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RDC : Kinshasa annonce l’expulsion de l’ambassadeur du Rwanda

octobre 30, 2022

Les autorités congolaises, qui accusent Kigali de soutenir la rébellion du M23, ont décidé d’expulser Vincent Karega, l’ambassadeur du Rwanda, a fait savoir samedi soir le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.

Patrouilles dans la zone de Kibumba attaquée par les rebelles du M23 lors d’affrontements avec l’armée congolaise, près de la ville de Goma dans l’est de la RDC, en juin 2022. © Guerchom Ndebo / AFP

L’annonce du gouvernement congolais survient alors que le M23, qui a repris les armes à la fin de 2021, a de nouveau gagné du terrain samedi 29 octobre dans l’est de la RDC. Les rebelles, qui tiennent la ville de Bunagana depuis la mi-juin, se sont emparés de nouvelles localités, Kiwanja et Rutshuru-Centre, situées sur la RN2, axe stratégique desservant Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Samedi, le président Félix Tshisekedi a présidé « une réunion élargie du Conseil supérieur de défense », pour évaluer la situation après « une série d’attaques et d’occupations de localités congolaises […] par le M23 appuyé par l’armée rwandaise », a indiqué le porte-parole du gouvernement congolais dans un communiqué lu à la télévision officielle.

« Il a été observé ces derniers jours une arrivée massive des éléments de l’armée rwandaise pour appuyer les terroristes du M23 en vue d’une offensive générale contre les positions des forces armées » congolaises, a ajouté Patrick Muyaya.

« Aventure criminelle et terroriste »

« Cette aventure criminelle et terroriste », a-t-il dit, a provoqué le « déplacement massif de plusieurs milliers » de personnes. « Au regard des faits qui précèdent », le Conseil supérieur de défense a demandé au gouvernement d’expulser dans les 48 heures Vincent Karega, ambassadeur du Rwanda en RDC, du fait notamment « de la persistance de son pays à agresser la RDC », a continué le porte-parole.

Ce dimanche 30 octobre, Kigali a dit « regretter » cette décision et a affirmé que ses forces de sécurité positionnées à la frontière congolaises demeuraient en état d’alerte.

Kinshasa accuse depuis des mois Kigali de soutenir le M23. Un rapport non publié de l’ONU pointait une implication du Rwanda auprès du M23 et, cette semaine, un ambassadeur américain aux Nations unies a évoqué sans détour « l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 ».

Le Rwanda dément et accuse en retour la RDC de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un mouvement rebelle qui lui est hostile et qui est actif dans l’est de la RDC.

Dans le communiqué publié ce dimanche à la suite de l’annonce de l’expulsion de Vincent Karega, le Rwanda s’est de nouveau dit particulièrement préoccupé par cette « collusion », de même que par la « rhétorique belliqueuse anti-rwandaise » utilisée par les autorités congolaises.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Crise RDC-Rwanda : quelles conséquences économiques ? L’analyse de Fitch

juin 23, 2022

Alors que la tension diplomatique entre les deux pays ne faiblit pas, l’institut de notation analyse les différentes implications que pourrait avoir le conflit actuel sur leurs économies respectives.

Des manifestants arrêtés par la police alors qu’ils tentent de rejoindre la frontière avec le Rwanda, à Goma, en RDC, mercredi 15 juin 2022. © Moses Sawasawa/AP/SIPA

Dans une note diffusée ce 21 juin, Fitch Solutions tente de mesurer les potentielles conséquences économiques de la crise diplomatique qui oppose la RDC et le Rwanda depuis plusieurs semaines. L’agence a étudié trois scénarios. Le premier, le plus probable (65 %), prévoit que les relations entre les deux pays restent « tendues » au cours des trimestres à venir, sans que cela ne débouche sur un conflit militaire à grande échelle. Notamment grâce à la médiation de la communauté internationale.

Pour rappel, le président congolais Felix Tshisekedi avait accusé, entre fin mai et début juin, Kigali de soutenir activement le groupe rebelle M23 – qui prétend défendre les intérêts des Tutsis contre les groupes armés de l’ethnie hutue. Des allégations que le gouvernement rwandais a fermement démenties.

Dans ce contexte, l’agence de notation revoit à la baisse le score de la RDC dans son indice de risque politique à court terme de 25,8 sur 100 à 24,2 (ce qui signifie que le risque est plus élevé). De même, le score de la composante sécurité/menaces extérieures est ramenée de 25,8 à 24,2. Même constat pour le Rwanda, avec un score qui passe de 69,2 à 68,3 sur le risque politique et de 58,3 à 51,7 pour la composante sécurité/menaces extérieures.

Investissements étrangers en jeu

Avec une économie « robuste » (6,4 % de croissance entre 2012 et 2021) et « largement tributaire d’importants flux d’investissements étrangers et d’aides financières », le Rwanda aurait selon Fitch Solutions tout intérêt à se tenir à l’écart des allégations dont l’accuse la RDC pour maintenir de fortes relations avec la communauté internationale et continuer à bénéficier de ses investissements. Selon le ministère rwandais des Finances et de la Planification économique, ces subventions représentent 16,1 % des recettes publiques dans le budget de l’exercice 2021-2022.

« Dans ce scénario le plus probable, nous nous attendons à ce que – même si les relations entre les deux États restent conflictuelles pendant un certain temps – les conséquences économiques ne soient pas sévères », affirment les analystes. Ils estiment que la médiation des États de la Communauté de l’Afrique de l’Est (ECA) préviendra une escalade du conflit, ce qui évitera de perturber le bon fonctionnement des industries extractives présentes en RDC.

Croissance affectée

Dans un deuxième scénario, moins probable (25 %), dans lequel les forces armées de la RDC et du Rwanda s’affrontent régulièrement, Fitch Solutions prévoit une détérioration de la stabilité de la sous-région à moyen terme. Avec un marché fortement perturbé, les exportations rwandaises vers la RDC représentant 12,4 % du total des exportations du pays en 2021 et la seule raffinerie d’or du Rwanda reposant en majorité sur les minerais congolais, les deux économies risquent de voir leur croissance ralentir. En effet, dans ce scénario d’escalade, l’institut de notation revoit à la baisse ses projections de croissance à 5,5 % en 2022 et 6,3 % en 2023 pour la RDC et à 7,1 % et 7,8 % sur la même période pour le Rwanda.

Troisième et dernier scénario (10 % de probabilité) : le conflit se répand aux pays voisins, avec l’Ouganda et le Kenya qui se mobiliseraient pour protéger leurs frontières. Avec dans ce cas un sérieux coup de frein au développement du secteur minier en RDC, du projet phare du Rwanda (Kigali Innovation City) ainsi que du projet pétrolier du lac Albert en Ouganda. C’est une croissance économique « nettement plus faible » et des risques plus élevés pour la stabilité politique à plus long terme que prévoit Fitch Solutions.

« Dans ce scénario le plus sévère, les liens régionaux s’affaibliront considérablement dans les années à venir – il est même possible que l’EAC éclate. Il y aurait beaucoup moins de coopération sur les menaces sécuritaires, et la réduction des échanges commerciaux ralentirait le développement économique en Afrique de l’Est », prévient l’institut de notation.

Avec Jeune Afrique par Maureen Songne

Crise Rwanda-RDC : Félix Tshisekedi appelle à une mobilisation générale autour des Fardc

juin 1, 2022

De la situation sécuritaire dans l’est du pays sur fond de la guerre à laquelle les Forces armées de la République démocratique du Congo (Fardc) font face actuellement contre la rébellion pro-rwandaise du M23, il en a été question lors de la cinquante-cinquième réunion du conseil des ministres du 27 mai dernier.

Une patrouille des Fard

Dans sa traditionnelle communication, en liminaire aux discussions, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a salué les performances des Fardc sur le terrain des opérations. Elles ont, s’est-il félicité, « repris le contrôle de la situation, qui tend à se stabiliser, en repoussant les assauts de ceux qui ont décidé de s’attaquer à la République ».

Sans ambages, le chef de l’État a condamné (sans le citer) l’attitude de ce groupe criminel qui bénéficie des appuis sans équivoques de certains acteurs régionaux. Pourtant tenu au respect d’un engagement républicain, ce groupe armé s’est délibérément attaqué aux forces de défense et de sécurité nationales dans des positions qu’elles occupent dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo. Heureusement qu’il s’est buté à l’engagement farouche et infaillible des Fardc à défendre chaque centimètre carré du territoire national face aux groupes des criminels et barbares qui écument l’est du pays, quels qu’ils soient.

Toujours sur ce même registre, le président de la République a exhorté ses concitoyens à une mobilisation générale ainsi qu’à une union des cœurs et d’esprits pour faire face à cette situation qui impose des défis existentiels à  la République. Bien plus, il a invité les Congolaises et Congolais à apporter un soutien sans faille aux vaillants soldats des Fardc engagés dans la défense de la patrie, conformément aux termes de leur serment.

Sur la même lancée, le président Félix-Antoine Tshisekedi s’est dit préoccupé par le sort des compatriotes actuellement victimes des actes barbares de ces forces négatives et terroristes. Ces dernières, a-t-il assuré, n’échapperont pas à l’action de la justice. De ce fait, des instructions claires ont été données à l’exécutif national pour que des moyens conséquents soient mobilisés afin d’apporter un appui sans faille à ces compatriotes ainsi qu’aux militaires engagés au front. Aussi le gouvernement est-il appelé à poursuivre des efforts politiques et diplomatiques pour le rétablissement de la paix et de la sécurité dans les provinces touchées.

Réitérant son engagement plusieurs fois exprimé de ramener la paix et la sécurité dans l’Est du pays – une priorité absolue de sa gouvernance -, le chef de l’État a, par ailleurs, rappelé le contexte ayant prévalu à la proclamation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Mais aussi les motivations ayant conduit à son appel lancé aux groupes armés locaux à s’engager inconditionnellement dans le processus de paix, à renoncer à la lutte armée et à revenir dans les rangs des Congolaises et Congolais dignes de cette citoyenneté. Toutes ces initiatives, a-t-il souligné, ont reçu le soutien des États de la Communauté d’Afrique de l’Est et ont conduit à la mise en œuvre des résolutions du deuxième conclave des chefs d’État de Nairobi.

Alain Diasso

Pour les demandeurs d’asile au Royaume-Uni, l’escale à Kigali

avril 23, 2022

Moyennant 145 millions d’euros, le Rwanda s’est engagé à accueillir sur son territoire les migrants refusés par le pays de Boris Johnson.

© GLEZ

La mesure ressemble à une règle du jeu de Monopoly, où l’obtention de certains scores aux dés peut vous propulser vers des cases bien plus éloignées que ne le suggère le nombre de points obtenus. Pour avoir tenté une traversée de la Manche d’une quarantaine de kilomètres, des demandeurs d’asile partis de France pourraient se retrouver à 6 592 kilomètres de la destination souhaitée. C’est en effet au Rwanda que le gouvernement britannique pourrait expédier certains demandeurs d’asile. Kigali deviendrait alors une sorte de zone de transit.

La mesure peut paraître surréaliste. Mais depuis 2019, en accord avec l’Union européenne et l’ONU, le Rwanda accueille déjà près de 1 000 demandeurs d’asile qui, eux, n’ont pas réussi à quitter le continent africain. Bloqués en Libye, ceux-ci sont « téléportés » au camp de transit de Gashora où ils sont notamment pris en charge par l’agence des Nations unies pour les réfugiés, dans l’attente du traitement de leurs demandes d’émigration en Europe.

PAUL KAGAME MÉNAGE LA CHÈVRE DE LA FRANCOPHONIE ET LE CHOU DU COMMONWEALTH

Soucieux de ménager la chèvre de la Francophonie et le chou du Commonwealth, Paul Kagame entend décliner le principe, cette fois, avec le Royaume-Uni « brexité ». Si certains observateurs pensent irréalisable le transfert massif de demandeurs d’asile vers le Rwanda – le Premier ministre britannique évoque des « dizaines de milliers de personnes » concernées pour près de 145 millions d’euros – le pari est peut-être d’abord dissuasif, certains obstacles juridiques étant, de toute façon, susceptibles de gripper le projet.

Cimetière aquatique

Bluff ou pas, les intervenants du secteur des réfugiés expriment des inquiétudes quant à la situation des droits de l’homme au Rwanda. Boris Johnson rétorque que seuls les hommes célibataires seraient concernés par le voyage vers Kigali et que cette expédition vaudrait de toute manière bien mieux que la traite des êtres humains perpétrée par « d’ignobles passeurs » qui transforment la mer en un « cimetière aquatique ».

De son côté, le Rwanda affirme que les demandeurs d’asile auraient droit à un logement décent, « à une protection totale en vertu de la législation rwandaise, à l’égalité d’accès à l’emploi, à l’inscription aux services de santé et aux services sociaux » et même à une procédure d’asile alternative. En 2022, 28 526 personnes ont traversé la Manche à bord de petits bateaux.

Moyennant 145 millions d’euros, le Rwanda s’est engagé à accueillir sur son territoire les migrants refusés par le pays de Boris Johnson.

Avec Jeune Afrique par Damien Glez

Rwanda : Paul Rusesabagina condamné à 25 ans de prison

septembre 20, 2021
Paul Rusesabagina arrivant dans les enceintes de la Cour suprême à Kigali le 17 février 2021 pour son procès.

Sanctifié par Hollywood à travers le film « Hotel Rwanda », Paul Rusesabagina a été condamné à 25 années de prison par la justice rwandaise pour actes de « terrorisme ». En cause : son rôle dans la rébellion armée du MRCD-FLN, qui a commis des attentats au Rwanda en 2018.

Tel Janus, le Dieu romain des commencements et des fins, des choix, du passage et des portes, le Rwandais Paul Rusesabagina est une célébrité à deux visages.

Côté pile, ce personnage bifrons est le héros dont Hollywood a retracé le parcours durant le génocide des Tutsi au Rwanda, entre avril et juillet 1994, dans le film Hotel Rwanda (Terry George, 2004). « Seul » face au régime, à l’armée et aux milices hutu, il aurait sauvé du massacre 1 268 personnes menacées, Hutu et Tutsi confondus.

Côté face, il est devenu par la suite un opposant en exil (en Belgique puis aux États-Unis) au régime de Kigali. Il a finalement opté pour la lutte armée et son Mouvement rwandais pour un changement démocratique (MRCD, l’aile politique)-Front de libération nationale (FLN, la branche militaire) a commis divers attentats au Rwanda en 2018.

Arrêté dans des circonstances dénoncées par sa défense et sa famille, détaillées à l’époque par Jeune Afrique, Paul Rusesabagina, qui était jugé depuis février dernier aux côtés de dix-neuf autres accusés soupçonnés d’appartenir au FLN, avait, dans un premier temps, reconnu avoir participé à la création d’un groupe armé.

Héros incontestable pour ses idolâtres occidentaux, mystificateur durant le génocide contre les Tutsi pour ses détracteurs rwandais, Paul Rusesabagina a notamment bénéficié, depuis son arrestation, du soutien de la diplomatie belge et du Parlement européen. Le Département d’État américain a même adressé des « exhortations » à Kigali afin que le pouvoir « veille à un traitement humain, au respect de l’État de droit et à la mise en œuvre d’un processus juridique équitable et transparent, et en particulier à l’accès à un avocat de son choix pour M. Rusesabagina ».

Paul Rusesabagina était poursuivi aux côtés de 20 autres accusés. La Haute Cour de justice en charge des crimes internationaux a également condamné Callixte Nsabimana, ancien commandant et porte-parole des FLN, qui avait plaidé coupable, à 20 ans de prison. Quant à Herman Nsengimana, un autre-parole des FLN et membre du CRND (Conseil national pour la renaissance et la démocratie, issu des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda – FDLR), il a été condamné à cinq années de prison.

Selon la porte-parole du ministre rwandais des Affaires étrangères, Yolande Makolo, « ce long procès a mis au jour les activités terroristes du FLN, dirigé par Paul Rusesabagina. Les preuves contre l’accusé étaient indiscutables et le peuple rwandais se sentira plus en sécurité maintenant que justice a été rendue. Le procès a été une épreuve longue et douloureuse pour les victimes des attentats du FLN, en particulier pour celles qui ont été appelées à témoigner. Nos pensées vont aujourd’hui à ces valeureux témoins, ainsi qu’aux familles et amis des victimes ».

Avec Jeune Afrique par Mehdi Ba

Rwanda: au moins 16 personnes tuées par la foudre dans une église

mars 11, 2018

 

Image d’illustration. © John R. Southern / Flickr / Creative Commons

Au moins 16 personnes ont été tuées samedi dans le sud du Rwanda où une église des Adventistes du septième jour a été frappée par la foudre, a déclaré dimanche un responsable local.

Le maire du district de Nyaruguru, Habitegeko Francois, a indiqué à l’AFP par téléphone que 14 personnes étaient décédées sur le coup et deux avaient plus tard succombé à leurs blessures.

« Cent quarante autres personnes ont été blessées et envoyées d’urgence dans des hôpitaux et des centres de soins. Les docteurs disent que trois d’entre elles étaient dans un état critique mais commencent à aller mieux », a-t-il ajouté.

Un accident similaire vendredi

« La plupart de ceux qui ont été blessés ont maintenant été autorisés à sortir et sont de retour dans leur famille », a-t-il précisé.

Selon le maire, un accident similaire avait eu lieu vendredi dans la même zone où la foudre avait atteint un groupe de 18 élèves, tuant l’un d’eux.

Jeuneafrique.com avec AFP