
Selon le président Poutine, l’opération de sabotage est une tentative de l’Ukraine de détourner l’attention de la « chute » de Bakhmout. Photo: Sputnik/AFP via Getty Images/Gavriil Grigorov
La Russie a reconnu lundi combattre sur son territoire un groupe de « sabotage » venu d’Ukraine, qui a, quant à elle, fait face à une attaque russe nocturne d’ampleur et à une brève coupure dans une centrale nucléaire.
Les autorités russes ont rapporté l’entrée d’un groupe de sabotage et de reconnaissance de l’armée ukrainienne dans le district de Graïvoron
, dans la région de Belgorod, frontalière de l’Ukraine.
Les forces armées russes, aux côtés des gardes-frontières, de la Garde nationale et des services de sécurité, prennent toutes les mesures nécessaires pour éliminer l’ennemi
, a affirmé sur Telegram le gouverneur régional, Viatcheslav Gladkov.
Le président Vladimir Poutine a été informé de cette incursion, a déclaré aux journalistes son porte-parole Dmitri Peskov, qui a estimé qu’il s’agissait d’une tentative de l’Ukraine de détourner l’attention
de la chute de Bakhmout.
La présidence ukrainienne a assuré que Kiev n’avait rien à voir
avec cette incursion, affirmant suivre la situation avec intérêt
.
L’opération a été revendiquée sur une chaîne Telegram qui se présente comme appartenant à la Légion Liberté pour la Russie
, un groupe de Russes combattant côté ukrainien, qui avait déjà assuré être à l’origine d’incursions précédentes dans la même région.
Il est venu le temps de mettre fin à la dictature du Kremlin
, a affirmé dans une vidéo diffusée par cette chaîne un homme qui avait été présenté à l’AFP en décembre comme Caesar
, porte-parole du groupe, un homme identifié par la presse comme un ex-néonazi russe passé côté ukrainien en 2014.
Selon la chaîne, le groupe a complètement libéré
un village de la région de Belgorod et a attaqué une deuxième localité.
Nouvelles frappes aériennes à Dnipro
Côté ukrainien, les autorités ont indiqué avoir repoussé au cours de la nuit des frappes d’une ampleur inédite sur la ville de Dnipro, dans le centre-est du pays, avec des missiles et des drones explosifs.
Sept personnes ont été blessées à Dnipro et sept autres dans sa région lors de cette attaque réalisée à l’aide de missiles de différents types
et drones Shahed de fabrication iranienne, selon l’armée ukrainienne.
Selon le maire de cette grande ville d’un million d’habitants à 125 kilomètres du front, Borys Filatov, il n’y a jamais eu de bombardements d’une telle ampleur [sur Dnipro]
depuis le début de l’offensive russe.

Dnipro a été la cible de 16 missiles et 20 drones de combat russes, selon un bilan ukrainien. Photo: Getty Images/AFP/Mykhailo Moskalenko
Cette attaque russe a aussi provoqué, selon les autorités ukrainiennes, une coupure temporaire de courant à la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d’Europe, occupée depuis le début du conflit par la Russie.
Visée à de multiples reprises par des bombardements et déjà précédemment coupée à six reprises du réseau ukrainien, la centrale a déconnecté ses six réacteurs, mais requiert toujours de l’électricité pour ses propres besoins.
Ces derniers mois, alors que se profile une vaste contre-offensive ukrainienne, le territoire russe a été la cible d’un nombre croissant de sabotages, d’attentats et d’attaques de drones imputés à Kiev.
L’incertitude plane à Bakhmout
L’opération de sabotage illustre une nouvelle fois les apparentes difficultés de Moscou à assurer la sécurité de ses frontières dans les zones limitrophes de l’Ukraine, où les bombardements et les infiltrations se sont multipliés ces derniers mois.
Elle intervient alors que les forces russes ont revendiqué cette fin de semaine la capture de la ville dévastée de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, théâtre de la bataille la plus longue et la plus meurtrière du conflit qui a débuté en février 2022.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a démenti la perte de Bakhmout, où son armée a dit tenir encore une petite zone, tout en continuant une percée sur les flancs russes au nord et au sud de la ville.
Si elle était confirmée, la prise de la ville de Bakhmout représenterait le premier succès russe après une série de revers humiliants depuis plus d’un an.
Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé lundi que ses hommes, en première ligne, quitteraient la cité d’ici le 1er juin et transféreront leurs positions aux troupes régulières de l’armée russe.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a passé le week-end au sommet du G7 au Japon où il a engrangé les promesses de soutien, a démenti que son armée avait perdu la ville.
Le commandement ukrainien a affirmé toujours contrôler une partie insignifiante
de Bakhmout et poursuivre ses tentatives d’encercler les troupes russes en pressant sur les flancs de la ville.
Par Radio-Canada avec AFP