
Sattar Behechti animait un blog critique à l’égard du régime.
Les nouveaux médias numériques qui ont relayé la nouvelle de la mort en prison du blogueur Sattar Behechti ne permettent plus au pouvoir iranien d’étouffer une affaire qui se politise à quelques mois de l’élection présidentielle.

Une semaine plus tard, un appel téléphonique à sa famille lui ordonnait froidement de venir récupérer sa dépouille. Que s’est-il passé pendant ces quelques jours de détention? D’après plusieurs associations internationales de défense des droits de l’homme, le jeune homme serait mort à la prison de Kahrizak, près de Téhéran. Pour Amnesty International, il est fort probable qu’il ait succombé à la torture de ses bourreaux, après avoir porté plainte contre les sévices dont il était victime. L’organisation a aussitôt appelé l’Iran à ouvrir «immédiatement» une enquête. Alertés, les gouvernements français, britannique et américain ont demandé aux autorités de Téhéran de faire la lumière sur cette mort.
«Il y a eu un décès et il faut l’expliquer»
En d’autres temps, le régime iranien aurait rapidement étouffé l’affaire, en dénonçant un «complot étranger». Mais les nouveaux médias numériques (dont Kalame, un site de l’opposition iranienne), qui se sont empressés de relayer la nouvelle, ont changé la donne. Résultat: le Parlement iranien, à majorité conservatrice, vient d’annoncer qu’il compte enquêter sur les circonstances du décès du blogueur. Connu pour son franc-parler, le député iranien Ahmad Tavakoli demande, pour sa part, à la justice de faire preuve de la plus grande transparence. «Pourquoi l’appareil judiciaire ne donne-t-il pas d’explications? Il y a eu un décès et il faut l’expliquer», a-t-il déclaré dans une interview accordée à l’agence de presse Mehr, tout en affirmant que les autorités feraient mieux de «lutter contre les responsables de la corruption au lieu de mener la vie dure aux blogueurs».
Sa «sortie» s’inscrit dans le bras de fer interne au milieu conservateur qui oppose le président Ahmadinejad à ses adversaires, à sept mois de la prochaine élection présidentielle.
Lefigaro.fr par Delphine Minoui, Correspondante au Moyen-Orient