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Coup d’État déjoué à São Tomé-et-Principe : l’ex-président de l’Assemblée et un mercenaire arrêtés

novembre 25, 2022

Patrice Trovoada, le Premier ministre de l’archipel, a annoncé qu’une tentative de putsch a échoué dans la nuit de jeudi à vendredi. Quatre hommes ont été appréhendés après avoir tenté d’attaquer le quartier général de l’armée.Patrice Trovoada, le Premier ministre de l’archipel, a annoncé qu’une tentative de putsch a échoué dans la nuit de jeudi à vendredi. Quatre hommes ont été appréhendés après avoir tenté d’attaquer le quartier général de l’armée.

Le Premier ministre de São Tomé-et-Principe, Patrice Trovoada, le 5 septembre 2018 © Parker Song / POOL / AFP

« Je veux rassurer tout le monde, les forces armées ont la situation sous contrôle », a déclaré le chef du gouvernement, Patrice Trovoada, qui apparaît assis à un bureau, les traits fatigués, en tee-shirt blanc sous un vêtement de pluie bleu. « Il y a eu une tentative de coup d’État, qui a débuté autour de 00 h 40 et […] s’est terminée peu après 6 heures du matin », a-t-il poursuivi, ajoutant : « Les forces armées ont subi une attaque dans une caserne ».

Quatre hommes, dont l’ancien président de l’Assemblée nationale sortante, Delfim Neves, et un ex-mercenaire déjà auteur d’une tentative de putsch en 2009, qui ont été arrêtés, ont tenté d’attaquer le quartier général de l’armée, a précisé le Premier ministre dans une vidéo authentifiée et envoyée par la ministre de la Justice, Ilsa Maria dos Santos Amado Vaz.

En lien avec le Bataillon Buffalo

Une habitante, contactée par téléphone, a raconté sous couvert de l’anonymat qu’elle avait entendu des « tirs d’armes automatiques et d’armes plus lourdes, ainsi que des détonations, deux heures durant à l’intérieur du QG de l’armée » à Sao Tomé, la capitale. Un militaire, « pris en otage », a été blessé, « mais il pourra reprendre ses activités dans quelques jours », a précisé Patrice Trovoada.

« Un groupe de quatre personnes associé au tristement célèbre groupe Buffalo a pénétré dans la caserne, tandis qu’un autre groupe se trouvait à l’extérieur […] dans des fourgonnettes et l’état-major m’a informé avoir arrêté certaines personnes […] du premier groupe de quatre […], neutralisé », a-t-il poursuivi.

Parmi les personnes interpellées, selon lui, figure Delfim Neves. Ce dernier a perdu sa fonction de président de l’Assemblée nationale le 11 novembre lors de l’installation de la nouvelle chambre, issue des législatives du 25 septembre, remportées à la majorité absolue par l’Action démocratique indépendante (ADI), le parti de centre droit de Patrice Trovoada. Delfim Neves avait également été éliminé dès le premier tour de la présidentielle du 18 juillet 2021, finalement remportée par Carlos Vila Nova, de l’ADI.

Selon le Premier ministre, les militaires ont également arrêté dans la nuit Arlecio Costa, un ancien mercenaire du groupe sud-africain « Bataillon Buffalo », démantelé en 1993 par Pretoria. En février 2009, Arlecio Costa, alors chef d’un parti d’opposition, avait déjà été arrêté et accusé d’être le meneur d’une tentative déjouée de coup d’État 12 jours auparavant.

Alternances politiques

« La situation dans la caserne est sous contrôle, mais nous devons avoir la certitude que le pays est complètement sous contrôle », a assuré le chef du gouvernement. Il a annoncé une enquête en cours et expliqué que l’armée « a l’obligation de clarifier la situation, s’il y a eu d’autres ramifications au sein des forces armées ».

Des militaires ont été déployés dans la nuit pour sécuriser les résidences des membres du gouvernement et du président de la République, a également témoigné l’habitante contactée par téléphone, après avoir fait un tour en voiture dans la capitale. « La ville est calme, les gens vaquent à leurs occupations normales mais les écoles ont demandé aux parents de ne pas envoyer leurs enfants », dit-elle.

Deux grands partis se disputent la direction du pays depuis son indépendance en 1975 : l’ADI de Patrice Trovoada et le Mouvement de libération du Sao Tomé-et-Principe-Parti social-démocrate (MLSTP-PSD, centre gauche).

L’archipel, considéré comme un modèle de démocratie parlementaire en Afrique, est habitué aux alternances au pouvoir de ces deux formations, qui dominent la scène politique depuis l’instauration du multipartisme en 1991, après quinze années d’un régime marxiste de parti unique. À la suite de plusieurs tentatives de coup d’État – les dernières en 2003 et 2009 –, le régime parlementaire s’est affirmé dans l’ancienne colonie portugaise et a permis plusieurs alternances entre l’ADI et le MLSTP, ce dernier étant issu de l’ancien parti unique.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Présidentielle à São Tomé-et-Principe, habitué à l’alternance

juillet 18, 2021
Une électrice vote à São Tomé-et-Príncipe, le 17 juillet 2016. Image d’illustration.

São Tomé-et-Principe élit dimanche son nouveau président de la République, dans un pays considéré comme l’un des modèles de démocratie parlementaire en Afrique, habitué aux alternances politiques pacifiques.

Ils sont 19 candidats – un record pour l’archipel – à tenter de succéder pour cinq ans à Evaristo Carvalho, élu en 2016 au terme d’un scrutin rocambolesque, qui ne se représentait pas. Les bureaux de vote ont ouvert au petit matin dans la capitale São Tomé, a annoncé Fernando Maquengo, le président de la Commission nationale électorale (CEN), pour ce scrutin au suffrage universel direct à deux tours.

Dans ce pays de quelque 210 000 habitants, colonie portugaise jusqu’en 1975, le président n’a qu’un rôle honorifique, de représentation et de promulgation des textes, l’essentiel du pouvoir exécutif dans ce régime parlementaire revenant au Premier ministre. Ce poste est occupé par le social-démocrate Jorge Lopes Bom Jesus depuis qu’une coalition socialiste a remporté les législatives de 2018 contre le parti de centre-droit alors mené par l’ancien Premier ministre Patrice Emery Trovoada.

Nombreux candidats indépendants

Après 15 années d’un régime marxiste au parti unique, São Tomé-et-Principe s’est ouvert au multipartisme en 1991. Après plusieurs tentatives de coups d’État, dont les dernières en 2003 et 2009, le régime parlementaire s’y est affirmé et a permis plusieurs alternances au pouvoir entre les deux grandes forces qui animent la vie politique : l’Action indépendante démocratique (ADI, centre-droit) et le Mouvement pour la libération de São Tomé-et-Principe (MLSTP, centre-gauche, ancien parti unique).

Le MLSTP, au pouvoir depuis 2018 grâce au soutien d’autres partis de gauche ou centre-gauche, présente dimanche aux électeurs Guilherme Posser da Costa, 68 ans, ancien chef du gouvernement et trois fois ministres des Affaires étrangères. Mais cinq autres membres de sa formation se présentent contre lui comme candidats indépendants. Parmi eux, Elsa Pinto, ancienne ministre des Affaires étrangères, Jorge Amado, ancien président du parti ou encore Maria das Neves, ancienne Première ministre qui avait porté les couleurs du parti à la présidentielle de 2016.

Le président de l’Assemblée nationale, Delfim das Neves, dont le Parti de la convergence démocratique (PCD) appartient à la coalition gouvernementale, est également candidat. De l’autre côté de l’échiquier, Carlos Vila Nova porte les couleurs de l’ADI,  devenu principal parti de l’opposition en 2018.

Corruption

Certains candidats ont fait campagne en dénonçant la corruption qui afflige selon eux le pays. Dans son rapport 2020 sur l’Indice de perception de la corruption dans le monde, l’ONG Transparency International a classé São Tomé-et-Principe au 66e rang sur 180 pays.

Le pays dépend à environ 90% de l’aide internationale pour ses investissements d’infrastructures et ses importations de produits finis. Ses principaux revenus propres sont issus des exportations de cacao, de café, ainsi que du tourisme. L’agriculture vivrière sur des terres très fertiles et irriguées par des pluies abondantes, ainsi que la pêche artisanale assurent cependant une grande partie de la nourriture quotidienne.

Par Jeune Afrique avec AFP