Une personne est morte décapitée en marge d’un attentat commis dans une usine chimique de Saint-Quentin-Fallavier (Isère). Un suspect a été identifié et interpellé sur place. Trois complices présumés sont en garde à vue.
Que s’est-il passé?
Peu avant 10h ce matin, une explosion est survenue dans l’usine de gaz chimique Air Products, à Saint-Quentin Fallavier dans l’Isère. Deux personnes, peut-être plus, auraient pénétré sur le site en voiture en cherchant à percuter les bonbonnes de gaz qui ont explosé et provoqué un début incendie. Interrogée par L’Express, une source gendarmerie confirme ce scénario: « Un véhicule avec un ou plusieurs occupants à son bord s’est présenté aux portes de l’entreprise. Selon le procureur de la République François Molins, qui tenait une première conférence de presse ce vendredi à 19h, la camionnette et son chauffeur étaient connus des employés de l’usine. Ils n’ont donc pas eu à en forcer les portes pour pénétrer sur le site.
L’AFP qui a pu se procurer les images de vidéosurveillance en a livré une première analyse. Après la collision, le conducteur est sorti du véhicule pour se rendre dans un bâtiment proche et manipuler d’autres bouteilles. Une équipe de pompiers, appelée en secours, a alors été accueillie par Salhi au cri de « Allahou Akbar » (Dieu est grand). C’est alors que les soldats du feu sont parvenus à le ceinturer et à le maîtriser en attendant l’arrivée des gendarmes.
Qui est l’auteur de l’attentat?
Un homme a été interpellé, il est entendu par les forces de l’ordre et serait connu des services de police, notamment de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Selon nos informations, l’individu a refusé de décliner son identité.
Pourtant, « l’homme a été identifié », a précisé François Hollande depuis Bruxelles en fin de matinée. Il s’agit, selon le ministère de l’Intérieur, de Yassine Salhi. Agé de 35 ans, il est originaire de Saint-Priest, dans la banlieue de Lyon et n’est pas inconnu de la police. Entre 2006 et 2008, il a fait l’objet d’une fiche « S » (sûreté d’Etat) pour « radicalisation » et pour ses « liens avec la mouvance salafiste ». Cette dernière n’a cependant pas été renouvelée en 2008. Bernard Cazeneuve a précisé qu’il n’avait pas de casier judiciaire. En revanche, ce père de trois enfants selon Le Parisien, avait à nouveau été repéré par les services de renseignements entre 2011 et 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste lyonnaise, a précisé François Molins.
Selon une source proche de l’enquête, il souffre de blessures, s’apparentant à des coupures, au visage. De type maghrébin, Yassine Salhi arborerait une épaisse barbe au moment de son interpellation. Aucun élément ne permet d’affirmer, à ce stade de l’enquête, la police considère qu’il est le seul auteur présumé de l’attentat commis dans l’usine, a par ailleurs indiqué le procureur de la République de Paris, François Molins. Pour autant, trois autres personnes sont actuellement en garde à vue, soupçonnées notamment d’avoir aidé Salhi dans son projet de passage à l’acte terroriste.
Qui sont les complices présumés de Yassine Salhi?
Il s’agit de la soeur du principal suspect, de sa femme et d’un troisième individu dont le parquet n’a révélé ni le sexe ni la qualité à ce stade de l’enquête. Peu avant son interpellation, la femme de Yassine Salhi confiait son désarroi à nos confrères d’Europe 1: « Il est parti au travail ce matin, à 7 heures (…) j’ai le coeur qui va s’arrêter, je ne comprends rien. »
Les policiers de la BRI en charge de l’enquête ont longuement perquisitionné le domicile du couple, avant d’en repartir peu après 19h avec plusieurs sacs de pièces à conviction, selon notre envoyé spécial sur place à Saint-Priest.
Combien y a-t-il de victimes?
Un premier bilan fait état d’un mort, retrouvé décapité sur place, et de deux blessés légers (source proche de l’enquête). Selon l’AFP, la tête de la victime, recouverte d’inscriptions en arabe, a été retrouvée accrochée à un grillage, entre deux drapeaux noirs plantés là à dessein. L’information n’a pas été confirmée par la gendarmerie qui a en revanche pu identifier la victime. Selon l’AFP, qui confirme une information du Dauphiné Libéré, la personne décapitée a été identifiée. La victime, 54 ans, était directeur commercial au sein d’une entreprise de transport où travaillait aussi l’auteur présumé de l’attentat Yassin Salhi, embauché au mois de mars dernier. Ses locaux étaient d’ailleurs également perquisitionnés à Chassieu (Rhône) ce vendredi en fin de journée.
C’est la première fois qu’un homme est décapité en France lors d’un attentat, alors que cette pratique est tristement fréquente dans les zones de Syrie et d’Irak aux mains du groupe Etat islamique (EI).
Que sait-on de l’usine visée?
A Saint-Quentin Fallavier, l’usine d’Air Products produit des « gaz atmosphériques, procédés et gaz spéciaux, de produits chimiques, d’équipements et de services ». Le site était classé « Seveso », mais « à un seuil bas » a précisé Bernard Cazeneuve. Cela signifie qu’il s’agit d’un site industriel présentant des risques d’accidents majeurs, compte tenu des produits transformés dans ses murs.
Un périmètre de sécurité a été établi autour de l’usine par les forces de l’ordre. Et le ministère de l’Intérieur a lancé des directive pour renforcer la surveillance de ce type d’installations.
Lexpress.fr