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« Là où tout se tait » : ces Justes qui ont sauvé des Tutsi pendant le génocide au Rwanda

mars 12, 2021
A Nyamata, à 35km au sud de Kigali. Le 15 avril 1994, plus de 5000 personnes y ont été assassinées

Pour son essai « Là où tout se tait », Jean Hatzfeld a recueilli dans la région de Nyamata les témoignages de Hutu ayant risqué leur vie pour aider des Tutsi durant le génocide de 1994.

Là où tout se tait : le titre du nouvel essai de Jean Hatzfeld dit très exactement ce que son auteur a tenté de saisir à Nyamata, au Rwanda : les silences qui suivent le génocide des Tutsi et se perpétuent encore aujourd’hui. Les silences, au pluriel, parce qu’ils ne sont pas tous identiques – non-dits, oublis, omissions, absences… – et qu’ils ne procèdent pas tous des mêmes causes – négligences, réticences, hontes, peur…

Plus prosaïquement, Là où tout se tait est un livre sur les Justes du Bugesera, ces Hutu qui au péril de leur vie aidèrent de manière désintéressée des Tutsi pourchassés par la furie sanguinaire des tueurs.

Derniers témoins

Auteur reconnu de plusieurs livres sur le génocide (voir encadré), Jean Hatzfeld a vécu une partie de son enfance au Chambon-sur-Lignon, fameux village français où purent se cacher quelque 3 500 juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. « On ne sait jamais trop quelles sont les influences de votre enfance sur vos choix, tempère pourtant l’ancien journaliste. Les Justes ont toujours eu du mal à se faire une place dans l’histoire. En Europe, les historiens ne s’intéressent à eux qu’une vingtaine d’années après la guerre. »

Dans le cas du Rwanda, sur lequel il travaille depuis plus de vingt ans, lui-même a tardé à explorer les méandres de leurs histoires. « La raison ? Un manque d’attention de ma part. J’étais focalisé sur les rescapés, dans les marais, puis sur ceux qui ont manié la machette. Enfin, nombre de Justes sont morts et il n’y avait personne pour parler à leur place. Dans tous mes livres, les personnes parlent pour elles-mêmes. Cette fois, il a fallu que je trouve une autre manière de faire parler les gens. »

Convaincu qu’il était temps d’agir avant que les derniers témoins ne disparaissent ou n’oublient, Jean Hatzfeld a procédé comme à son habitude, se documentant longuement et préparant ses questions avant de se rendre à Nyamata à trois reprises (de mai à juin 2018, en août 2018 et de novembre à décembre 2019).

Silence et menaces

« Je connaissais l’existence des Justes, cela me touchait, mais j’étais un peu crispé et intrigué par l’attitude des Tutsi à leur égard, leur manque de reconnaissance. Quand j’ai enfin été capable de dire “ça suffit cette méfiance” et que le temps de parler est venu, je me suis aperçu que le sujet du livre se déplaçait vers le silence qui entoure ces gens, la honte et la peur qu’ils suscitent. »

IL Y A PLUS QUE 34 JUSTES AU RWANDA. MAIS L’ÉTAT PREND AUSSI EN COMPTE L’IMPLICATION DANS LA RÉCONCILIATION »

Dans le Bugesera, il n’y a qu’un seul Juste reconnu officiellement « umurinzi w’igihango » au niveau national, Silas Ntambfurayishyari. « Depuis l’attribution de cette médaille rare – le pays ne compte que 34 “abarinzi w’igihango” – Silas a beaucoup témoigné lors de commémorations ou à l’invitation des très dynamiques associations mobilisées par le chantier de la réconciliation. […] Il sait la singularité de son personnage dans le chaos des tueries. Il en a appréhendé les désagréments car pendant plusieurs années il a affronté des insultes chuchotées, voire des menaces dans les rues de Rilima. Il tente de s’en abstraire, idem des mauvais regards qui persistent lorsqu’il se promène seul. »

L’une des explications entourant le silence autour des Justes pourrait être liée à ce faible nombre apparent. La soudaineté et la brutalité du déchaînement de violence n’ont guère laissé le temps de réfléchir ou de s’organiser en réseaux. La dimension rurale du génocide a aussi joué : il est plus facile de cacher des gens dans l’anonymat d’une grande ville.

« En fait, il y en a beaucoup plus que 34, explique Jean Hatzfeld. Mais à la différence de Yad Vashem, l’État rwandais ne prend pas seulement en compte la période du génocide. Il considère aussi celle qui le suit et l’implication des personnes concernées dans la politique de réconciliation nationale. En outre, au Rwanda, on ne peut pas être reconnu comme Juste à titre posthume… »

Histoires d’amour et d’amitié

Dans Là où tout se tait, le journaliste évoque les destins d’une douzaine de Justes : Isidore, François, Espérance, Valérie, Edith et Eustache, Marcienne et Marcel, Silas et Providence, Joseph… Plus précisément, il leur donne la parole, quand ils sont encore vivants, ou bien recueille les témoignages de ceux qui peuvent parler en leur nom.

SI LES MORTS RESSUSCITAIENT, ILS POURRAIENT BIEN POINTER UN DOIGT ACCUSATEUR SUR CES JUSTES »

Dans cette langue superbe qu’il sait si bien restituer, dans cette langue « où toutes les abstractions deviennent des personnes », Jean Hatzfeld ouvre les portes de la mémoire, donne corps à des histoires d’amour et d’amitié, raconte l’histoire à fleur de peau. C’est infiniment tragique et terriblement beau, un concentré d’humanité dans ce qu’elle a de pire et de meilleur. Et puis, au-delà des portraits vivants qui émergent de ces témoignages croisés, l’auteur explore les silences et leurs douloureux échos.

Le professeur Innocent Rwililiza explique ainsi celui de certains Tutsi : « Surtout, on refuse de se substituer aux morts, qui sont les seuls à pouvoir témoigner sur les Hutu. Ces Justes, tu verras qu’ils sont difficiles à décrire. Les morts, eux seuls savent. S’ils ressuscitaient, ils pourraient bien pointer un doigt accusateur sur ces Justes, parce qu’ils ont vu plus que nous. Est-ce que nous pouvons ne pas ressentir de soupçons sur tout le monde ? »

Enfin raconter

Dans la seconde partie du livre, intitulée « Le trou de chez Eustache », Hatzfeld rassemble divers témoignages autour de ces « trous » qui minent Nyamata. À savoir ces nombreuses excavations où furent jetés les corps des Tutsi et qui firent l’objet, ensuite, d’intense tractations – notamment au cours des procès gacaca, les tueurs refusant parfois de dire où se trouvaient les fosses.

Ces trous, qu’ils aient été vidés de leurs corps ou non, rappellent au quotidien, aujourd’hui encore, l’horreur d’avril 1994. Ils expliquent aussi le silence de certains Justes. Comme celui d’Eustache et de sa femme Edith. « Edith, que je connais depuis 1998, n’a jamais voulu me parler à cause de ce trou derrière sa maison, explique Hatzfeld. Ils ont accepté de vivre pendant sept semaines à deux mètres d’un trou où l’on jetait des cadavres. Quand on garde cela en tête, c’est normal de ne pas vouloir parler. »

 Aujourd’hui, Edith peut enfin raconter : « On se tenait à six ou sept par chambre. Les enfants bredouillaient entre eux, ils ne s’excitaient pas comme l’enfance le veut. […] On se comptait à quatre femmes tutsi, un homme hutu, les enfants pour Gratia et les enfants pour nous, et une petite avoisinante qui était accourue pour rester. […] Ils entendaient les cris du trou. Oui, les enfants entendaient les cris des tueurs quand ils jetaient. »

Avec Jeune Afrique par Nicolas Michel

RDC : des soldats rwandais et burundais sont intervenus dans l’Est, selon l’ONU

janvier 5, 2021
Soldats rwandais se retirant du territoire congolais, ici à Goma, le 25 février 2009 (illustration).

Le dernier rapport du groupe d’experts de l’ONU mentionne des opérations menées par les forces armées rwandaises et burundaises dans l’est de la RDC de la fin de 2019 à octobre 2020. Ce que Kigali et Gitega démentent.

Des contingents étrangers sont-ils intervenus dans l’est de la RDC à partir de la fin de l’année 2019 ? C’est en tout cas l’une des principales conclusions du dernier rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la RDC.

Rendu public le 23 décembre 2020, ce document de plus de 200 pages souligne que, « de la fin de 2019 au début d’octobre 2020, des membres des Forces de défense rwandaises (RDF) étaient présents dans le Nord-Kivu ».

À l’en croire, « l’armée burundaise, aux côtés de membres des Imbonerakure, a également lancé des incursions dans le Sud-Kivu entre novembre 2019 et juillet 2020 ». Ces interventions auraient été menées « en violation du régime de sanctions » car elles n’ont pas été notifiées au comité onusien chargé de veiller à son respect.

Preuves à l’appui

Pour étayer ces accusations, les auteurs du rapport disent se fonder sur plusieurs éléments de preuve (documents, photographies, images aériennes, etc.) et assurent que la présence des RDF a été confirmée dans les territoires de Nyiragongo, de Rutshuru et de Masisi.

SOIXANTE MEMBRES DES RDF PORTANT 18 MITRAILLEUSES PKM ET QUATRE LANCE-ROQUETTES AURAIENT ÉTÉ OBSERVÉS SUR LE MONT RUGOMBA

Ils citent notamment une lettre de Célestin Mbala, le chef d’état-major des Forces armées congolaises (FARDC), adressée le 22 avril 2020 au Mécanisme conjoint de vérification élargi de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). Le dernier exemple en date mentionné par le groupe d’experts remonte au 2 octobre dernier.

« Soixante membres des RDF portant 18 mitrailleuses PKM et quatre lance-roquettes » auraient ce jour-là été observés sur le mont Rugomba, dans le territoire de Rutshuru.

L’intervention supposée de l’armée rwandaise alimente suspicions et rumeurs depuis des mois. À de nombreuses reprises, des élus congolais ainsi que des membres de la société civile du Nord-Kivu ont alerté sur cette présence.

LA MORT DE PLUSIEURS CHEFS DE GROUPES ARMÉS HOSTILES À KIGALI INTERROGE

Le Kivu Security Tracker, un « baromètre sécuritaire » mis en place par Human Rights Watch et le Groupe d’étude sur le Congo, rattaché à l’Université de New York, a également affirmé à de multiples reprises au cours des derniers mois que des militaires rwandais se trouvaient aux côtés des FARDC lors de diverses opérations.

La mort de plusieurs chefs de groupes armés hostiles à Kigali, dont Sylvestre Mudacumura, chef militaire des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) tué en septembre 2019, et Juvénal Musabimana, alias Jean-Michel Africa, abattu en novembre 2019, avait amené à s’interroger sur l’étendue de la collaboration entre le Rwanda et la RDC.

Échanges de renseignements

Interrogé à ce sujet par le groupe d’experts, le gouvernement rwandais a nié, dans une lettre, la présence de troupes de son pays en chez son voisin et a réaffirmé que les RDF n’avaient mené aucune opération conjointe avec les FARDC.

Sollicités à de nombreuses reprises, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont systématiquement contesté l’existence de telles opérations, assurant qu’il s’agissait d’échanges de renseignements.

En avril dernier, lors d’une conférence de presse, Paul Kagame s’était félicité de ce que le gouvernement congolais collaborait avec les pays de la région pour « résoudre le problème des groupes armés, qui court depuis plusieurs décennies ».

LE GOUVERNEMENT CONGOLAIS A COMMENCÉ À AGIR SUR LA BASE DE NOS INFORMATIONS

« Nous donnons des informations à nos partenaires de la région, dont les Nations unies et le gouvernement congolais, lequel a commencé à agir sur la base de certaines d’entre elles, car il a pu les vérifier et voir par lui-même ce qui grandissait dans le Nord-Kivu », avait en substance expliqué le chef de l’État rwandais.

Lors de cette même conférence de presse, Paul Kagame avait également nié toute présence de l’armée rwandaise dans le Sud-Kivu, assurant néanmoins que les forces armées burundaises se trouvaient dans cette province pour traquer les Red-tabara, un groupe armé hostile à Gitega. Des incursions dans les territoires de Fizi et Uvira que le groupe d’experts de l’ONU confirme et que la lettre du chef d’état-major des FARDC mentionne aussi.

Sollicitées par les experts onusiens, les autorités burundaises ont assuré qu’elles « ne déployaient des troupes à l’étranger que dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine et des Nations unies ».

Les autorités congolaises, elles, n’ont pas répondu aux auteurs du rapport avant sa publication

Avec Jeune Afrique par Romain Gras

France/Incendie de la cathédrale de Nantes: qui est le servant de messe rwandais qui a avoué?

juillet 26, 2020

 

Chargé de fermer la cathédrale, la veille du sinistre, ce bénévole a été mis en examen dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 juillet.

Emmanuel, un bénévole du diocèse de Nantes, est passé aux aveux et a été placé en détention provisoire dans la nuit de samedi 25 à dimanche 26 juillet dans l’enquête sur l’incendie de la cathédrale de Nantes. Selon son avocat, Me Quentin Chabert, «il regrette amèrement les faits et évoquer cela a été pour lui une libération. Mon client est aujourd’hui rongé par le remords et dépassé par l’ampleur qu’ont pris les événements». «C’est quelqu’un qui est apeuré, il est en quelque sorte dépassé», a-t-il ajouté. «Pour le croyant qu’il est, c’est important qu’il ait pu faire preuve de cette force (…)», a souligné l’avocat.

Ce bénévole du diocèse avait déjà passé la nuit de samedi 18 à dimanche 19 juillet en garde à vue dans le cadre de cette enquête. Sa garde à vue avait été prolongée en raison de difficultés de traduction mais il était finalement sorti libre, n’étant, à ce moment-là, en rien soupçonné dans cette affaire.

Cet homme de 39 ans, un Rwandais de confession catholique, «était chargé de fermer la cathédrale vendredi soir [veille de l’incendie] et les enquêteurs voulaient préciser certains éléments de son emploi du temps», avait indiqué le procureur de Nantes, Pierre Sennès. D’autant plus que quelques contradictions avaient pu être constatées dans ses propos.

Il était seul pour fermer les portes à 19 heures, vendredi 17 juillet. Il était donc en possession de toutes les clefs comme les six autres bénévoles qui se relaient tous les jours pour ouvrir et fermer l’édifice. Le magistrat avait souligné cependant à l’occasion de sa première garde à vue que «toute interprétation qui pourrait impliquer cette personne dans la commission des faits [était] prématurée et hâtive». Il avait ajouté que la piste d’un accident, éventuellement électrique, était toujours étudiée au même titre que l’hypothèse criminelle. Désormais, c’est bien cette dernière piste qui est retenue.

Arrivé du Rwanda il y a quelques années, l’homme était suivi et hébergé par le Diocèse, comme d’autres personnes. Il cherchait à faire renouveler son visa et «était en discussion avec la Préfecture sur ce point», selon le procureur. «Je ne crois pas une seconde qu’il aurait pu incendier la cathédrale. C’est un lieu qu’il adore, avait indiqué Jean-Charles Nowak, clerc de la cathédrale. C’est un homme de devoir, très gentil, souriant mais plutôt taiseux. Je sais qu’il a beaucoup de problèmes de santé et qu’il a beaucoup souffert au Rwanda. Il a rendu service au Père Champenois qui n’avait personne pour servir la messe le samedi soir. Il était donc également régulièrement servant de messe». Le recteur de la cathédrale Hubert Champenois avait de son côté déclaré qu’il avait «totalement confiance» en ce bénévole. Ce dernier encourt aujourd’hui pour cette infraction «une peine de 10 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende».

A propos du bénévole en garde à vue, le recteur de la cathédrale, Hubert Champenois ;  » C’est quelqu’un en qui j’ai totalement confiance comme les six autres bénévoles qui sont avec nous. C’est tombé sur lui car c’est lui qui a fermé la cathédrale  » #Nantes #Cathedralefeu pic.twitter.com/PAVDDxIcCz

— Presse Océan (@presseocean) July 19, 2020

L’organiste Michel Bourcier lui non plus ne semblait pas croire en la culpabilité d’Emmanuel. «On se dit bonjour et bonsoir depuis plusieurs années, confiait-il alors à Ouest-France. Il est extrêmement courtois et c’est un habitué des lieux».

Ce sont des e-mails envoyés à plusieurs membres du diocèse qui auraient justifié la première garde à vue du bénévole. Dans ses écrits, l’homme aurait évoqué son besoin de soutien dans ses démarches, selon Ouest-France, mais aussi son ras-le bol après le non-renouvellement de son visa, écrit Le Parisien, qui ajoute encore que le Rwandais aurait été visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF). D’après une source proche de l’enquête, citée par Ouest-France, l’homme n’en «n’était pas à sa première demande de titre de réfugié». Soutenues par le diocèse, elles auraient pourtant toutes été refusées.

Dimanche, il se montrait coopérant avec les enquêteurs.

Des experts incendie du laboratoire de police scientifique et technique de Paris étaient arrivés dès le soir du sinistre sur place. «Trois points de feu distincts» avaient été constatés par les pompiers. Le bénévole a reconnu avoir allumé les trois feux dans la cathédrale: sur le grand orgue, le petit orgue et dans un panneau électrique, a précisé le procureur de la République de Nantes à Presse-Océan.

L’incendie qui a touché la cathédrale gothique de Nantes, déjà ravagée en 1972 par un incendie ayant brûlé sa charpente, a causé un grand émoi, plus d’un an après le feu à Notre-Dame de Paris. Le premier ministre Jean Castex, accompagné de Gérald Darmanin et Roselyne Bachelot, s’était rendu à Nantes, rendant hommage «au dévouement et au très grand professionnalisme de la grosse centaine de sapeurs-pompiers qui ont été mobilisés dès le début du sinistre et qui l’ont géré avec une efficacité remarquable». L’État «prendra toute sa part» dans la reconstruction, a-t-il assuré.

Par Marie-Estelle Pech et Le Figaro

 

Incendie de la cathédrale de Nantes : le bénévole du diocèse de nouveau en garde à vue

juillet 25, 2020

 

Ce Rwandais d’une trentaine d’années pourrait être mis en examen et placé en détention provisoire dans la nuit.

Rebondissement dans l’enquête ouverte après l’incendie de la cathédrale de Nantes, survenu dans la matinée du 18 juillet. Dans un communiqué diffusé ce samedi 25 juillet dans la soirée, le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès a fait savoir que le bénévole qui avait été placé en garde à vue les 18 et 19 juillet derniers est de nouveau en garde à vue depuis ce samedi matin 6h15.

Le suspect a été présenté ce soir au parquet de Nantes, «qui a ouvert une information judiciaire des chefs de dégradations, détériorations ou destruction du bien d’autrui par incendie et requis la saisine du juge des libertés et de la détention aux fins de placement de l’intéressé en détention provisoire».

Pierre Sennès ajoute que les décisions prises par le juge d’instruction et le juge des libertés et de la détention concernant le bénévole, un Rwandais d’une trentaine d’années, seront connues ce samedi «en fin de soirée».

La piste criminelle «privilégiée»

Soulignant que le laboratoire central de la préfecture de police de Paris a dépêché à Nantes des ingénieurs spécialisés après l’incendie, le procureur de la République annonce que les premiers résultats de leurs investigations «amènent à privilégier la piste criminelle». Pour rappel, «trois points de feu distincts» ont été détectés dans l’édifice le jour de l’incendie.

Pierre Sennès écrit par ailleurs que plus de trente personnes ont été entendues en une semaine par la vingtaine d’enquêteurs chargés du dossier. Seul le bénévole rwandais a été placé en garde à vue, avant d’être «laissé libre au terme de ses auditions» , puis d’être de nouveau interpellé ce samedi.

L’incendie de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, qui a notamment ravagé le grand orgue de l’édifice, a suscité une forte émotion, quinze mois après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Dès l’après-midi du 18 juillet, le premier ministre Jean Castex, le ministre de l’Intérieur – chargé des Cultes – Gérald Darmanin et la ministre de la Culture Roselyne Bachelot s’étaient rendus sur place.

Par Aude Bariéty

France/Incendie de la cathédrale de Nantes: un homme a été placé en garde à vue

juillet 19, 2020

 

Un ressortissant rwandais de 39 ans a été interpellé le jour de l’incendie. Selon le procureur, rien ne permet pour l’instant de «l’impliquer dans la commission des faits».

Un homme de 39 ans originaire du Rwanda a été arrêté dans le cadre des investigations pour «incendie volontaire» de la cathédrale de Nantes. Interpellé samedi 18 juillet dans la journée, il a été placé en garde à vue.

Les raisons de son arrestation sont pour le moment inconnues. Selon les informations du Figaro, il s’agit d’un réfugié rwandais travaillant pour le diocèse. Il aurait fait part de sa colère concernant son visa expiré.

Selon le parquet, l’homme a été placé en garde à vue du fait d’incohérences découvertes dans son emploi du temps. Le suspect était chargé de fermer la cathédrale la veille de l’incendie. Les enquêteurs souhaitent donc entendre cet homme «sur les conditions de fermeture de la cathédrale».

«À ce stade, il s’agit de vérifications, rien ne permet de l’impliquer dans la commission de l’incendie», a assuré le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès. «Il faut rester prudent quant à l’interprétation de cette garde à vue, c’est une procédure normale», a souligné le magistrat.

Interrogé sur les premiers éléments de l’enquête, le procureur a confirmé l’arrivée samedi après-midi des experts incendie du laboratoire de police scientifique et technique.

Par Le Figaro

 

Refugiés: près de 60.000 demandeurs d’asile frappent à la porte du Congo

juillet 24, 2018

 

Cyr Modeste Kouamé et Léon-Alfred Opimbat, au centre, pendant l’atelier

La représentation du Haut-commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) en République du Congo a organisé à l’intention des députés, le 19 juillet 2018, une journée de sensibilisation sur le droit humanitaire et la protection internationale.

 

Il s’agissait de les informer sur ses missions, ses opérations et son cadre légal. Les travaux de cet atelier ont été présidés par Léon Alfred Opimbat, premier vice-président de l’Assemblée nationale, en présence de Cyr Modeste Kouamé, représentant du HCR en République du Congo.

Selon la Convention de 1951, un réfugié est tout individu qui, craignant d’être persécuté du fait de sa race, sa nationalité, son appartenance à un groupe social ou du fait de son opinion politique, est en dehors de son pays dont il a la nationalité et qui ne peut pas, ou ne veut pas, du fait de cette crainte, se réclamer de la protection de ce pays.
En mai 2018, les réfugiés rwandais étaient au nombre de 10.508, les Congolais de la RDC en 2009 (15.542) et les Centrafricains à partir de 2013 (33.081). «Actuellement, nous avons 59.000 réfugiés en République du Congo, répartis en 23 nationalités», a indiqué le représentant du HCR, tout en félicitant le peuple congolais pour son hospitalité.
Pour Cyr Modeste Kouamé, ces réfugiés sont installés sur toute l’étendue du territoire national. «Une forte concentration est enregistrée dans la zone Nord, notamment dans le département de la Likouala, avec près de 35 000 réfugiés», a-t-il précisé.
A ce jour, 119.000 sujets de la RDC ont été rapatriés entre 2012 et 2014. 478 Rwandais entre 2004 et 2017 et 648 Centrafricains en 2018, ainsi que 6 anciens réfugiés Rwandais, soit 120.000 réfugiés rapatriés. Par ailleurs, 8463 Rwandais ont perdu leur statut de réfugiés et 804 ont été exemptés de la clause de cessation qui a mis fin à leur statut de réfugiés depuis le 21 décembre 2017. «On ne peut pas être réfugié à vie», a rappelé Cyr Modeste Kouamé.
A l’heure actuelle, «près de 1000 réfugiés centrafricains sont à nos portes. Ils veulent repartir chez eux. Nous avons un souci financier. D’où l’appel que je lance à tous les partenaires techniques et financiers pour nous aider à les faire partir», a expliqué le représenta du HCR.
S’agissant des déplacés internes, Cyr Modeste Kouamé a rappelé: «Le HCR n’a pas un mandat, comme c’est le cas pour les réfugiés. Il a une responsabilité au même titre que les autres agences du système des Nations Unies. Le HCR coordonne plutôt la réponse dans les secteurs de protection, abris et articles ménagers essentiels». Il s’est réjoui du fait que le Congo a pu signer les différentes Conventions de 1951 et 1969.
Le représentant du HCR en République du Congo a, en outre, plaidé pour que le pays se dote d’une loi nationale sur le statut de réfugiés et le droit d’asile.
Contrairement aux réfugiés, les déplacés internes ne traversent pas de frontière internationale pour chercher l’asile dans un autre pays. Ils restent dans leur pays. Par conséquent, ils n’ont pas besoin d’un statut juridique spécial. Tel est le cas des déplacés du Pool estimés, selon le HCR, à 140.000. Ils sont répartis ainsi qu’il suit: Brazzaville (Ménage: 9422; individus: 380.99); Pointe-Noire: (Ménage: 805; individus: 647); Kouilou (Ménage: 134; individus: 460); Niari (Ménage: 423; individus: 1764); Lékoumou (Ménage: 417; individus: 1436); Kimba (Ménage: 1527; individus: 5557); Vindza (Ménage: 1534; individus: 2289); Kindamba (Ménage: 1420; individus: 5756); Mayama (Ménage: 1202; individus: 5068); Mindouli, Kinkala, Mbanza Ndounga, Goma Tsé-Tsé, Bouenza (Ménage: 13.493; individus: 57.532). Pour un total de 30.987 ménages et 120.542 individus.
«Nous avons lancé un appel humanitaire en 2017 de 24 millions de dollars, nous avons seulement reçu la moitié. Nous avons également lancé un appel en 2018 de 70 millions de dollars dont 20 millions de dollars pour la partie humanitaire, nous continuons à attendre. Il faut penser au retour de ces déplacés internes. On est en train d’y travailler», a expliqué Cyr Modeste Kouamé.
Exposant sur le mandat du HCR, Mme Ferdila Ouattara, administrateur principale de protection, est revenue sur la situation financière de l’agence. «Nous travaillons pour plus de 25 millions de personnes dans le monde, plus de 3 millions de demandeurs d’asile, plus de 40 millions de personnes déplacées internes. Globalement, le HCR travaille pour toutes ces populations. D’où les contraintes budgétaires énormes auxquelles nous faisons face actuellement. Le nombre de personnes qui relèvent de notre compétence ne cesse d’augmenter. De l’autre côté, nous avons une crise financière internationale qui fait que les bailleurs ne peuvent plus nous aider comme ils avaient l’habitude de le faire», a-t-elle fait comprendre aux députés.

Lasemaineafricaine.net par Cyr Armel YABBAT-NGO

Zambie: deux personnes brûlées vives en marge de violences xénophobes

avril 20, 2016

Lusaka – Deux personnes ont été brûlées vives lundi à Lusaka en marge d’émeutes xénophobes visant des commerçants rwandais soupçonnés de crimes rituels, a rapporté la police zambienne mercredi.

Le nombre officiel de personnes tuées depuis le début des troubles lundi est de deux morts. Les deux personnes ont été brûlées vives le 18 avril 2016 à Kanyama, un bidonville de Lusaka, a déclaré la porte-parole de la police, Charity Chanda, dans un communiqué.

Le ministre de l’Intérieur Davies Mwila a précisé au parlement que les deux victimes étaient des Zambiens, tués dans la confusion provoquée par les émeutes xénophobes.

Selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, les deux hommes ont été tués avec des pneus enflammés.

Après deux jours de violences, lundi et mardi, qui ont entraîné la destruction de 62 échoppes selon la police, la situation était relativement calme mercredi dans la capitale zambienne, a constaté le correspondant de l’AFP.

Les émeutes ont éclaté lundi et se sont propagées le lendemain dans plusieurs quartiers pauvres de Lusaka, après la découverte récente de sept cadavres, amputés de plusieurs organes (oreilles, coeur, pénis, …).

Mardi, des centaines de personnes ont caillassé des maisons et des commerces soupçonnés d’appartenir à des Rwandais.

De nombreux réfugiés rwandais -dont la population est estimée à 6.400 en Zambie par l’ONU- tiennent des épiceries dans des quartiers pauvres de Lusaka et sont accusés par la population d’avoir commis ces crimes rituels dans le but de leur porter chance dans leurs affaires.

Effrayés par ces violences xénophobes, des ressortissants rwandais ont trouvé refuge dans des commissariats.

Lundi soir, le ministre de l’Intérieur avait dénoncé le comportement de personnes animées d’intentions criminelles qui ont tiré profit de la peine et de la douleur que nous avons tous ressenties après ces crimes rituels supposés.

Jusqu’à présent, la police a procédé à onze arrestations liées aux crimes rituels et à 256 interpellations liées aux émeutes.

Des casseurs ont profité de ces violences pour voler de la nourriture ou du matériel électroménager tels que des réfrigérateurs, dans les magasins visés.

Ces événements interviennent à quatre mois de l’élection présidentielle qui doit se tenir le 11 août dans ce pays d’Afrique australe en pleine crise économique.

Cette vague d’attaques xénophobes rappelle celle qu’a connue l’année dernière l’Afrique du Sud, où sept personnes avaient été tuées dans des violences qui avaient duré plusieurs semaines.

Des habitants des quartiers pauvres de Johannesburg et de Durban (est) s’en étaient pris à des immigrés, qu’ils accusaient de prendre leurs emplois.

Romandie.com avec(©AFP / 20 avril 2016 17h36)

La justice britannique abandonne la procédure d’extradition contre le chef du renseignement rwandais

août 10, 2015

Londres – La justice britannique a annoncé lundi avoir abandonné la procédure d’extradition lancée en juin contre le chef des services secrets rwandais Emmanuel Karenzi Karake, arrêté à Londres à la demande de l’Espagne.

La procédure a été abandonnée aujourd’hui, lundi, a déclaré un porte-parole du tribunal de Westminster Magistrate, à Londres. Il a ajouté que les accusations spécifiées dans le mandat d’arrêt n’entraient pas dans le cadre des infractions couvertes par la procédure d’extradition britannique.

Après un examen attentif, nous ne pensons pas qu’une extradition peut être prononcée en regard des faits reprochés, selon la loi britannique, ont confirmé les services du procureur de la couronne (CPS) dans un communiqué publié en fin d’après-midi.

De son côté, le cabinet d’avocat Omnia, qui assure la défense du général Karake, a affirmé dans un communiqué que le chef des services secrets rwandais avait été libéré sans condition après que les autorités espagnoles ont concédé qu’il n’avait commis aucun crime susceptible de poursuite en Angleterre et en Espagne.

Mais selon une source judiciaire espagnole, c’est le juge (britannique qui) a estimé que le Royaume-Uni n’était pas compétent pour examiner ce genre de crimes commis hors du territoire britannique, confirmant le communiqué du CPS.

Le général Karake, personnalité clé du régime rwandais, avait été arrêté le 20 juin à l’aéroport de Heathrow à Londres, à la demande de l’Espagne qui l’accuse de crimes de terrorisme en lien avec la mort ou la disparition de neuf Espagnols au Rwanda, dont trois travailleurs humanitaires de Médecins du Monde.

Il avait été libéré sous caution quelques jours plus tard, avec obligation de se présenter une fois par jour à la police, dans l’attente d’une décision sur le fond.

Désormais, il est libre de rentrer chez lui.

La justice espagnole enquête depuis 2008 dans ce dossier. Selon l’acte d’accusation espagnol, le général Karake aurait eu connaissance et approuvé le massacre de civils entre 1994 et 1997 dans les villes (rwandaises) de Ruhengeri, Gisenyi et Cyangugu, y compris la mort de trois travailleurs humanitaires espagnols.

Karake, une figure de l’ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), majoritairement tutsi et dirigée par Paul Kagame, qui a mis fin au génocide de 1994 et dirige le pays depuis lors, fut aussi en 2008-2009 le numéro deux de la Minuad, la mission de paix ONU-Union africaine déployée au Darfour, dans l’ouest du Soudan.

Fin juin, Paul Kagame avait vivement dénoncé son arrestation, évoquant l’arrogance absolue et le mépris de l’Occident.

Lundi, sa ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo a réagi sur Twitter en se déclarant enchantée des informations en provenance de Londres. Gen. KK rentre à la maison! La procédure était inutile et abusive, a-t-elle ajouté.

Romandie.com avec(©AFP / 10 août 2015 19h15)

Centrafrique: un Casque bleu rwandais tue 4 compagnons d’armes avant d’être abattu

août 8, 2015

Bangui – Un Casque bleu rwandais a tué quatre de ses compagnons d’armes et en a blessé huit autres, lors d’une fusillade au sein de leur contingent samedi à Bangui, avant d’être abattu, a-t-on appris auprès de plusieurs sources militaires.

C’est un soldat rwandais qui a pris son arme et il a tiré sur ses compagnons avant d’être abattu. Il y a eu cinq morts et huit blessés. C’est la première fois que cela arrive à la Minusca, a affirmé à l’AFP une source proche de la Mission de l’ONU en Centrafriqu (Minusca).

Une fusillade, a confirmé un officier centrafricain sous couvert d’anonymat, a éclaté samedi à la base du contingent rwandais, faisant au moins cinq morts (dont le tireur, NDLR) et huit blessés parmi les soldats. C’est un soldat qui a ouvert le feu sur ses compagnons d’armes pour des raisons qu’on ignore encore.

Le commandement rwandais au sein de la Minusca n’était pas joignable dans l’immédiat pour confirmer cette information.

Il s’agit du plus grave incident survenu au sein de la force onusienne depuis son déploiement en septembre 2014. En décembre 2013, des échanges de tirs avaient opposés soldats tchadiens et burundais de la force africaine de maintien de la paix (Misca) depuis remplacée par la Minusca, sans faire de victimes.

La Minusca, qui compte actuellement 10.800 hommes, comprend des contingents issus du Burundi, du Cameroun, du Congo, de RD-Congo, de Guinée Equatoriale, du Gabon, du Rwanda, du Maroc, du Sénégal, du Pakistan, et d’Indonésie, appuyés par la force française Sangaris déployée fin 2013 pour enrayer les massacres entre communautés chrétiennes et musulmanes.

Le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par une rébellion à dominante musulmane, la Séléka, a plongé la Centrafrique dans la plus grave crise de son histoire depuis son indépendance en 1960.

Les autorités de transition mises en place lorsque la Séléka a été chassée du pouvoir par l’intervention militaire française et internationale début 2014, peinent à relever ce pays déjà meurtri par des années de troubles et rébellions.

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