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En Ukraine, le retour d’enfants enlevés par la Russie

mars 23, 2023
En Ukraine, le retour d'enfants enleves par la Russie
En Ukraine, le retour d’enfants enlevés par la Russie© AFP/SERGEI CHUZAVKOV

Ala sortie d’un bus à Kiev, un petit garçon de 10 ans saute dans les bras de son père. Il fait partie d’un groupe de 17 enfants revenus, grâce à une ONG, de « déportation » en Russie ou de territoires ukrainiens occupés.

Denys Zaporojtchenko n’avait pas vu son fils, ainsi que ses deux filles également dans le bus, depuis six mois et demi.

Tous habitaient ensemble à Kherson, dans le sud occupé de l’Ukraine lorsqu’ils ont été séparés, raconte-t-il, le 7 octobre, un mois avant la reconquête de la ville par les forces ukrainiennes.

Alors que des combats terribles s’annonçaient à Kherson avec la contre-offensive ukrainienne, M. Zaporojtchenko affirme avoir accepté d’envoyer ses enfants loin de la guerre en « camps de vacances » plus au Sud, en Crimée annexée.

Les responsables russes de l’école où étaient scolarisés ses enfants « avaient promis de les envoyer pour une semaine ou deux dans ce camp », poursuit-il. « Mais quand on a réalisé qu’il n’aurait pas fallu faire ça, c’était trop tard. »

Il précise avoir pu échanger avec ses trois enfants par téléphone pendant ces longs mois de séparation.

Pour l’Ukraine, ces enfants, comme quelque 16.000 autres au moins, ont été « enlevés » par les Russes. Moscou dément, s’auréole de les avoir « sauvés » de la guerre et d’avoir mis en place des procédures pour les réunir avec leurs familles.

La Cour pénale internationale (CPI) a, elle, émis la semaine dernière un mandat d’arrêt historique contre Vladimir Poutine, en estimant qu’il était présumé responsable du « crime de guerre de déportation illégale » de mineurs.

Selon des chiffres officiels du parquet général ukrainien datant de ce jeudi, 16.226 enfants ont été déportés depuis le début de l’invasion russe en Ukraine le 24 février 2022.

Depuis cette date, 465 enfants sont morts, 940 ont été blessés et 395 sont portés disparus du fait du conflit.

« Intimidation et chantage »

Myroslava Khartchenko, juriste pour l’ONG Save Ukraine qui a organisé le rapatriement des 17 enfants, affirme que les autorités russes ont utilisé « l’intimidation, la manipulation et le chantage » pour s’emparer des bambins.

« Ils disent (aux parents) qu’ils ont une heure pour réfléchir et que si les Ukrainiens arrivent, ils amèneront des mercenaires américains qui +vous frapperont et vous violeront et que c’est votre unique chance de sauver vos enfants+ ».

L’ONG répond, elle, aux demandes de parents désespérés qui n’ont pas réussi à récupérer leurs enfants, face au refus de l’administration russe.

Sans l’aide d’organisations gouvernementales ou internationales, faute d’accord diplomatique entre Kiev et Moscou, l’ONG doit se plier à des procédures administratives mises en place par les Russes pour chaque rapatriement.

Pour la première fois, l’association a réussi à organiser un retour groupé en Ukraine.

Elle a affrété un bus, en emmenant à bord certaines des mères, qui a fait un très long détour via la Pologne, le Bélarus, la Russie puis la Crimée, faute d’avoir eu l’autorisation de franchir la ligne de front dans le sud ukrainien.

Rééducation politique

Plusieurs enfants, interviewés mercredi par l’AFP, disent ne pas avoir subi de mauvais traitements, mais racontent une forme d’éducation politique pour les convertir au discours du Kremlin.

« Si tu ne chantais pas l’hymne national (russe), ils t’obligeaient à écrire des notes explicatives. Et au Nouvel an, ils nous montré (le discours de) Poutine », raconte Taïssia Volynska, 15 ans, originaire de Kherson.

Yana Zaporojtchenko, la fillette de 11 ans de Denys, dit qu’il y avait « beaucoup » d’inspections de responsables russes dans son camp. « Ils nous demandaient de chanter et de danser quand il y avait des inspections », indique la jeune fille.

Inessa Vertoch, 43 ans, qui a attendu son fils « jour après jour », dit l’avoir retrouvé « plus sérieux ». « Il me regarde et me dit +Maman, je ne veux pas te raconter, tu ne dormirais plus la nuit+ ».

Myroslava Khartchenko, de Save Ukraine, assure que des psychologues prendront en charge chacun de ces enfants.

Et elle insiste auprès des parents pour qu’ils ne retournent pas vivre dans « des zones dangereuses ».

Par Le Point avec AFP

Russie : Vladimir Poutine fait l’éloge des relations russo-chinoises

mars 19, 2023

Avant la visite de Xi Jinping, le président russe a assuré que « les relations russo-chinoises ont atteint le point culminant de leur histoire ».

Le président russe Vladimir Poutine a loué dimanche les relations russo-chinoises, « au point culminant » de leur histoire, en faisant part de ses « grandes attentes » des pourparlers avec le dirigeant chinois Xi Jinping à la veille de sa visite en Russie. « Les relations russo-chinoises ont atteint le point culminant de leur histoire et continuent de se renforcer », s’est félicité Vladimir Poutine dans un article écrit pour un journal chinois et publié par le Kremlin.

La qualité des liens entre Moscou et Pékin est « supérieure à celle des unions politiques et militaires des temps de la Guerre froide », a-t-il estimé. Dans les relations entre Moscou et Pékin, « il n’y a pas de limites, ni de sujets interdits », selon le maître du Kremlin. « Notre dialogue politique est franc au maximum, alors que notre coopération stratégique est devenue exhaustive et elle entre dans une nouvelle ère », a-t-il souligné.

« De grandes attentes »

« Ce sont les relations chinoises qui sont la pierre angulaire aujourd’hui de la stabilité régionale et globale, elles stimulent la croissance économique et servent de garant à un agenda positif dans les affaires internationales », a-t-il estimé. « Nous avons de grandes attentes des prochains pourparlers » avec Xi Jinping, a dit Vladimir Poutine, en soulignant n’avoir « aucun doute qu’ils donneront une nouvelle impulsion puissante à l’ensemble de la coopération bilatérale ».

Selon le président russe, la rencontre avec Xi Jinping, attendu lundi à Moscou pour une visite de trois jours, sera aussi l’occasion pour lui de « voir un bon vieil ami » avec qui il a les « relations les plus chaleureuses ».

La position de Pékin sur la guerre en Ukraine saluée

Le président russe Vladimir Poutine a également salué « la volonté de la Chine de jouer un rôle constructif dans le règlement » du conflit en Ukraine, Pékin cherchant à s’imposer comme médiateur entre Moscou et Kiev. « Nous saluons la volonté de la Chine de jouer un rôle constructif dans le règlement de la crise » en Ukraine, a déclaré Vladimir Poutine dans un article écrit pour un journal chinois et publié par le Kremlin, à la veille d’une visite en Russie du dirigeant chinois Xi Jinping.

Il s’est dit « reconnaissant » à la Chine pour sa position « équilibrée » à l’égard des « évènements en Ukraine », pour sa « compréhension de leur préhistoire et leurs vraies raisons ». « La Russie est ouverte à un règlement de la crise ukrainienne par des moyens politico-diplomatiques », a assuré le dirigeant russe.

Il a toutefois insisté sur la reconnaissance par Kiev de « nouvelles réalités géopolitiques », à savoir l’annexion l’automne dernier de quatre régions ukrainiennes, ainsi que celle de la Crimée en 2014. « Malheureusement, des ultimatums à l’égard de la Russie témoignent que (leurs auteurs, ndlr) sont loin de ces réalités et n’ont pas l’intérêt à chercher une solution », a-t-il affirmé

Le Point par V.D. avec AFP

Guerre en Ukraine : des frappes aériennes ont touché plusieurs villes, dont Kiev

mars 9, 2023

Les forces russes auraient frappé des infrastructures civiles et notamment un immeuble résidentiel, dans les régions de Kharkiv et Odessa, tôt jeudi 9 mars.

Les civils pris pour cible en Ukraine. Les autorités locales ont fait état de frappes massives dans les régions de Kharkiv et Odessa, dans la nuit de mercredi à jeudi 9 mars. « L’ennemi a effectué une quinzaine de frappes sur la ville et la région » de Kharkiv, a déclaré le gouverneur régional, Oleg Synegubov, sur les réseaux sociaux.

« Les occupants ciblent une fois encore des installations essentielles », a-t-il ajouté. « Selon les premières informations, un immeuble résidentiel privé de la région de Kharkiv a été touché », a-t-il insisté, annonçant des précisions « claires » sur d’éventuelles victimes et l’ampleur des dégâts.

À Kharkiv, la principale ville de la région, le maire Igor Terekhov a rapporté que « l’infrastructure énergétique » avait été visée et qu’il y avait des « problèmes » d’électricité dans certaines parties de la ville.

« Heureusement, il n’y a pas eu de victimes »

Dans l’ouest, le gouverneur de la région de Khmelnytskyi, Segiy Gamaliy, a exhorté les habitants à « rester dans les abris », car « l’ennemi frappe les infrastructures essentielles du pays ».

Depuis des mois, la Russie bombarde de missiles et de drones des installations-clés d’Ukraine, perturbant la vie quotidienne de millions de personnes, leur approvisionnement en eau, en chauffage et en électricité.

Des explosions ressenties à Kiev

Des explosions ont retenti sur Kiev jeudi matin, a rapporté le maire de la capitale ukrainienne Vitali Klitschko, à la suite d’une vague de frappes massives à travers le pays. « Explosions dans le quartier Holosiivskyi de la capitale. Tous les services se rendent sur place », a déclaré Vitali Klitschko sur les réseaux sociaux, en faisant référence à un certain quartier de la ville.

⚡️Explosions heard in Kyiv.

A loud explosion was heard in Kyiv, as reported by a Kyiv Independent journalist.

Earlier, the Kyiv Oblast military administration reported that the oblast’s air defenses had been operating.— The Kyiv Independent (@KyivIndependent) March 9, 2023

Des frappes fréquentes

Ces frappes de grande envergure interviennent peu après que les 27 ministres de la Défense de l’UE, réunis à Stockholm mercredi avec leur homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, ont négocié un plan de livraisons d’obus et de munitions à Kiev, qui pourrait être porté à deux milliards d’euros. 

Mi-février, Moscou avait déjà mené une attaque « massive » avec des dizaines de missiles contre des sites de production énergétique, faisant perdre temporairement à l’Ukraine une part importante de ses capacités de génération d’énergie. Kiev avait alors annoncé avoir retrouvé une production d’électricité suffisante pour éviter les coupures, après des mois de restrictions dues aux frappes russes répétées. 

Ces dernières frappes suivent également l’annonce, mercredi, par le patron de l’organisation paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, de la prise de la partie orientale de Bakhmout, petite ville de l’est de l’Ukraine au cœur des combats depuis des mois, malgré une valeur stratégique contestée. 

Bakhmout pourrait tomber « dans les prochains jours », a estimé devant la presse le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, ajoutant cependant que « cela ne reflète pas nécessairement un quelconque tournant dans la guerre ». 

Mercredi, la directrice du renseignement américain Avril Haines a estimé que la grande offensive russe qui était crainte il y a quelques semaines a fait long feu et que le Kremlin ne réalisera probablement pas de « gains territoriaux majeurs » en Ukraine cette année et semble devoir se contenter d’objectifs révisés à la baisse.

Avec Le Point par JLB avec AFP

L’OTAN veut détruire la Russie, estime le président Poutine

février 26, 2023
Vladimir Poutine s'exprime devant un micro.

Le président russe Vladimir Poutine. (Photo d’archives) Photo: Getty Images

Alors que la guerre en Ukraine dure depuis plus d’un an, le président de la Russie, Vladimir Poutine, a accusé l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de prendre part au conflit en armant l’Ukraine, une situation qu’il n’a pas manqué de dénoncer au cours d’une entrevue diffusée à la télévision russe dimanche.

Ils envoient des dizaines de milliards de dollars d’armes à l’Ukraine. Ceci est vraiment de la participation, a-t-il affirmé sur les ondes de la chaîne Rossïa-1.

« L’Ouest est le complice indirect des crimes commis par l’Ukraine. »— Une citation de  Vladimir Poutine, président de la Russie

Cela signifie qu’ils prennent part, quoiqu’indirectement, aux crimes du régime de Kiev, a estimé M. Poutine, qui a aussi assuré que les Occidentaux n’avaient qu’un seul but, celui de détruire l’ancienne Union soviétique et sa partie principale, la Fédération de Russie.

L’argumentaire des capacités nucléaires

C’est dans ce contexte que le président russe assure que son pays n’a pas d’autre choix que de prendre en compte les capacités nucléaires de l’organisation des pays signataires du traité de l’Atlantique Nord.

« Quand tous les principaux pays de l’OTAN ont déclaré que leur principal objectif est de nous infliger une défaite stratégique, pour que notre peuple souffre comme ils disent, comment pouvons-nous ignorer leurs capacités nucléaires dans ces conditions ? »— Une citation de  Vladimir Poutine, président de la Russie

Le chef du Kremlin a également réitéré son appel à la création d’un monde partagé entre les grandes puissances. Il s’est élevé contre les États-Unis, qui selon lui veulent façonner le monde en fonction de leurs seuls intérêts.

Maintenant que leurs tentatives de reconfigurer le monde à leur image après la chute de l’Union soviétique ont mené à cette situation, nous sommes bien obligés de réagir, a-t-il mentionné.

Avec Radio-Canada d’après des informations de l’Agence France-Presse et Reuters

La guerre d’Ukraine va-t-elle s’étendre?

février 23, 2023
Un char d'assaut détruit.

Il y a un an, les premiers chars russes entraient en Ukraine. Photo :  (Evgeniy Malolekta/The AP )

Il y a un an aujourd’hui, tard le 23 février 2022 – c’était déjà le 24 dans la nuit européenne – les forces russes déclenchaient l’« opération militaire spéciale » décidée par Vladimir Poutine pour prendre le contrôle de l’Ukraine. Une « petite promenade » pour l’armée russe, qui se voulait aussi brève que foudroyante.

Même les services de renseignement occidentaux, qui par ailleurs avaient correctement prédit l’invasion, ont cru voir, dans un premier temps, cette opération comme un succès assuré, presque inévitable de l’agresseur. Avec l’écrasement et la reddition rapide du malheureux pays envahi par le géant voisin, incomparablement supérieur en nombre et en force de frappe.

On sait qu’il en est allé autrement. La résistance immédiate et massive des Ukrainiens, véritable spasme de survie nationale (au prix assumé des vies individuelles), a en quelque sorte forcé la main aux États occidentaux.

Après moult hésitations et retards, ils sont accourus – par vagues successives et toujours davantage d’une fois à l’autre – à la rescousse de l’Ukraine.

L’Ukraine est devenue, au fil de ces 12 mois de sang, un symbole de la lutte pour la liberté contre les forces de la tyrannie, selon les mots du président américain Joe Biden lors de sa visite spectaculaire du 20 février à Kiev, repris le lendemain à Varsovie.

Joe Biden.

Le président Biden a prononcé un discours à Varsovie, la capitale polonaise, après sa visite de la veille en Ukraine. Photo: Reuters/Evelyn Hockstein

L’OTAN ne voulait pas de ce conflit

Au fait, l’analyse selon laquelle la guerre d’Ukraine était une sorte de piège tendu par les États-Unis et l’OTAN à la Russie est complètement démentie par cette séquence initiale.

En réalité, à Paris, à Berlin et surtout à Washington, on a cherché jusqu’à la dernière seconde à dissuader le président russe de passer à l’acte. On redoutait cette invasion, parce qu’on pronostiquait une victoire facile de la Russie et un nouvel affaiblissement de l’Occident et de sa cohésion. Tels étaient aussi, d’ailleurs, l’analyse et le plan de Vladimir Poutine!

Lorsqu’il a commis l’irréparable, fin février 2022, les États-Unis semblaient prêts à passer très rapidement l’Ukraine par profits et pertes.

On en veut pour preuve la célèbre offre américaine de taxi pour exfiltrer Volodymyr Zelensky d’Ukraine en toute sécurité, qui aurait confirmé la défaite instantanée du gouvernement de Kiev. Offre à laquelle, selon l’Associated Press, Zelensky aurait répondu par un bras d’honneur : Ce n’est pas d’un taxi dont j’ai besoin, mais de munitions pour me défendre.

Par la suite, d’une étape à l’autre, les aides militaires des Occidentaux à l’Ukraine, à partir des fameux (et dérisoires) 5000 casques offerts par l’Allemagne (janvier 2022) jusqu’aux chars Leopard (janvier 2023), sont allées crescendo, mais à chaque fois, avec une infinie réticence à passer à la vitesse supérieure.

Un char d'assaut Leopard en cours de chargement dans un avion-cargo.

Le Canada fait partie des États qui ont décidé de fournir des chars à l’Ukraine. Photo : Radio-Canada/Jean Brousseau

Tout cela montre que la complicité des Occidentaux n’était pas du tout évidente, du moins dans un premier temps. Et si l’OTAN a indéniablement profité de cette guerre pour se refaire une vigueur, ce n’était nullement prémédité.

On peut plutôt parler d’opportunisme payant, se dévoilant au fil d’événements imprévus, pour une organisation dont beaucoup ne donnaient pas cher, ces dernières années. En décembre 2019, le président Emmanuel Macron de France n’avait-il pas déclaré : L’OTAN est en état de mort cérébrale.

On a affaire à un miraculé ou à un revenant, plutôt qu’à un tout-puissant qui aurait tout prévu et manipulé!

Aucune volonté de compromis

Après un an, doit-on s’attendre à une autre ou à plusieurs autres années de cette horreur? Ou à une sorte d’impasse et de fatigue des parties en guerre, qui mènerait à un conflit gelé, avec des escarmouches périodiques et sans règlement de fond, comme il y en a ailleurs en ex-URSS? C’est hélas une possibilité, même si d’autres scénarios ne sont pas à écarter.

Il y a plusieurs façons de finir une guerre. L’une est la victoire nette d’un camp sur l’autre. Encore faut-il définir ce qu’est une victoire. Pour Moscou, est-ce l’absorption totale de l’Ukraine, ce qui était l’objectif initial? Ou bien plutôt se contenter de la Crimée, plus les régions de Donetsk et de Louhansk?

Un homme face à un micro

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky Photo : Getty Images/Alexey Furman

Pour Kiev, la ligne officielle est : reconquête totale du territoire national, y compris la Crimée. La Crimée qui a été ukrainienne pendant plus de 60 ans, dont près de 25 ans dans l’Ukraine indépendante, après un référendum où le oui ukrainien, en 1991, l’avait également emporté dans la péninsule.

Parmi les soutiens occidentaux de Kiev, la ligne généralement entendue et répétée consiste à dire : Soutien à l’Ukraine; l’Ukraine doit gagner cette guerre; ce sont les Ukrainiens qui décideront, le cas échéant, s’ils doivent ou non accepter un compromis, notamment territorial. Voilà pour les principes.

Dans les faits, dans beaucoup de capitales européennes, vous entendrez des responsables politiques vous chuchoter, par exemple, que la Crimée représente une ligne rouge de Moscou… qu’il vaudrait peut-être mieux respecter. D’autres élargissent le concept jusqu’à dire qu’un statu quo ante à la situation d’avant le 23 février 2022 (avec des fractions importantes des régions de Donetsk et de Louhansk hors du contrôle de Kiev) serait un compromis acceptable.

Les déclarations récentes ne laissent pas entrevoir, dans l’état actuel, d’évolution de positions qui pourraient mener à de tels compromis, qui restent des spéculations théoriques.

Le 22 février, Poutine a répété son discours impérialiste classique, selon lequel la Russie se bat pour ses frontières historiques, un concept flou et très large qui peut englober, outre l’Ukraine et le Bélarus, la Géorgie, le Caucase du Sud et jusqu’à des fractions de l’Asie centrale.

La Russie selon Poutine est un empire, pas une nation. C’est aussi, a-t-il déjà déclaré en riant en 2016, un concept qui n’a pas de frontières. Mais il ne riait qu’à moitié.

Un effondrement de l’une ou l’autre partie est-il possible?

Un soldat flatte un chien devant un bâtiment en ruines.

Un soldat ukrainien caresse un chien tandis qu’il patrouille à Bakhmout, une ville durement touchée par l’offensive russe en Ukraine. Derrière lui, sur le mur, on peut lire le mot « amour ». Photo: AP/Libkos

Oui, mais une telle possibilité peut aussi, parfois, être un élément de langage pour parler de l’ennemi en termes propagandistes.

Par exemple, dans une entrevue au journal Le Monde publiée le 22 février, le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, y va d’une affirmation sensationnelle : Nous nous approchons de la fin de la guerre en Ukraine.

Intox? Rodomontade? Boudanov fait valoir que l’armée russe est dans un état d’épuisement avancé, que les dernières recrues sur le terrain ne sont que de la chair à canon, envoyée à la hâte, sous la contrainte et sous-équipée, à peine capables de conquérir, au prix de milliers de vies humaines, quelques mètres carrés de territoire.

Il déclare notamment : La Russie va être forcée de retirer ses troupes du territoire ukrainien sous la pression militaire, sous la pression de processus politiques internes à la Russie, et sous la pression de la diplomatie. La Russie sera forcée d’effectuer ce retrait bientôt, sinon cela mènera à l’effondrement du régime.

On entend également, chez certains commentateurs prorusses français ou américains (par exemple le colonel à la retraite Douglas Macgregor, ou encore l’infatigable Scott Ritter, ancien inspecteur de l’ONU), qu’un effondrement imminent guette au contraire l’armée ukrainienne.

Il est vrai que Macgregor avait lancé une telle affirmation il y a un an, dans les premiers jours de l’invasion, puis il l’a répétée au moins deux autres fois : au début de l’été (bataille de Severodonetsk) et ces derniers jours… Peut-être l’analyste confond-il ses désirs et la réalité?

Les armes occidentales peuvent-elles faire la différence?

C’est possible, mais il y a beaucoup d’impondérables. Quand les fameux super chars Leopard arriveront-ils? Combien de ces tanks seront effectivement livrés? Pourront-ils défoncer les tranchées russes au sud-est du fleuve Dniepr, sur le chemin de la Crimée?

Ces livraisons seront-elles suivies de lance-missiles à très longue portée? Ou d’avions de combat de type F-16, qui pourraient conférer à l’Ukraine une supériorité aérienne?

Parmi les impondérables, il y a aussi la capacité de production occidentale. Suivra-t-elle la demande de la défense ukrainienne? C’est la question que pose, non sans angoisse, l’éminent spécialiste américain de la Russie Stephen Kotkin, dans une récente entrevue à l’hebdomadaire The New Yorker.

Il souligne que, jusqu’à maintenant, les Occidentaux ont essentiellement puisé dans leurs stocks existants, mais qu’il faudra bientôt produire. Côté ukrainien, les simples obus d’artillerie seraient proches de la rupture de stock, et l’industrie européenne incapable de fournir à la demande.

Le rapprochement russo-chinois ira-t-il jusqu’à l’alliance militaire?

Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping se serrent la main.

Le président russe Vladimir Poutine a reçu la première Médaille de l’amitié des mains du président chinois Xi Jinping à Pékin en mars 2022. (Photo d’archives) Photo : Reuters

Au cours des dernières semaines, on a assisté à un rapprochement marqué entre Pékin et Moscou. Il a culminé le 22 février lors de la visite de Wang Yi, numéro un de la politique étrangère chinoise, à Moscou où il a rencontré Vladimir Poutine. On y a annoncé une prochaine visite de Xi Jinping en Russie.

Dans son approche de la guerre en Ukraine, Pékin est en train de passer de la circonspection distanciée à une attitude de plus en plus anti-occidentale et prorusse. La Chine blâme carrément les États-Unis pour la guerre. Et Wang Yi est allé à Moscou, selon ses mots, pour renforcer le partenariat stratégique et la coopération tous azimuts avec la Russie.

Le 20 février, le secrétaire d’État américain Antony Blinken accusait Pékin d’avoir le projet d’envoyer des armes létales à la Russie. Malgré le démenti des Chinois – qui ne voudraient pas qu’on les surprenne en train de faire précisément ce qu’ils reprochent aux Occidentaux en Ukraine! – il y a des signes qui ne trompent pas.

Les 14, 15 et 16 février, le président iranien Ebrahim Raïssi a fait un long séjour en Chine. Avec Xi Jinping, il a été question, entre autres, de la nécessaire lutte commune contre la vilaine hégémonie occidentale, pour un modèle alternatif à l’hypocrite démocratie libérale : le même discours qu’on entend à Moscou.

On a aussi discuté de coopération militaire entre les deux pays. À partir de là, on peut pousser le raisonnement : l’Iran est déjà fournisseur de drones militaires à la Russie; la Chine elle-même est une productrice de drones; l’Iran pourrait jouer les intermédiaires dans un éventuel axe Pékin-Téhéran-Moscou, etc.

Bien entendu, il y a des freins à un tel engagement de la Chine, qui doit surveiller ses arrières sur le plan économique. Ce grand pays commerçant a intérêt à ménager ses partenaires, à cacher son jeu, à ne pas jeter de l’huile sur le feu, même si ces partenaires sont en même temps des adversaires idéologiques et diplomatiques, notamment après l’affaire des ballons qui a encore plus refroidi les relations sino-américaines.

Les adversaires idéologiques et diplomatiques deviendront-ils, demain, des adversaires militaires dans une guerre par procuration en Europe? La question est pertinente et angoissante.

Avec Radio-Canada par François Brousseau

Guerre en Ukraine : Biden salue la résistance de Kiev et jure que « Poutine perdra »

février 21, 2023

En déplacement à Varsovie mardi, le président américain a réitéré le soutien des États-Unis à l’Ukraine et assuré une défaite de la Russie dans la guerre.

Joe Biden etait en deplacement mardi a Varsovie pour evoquer l'avancee de la guerre en Ukraine.
Joe Biden était en déplacement mardi à Varsovie pour évoquer l’avancée de la guerre en Ukraine.© MANDEL NGAN / AFP

Les États-Unis plus que jamais main dans la main avec l’UkraineJoe Biden a déclaré mardi 21 février que l’Ukraine continuait à être « libre », lors d’une visite en Pologne, juste avant le premier anniversaire de l’invasion russe. « Kiev est fort, Kiev est fier, il tient debout et surtout est libre », a déclaré le président américain à une foule rassemblée devant le château royal de Varsovie, dans un discours en Pologne peu avant le premier anniversaire du début de l’invasion russe.

Joe Biden a également déclaré que le soutien à l’Ukraine « ne faiblira pas ». « Il ne devrait y avoir aucun doute : notre soutien à l’Ukraine ne faiblira pas, l’Otan ne sera pas divisée et nous ne lâcherons pas », a détaillé le locataire de la Maison-Blanche. L’Occident ne « complote pas pour attaquer la Russie », a aussi affirmé Joe Biden. « L’Occident ne complote pas pour attaquer la Russiecomme Poutine l’a dit aujourd’hui. Des millions de citoyens russes qui veulent seulement vivre en paix avec leurs voisins ne sont pas l’ennemi », a argué le président américain.

Selon lui, son homologue russe Vladimir Poutine, qui se croyait « dur », s’est heurté à la « volonté de fer de l’Amérique ». « Il pensait que les autocrates comme lui étaient durs et que les dirigeants de la démocratie étaient mous, puis il s’est heurté à la volonté de fer de l’Amérique et des nations du monde entier qui refusent d’accepter un monde gouverné par la peur », a insisté Joe Biden.

Joe Biden a en outre assuré que l’Ukraine ne serait « jamais une victoire pour la Russie ». « Un dictateur déterminé à reconstruire un empire ne pourra jamais entamer l’amour du peuple pour la liberté, la brutalité n’écrasera jamais la volonté de ceux qui veulent rester libres. L’Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie, jamais », a conclu le président américain, à Varsovie.

Le Point.fr par Quentin Marchal avec Agences

Ukraine : La Chine pourrait fournir des armes à la Russie, selon les États-Unis

février 19, 2023
Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est dit profondément préoccupé par les renseignements qu’il détient sur le soutien potentiel de la Chine envers l’armée russe. Photo: AP/Petr David Josek

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, dit détenir des renseignements selon lesquels la Chine envisagerait de fournir des armes et des munitions à la Russie.

À ce jour, nous avons vu des entreprises chinoises […] fournir un soutien non létal à la Russie pour une utilisation en Ukraine. L’inquiétude que nous avons maintenant est basée sur des informations dont nous disposons selon lesquelles elles envisagent de fournir un soutien létal, a-t-il déclaré, samedi, lors d’un entretien avec le réseau américain CBS.

Plus tôt dans la journée, Blinken rencontrait Wang Yi, directeur de la Commission centrale des affaires étrangères de la Chine, dans le cadre de la Conférence de Munich sur la sécurité.

Le secrétaire d’État américain n’a pas fourni de précisions sur la nature des informations qu’il détenait au sujet des intentions de la Chine. Il s’est toutefois dit profondément préoccupé, alertant qu’un tel soutien envers l’armée russe aurait des conséquences sérieuses.

La vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, a également fait part de son inquiétude lors de son allocution samedi.

« À l’avenir, toute mesure prise par la Chine pour fournir un soutien meurtrier à la Russie ne ferait que récompenser l’agression, perpétuer les tueries et porter atteinte à un ordre fondé sur des règles. »— Une citation de  Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis

Des relations russo-chinoises déjà sous la loupe

Nous sommes également troublés que Pékin ait approfondi ses relations avec Moscou depuis le début de la guerre, a affirmé Kamala Harris.

Le président chinois, Xi Jinping, refuse toujours de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Pékin aurait toutefois aidé Moscou à redresser son économie durement touchée par les sanctions de l’Occident, a dit Blinken. Selon lui, la Chine représente l’un des plus grands marchés pour le pétrole, le gaz et le charbon russes, et les échanges commerciaux entre les deux pays n’ont cessé de croître depuis le début de la pandémie.

En janvier, les États-Unis avaient d’ailleurs sanctionné une entreprise chinoise, accusée d’avoir fourni des renseignements au groupe Wagner, une organisation de mercenaires soutenue par la Russie.

La rencontre entre Antony Blinken et Wang Yi se déroulait sur fond de tension avec la controverse récente entourant le ballon chinois soupçonné d’espionnage. Le secrétaire d’État américain avait d’ailleurs annulé son voyage prévu à Pékin plus tôt ce mois-ci dans la foulée des événements.

Un plan chinois pour la paix

Durant son discours à la Conférence de Munich sur la sécurité, samedi, Wang Yi a soutenu vouloir mettre fin au conflit russo-ukrainien. Cette guerre ne peut continuer à faire rage, a-t-il lancé.

Le diplomate chinois a d’ailleurs annoncé l’intention de son pays de dévoiler, le 24 février prochain, soit un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, un plan pour la paix.

Wang Yi n’a pas détaillé le contenu de ce plan, mais a assuré que ce dernier réaffirmerait la nécessité de respecter les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale. Il a toutefois mentionné que les intérêts de sécurité légitimes de la Russie devaient être respectés.

Ces déclarations ont reçu un accueil mitigé. Annalena Baerbock, cheffe de la diplomatie allemande, a affirmé que les intentions de la Chine d’utiliser son influence auprès de la Russie pour assurer la paix mondiale étaient les bienvenues. Elle a cependant dit avoir dû s’entretenir longuement avec son homologue chinois sur la définition de la paix.

« Une paix juste présuppose que celui qui a violé l’intégrité territoriale, c’est-à-dire la Russie, retire ses troupes du pays occupé. »— Une citation de  Annalena Baerbock, cheffe de la diplomatie allemande

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est pour sa part montrée sceptique quant aux intentions chinoises. Nous avons vu que la Chine et la Russie ont signé un partenariat illimité, et je pense que nous avons besoin de plus de preuves et de plus d’actions pour voir que la Chine ne soutient pas la Russie, a-t-elle déclaré, en entrevue avec CNN. Jusqu’à présent, nous constatons le contraire.

Radio-Canada Philippe Robitaille-Grou Avec les informations de BBC, CNN et The Guardian

Des exercices navals controversés entre Afrique du Sud, Russie et Chine

février 17, 2023

Alors que Pretoria ménage Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, des manœuvres navales vont avoir lieu avec la Russie et la Chine au large de Durban. La communauté internationale s’inquiète.

Des membres d’une association ukrainienne et d’Extinction Rebellion manifestent au Cap, le 17 février 2023, contre l’exercice militaire conjoint l’Afrique du Sud avec la Russie et la Chine. © GIANLUIGI GUERCIA / AFP

Le 17 février, l’armée sud-africaine se préparait à des exercices navals avec la Russie et la Chine, au large de ses côtes dans l’océan Indien. Ces manœuvres controversées suscitent l’ « inquiétude » sur la scène internationale dans le contexte de la guerre en Ukraine. Pretoria les a qualifiées d’occasion de « partager des compétences et des connaissances opérationnelles ».

« La frégate russe est arrivée à Durban. Le bateau chinois arrivera plus tard. Nous sommes en phase de préparation, la manœuvre principale aura lieu le 22 février », a indiqué une source militaire. Les opérations impliquant plus de 350 militaires sud-africains doivent se poursuivre jusqu’au 27 février au large de Durban (Sud-Est), plus grand port d’Afrique australe, et de Richards Bay, quelque 180 km plus au nord.

Position neutre

L’Afrique du Sud a adopté une position neutre depuis le début de l’invasion russe en Ukraine il y a près d’un an, refusant de se joindre aux appels occidentaux à condamner Moscou. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en visite à Pretoria le mois dernier, avait évoqué des « choses irritantes » à propos des relations entre l’Afrique du Sud et la Russie. Interrogée sur ces manœuvres militaires conjointes, la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a elle exprimé « l’inquiétude des États-Unis ».

La ministre des Affaires étrangères sud-africaine, Naledi Pandor, avait de son côté déclaré à l’issue d’une rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov, en visite à Pretoria en janvier, que « tous les pays effectuent des exercices militaires avec leurs amis ».

« Ce bateau va naviguer vers la Mer Noire et participer à l’invasion de l’Ukraine », a averti Kobus Marais, membre du parti d’opposition Alliance démocratique (DA), mettant en garde contre le risque pour l’Afrique du Sud d’être considérée comme « complice de crimes de guerre ».

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Ukraine : salve de missiles russes après l’annonce d’envoi de chars occidentaux

janvier 26, 2023
Un homme aidant une femme à sortir d'un cratère après un bombardement russe dans la région de Kiev.

Selon les autorités ukrainiennes, la Russie a tiré jeudi 55 missiles aux abords de Kiev. Photo: Getty Images/Roman Pilipey

L’Ukraine a été la cible jeudi de nouveaux bombardements russes d’ampleur, qui ont fait au moins 11 morts et 11 blessés et provoqué des pannes de courant, au lendemain de la décision des Occidentaux de livrer des chars lourds à l’armée ukrainienne.

Mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait appelé à fournir ces blindés le plus vite possible, son ministère de la Défense prévenant que les troupes russes, en supériorité numériqueintensifiaient les combats dans l’est de l’Ukraine.

À Bakhmout, à l’épicentre des affrontements dans l’est de l’Ukraine, Lisa, une médecin, regrettait jeudi matin auprès de l’AFP les tergiversations occidentales sur les chars, estimant que le feu vert aurait dû être donné plus tôt et pour une plus grande quantité de ces matériels.

Mais, bien sûr, nous sommes très reconnaissants de ce que nous avons obtenu, ajoutait-elle.

Dans l’immédiat, 11 personnes ont été blessées et, malheureusement, 11 autres sont décédées, a déclaré à la télévision le porte-parole des secours ukrainiens, Oleksandre Khorounejy, selon qui les dégâts les plus importants sont dans la région de Kiev. Un précédent bilan local faisait état d’un mort et de deux blessés dans la capitale, selon son maire, Vitali Klitschko.

Plusieurs dizaines de missiles

Un lance-missiles fait feu durant des exercices en Crimée.

Les salves de missiles tirés sur des infrastructures électriques névralgiques pendant l’hiver sont devenues la principale stratégie du Kremlin en attendant les offensives du printemps. Photo: via Reuters/Ministère de la Défense de la Russie

Selon le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaloujny, la Russie a tiré jeudi 55 missiles sur l’Ukraine et 47 ont été détruits, dont 20 aux abords de Kiev.

L’Ukraine a également dit avoir abattu dans la nuit 24 drones explosifs Shahed, de fabrication iranienne. Un premier bilan a fait état d’un mort et de deux blessés dans la capitale, selon son maire, Vitali Klitschko.

Des coupures d’électricité d’urgence ont été imposées à Kiev et dans d’autres régions après que des sites énergétiques ont été touchés, la Russie essayant de causer une défaillance systémique du réseau national, selon le ministre de l’Énergie, Guerman Galouchtchenko.

La situation reste maîtrisée, a assuré le premier ministre Denys Chmygal.

À Odessa (sud-ouest), malgré des difficultés, le courant était rétabli en milieu de journée dans les hôpitaux et les autres infrastructures essentielles de la ville, a annoncé la compagnie d’électricité privée DTEK.

Les frappes près de cette grande ville portuaire ont eu lieu peu avant que la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, n’y arrive dans la matinée pour discuter avec son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba.

Après une série de revers militaires sur le terrain à la fin de l’été et à l’automne, le Kremlin a commencé en octobre à régulièrement frapper les transformateurs et les centrales électriques de l’Ukraine, plongeant à chaque fois des millions de civils dans le noir et le froid.

En attendant les chars occidentaux

Des chars d'assaut embarqués sur un train.

Les États-Unis ont promis cette semaine 31 chars d’assaut Abrams aux Ukrainiens. Photo: AFP/Petras Malukas

Cette nouvelle vague de bombardements intervient au lendemain du feu vert de Washington et de Berlin au transfert de dizaines de chars lourds à Kiev, une décision inédite en 11 mois de guerre. L’Allemagne compte livrer fin mars ou début avril les premiers Leopard 2 promis.

Volodymyr Zelensky, selon lequel il s’agit d’une étape importante pour la victoire finale, a remercié ses alliés. Mais il a relevé que la clé du succès était désormais la vitesse et le volume des livraisons, Kiev demandant des centaines de blindés pour entamer la reconquête des territoires sous occupation dans l’est et le sud.

Le président ukrainien a aussi réclamé des avions de combat et des missiles de longue portée, autant d’armes que les Occidentaux refusent jusqu’ici de fournir, de peur de provoquer une escalade militaire.

Engagement direct dans le conflit

D’ores et déjà, le Kremlin considère que la livraison de chars est la preuve de l’engagement direct dans le conflit des Occidentaux. Et nous voyons que [cet engagement] grandit, a relevé jeudi face à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Pour l’Ukraine, l’obtention d’armements est vitale pour reprendre les territoires dont la Russie revendique l’annexion. D’autant que, dans l’est, les combats s’intensifient, a relevé mercredi soir la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar.

Un char d'assaut dans l'eau.

Une douzaine de pays possèdent des chars d’assaut de type Leopard-2, fabriqués en Allemagne. Photo : Getty Images/Sean Gallup

Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie et aucun de nos partenaires ne l’est, a répliqué la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre. La livraison d’équipements militaires dans le cadre de l’exercice de sa légitime défense ne constitue pas une co-belligérance, a-t-elle soutenu face à la presse.

Cette mise au point intervient également après une déclaration maladroite de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui, alors que son pays a été très critiqué pour ses atermoiements, avait dit mercredi : Nous combattons dans une guerre contre la Russie et non entre nous.

Pour l’heure, dans l’est, les combats s’intensifient, a souligné mercredi soir Ganna Maliar.

Les forces russes y sont en supériorité numérique, a-t-elle noté, citant la zone de Bakhmout, dont les troupes de Moscou tentent de s’emparer depuis plusieurs mois, mais aussi celle autour de Vougledar, une localité au sud-ouest de Donetsk.

Un homme marche près d'un pylône électrique.

Les infrastructures électriques ukrainiennes sont les cibles prioritaires des missiles et drones russes en plein hiver. Photo : Getty Images/Spencer Platt

Par ailleurs, l’Ukraine a admis mercredi avoir dû abandonner Soledar – au nord-est de Bakhmout –, dont les Russes revendiquaient la prise depuis une semaine.

Selon un sergent, qui répond au nom de guerre d’Alkorla bataille a été rude, car les Ukrainiens étaient moins nombreux.

Nous tirons, encore et encore, mais, après cinq minutes, une nouvelle vague de 20 ennemis nous arrive dessus, dit-il. Leur nombre est énorme. Ils utilisent leurs soldats comme de la chair à canon.

Selon l’Institute for the Study of War, la Russie semble multiplier les offensives sur la ligne de front pour disperser les forces ukrainiennes afin de créer les conditions d’une opération offensive décisive.

Avec Radio-Canada par Agence France-Presse

La Russie, en opération séduction en Afrique, fustige l' »Occident colonial »

janvier 25, 2023
La Russie, en operation seduction en Afrique, fustige l'"Occident colonial"
La Russie, en opération séduction en Afrique, fustige l' »Occident colonial »© Ministère des Affaires étrangères russe/AFP/Handout

La Russie a fustigé mercredi les « tactiques coloniales » de l’Occident pour faire « pression sur les continents en développement », saluant la « position équilibrée » de l’Angola qui s’est longtemps abstenu de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine.

Plusieurs États africains se sont abstenus en mars 2022 lors du vote d’une résolution de l’ONU exigeant « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ». L’Angola a voté pour la première fois en octobre pour condamner Moscou.

« La Russie apprécie la position équilibrée de l’Angola aux Nations unies », a déclaré à la presse le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, à l’issue d’une rencontre à Luanda avec son homologue angolais Tete Antonio et le président Joao Lourenco.

Dénonçant les « pressions illégales des Etats-Unis et ses alliés », le chef de la diplomatie russe a ajouté que « l’Occident utilise les mêmes tactiques coloniales que par le passé pour exploiter les continents en développement ».

Ancien mouvement de libération à mouvance marxiste, le parti historique au pouvoir en Angola (MPLA, Mouvement populaire pour la libération de l’Angola) entretient des liens historiques avec la Russie, même si l’Angola a par la suite renforcé ses liens avec les États-Unis.

L’Afrique est redevenue un champ de bataille d’influence politique et économique, notamment depuis le début du conflit en Ukraine, il y a près d’un an.

M. Lavrov est en visite pour la seconde fois en six mois sur le continent. Avant l’Angola, il s’est rendu en Afrique du Sud et en Eswatini.

Son voyage coïncide avec une tournée africaine de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, s’est par ailleurs rendu ce mois-ci en Éthiopie, au Gabon, en Angola, au Bénin et en Égypte.

Avec Le Point par AFP