée au Canada aux abords du chemin Roxham, plusieurs demandeurs d’asile ont effectué la traversée.

C’est le cas de Pamela, une Congolaise de 37 ans. Lentement, mais sûrement, avec ses deux enfants et ses six valises, elle a réussi à gagner le Canada. Après avoir appris que le point d’entrée serait fermé à minuit, elle s’est précipitée pour pouvoir s’y rendre à temps.

Un Sénégalais rencontré sur place, qui est passé par le Brésil pour venir au Canada, a été l’un des derniers à arriver au pays par le chemin Roxham.

Il est presque minuit, a-t-il lancé, soulagé, à son entrée au pays. J’ai toujours voulu venir ici, pour mieux vivre que dans le pays que j’ai quitté où il y a beaucoup de problèmes. Des problèmes publics, politiques.

Des agents de la GRC devant des migrants au chemin Roxham.

Le chemin Roxham est officiellement fermé depuis minuit. Photo: Radio-Canada/Élyse Allard

D’autres ont eu moins de chance et n’ont pu se présenter avant la fermeture du point d’entrée que de milliers de demandeurs d’asile ont emprunté depuis 2017 pour se rendre au Canada.

C’est le cas d’un Pakistanais rencontré par Radio-Canada, dont le chauffeur de taxi s’est égaré en route vers le chemin Roxham. Il espère que les autorités canadiennes seront clémentes à son endroit. S’il vous plaît, aidez-moi pour que je puisse me trouver une nouvelle maison, a-t-il lancé.

L’espoir côtoie donc l’inquiétude chez ces demandeurs d’asile, dont le sort paraît on ne peut plus incertain. Des passeurs rencontrés se désolaient pour eux.

Une famille qui devait arriver d’Afghanistan demain et nous devions les retrouver à 11 h à Burlington, raconte un jeune homme, qui avait l’habitude de transporter des demandeurs d’asile avec sa voiture contre rétribution.

Où je vais les amener? Je ne peux les emmener nulle part. Ça va perturber beaucoup de choses. Les gens ont peur, car ils n’ont pas d’autres options, dit-il.

Ces gens ont vendu tout ce qu’ils possédaient pour aller au Canada et maintenant ils sont coincés, a lancé un autre passeur. Ce n’est pas bien ce qu’ils font.

Une victoire pour le Québec

La fermeture du chemin Roxham avait fait l’objet d’une entente entre le Canada et les États-Unis il y a près d’un an. Le premier ministre Justin Trudeau a finalement procédé à l’annonce vendredi soir, pendant la visite du président américain Joe Biden à Ottawa.

Des leaders politiques, tant fédéraux que provinciaux, ont applaudi cette décision, qu’ils réclamaient depuis longtemps. Le premier ministre François Legault n’a pas hésité à qualifier la mesure de très belle victoire pour le Québec.

Le Québec subissait les contrecoups de ces arrivées très, très importantes de demandeurs d’asile qui entraient de manière irrégulière. Ça créait une pression vraiment énorme sur les groupes qui accompagnent les personnes immigrantes pour faciliter leur intégration, a expliqué la ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette, en entrevue à RDI, samedi matin.

Ça créait une pression également sur les services gouvernementaux, en matière d’éducation, de santé, de services sociaux par exemple. Tout ça va être allégé avec la renégociation de l’entente [sur les tiers pays sûrs], car il n’y aura plus la possibilité de passer par le chemin Roxham […] Il fallait trouver une solution rapide et durable à ce problème-là, a ajouté la ministre Fréchette.

La ministre québécoise de l'Immigration, Christine Fréchette, devant de nombreux micros.

La ministre québécoise de l’Immigration, Christine Fréchette. (Photo d’archives) Photo : La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

L’accord entre le Canada et les États-Unis compliquera effectivement les entrées irrégulières au pays en actualisant l’Entente sur les tiers pays sûrs. Celle-ci s’appliquera maintenant aux 8900 kilomètres qui séparent les deux États, en transformant toute la frontière commune en passage officiel.

Des milliers de migrants ont réussi à contourner la règle ces dernières années en traversant la frontière à pied à certains endroits non officiels, comme le chemin Roxham, en Montérégie.

En 2022 seulement, 39 171 personnes ont traversé irrégulièrement la frontière, selon le nombre d’interceptions faites au Québec rapportées par la Gendarmerie royale du Canada.

Dorénavant, ceux qui entrent illégalement au Canada par le chemin Roxham ou par un autre passage irrégulier pourront être arrêtés et expulsés du territoire dans les 14 jours suivants.

L’accord prévoit toutefois que le Canada accueillera 15 000 migrants dans la prochaine année par les canaux officiels.

Radio-Canada par Julie Roy – avec les informations d’Élyse Allard, de Xavier Savard-Fournier et de La Presse canadienne

Irak/Kurdistan: ruée dans les magasins à Kirkouk avant le référendum

septembre 23, 2017

Kirkouk (Irak) – Les habitants de la ville multicommunautaire de Kirkouk, au nord de Bagdad, se ruaient samedi dans les magasins à l’approche du référendum controversé sur l’indépendance du Kurdistan irakien, prévu lundi, a constaté un journaliste de l’AFP.

La province de Kirkouk ne figure pas dans les trois provinces qui forment la région autonome du Kurdistan irakien mais cette zone pétrolière que se disputent Bagdad et Erbil a été incluse dans le référendum, au grand dam du Premier ministre irakien Haider al-Abadi.

Les habitants de la capitale provinciale craignent une détérioration de la situation en cas de tenue du référendum.

« Les prix de la nourriture ont augmenté de 20%. Ce que font les politiciens bénéficie uniquement aux commerçants et ce sont les habitants pauvres qui trinquent », a affirmé à l’AFP Omran Khodr, vendeur sur un marché.

Kirkouk, où se côtoient des Kurdes, des Arabes et des Turkmènes, est une zone disputée entre le gouvernement de Bagdad et les Kurdes d’Irak. Ces derniers affirment qu’elle leur revient historiquement, arguant que l’ancien dictateur Saddam Hussein les en a chassés et les a remplacés par des Arabes.

Cette ruée sur les magasins s’est produite au moment où l’organisme chargé d’organiser le référendum d’indépendance du Kurdistan irakien annonçait que la consultation aurait bien lieu lundi comme prévu.

« Le référendum aura lieu le jour prévu », le 25 septembre, a affirmé le Comité supérieur pour le référendum.

Dans le même temps, les divergences entre les deux grands partis kurdes traditionnels, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK de Massoud Barzani, président de la région autonome du Kurdistan irakien) et l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK de Jalal Talabani), apparaissent au grand jour.

Car si M. Barzani tient à son référendum, Mullah Bakhtiar, membre du bureau politique l’UPK a affirmé à des journalistes que son parti « estime que l’alternative (au referendum) proposée par l’ONU et les grandes puissances est acceptable ».

« Nous pensons qu’en prenant en considération les conditions internationales (…), la proposition (…) répond aux objectifs stratégiques de notre peuple et nous avons informé Massoud Barzani et le PDK de notre position », a-t-il ajouté.

Le refus de l’UPK de participer au référendum réduirait grandement la portée de la consultation car si le PDK contrôle les provinces d’Erbil et de Dohouk, l’UPK tient celle de Souleimanyeh et la ville de Kirkouk.

La venue à Bagdad d’une délégation kurde n’a pas donné de résultats. La Coalition nationale, qui regroupe les organisations chiites, a affirmé après la rencontre qu’il n’y aurait aucune négociation si le référendum avait lieu.

Selon les autorités kurdes, une victoire du « oui » n’entraînera pas illico l’annonce de l’indépendance du Kurdistan irakien mais constituera un moyen de pression pour arracher à Bagdad des concessions sur des contentieux liés au pétrole et aux finances.

Mais Massoud Barzani subit depuis quelques jours des pressions et menaces internationales croissantes pour annuler cette consultation, qu’il a initiée.

Samedi, le Premier ministre turc Binali Yildirim a averti que la réponse de son pays au référendum d’indépendance du Kurdistan irakien aura des volets « sécuritaire » et « économique ».

Romandie.com avec(©AFP / 23 septembre 2017 18h08