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Liban: que va-t-il se passer après la démission de Saad Hariri?

octobre 30, 2019

 

Le président libanais Michel Aoun a chargé le premier ministre démissionnaire d’expédier les affaires courantes du pays jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement. Une nouvelle ère d’incertitude politique s’ouvre au pays du Cèdre.

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Des manifestants célèbrent la démission du premier ministre libanais, Saad Hariri. PATRICK BAZ/AFP

Le président libanais Michel Aoun a chargé ce mercredi le premier ministre démissionnaire Saad Hariri d’expédier les affaires courantes du pays jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement, a annoncé le palais présidentiel dans un communiqué. Saad Hariri avait annoncé sa démission, mardi, au 13e jour d’une vague de contestation populaire sans précédent, réclamant notamment le départ de l’ensemble de la classe politique.

Cette démission ouvre cependant la voie à une nouvelle ère d’incertitude politique au pays du Cèdre. Le gouvernement qu’il dirigeait avait été formé en janvier après pas moins de huit mois de tractations entre les diverses composantes de la vie politique et confessionnelle libanaise. Par ailleurs, sa décision a été prise contre l’avis de ses partenaires au sein de la coalition au pouvoir.

Que va-t-il se passer ces prochaines semaines d’un point de vue institutionnel et politique? Tandis que des heurts ont éclaté ces derniers jours entre des membres du mouvement chiite du Hezbollah et des manifestants pacifistes, le pays risque-t-il de sombrer dans le chaos? Le Figaro fait le point.

Saad Hariri renommé premier ministre?

D’un point de vue institutionnel, le président libanais Michel Aoun est désormais obligé de désigner un nouveau premier ministre. Cependant, il ne peut le faire seul. Dans les prochaines 48 heures, il devra inviter les différents blocs parlementaires pour des consultations au palais présidentiel. «Au Liban, tout passe par le consensus. Celui-ci dépendra des équilibres de force sur la scène politique libanaise», commente Maya Khadra, journaliste et enseignante spécialiste du Liban.

Or, rien n’empêche que ce soit… Saad Hariri lui-même qui soit de nouveau nommé premier ministre. En effet, Saad Hariri est actuellement le «premierministrable» qui pourrait susciter le plus de consensus. Le président Michel Aoun pourrait alors le nommer à la tête d’un gouvernement provisoire, le temps de mesurer les nouveaux rapports de force.

Tout d’abord, Saad Hariri reste un personnage clé dans l’architecture du pouvoir au Liban. Le chef de file sunnite a fait son entrée en scène politique après l’assassinat de son père, l’ancien premier ministre Rafic Hariri, en 2005. Il reste l’interlocuteur privilégié des Occidentaux. «Saad Hariri a de bonnes relations avec la France. Il bénéficie toujours de l’héritage de son père. Enfin, l’opposition de la rue n’était pas vraiment tournée contre lui mais plutôt contre les autres ministres et le gouvernement. Il reste bien vu, même si on lui reproche son manque de charisme et d’intransigeance avec le Hezbollah», résume Maya Khadra.

En outre, l’une des règles d’or du système institutionnel libanais consiste à nommer un premier ministre sunnite. Outre Saad Hariri, «nous sommes face à une communauté sunnite pauvre en premier ministrables», juge Aurélie Dahier, enseignante-chercheuse à Paris-Dauphine et à Sciences Po Paris, spécialiste du Hezbollah.

Enfin, le retour presque immédiat d’un premier ministre démissionnaire ne serait pas une première au Liban, souligne la spécialiste. Le second mandat de Saad Hariri avait été marqué par sa démission forcée depuis l’Arabie saoudite, le 4 novembre 2017, avant que, de retour au Liban, il revienne sur cette annonce.

L’alternative Raya al-Hassan, une sunnite de 52 ans

Autre figure sunnite d’envergure, l’ancien premier ministre Najib Mikati (2011-2014), leader sunnite du nord à Tripoli, est accusé avec son frère, son fils et une banque libanaise «d’enrichissement illicite». L’annonce de poursuites judiciaires contre cet ancien entrepreneur, en plein mouvement contestataire, le 23 octobre, a été explosive. «Le premier jour des manifestations, on a pris d’assaut sa maison et l’armée s’est interposée pour sauver sa vie, raconte Aurélie Dahier. Un nouveau gouvernement avec lui est donc difficile.»

La révolte a toutefois fait émerger un autre nom: celui de la ministre de l’Intérieur Raya al-Hassan, une sunnite de 52 ans dont l’action a été saluée en raison de la modération et de la neutralité des forces de l’ordre.

Statu quo ou gouvernement technocratique

Une fois le «nouveau» premier ministre nommé, que pourrait-il se passer? L’instauration d’un gouvernement de technocrates, à l’abri des dissensions politiques, est actuellement revendiquée par la rue libanaise.

Dans un scénario politique «idéal» – du moins celui souhaité par la contestation populaire -, ce gouvernement technocratique organiserait alors des élections législatives anticipées, avec une nouvelle loi électorale permettant de rebattre la carte des équilibres politiques.

Aujourd’hui, «une grande partie de la rue libanaise s’est émancipée des clivages politiques et des appartenances confessionnelles», note Maya Khadra. Quant au Hezbollah chiite, il se retrouve très affaibli. Si des partisans du Hezbollah et de son allié du Amal s’en sont pris à des manifestants pacifistes, ces derniers jours, le risque d’une nouvelle guerre civile semble peu probable, juge la journaliste: «l’armée, et c’est historique, a protégé les manifestants et veillé sur leur sécurité. Par ailleurs, le Hezbollah est dans un état de faillite politique, économique et fait face à la colère des chiites qui commencent à le déserter».

Le scénario d’une nouvelle loi électorale et d’élections anticipées est toutefois peu probable dans l’immédiat. Pour l’heure, le président Michel Aoun a donc implicitement accepté la démission de Saad Hariri, ce mercredi, assurant qu’il avait «demandé au gouvernement de poursuivre la gestion des affaires courantes jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement», conformément à la Constitution libanaise.

La formation du nouveau gouvernement pourrait prendre un certain temps, dans un système institutionnel où équilibres politiques et confessionnels doivent être scrupuleusement respectés: «Il faudra non seulement des technocrates, mais aussi des personnalités aux mains propres, sans étiquettes politiques trop marquées, dans toutes les confessions religieuses et selon des quotas limités, rappelle Aurélie Dahier. Cela va être encore un sacré casse-tête!».

Le Figaro.fr par Bénédicte Lutaud

Liban: Saad Hariri démissionne sous la pression des manifestants

octobre 29, 2019

Des Libanais de toutes confessions dénoncent depuis deux semaines la corruption et l’inertie de la classe politique.

Michel Aoun, Saad Hariri

Le premier ministre Saad Hariri (à droite) a remis sa démission au président Michel Aoun, mardi à Beyrouth. Dalati Nohra/AP

C’est dans un discours très bref et au nom de la «sécurité du pays» que le premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé mardi qu’il présenterait sa démission au président. Treize jours après le début d’immenses manifestations qui ont bouleversé le pays, Saad Hariri a capitulé. «Notre responsabilité aujourd’hui est de savoir comment protéger le Liban et empêcher tout feu de l’atteindre», a-t-il déclaré, l’air grave.

Outrés par une énième taxe proposée par un gouvernement jugé corrompu et inefficace, les Libanais manifestent tous les jours depuis le 17 octobre pour exprimer leur ras-le-bol vis-à-vis de dirigeants qui ont été surpris par leur capacité à se mobiliser au-delà des divisions traditionnelles entre partis et religions.

Formé fin janvier, le gouvernement a échoué à mettre en œuvre des réformes nécessaires pour redresser l’économie libanaise à bout de souffle. L’influent gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, a confié à CNN lundi qu’un effondrement économique du pays pourrait survenir d’ici à «quelques jours».

C’est un premier pas vers le changement. Nous voulons rapidement un gouvernement de technocrates qui seront dignes de gouverner

Antony Barakat

La démission de Saad Hariri a été accueillie avec enthousiasme parmi les manifestants qui réclament le renouvellement complet de toute la classe politique libanaise, aux manettes du pays depuis la fin de la guerre civile. «C’est un premier pas vers le changement. Nous voulons rapidement un gouvernement de technocrates qui seront dignes de gouverner», confie Antony Barakat, 20 ans, place Sassine, l’un des plus importants carrefours du quartier majoritairement chrétien d’Achrafié, à Beyrouth.

Le Hezbollah s’en prend aux manifestants

Mais l’heure n’était pas seulement aux réjouissances. Comme une dizaine d’autres personnes dans la foule, le jeune homme tenait un bâton en bois dans sa main pour sa «propre protection», selon lui. La peur d’une nouvelle crise sécuritaire était palpable.

Quelques heures plus tôt, des centaines d’hommes se réclamant du puissant parti chiite, le Hezbollah, et de son allié Amal, ont saccagé le centre-ville occupé depuis près de deux semaines par des manifestants, qui avaient installé des tentes pour débattre, dans une ambiance joyeuse, de l’avenir de leur pays.

Des rumeurs se sont rapidement propagées selon lesquelles ces hommes étaient sur le point d’envahir Achrafié. «Je doute qu’ils montent jusqu’ici, mais des précautions doivent être prises. Il n’est pas acceptable que ces gens détruisent des tentes de manifestants pacifiques», s’indigne Antony Barakat.

Avant de pénétrer le centre-ville, ces casseurs, qui chantaient des slogans à la gloire du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ont attaqué des manifestants installés depuis plusieurs jours – avec tentes, frigo et matelas – sur une des autoroutes principales du centre-ville. «Je vais me changer rapidement et revenir. On ne bougera pas», confiait l’un d’entre eux, Nassim Azzam, 30 ans, dont le tee-shirt était déchiré au niveau de l’épaule après une empoignade violente avec les sympathisants des deux partis chiites.

Militant au sein d’un groupe issu de la société civile, Li Haqqi, le jeune homme fait partie de nombreux jeunes Libanais vivant à l’étranger et rentrés spécialement pour participer aux manifestations. «C’est comme un rêve», confie celui qui espère voir le système confessionnel, pierre angulaire de la gouvernance libanaise, s’effondrer.

Des dizaines de soldats et de membres des forces antiémeutes observaient les manifestants nettoyer le chaos laissé par les casseurs sur la place des Martyrs. «Ce sont des moutons, des gens endoctrinés et aveuglés par leur idéologie», observe Joumana Hayek, professeur de philosophie, un balai à la main. De nombreux manifestants chantaient des slogans à la gloire de l’armée libanaise, considérée comme le dernier rempart contre les armes et la violence des sympathisants du Hezbollah.

La mise en garde de Le Drian

Dans un discours de près d’une heure, Hassan Nasrallah s’est prononcé vendredi contre une démission du gouvernement et a insinué que les manifestants étaient financés par des puissances étrangères. «Peut-être que ces violences sont une manière de nous faire comprendre que ce sera le chaos si le gouvernement démissionne», avançait Mohamed Serhan, un manifestant affilié à un petit parti d’opposition non confessionnel, le Bloc national, quelques heures avant la démission de Saad Hariri.

Laquelle ne fait qu’empirer une crise déjà «très grave», selon le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. «Ce dont a besoin le Liban, c’est d’un engagement de l’ensemble des responsables politiques à s’interroger sur eux-mêmes», a-t-il déclaré mardi. La réponse du président Michel Aoun et celle de son allié le Hezbollah, dans les jours à venir, révéleront s’ils y sont prêts.

Le Figaro.fr par Sunniva Rose à Beyrouth

Merkel arrive au Liban, sur fond de polémique en Allemagne sur l’immigration

juin 21, 2018

Le Premier ministre libanais Saad Hariri et la chancelière allemande Angela Merkel, à Beyrouth, le 21 juin 2018 / © DALATI AND NOHRA/AFP / STRINGER

La chancelière allemande Angela Merkel est arrivée jeudi à Beyrouth dans le cadre d’une tournée au Moyen-Orient, sur fond de polémique en Allemagne sur sa politique migratoire.

Mme Merkel a rencontré le Premier ministre libanais Saad Hariri, qui l’a accueilli à l’aéroport. Les deux responsables se sont ensuite rendus au Grand Sérail, le siège du gouvernement dans la capitale libanaise.

Selon le bureau de presse de M. Hariri, les discussions ont porté sur les derniers développements au Liban et dans la région.

La chancelière allemande doit rencontrer vendredi le président Michel Aoun et tenir une conférence de presse avant de retourner en Allemagne, où elle fait face à une pression croissante pour freiner l’afflux des migrants.

Avant le Liban, Mme Merkel était en Jordanie, où elle a rencontré le roi Abdallah II.

Les deux pays du Proche-Orient accueillent le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde.

Alors que le sentiment anti-immigration se répand à travers toute l’Europe, Mme Merkel a été critiquée dans sa propre coalition gouvernementale pour avoir accepté d’accueillir plus d’un million de demandeurs d’asile en 2015.

Beaucoup d’entre eux venaient de Syrie, dont le conflit vieux de sept ans est également responsable de l’afflux massif de réfugiés en Jordanie et au Liban.

Romandie.com avec(©AFP / 21 juin 2018 19h49)

Liban: Hariri annonce la perte d’un tiers des sièges de son mouvement au Parlement

mai 7, 2018

Un portrait du Premier ministre libanais Saad Hariri entre deux bâtiments dans le quartier sunnite de Tariq al-Jadida à Beyrouth, le 4 mai 2018 / © AFP / JOSEPH EID

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé lundi que son mouvement avait perdu un tiers de ses sièges au sein du Parlement, au lendemain des premières législatives organisées dans le pays en près d’une décennie.

Le Courant du Futur disposera de 21 députés dans le nouvel hémicycle, a annoncé M. Hariri lors d’une conférence de presse, contre 33 sièges dans le Parlement sortant (sur 128 au total).

« Nous avions parié sur un meilleur résultat et un bloc plus large », a-t-il reconnu, justifiant ce recul en pointant notamment du doigt l’adoption d’une nouvelle loi électorale en 2017.

« Le problème de cette loi électorale, c’est que plein de gens ne l’ont pas comprise », a-t-il assuré, s’exprimant sur un ton décontracté, plaisantant avec les journalistes.

Il a toutefois reconnu que certaines « performances n’étaient pas à la hauteur », sans expliciter.

La nouvelle loi, qui introduit pour la première fois un mode de scrutin proportionnel, a laissé perplexes bien des électeurs, parfois obligés de choisir parmi des listes électorales alliant leurs candidats favoris à des partis qu’ils ne soutiennent pas.

Le partage du pouvoir au Liban entre les différentes communautés religieuses empêche la suprématie d’un seul parti ou d’une communauté au sein de l’hémicycle.

Mais le grand rival de M. Hariri, le mouvement chiite Hezbollah, un des principaux alliés de l’Iran au Moyen-Orient, semble en passe de confirmer son emprise sur la scène politique libanaise.

Les estimations du parti chiite, quelques heures après le début du dépouillement, indiquent que le mouvement a raflé la mise quasiment partout où il était présent.

Les législatives de dimanche ont toutefois été marquées par un faible taux de participation -49,2%-, dans un pays où la corruption et le népotisme imputés à la classe politique font régner un certain désenchantement au sein de la population.

Les dernières législatives remontent à 2009. A trois reprises, le Parlement a prorogé son mandat, invoquant notamment des risques sécuritaires.

Romandie.com avec (©AFP / 07 mai 2018 15h50)                  

Liban: de retour à Beyrouth, Saad Hariri suspend sa démission

novembre 22, 2017

Le Premier ministre libanais Saad Hariri salue ses partisans à son arrivée à sa maison à Beyrouth, le 22 novembre 2017 / © AFP / MARWAN TAHTAH

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé mercredi qu’il suspendait sa démission surprise, en attendant des consultations sur des dossiers épineux dont l’implication du Hezbollah proiranien dans des conflits régionaux.

Cette décision, faite au lendemain de son retour au pays après près de trois semaines à l’étranger, devrait décrisper l’atmosphère dans le pays pris de court par sa démission annoncée le 4 novembre depuis Ryad, où son séjour prolongé avait alimenté les spéculations sur une interdiction de voyage.

Dans ses interventions à Beyrouth, M. Hariri n’a pas évoqué les accusations du président libanais Michel Aoun selon lesquelles il avait été « retenu en otage » en Arabie saoudite. Des accusations qu’il avait niées durant son séjour à Ryad.

Le visage grave, s’exprimant dans une brève allocution télévisée, M. Hariri a appelé au « dialogue » dans un pays miné par les crises politiques à répétition opposant les deux principaux blocs, celui emmené par M. Hariri et celui dirigé par le puissant mouvement armé du Hezbollah.

« J’ai discuté de ma démission avec le président de la République qui m’a enjoint d’attendre avant de la présenter pour permettre davantage de consultations. J’ai accepté cette requête », a dit M. Hariri à l’issue d’un entretien avec le président Michel Aoun.

Le constitutionnaliste Edmond Rizk a expliqué à l’AFP que « tant que le président n’a pas accepté (la démission), elle n’est pas valable constitutionnellement parlant ».

M. Hariri a appelé à éloigner le Liban des conflits au Moyen-Orient en respectant une « politique de distanciation », une allusion claire à l’intervention du Hezbollah, membre de son gouvernement, dans la guerre en Syrie voisine au côté du régime.

« J’aspire aujourd’hui à un véritable partenariat avec toutes les forces politiques en vue de mettre les intérêts du Liban au-dessus de tout autre », a-t-il ajouté.

– ‘Je reste avec vous’ –

Un protégé de l’Arabie saoudite, M. Hariri avait justifié sa démission en dénonçant la « mainmise » du Hezbollah et de son allié iranien sur le Liban et en disant craindre pour sa vie.

M. Aoun avait refusé d’accepter sa démission, la tradition voulant que celle-ci soit remise en main propre et sur le sol libanais.

Dans l’après-midi, des centaines de ses partisans se sont retrouvés devant son domicile, dans le centre-ville de Beyrouth, arborant le drapeau bleu de son parti, le Courant du Futur.

Après avoir troqué son costume pour une veste bleu marine décontractée, M. Hariri est sorti saluer la foule.

« Je reste avec vous, je vais continuer avec vous », a-t-il lancé, tout sourire, interrompu par les cris enthousiastes des manifestants: « par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifions pour toi Saad ».

« Nous continuerons ensemble, pour être le front de défense du Liban et de sa stabilité », a-t-il poursuivi, avant de s’offrir un bain de foule et de poser pour des selfies.

« Son retour est très important, même si il y a beaucoup de choses que nous ne comprenons pas » a reconnu à l’AFP Hala, manifestante de 32 ans. « Il a unifié le Liban ».

Lundi, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, adoptant un ton conciliant, s’est dit « ouvert à tout dialogue ».

Pour Maha Yahya, directrice du Centre Moyen-Orient de Carnegie, il y a aujourd’hui « un effort pour calmer les choses, et laisser de la place aux négociations qui ont lieu en coulisses ».

– Bras de fer régional –

M. Hariri a assisté le matin avec M. Aoun à la parade militaire de la fête de l’Indépendance, 74 ans après la fin du mandat français au Liban.

L’annonce de la démission de M. Hariri avait été rapidement interprétée comme un nouveau bras de fer entre les parrains régionaux des deux camps rivaux au Liban: l’Arabie saoudite sunnite, qui soutient M. Hariri, et l’Iran chiite, qui appuie le Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise.

Le geste de M. Hariri a provoqué d’intenses consultations diplomatiques, « la communauté internationale comprenant qu’il n’est de l’intérêt de personne d’avoir encore un autre Etat failli dans la région », souligne Mme Yahya.

C’est la France qui s’est fortement impliquée pour « exfiltrer » selon des experts M. Hariri d’Arabie saoudite, où se sont rendus successivement ces dernières semaines le président Emmanuel Macron et son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Détenant également la nationalité saoudienne, M. Hariri a quitté le 18 novembre Ryad pour la France. De là, il s’est rendu mardi en Egypte puis à Chypre avant de revenir à Beyrouth.

Agé de 47 ans, le Premier ministre libanais a repris le flambeau politique après la mort de son père Rafic Hariri, un ancien chef de gouvernement, tué dans un attentat en 2005 à Beyrouth pour lequel des membres du Hezbollah ont été accusés.

Romandie.com avec(©AFP / 22 novembre 2017 14h34)                

Hariri confirme qu’il sera à Beyrouth mercredi

novembre 18, 2017

Hariri confirme qu'il sera à Beyrouth mercredi

Saad Hariri et Emmanuel Macron

Le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri a confirmé samedi à Paris qu’il se rendrait à Beyrouth pour la fête nationale, le 22 novembre, et s’y exprimerait alors sur la situation politique.

«Pour ce qui est de la situation politique au Liban, je me rendrai à Beyrouth dans les quelques jours prochains», a-t-il dit à l’issue d’un entretien avec le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron.

 «Je participerai à la célébration de notre indépendance (prévue mercredi-NDLR) et c’est là-bas que je ferai savoir ma position sur tous les sujets après m’être entretenu avec le général Michel Aoun», a-t-il déclaré à la presse, à l’Élysée.

M. Hariri a remercié la France et son président Emmanuel Macron «pour son soutien», à l’issue d’un entretien et d’un déjeuner au palais présidentiel de l’Élysée, quelques heures après son arrivée en provenance de Ryad.

«Je remercie Emmanuel Macron pour son soutien. Il a fait preuve d’une amitié infaillible et, cela, je ne l’oublierai jamais», a-t-il ajouté. «La France a montré une fois encore la grandeur de son rôle dans le monde et la région, elle prouve son attachement au Liban et à sa stabilité».

 
Le Figaro.fr avec AFP

Hariri en France samedi, « libre » de partir selon Ryad

novembre 16, 2017

Photo prise le 17 novembre 2017 montrant le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (G) et le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri (D) à Ryad / © AFP / Valérie LEROUX

Le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri sera samedi en France, a annoncé jeudi l’Elysée, après un démenti de Ryad sur une restriction de ses mouvements en Arabie saoudite.

Cette annonce a coïncidé avec une visite à Ryad du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian qui a rencontré M. Hariri, 47 ans, un protégé de l’Arabie saoudite.

La démission surprise le 4 novembre depuis Ryad de M. Hariri, qui a notamment accusé l’Iran et son allié libanais, le Hezbollah, de « mainmise » sur le Liban, a fait craindre une escalade des tensions entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, les deux puissances régionales rivales.

« L’Elysée confirme la venue en France de Saad Hariri et la rencontre avec le président de la République samedi à l’Elysée », a indiqué à l’AFP la présidence.

La France, qui entretient des liens très étroits avec le Liban, s’est récemment démenée pour trouver une issue à la crise.

Plus tôt jeudi, l’Elysée avait indiqué que M. Hariri « devrait arriver en France dans les prochains jours », à l’invitation d’Emmanuel Macron.

« M. Hariri a accepté l’invitation du président de la République », a dit M. Le Drian à des journalistes.

– ‘Quand il veut’ –

Le prince héritier Mohammed ben Salmane, l’homme fort d’Arabie saoudite qui doit se rendre à Paris début 2018, « en a été informé », a-t-il souligné.

Depuis l’annonce de la démission de M. Hariri, qui avait dit aussi craindre pour sa vie, informations et rumeurs ont circulé sur une interdiction au Premier ministre libanais de quitter le royaume saoudien après avoir été « contraint » à la démission.

Et, mercredi, le président libanais Michel Aoun n’a pas hésité à affirmer qu’il le considérait « en captivité » à Ryad.

Réfutant ces accusations, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a affirmé jeudi que M. Hariri était libre de quitter l’Arabie saoudite « quand il veut ».

« Hariri est un citoyen saoudien et un citoyen libanais et en tant que tel, on ne peut pas le retenir, ce sont des allégations mensongères », a affirmé M. Jubeir, le premier responsable saoudien de ce rang à clarifier publiquement le statut de M. Hariri.

M. Jubeir a en outre renouvelé les accusations contre le mouvement chiite Hezbollah, rival de M. Hariri mais avec lequel ce dernier avait formé un gouvernement il y a un an.

« Le Hezbollah est une organisation terroriste de première catégorie », a-t-il soutenu, accusant ce mouvement d’avoir « pris en otage l’Etat au Liban, d’y avoir bloqué le processus politique et d’être devenu un instrument aux mains des Gardiens de la révolution » iraniens.

– ‘Tentation hégémonique’ –

La démission de M. Hariri a été perçue comme un nouveau bras de fer entre l’Arabie saoudite et l’Iran qui s’affrontent déjà sur plusieurs dossiers régionaux, notamment les guerres au Yémen et en Syrie.

Lors de la conférence de presse, M. Le Drian –qui a rencontré les dirigeants saoudiens lors d’une visite de 24 heures– a souligné que le Liban devrait rester « à l’abri des ingérences » étrangères.

Il a abondé dans le sens de l’Arabie saoudite, dénonçant la « tentation hégémonique » de l’Iran et s’inquiétant de son programme de missiles balistiques.

Au Liban, M. Aoun a affirmé qu’il attendrait le retour de M. Hariri de Paris pour discuter de sa démission. Il a estimé que l’acceptation par M. Hariri de l’invitation à se rendre en France était « le début d’une solution ».

Le voyage attendu de Saad Hariri en France est une porte de sortie pour lui, mais il pourrait sonner le glas de sa carrière politique, selon des experts.

Pour Amal Saad, professeur de sciences politiques à l’Université libanaise, le voyage de M. Hariri signifie soit l’exil et la fin de sa carrière politique, soit un retour au Liban et des négociations avec le Hezbollah.

« Soit il devra démissionner de toute la vie politique (…) », soit « Paris est juste une escale, et il reviendra à Beyrouth négocier un deal avec le Hezbollah ».

Romandie.com avec(©AFP / 16 novembre 2017 20h41)                

Hariri invité « quelques jours » en France, « pas du tout » un exil, dit Macron

novembre 15, 2017

Le président français Emmanuel Macron à Bonn, en Allemagne, le 15 novembre 2017 / © AFP / John MACDOUGALL

Emmanuel Macron, qui a invité en France le Premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri, a déclaré mercredi de Bonn l’avoir invité « pour quelques jours avec sa famille » et qu’il ne s’agissait « pas du tout » d’un exil en France.

« Je me suis entretenu avec Mohammed ben Salmane et Saad Hariri et nous sommes convenus que je l’invitais pour quelques jours en France avec sa famille », a dit le chef de l’Etat devant quelques journalistes, au cours d’une visite du pavillon français de la Conférence des Nations unies sur le Climat (COP 23). L’Elysée a annoncé mercredi que M. Hariri devait arriver en France « dans les prochains jours ».

Romandie.com avec(©AFP / 15 novembre 2017 20h06)                

Crise au Liban: l’UE ne veut « aucune interférence extérieure »

novembre 13, 2017

La cheffe de la diplomatie européenne Frederica Mogherini (d) et le secrétaire général de l’OTAN lors d’un conseil européen, le 13 novembre 2017 à Bruxelles / © AFP / EMMANUEL DUNAND

L’UE ne veut « aucune interférence extérieure » au Liban, a affirmé lundi sa cheffe de la diplomatie Federica Mogherini, sans toutefois désigner l’Iran ou l’Arabie saoudite d’où le Premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé sa démission, provoquant une grave crise politique.

« Nous ne voulons d’aucune interférence extérieure » au Liban et « nous jugeons qu’il est essentiel d’éviter d’importer au Liban des conflits régionaux, des dynamiques régionales, des tensions régionales qui doivent rester en dehors du pays », a martelé Mme Mogherini à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des 28 pays de l’UE à Bruxelles.

La Haute représentante de l’UE pour les affaires extérieures a précisé qu’elle recevrait mardi matin à Bruxelles le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil.

« Le Liban risque de retomber dans de graves confrontations politiques et peut-être militaires. Afin de prévenir ceci, nous avons en particulier besoin du retour (au Liban) du Premier ministre actuel, d’une réconciliation dans le pays et d’empêcher une influence de l’extérieur », avait insisté lundi matin le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel.

Le Liban « ne doit pas devenir un jouet de (…) la Syrie, de l’Arabie saoudite ou d’autres », avait-il estimé.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a de son côté appelé à la « non-ingérence » au Liban, sans toutefois nommer l’Iran et l’Arabie saoudite, d’où M. Hariri a annoncé sa démission surprise le 4 novembre.

– ‘Non-ingérence’ –

« Pour qu’il y ait une solution politique au Liban, il faut que chacun des responsables politiques ait évidemment sa totale liberté de mouvement et que la non-ingérence soit un principe de base », a déclaré M. Le Drian en arrivant à la réunion des chefs de la diplomatie des 28.

« Pour l’instant », M. Hariri « déclare être libre de ses mouvements, nous n’avons pas de raison de ne pas le croire », a-t-il ajouté.

Mais « nous sommes préoccupés de la situation au Liban (…) nous sommes soucieux de sa stabilité, (…) de son intégrité, nous sommes soucieux de la non-ingérence et soucieux de la constitution libanaise », a-t-il martelé.

La porte-parole du Quai d’Orsay, Agnès Romatet-Espagne, a ensuite précisé que cet appel visait l’ensemble des acteurs régionaux impliqués dans la crise libanaise. « Nous souhaitons que tous ceux qui exercent une influence au Liban permettent aux acteurs politiques de ce pays d’exercer pleinement leurs responsabilités », a-t-elle souligné.

Saad Hariri a assuré dimanche qu’il allait rentrer « très bientôt » dans son pays, assurant être « libre » en Arabie saoudite. Lors d’un entretien avec la chaîne de télévision libanaise Future, M. Hariri a une nouvelle fois appelé l’Iran à ne pas s’ingérer dans les affaires du Liban et des pays arabes.

– Retour d’Hariri –

Dimanche, le président libanais Michel Aoun a estimé que « la liberté de M. Hariri a été restreinte » en Arabie saoudite.

Lorsqu’il avait annoncé depuis Ryad sa démission, dans un discours diffusé par la chaîne à capitaux saoudiens Al-Arabiya, le chef du gouvernement libanais avait dénoncé la « mainmise » de l’Iran et du Hezbollah, le puissant mouvement chiite membre de son gouvernement et proche de Téhéran, sur les affaires intérieures du Liban.

Son geste a très rapidement été perçu comme un nouveau bras de fer entre l’Arabie saoudite sunnite, important soutien de M. Hariri, et l’Iran chiite, grand allié du Hezbollah libanais.

Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a accusé vendredi l’Arabie saoudite de « détenir » M. Hariri, qui a la double nationalité saoudienne et libanaise, et assuré que sa démission lui avait été dictée par Ryad.

« En tant qu’amis du Liban, nous tenons plus que tout à la stabilité de ce pays », a souligné Mme Mogherini. « Nous appelons les forces politiques (du pays) à se concentrer sur le Liban et sur ce qu’ils peuvent apporter aux citoyens (et exhortons) le Premier ministre Hariri à retourner dans le pays », a-t-elle insisté.

Romandie.com avec(©AFP / 13 novembre 2017 18h44)                

Au marathon de Beyrouth, les Libanais affichent leur soutien à Hariri

novembre 12, 2017

Des Libanaises brandissent des pancartes demandant le retour du Premier ministre démissionnaire Saad Hariri au Liban lors du marathon de Beyrouth, le 12 novembre 2017 / © AFP / ANWAR AMRO

Les participants au marathon de Beyrouth, qui courent traditionnellement pour la recherche médicale ou les droits de l’Homme, ont sillonné dimanche les rues de la capitale libanaise pour une toute autre cause: soutenir leur Premier ministre, démissionnaire et qui se trouve en Arabie saoudite.

Depuis le 4 novembre, date de l’annonce depuis Ryad de cette démission à la surprise générale, Saad Hariri n’est pas rentré au Liban. Des rumeurs affirment qu’il est retenu contre son gré dans le royaume ultraconservateur.

Dimanche matin, des dizaines de milliers de Libanais ont participé à la 15e édition du marathon de Beyrouth. Et ils étaient nombreux à afficher leur soutien au Premier ministre démissionnaire.

Adepte de sport, M. Hariri avait coutume de participer ces dernières années au marathon. Il a fait cette fois office d’absent de marque.

Sur la ligne de départ, en centre-ville, un grand panneau rouge accueillait les coureurs avec une photo du Premier ministre et le message: « Nous vous attendons tous ».

« Rendez-nous notre Premier ministre », pouvait-on lire sur des pancartes affichant le visage souriant de M. Hariri et tenues par les coureurs.

Des jeunes distribuaient des bouteilles d’eau avec le même slogan ainsi que des casquettes et des t-shirts flanqués du message: « Nous courons pour vous ».

« J’avais besoin d’une casquette et j’aime le Liban, alors j’ai pris une casquette », a confié Nisrine Chamseddine, 30 ans, qui venait d’achever une course de huit kilomètres.

Le président libanais Michel Aoun avait exhorté samedi les participants à courir « en solidarité avec le Premier ministre Hariri » et « pour son retour dans son pays ». Il a également appelé Ryad à « clarifier les raisons empêchant M. Hariri de revenir au Liban ».

M. Aoun n’a pas formellement accepté la démission de son Premier ministre, dont il a qualifié les circonstances d' »inacceptables ».

– ‘Courez pour Saad’ –

« Il y a beaucoup de gens qui courent pour le retour du Premier ministre Hariri », a affirmé à l’AFP May al-Khalil, fondatrice du marathon de Beyrouth. « Le Liban traverse des circonstances exceptionnelles, difficiles, et il y a beaucoup de gens qui aiment le Premier ministre », a-t-elle souligné.

Sur les réseaux sociaux, les participants ont partagé des photos de l’évènement, accompagnées du hashtag en arabe « courez pour Saad » ou encore « Saad va revenir ».

Lors de l’annonce de sa démission, Saad Hariri a accusé le mouvement armé Hezbollah et son allié iranien de « mainmise » sur le Liban, disant craindre pour sa vie.

Cette démission choc a pris de court la classe politique au Liban, où l’on s’interroge sur la liberté de mouvement du chef du gouvernement.

Vendredi, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a accusé l’Arabie saoudite de « détenir » le Premier ministre libanais, qui possède également la nationalité saoudienne.

Samedi soir, le président français Emmanuel Macron, qui a rencontré le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane jeudi à Ryad, a appelé « à préserver la souveraineté » du Liban, lors d’un échange téléphonique avec son homologue libanais.

Les Etats-Unis ont eux qualifié Saad Hariri de « partenaire solide », et exhorté à « respecter l’intégrité et l’indépendance des institutions nationales légitimes » du pays.

Romandie.com avec(©AFP / 12 novembre 2017 14h01)