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Sahara : l’Algérie suspend le traité d’amitié avec l’Espagne

juin 8, 2022

En réaction au soutien de Madrid au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, la présidence algérienne suspend, avec effet immédiat, le traité d’amitié signé en octobre 2002 avec l’Espagne.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune. © RYAD KRAMDI/AFP

Le torchon brûle entre Alger et Madrid. Les autorités algériennes ont annoncé, ce 8 juin, la suspension « immédiate » du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qu’elle a conclu le 8 octobre 2002 avec le royaume d’Espagne. À l’origine de cette brouille, la décision de Madrid de soutenir le plan du Maroc pour le Sahara occidental.

« Revirement injustifiable »

« Les autorités espagnoles se sont engagées dans une campagne tendant à justifier la position qu’elles ont adoptée sur le Sahara occidental en violation de leurs obligations juridique, morale et politique de puissance administrante du territoire qui pèsent sur le royaume d’Espagne jusqu’à ce que la décolonisation du Sahara occidental soit déclarée accomplie par les Nations unies », a indiqué le communiqué de la présidence, repris par l’agence officielle APS.

« Ces mêmes autorités, qui assument la responsabilité d’un revirement injustifiable de leur position depuis les annonces du 18 mars 2022 par lesquelles le gouvernement espagnol actuel a apporté son plein soutien à la formule illégale et illégitime de l’autonomie interne préconisée par la puissance occupante, s’emploient à promouvoir un fait accompli colonial en usant d’arguments fallacieux », a ajouté le communiqué.

« Cette attitude du gouvernement espagnol s’inscrit en violation de la légalité internationale que lui impose son statut de puissance administrante et aux efforts des Nations unies et du nouvel envoyé personnel du secrétaire général et contribue directement à la dégradation de la situation au Sahara occidental et dans la région », poursuit la présidence de la République.

« En conséquence, l’Algérie a décidé de procéder à la suspension immédiate du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qu’elle a conclu le 8 octobre 2002 avec le royaume d’Espagne et qui encadrait jusqu’ici le développement des relations entre les deux pays. »

Le 19 mars, moins de vingt-quatre heures après l’annonce du soutien du gouvernement espagnol au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, l’ambassadeur d’Algérie en Espagne, Saïd Moussi, a été immédiatement rappelé à Alger.

Avec Jeune Afrique

Maroc-Israël : le premier vol en provenance de Tel-Aviv atterrit à Rabat

décembre 22, 2020
La délégation américano-israélienne conduite par le conseiller du président Donald Trump, Jared Kushner, et le conseiller à la sécurité nationale d’Israël, Meier Ben Shabbat, à son arrivée  à l’aéroport de Rabat-Salé ce 22 décembre. 

Dix jours après la reconnaissance par le président Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara, une délégation américano-israélienne menée par son conseiller spécial Jared Kushner est arrivée au royaume à bord d’un avion de la compagnie El Al.

Le vol LY555 a décollé à 9h30 de l’aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv et a atterri à Rabat un peu avant 15 heures. À son bord, de hauts responsables américains et israéliens, menés par le conseiller spécial et gendre du président Trump, Jared Kushner. Une visite qui intervient un peu plus de dix jours après la proclamation présidentielle américaine reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara, et la décision de Mohammed VI de rétablir des relations diplomatiques avec Israël.

Ce premier vol commercial et officiel entre les deux pays est chargé de symboles. Arborant les drapeaux marocain, israélien et américain, le vol a reçu le numéro LY555. Un choix qui n’est pas anodin, le chiffre 5 (hamsa en hébreu, khamsa en arabe) permettant, selon les croyances traditionnelles au Maroc comme au sein de la diaspora juive marocaine vivant en Israël, de se protéger du mauvais œil, le plus souvent par le biais d’une Khmissa (les cinq doigts de la main), comme celle qui orne l’avion qui a transporté la délégation israélo-américaine.

Le lieu de l’arrivée est également hautement symbolique. Ce n’est pas à l’aéroport Mohammed V de Casablanca, capitale économique du royaume, que la délégation israélo-américaine a atterri, mais à Rabat. Ce qui donne au voyage un caractère (très) officiel, confirmant la reprise des relations diplomatiques et des liaisons aériennes directes annoncée le 10 décembre par le président Trump et le communiqué du cabinet royal.

Le choix de Rabat relève aussi de considérations pratiques. Le programme de la visite se déroulant dans la capitale, entre le mausolée Mohammed V, le Palais royal, la primature et le ministère des Affaires étrangères, tous situés dans la capitale administrative.

Un jour très spécial

Composée de plusieurs hauts responsables américains et israéliens, la délégation est menée par le gendre et Haut Conseiller du président Trump, Jared Kushner, architecte de ce rapprochement entre Tel-Aviv et Rabat. Ce dernier est accompagné, côté américain, par le patron de l’US International Economic Development Corporation (IEDC) et, côté israélien, par Meir Ben Shabbat, conseiller à la sécurité nationale d’Israël et chef d’état-major pour la sécurité nationale, ainsi que par Haim Regev, chef d’état-major adjoint.

À son arrivée à l’aéroport de Rabat, la délégation a été accueillie par des officiels locaux, dont Mohamed Yacoubi, le wali de Rabat-Salé-Kénitra, et le président de la région Rabat-Salé-Kénitra, Abdelsamad Sekkal.

LES IMAGES REPRISES EN DIRECT PAR LES CHAÎNES TÉLÉVISÉES MAROCAINES ET ISRAÉLIENNES SONT HISTORIQUES ET RESTERONT DANS LES ANNALES

Si les poignées de mains ne sont pas au rendez-vous, Covid oblige, les images reprises en direct par les chaînes télévisées marocaines et israéliennes sont historiques et resteront dans les annales. On y voit notamment Meir Ben Shabbat, tout sourires à l’occasion de cet évènement qui, selon ses propres mots, revêt une grande valeur.

Dans un entretien accordé au journal marocain arabophone Al Ahdat Al Maghribiya, le conseiller à la sécurité nationale d’Israël et chef d’état-major, dont les parents sont d’origine marocaine, a souligné que ce vol constituait pour lui un évènement très spécial. Au-delà de sa dimension diplomatique, il a aussi une valeur sentimentale car son père, le grand rabbin Makhlouf Khalifa, sa mère, Aziza, ainsi que ses frères aînés sont nés au Maroc. Cette spécificité, souligne-t-il, lui a permis de grandir avec les histoires de cette famille qui a vécu dans le royaume dans la paix, la prospérité et le bonheur et qui n’a jamais cessé de glorifier son pays d’origine. Comme le million (ou presque) d’Israéliens d’origine marocaine vivant en Israël qui, malgré la distance et les vicissitudes diplomatiques et politiques, ont gardé des liens très forts avec leur pays d’origine.

Avant même la réactivation des canaux diplomatiques, actuellement à l’ordre du jour, plus de 70 000 Marocains de la diaspora juive visitaient le royaume tous les ans. L’ouverture de vols directs fera passer ce nombre à au moins 200 000 touristes, selon la ministre marocaine du Tourisme et du Transport aérien, Nadia Fettah.

Des annonces diplomatiques et économiques attendues

Selon le programme convenu, la délégation restera au Maroc une journée et retournera en Israël mercredi midi au plus tard. Si le programme officiel de la visite n’est pas encore communiqué, plusieurs sources médiatiques israéliennes et marocaines évoquent d’abord une visite au mausolée Mohammed V, où sont enterrés les rois Mohammed V et Hassan II. Deux rois qui comptent beaucoup dans l’imaginaire judéo-marocain : le premier a été celui qui a protégé la communauté juive marocaine contre le régime français de Vichy lors de Seconde Guerre mondiale. Le second, lui, a été tout au long de son règne l’intermédiaire de la paix entre Israéliens et Palestiniens.

LA DÉLÉGATION SE RECUEILLERA AINSI SUR LA TOMBE DU PÈRE ET DU GRAND-PÈRE DE ROI MOHAMMED VI, AVANT D’ÊTRE ACCUEILLIE PAR LE SOUVERAIN

La délégation se recueillera ainsi sur la tombe du père et du grand-père de roi Mohammed VI, avant d’être accueillie par le souverain au Palais royal de Rabat où un dîner sera offert en son honneur. Une information relatée par une dépêche de Reuters, citant le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

La délégation a prévu également une série de réunions officielles avec des responsables marocains, dont une rencontre entre Meir Ben Shabbat et le chef du gouvernement islamiste, Saadeddine El Othmani, Rencontre qui se tiendra selon nos sources au siège de la primature, attenant au Palais royal.

Au-delà de la symbolique de ce premier vol commercial entre Tel-Aviv et Rabat et de la réception officielle de hauts responsables israéliens par les plus hautes autorités du royaume, cette visite sera l’occasion de signer plusieurs partenariats et accords dans les domaines diplomatique, politique, sécuritaire et surtout économique.

Une annonce officielle de la réouverture de canaux diplomatiques entre les deux pays – les bureaux de liaisons sont fermés depuis 2002 –, sera à l’ordre du jour, selon nos sources.

Cette visite « historique », comme la qualifie Jared Kushner, vient ainsi consacrer de manière officielle les annonces faites le 10 décembre dernier par le président américain Donald Trump et le cabinet royal sur la réactivation des liens diplomatiques entre le Maroc et Israël.

Elle sera aussi l’occasion pour les États-Unis de confirmer de manière solennelle leur reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. L’essentiel des annonces économiques, côté américain, porteront, selon les premiers éléments dont nous disposons, sur des investissements qui seront réalisés dans les provinces du Sud. Des investissements qui seront chapeautés par le futur consulat américain qui ouvrira à Dakhla…

Avec Jeune Afrique par Fadwa Islah

Sahara: l’ONU doit agir pour le référendum d’autodétermination

juillet 23, 2019

 

L’ONU doit agir pour que le Maroc accepte la tenue d’un référendum d’autodétermination espéré par le Sahara occidental depuis plus de 25 ans, a estimé mardi le chef de la diplomatie sahraouie, accusant Paris de bloquer tout progrès au Conseil de sécurité de l’ONU.

Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été le théâtre d’un conflit jusqu’en 1991 entre le Maroc, qui a annexé le territoire en 1975, et le Front Polisario, qui réclame l’indépendance de cette étendue désertique de 266.000 km2 dans une région riche en phosphates et bordée d’eaux poissonneuses. Un cessez-le-feu signé en septembre 1991 sous l’égide de l’ONU prévoyait un référendum d’autodétermination dans les six mois, sans cesse repoussé depuis en raison d’un différend entre Rabat et le Polisario sur la composition du corps électoral et le statut du territoire.

«La patience des Sahraouis a des limites. Il est temps que les Nations unies assument leurs responsabilités», a déclaré à l’AFP en marge d’une conférence de presse Mohamed Salem Ould Salek, ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), proclamée en 1976 par le Polisario sur les quelque 20% du Sahara occidental sous son contrôle. «La communauté internationale doit savoir qu’il est très difficile de maintenir le peuple sahraoui dans l’attente et que cela a créé une frustration très profonde chez tous les Sahraouis (…) Il faut que cela soit pris en considération avant qu’il ne soit trop tard», a-t-il ajouté, refusant de préciser s’il sous-entendait un recours aux armes.

Plusieurs cycles de négociations ont échoué à rapprocher les positions du Polisario, soutenu par Alger, et du Maroc, qui ne propose qu’une large autonomie au Sahara occidental et refuse de discuter de de sa souveraineté sur ce qu’il considère comme partie intégrante de son territoire. Dernier émissaire de l’ONU en date sur le sujet, l’ex-président allemand Horst Kohler, 76 ans, a démissionné en mai «pour raisons de santé», après avoir réussi, après six ans d’interruption, à faire reprendre langue en décembre et mars dernier aux parties concernées: le Maroc et le Polisario, ainsi que l’Algérie et la Mauritanie, voisins du Sahara occidental.

«La réalité est que, problème de santé ou pas, le Maroc a bloqué Kohler, comme il a bloqué tous les envoyés spéciaux (de l’ONU) et comme il bloquera tous ceux qui vont venir» a affirmé Mohamed Salem Ould Salek. «Le problème réside à l’intérieur du Conseil de sécurité» où la France, membre permanent doté d’un droit de veto, appuie la position du Maroc, a-t-il accusé.

Par Le Figaro.fr avec AFP

Côte d’Ivoire : retour sur l’affaire Youssoufou Bamba

mars 28, 2015

Youssouf Bamba à New-York en juin 2014.
Youssouf Bamba à New-York en juin 2014. © UN Photo/Paulo Filgueiras

Retour sur le limogeage de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire auprès des Nations unies à la suite d’un couac diplomatique entre Abidjan et Rabat.

C’est une affaire dont les protagonistes auraient sans doute préféré qu’elle ne s’ébruite pas. Et parce qu’elle a fini par coûter son poste à l’ambassadeur de Côte d’Ivoire auprès des Nations unies, Youssoufou Bamba, il est important d’en retracer la chronologie pas à pas.

Tout remonte au 13 octobre 2014. Ce jour-là, lors d’une réunion de la 4e Commission des Nations unies, un conseiller de l’ambassade de Côte d’Ivoire, François-Xavier Zabavy, parle publiquement du Sahara occidental comme du « dernier territoire non autonome d’Afrique ». Inacceptable pour les Marocains, dont la réaction ne se fait pas attendre : dès le lendemain, ils adressent une protestation officielle à la représentation ivoirienne. Mais, assure-t-on au ministère ivoirien des Affaires étrangères et à la présidence, Youssoufou Bamba n’en informe pas Ab

De multiples reproches à l’encontre de l’ambassadeur

Rabat, du coup, s’agace de l’absence de réaction des Ivoiriens et profite d’une visite du président Alassane Ouattara au Maroc, les 20 et 21 janvier 2015, pour s’en étonner. À partir de là, tout s’accélère pour Youssoufou Bamba. Mi-février, Charles Diby Koffi, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lui adresse, sur instructions de la présidence, une demande d’explications.

Plusieurs choses sont en fait reprochées à l’ambassadeur. Abidjan dit ne pas comprendre pourquoi, alors que rien dans son agenda officiel ne s’y opposait, Youssoufou Bamba n’a pas personnellement assisté à la fameuse réunion. « Et quand bien même, insiste une source à la présidence. S’il avait un empêchement, il aurait dû se faire remplacer par son adjoint, Bafétigué Ouattara, plutôt que par un simple conseiller. » La même source affirme que Youssoufou Bamba a lui-même rédigé le texte lu ce jour-là en séance (ce que l’intéressé dément) et que le gouvernement ivoirien le tient quoi qu’il arrive pour seul responsable du dérapage. François-Xavier Zabavy n’a d’ailleurs pas été sanctionné.

« Épargnez-moi les commentaires sur cette affaire »

Youssoufou Bamba, 66 ans, était en fin de carrière. En poste à New York depuis cinq ans, il pouvait faire valoir ses droits à la retraite depuis décembre 2013. Le chef de la diplomatie ivoirienne a un temps envisagé de lui permettre de rester en fonction jusqu’à la fin de l’année scolaire, mais Alassane Ouattara en a décidé autrement (il faut dire que la formule prononcée en octobre est également contraire à la position officielle de la Côte d’Ivoire, qui soutient le Maroc sur le sujet). D’où son limogeage, qui lui a été notifié fin février. Joint au téléphone le 17 mars à New York, où il attendait encore une mission d’inspection venue d’Abidjan, Youssoufou Bamba n’a pas souhaité répondre à nos questions. « J’ai une grosse pression, a-t-il déclaré. Pour l’amour de Dieu, épargnez-moi des commentaires sur cette affaire ! »

L’homme était un diplomate chevronné. Il avait rejoint le ministère des Affaires étrangères en 1976 grâce au soutien d’Essy Amara, son parrain. En 1992, le président Houphouët-Boigny avait élevé ce natif de Dimbokro au rang d’ambassadeur. Sept ans plus tard, toujours appuyé par Essy, il était nommé ministre délégué à la Coopération internationale par Henri Konan Bédié. Il y a quelques années toutefois, les relations entre Bamba et Essy s’étaient tendues – le second ayant pris ombrage des ambitions du premier.

Droit de réponse de l’ambassadeur Youssoufou Bamba

Suite à la publication de nos premiers articles concernant cette affaire, l’ambassadeur Youssoufou Bamba nous a fait parvenir le droit de réponse suivant :

« Votre hebdomadaire a publié, dans son numéro 2825 (1er au 7 mars 2015), en me citant nommément, des affirmations selon lesquelles j’aurais tenu au cours d’une réunion aux Nations unies en octobre 2014 des propos contraires à la position officielle de mon pays. Je rejette totalement ces affirmations, qui me mettent personnellement en cause et ne sont fondées sur aucun élément concret, pour la simple raison que je n’ai pas participé à ladite réunion. En consultant la retransmission vidéo de la 6e réunion de la 4e Commission des Nations unies tenue le 13 octobre 2014 traitant des questions de décolonisation au cours de laquelle la Côte d’Ivoire a pris la parole, ainsi que le compte rendu de ladite réunion portant la cote CPSD/558 du 13 octobre 2014, tous deux accessibles au public sur le site internet des Nations unies, il est aisé de constater que nulle part l’image et le nom de l’ambassadeur Youssoufou Joseph Bamba ne figurent dans le contexte de cette réunion. »

Précisions de Jeune Afrique

Il est exact que les propos concernant le Sahara occidental n’ont pas été prononcés par M. Bamba, mais par l’un de ses conseillers relevant de son autorité, lequel avait, selon nos sources, lu un texte rédigé par l’ambassadeur lui-même – ce dont ce dernier se défend, précisant qu’il n’a pas été en mesure d’en « superviser » le contenu. o Il est en revanche inexact de laisser croire, ainsi que l’ont répété M. Bamba et son avocat, Me Canal-Forgues, que c’est la publication de cet incident dans J.A. qui est à l’origine du limogeage de l’ambassadeur. Comme le démontre notre article, l’enquête interne concernant sa responsabilité dans cette affaire a été ouverte bien avant – ce que M. Bamba n’ignore pas.

Jeuneafrique.com par Baudelaire Mieu, à Abidjan

L’ambassadeur de Côte d’Ivoire à l’ONU limogé pour une sortie peu diplomatique sur le Maroc

mars 13, 2015

Youssou Bamba avec Ban Ki-moon lors de son accréditation à l'ONU, en décembre 2010 à New-York.
Youssou Bamba avec Ban Ki-moon lors de son accréditation à l’ONU, en décembre 2010 à New-York. © Reuters/UN

Ayant qualifié le Sahara de « dernier territoire non autonome d’Afrique », en contradiction avec la ligne diplomatique de son pays, l’ambassadeur ivoirien aux Nations-unies a été démis de ses fonctions.

L’ambassadeur de la Côte d’Ivoire aux Nations unies, Youssouf Bamba, a été démis de ses fonctions suite à une prise de parole publique sur le dossier du Sahara qui contredit la ligne diplomatique adoptée par son pays, a annoncé RFI, jeudi 12 mars.

Dans son numéro 2825 (du 1er au 7 mars), Jeune Afrique avait fait état d’un incident diplomatique entre Abidjan et Rabat suite à une déclaration de l’ambassadeur ivoirien, en octobre dernier à l’ONU, où il a qualifié le Sahara de « dernier territoire non autonome d’Afrique » (et non de « dernière colonie d’Afrique » comme nous l’avons rapporté).

« Comité spécial de la décolonisation »

L’expression « dernier territoire non-autonome », selon la dénomination officielle de l’ONU, est en effet inacceptable pour les Marocains, d’où leur protestation auprès de la Côte d’Ivoire et la décision de celle-ci de leur donner raison en limogeant l’ambassadeur.

L’expression employée dénie de fait la marocanité du territoire en question et insinue que le Maroc est un pays colonisateur. De plus, au sein de l’ONU, toutes les affaires portant sur « les territoires non autonomes », qui sont 17 en tout, sont traitées au sein du « Comité spécial de la décolonisation ».

Abidjan a une position pro-marocaine sur le sujet, réaffirmée lors de la visite du président ivoirien Alassane Ouattara à Rabat en janvier dernier. Officiellement, la Côte d’Ivoire soutient la proposition marocaine d’accorder une large autonomie au Sahara dans le cadre de la souveraineté du Maroc.

Jeuneafrique.com par Nadia Lamlili

Algérie : 25 corps d’otages découverts dimanche dans le site gazier

janvier 20, 2013
Vue satelitte du site gazier. Vue satelitte du site gazier. © AFP

Vingt-cinq corps d’otages ont été découverts dimanche par les forces spéciales algériennes qui sécurisaient le site gazier du Sahara où s’est déroulé jusqu’à samedi une spectaculaire prise d’otage menée par des islamistes, a-t-on appris auprès de la télévision privée algérienne Ennahar.

Interrogé par l’AFP, son patron Anis Rahmani a précisé qu’il s’agissait des corps de 25 otages, citant une source sécuritaire.

Le ministre de la Communication Mohamed Saïd avait annoncé dimanche matin que malheureusement, le bilan risquait d’être revu à la hausse après un premier bilan provisoire officiel fourni samedi soir de 23 étrangers et Algériens morts, outre 32 assaillants tués par l’armée qui a donné l’assaut final samedi.

 Jeuneafrique.com avec AFP

Algérie: 100 otages étrangers libérés, une trentaine manquent à l’appel

janvier 18, 2013
Une trentaine d'étrangers manquent toujours à l'appel vendredi après la prise d'otages sur le complexe gazier d'In Amenas, dans le sud-est de l'Algérie, et le nombre de personnes encore aux mains des djihadistes qui sont toujours sur place est incertain, dit-on de source sécuritaire algérienne. /Photo d'archives/REUTERS/Kjetil Alsvik/Statoil/Scanpix
  • Reuters – Une trentaine d’étrangers manquent toujours à l’appel vendredi après la prise d’otages sur le complexe gazier d’In Amenas, dans le sud-est de l’Algérie, et le nombre de personnes encore aux …plus  mains des djihadistes qui sont toujours sur place est incertain, dit-on de source sécuritaire algérienne. /Photo d’archives/REUTERS/Kjetil Alsvik/Statoil/Scanpix  moins 

ALGER (Reuters) – Une trentaine d’étrangers manquent toujours à l’appel sur le complexe gazier de Tiguentourine, dans le sud-est de l’Algérie, mais le nombre d’otages du commando djihadiste qui contrôle encore une partie du complexe reste incertain, a-t-on appris vendredi de source sécuritaire algérienne.

L’agence de presse officielle algérienne APS, qui cite aussi une source sécuritaire, a confirmé que le siège se poursuivait et que l’armée espérait un « dénouement pacifique » au lendemain de l’assaut qui a coûté la vie à une trentaine d’otages et à au moins 18 ravisseurs.

« Environ 100 des 132 otages étrangers ont été libérés », a déclaré à Reuters la source sécuritaire algérienne, parlant d’une « situation peu claire qui change rapidement ».

« (L’armée) tente encore de parvenir à un ‘dénouement pacifique’ avant de neutraliser le groupe terroriste qui s’est retranché dans la raffinerie et de libérer un groupe d’otages encore détenus », a dit de son côté la source d’APS.

Une trentaine de ressortissants étrangers sont manquants, mais la source interrogée par Reuters a confié que certains pourraient encore se cacher dans l’immense complexe ou avoir été tués.

Les djihadistes de la « brigade des Moulathamine » (« Ceux qui signent de leur sang »), issu d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ont de leur côté proposé d’échanger des otages américains contre deux islamistes emprisonnés aux Etats-Unis pour terrorisme, selon l’agence de presse mauritanienne Ani.

L’agence, qui cite un porte-parole du commando, précise que les ravisseurs exigent la libération de la Pakistanaise Aafia Siddiqui et du cheikh Omar Abdelrahman, chef spirituel de la Jamaa islamiya égyptienne.

Les Etats-Unis n’ont pas dit combien de leurs ressortissants seraient encore retenus en otage.

« Les terroristes doivent savoir qu’ils ne trouveront ni sanctuaire, ni refuge en Algérie, en Afrique du Nord ou ailleurs », a menacé vendredi le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta. « Ceux qui s’attaquent gratuitement à notre pays et à notre peuple n’auront nulle part où se cacher. »

DEUX FRANÇAIS EN LIEU SÛR

A Paris, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a laissé entendre qu’au moins deux Français avaient échappé aux djihadistes.

« Il y avait très peu de Français sur cette base », a-t-il dit sur RTL. « Nous avons des nouvelles de deux d’entre eux qui sont revenus. Pour ce qui concerne les deux autres, s’il y en avait deux autres, nous n’avons pas à ce stade plus d’informations. »

L’un des deux rescapés, Alexandre Berceaux, employé d’une société de restauration sur le site, a expliqué sur Europe 1 s’être caché pendant près de 40 heures sous le lit de sa chambre avant d’être secouru.

Selon une source sécuritaire algérienne, un Français a en revanche trouvé la mort au cours de l’assaut lancé jeudi par l’armée algérienne, de même que deux Britanniques et deux Japonais.

Sur les onze islamistes tués pendant cette intervention, seuls deux étaient Algériens, dit-on de même source, les autres étant égyptiens, libyens, tunisiens, malien et français. Le chef du commando, l’Algérien Tahar ben Chened, était au nombre des victimes, ont confirmé les ravisseurs à Ani.

Le bilan des pertes islamistes a été porté vendredi à dix-huit, mais selon un expert algérien des questions de sécurité, la prise d’otages pourrait impliquer jusqu’à 70 combattants lourdement armés.

Anis Rahmani, auteur de plusieurs livres sur le terrorisme et éditeur du quotidien algérien Ennahar, a précisé à Reuters que deux groupes s’étaient alliés pour mener cette opération, l’un arrivant de Libye -la « brigade des Moulathamine »-, l’autre, moins connu, venant du sud de l’Algérie.

Un ingénieur irlandais qui a survécu à l’assaut a raconté avoir vu quatre véhicules transportant des otages détruits par des tirs des hélicoptères de l’armée algérienne.

Les militaires ont expliqué être passés à l’action, environ 30 heures après le début du siège, parce que le commando tentait de partir à l’étranger, mais un porte-parole du groupe cité par Ani a démenti cette version des faits. Selon lui, les ravisseurs avaient seulement l’intention de déplacer les otages vers un autre bâtiment du site.

IRRITATION ET MENACES

Plusieurs pays dont des ressortissants figuraient parmi les otages n’ont pas cherché à dissimuler leur irritation face à l’attitude des autorités algériennes, en expliquant ne pas avoir été informés avant l’assaut lancé jeudi et ne disposer que peu de détails sur l’issue de celui-ci.

Pour apaiser les critiques, le ministre algérien des Affaires étrangères a reçu vendredi à Alger les diplomates des pays concernés.

Les autorités algériennes ont annoncé dans le même temps le renforcement des mesures de sécurité sur les gisements d’hydrocarbures du pays, contre lesquels la « brigade des Moulathamine » a promis de nouvelles actions.

« Nous promettons au régime en place plus d’opérations », a dit un porte-parole cité par Ani, invitant la population à se tenir « à l’écart des lieux d’implantation des compagnies étrangères car nous surgirons où personne ne s’y attendrait ».

Le porte-parole du groupe qui serait commandé à distance par Mokhtar Belmokhtar, un vétéran du djihadisme algérien, a précisé à Ani que l’opération de Tiguentourine avait été préparée pendant deux mois en prévision d’une offensive internationale contre les mouvements islamistes qui contrôlent le nord du Mali.

« On savait d’avance que le régime (algérien) allait bien être l’allié de la France dans la guerre contre l’Azawad », a expliqué le porte-parole en utilisant le nom donné par les Touareg au territoire sous le contrôle des rebelles.

Malgré ses réticences initiales, Alger a autorisé les avions français à survoler son territoire pour bombarder les positions islamistes dans le nord du Mali.

Le président français, François Hollande, a estimé que la prise d’otages en Algérie démontrait qu’il avait eu raison d’envoyer des militaires français au Mali pour empêcher les islamistes de progresser vers le sud jusqu’à la capitale Bamako.

Reuters par Lamine Chikhi

Algérie: 639 otages, dont plus de 66 étrangers, libérés jusqu’à présent

janvier 18, 2013
Algérie: 639 otages, dont plus de 66 étrangers, libérés jusqu'à présent Algérie: 639 otages, dont plus de 66 étrangers, libérés jusqu’à présent © AFP

Six-cent-trente-neuf otages de l’attaque perpétrée mercredi par des islamistes lourdement armés sur le site gazier du Sahara algérien, dont plus de 66 étrangers, ont été libérés, a indiqué vendredi une source sécuritaire citée par l’agence APS.

« Près de 650 otages (. . . ) dont plus de la moitié des 132 otages étrangers ont été libérés », a rapporté l’APS, alors que les forces spéciales algériennes cernaient toujours le site de l’usine d’In Amenas, à plus de 1300 km au sud-est d’Alger, près de la frontière libyenne.

L’APS précise, citant la même source, que le bilan exhaustif n’est pas encore établi car certains employés étrangers du site gazier s’étaient abrités dans divers points du site.

Il s’agit du premier bilan de source algérienne sur les otages.

Cette source a également indiqué que l’installation gazière a été mise hors service pour éviter les risques d’explosion.

Jeuneafrique.com avec AFP

Alerte Info/Algérie: 41 Occidentaux retenus en otages sur un site gazier

janvier 16, 2013
 

Quarante et un Occidentaux, dont 7 Américains, ont été pris en otage aujourd’hui sur un site gazier de l’est de l’Algérie, a affirmé un porte-parole du groupe islamiste qui les a enlevés, cité par deux sites d’informations mauritaniens, Agence Nouakchott information et Sahara Medias.

Selon ce porte-parole, dont le nom n’est pas cité, « 41 ressortissants occidentaux dont 7 Américains, des Français, des Britanniques et des Japonais » ont été pris en otages. Il a précisé que 5 otages sont retenus dans l’usine alors que les 36 autres » se trouvent sur un « site d’hébergement ».

Lefigaro.fr avec AFP

Crise au Mali : les dessous de la médiation, une course contre la montre

avril 5, 2012

C’est une nouvelle fois Blaise Compaoré que la communauté  internationale  est allée chercher pour se pencher au chevet d’une épineuse  crise  malienne à multi-facettes. Médiateur chevronné intervenu récemment en   Guinée, au Togo et en Côte d’Ivoire, personnage le plus influent de  l’Afrique  de l’ouest, le président burkinabè déploie depuis quelques  jours tous ses  réseaux, de Bamako, à Dakar en passant par Abidjan, New  York et les confins du  Sahara où ses plus fidèles émissaires sont en  mission.

À Bamako, c’est Djibril Bassolé, le ministre des Affaires étrangères, qui  tente de ramener à la raison le chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo. La pendule tourne. Et il  faut remettre au plus vite l’ordre constitutionnel, sans lequel aucune action de  sécurisation du territoire ne pourra avoir lieu avec l’aide de la communauté  internationale.

Dans les casernes du pays, c’est la débandade. Beaucoup de militaires ont  abandonné leur poste au Nord et les assaillants ont été aperçus jusqu’à  Douentza, juste au-dessus de Mopti, et dans la région de Niono, à l’Est. Preuve  qu’ils contrôlent aujourd’hui plus de la moitié du territoire. Le rétablissement  de l’autorité à Bamako pourrait permettre de justifier le recours à une force de sécurisation de la Cedeao, alors que les chefs  d’état-major ouest-africains se réunissaient jeudi à Abidjan pour étudier le  déploiement d’une armée régionale. Celle-ci pourrait compter jusqu’à 3 000  hommes, appuyée par un soutien logistique français, pour repousser les forces  composées du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et de  ses alliés islamistes.

« Apocalypse » à Tombouctou

« Sur le terrain on fait face à près de 5 000 hommes, explique un diplomate  africain. Les groupes islamistes, les plus solidement armés, ont recruté des  miliciens et on nous signale la présence de combattants haoussa à Tombouctou, ce  qui présage d’un lien avec les soldats de Boko Haram ». Dans la ville sainte,  Abelhamid Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar (dit « Le Borgne » ou « Mister  Marlboro »), qui dirigent les brigades d’Aqmi dans le désert, ont participé le 2  avril à une rencontre entre Iyad Ag Ghali, le chef du mouvement islamiste Ansar  dine, et les imams de la ville. « La situation est apocalyptique, affirme un  habitant de la ville. Les islamistes sont entrain d’imposer le voile à Tombouctou». Mokhtar Belmokhtar, récemment aperçu en Libye, y aurait fait le plein  d’armes.

La grande crainte des dirigeants d’Afrique de l’Ouest et de la communauté  internationale, particulièrement des Français et des Américains, est la  progression des forces du MNLA et des différents groupes islamistes au sud et à  l’Est du Mali.  Crainte partagée par le chef de la junte malienne qui a appelé les Occidentaux à  intervenir militairement dans le nord du pays contre les groupes islamistes  armés. Mais Paris a déjà opposé une fin de non-recevoir à cette requête.

Car dans la région, les dirigeants ne sont pas encore prêts à envoyer leurs  troupes pour un combat à l’issue très incertaine contre des éléments durement  aguerris et prêts au sacrifice suprême. L’Algérie, puissance militaire  régionale, ne souhaite pas intervenir. Seules les forces mauritaniennes du  président Abdelaziz sont actuellement prépositionnées à Nema, au bout de la  route de l’Espoir à l’ouest du pays, pour parer à toute attaque. « Abdelaziz  s’est fait avoir en faisant confiance à Mohamed Ag Najim [le chef du MNLA, NDLR], précise un  diplomate ouest-africain. Il comptait sur lui pour assurer un rempart contre  Aqmi. Or, cela se retourne contre lui, car les groupes islamistes sont des  alliés du MNLA même s’ils ne partagent pas les mêmes objectifs, les premiers  voulant imposer la charia des confins du désert jusqu’à l’Atlantique, le second  ne revendiquant que l’indépendance de l’Azawad ».

La carte de Compaoré

C’est justement dans cette brèche que souhaite aujourd’hui s’engouffrer  Blaise Compaoré en négociant actuellement avec les représentants du MNLA afin de  les inciter à quitter leurs encombrants amis. Conscient qu’une force de la  Cedeao aura du mal à déloger les terroristes islamistes, Blaise Compaoré veut  renverser les alliances. Ce qui est loin d’être acquis. Associés dans divers  trafics (drogue, cigarettes, essence, armes, otages) et ayant noué des alliances  familiales, les tribus touarègues et les combattants d’Aqmi ont aujourd’hui des  liens étroits.

En échange d’un ralliement du MNLA, le président burkinabè promet de faire  avancer le plan d’autonomisation de la région de l’Azawad sur des bases dont il  reste à définir les contours mais qui pourraient prendre la forme du « fédéralisme ». Preuve que les discussions semblent avancer : les dirigeants du  MNLA ont annoncé le 4 avril la fin de leurs opérations militaires dans le nord  du Mali « à compter de jeudi minuit ».

À Bamako, la convention nationale convoquée par la junte pour envisager le  retour de l’ordre constitutionnel, le 5 avril, a été reportée, les  putschistes invoquant des problèmes d’organisation avec les partis et la société  civile. Blaise Compaoré garde une carte en poche, le président de l’Assemble  nationale, Dioncounda Traoré, actuellement à Niamey, qu’il aimerait bien voir  assurer la transition démocratique. C’est aussi le choix d’Alain Juppé, ministre  français des Affaires étrangères : « Il faut que la junte s’écarte et que, soit  le président de l’Assemblée nationale malienne soit quelqu’un d’autre, prenne le  pouvoir constitutionnel et que ce pouvoir soit aidé pour stopper l’avance d’Aqmi ».

Mais les autres partis politiques du Mali sont-ils prêts à accepter que  Traoré, patron de l’Adema, assure la transition alors qu’il est lui-même  candidat à la prochaine présidentielle ? Les prochains jours devraient permettre  d’en savoir plus.

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