
Les dégâts provoqués par le passage de l’ouragan Irma, le 7 septembre 2017 sur l’île de Saint-Martin / © AFP / Lionel CHAMOISEAU
Les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, déjà dévastées par le passage d’Irma, étaient engagées samedi dans une course contre la montre avant l’arrivée de l’ouragan José, qui risque de renforcer la catastrophe.
José, rehaussé en niveau 4, devrait passer dans la nuit de samedi à dimanche, heure de Paris, à 100 km au nord de Saint Martin, déjà détruite à 95% par Irma, qui a touché Cuba samedi et doit atteindre dimanche la Floride.
Le passage de José entraînera « de la houle avec des creux de 5 à 7 mètres, de fortes pluies orageuses et des rafales de vents allant jusqu’à 130 à 150 km/h », a indiqué Météo France.
Saint-Martin et Saint-Barthélémy ont été placées en alerte rouge cyclonique, dernière étape avant l’alerte violette, associée au confinement. Les deux îles sont « devenues hyper vulnérables après le passage de l’oeil d’Irma », ajoute le prévisionniste, précisant que « les conséquences sur les îles seront en fonction de la distance du centre » de José. Une nouvelle épreuve pour les habitants, déjà sous le choc et pas forcément informés.
« Le manque d’informations rend les gens hystériques, tendus », a raconté à l’AFP Sandrine Reynal, assistante sociale à Saint-Barthélémy. A Gustavia, l’aéroport de cette île, certains patientaient des heures dans l’espoir d’évacuer, non sans tensions.
« Il nous reste 12 bouteilles d’eau, pour trois, pour se laver et boire, ça devient difficile », racontait vendredi soir au téléphone Olivier Toussaint, habitant de l’île.
Les secours vont ouvrir sur l’île neuf abris capables d’abriter « 1.600 personnes » pendant le passage de José, a annoncé samedi la ministre des Outre-mer Annick Girardin.
Les secours sont lancés dans une course de vitesse en attendant l’arrivée du nouvel ouragan, qui devrait paralyser les liaisons aériennes. Un nouvel appareil militaire polyvalent doit arriver avec des équipages supplémentaires ainsi que du matériel et des moyens de liaison. Les liaisons maritimes sont, elles, déjà suspendues.
Les commandant de la marine néerlandaise, Peter Jan de Vin, a déclaré au journal NRC que ses équipes travaillaient toujours à enlever les débris d’Irma, jugeant « illusoire » que Saint-Martin puisse être correctement préparé à l’arrivée de José.
– 1,2 milliard de dommages –
Le coût des dommages provoqués par Irma sur les deux îles a été évalué samedi à 1,2 milliard d’euros par la Caisse centrale de réassurance (CCR), réassureur public spécialisé dans les catastrophes naturelles.
L’arrêté de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle pour Saint-Martin et Saint-Barthélémy, devant permettre l’indemnisation des dommages subis, a été publié au Journal officiel de samedi.
Selon le ministère de l’Intérieur, 1.105 personnes ont été déployées sur place, dont 300 sapeurs-pompiers, 65 techniciens et ingénieurs d’EDF, 74 ingénieurs spécialisés dans les crises, 384 gendarmes et une trentaine de personnels de santé.
Dans la ville de Marigot, chef-lieu de Saint-Martin, l’AFP a constaté que les toitures étaient crevées, que des débris de tôle, de ferraille et de végétaux jonchaient le sol et que les routes étaient encore légèrement inondées. La population dégage les obstacles, scie les arbres, fait des tas de branchages.
Une interdiction de circulation s’apparentant à un couvre-feu pour les personnes et les véhicules (hors missions de service publics) a été mise en place à Saint-Martin entre 19H00 et 07H00 jusqu’à mercredi.
Sur l’île, la sécurité reste difficile à assurer, a témoigné vendredi soir le major Mertz, détaché sur la ville de Marigot: entre les pillages et les rumeurs d’évacuation, « on n’arrive pas à sécuriser tous les points ».
Le chaos profite aux pilleurs: plusieurs témoignages recueillis ont fait état de magasins dévalisés après le passage de l’ouragan.
Deux hommes, dont un adjoint de sécurité de la Police aux frontières, ont été arrêtés sur l’île de Saint-Martin, en train de piller du matériel nautique. Le ministère de l’Intérieur a précisé que la lutte contre les pillages était une « priorité » des gendarmes, appuyés par des hélicoptères pour traquer les délinquants.
– Cuba touché, la Floride évacuée –
L’ouragan Irma a fait au moins dix morts et sept disparus, selon le dernier bilan donné vendredi en fin de journée par la préfète déléguée de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, qui a fait état également de 247 personnes admises en consultation à l’hôpital de Saint-Martin.
Cela porte à 19 le nombre total de personnes ayant trouvé la mort lors de son passage dans les Caraïbes: outre les dix dans la partie française de Saint-Martin, on compte quatre personnes dans les îles Vierges américaines, deux à Porto-Rico, deux dans la partie néerlandaise de Saint-Martin, une à Barbuda.
Irma, repassé en catégorie 5, la catégorie la plus élevée, a atteint Cuba samedi à 03H00 GMT. Plus de 10.000 touristes étrangers et plusieurs milliers de vacanciers cubains ont été transportés en lieu sûr, la capitale La Havane était en état d’alerte.
En Floride, où Irma devrait arriver dimanche matin via l’archipel des Keys avant de toucher Miami, avec des vents d’au moins 240 km/h, les autorités ont appelé 5,6 millions de personnes à évacuer.
A Porto Rico, plus de la moitié des 3 millions d’habitants sont sans électricité, des refuges ont été ouverts pouvant accueillir jusqu’à 62.000 personnes. Une partie d’Haïti est sous les eaux et 19.000 personnes ont été évacuées en République dominicaine.
Romandie.com avec (©AFP / 09 septembre 2017 15h21)