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Paul Kagame ne veut plus du « fardeau » des réfugiés de RDC

janvier 10, 2023

Le président du Rwanda s’exprimait devant le Sénat. Les combats entre les forces congolaises et les rebelles du M23 dans l’est de la RDC ont poussé plus de 70 000 personnes à trouver refuge dans le pays voisin.

Le chef de l’État rwandais, Paul Kagame, lors de la COP27 de Charm el-Cheikh, le 8 novembre 2022. © AHMAD GHARABLI / AFP.

Le Rwanda ne peut plus accueillir de réfugiés en provenance de République démocratique du Congo (RDC), en proie dans l’est aux violences des rebelles du M23, a déclaré le 9 janvier le président rwandais Paul Kagame devant le Sénat.

« Ce n’est pas le problème du Rwanda. Et nous allons faire en sorte que tout le monde se rende compte que ce n’est pas le problème du Rwanda », a-t-il dit. Ajoutant encore : « Je refuse que le Rwanda supporte ce fardeau. »

72 000 réfugiés

Dans l’est de la RDC, les combats entre forces gouvernementales et M23 ont exacerbé les tensions avec le Rwanda voisin, Kinshasa accusant Kigali de soutenir la rébellion. Ces violences ont poussé de nombreux Congolais à trouver refuge dans les pays voisins, dont le Rwanda. Selon l’Agence des nations unies pour les réfugiés (UNHCR), le Rwanda comptait en novembre 2022 quelque 72 000 réfugiés congolais.

Ces derniers mois, Kigali a plusieurs fois nié son implication. Mais dans un rapport publié en décembre, un groupe d’experts de l’ONU affirme avoir collecté des « preuves substantielles » démontrant « l’intervention directe des forces de défense rwandaises [RDF] sur le territoire de la RDC », au moins entre novembre 2021 et octobre 2022. L’Union européenne a appelé le Rwanda à « cesser de soutenir le M23 ».

Initiatives diplomatiques

Le Rwanda a, de son côté, plusieurs fois imputé la responsabilité de la crise dans l’est de la RDC aux autorités de Kinshasa et accusé la communauté internationale de fermer les yeux sur le soutien supposé de son voisin aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Présentée comme une menace par Kigali, l’existence et la violence de cette milice ont justifié les interventions rwandaises passées en territoire congolais.

Des initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de résoudre la crise de l’est de la RDC, où une force régionale est-africaine, dirigée par le Kenya, est en cours de déploiement.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Le Rwanda accuse un nouveau Sukhoi-25 congolais d’avoir violé son espace aérien

décembre 29, 2022

C’est la seconde fois que le gouvernement rwandais se plaint d’une telle intrusion alors que les tensions restent particulièrement vives entre les deux voisins depuis la nouvelle offensive du M23 dans l’est de la RDC.

Le président congolais Félix Tshisekedi accuse le Rwanda de Paul Kagame de soutenir la rebellion du M23, dans l’est de la RDC. © Tchandrou Nitanga / AFP.

Dans un communiqué diffusé dans la soirée du 28 décembre, le bureau du porte-parole du gouvernement rwandais assure qu’un « avion de chasse de type Sukhoi-25 de la République démocratique du Congo a violé l’espace aérien rwandais le long du lac Kivu [ouest du Rwanda] aujourd’hui [mercredi 28 décembre] vers 12 h 00 ».

« L’avion est immédiatement revenu en RDC », selon le communiqué. « Les autorités rwandaises ont une nouvelle fois protesté auprès du gouvernement congolais contre les violations de l’espace aérien par les avions de chasse congolais », a ajouté le gouvernement de Kigali. Le gouvernement rwandais avait déjà affirmé au début de novembre qu’un avion de chasse congolais avait violé son espace aérien.

Un précédent en novembre

Il s’agit du dernier épisode en date des vives tensions entre Kigali et Kinshasa, nées après que les rebelles du M23 ont lancé une nouvelle offensive dans l’est de la RDC en novembre 2021. Le gouvernement congolais accuse en effet son voisin rwandais de soutenir cette rébellion. Kigali a toujours contesté ces affirmations et affirme en retour que la RDC collabore avec les hommes des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Les accusations de Kinshasa ont été confortées par un nouveau rapport des Nations unies, non encore publié mais consulté par Jeune Afrique, qui accuse Kigali d’avoir mené des opérations militaires dans l’est de la RDC, et d’avoir fourni « des armes, des munitions et des uniformes » à la rébellion du M23.

Retrait du M23

L’armée congolaise a en outre qualifié le 24 décembre de « leurre » le retrait des rebelles du M23 de la ville stratégique de Kibumba, affirmant que la rébellion renforçait ses positions ailleurs. Les rebelles ont conquis au cours des derniers mois de vastes pans du territoire du Nord-Kivu, progressant jusqu’à quelques dizaines de kilomètres de Goma.

Sous la pression internationale, ils avaient pris part la veille à une cérémonie en vue de remettre la ville de Kibumba à une force militaire régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC, ou East African Community en anglais).

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Face au M23, bientôt un service militaire obligatoire en RDC ?

décembre 28, 2022

Alors que le M23 a annoncé qu’il se retirait de Kibumba, localité située près de Goma, dans l’Est, le ministre congolais de la Défense, Gilbert Kabanda Kurhenga, a déclaré mardi qu’il fallait « construire une armée pour protéger » le pays.

Des membres du M23 avant leur retrait de Kibumba, près de Goma, dans l’est de la RDC, le 23 décembre 2022. © (Photo by GLODY MURHABAZI / AFP)

Le ministre congolais de la Défense, Gilbert Kabanda Kurhenga, a évoqué la possibilité d’instaurer « un service militaire obligatoire » ou « contractuel de cinq [voire] dix ans » à l’occasion de la présentation officielle du « document de politique de défense » de la RDC. « Il faut construire une armée pour protéger » le pays, a-t-il souligné.

Cette nouvelle politique de défense inclut notamment l’instauration d’une industrie militaire et d’une école de cadets, ainsi que la création d’une armée de réserve et la mise en place d’une force capable de lutter contre la cybercriminalité et la criminalité (trans)frontalière », a énuméré le membre du gouvernement.

« Espions rwandais »

Dans la soirée, l’armée et la police ont par ailleurs présenté à la télévision publique cinq présumés « espions rwandais » et un militaire congolais arrêtés à Kinshasa, accusés de préparer des « actions d’envergure », sans plus de détails. Une annonce qui intervient dans un climat de tensions avec Kigali, que Kinshasa accuse de soutenir activement le M23.

Dans la province du Nord-Kivu, une coalition de groupes armés affirmant se battre contre le M23 a de son côté appelé mardi les autorités à fonder un service de « paramilitaires ». « Nous voulons la création d’une brigade spéciale composée des “résistants” qui [ne soit] pas attachée aux FARDC », mais relève plutôt d’un « service paramilitaire ou de gardes-frontières », a déclaré à la presse Jules Mulumba, porte-parole de la coalition de groupes armés.

Tshisekedi appelle « la jeunesse » à « s’organiser »

Début novembre, le président Félix Tshisekedi avait déjà appelé « la jeunesse » à « s’organiser en groupes de vigilance en vue de soutenir les forces armées » du pays face au M23, qui a conquis de vastes zones du Nord-Kivu ces derniers mois, progressant jusqu’à quelques dizaines de kilomètres de Goma.

Au cours d’une cérémonie, vendredi, en présence de la force militaire régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), le M23 a annoncé son retrait de la position stratégique de Kibumba, près de Goma. Mais l’armée a qualifié de « leurre » cette annonce de désengagement.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

RDC : Paris « condamne le soutien » du Rwanda au M23

décembre 20, 2022

Dans un communiqué puis par la voix de sa secrétaire d’État auprès de la ministre des Affaires étrangères, la France a condamné l’appui de Kigali à la rébellion du M23. Paris dit néanmoins vouloir « parler avec tout le monde » pour « trouver une solution ».

Paul Kagame, Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi à New York, le 21 septembre 2022. © LUDOVIC MARIN/AFP

La France est-elle en train de changer de cap ? Lundi 19 décembre, pour la première fois, Paris a fait officiellement état du « soutien » de Kigali aux rebelles du M23, dans l’est de la RDC. « Nous condamnons le soutien que le Rwanda apporte au groupe M23 et nous demandons que les processus de Luanda et de Nairobi puissent être intégralement mis en œuvre », a déclaré Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, dans un communiqué.

En visite à Kinshasa ce mardi, la secrétaire d’État française auprès de la ministre des Affaires étrangères, Chrysoula Zacharopoulou, n’a pas dit autre chose. « La France a toujours défendu et défendra toujours l’intégrité et la souveraineté » de la RDC, a-t-elle commencé devant la presse. Mais aujourd’hui, « nous constatons le retour d’une situation tragique dans l’est de la RDC. C’est insupportable et c’est inacceptable », a-t-elle poursuivi.

« Il y a des responsabilités et la France n’a aucune difficulté à les pointer, a ajouté Chrysoula Zacharopoulou. Le M23 doit cesser les combats, se désengager et rendre les territoires occupés […]. Le Rwanda, car il faut le nommer, doit cesser son soutien au M23. Il faut en finir avec la répétition de l’histoire dans cette région. » Et de répéter que « la France condamne le soutien apporté par le Rwanda » au M23, tout en précisant que « le rôle d’un ami, ce n’est pas seulement de dénoncer, c’est aussi d’aider à trouver une solution ».

Des accusations également reprises par l’ambassade d’Allemagne en RDC ce mardi, qui a dit sur Twitter attendre du Rwanda « qu’il cesse immédiatement tout soutien au M23 ».

Ces allégations s’inscrivent dans la lignée de celles formulées par les autorités congolaises, mais aussi par des experts de l’ONU et par la diplomatie américaine. Pourtant, le président rwandais, Paul Kagame, a plusieurs fois démenti tout lien avec les actions du M23. « Le problème n’a pas été créé par le Rwanda, et n’est pas le problème du Rwanda, a-t-il encore déclaré mercredi dernier. C’est le problème du Congo. »

Kigali doit « user de son influence »

Jeudi 15 décembre, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait, lui, appelé le Rwanda à « user de son influence » sur le mouvement rebelle et dit soutenir « pleinement » l’accord de Luanda afin de trouver une issue au conflit dans l’est de la RDC.

Le M23 (« Mouvement du 23 mars »), qui a repris les armes fin 2021, a conquis de larges portions d’un territoire situé non loin de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu en RDC. Au moins 131 civils, dont 17 femmes et 12 enfants, ont été exécutés par balle ou à l’arme blanche fin novembre dans deux villages de l’est de la RDC, selon une enquête de l’ONU. Rendue publique la semaine dernière, cette dernière accuse directement la rébellion du M23.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

RDC : Félix Tshisekedi dénonce des « velléités expansionnistes » du Rwanda

décembre 10, 2022

Le président congolais Félix Tshisekedi a fustigé samedi 10 décembre des « velléités expansionnistes du Rwanda », qu’il a de nouveau accusé de soutenir le M23.

L’UDPS, le parti du président Félix Tshisekedi (ici le 8 avril 2022), est en proie à de violentes divisions intestines. © Tchandrou Nitanga/AFP

« L’année 2022 a été le témoin de la résurgence des velléités expansionnistes du Rwanda sous couvert du M23 », a déclaré le chef de l’État lors de son discours sur l’état de la nation prononcé devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès.

La RDC est victime d’une « agression sans équivoque par le Rwanda », a-t-il insisté. Depuis près de 30 ans, l’est congolais est en proie aux violences en raison de la présence de nombreux groupes armés « dans l’indifférence quasi totale de la communauté internationale », a estimé Félix Tshisekedi.

Massacre

Le M23 (« Mouvement du 23 mars ») a repris les armes en fin d’année dernière et conquis de larges portions d’un territoire du nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Depuis, la RDC accuse son voisin rwandais de soutenir le M23, ce qu’ont établi des experts de l’ONU. Mais Kigali dément, accusant en retour Kinshasa de collusion avec les FDLR, un mouvement constitué par certains auteurs du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.

Une enquête préliminaire de l’ONU rendue publique jeudi impute un massacre d’au moins 131 civils (dont 17 femmes et 12 enfants), au M23. Selon cette enquête, les victimes ont été exécutées arbitrairement par balle ou à l’arme blanche fin novembre à Kishishe et Bambo, deux villages dans l’est de la RDC.

Élection

Les relations déjà conflictuelles entre la RDC et le Rwanda se sont dégradées. Parmi les différentes initiatives diplomatiques lancées pour tenter de résoudre cette crise, un sommet organisé le 23 novembre à Luanda avait décidé d’un cessez-le-feu le 25 au soir, suivi deux jours plus tard d’un retrait du M23 des zones conquises. Faute de quoi, la force régionale est-africaine en cours de déploiement dans le Nord-Kivu interviendrait pour déloger les rebelles. Mais jusqu’à présent, ces derniers gardent les positions conquises.

Félix Tshisekedi a, par ailleurs, affirmé que l’année 2023 sera essentiellement électorale. La présidentielle est fixée au 20 décembre 2023, et le président congolais a déjà exprimé son intention de se représenter.

« Le respect des cycles électoraux demeure une exigence pour la consolidation de notre jeune démocratie encore fragile, a-t-il dit. Le gouvernement, tout en restant ouvert à l’accompagnement des partenaires (…), finance à 100% l’organisation des élections ».

Par Jeune Afrique (Avec AFP

RDC-Rwanda : Kagame accuse Tshisekedi d’utiliser la crise du M23 pour retarder la présidentielle

décembre 1, 2022

Dans un discours d’État ce mercredi, le président rwandais s’est montré très virulent. Se défendant de tout rôle dans la crise qui secoue l’est du pays voisin, il a rejeté la responsabilité sur son homologue congolais.

Paul Kagame lors de son discours d’État, à Kigali, le 30 novembre 2022. © Facebook Paul Kagame

Le mercredi 30 novembre, lors d’une cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres du cabinet, le président rwandais, Paul Kagame a accusé son homologue Félix Tshisekedi de tirer parti des violences du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo pour retarder les élections.

Dans un discours d’État, Paul Kagame a déclaré que « le monde entier » imputait au Rwanda la responsabilité de la crise, mais que c’était Félix Tshisekedi qui cherchait à tirer profit des violences avant la présidentielle, prévue le 20 décembre 2023.

« Ce problème peut être résolu si un pays qui se dirige vers des élections l’année prochaine n’essaie pas de créer les conditions d’une situation d’urgence pour que les élections n’aient pas lieu », a-t-il ainsi affirmé. « S’il essaie de trouver un autre moyen de faire reporter les prochaines élections, alors je préférerais qu’il utilise d’autres excuses, et pas nous », a-t-il ajouté.

Les combats dans l’est de la RDC entre les forces gouvernementales et le M23 ont exacerbé les tensions avec le Rwanda voisin, que la RDC accuse d’encourager les rebelles. Kigali nie toute implication. Les pourparlers entre les deux pays, en Angola la semaine dernière, ont abouti à un cessez-le-feu qui semble tenir depuis plusieurs jours.

L’insécurité, un défi pour un vote « libre »

La commission électorale a déclaré ce mois-ci que l’insécurité persistante dans certaines parties du pays constituerait un défi pour un vote « libre, démocratique et transparent ». En RDC, la présidentielle est une élection à un seul tour, couplée aux législatives ainsi qu’aux élections des députés provinciaux et des conseillers communaux. Dans le cadre du cessez-le-feu entré en vigueur le 25 novembre, les combattants du M23 doivent se retirer des « zones occupées », faute de quoi une force régionale est-africaine interviendrait.

Une série de pourparlers avec des groupes armés s’est tenue au Kenya mercredi 30 novembre, sans la présence du M23. Uhuru Kenyatta, l’ancien président kenyan qui supervise les pourparlers, a déclaré que les groupes rebelles étrangers opérant sur le sol congolais « devraient partir » ou affronter les troupes de la RDC et de l’Afrique de l’Est. « Ils ont déjà été prévenus : la RDC ne sera pas un centre de combat pour d’autres pays », a déclaré Uhuru Kenyatta.

Par Jeune Afrique (Avec AFP

RDC : Félix Tshisekedi appelle la jeunesse à la mobilisation face au M23

novembre 4, 2022

Dans une allocution télévisée, le président congolais a appelé ce jeudi 3 novembre la jeunesse de son pays à « s’organiser en groupes de vigilance » face au M23 qui, a-t-il réaffirmé, bénéficie de « l’appui du Rwanda ».

Le président Félix Tshisekedi (ici le 8 avril 2022) a fait une allocution télévisée ce jeudi soir. © Tchandrou Nitanga/AFP

Dans un message à la nation diffusé par la télévision nationale, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a appelé ce jeudi soir « la jeunesse » de son pays à « s’organiser en groupes de vigilance » face à la rébellion du M23.

« La guerre qui nous est imposée […] exige des sacrifice », a-t-il déclaré, en appelant ses compatriotes à « taire [leurs] divergences » pour faire front. « La nation a besoin de l’engagement de toutes ses filles et de tous ses fils », a poursuivi le président.

« En réponse à la forte demande de la jeunesse, a-t-il continué, j’invite celle-ci à s’organiser en groupes de vigilance en vue d’appuyer, d’accompagner et de soutenir nos forces armées ». Il a aussi « renouvelé » son appel aux jeunes qui en ont la vocation « à s’enrôler massivement » dans l’armée.

Tension entre Kinshasa et Kigali

Le Rwanda a « des velléités expansionnistes, avec comme intérêt principal l’appropriation de nos minerais », a-t-il accusé lors de cette même allocution.

« Pour ce faire, il s’active à déstabiliser l’est du Congo pour créer une zone de non-droit en vue d’assouvir ses appétits criminels », a poursuivi le président, déplorant que les différentes initiatives diplomatiques engagées pour apaiser les tensions n’aient abouti à « aucun résultat tangible ».

La tension est particulièrement vive entre Kinshasa et Kigali depuis la résurgence, fin 2021, du M23 (Mouvement du 23 mars), qui a repris les armes en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation de ses combattants.

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, ce que Kigali conteste en accusant en retour la RDC de collusion avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda. « Fallacieuse accusation », a martelé Félix Tshisekedi.

Ambassadeur expulsé

Il a cependant demandé aux Congolais de « ne pas céder aux propos xénophobes et autres discours de haine ou de stigmatisation des communautés rwandophones ».

Après plusieurs semaines d’accalmie, la rébellion du M23 est à l’offensive depuis le 20 octobre dans le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, où elle s’est emparée de plusieurs localités sur un axe routier stratégique desservant Goma.

L’ambassadeur du Rwanda vient d’être expulsé par la RDC, qui a aussi annoncé en début de semaine le rappel de son chargé d’affaires à Kigali.

Par Jeune Afrique (avec AFP

Enjeu sécuritaire à l’Est : Vital Kamerhe invite la RDC, le Rwanda et l’Ouganda à un dialogue franc

octobre 6, 2022

En tournée récemment dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), précisément dans son fief de Bukavu, le président national de l’Union pour la nation (UNC), Vital Kamerhe, en a profité pour prendre langue avec les différentes parties impliquées dans la crise sécuritaire qui sévit dans cette partie du pays.

Vital Kamerhe

La tournée débaptisée « Amani » s’est avérée une belle opportunité pour Vital Kamerhe de forger une solide conviction sur la problématique de l’insécurité, en accordant une oreille attentive aux doléances des différentes forces politiques et sociales trouvées sur place.

Ainsi donc, tout au long de son séjour à l’Est du pays, il a reçu, tour à tour, plusieurs personnalités détentrices des recettes pouvant contribuer à la restauration de la paix. Il s’agit, entre autres, de la représentante du secrétaire général des Nations unies, Bintou Keita; de l’ancien président nigérian et diplomate, Olusegun Obasanjo; des diplomates accrédités en RDC; des leaders du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri, etc. Au-delà des officiels, Vital Kamerhe a également conféré avec les chefs coutumiers, les responsables des différentes confessions religieuses, les représentants des corps de métiers, les étudiants, les femmes, les jeunes …

C’est à la lumière de ces auditions que le leader de l’UNC a pu concevoir son plan de sortie de crise ayant pour base la théorie de « L’œil du cyclone au centre d’un triangle ». En fait, la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, serait au cœur dudit plan cristallisé autour des pays directement impliqués dans la problématique sécuritaire de l’Est, en l’occurrence la RDC, l’Ouganda et le Rwanda. Ces trois pays constituant le fameux triangle au centre duquel se meut le M23 n’ont d’autre alternative que de dialoguer sincèrement pour le bien des communautés vivant dans les contrées limitrophes.

A en croire des sources proches de l’ex-directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, ce plan de sortie de crise repose sur un certain nombre des recommandations dont le dépôt avant tout des armes par le M23, le bannissement de la xénophobie et du tribalisme, etc. D’autres recettes proposées mettent une emphase particulière sur le principe de bon voisinage, de la cohabitation pacifique entre la RDC et tous ses états voisins, le respect de la souveraineté des États et la cohabitation pacifique de toutes les communautés locales.

D’après les proches du leader de l’UNC, son plan de sortie de crise aurait reçu l’adhésion populaire manifestée par un engouement exceptionnel à travers les villes et cités visitées.

Avec Adiac-Congo par Alain Diasso

RDC-Rwanda, Côte d’Ivoire-Mali… Des médiations dans les coulisses de l’ONU

septembre 22, 2022

Les chefs d’État et de gouvernement du monde entier sont réunis cette semaine à New York, où se tient la 77e Assemblée générale de l’ONU. Les dossiers les plus brûlants du moment y font l’objet d’intenses médiations.

Alassane Ouattara à la tribune de la 77ème Assemblée générale des Nations unies à New York, le 21 septembre 2022. © DR

Aux Nations unies, il y a les grandes déclarations et les petits apartés. Paradoxalement, les seconds sont souvent plus stratégiques que les premières.

Du côté des grandes déclarations, ce 21 septembre, le ballet millimétré des chefs d’État s’est poursuivi à la tribune. Après le Gabonais Ali Bongo Ondimba, dont l’intervention était scrutée de près après la propagation de rumeurs selon lesquelles il aurait fait un malaise, ou encore le Kenyan nouvellement élu William Ruto, l’Ivoirien Alassane Ouattara a pris la parole.

Sommet de crise de la Cedeao

Il a appelé à la « libération sans délai » des 46 soldats ivoiriens « injustement détenus » par le Mali. « [Ils sont] déployés en qualité de 8e détachement de l’Élément de soutien national au sein de la Minusma [Mission des Nations unies au Mali] », a-t-il martelé, en réponse à Bamako qui les accuse d’être des mercenaires venus pour déstabiliser le pays.

Alors que depuis deux mois et demi les négociations patinent, Alassane Ouattara est venu à New York dans l’espoir de voir la pression s’accentuer, et les pourparlers s’accélérer. Après avoir diné, le 20 septembre, avec son homologue français Emmanuel Macron, il devait rencontrer le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le lendemain, avant que ne se tienne, le 21 septembre un sommet de la Cedeao convoqué en urgence par le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló.

Nouvelles sanctions ?

Alassane Ouattara va-t-il appeler à de nouvelles sanctions pour faire plier Bamako ? Si le Mali, dont la délégation à New York est conduite par Abdoulaye Maïga, ne devrait pas être convié à cette réunion de crise, il doit faire entendre sa voix à peu près au même moment. Le Premier ministre malien par intérim est annoncé à la tribune des Nations unies, et doit lui aussi s’entretenir avec Antonio Guterres.

Des discussions qui se tiennent loin de Bamako, où Assimi Goïta a reçu ce 21 septembre, pour sa première visite à l’étranger son homologue guinéen, Mamadi Doumbouya, lui aussi sous la menace de nouvelles sanctions ouest-africaines.

Kagame et Tshisekedi autour de Macron

Quelques heures avant Alassane Ouattara, c’est le Rwandais Paul Kagame qui s’était exprimé devant ses pairs réunis à New York. « Il est urgent qu’il y ait la volonté politique de s’attaquer enfin aux causes profondes de l’instabilité dans l’est de la RDC. Le jeu des reproches ne résout pas les problèmes », a-t-il déclaré.

Une réponse aux accusations formulées par Félix Tshisekedi la veille. « L’implication du Rwanda et sa responsabilité dans la tragédie que viventt mon pays et mes compatriotes des zones occupées par l’armée rwandaise et ses alliés du M23, ne sont plus discutables », avait-il martelé, en quête de soutiens internationaux plus évidents.

Mais à côté de ces prises de parole musclées, les médiations pour tenter de trouver une issue à la crise qui oppose les deux voisins se sont accélérées. Dans l’après-midi de ce 21 septembre, les deux chefs d’État se sont réunis durant une petite heure autour d’Emmanuel Macron – une réunion remarquable alors que les deux voisins n’ont plus de contact direct.

Accolade entre premières dames

Selon un communiqué de l’Élysée, le Rwanda et la RDC « sont convenus d’agir de concert pour obtenir au plus vite l’application des dispositions du processus de Luanda, le retrait du M23 et le cantonnement de ses combattants hors de la zone de Bunagana.»

Paris semble désormais vouloir jouer un rôle d’entremetteur de premier plan dans le conflit. Comme le révélait Jeune Afrique, plus tôt cette semaine, les responsables des services de renseignement congolais, rwandais et ougandais s’étaient retrouvés à Paris, à l’initiative de la Direction générale des renseignements extérieurs de la France (DGSE).

Enfin, ce 21 septembre, une rencontre d’un autre ordre a suscité des commentaires à New York : celles des premières dames congolaise et rwandaise. Denise Nyakeru Tshisekedi et Jeanette Kagame ont été photographiées tout sourire, se laissant aller à une franche accolade.

Avec Jeune Afrique par Anna Sylvestre-Treiner – envoyée spéciale à New York

Centrafrique : pourquoi une partie de l’opinion veut voir l’armée rwandaise quitter le pays

août 12, 2022

Des opposants à Faustin-Archange Touadéra et des organisations de la société civile ont prévu d’organiser des manifestations. Ils estiment que les hommes envoyés par Paul Kagame contribuent à pousser le président dans sa volonté de conserver le pouvoir.

Des casques bleus rwandais de la Minusca et des soldats rwandais sécurisent les lieux lors de l’élection présidentielle à Bangui, en République centrafricaine, le 27 décembre 2020. © Nacer Talel / Manadolu Agency via AFP.

Des voix émanant d’une partie de l’opposition et de la société civile centrafricaine s’élèvent depuis quelques jours afin de protester contre la présence rwandaise en Centrafrique. Certaines organisations prévoient même de manifester, notamment devant l’ambassade du Rwanda à Paris, dans le but de faire entendre cette revendication et de réclamer le départ des troupes de Paul Kagame du territoire centrafricain.

En tête de ce mouvement figurent des opposants tel que Crépin Mboli-Goumba et l’ancienne ministre de l’Éducation Gisèle Bedan. Le Groupe d’action des organisations de la société civile pour la défense de la Constitution du 30 mars 2016 (G16), dont le dirigeant est installé en France, donne aussi de la voix.

Pourquoi cette opposition ? Les manifestants estiment que le Rwanda apporte, via son aide militaire, un soutien de taille au président Faustin-Archange Touadéra dans sa quête actuelle de modifier la Constitution et, ce faisant, d’obtenir un troisième mandat, aujourd’hui interdit par les textes. Depuis la fin de 2019 et la visite officielle du président rwandais Paul Kagame en Centrafrique, les relations entre Bangui et Kigali n’ont en effet jamais cessé de s’améliorer.

Forces spéciales

Des émissaires du président Touadéra font régulièrement le voyage de Kigali, tandis que ceux du président rwandais viennent constamment à Bangui. Des accords politique, économique et militaire ont été signés pour couronner ce rapprochement. Kigali était surtout venu à la rescousse de Bangui lorsque, à la fin de 2020 et au début de 2021, les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) étaient aux portes de Bangui et menaçaient de prendre le pouvoir.

Les forces spéciales rwandaises, ainsi que les mercenaires russes du groupe Wagner, avaient alors contribué à desserrer l’étau autour de la capitale. Depuis, les militaires rwandais, déployés spécifiquement pour assurer la protection du président Touadéra, ont également mené des offensives contre les poches de résistance de la rébellion à l’intérieur du pays. En outre, sur le plan économique, dans le cadre de l’accord entre les deux pays, plusieurs hommes d’affaires rwandais se sont installés à Bangui.

D’après une source à la présidence centrafricaine, « le désir de voir le Rwanda se retirer de la Centrafrique provient essentiellement des opposants qui soutiennent la rébellion de la CPC, car leur projet de coup d’État ne pourra jamais réussir si nous disposons d’un allié comme le Rwanda. Il faut donc les faire partir. Le raisonnement d’ingérence rwandaise n’est que pure distraction ». Notre source accuse même des opposants centrafricains de financer une campagne contre la présence rwandaise.

Obtenir le soutien de la RDC

Les manifestants ont-ils un autre objectif ? En attaquant Kigali, cette frange de l’opposition pourrait en tout cas s’attirer les faveurs de la RDC, actuellement en conflit avec la Centrafrique. « L’opposition veut surfer sur cette vague pour prouver aux autorités congolaises qu’elles peuvent compter sur les opposants, afin d’obtenir du soutien politique et financier chez le voisin direct de Bangui », renchérit un membre du gouvernement centrafricain qui a requis l’anonymat.

Des soldats rwandais lors de l'élection présidentielle centrafricaine, à Bangui, le 27 décembre 2020. © Nacer Talel / Manadolu Agency via AFP.
Des soldats rwandais lors de l’élection présidentielle centrafricaine, à Bangui, le 27 décembre 2020. © Nacer Talel / Manadolu Agency via AFP.

Kigali n’entend en tout cas pas se laisser intimider. « L’intervention du Rwanda en République centrafricaine est destinée au gouvernement et à ses institutions, et non à un individu. Le Rwanda ne peut en aucun cas être impliqué dans la politique intérieure de la Centrafrique, encore moins dans le projet de modification de la Constitution de ce pays », a ainsi récemment déclaré aux médias Vincent Biruta, ministre rwandais des Affaires étrangères. D’après nos informations, le président rwandais Paul Kagame compte augmenter son effectif militaire en Centrafrique.

Avec Jeune Afrique par Pacôme Pabandji